D’habitude, ceux qui ont la malchance qu’ils ne me “connassent” pas, vous le diront, je ne suis qu’amabilité, délicatesse, un petit colibri virevoltant dans le brouillard existentiel. Mais les turpitudes quotidiennes me submergent et ma carapace s’effrite comme un morceau de teushi. Pourtant, je n’ai aucun souci de santé, enfin pas de problèmes majeurs en tous cas… Mon foie me rappelle à l’ordre de temps en temps, mais je n’ai pas de cirrhose, déclarée Sécu en tout cas, j’ai mal au dos, comme tout le monde, mais, dans l’ensemble, je clopine normalement, ça devrait passer le prochain contrôle technique. Alors, pourquoi cette morosité ?
Hier soir, j’ai ouvert une bouteille de Rosé-Pamplemousse… et ce matin, à la radio, après le flot habituel de mauvaises nouvelles, on tentait de me convaincre que le Chef de l’Etat (le nôtre) était un homme honnête et patati et patata. Je ne sais pas qui est le plus débilitant, le Rosé-Pamplemousse ou ce discours, mais deux mots, assez courts, me sont venus immédiatement : “Va chier !”… Face à l’absurdité de la situation, c’est la seule chose qui me soit venue : “Va chier !”…
Excusez cette réaction épidermique, excusez-moi de paraître si direct, corrosif et avec un argumentaire aussi peu construit, mais : “Va chier quand même !”…
Je n’en peux plus du tout de ces cons, connards et connes-connasses… de ces réactions disproportionnées à tout et n’importe quoi : “Allez chier ailleurs !”…
J’en ai marre de la rengaine politique, des idées figées, toutes faites et définitives, des réflexes politiques pavloviens, du prêt-à-voter, de ces politiciens périssables dont la date limite de consommation est depuis longtemps dépassée. Marre de ces médias-merdias qui se croient omniscients qui via leurs journaleux-putes susurrent sans cesse à l’oreille de la ménagère la bonne parole mondialiste, chère, très chère aux multinationales.
“Va chier !”... à tous les politicards qui ne pensent qu’à garder leurs privilèges et qui aiment tant les gens du peuple, du moment qu’ils sont sages, votent comme il faut et ne lisent que la chronique sportive ou nécrologique de la presse locale.
“Va chier !”… à tous ceux qui, confits dans la bêtise ambiante, ne voient rien venir du monde d’aujourd’hui et de ses nouvelles menaces.
“Va chier !”... pour tous ces cons de droite et gauche, du centre et des extrêmes qui ne pensent qu’à récupérer le morbide, juste pour peser un petit peu plus lourd dans une élection où le niveau est déjà au ras des cuvettes de chiottes.
“Va chier !”... aux discours politiques où le prix d’une viennoiserie est plus important que le prix d’une vie ou que les solutions à la misère ambiante.
“Va chier !”… à tous ces paons narcissiques qui lèvent leurs belles gueules et leurs belles queues pour mieux chier sur les faibles.
“Va chier !”… à tous ces représentants du peuple qui ne se représentent que leur cul.
“Va chier !”… à tous les bâtisseurs d’ignorance, de convoyeurs de mensonges, aux maçons pas francs qui érigent des murs pour mieux diviser.
“Va chier !”… à ces espèces de gros blaireaux qui nous prennent pour des pigeons et dont la Rolex est plus grosse que leurs couilles…
“Va chier !”… à ces constructeurs de haine, ces petites bites !
“Allez tous chier !”…
Nous sommes aujourd’hui, à l’ère du : “Va chier !”... Ceux et celles qui ont vus le film “le Flambeur” savent de quoi je parle. Nous rêvons tous de le dire à notre réveil matinal, aux politiques, au fisc, aux clients, aux fournisseurs, aux larbins, aux banquiers et parfois même à nos ami(e)s… La vraie liberté, c’est de pouvoir dire : “Va chier !”… Oui, mais à qui encore ? Je crois que la véritable force se trouve dans la quantité de malheurs que l’on est capable d’endurer, de brutalité qu’on est capable d’encaisser, sans jamais perdre notre humanité. Mais avec la prétendue nouvelle pandémie pire que la peste bubonique mutée en grippe jupitérienne qui fait le bonheur financier des milliardaires actionnaires des laboratoires pharmaceutiques qu’est le Covid1, c’est un cri général : “Allez toutes et tous chier”…
Il est étrange que ce soit devenu le mal par excellence, alors que personne ne punit avec la même rage et le même dégoût la vilénie des Gouvernements, la brutalité, la sauvagerie, la barbarie, l’injustice des répressions policières… Je sais : “Va chier !”… à l’encontre de notre président, c’est brutal, mais ça soulage. La loi qui maintient constamment l’équilibre entre la surpopulation relative, ou l’armée industrielle de réserve, et l’ampleur et l’énergie de l’accumulation, rive beaucoup plus fermement le travailleur au capital que les coins d’Héphaistos ne clouèrent jamais Prométhée à son rocher. Elle implique une accumulation de misère proportionnelle à l’accumulation du capital. L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale pour la classe dont le produit propre est, d’emblée, le capital… Problème, la terre est en surcharge, il faut supprimer au moins 80% de la population…
Et, patate, patatras, voilà que Mylène Farmer ré-embraye l’inverse de “Va Chier” en Anglais du Québec, un titre qui date de 2005… “Fuck Them All”… remix au goût du jour ! La signification semble la même alors que c’est l’inverse ! L’un sort, l’autre rentre… Quelle merdâsse ce souk !
La nature est changeante
C’est l’annonce de thème : le temps du changement, l’inversion des rôles, l’idée aussi que ce qui paraît naturel n’a rien de permanent. Le mot ‘nature’, aux premières loges, semble amorcer une chronologie historique, avec comme point de départ l’état de nature : Adam et Eve peut être ? Manquait plus que ça…
L’on respire comme ils mentent
Deux groupes en opposition manichéenne, ‘on’ et ‘ils’ ; ceux qui respirent, vivent, et ceux qui dominent par le mensonge
De façon ravageuse
‘Ravageuse’, mot dur et violent ; profondeur du thème abordé.
La nature est tueuse
Echo à la phrase d’introduction : la nature est changeante, tueuse aussi ; retournement de situation. Idée que l’opposition précédemment évoquée est meurtrière ; un duel à mort.
Au temps des favorites
D’Agnès Sorel à Jeanne du Barry, on pense surtout à la Pompadour, la Montespan ou à Madame de Maintenon ; le XVIIe, le XVIIIe ; Louis XIV ; le temps des puissants, de la monarchie ‘absolue’, du monarque de droit divin ; toujours donc une double dimension de l’oppression ; la domination des puissants. L’utilisation du mot ‘temps’ est révélatrice ; l’histoire en toile de fond, une évocation filée de la domination et des différentes oppressions (références bibliques, empire romain (église romaine), domination américaine). Waouhhhh !
Autant de réussites pour l’homme
L’homme en général, le monarque absolu en particulier ; donc le puissant (extension à toutes les dictatures, présidences abusives) où tout s’ordonne de manière hiérarchique, où chacun a une place dont il ne doit pas bouger.
qui derrière a une belle qui s’affaire à
La femme chez Mylène Farmer est belle ; évocation aussi du pouvoir politique des femmes (influence des grandes favorites), présent mais dans l’ombre, ‘derrière’ ; le texte semble annoncer une rupture avec ce temps : sortir de l’ombre ? On pense au titre de l’album, ‘avant que l’ombre’ s’abatte sur la force féminine ? Retrouver la lumière du paradis avant le péché originel ?
Faire de leur vie un empire
L’empire américain n’est pas loin ; le passage en anglais de toute façon accrédite le sens d’une attaque en règle contre l’hégémonie américaine et les guerres américaines “partouze” où ça les dérange… et peut être l’espoir de son déclin, d’un changement ; une dimension politique non négligeable. L’empire fait également penser à l’Empire romain : aux temps bibliques, avec tout ce que cela implique (détournement du sacré et de la religion et thème du déclin). Enfin Mylène Farmer (Libertine, Pourvu qu’elles soient douces) a lu Sade ; le jeu de mot vit/vie ne peut donc pas être innocent ; ajoutons le fait que l’on trouve ‘derrière’ dans le ‘vers’ précédent et que soit scandé ‘fuck them all’ tout au long de la chanson…
Blood and tear
C’est un écho quasi immédiat : la domination entraîne le sang et les larmes !
Faire l’amour à Marie
Grammaticalement c’est la ‘belle qui s’affaire’ qui reste le sujet de la phrase et semble donc ‘faire l’amour à Marie‘ ; adoration de la vierge ? La religion opium du peuple. L’utilisation des religions en moyens de domination et d’oppression.
Et Marie est martyre
Les deux mêmes, Marie, mère de Jésus et Marie-Madeleine, sa compagne, martyre, Mylène semble avoir aimé le Da Vinci Code…
Blood and tear
On pleure et saigne pour les peuples opprimés.
Sur le mur nos soupirs
Le mur des lamentations, le mur du dernier soupir, le mur obstacle, le mur sur lequel se sont jusque-là échoués les cris de révolte ; mais ce mur évoque quelque chose d’autre, une référence explicite le mu de l’incompréhension…
FUCK THEM ALL
Un cri de révolte. Un cri presque primal, ancré en chacun de nous, un cri qui a l’instar d’un chant en chœur doit devenir collectif, plus “propre” que “Va chier”…
Faîtes l’amour nous la guerre nos vies à l’envers
Toujours cette dualité, ‘nous’ et ‘ils’ ; les femmes/ les hommes parallèlement aux opprimés/dominants ; idée surtout de l’inversion des rôles et donc de la révolte, évocation peut-être de la révolution qui a suivi le temps des favorites. Mais ‘faites l’amour’ rappelle aussi ‘faire l’amour à Marie’ ; la religion opium du peuple donc, détournée en un instrument de pouvoir. Et puis toujours l’idée de guerre des sexes, la femme guerrière, la femme au pouvoir.
Faîtes l’amour nous la guerre signez notre enfer
Signez/saignez/saigner ; à votre tour l’enfer de la soumission ; à votre tour de souffrir ; l’idée du sang encore (sang de la femme, sang du christ, sang des martyres, sang des tueries) et l’évocation de l’enfer comme référence biblique à ajouter à la liste.
Fuck them all ! Blood and soul !
Enculez tout le monde… En vrai ! Le cul-te du cul… Une obsession ! Faîtes l’amour par derrière ! Le sens est le sexe ! Le sang c’est le sexe ? Peu importe finalement la version qu’on entend en fonction de son humeur, très clairement, et c’est loin d’être anodin.
De nature innocente on manie l’élégance et d’une main experte, d’un glaive, on transperce
Cool, on se laisse faire et… Hop ! Encule-bien fort, jouis-en et ensuite, hop, crac, t’es mort ! Les walkyries armées d’un glaive et d’une lance substituent leur glaive à la pénétration masculine ! Les pauvres âmes qu’on viole, laissent faire et Hop ! Chtack ! Elles coupent le zizi et les couilles… Va Chier !”…
Les discours trop prolixes que de la rhétorique
Double dimension toujours, à la fois les discours politiques, la version officielle de l’histoire (“ils mentent”, de l’histoire écrite par l’Eglise romaine, à l’histoire actuelle écrite par les américains) et le discours masculin de la séduction.
Lâchetés familières
Lâcheté de l’homme, de la nature humaine.
Qui nous rendent guerrières
Appel à la rébellion, à la révolte, à la guerre (clip de Désenchantée) ; le féminin de guerrière est intéressant car il laisse penser que si le texte a plusieurs sens, le message premier reste féministe.
Hey bitch you’re not on our list
You witch! you suck! you bitch!
(they said)
Hey bitch you’re not on our list
You witch! you suck! you bitch!
(they said)
Hey bitch you’re not on our list
What’s your name again ?
Ce pont en anglais est significatif car il donne assez clairement au texte sa dimension anti- américaine. On peut y voir de nombreuses références qui s’intègrent totalement dans l’esprit du texte ; la ‘list’ rappelle la liste de Schindler et donc référence à la l’holocauste et à la seconde guerre mondiale. L’idée aussi de fermeture des frontières ; on ne passe pas ! Donc le mur, le mur de Berlin, la frontière en général ; on pense aussi aux ‘vies à l’envers’ où on entend clairement ‘visas’ ; étrangers insultés, refoulés. ‘You witch’ fait référence à toute forme de ‘witch hunt’, de chasse aux sorcières ; maccarthysme et toute forme d’extermination en général. Ce texte tire sa force de ses dimensions multiples ; à la première écoute on entend des mots qui claquent ; sexe ; amour, guerre, fuck, bitch, un côté démago facile donc, avec tous les grands thèmes “farmeriens” réunis. Mais le texte va plus loin, comme si Mylène Farmer jouait avec les thèmes qui ont construit son univers pour les rassembler dans un texte au message fort. Le rapport sexuel entre l’homme et la femme, la pénétration violente et “souffrogène” (on se souvient de l’évocation du viol dans Optimistique moi) s’inverse : la femme s’arme d’un glaive phallique, devient guerrière. Plus encore le rapport sexuel est le symbole de la domination et de l’oppression au sens large ; ‘fuck them all’ prend alors tout son sens ; ce cri de révolte banalisé (en pays anglophone on entend ‘fuck’ dans chaque phrase) ne doit pas faire oublier son sens littéral ; c’est le cri qui unit les dimensions du texte, sexuelle et politique… En finale à l’Arena, 9 représentations à 80.000 personnes payant 100 euros, ça tape dur… Le reste aussi ! 40 ans de chansons. Une révolution gagnante… Multimilliardaire. Aucun(e) révolutionnaire n’a jamais gagné autant…