Alerte…, on va tous mourir !
Si de plus en plus de gens sont lobotomisés par les médias aux bottes des gouvernements, de plus en plus d’autres versent dans l’apocalyptique, subissant ce que notre société apporte de plus nuisible : un flot d’information continu et inutile !
Ils souffrent de névrose médiatique.
Ce sont des gens dotés d’une vive intelligente à la mesure de leur entêtement à ne rien vouloir changer dans leur vie et qui sont tellement anxieux à la simple idée que le monde change vivent une surexposition à l’information.
De même qu’il existe un syndrome de Calcutta qui fait que certains touristes perdent pied face à la réalité du choc culturel qu’ils découvrent, ces gens souffrent en quelque sorte de ce type de syndrome à la sauce technologique et occidentale.
Dotés d’une sensibilité hors du commun et perpétuellement bombardés de messages tous plus alarmistes les uns que les autres, ils perdent un peu plus pied chaque jour.
Ces messages, sachant qu’on parle toujours des trains en retard et non à l’heure, leur donnent finalement l’image d’un monde devenu fou ou la misère et la ruine auraient étendu leurs grands manteaux !
A l’instar des paysans des temps anciens qui se préoccupaient de la météo locale et du prix des vaches au dernier comice agricole et s’en trouvaient très bien, j’ai résolu d’inciter ces gens à appliquer la même philosophie.
L’écueil sera de leur prouver qu’en agissant ainsi, ils ne deviendront pas égoïstes et sourds à la misère du monde, mais qu’ils ne feront que se protéger d’influences malsaines.
En effet, bien que certains sont surement fort sympathiques et dotés de diplômes scientifiques de très haut niveau, ils n’en ont pas moins une grande conscience de gauche, pensant que ne pas être au courant du dernier déraillement de train à Karachi ou de la dernière guérilla secouant le Bélouchistan oriental ferait d’eux des salopards d’occidentaux repus.
Les croyances sont terribles !
En réfléchissant à tout cela, j’ai mis le doigt sur quelque chose d’important : une source de souffrance actuelle sans doute bien plus pernicieuse que les jeux vidéos dont on nous rebat les oreilles régulièrement.
Comme à mon habitude, il y a là matière à faire un article, à rédiger un petit opuscule.
Les nouvelles se suivent et semblent obéir à la loi des séries : attentats, crashs aériens, cyclones et autres tremblements de terre, guerres diverses en Libye, Afghanistan, Irak, Kosovo, Serbie, Georgie, etc…, menaces de troisième guerre mondiale, du blocus du détroit d’Ormuz par l’Iran, de coup d’état en Syrie…, sans oublier le cauchemar d’une ré-élection de Sarkozy…
Les gros titres des quotidiens et des journaux télévisés plongent les gens dans l’angoisse.
Une angoisse sans cesse éveillée (on se souvient des images du 11 septembre diffusées en boucle sur les écrans) qui mène facilement à la névrose hypocondrie médiatique, boulimie d’informations, compulsions…
Les actualités tournent à l’obsession.
Comment comprendre les mécanismes pervers de notre rapport à l’information et avoir des pistes pour sortir de l’angoisse et de la dépendance ?
Il est clair que cette overdose d’informations nous amène à voir le monde avec un biais d’inférence négatif.
Tout y semble plus noir que dans la réalité dans la mesure où le sensationnalisme et l’émotionnel sont recherchés.
Comprendre n’intéresse pas les plumitifs journaleux qui préfèrent nous faire éprouver tout en faisant de cela leur viatique…
Récemment encore, souvenez-vous du feuilleton toujours en cours de la notation de la France par Fitch et Standard and Poor.
Perdre notre AAA était catastrophique tandis que maintenant que l’on est sur que cela va arriver, on nous explique que c’est ballot mais pas si grave.
Combien de gens que j’ai rencontrés m’en ont parlé, chacun ayant à ce sujet un avis autorisé alors que pour être valable, un commentaire sur ce sujet nécessite des connaissances pointues que le commun des mortels ne possède pas.
Ne les ayant pas, j’ai juste suivi l’affaire de loin.
Et si j’ai parfois senti l’angoisse poindre tant le catastrophisme était de mise, je me mettais à songer à l’excellent livre de Pierre Miquel Mourir à Verdun, en me disant que je préférais l’austérité promise que les éclats de shrapnel dans la tronche !
Il faut donc toujours relativiser et se demander d’où vient l’information.
Et quand on connait le niveau moyen du journaleux moyen en France, on ne peut que décider de ne plus les lire ni les écouter.
Le plus souvent, après une prépa lettres, ils intègrent une des sept écoles de journalisme où on leur apprend à écrire à propos de n’importe quel sujet.
Tant et si bien, que le journaleux moyen est à l’information ce que Diafoirus était à la médecine : un fat arrogant et inefficace.
D’ailleurs, plus personne n’achète de journaux puisque les gens sont décidés aujourd’hui à donner à l’information le prix qu’elle mérite, soit zéro euro, en lisant les sites-web ou les journaux gratuits.
La presse papier se casse la gueule, lentement mais surement et c’est de leur faute de vouloir lobotomiser la planète entière…
La TV est de moins en moins regardée par nos jeunes, à tel point que les calculs d’audience sont faussés volontairement pour ne pas inclure l’ensemble réel des populations…
Et ce n’est pas que pour les infos…, les émissions de loisirs telles les débilités Druckeriennes qui n’invitent que les amis des amis répondant à un critère bien défini (Shalom à toutes et tous), deviennent tellement orientées que c’est à vomir d’indignation…, beaucoup ne regardent plus, préférant le Web ou des émissions sur les canaux alternatifs.
Quant aux experts missionnés sur les sujets les plus pointus, pourquoi leur faire plus confiance ?
C’est même pire, ils prennent un art docte et magistral pour nous fourger des idées pré-formatées dans la ligne des communiqués de presse gouvernementaux…
Non que j’imagine que tous soient médiocres, mais qu’il faille bien garder une certaine méfiance vis à vis de ces personnes que l’on voit fleurir au gré des événements.
Qui sont-ils-elles ?
Comment sont-ils-elles recruté(e)s ?
Quelle est leur expérience réelle du sujet qu’ils-elles abordent ?
Nul ne le sait en règle générale.
Récemment encore, j’ai vu un expert spécialisé dans le moyen orient qui m’a fait sourire.
Ce jeune blanc-bec, frais émoulu de Science-Po, parlait savamment de problèmes divers, mais je doutais qu’il sut parler arabe et ait vraiment tenté de comprendre ce que pensait l’homme de la rue dans le pays concerné !
La névrose médiatique se défini par la présence de nombreux symptômes qui sont (liste non exhaustive) :
– Peurs ou certitudes qu’un pays ou que la planète entière est malade.
– Interprétation des événements et argumentations personnelles.
– Consommation très importante de d’informations générales de manière continue.
– Nécessité de se renseigner constamment et de consommer de l’information.
– Sensibilité accrue aux images véhiculées par la télévision et aux événements annoncés par les journaux.
– Recherche et collection d’informations sur les dangers contemporains.
– Considération du pouvoir protecteur magique de l’information.
– Exagération des menaces qui pèsent réellement et qui sont diffusées par les médias.
– Rabâchage, répétition concernant les dangers susceptibles de planer sur un pays ou sur la terre.
– Prospection, recherche d’informations défaitistes, négatives.
– Consommation excessive d’informations, de scoop et d’actualités.
– Nécessité de vérifier régulièrement l’actualité.
– Fin de non-recevoir les avis rassurants.
De toute manière, la surabondance crèe la redondance.
Voici quelques années une étude avait montré après analyse des presque vingt-cinq mille article parus, qu’en fait ils n’étaient l’extrapolation que d’une vingtaine d’événement réels.
Il y a donc redondance, les gens dont le métier est d’informer professionnellement (presse, télé, etc.) ou gratuitement (blogs) se copiant mutuellement au risque de dénaturer totalement l’information de base.
Pour le reste, le fait d’être informé des catastrophes se produisant partout dans le monde donne une image biaisée de la réalité.
Mais pire encore et à un niveau plus profond de la psyché, cette surabondance de catastrophes s’ancre durablement dans le système limbique en le mettant perpétuellement en alerte, générant ainsi une angoisse, dans l’attente du pire.
Et lorsqu’épuisé par l’angoisse, la rupture a lieu, c’est une dépression qui s’installe.
Vaincu par les mauvaises nouvelles, l’individu a la nette impression que l’environnement le gouverne mais qu’il n’a plus aucun moyen de contrôler ce dernier.
Il se retrouve alors comme dans l’expérience du désespoir appris, persuadé que le monde n’est que violence est malheur, l’individu sélectionne uniquement les informations qui lui permettront de se dire : à quand mon tour ?
Vaincre cette névrose médiatique c’est déjà admettre qu’elle puisse exister.
C’est ensuite apprendre à consommer de l’information utile.
C’est aussi trier les sources d’informations en fonction de la crédibilité de l’émetteur.
C’est donc un patient travail de sélection et de discrimination qui doit permettre de ne pas croire tout ce qui est écrit dans un journal ou dit à la télévision.
Ensuite, c’est aussi se demander si ce qu’on nous dit, aussi crédible fut l’information, est intéressant pour nous.
Il s’agit donc et c’est sans doute le plus difficile d’établir une sorte de barrière prophylactique permettant de trier ce qui est important de ce qui ne l’est pas.
Et là, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de renoncer à porter le malheur du monde sur ses épaules alors que justement la mode actuelle est au fait de s’intéresser à tous les recoins de la planète au motif qu’elle serait devenue une village mondial.
Le risque est donc grand d’imaginer qu’en voulait se protéger de l’influence néfaste de l’information on puisse se transformer en une sorte de salaud égoïste.
Pourtant l’enjeu n’est pas là, il ne s’agit pas d’avoir une attitude dichotomique hésitant entre porter le malheur du monde sur ses épaules et devenir insensible à la douleur d’autrui.
L’enjeu me semble-t-il et il est de taille est de renouer avec une forme d’humilité permettant de comprendre que l’on a des limites.
Et que ces limites nous imposent de ne pas sombrer dans la toute puissance qui nous ferait croire que l’on peut se saisir à bras le corps de toute la misère du monde, de lui donner un sens et pire de pouvoir la résoudre.
A l’heure où j’écris ces quelques lignes, j’entends le vent souffler sur mes bambous qui se penchent.
Un message SMS sur mon portable m’avertit qu’il va y avoir des tempêtes de neige, de grélons comme des ballons de football et de grenouilles…
J’ai cliqué sur le lien pour savoir ou avant de le crier par la fenêtre et d’en faire un article alarmiste.
J’ai vu que seul l’Alaska était concerné…, alors je n’ai pas cherché plus loin parce que je vis à Bruxelles.
Suis-je égoïste ?
J’espère que cette tempête n’occasionnera aucun dégâts pour les gens concernés.
Et si cela arrive, je serai bien triste pour ceux qui en feront les frais.
En revanche, je ne me sens pas vraiment concerné, de la même manière que j’estime qu’un natif d’Alaska ne devrait pas se sentir angoissé à l’idée qu’un orage s’abatte sur Bruxelles.
N’ayant ni amis, ni famille, ni relations, ni bien immobilier en Alaska, je ne suis pas concerné, c’est tout.
De toute manière, c’est une information locale qui permettra sans doute aux gens de se mettre à l’abri.
Pour le reste, c’est un non événement sachant que ces tempêtes sont courantes là-bas.
C’est aussi passionnant que d’apprendre qu’il y a eu des chutes de neige dans les Alpes.
Pour vivre heureux, ne consommons pas trop d’informations, évitons de sombrer dans la névrose médiatique.