21 décembre 2012 : Le gang-bang de la fin du monde…
Jean-François Copé de l’UMP et la prophétie Maya !
Le gang-bang atteignait son point culminant.
Une brune, à califourchon sur un noir, tenait en respect un asiatique par les couilles, tandis qu’une blonde harnachée de cuir façon BDSM, assise sur le visage du même noir, faisait de même avec les seins d’une thaïlandaise, à genoux les fesses tendues au ciel, qui elle-même suçait à tour de rôle deux jumeaux, tout en recevant dans le cul l’immense sexe (60 centimètres) d’un tatoué difforme, dont les coucougnettes heurtaient, en va et vient, mais très régulièrement, le nez de la blonde.
Cette scène sur le grand écran extra-plat dernier cri, offrait un maelström de couleurs frémissantes du plus bel effet.
– C’est drôlement bien cette invention…, s’exclama Guy… C’est comme si on y était. Et maintenant, paraît qu’ils font ça en 3D !
– Un jour, t’auras des hologrammes. T’imagines ?… que je lui ai répondu…
– Ouais. Ça sera chouette.
Le moment des déflagrations vint enfin, arrachant Guy à sa contemplation.
Il saisit la télécommande et pressa une touche au hasard pour tomber sur une chaîne d’infos, exposant un reportage sur des féministes ukrainiennes.
Elles manifestaient les seins nus contre un truc, difficile de dire quoi…, le journaliste n’en parlait pas, il disait simplement que le mouvement gagnait de l’ampleur…
Guy cliqua à nouveau sur la télécommande, revenant au film…
Le talon de la botte de la blonde frappait la mâchoire offerte d’un vieux transsexuel avec la vivacité d’un têtard échoué sur la berge.
Deux dents coulèrent avec un flot de sang, entre les lèvres desséchées du vieillard.
Il émit un faible soupir, si ambigu qu’on eut pu penser qu’il s’agissait d’un orgasme…
Les gang-bangers observaient en se masturbant, ne faisant aucun cas de la différence d’âge !
Oui…, le plus faible était si vieux, qu’il aurait pu être mort depuis plus de trois décennies sans abaisser la moyenne d’espérance de vie de l’humanité…, mais ce qui leur importait, aux Gang-bangers, était de jouir…, sans doute avant de réintégrer tranquillement leur logis… et se préparer une bonne assiette de nems au porc…
Le vieillard, curieusement, explosa de rire, exposant, à la lumière crasseuse du rade, ses chicots putrides et sa gencive ensanglantée.
Une jeune fille qui aurait pu être son arrière-arrière-arrière petite fille vint s’asseoir sur ses genoux… et lui proposa de passer un moment plus agréable..
Elle avait un sourire resplendissant, un corps fin et élastique semblable à une raquette de ping-pong en silicone…
Le tatoué difforme vint l’arracher aux mains fripées et tremblantes du vieux débris qui, aussitôt, se mit à lancer des imprécations aux gang-bangers hystériques.
Il fulminait, faisait de grands gestes… et, à chacune de ses emphases, les hommes, les femmes (et le transsexuel) répétaient ses pieuses paroles en se branlant les uns-les-autres.
Guy suait de ferveur mystique, médusé devant le spectacle.
Les têtes des filles allaient et venaient devant l’écran.
Inspiré par cette liesse fiévreuse, un petit brun qu’on n’avait pas vu dans les scènes précédentes libéra sa divine liqueur sur l’écran… qui devint trouble…
Comme Guy…
Les filles qu’il avait embarquées deux heures plus tôt, comprenant que Guy en aurait pour quelques heures avant de re-bander, empochèrent les billets laissés sur la table de nuit et sortirent sans dire un mot…
Guy continua à regarder l’écran durant de longues minutes sans bouger, puis brisa le silence :
– C’est aux États-Unis qu’on fait les meilleurs pornos…
– Ouais…, que j’ai répondu… Mais pourquoi tu regardes ça ?… La masturbation est une pratique qui crée plus de dépendance que bien des drogues et neutralise la volonté des plus téméraires qui perdent leur temps à regarder des “actrices”, se faire pénétrer par d’énormes pénis… Tu éjacules ainsi inutilement en te vidant de toute l’énergie nécessaire à ta nouvelle ré-insertion professionnelle.
Guy repris la télécommande et cliqua au hasard… Sur l’écran, nu comme un ver, un loustic poussait un énorme rocher contre son épaule droite, le long du flanc d’une colline… et pour une raison étrange, alors qu’il arrivait pratiquement au sommet, il perdait sa prise et le rocher dévalait la pente.
– Un péplum porno à-la-con… que j’ai murmuré à Guy… – Pose-toi deux minutes. Sers-toi un Bacardi-Coca du frigo avec deux glaçons et observe… qu’il m’a répondu… – Qu’est-ce qui va arriver ? – Rien, justement… – Tout le monde s’en branle de ce rocher, Guy ! – Hum… Ça me donne une idée ! Il faut redonner espoir à l’humanité… – Redonner espoir à l’humanité ? Pour quoi faire ? – J’en sais rien et je m’en branle… – Guy, tu ne banderas plus avant demain… et tu penses pouvoir redonner espoir à l’humanité ? Bon, ok…, moi je retourne chez moi. Ça te va comme plan ? – J’en sais trop rien. – On fait comment pour redonner espoir ? – Eh ! C’est un problème de méthode, en fait… – Quoi ? – Il essaye de faire basculer ce rocher de l’autre côté de la colline, on est bien d’accord ? – Oui…, c’est le mythe de Sisyphe… – En le faisant rouler dans la pente, il prend immanquablement le risque de le lâcher, c’est même ce qui vient d’arriver. – En effet. Et ça dure mythologiquement depuis des lustres et des lustres, cela symbolise la condition humaine ! Tout doit toujours être recommençé ! – Depuis au moins quatre mille ans, ces péquenots de l’Olympe sont au chômage, un peu à cause de lui, mais surtout à cause d’eux-mêmes, l’humanité ne parvient pas à trouver la voie… – Le problème ne date pas d’hier… Allez, maintenant tu descends de ton nuage… et tu n’y remontes pas tant que l’humanité n’a pas trouvé un nouvel espoir…
Pas le temps de discuter, et hop…, revoilà Guy sur terre à galéjer pour attirer l’attention des chimpanzés dépilés… Il est marrant…, comme s’il suffisait d’un discours sur le pouvoir d’achat, les bienfaits des pommes et l’insécurité pour convaincre l’humanité défaitiste et cynique que l’espoir existe ! Non, cette mission, il ne pouvait pas l’assumer seul, il lui fallait insufler cette idée à un homme politique.
– Tu devrais articuler ton idée débile dans le cadre d’une campagne politicienne auprès d’un chef de file en mal de se positionner, mais quand même à la tête d’une formation qui compte ou mieux : qui a compté… – Puisque l’intelligentsia mondiale continue à vouer un culte aux écrits douteux d’Homère et consorts, eh bien…, qu’à cela ne tienne… je vais transcender l’UMP… – Tu vas reprendre du service ? Et pourquoi l’UMP ? – Pour redonner de l’espoir à l’UMP… Regarde bien. Si ce Sisyphe à-la-con contourne la base de la colline, il reste en terrain plat… et il arrive très rapidement de l’autre côté. – Ben merde ! Personne n’a jamais pensé à ça… Ce manque de jugeote a porté préjudice à l’humanité et à l’UMP… C’est ça ? – Oui, j’ai trouvé la solution à la désespérance humaine de Jean-François Copé face au reste de l’UMP et du monde…
– Le journal Le Monde ?
– Non, le monde entier, la planète…
Guy tout puissant venant de remettre Sisyphe, fils d’Eole, roi de Corinthe, dans la bonne direction, je lui ai donc proposé d’aller fêter cet évènement planétaire au bar d’en face…
Dix minutes plus tard, nous sirotions chacun un Mojito au Pink Rabit’s Girls.
Guy avait l’air faussement absorbé, l’esprit brumeux. Il se sentait plus léger du caleçon autant que de la tête…, c’était bon signe…, il allait pouvoir réfléchir sereinement. Il était quatre heures du matin… et, à cette heure, personne ne profitait du bar.
Une atmosphère intimiste s’était installée entre les trois protagonistes présents dans cette salle (Guy, Sisyphe et moi), quatre en comptant Lulu, la barmaid…, une atmosphère renforcée par des éclairages de mauvaise qualité nimbant les murs d’une teinte orangée.
Lulu nous tenait compagnie en buvant à grandes gorgées un cocktail rougeâtre, tout en se curant les dents, comme si un quelconque liquide séminal avait laissé des déchets filandreux entre-elles.
– J’adore ce silence religieux…, dit-elle au bout de quelques minutes. – Dans ce cas, pourquoi tu le brises…, railla Guy.
Pour toute réponse, elle ingéra bruyamment une nouvelle gorgée de son cocktail.
– Si vous voulez vous pieuter avec moi, il y a une chambre libre…, reprit-elle… – Si on voulait se pieuter avec toi, on te l’aurait dit…, grinça Guy. – Dans ce cas vous faites quoi ?
Guy réfléchit… Elle fit les gros yeux, leva son verre bien haut, et déclara avec emphase :
– Je lève mon verre à la réflexion !
Elle colla ses grosses lèvres sur le rebord du verre et absorba un bon tiers de son contenu avant de le cogner contre la table, en expirant comme une soufflerie industrielle. Elle termina son verre en déglutissant comme un évier à moitié bouché…
– Puis-je participer à la réflexion ? – Bien sûr, dit Guy…, nous ne serons pas trop ensemble pour trouver une solution. – Une solution à quoi ? – Au désespoir de l’humanité…
Lulu aspira un sixième de litre de cocktail et déclama : – Vaste programme… – A vrai dire, précisa Guy…, c’est plutôt le boulot de Sisyphe ici présent, mais nous serons pas trop à l’aider. – Tu veux dire que c’est à toi seul avec ton pote et un fantôme de trouver une solution au désespoir de l’humanité ? – Ouais, c’est son taf ! – Alors pourquoi il ne dit rien ? – Du calme, ai-je répondu…, je suis en train de me demander quelles sont les aspirations les plus profondes de l’humanité. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, il me semble, à vous de confirmer ou d’infirmer, que vous êtes davantage au contact des humains que moi. Il me semble que l’activité principale à laquelle aspire une majorité d’humains, c’est justement à ne rien foutre…
Lulu et Guy se jetèrent un regard entendu. En effet, cela tombait sous le sens, l’humain n’aime pas travailler, les dieux non plus, d’où la célèbre maxime biblique “Dieu créa l’homme à son image”…
– Bonne analyse…, commenta Guy…, continue, tu es sur la bonne voie. – L’humain n’aime pas travailler. Ce n’est pas dans sa nature. Il préfère que tout lui tombe dans le bec… et il utilise son intelligence pour arriver à cette fin. Quand il travaille, ce n’est pas par amour du travail, c’est bien souvent, pour le salaire… et un peu pour la reconnaissance sociale que ça lui apporte. Il n’aurait pas de salaire, il ne travaillerait probablement pas. Mis à part quelques acharnés. Ai-je tort ? – Pas du tout mon loulou, fit Lulu d’une voix chevrotante, en se servant un nouveau cocktail… – Finement analysé, commenta Guy… – Plus j’y pense, plus je vois l’humanité comme une machine à bouffer. Elle ne veut rien faire, juste bouffer, boire, pisser et chier… et regarder la télé, surtout les émissions Juives de Drucker, fils d’Abraham…Bref, voici mon idée : transformons les hommes en canard. Les canards, ça fout rien, ça mange, ça boit, ça chie. Toutes les conditions sont réunies. En plus, ça vole. L’hiver, ça va dans les pays chauds. L’été, ça va dans les pays plus frais. L’espoir de l’humanité, c’est d’avoir une vie de canard, c’est moi qui vous le dis !
Lulu éclata d’un rire irrégulier, très inquiétant. Guy se plongea dans une réflexion à première vue très profonde….
– Je dois le reconnaître…, avoua-t-il…, j’ai bien fait de me tourner vers toi… Le problème, c’est que l’humain doit rester l’humain. Pas question de le transformer en une autre créature. Sinon, tu penses bien, je l’aurais transformé en bigorneau… – Je suis vidé… – Courage, il n’est que quatre heures vingt. Nous avons encore quelques heures de réflexion avant le lever du jour… – Admettons que l’homme reste un bipède à la con. Il faut trouver un système qui lui permettrait de ne rien faire… et de satisfaire ses besoins primaires en toute quiétude. D’ailleurs, j’en ai oublié un, et pas des moindres : il doit se vider les burnes régulièrement. – En effet…, approuva Guy… – Ça ne fait aucun doute…, éructa Lulu en dodelinant de la tête, avant de vider cul-sec son verre… Réduisons les lieux sociaux de cette planète à des bordels. L’homme y trouverait tous les plaisirs qui lui conviendraient. Sa compagne ne pourrait travailler que dans un bordel, donc, elle aurait l’argent de sa clientèle. Elle pourrait apporter au foyer le nécessaire pour nourrir son foyer, son mari et ses enfants. Au besoin, on autorise la polygamie, pour ceux qui voudraient plus de pouvoir, il y en a toujours, l’humain est ainsi fait. De cette façon, on pérennise le système, et tout le monde est content…
Guy s’enfonça en lui-même, vida son Mojito, et observa le verre vide avec application, comme s’il allait trouver dans la transparence du verre une réponse à ses tourments les plus agités…
– Je ne comprends plus rien…, dit-il… Y-a-t-il une raison à cette prise de position ? – Difficile à expliquer. Disons que c’est dans l’air du temps. C’est moderne…
Guy se prit la tête dans les mains, massa son cuir chevelu…
Il avait besoin de réfléchir intensément… Il fit claquer ses bottes sur le plancher encrassé en partant vers les chiottes…. La puanteur l’assaillit telle une armée de boules puantes. Une ampoule nue maculait la pièce comme d’un halo d’urine aux ombres fécales. Vêtu de son blouson fétiche, élimé et démodé, d’un jean délavé déchiré façon barbelés et de bottes en croco dernier cri, il revint au bar d’un pas ample et décontracté…, avec détachement…
– Un Papaouala ambré… demanda-t-il à Lulu… – Un quoi ?… fit la barmaid qui essuyait lentement un verre avec un chiffon dégueulasse en m’écoutant disserter sur la crise économique…
– Tu cherches les problèmes, mon gars. Si tu me manques de respect, t’auras rien du tout… et en plus, tu te feras planter le cul par un balais à chiottes ! – Et ma bière, elle vient ? – Retourne chier !
Guy s’éloigna du comptoir et entra dans une salle où trônait un billard à moitié vermoulu sans boules et sans queues. Quatre pochtrons étaient affalés sur un banc, une bière en main…
– Je vois que tous ces connards ont droit à une bière, et pas moi ! Il y a discrimination. On ne sert pas les hétéros ici ? C’est ça ?
Les types tournèrent leur tête difficilement, comme si elles étaient retenues de l’autre côté par un élastique, et arborèrent des expressions de bovins agressifs, de beaufs plutôt que de taureau… Lulu, la barmaid se précipita, aussi vite qu’elle le put, son verre et son chiffon de nouveau en mains.
– Écoute bien, mon pote. Tu vas dégager d’ici et arrêter de jouer au con, ok ? Autrement, on va te montrer qu’on est pas des pédales, et ça va pas te plaire.
Les clients la regardèrent, ils reconnaissaient la barmaid comme leur maîtresse, ne voulant pas l’outrager, ils se tournèrent enfin vers Guy et mimèrent la détermination impérieuse de la fermeté.
– Tu veux qu’on t’explose la tronche, du-con ?… fit l’un d’eux d’une voix chevrotante, provoquant un mouvement d’attaque, qui compte tenu du tonus ambiant, pouvait s’apparenter à une ruée.
Guy s’avança vers eux avec arrogance.
– Vous allez faire quoi, les pédés ? Vous allez me gifler ?
L’ouragan de violence se déchaîna alors. Les hommes se jetèrent sur Guy, le saisirent par les bras, le maintenant à leur merci. Lulu, la barmaid jaillit de derrière son comptoir d’une démarche pachydermique et élança son poing, qui vint s’écraser d’un bruit mat sur la joue osseuse de Guy…, captif. Ses doigts étaient si gras qu’ils amortirent le choc comme un gant de boxe. Cependant, elle fut satisfaite de sa correction, elle souriait, le front suintant, le souffle haletant…
– C’est tout ce que vous savez faire, bande de branleurs !…, lança Guy, pour remotiver les troupes. – Ah ! C’est donc ça que tu cherches…, dit soudainement l’un des piliers de comptoir…, avant de s’avancer pour asséner un coup de poing dans l’estomac de l’impudent Guy…
Galvanisé par son acte, il en asséna d’autres, s’efforçant de garder le rythme, malgré l’essoufflement. Il dut interrompre la série malgré tout, histoire de ne pas se montrer trop cruel. Mais Guy prétendit n’avoir rien senti… et il le signifia dans un langage fleuri. Alors le cogneur fut remplacé par un autre, un peu plus vigoureux, mais à peine… Les deux types qui le tenaient l’allongèrent au sol pour le bastonner avec les pieds, ce qui était moins fatiguant… L’effort fut si intensif, que peu à peu ils sentirent leurs estomacs se lever. Trois d’entre eux se mirent à vomir, répandant des monticules jaunâtres sur le blouson de Guy… Ce fut le signal du départ.
Guy se redressa, dégoûté, les couvrit d’insultes et quitta le rade en claquant la porte vitrée.
Je l’attendais à l’extérieur…, j’ai tout vu…
Une voiture qui arrivait à toute allure fit une embardée en voulant éviter Guy au milieu de la rue…
Lulu qui suivait Guy, fut victime de ce hasard de l’existence…, elle tourbillona longtemps avec la roue…, coincée à l’intérieur de l’aile avant droite…
– Tu as vu Lulu, une vraie boucherie !
– Non…
– Je peux savoir ce que tu foutais ? – Rien. J’essayais un truc. – Un truc de quel genre ? – Du genre : je veux retourner d’où je viens et quitter ce monde débile…, j’étais dans cette taverne, à picoler une sorte de pisse de chèvre dont j’essaie désespérément d’oublier le goût depuis. Une grosse nanana, je ne sais même plus comment elle s’appelait, s’est amenée habillé d’une robe ridicule, je me suis foutu de sa gueule. Elle m’a lancé des imprécations à la con, et soudain la foule s’est jetée sur moi et m’a cloué sur une croix avant de me faire sécher au soleil. Je voulais reproduire la formule, quitte à me faire lyncher. Au lieu de ça, ils me dégueulent dessus. Je crois que j’aurais préféré être lynché ! – C’était pour sauver l’humanité c’est ça ? – Désolé, faut me comprendre. C’est pas gagné notre mission, hein ! – Nan… Et on fait quoi, maintenant ? – On se casse, toi je sais pas, mais moi je vais à l’UMP à Paris !
Guy chevaucha son vieux scooter déglingué, tandis que je remontais dans ma voiture sans permis. Guy démarra en trombe… laissant le vent débarrasser son blouson des matières qui le souillaient…
Le scooter déglingué avait fendu le bitume tout le reste de la nuit et une partie du matin, aube comprise, en laissant derrière lui une ligne de fumée blanche semblable aux sillons lactés qui irriguaient les champs célestes de l’Eden au début de l’été.
Le rétroviseur lui renvoyait cette image… et immanquablement, un flot de nostalgie envahissait le cœur de cuir tanné de Guy.
Utopia-Paris approchait… et il comptait bien rencontrer Jean-François Copé, le roi des fumistes…
Deux minutes plus tard, Guy pénétrait dans le local de l’UMP…
Fendant la foule des beaufs lobotomisés qui attendaient que Jean-François Copé prononce un discours sur l’obligation de préparer un sondage pour savoir s’il était utile de sonder d’avantage les UMP’istes afin de connaître leur avis sur la réalisation d’un référendum qui déciderait de la tenue d’autres érections…, Guy monta sur l’estrade et s’adressa avec un grand sourire à Jean-François Copé, tétanisé par l’apparition de cet individu, vêtu de cuir, sale, mal coiffé et mal rasé.
– Salut vieux, faut qu’on se parle…
La retransmission télévisée fut interrompue, et Jean-François Copé recula d’un pas, laissant les forces de sécurité, remises de leurs émotions à base de phalanges, investir l’estrade à leur tour pour maîtriser Guy, décrit comme étant un forcené.
Mais rien n’y fit.
Guy saisit son nouvel ami par l’épaule et l’entraîna dans les coulisses, assénant quelques coups de pied au hasard.
Ils sortirent et se rendirent dans le pub miteux situé à 100 mètres de là…, totalement vide.
– Désolé de venir te cueillir comme ça, Jean-François, mais tu nous as tous vraiment troué le cul avec tes élections.
Ils étaient tous deux attablés devant une bière.
– Je ne suis pas certain de vous comprendre…, fit Jean-François Copé, intimidé.
– Tes discours, mec. Les gens n’en peuvent plus, c’est de la folie. T’es une vraie star.
– Je récite la parole divine, et les cœurs purs les entendent. Je ne fais rien de plus.
– C’est génial ce que tu racontes. En plus, tu es modeste ; ça me plaît. J’ai une chose à te proposer.
– Vraiment ?
– Oui. Je te propose une association. Toi et moi. Toi tu causes… et moi j’apporte les paroles divines.
Jean-François Copé ruisselait de sueur, son visage devint pâteux et sembla couler comme un vieux fromage.
– Ne me faites pas de mal…, supplia-t-il dans un murmure, les larmes aux yeux.
– Bon, revenons à notre association.
– Oui, bien sûr, je vous écoute.
– Je te distribue les discours..; et toi, tu bourres le mou à la foule, comme tu le fait si bien. L’objectif, c’est de convertir la planète entière à notre religion.
– La planète ? Pas seulement la France et ses territoires d’outre-mer ?
– Oui, il faut que toutes les religions soient incorporées et digérées par notre nouveau mouvement. Avec une seule religion, ça limitera les embrouilles entre peuplades. Tu me suis ?
– Oui, bien sûr.
– Bon. Pour commencer, faut qu’ils comprennent bien que tuer, c’est mal. Va falloir insister lourdement avec ça. Même en temps de guerre.
– Même contre d’autres religions ?
– Evidemment. Il s’agit d’incorporer toutes les religions dans notre mouvement, pas de les anéantir pour prendre l’ascendant. Tu vois la différence ?
– Je vois, en effet, mais certains… je pense notamment à l’Islam, ne se laisseront jamais convaincre. J’en ai fait l’expérience dans une affaire de petits^pains au chocolat…
– La France et la boulangerie, c’est une grande affaire. On a coupé la tête de la dernière reine de France parce qu’elle voulait qu’on distribie des brioches au peuple qui n’avait plus de pain… Mais en dehors de cet impair quasi pâtissier…, si, si ! Tu es doué. J’ai foi en toi, mon pote !
– Eh bien, j’aimerais partager votre assurance à défaut de petits-pains…, mais les musulmans, et plus largement, les islamistes, sont au service d’un dieu inférieur, ne partageant pas les valeurs de l’occident…
– T’inquiètes pas avec ça. Tous les humains ont les mêmes attentes. Avant de jeter l’éponge, le mieux est encore d’essayer. Déjà, faut leur expliquer que le cul, c’est pas le mal. Le mal, c’est la violence. Déjà, normalement, avec ça ils devraient tous s’y retrouver…
Guy s’interrompit pour vider sa bière d’un trait.
Jean-François Copé eut un hocquet d’horreur.
– Non, non, je suis au service de l’UMP, je suis son serviteur zélé. L’alcool est toxique pour l’esprit, et donc pour le cœur. Pour communier dans la ferveur UMP’iste…, et Sarkozy est notre prophète…, nous devons être sains de corps et d’esprit. Manger sainement. Pas de viande, pas d’oeufs. Pas d’alcool, de tabac, encore moins de drogues… Des esprits sains dans des corps sains, vertueux, respectueux des règles de l’UMP édictée par MOI. Pas de violence. Pas de sexe avant le mariage. Redonner au mariage sa valeur d’antan, par le refus du divorce. Proscrire l’homosexualité, totalement contre-nature. Enseigner les valeurs de l’UMP dans les écoles, dès le plus jeune âge, afin de répandre MA parole dans les esprits encore jeunes et limiter les risques de fourvoiement au moment de la période critique de l’adolescence. Interdire les crimes d’avortement et de masturbation. Bannir les femmes de mauvaise vie, ainsi que les mères-filles aux vertues douteuses. Rendre à la femme sa vraie place au sein du foyer… et redonner de la valeur au travail des époux.
– C’est ça ton programme ?
– Bien sûr…
– Et y’a combien de zozos qui te suivent dans ton délire ?
– Actuellement je suis le Président élu, je suis l’Elu, l’UMP est à MOI…, François Fillon tente de me ravir MA présidence, mais je viens de réussir à l’embrouiller…
– Pour l’alcool, la nourriture, le dépucelage après le mariage, tu fais bien comme tu veux, si c’est ton choix de t’emmerder et d’emmerder tes ouailles dans la vie, mais arrête de baver. Voilà mon programme, à moi, et c’est ça que je te demande de transmettre : vivez comme vous le sentez, et n’oubliez pas que la violence c’est mal, et le cul, c’est pas le mal. C’est simple. Tu te sens capable ?
– Je ne suis pas certain de comprendre.
– Toutes ces vielles règles, là, tout ton délire, ce sont des contraintes à la con. Jamais le monde entier ne va adhérer à ça. Faut se recentrer sur l’essentiel. Juste deux trucs, tu vois. Pour que ça prenne bien, faut couper les branches et conserver les tronc et les racines. C’est tout. Violence = mal ; cul = pas mal.
– Quand vous dites que le sexe n’est pas le mal, vous ne prétendez pas qu’on puisse… forniquer ?
– Hem. Comment dire. En fait, on s’en fiche. Qu’on le fasse ou pas, je veux juste dire que c’est pas grave. C’est pas important. Qu’on fasse ça avec un homme, une femme, du moment qu’il n’y a pas de violence, ou alors une violence consentie entre adulte, faut être cool avec les fantaisies de certains, c’est pas grave.
– Et la morale ?
– C’est ça, la morale. Je te sens mal sur ce coup-là.
Guy pensa soudain que Jean-François Copé était peut-être réellement con et bien capable d’être fidèle à ses discours…
– On n’est pas sur la bonne voie…, affirma Guy…
– Tu crois ?
– Oui. Tu dois devenir semblable à un prédicateur. Un prophète, même. Mais un type cool. Tu as du talent, mais tu es bouffé par le vice du pouvoir. Faut qu’on cherche encore.
– Si tu le dis.
Jean-François Copé se leva de sa chaise, en proie à une euphorie inédite et sortit du bar.
Quelques centaines de mètres plus loin, il pénétra (sic !) dans une rue de débauche.
Cela lui souleva le cœur d’une allégresse impie.
Il observa d’un regard affamé un jeune homme et lui sourit…, il bandait !
Ses mains tremblaient curieusement, pire que s’il était atteint de la maladie de Parkinson.
Il bavait une salive rougeâtre et expirait des bulles par ses narines dilatées.
Guy tituba quelques mètres et engagea la conversation avec une jeune fille aux cheveux longs plus noirs que les ténèbres…
– J’ai vu un reportage sur des minettes qui défilent les nichons à l’air, pour défendre je-ne-sais-quoi… des ukrainiennes, je crois. Ça te dit quelque chose ?
– Si ça me dit ? Bien sûr mon pote ! Et, bon sang, j’irai bien en faire partie. Du nichon, j’en ai à revendre, moi ! Si ça peut faire avancer la cause des femmes à travers le monde, je suis même prête à montrer mon derche !
– Perso, je ne vois pas trop le rapport…
– Le rapport, c’est qu’on en a marre de devoir fermer notre gueule, de nous cacher, de jouer un rôle, d’être sans cesse obligées de nous justifier pour tout et pour rien, de ne rien contrôler, surtout pas nos vies, d’être fidèles à un modèle qu’on n’a pas choisi, d’assumer des responsabilités que personne ne nous confie et qui ne nous rapportent rien, d’être soumises, continuellement, par nos hommes ou nos politiciens, d’être jugées dès qu’on sort un peu du rang, d’être bafouées, humiliées…
– Oui, d’accord, ok… donc tu penses que ces manifs de nanas à poil, ça lutte contre tout ce que tu viens de dire ?
– Bien sûr ! La liberté, c’est un tout. Il n’y a pas que les nichons. Les nichons, c’est le symbole. Elles montrent leurs nichons parce que ça éveille les consciences…, ça attire les regards, et donc, on ne peut plus les ignorer. Leur message est entendu. Ok, l’amorce est un peu racoleuse, mais ce qui compte, c’est le message. Quand tu regardes bien, elles gueulent vraiment. Ce sont des combattantes. Et en plus de leurs nichons, on peut le dire, elles ont des couilles. Elles se font chahuter par les autorités dans leurs manifs, mais ça ne les décourage pas. Beaucoup d’hommes les suivent dans leur combat. Ce n’est pas qu’une question de féminisme. Le respect de la femme rejoint d’autres luttes, contre l’exploitation sexuelle ou l’esclavagisme. C’est ça le girls power ! Si elles viennent dans le coin, elles pourront compter sur moi !
– Merci, conclut Guy. Je pense que tu nous as bien aidés, Jean-François Copé et moi…
– Nous sommes, nous les filles, de plus en plus entendues. C’est une opportunité à saisir pour diffuser la parole de l’UMP et enfin, redonner espoir à l’humanité… Mais on aurait préféré Mélanchon, ce mec est beaucoup plus près de nos valeurs… François Fillon, à la rigueur… Quoique Marine Lepen, elle est bien aussi !
Guy pensa que tout restait possible, Jean-françois Copé et lui avaient bien choisi leur moment.
Pas loin de là se tenait une sorte d’assemblée générale, regroupant les principales meneuses du mouvement.
Elles discutaient de leurs futures actions et conversaient par ordinateur portable avec d’autres membres situées un peu partout dans le monde.
Première déconvenue pour Jean-François Copé et Guy, apparus dans un recoin sombre : elles étaient toutes vêtues et ne buvaient pas d’alcool, juste du thé.
La présence de ces deux hommes dans leur assemblée générale bloqua tous les échanges.
Une blonde leur gueula de sortir immédiatement.
Une brune leur posa douze questions, sans reprendre son souffle…et sans attendre les réponses : qui êtes-vous ?… que faites-vous ici ?… pour qui travaillez-vous ?…etc.
Enfin, une créature hommasse d’un mètre quatre-vingt s’avança vers eux en frottant ses mains boudinées avec délectation.
Jean-François Copé usa de toute sa fibre diplomatique pour expliquer sa présence en ce lieu secret.
Il ne chercha pas à raconter d’histoires, contrairement à son habitude…
Après tout, le message de paix qu’il portait lui venait du divin, l’honnêteté lui semblait plus appropriée pour susciter l’adhésion des âmes perdues à son UMP.
Il leur montra sa carte de président de l’UMP en disant :
– De toute façon, ne vous leurrez pas, les réseaux sociaux ne sont plus sûrs, de nos jours !
– Putain !…, s’exclama une blonde dans sa langue natale.
Un silence tendu, emplit d’interrogations, s’installa.
Elles observaient ces deux individus avec des yeux pétillants comme un marin une mousse ou une femme un tonneau d’Ariel en promo…
Guy faillit leur demander s’il n’y avait pas une binouze dans le frigo, mais abandonna cette idée.
Le moment était aux palabres…
Jean-François Copé prit la parole…
– Mesdames, je suis l’UMP personnifié chargé par le prophète Sarkozy et guidé par mon nouvel ami Guy, pour vous soumettre un projet.
– Sarko s’est déjà foutu de notre gueule, vociféra la blonde.
– C’est possible, confirma Jean-François Copé pour ne pas la vexer. Mais dites-vous bien que les écrits fondamentaux qui régissent l’UMP sont le message que JE porte, c’est n’est pas compliqué. Pas besoin d’un bouquin de deux-mille pages. Etes-vous prêtes à m’écouter ?
– Allez-y.
– Pour redonner espoir en l’humanité, nous souhaitons, enfin, JE souhaite démontrer aux hommes et femmes, qu’être UMP’istes n’est pas une malédiction. Qu’ils assument leur nature dans la limite du respect d’autrui… et qu’ils s’affranchissent de tout rituel répressif, exprimés contre ces libertés, qu’ils soient religieux, sectaires ou politiques. L’homme UMP’iste est Libre. Libre d’aimer qui il veut, d’exister tel que la Nature l’a souhaité, avec un corps, une réflexion, des joies et des plaisirs. Et si la femme est l’avenir de l’homme, ma foi, pourquoi ne porteriez-vous pas ce message ?
– C’est déjà ce que nous faisons.
– Oui, mais vous le faites sans être dans la spiritualité. Vous êtes dans la provocation. Appropriez-vous les religions. Vous serez entendues, avec le soutien de Dieu. Le nôtre, enfin, le Mien, quoi…
– Je n’aime pas cette idée. Ce fut au nom des idées de Sarko que nous avons été régulièrement bafouées… Et pour convaincre les foules, vous allez faire des miracles, une pluie de grenouilles, une apparition de la vierge Marie ?
– Pas bête. En tout cas, je ne vous laisserai pas seules avec vos paroles. Il faut absorber les religions, les amalgamer dans un même élan : celui de la paix et de la tolérance. Et pour cela, les mots ne suffiront pas.
– J’ai l’impression que ça va un peu trop loin pour nous. On a déjà du mal à lutter contre les réflexions sexistes, alors créer un nouveau mouvement spirituel, omniscient qui supplante toutes les religions, c’est un peu trop ambitieux, je pense…
– Les risques sont limités. Tout réside dans le message. Il ne doit pas être ouvertement religieux. Juste spirituel. Je serai là pour faire le buzz, agiter le débat, en créant de belles images pour les médias. Le féminisme porte une idée libertaire sensiblement identique à notre message. L’un fortifiera l’autre auprès de l’opinion publique. Qu’en pensez-vous ?
Les filles se concertèrent longuement pour enfin parvenir à un consensus.
La cheffe du groupe demanda dix millions d’euros payables d’avance…, Jean-François Copé promit que ce serait versé à part égale entre Dassault et Bétencourt dans les quatre jours.
Il ne put s’empècher de verser une larme de crocodile en téléphonant au prophète Sarkozy pour qu’il organise la récolte des fonds…
Elles relevaient le défi, confirmant une évidence : elles avaient vraiment des couilles…
Le grand show avait été soigneusement préparé par François Copé et ses troupes…
Une semaine plus tard, l’UMP annoncait via divers teasers, une manifestation importante, le 21 décembre, qui ferait le buzz…, un spectacle énorme situé dans un endroit emblématique : Paris…
Par des coups d’éclats passagers, l’évolution du message féministe, plus profond, plus spirituel, s’affirma peu à peu, dévoilant de nouvelles ambitions pour cette poignée de jeunes femmes aux seins nus…
Le lieu précis de la manifestation ne fut diffusé que trois jours avant l’événement, soulevant la panique des autorités socialistes au pouvoir, qui firent déverser dans les rues de la ville, des milliers de policiers, soutenus par des militaires.
La sécurité se renforça aux gares et aux aéroports.
François Hollande, chef du gouvernement, alerté par ses conseillers, intervint à la télévision, sur toutes les chaînes, la veille de la date fatidique, afin d’apaiser les esprits, craignant une vague d’émeutes, les réseaux sociaux annonçant une participation monstrueuse, capable de paralyser entièrement la capitale…, puis de s’étendre à toute la France, l’Europe, le Monde…
Paris retenait son souffle.
La capitale des libertés avait peur, très peur.
Et pourtant, le jour J, autour de l’hôtel de ville, sur la place du même nom, métro Châtelet, au bord de la rue de Rivoli, dès huit heures du matin, une foule compacte se massait déjà, alors que la manifestation ne débutait pas avant quatorze heures…
Toutes les rues des alentours étaient bloquées.
Ce succès annoncé stressait au plus au point jean-François Copé et Guy promu Nouveau Chef de campagne….
Pour se détendre, ils vidaient, verre après verre un magnum de Jack Daniel’s, tout en récitant leur texte.
Mais comment anticiper les réactions de la foule ?
Dans son passé, Nicolas Sarkozy avait amassé de véritables océans de beaufs humains, mais ces derniers le reconnaissaient tous comme leur prophète.
Aujourd’hui, c’est Jean-François Copé qui allait devoir endosser à nouveau ce rôle devant des esprits plus que sceptiques, lorsqu’ils n’étaient pas ouvertement cyniques, athées ou fanatiques d’un courant religieux déjà existant.
Pas facile, une vraie gageure.
Le poids que Jean-François Copé faisait porter sur les épaules des jeunes femmes était trop lourd pour elles.
Il était de leur responsabilité, à lui et à Guy, d’être suffisamment crédibles pour faire converger les consciences vers le message que LUI avait défini.
Il savourait donc le whiskey en prenant bien garde de ne pas se saouler…
Dans un de ses nombreux appartements, celui du quartier St-Michel, il observait, par la fenêtre, la foule s’amasser.
Quelle fierté !
Trente minutes avant l’heure H, il regroupa toutes les filles, une cinquantaine, qu’il invita ensuite dans un bus.
Ils se dirigèrent au pas, vers la place, créant un sillon, Jean-François Copé était tel Moïse fendant en deux la mer Rouge…
Les filles jaillirent une à une du bus, vêtues de simples strings, le corps peint de messages libertaires et revendicatifs.
Elles formèrent un grand cercle.
Certaines grimpèrent sur le toit du bus.
La foule hurlait de liesse.
Les médias photographiaient, filmaient, pointaient leurs micros.
Les meneuses les plus charismatiques prenaient la parole à tour de rôle, portant leur message éternel, celui qui avait fait naître leur mouvement.
Enfin, après une heure de cette ferveur bon enfant, Jean-François Copé apparut, prostré dans une attitude humble et solennelle…
– Chers amis, amies. Vous pouvez croire ou douter de mon identité ainsi que de la réalité de mon statut de président de l’UMP… Mais ne doutez à aucun moment du message que je viens délivrer devant vous aujourd’hui. Les religions n’ont pas réellement menti sur les intentions de Dieu. La charité, l’amour de son prochain, sont de sains enseignements que toutes les religions prônent, d’où qu’elles viennent. C’est sans doute cul-cul la praline de le rappeler (rires), mais nous vivons tous sur la même planète, et ce n’est pas demain que Mars sera colonisée. Alors autant s’entendre entre nous. Ce que je vous propose aujourd’hui, et c’est le sens de mon engagement auprès de ce mouvement féministe qui prône une liberté trop souvent bafouée en ce monde, c’est de reconsidérer la parole divine de l’UMP. De vous réapproprier Dieu, en oubliant la folie déversée par certains courants dont les actions meurtrières ne mènent qu’au chaos et à la guerre.
La foule applaudissait, les filles en rajoutaient, poings en avant, hurlant leurs slogans aux paroles tranchantes.
– La liberté n’est pas un vain mot. Elle est immense, vaste comme l’Univers. Elle effraie, étourdit. La jeunesse la voit comme un horizon où tout est possible. L’adulte la voit comme un amalgame de mauvaises directions, qu’il craint d’emprunter. Le sage comprend, en fin de vie, que toutes les directions étaient bonnes, dès lors qu’elles ne nuisaient à personne. Ce que je viens vous dire aujourd’hui, c’est de conserver la première vision de la Liberté UMP’iste. Tout est possible, dès lors que vous respectez votre prochain. Vos idées politiques, vos mœurs, vos fréquentations, vos métiers, sont tous honorables et méritent tous d’être reconnus par une société progressiste. Nous sommes aujourd’hui à Paris, capitale emblématique des libertés, et ce n’est pas un hasard. Ici plus qu’ailleurs, nous méritons d’être entendus !
Des applaudissements suivirent, portés encore par les messages des féministes.
– Je parle, je parle…, mais qui suis-je, exactement, pour vous convaincre de nous suivre dans ce mouvement ? Qui suis-je pour vous dire de ne retenir des textes sacrés de l’UMP que vous connaissez fort bien, que les phrases porteuses de paix et de tolérance ? Tu ne tueras point un UMP’iste. C’est bien, ça ! On garde. La loi du talion ? Beuk ! On jette ! (rires)… Qui suis-je pour vous enseigner comment vous comporter en société ? Vous êtes tous adultes, vous n’avez pas besoin d’un socialeux pour vous faire la morale. Je viens des cieux, je l’ai déjà expliqué, mais en vous disant cela, je prends le risque d’être pris pour un affabulateur, un fou, un menteur. Je vous demande, aujourd’hui, par cette belle journée ensoleillée, de vous comporter comme Saint-Thomas. Il ne croit que ce qu’il voit. Alors, regardez, et croyez en MOI…
Jean-François Copé fit apparaître au centre de l’estrade une sorte de vortex d’où sortit Guy, vêtu comme un Dieu grec, tenant un sceptre en mains.
Le bus s’avança pour faire de la place, car de cette issue quasi-divine, sortaient d’autres figures emblématiques de la spiritualité humaine : Apollon, Aphrodite, Abraham, les rois mages, Moïse, Mahomet, Bouddha, la vierge Marie, Shiva, Baphomet…, des invités issus des plus grandes mythologies ou religions du monde, défilèrent sur la place de l’Hôtel de Ville, devant une foule médusée, béate, stupéfaite… et étourdie…
Tous ces Dieux qui n’étaient que des adhérents payés pour faire les pitres, scintillaient sous le soleil… et paraissaient irréels.
C’est à ce moment-là que retentit la première explosion…
Le calendrier Maya avait prédit la fin du monde, c’était le début de la fin d’un autre…
Un cocktail Molotov avait été jeté dans le bus.
Ce dernier avait craché des flammes par toutes les fenêtres et projeté une pluie d’éclats de verre sur la foule terrorisant les filles qui vociféraient sur son toit.
À peine avait-on eu le temps de comprendre l’origine de l’attaque, qu’un individu venait se jeter sur l’une des filles… et après avoir hurlé “Allah ak’bar”, fit sauter les explosifs qui le ceinturaient.
Des dizaines de corps furent réduits en charpie.
Une armée de barbus fit irruption sur la place, mitraillant la foule au AK-47, avant de mitrailler les faux-Dieux, sur l’estrade, semant la mort autour d’eux.
Une autre armée, de chauves cette fois-ci, vêtus de robe de bure, fendit la foule, à coups de bâtons, et cognèrent les gens qui s’opposaient à eux, d’abord les innocents, puis les barbus, qui furent rapidement à court de munitions.
D’autres activistes, portant des croix à leur cou, armés de lances, participèrent également au massacre en récitant des psaumes bibliques.
Les Hindous ne furent pas en reste… et armés de sabre, firent à leur tour une parade sanglante, tranchant quelques membres ici ou là, de cette foule qui cherchait désespérément à fuir la place, dans la cohue… et en piétinant les blessés.
– Bon, on fait quoi, maintenant ? s’impatienta Jean-François Copé.
Le ciel s’obscurcit, et la foudre tomba sur les quelques dizaines de fanatiques, les réduisant en de misérables silhouettes fumantes.
Les autorités françaises parvinrent enfin à reprendre le contrôle des opérations.
Jean-François Coppé remercia ses invités d’être venus :
– J’aurais bien aimé que ça fonctionne. Y’en a vraiment qui me foutent la honte, en ce moment, sûrement que c’est un coup tordu de François Fillon.
Il y a parfois des moments dans la vie, où l’on n’a plus rien à dire…
Voilà, c’est fini…