Texte privé, à ne pas lire !
J’ai éteint l’ordinateur, hier, en pleine création d’écritures. Parfois ça m’arrive. Cet écran démoniaque grignote plus mes pensées que je les tapote sur le clavier. Je m’emballe et je n’ai plus le temps de penser, de laisser reposer. Le vide devient prioritaire alors qu’il faudrait transformer ce qu’il ouvre. Ce questionnement m’a donné envie de me reposer des normes secouées, pris d’un rire railleur intérieur : “Ces choses sont-elles sérieuses ?”…
Il m’a fallu tant d’années pour apprivoiser mon univers, alors celui des autres ! Pffffff ! Avec un recul critique, dans un univers mental qui permet d’écrire, promeneur inlassable et insatiable des circonlocutions et circonvolutions éphémères de l’esprit, je cherche quelque chose d’englouti, quelque chose d’absent ayant existé ou le temps s’est fracassé. Un tissage qui me relie aux racines du monde, les rend visibles. Comment, en effet, expliquer de quelle façon mon regard traverse les fausses réalités, les mensonges, les crapuleries, les escroqueries, suit une impression qui s’avère une voie limpide et s’étonne du jaillissement de la réalité ? Maudit soient les “ceusses” qui n’entendent que leurs pets et ne voient que leurs déjections.
La vie est un tout-à-l’égout, un sempiternel recyclage d’abominations d’êtres méprisables surnageant grâce à la détention de l’argent ou autres prébendes, et ce, depuis l’aube de l’humanité. Mais en quoi mes visions ne devraient-elles rien à rien alors que les éclats de mes fulgurances, pour reconnaissables qu’ils soient, ne sont apparemment qu’une perpétuelle pâte brisée reprenant les ordures des uns et des autres et malaxées en mes textes pour en faire des pépites dans un fouillis des plus astucieux et extravagants ? Voyons donc qu’en faire !
Un vivant s’emploie à déshabiter tout, la ville, la société, le langage, sa maison, celle des autres, jusqu’à son propre corps. Comment soustraire sa présence ? Tout l’effort porte à séparer son corps de son image, à arracher son visage, à déposer son enveloppe visible. Se défaire de soi-même, mais sans se tuer ; s’extraire de la vie des voyants, mais sans se crever les yeux. Chercher à ne pas être. Par tous les moyens ! Echanger quelques banalités, se forcer à parler pour ne rien dire afin de meubler le silence. “Va voir ailleurs si j’y suis” !
C’est comme dans un tribunal pédant d’auto-illuminés qui pérorent alors qu’ils n’ont simplement rien à se dire, ni à dire, puisqu’ils n’entendent qu’eux-mêmes et n’ont aucun monde d’aucune sorte à partager. C’est la cause de bien des désastres. Notez ! La Justice n’est pas un suivi des lois, mais l’interprétation d’un seul. Pareil en toutes circonstances. La vie sociétale n’est pas régie par les lois mais par leur contournement. Les suites découlent des désillusionnements d’amours, d’affaires, d’espoirs, de rêves ! L’ignorance, l’erreur, la douleur, le malheur, la mort, définissent la condition naturelle de l’homme. Des mots pour ne rien dire, la morale de l’esthétique ne font qu’un…
L’art d’émotionner son monde, un peu, comme les prix Nobel, comme les artistes de rue, toujours, les même gestes, les mêmes couleurs, d’un Christ à l’autre, les gens falsifient, les histoires et les réemploient, pour leurs lucres, d’amont en aval, comme des caméristes qui reconditionnent les cours d’eau à leurs profits, sécheresses et assimilations de gains (les vaches grasses et les vaches maigres contrôlées par années), pour se faire prédicateurs de morales diverses et fluctuantes, et sorciers des tripailles en connivences, aussi, comme les artistes qui vendent de la merde à prix d’or pour eux s’acheter, et vivre, en classe-fermée, magouilles et bordels, c’est vieux comme le monde, l’abécédaire du perfide c’est prendre les gens, pour plus cons, qu’eux mêmes !…
Je suis maintenant presqu’un vieil homme, et ma vie a été assez mouvementée : j’ai été témoin d’une révolution, j’ai été gravement malade au bord de la mort, violente ou naturelle, j’ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des Rois et des Princes que des escrocs et voleurs, des bourgeois que des bobos, des philosophes que des illettrés, des truands riches et des truands pauvres, enfin j’ai voyagé un peu partout dans le monde… et cependant, je n’ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n’est comme l’a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que “Si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien” !
La médiocrité demeure le seul créneau libre dans tous les domaines, surtout celui de l’art, des lettres, de la politique et des affaires… Il y a une différence entre l’art médiocre et l’art de la médiocrité. L’art de la médiocrité, c’est un travail sur l’idée de jugement, sous le label de la médiocrité, on peut tout se permettre et d’ailleurs c’est ce que font ceux qui dirigent… Le phénomène de nivellement touche au cœur même du problème des articles, le nivellement, la normalisation, c’est l’action de raboter un texte et/ou de l’aplatir : y supprimer toutes les sortes de reliefs, y tronquer les pointes, y boucher les creux, y aplanir toutes les aspérités. Le niveleur qui tapote au Smig ne peut être écrivain, car ce qu’il crapote est réalisé sous la contrainte du misérable, selon les directives d’éditeurs qui craignent de prendre trop de libertés !
Alors que je m’amuse à m’écarter de la norme, retournant à l’étymologie, ravivant des racines enfouies, forgeant des mots nouveaux, bouleversant la syntaxe, jouant sur les connotations multiples, et donnant à mes textes une dimension polysémique, la marque de fabrique “Gatsby”, un label de qualité d’écriture. C’est parce qu’un texte est polysémique qu’il survit à son époque et que les générations suivantes y découvrent des éléments qui les concernent toujours, et qui avaient échappé aux contemporains de l’auteur. Il est vrai que tout texte une fois publié et livré en pâture à la foule des lecteurs, devient protéiforme : lu, assimilé, décodé par le récepteur, et ce mariage intime du “dit-imprimé” et du “lu-ressenti”, cette véritable alchimie peut être très féconde : car ce qui en naît, c’est une perception “autre”, qui ne reflète pas nécessairement l’image que s’en faisait l’auteur en le rédigeant.
Tout lecteur peut d’ailleurs lire un même texte de manières différentes selon l’âge, et même selon l’heure du jour. C’est une expérience inévitable. Là où cela peut avoir des conséquences fâcheuses, c’est dès qu’il s’agit non plus de le lire, mais de le “recréer”, c’est-à-dire de le transposer dans une autre culture.
Il semble désormais admis que le savoir écrire correctement le français soit devenu une matière scolaire d’élite, destinée à reproduire les inégalités sociales en érigeant en valeur suprême la distance à la nécessité matérielle !
Le déclin du français dans l’enseignement est-il dû à la poussée d’utilitarisme qui caractérise l’entrée de l’Occident dans la modernité du web ou le langage n’est qu’une suite de banalités recopiées et d’onomatopées, elles-mêmes remplacées par des Gif’s… L’horreur vient que ces types d’expressions sont le fond des articles des magazines “spécialisés”... L’ère des légendes-photos ! Au lieu que l’économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique !
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité se déploie à grande échelle un chantage par la faim : dépossédés de leurs propres moyens de subsistance, les individus se voient contraints de vendre leur force de travail sur un marché pour assurer leur survie. Désormais, la profession d’un individu se négocie sur un marché et fait intervenir l’éducation reçue comme facteur d’employabilité. Ainsi, tout enfant qui aura suivi une formation peu valorisée ou peu demandée sur le marché du travail se retrouve sans le sou à la fin de ses études. Plus la logique de marché s’impose, et plus une angoisse devient perceptible : en optant pour tel ou tel type d’études, l’enfant devrait se condamner à mourir de faim, d’où un monde de plus en plus paupérisé ou la crétinerie serait la norme… La réalité c’est l’adaptation, ces ignares sont ceux qui font école de commerce, c’est à dire sans grec, ni latin, ni maths, ni physique, ni histoire, ni géo ni français… mais savent tout sur l’art et la manière d’enculer leur prochain…
5 commentaires
Ce que vous ne voyez pas… Copié/collé des résultats de la journée du 18/10… Quels sont les articles les plus lus, sachant qu’il y a environ 7.000 visites/jour ?
1 Putes de luxe à Monaco : Mode d’emploi… 3201
2 Cachez ces vulves que je ne saurais voir… 2647
3 L’art de la fellation ! 2492
4 Crash ! Mourir jeune, mourir vite et au volant, la trinité de l’éternité… 2418
5 Prisonnière d’un Self-bondage… 1947
6 Le mystère de la Bugatti Atlantic 57SC noire #57473 enfin résolu… 1861
7 2022 Génération déplaçoir… 1857
8 “The Dale”, l’automobile Transgenre ! Une escroquerie de 3 millions de US$… 1755
9 Hells Angels, les derniers héros ? 1746
10 Fisker, un très mauvais Karma ? 1731
Autre remarque qui me vient à l’esprit, en lisant ce texte au demeurant fort bien écrit et plein d’esprit, mon cher Gatsby : vous avez côtoyé au fil de votre vie suffisamment d’individus peu recommandables pour ne plus croire avec béatitude en la bonté universelle de ceux qui peuplent notre planète, mais qu’en avez-vous retiré de positif, quelles sont les choses qu’il faut absolument préserver car elles sont un réel trésor de la vie ? Si votre réponse est la culture, est-il possible qu’elle soit bonne alors que l’humanité est mauvaise ?
Je n’ai rien tiré de positif de la masse de négatif si ce n’est “Courage fuyons !”… Je réponds concernant les ventes aux enchères, mieux était de partir au loin tout en publiant mes ressentis…
“Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité se déploie à grande échelle un chantage par la faim : dépossédés de leurs propres moyens de subsistance, les individus se voient contraints de vendre leur force de travail sur un marché pour assurer leur survie. ” : ne seraient-ce pas les carrières et ascensions de la génération du baby boom qui étaient un accident ?
Ce qu’on sait de la vie des paysans au moyen-âge et de celle des ouvriers au XIXe siècle me semblent un excellent exemple de contrainte de vendre sa force de travail pour assurer sa survie…
Les gens “Lambda” n’ont plus la possibilité de chasser ni de cultiver, ils ne peuvent que payer pour manger… Au moyen-âge, on payait pour survivre dans le sens ou les serfs payaient leur dîme au saigneur tout puissant… Il n’existait pas d’employés, mais des esclaves, ou alors la soldatesque aux ordres et les domestiques… Notre époque à inversé ces fausses valeurs, maintenant on se prosterne devant les ménestrels et les acteurs… A une époque où la contraception était un péché, les enfants naissaient dans la joie retrouvée de la sexualité d’après la guerre… Actuellement, “on pécho” on ne pèche plus… et la contraception est la norme, donc plus de baby-boom…
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