2001, l’odyssée de l’espèce…
OUI !
Il faut dire OUI à tout événement historique, et s’y frotter sensuellement avec curiosité et frémissement, à l’instar de ces australopithèques pusillanimes, tremblants de peur mais emplis d’un irréfragable désir, qui mouillèrent les paumes de leurs mains sur le monolithe parallélépipédique et ultra-froid, arrivé comme par enchantement au creux de leur jardin d’enfants au début de 2001.
Nous, futiles et graciles occidentaux, nous apprêtant encore une fois en ce mois de décembre 2007 qui marque la pauvreté accrue des pauvres gnous qui ont cru à toutes les calembredaines officielles…, à honorer la énième naissance de Notre Saigneur Jésus-Christ en dégustant une douzaine d’huîtres de Bouzigues et en offrant (pour avoir bonne conscience) des vêtements quasi élimés à quelques pauvres hères plus pauvres encore…, étions en septembre 2001, rappelez-vous, dans une situation très proche de ces “hommes-singes” face à l’Événement du Onze Septembre et de tous ceux qui vont suivre.
Sauf que c’est un fragment de la Kaaba, directement importé de Jérusamem par courrier-express aéronautique (avec un faux timbre de La Mecque pour brouiller les pistes), qui a chuté sur nos terrains de jeux virtuels : avez-vous remarqué l’exacte identité de couleur entre les deux pierres acérées susnommées ?
L’impassible moire supra-lunaire qui ornait chacune des huit (deux fois quatre) surfaces réflectrices ?
Savez-vous pourquoi l’un comme l’autre de ces cailloux cosmiques paraîssaient si hautain, comme enivré par une puissance si totalisante qu’elle en devenait auto-suffisante ?
C’est parce qu’ils provennaient tous deux d’une très lointaine région, tellement inattendue par la plupart d’entre nous que son existence est souvent mise en doute : c’est une région située au-dessus de l’homme, exactement comme le scalpel chirurgical survole l’ulcère variqueux juste avant l’extraction de l’emprisonnante fibrine, individualiste par coagulation forcenée.
La charité radicale mise en œuvre par la masse rocheuse suprême consiste alors, dans chacun des cas, à délivrer les hommes minuscules de l’infernale dialectique Mort/Vie par l’opération ternaire de sublimation : il faut les pousser dans leurs derniers retranchements (c’est-à-dire les mettre à nu face à la toute-puissance de l’outil décérébrant), faire souffler une gigantesque tornade de peur sur leurs beaux corps ovoïdes, puis les vider par en-haut dans le Grand Tout Permanent.
Étudions juste quelques instants les propriétés de ce réceptacle idéal : l’Espace Originel, né bien entendu à partir du vide énergétique fécondant, est une vaste combinaison de champs (particulaires et gravitationnel), dont le relevé topographique pourrait évoquer le relief d’une masse montagneuse terriblement tourmentée : d’immenses pics d’extrême densité dimensionnelle y côtoient de vertigineux abysses de vacuités multicolores, comme de solides vagues lysergiques de matière papillonnante.
Créé à partir d’une notion fondamentale entre toutes : la négation du néant, cet Espace est, par excellence, le lieu où l’individualité ne fait rien d’autre que se livrer à un régime périodique de jouissance pulsatile, transformant ainsi sans cesse le champ des possibles, processus assimilable à une vaste émergence exhaustive de l’univers.
Bush déguisé en Ben Laden…, peut être considéré comme un guide particulièrement efficient pour nous conduire en ce lieu paradisiaque entre tous, car c’est bien le Paradis de la connerie inhumaine dont il est question.
En outre, la gratuité totale du voyage (qui ressemble plutôt à un pèlerinage) est très pertinente : l’Acte est gratuit et obligatoire, comme on peut le dire du vaccin anti-tuberculose.
Je m’autorise ici (pour la dernière fois de ma vie – puisque c’est la première) à rapporter ici une sentence de cet auteur méta-scolaire : ‘La théorie de l’acte gratuit couronne la revendication de la liberté absolue’.
Et la liberté absolue, c’est la Mort.
Ce genre de pensée métaphysique, à la fois matérialiste et idéaliste, relève d’un esprit de synthèse absolument imperméable au mode américain d’appréhension du monde…
Quand ce sont des asiates ou des niggers qui se font tirer dessus par des militaires affrétés par la CIA (Cynisme International de l’Abjection), ça rigole sec chez les merdeux !
Et tous les internautes du monde, aussi cools que les hippies et désespérément cons que les punks, rient de bon cœur en voyant la bonne humeur de leurs maîtres.
Tant que les Amerloques rient à gorge déployée, c’est que ça va embaucher !
Mais il suffit que le moindre de ces ploutocrates subisse à son tour un léger revers de fortune, pour que le sérieux revienne par la grande porte. “But, seriously,...”
La vulgarité insondable est la pire qui soit, à savoir : le rire du vainqueur / c’est le belge colonialiste qui enfonce sa pointe de baïonnette dans la gorge d’un congolais en hurlant ‘Et ma banane, tu l’aimes crevure de nègre ?‘, ou bien le journaliste parisien qui susurre à l’infirmière montpelliéraine rencontrée en discothèque : ‘Tu veux que je te sorte du trou ?‘.
Lorsque la gueule de ce vainqueur se trouve ensuite quelque peu distordue suite à la mauvaise réception d’une lame de couteau vengeresse, son envie de rire s’amenuise à vue d’œil crevé, et son vieux fond intact de saloperie poussiéreuse se révèle au grand jour : de part et d’autre, le Premier Degré s’élève alors comme le seul mode de communication possible.
C’est à ce moment précis que le coup de grâce doit être porté.
Le rêve charnel de la violence messianique m’habite.
Toute pointe aiguisée me fascine, et la moindre déflagration musicale de bombe destructrice m’emplit d’aise.
Je n’aime qu’un seul type d’individu : le chien vibratile aux yeux fous, habité par d’incohérentes mélopées gutturales, et les mains pleines d’instruments explosifs bourrés de mystique à mort.
Le sublime Terroriste est l’Artiste de demain.
Antithèse radicale de l’onaniste contemporain qui remue sa honteuse viande immobile et rouge de nervures congestionnées jusqu’à doucher ses doigts de gluantes morves de fœtus non-nés – il parcourt au contraire le vaste monde dans son corps mobile d’aristocrate solaire, tenant dans ses mains les promesses de cadavérisation certaine des organismes qui l’entourent tel un anneau mouvant de serpents maléfiques encerclant le céleste chariot en Feu de Phoibos le Musagète.
Il répand la crainte et la promesse de rédemption; car tout être déchiqueté par les éclats d’une bombe métropolitaine ou le fuselage supersonique d’un Boeing inopiné sait pertinemment que son existence dans l’anti-monde sera délicieuse d’archangélismes expiatoires.
Par ailleurs, l’absence partielle de peau sur son corps lui permettra plus facilement de mettre son âme à nu devant Dieu.
Certes, il existe d’autres modalités de passage vers le Paradis que la kamikazerie (volontaire ou subie), et qui sont tout aussi gracieusement efficaces : il suffit de s’habituer à la légèreté durant son existence (une âme lourde se fera dévorer par les fils de la Mouche bien avant d’avoir eu le temps de se diluer dans le Grand Tout), et de valider cet entraînement par une mort aussi esthétique que possible : un arrêt cardiaque dans un hammam des quartiers-Est de Meknès, le cisaillement du cou par les tessons éjectés d’une bouteille de lait brisée sous les roues d’une Rolls Royce, le déchiquetage des poumons par un dogue allemand offusqué que l’on ait choisi les abords de sa niche comme refuge lors d’une partie de cache-cache, l’épuisement nerveux suite à la trop longue masturbation pratiquée par une brune haletante exclusivement concentrée sur l’extrémité du gland hypertendu, la pénétration irréversible d’eau salée dans les voies respiratoires après avoir détecté une grotte de fées sous-marine cachée par un tapis d’oursins, l’empoisonnement dû à l’absorption d’un tampax usagé récupéré dans les toilettes d’une étudiante gauchiste et alcoolique, la brisure nette de la nuque en tombant dans les escaliers d’un grand centre commercial après l’engloutissement de vingt-sept somnifères, le consciencieux écorchement du corps entier à la lame de rasoir par neuf arabes de Vaulx-en-Velin après avoir violé la sœur de l’un d’eux, le broyage de la tête par la ferraille de son véhicule tombé dans un gouffre de rochers granitiques en revenant d’un bar à putes d’Almeria (et suite à un essai de conduite les yeux fermés), la combustion interne du poitrail opérée par les cinq litres de vodka ingérés en trente secondes, la douloureuse restriction du volume stomacal due à la famine provoquée par l’indifférence du monde entier à ses actes de foi, ou bien le souffle impitoyable de joie dévastatrice en réalisant que grâce à la Révolution Mystique, appelée de ses vœux depuis l’âge de trois ans et enfin réalisée dans une jubilation planétaire, l’Amérique n’existe plus : dans ce dernier cas, il ne resterait alors plus qu’à vivre le plus intensément possible, c’est-à-dire s’abîmer sans relâche dans les délices de la Résurrection permanente…