Pagani Zonda Aether (2017)
La route sinueuse du folklore automobile est jonchée de cadavres blanchis au soleil des grandes idées…, toutes les grandes marques ont frôlé la banqueroute, beaucoup ont fait faillite malgré quelques coups flashy de prototypes hors de prix destinés à servir d’appâts via les merdias automobiles qui eux-aussi frôlent la banqueroute, font faillite et sont englobés dans des groupes financiers bien plus nébuleux que ce qu’ils dénoncent.
Voilà, en quelques lignes, ce qu’il en est du monde de l’automobile-arnaque qu’on découvre au fond du puits sans fond de la bêtise humaine…
Mode d’emploi…
Pour tenter de faire une petite fortune vite fait au moyen de l’industrie automobile des “exotiques”, il faut commencer par un coup de bluff incontrôlable incorporant des faux chiffres démentiels de puissance et de vitesse maxi…, c’est ainsi qu’avec la Zonda C12S, Horacio Pagani a réalisé ce qui a échappé au reste des fabulistes et, pendant un certain temps, il a produit l’étalon par lequel toutes les supercars vont être mesurées.
La Pagani Zonda s’est ainsi autoproclamée comme étant la meilleure voiture du monde (sic !), la presque plus chère aussi, Horacio n’ayant pas eu le culot monstre des gens de VW-Bugatti poussant leur reconstruction à des prix stratosphériques et ce avant que l’Enzo, la Porsche Carrera GT et la McLaren Mercedes SLR n’atteignent la scène de jeu du casino automobile.
Horacio Pagani a ainsi eu le génie, également avant VW-Bugatti de créer une automobile inutile, quasi inutilisable, sans aucun aspect logique et pratique, d’un aspect admirablement kitch faussement chico-clinquant imitation meuble-déco en cuivre (ne manquent que les angelots et colonnes gréco-doriques moyenâgeuses… mais l’aspect Jacky-Touch-Tuning n’a rien à envier à une Peugeot 205 commerciale notamment grâce à l’aileron dont le design est manifestement copié de la poignée d’un caddie de supermarché), une chose ridicule destinée aux incultes fraîchement millionnaires ayant une propension pour les dépenses excessives et vulgaires que seules Jennifer Lopez et Beyoncé, de même que les Rappeurs et Footballeurs peuvent vraiment comprendre, la Zonda étant la seule voiture disponible dans cette catégorie avant que Bugatti ne s’investisse dans le bling-bling avec de multiples versions ridicules.
La Pagani Zonda m’est apparue à peu près aussi pertinente pour l’homme de la rue que le tourisme spatial lorsque j’ai eu l’occasion d’en tester une… et le fait qu’il n’y en a pas beaucoup plus de 10 dans le monde, n’a rien fait pour soulager mes nerfs car j’étais sur le point de conduire une hypercar coûtant neuve trois à cinq fois plus cher que votre deux pièces parisien ou le double voire le triple de votre pavillon de banlieue avec colonnes gréco-romaines et angelots en plâtre dans l’entrée (je m’adresse ici aux lecteurs lambda, pas aux illustres lecteurs richissimes qui me lisent dans le salon de leur Yacht de 65 mètres)…
Les origines de Pagani Zonda remontent à 1999… et la firme a cessé sa production en 2013 avec la “Revolucion”, une version dédiée à la piste (c’est-à-dire : interdite sur les routes “ordinaires” des ploucs)…, de manière à entretenir les délires… de telle façon que la plouquesque a été formatée à croire que conduire une Zonda est pour certain un rêve…, tant que les dits rêveurs ne réalisent pas qu’en un clin d’œil, il peut devenir un cauchemar baigné de sueurs froides !
En vérité, le profil n’est pas trop joli… la verrière de style bulle se trouve trop loin en avant, la position de conduite est simiesque, imitation Ferrari et Lamborghini, façon “assis-accroupi-penché-en-arrière avec les jambes ouvertes et les pieds de travers dans le même angle que la tête”…, on a en prime et de plus, la sensation d’être assis comme un ado devant sa console de jeux vidéos…
La Zonda est si méticuleusement stylisée tout du long, qu’on se sent comme dans une projection du monde du demain des années 1960… de ce que les voitures auraient pu ressembler si la Fiat Uno n’avait pas tout chamboulé… quoique.. au moins, la Fiat Uno n’avait pas de rivets-pop partout : pour mieux fixer les feuilles d’autocollant imitation carbone (voir photo ci-dessus), pour fixer les charnières destinées aux couvercles plastiques des coffrets non étanches voir photo ci-dessous), le plus cocasse étant les rivets fixant les bandes décoratives de la mallette-baise-en-ville…
La Zonda est comme l’avion futuriste que le Capitaine Némo aurait pu inventer en plein délire Punk… avec des manches-à-air façon bouches d’aération du Titanic stylisées, des interrupteurs à bascule comme dans le bon temps des Jaguar XJ-6… et du pur flashy sur la console en aluminium finition satin, tandis que l’habillage cuir général est semblable aux sofas Louis XIV en plus exotique…, tout est par contre magnifiquement réalisé, depuis les pédales métalliques ornées de gravures antiques ressemblant à celles d’un piano à queue… jusqu’aux sangles de fixation en cuir traditionnel à l’intérieur et à l’extérieur, comme si on faisait fi des fermetures traditionnelles, pour donner une apparence VAG = “Vintage-Avant-Gardiste”.
Quiconque voit la voiture en vient à se gratter sa mâchoire sur ses genoux, tellement c’est dramatiquement hilarant et absurde, telles les poignées/sangles en cuir de fermeture des portes, recouvrant la re-utilisation d’un vieux câble d’accélérateur recoupé/retraité…, les vis cruciformes disposées un peu partout sur les panneaux intérieurs des portes et du tableau de bord… et le design grotesque des assises de sièges dont la découpe semble avoir été calculée pour que les grosses couilles puissent y pendouiller librement.
Question vacarme des moteurs…, les rivaux de la Zonda sont des lamentation semblables à des banshees aigus quand ils s’enflamment : Porsche et Ferrari optant pour une approche plus simpliste…, au lieu de cela, Pagani y est allé façon dragster des mers (une bonne vieille Cigarette à double V8) avec un 7,3 litres, AMG-tuned Mercedes V12, qui gronde de manière permanente comme le Vésuve en éruption pour vivre une sorte d’exaltation masochiste dantesque…, c’est un bruit qui est mieux apprécié de l’extérieur lors d’un bref passage…, mais entendu de l’intérieur, le cockpit sert de cage amplificatrice… et c’est pire mieux en version “découvrable”…, l’enfer !
Le chargé de l’affaire (sa mission est basique : vendre rapidement cette chose à un millionnaire excentrique et un peu crétin) était venu pour s’assurer que la voiture et moi ne disparaissions dans le marché noir de l’Europe de l’Est…., je lui ai dit que pour la conduite quotidienne (chercher la baguette de pain du dimanche matin) c’était pas évident…, il m’a rétorqué que ce n’était pas le but de cette merveille, ce à quoi j’ai acquiescé en lui soulignant qu’il devait être nécessaire de disposer en permanence d’un ingénieur Mercedes spécialiste en programme spatial d’électronique afin d’aider à réparer les multiples pannes et erreurs qui apparaissent continuellement…
Les multiples gadgets doivent pourtant aider à surmonter les problèmes délicats qui apparaissent sans cesse…, en réalité ils ne font qu’amplifier les problèmes, voire en crèent…, j’ai relevé le fameux “Zonda blips” qui est facturé le même prix qu’une Fiat 500… qui est fabriqué/vendu/livré à Pagani par une société chinoise pour le prix d’un sachet de 500gr de nouilles…, un chips qui sert à aider à éviter un décrochage embarrassant… mais qui ne sert qu’à détourner l’attention lors du dit décrochage !
Avec un conducteur chevronné à la barre et une accélération sur un très long tronçon de route déserte (une piste d’aviation par exemple), cette voiture a une accélération aussi violente qu’une attaque de requin, mais sur routes ouvertes à la plouquesque, c’est aussi jouissif et potentiellement mortel que la roulette russe.
Cette Zonda Aether (littéralement “les cieux” dans la langue de Stirling Moss) est à l’origine un Roadster F, monocoque en carbone, équipé d’un V12 rentré au chausse-pied derrière les sièges (à moins qu’on a positionné les sièges ou il restait de la place), et coiffé d’une magnifique, gigantesque et ridicule prise d’air…, c’est un 7,3 litres AMG, porté à 800 chevaux d’Affalterbach (au lieu des 600 et quelques des Zonda F standard), tout cela arrivant aux (seules) roues arrière, non pas via une boîte à double embrayage et palettes au volant, mais via une boîte manuelle à six rapports.
De son aileron massif façon poignée de caddies de supermarché, à sa face avant de type “Manga”…, la Zonda Aether invente le style ordinaire dans l’extraordinaire, elle fait très “chip” en reprenant quelques éléments de la Cinque Roadster sortie il y a une dizaine d’années, tout comme son moteur V12 d’origine Mercedes-AMG de 7,3 litres…
…, si vous êtes un expert des Zonda, vous reconnaîtrez probablement le bouton de démarrage vert qui a été emprunté à la Zonda R…, mais vous ne trouverez pas de poignées de porte conventionnelles à l’intérieur de l’Aether…, puisqu’elles ont été remplacées par des sangles, officiellement pour réduire son poids (gag !).
Cette unique Pagani Zonda Aether a été mise en vente aux enchères à Abu Dhabi le 30 novembre prochain (2019) par RM Sotheby’s, en marge du Grand Prix F1 d’Abu Dhabi…, estimation : entre 4,5 et 5,5 millions de dollars : Pas vendue !