1968 en 2028…
De la poussière, des drones et de l’affection, voilà ce qu’il nous reste pour affronter l’Apocalypse, la Terre se meurt, les hommes se meurent, les souvenirs se meurent… Il faut partir, et même s’enfuir, se conquérir soi-même, découvrir des ailleurs plus concrets, devenir néo-fondateurs d’une néo-humanité, sujet colossal puissance un trillion à consonances écolo-philanthropiques, presque trop grand pour un seul homme… Vivre des instants de félicité, Transcender le cosmos et les années-lumière, être (enfin) à même de sauver nos âmes perdues et nos corps à l’agonie, insignifiants dans les hyper-possibles de l’univers. Parangon de l’épique : savoir si l’amour est soluble dans le champ quantique ?
Il y a toujours quelque chose de frustrant quand un rêve vous enlève et vous enlace comme ça, vous traîne bizarrement dans la tête.
Mais quand vous sentez qu’il manque un truc sans savoir pourquoi, sans pouvoir y poser des mots…, pas grand-chose non, mais un truc important, un truc nécessaire et qui vous laisse baba avec des fragments de sentiments qui vous déchiquettent…, c’est le coup de fouet…, le coup de trique…, le coup de boule…
Bam…, boum…, tchac…, ça double swingue et ça éructe, ça sue et ça saigne…, la tête en feu, le corps en transe jusqu’à l’épuisement, en charpie les doigts, en quête d’un tempo parfait, ni trop lent, ni trop brusque, carrément l’idéal. Et puis une lutte, un combat coriace qui oscille d’un rêve fantasmé à un duel psychologique de domination quasi sadomasochiste, de souvenirs émus et agressifs fonctionnant en trompe-l’œil pour atteindre l’apogée devant une figure fantomatique presque méphistophélique surgissant de l’obscurité comme une apparition, un maléfice, prêt à toutes les extrémités !
Moment paroxystique et ambigu ou toute morale s’y écorche au-delà de toute raison…, qui va plus loin qu’une simple transcendance de soi…, un mystère absolu disparaissant comme il est venu, des ténèbres, nous entraînant là pour se dérober ici, puis qui repart ailleurs pour finalement braver toute apothéose et porter le coup de grâce…, nous rendant subjugués, hors d’haleine. Dommage…
Des palmiers et des bikinis, des hélicoptères et des boulevards sans fin, des starlettes partout et le soleil qui s’extirpe de l’horizon, sale. Emergeant d’une nuit violente et sans étoile, voilà que s’avancent les charognards du trash traînant le ras du bitume à la recherche du scoop ultime : le meilleur cambriolage, le meilleur crash d’avion, le meilleur car jacking, la meilleure fusillade avec canons à pompe…, on ne s’en étonne même plus…, habitués on est…, blasés…, lessivés…, rien de nouveau que l’on sache déjà sur le cynisme et le prêt-à-tout du mass media mondial. Et puis avec la frénésie 2.0, c’est encore pire.., le temps ne détruit rien…, la frénésie du sensationnel a la peau dure.
Nous en France, on se sent un peu moins concerné par cet aspect crapuleux et spectaculaire de l’info poubelle avec des bouts de bidoche dedans…, nous on a vécu Sakorzy et sa chantonneuse sans voix , Hollande et son actrice, maintenant Macron et sa Maîtresse d’école… On a aussi des similis Scarface à Marseille, on a des abrutis de Manifs pour tous, on a eu aussi Nabilla en reine de la découpe… Lol !
Du coup, on préfère largement s’intéresser à rien qu’à ces réquisitoires finalement assez convenus, pas super-pertinent malgré leurs surdoses de morgue juteuse débités en tranches de gras par des ceusses aux visages noueux et aux yeux exorbités, des faciès de junkies en manque d’hémoglobine et de carambolages, l’air toujours sous médoc, en extase…, qui vampirisent ceux qui existent à peine…, qui restent sur des chemins balisés, identiques, cyclopéens en ruelles équivoques, amorphes, bras ballants et mines confites des branleurs en décalage avec les autres, avec les filles, actes manqués, jeunesse perdue…, développement zéro, progression unilatérale…, l’opportunisme tendance psychopathe qui n’évolue pas, sinon dans son insatiable appétit social avec l’éthique en suppo…, filous à la petite semaine s’instruisant du sens de la vie sur Internet ! Voilà ou nous a mené l’immoralité journalistique, en boucle dans nos quotidiens plasmas.
’68 à Paris et autour, j’y étais, j’étais là aussi, anonyme, même pas vingt ans… et je dansais, je chantais, les bras levés et en sueur, dans des endroits qui pulsaient, inconnus et libres…, le matin j’avalais deux croissants, parfois sur le zinc, parfois sur le rebord de mon évier, ensuite j’allais en cours, défoncé, les oreilles encore vrombissantes, les yeux piquants, t-shirt collant qui sentait le fauve, la vodka et les baisers volés.
J’ai réussi à capter l’air de ce temps d’avant sans en faire une thèse ni une montagne ni un témoignage exhaustif avec tout le monde qui donne son avis, ce qui m’intéressait d’abord, c’était le sentiment amoureux, tous les jours, toutes les nuits, n’importe où et n’importe quand…, sauf que le sentiment raplapla, maintenant, c’est rasant…, les idylles futiles, dociles, ingrates, genre morne plaine ennui planant, avec celle-là ou celle-ci ou la blonde là-bas, je sais pas, peut-être…, on s’en tape, ça saoule, ça altère l’énergie que dégage la routine sociale bof (boulot, fric, gosses).
En 1968, à même pas 20 printemps, l’an 2000 c’était de la science-fiction, et en plus, avoir un demi-siècle, c’était quasi l’au-delà…
Tout n’est finalement que subterfuges réduits à des dates qui s’égrènent…, insouciance, je mixe ton nom !