Amérique : Il est peut-être temps que le reste du monde se révolte !
À l’heure actuelle, quelque part à Washington DC, un tas de petits blancs riches aux cheveux blancs et au cœur de pierre tapent du pied dans leur costume trois-pièces parce qu’ils refusent que les pauvres aient accès à des services de santé qu’eux peuvent se payer !
Les riches et puissants d’Amérique peuvent s’arroger le droit aussi bien de boycotter leur golf à 300.000 dollars l’inscription annuelle si une personne étrangère y est admise (par erreur ?), que stopper les activités de du gouvernement si la majorité n’est pas du même avis qu’eux. Qu’importe si ça entraîne le monde entier dans une récession profonde et sombre…, ils se réfugient dans leur ranch au Texas en attendant que l’orage passe en riant que leur petit personnel de maison travaillera d’arrache-pied pour des sommes encore plus dérisoires parce qu’il n’y a pas de boulot et que les pauvres ont vraiment besoin d’argent pour payer leur assurance santé. Une récession profonde et sombre, well… ne vient-on pas de juste de s’en taper une ? Il est peut-être temps que le reste du monde se révolte. Le reste du monde s’est laissé piétiner par ces enfoirés de Yankees depuis trop longtemps… il n’y a pas un seul endroit, sur la planète, où ils n’aient pas joué un rôle disruptif. Leur politique étrangère a entraîné la mort de millions de gens… et leur économie s’est longtemps fondée (et se fonde encore) sur le pillage pur et simple des ressources des autres. Ils n’ont jamais cessé de déblatérer sur la liberté et la terre des braves tout en entravant la liberté et le courage des autres.
J’avoue que j’ai été dupé, j’ai cru à l’Amérique, j’en ai rêvé, j’étais béat devant John Wayne, le bon blanc, massacrant les méchants indiens, pareil quand il massacrait ces salopards de Nazis et encore mieux quand il flanquait la raclée aus Jap’s… J’ai encore toute la collection des Buck danny…, en lisant ses expoits, je voulais être pilote dans l’US Air Force et atomiser les méchants… Totalement lobotomisé, j’en suis venu a aimer les Hot-Rods, les Kustom-Cars et toutes les américaines mécanisées…, surtout celles en chair et os en poster de Playboy. En finale j’ai créé des magazines sur ces sujets et ai pu acheter une kyrielle de bagnoles américaines…, j’ai également vécu quelques années au pays de l’Oncle’Sam, en Californie, puis en Floride… Pourtant, de plus en plus depuis les mensonges de Buch et compagnie, depuis le 11 septembre 2001 et tout ce qui s’en est suivi, j’emmerde ces connards de patriotes’ricains, ces agitateurs de drapeaux instables qui sucent la bite de Dieu le matin pour mieux fourrer la leur dans l’anus béant du monde qui les entoure le reste de la journée ! Putain, bande de salauds, je me suis bien fait “enculer” par l’Oncle’Sam…, Hollywood c’était que du cinéma de lobotomisation des masses…, les grandes valeurs de l’Amérique c’était que du foin pour lapins à chasser une fois bien gras, quant aux rêves distillés, c’était que du consumérisme hors de prix ! Il est temps que reste du monde se ligue contre les États-Unis…, il faut qu’une armée mondiale piétine les pelouses de la Maison Blanche. S’ils ne peuvent pas s’occuper de leur propre économie, nous avons besoin de les envahir et de prendre le relais…, on va se faire ces enfoirés. Mais peut-on vraiment les vaincre ?
Est-ce une option envisageable, ou sont-ils vraiment plus forts que la Chine, la Russie, l’Iran, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Islande, la Biélorussie et tous les autres pays réunis ?
J’ai contacté un analyste des Forces armées des États-Unis pour IHS Jane’s, afin de savoir si l’heure de la revanche avait sonné.
– Commençons par le début, comment le reste du monde peut-il désactiver la capacité nucléaire américaine ?
– Il est pratiquement impossible d’éliminer l’arsenal nucléaire américain, car il est basé sur la triade sol-air-mer qui fournit une vraie capacité de contre-attaque. Les missiles balistiques lancés par sous-marins sont largement considérés comme l’élément clé de la dissuasion nucléaire américaine, puisqu’une partie de cet arsenal est toujours au large. Les missiles basés au sol sont aussi très difficiles à éliminer car ils sont entreposés dans des silos situés au centre du pays. Tout adversaire désireux de se frotter aux États-Unis doit se préparer à essuyer une attaque nucléaire ou à développer un système de défense contre les missiles balistiques, ce qui est technologiquement impossible aujourd’hui.
– OK. Sinon, on pourrait attaquer le problème à sa source : Obama. Est-ce qu’on peut lui voler son arsenal nucléaire ?
– Je ne peux pas vraiment répondre à cette question puisque nous avons très peu d’informations sur les aspects techniques.
– OK. Admettons qu’il le transporte dans sa poche et que je le lui pique. Une fois ses capacités nucléaires neutralisées, à quoi pourrait ressembler une invasion des États-Unis ?
– Les États-Unis sont le seul pays au monde qui a la capacité de projeter des forces à travers le globe à grande échelle. La capacité militaire de transport aérien et maritime de tous les autres pays du monde ne serait pas suffisante pour poser un pied en Amérique du Nord. Les capacités amphibies d’assaut de toutes les armées du monde cumulées (à l’exception de l’armée US) sont simplement insuffisantes. Cela signifie que l’adversaire devrait saisir et utiliser des avions et des navires civils qui ne sont pas conçus pour les environnements non permissifs. Ces navires auraient besoin de bases sûres au Canada et au Mexique, car ils n’ont pas la capacité d’amener des forces sur des côtes non aménagées. Ainsi, toute tentative d’invasion des États-Unis se ferait d’abord par un mélange hétéroclite de navires et d’avions civils particulièrement vulnérables. Si ces forces parvenaient à éviter les attaques américaines et continuaient de s’accroître, elles pourraient envisager d’attaquer le sol américain.
– Je suis sûr qu’on pourrait gérer ça. Où commencerait l’invasion ? Quelles parties de la côte américaine sont les plus vulnérables aux attaques ?
– Comme je l’ai déjà mentionné, la capacité d’assaut amphibie des armées combinées du monde est tout simplement trop mince pour attaquer les côtes. Si elles réussissaient à passer inaperçues, ce qui est en soi un exploit impossible compte tenu des dispositifs de surveillance actuels, elles seraient repoussées à la mer avant même d’avoir eu le temps d’attaquer. Ainsi, une invasion devrait venir d’une frontière terrestre, par exemple la frontière sud, avec le Mexique, laquelle est la plus propice aux opérations militaires. Mais, étant donné que la plus grande base militaire américaine se trouve au Texas, cela nuirait naturellement à une telle attaque. Passer par la frontière canadienne par l’ouest, afin d’éviter les Grands Lacs et la voie maritime du St-Laurent, serait plus aisé, même si l’invasion se limiterait alors à l’infanterie légère. En outre, ça ne permettrait pas de s’emparer des foyers de population ou de points stratégiques importants, car il y a surtout des parcs nationaux là-bas.
– Mais avec les parcs nationaux, on a les ours et les loups de notre côté, ce qui nous rendra imbattables. Mais est-ce que les forces combinées du monde, y compris celles des fous de la Corée du Nord, parce que chaque petit geste compte, sont assez puissantes pour vaincre celles des États-Unis ?
– Oui, mais seulement si les États-Unis sont sur l’offensive, ou si par vaincre vous n’entendez pas conquérir et détruire. Le monde pourrait, par exemple, contenir les États-Unis, comme les États-Unis l’ont fait avec l’Union soviétique par le passé. Mais la question que vous posez, si je ne me trompe pas, c’est si les forces combinées de la planète sont suffisantes pour conquérir les Etats-Unis. Et là, la réponse est non. Cela nécessite des moyens logistiques que le reste du monde n’a tout simplement pas.
– OK. Je dois vous avouer que je suis un peu déçu.
– C’est un problème principalement géographique. Tout comme les vastes steppes russes engloutissent les armées, les océans qui entourent les États-Unis peuvent réduire à néant les velléités offensives. Peu importe le nombre de soldats ou les armes dont ils disposent, ils doivent être livrés de l’autre côté du Pacifique et de l’Atlantique pour être amenés à servir. C’est là que la Marine et la puissance aérienne américaine détruiraient n’importe quel adversaire bien avant qu’ils n’approchent la côte américaine. Et c’est là que vous rencontrerez un deuxième problème majeur : la technologie. Il n’y a pas assez de porte-avions et de navires de guerre amphibies dans toutes les forces navales combinées du monde pour rivaliser avec l’US Navy. Il n’y a pas assez d’avions d’attaque pour assurer une supériorité aérienne contre l’US Air Force.
– C’est de cette façon étonnamment déséquilibrée que s’agence la puissance militaire du monde aujourd’hui ? Pouvons-nous contourner cela ?
– La solution serait de nier l’importance de la géographie et de la technologie. Cela signifie ne pas compter sur l’infanterie, les navires et les avions, mais plutôt cibler les États-Unis dans l’espace et les domaines cybernétiques. En battant les satellites américains et en attaquant les réseaux américains, on arrive à contourner la géographie et à éliminer la technologie, à la fois celle de l’armée et celle de l’industrie qui est au cœur de cette puissance militaire.
– Cool, on a juste besoin de rallier les hackers à notre cause, en fait.
– Même avec ça, on ne parviendrait pas à conquérir le territoire.
– Donc, nous arrivons à la même conclusion : au vu du déséquilibre militaire mondial, même dans l’hypothèse fantaisiste d’une alliance planétaire, il serait impossible de conquérir les États-Unis.
– On peut seulement les vaincre. Je suppose que vous imaginiez un scénario similaire à celui de L’Aube Rouge, mais je ne peux pas abonder dans votre sens sans faire preuve de déraison. Ce projet relève de la science fiction.
– Une bombe atomique qui explose à très haute altitude, ça ne tue personne mais ça grille les circuits électriques. Au bout de deux heures sans internet la moitié de la population américaine se suicide ou retourne à l’âge de pierre. Ensuite on laisse les tarés de la NHRA et du Thea-Party créer des cités états (environs deux jours) et ils finissent par se bastonner avec la garde nationale. Au bout d’une semaine on profite du bordel pour envahir la Californie du nord et prendre possession des champs de Cannabis qu’on refourgue aux deux camps puis on passe le reste de la vie à jouer aux seigneurs de guerre/chef de cartel et à entretenir la guerre…, c’est jouissif là, non ?
– Pas vraiment ! Il y a de l’idée, mais jamais une tête nucléaire n’arriverait à approcher les USA. Battre les US sur leur propre terrain est tout bonnement impossible. Admettons que vous arriviez jusqu’à la Californie, vous devrez faire face à 300 millions de patriotes endoctrinés, croyant que Dieu est Américain et armés jusqu’au dents ! Il faut attendre l’accident, parce que c’est l’absolu de la surprise !
– Ouiiiiiiiiii, il faut revenir à Aristote : le temps est l’accident des accidents. Le temps c’est ce qui est, l’accident ce qui arrive. La substance, ce qui est : et ce qui arrive à la substance : l’écroulement, le tremblement de terre, la catastrophe !
– Vous connaissez là un minimum de langage philosophique : la substance est nécessaire et absolue, l’accident est relatif et contingent.
– Important cette phrase : comment peut-on analyser le progrès depuis deux siècles en gros, le progrès technique, le progrès de la société occidentale, sans analyser son accident ? Est-ce qu’on peut entendre l’accident comme on entendrait chez d’autres le mot événement ?
– Oui, sauf que pour moi l’accident est l’événement de la rapidité. Les accidents sont liés à l’accélération de l’histoire et à l’accélération de la réalité. Les Français ont été occupés par surprise, ils se sont mal débrouillés, ils n’ont pas compris la vitesse, malgré le général de Gaulle, qui était tankiste et qu’on n’a pas écouté. Les Français ont été pris de vitesse. Les événements contemporains sont des accidents, par exemple le krach de la bourse, c’est un accident de vitesse. Je l’appelle un accident intégral parce qu’il enclenche d’autres accidents. On appelle ça maintenant un accident systémique, c’est-à-dire qu’il n’est plus tellement un accident qu’un système accidentel qui se prolonge. Le krach en est un élément mais la cybercriminalité aussi !
– Jusqu’où ça peut aller ?
– Il y a une amplification de l’événement pur, de l’histoire événementielle. Il y a deux grandes histoires : l’histoire générale, et l’histoire événementielle, la révolution de 1789, la découverte de l’Amérique, la guerre de 14. Du fait de l’accélération du réel, maintenant, on a une histoire uniquement accidentelle, qui n’est que surprises. On en a eu un exemple avec le World Trade Center : c’est pas un événement, c’est un accident prémédité qui a la valeur d’un événement de jadis. C’est comme une déclaration de guerre mais sans guerre, les milliers de morts, ce n’est rien pour Buch en regard des avantages d’une bonne vieille guerre.
– Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille. La grandeur de puissance du progrès a pour envers la grandeur du désastre. Plus la grandeur de puissance se développe, plus le risque est inouï.
– Oui bien sûr, mais ça je l’ai tellement répété. Inventer l’avion, c’est inventer non seulement le crash, mais c’est aussi inventer la panne. C’est merveilleux, mais en même temps c’est sensible, aux oiseaux, aux sables des volcans en fusion. C’est la dialectique grandeur de puissance/grandeur de pauvreté.
– On passe de l’un, l’avion qui permet d’aller vite, à l’autre, l’impuissance : l’avion ne peut pas voler. Que ce soit du fait du terrorisme :on a peur de voler…, ou de la cendre volcanique : c’est trop risqué de décoller… et demain peut-être autre chose.
– On ne peut pas innover sans innover en même temps un dégât. C’est tellement évident qu’être obligé de le répéter montre à quel point nous sommes aliénés par la propagande du progrès. Vous voyez, comme Perec, je suis un enfant de la guerre totale, de la propagande. On me bluffe pas sur le réel. Quand j’étais gamin j’ai appris à faire la différence Ce qui m’agace profondément, ce sont des gens victimes de la propagande, ils ne comprennent pas la liberté de pensée face à la technique. Le progrès a remplacé Dieu. Quand Nietzsche parle de la mort de Dieu, moi je crois qu’il a été remplacé par le progrès. Je dis il faut apprécier la technique comme un amateur d’art. On ne reprochera jamais à un amateur d’art de ne pas aimer l’expressionnisme et de préférer l’actionnisme viennois, l’abstraction ou l’impressionnisme. Aimer c’est choisir. Ça, ça se perd : l’amour n’est plus un choix mais une obligation. Le progrès a tous les défauts du totalitarisme.
– Et dans votre vie personnelle, vous utilisez un micro-ondes ?
– Dans ma vie, je fais une ascèse des nouvelles technologiques. Je n’ai plus de voiture, je n’ai plus la TV. Internet, j’ai contribué à le lancer, à cette époque héroïque. Mais je n’ai pas d’ordinateur, je n’ai pas de téléphone portable. J’ai un téléphone fixe tout à fait ordinaire. L’eau, le gaz, et l’électricité. Et la radio, que j’écoute rarement. Mais c’est un point de vue terminal. Le progrès technique m’a toujours passionné. Mais on ne fera pas progresser la technique sans la critiquer. Il existe une distinction très claire entre l’objet technique dans sa réalité et la négation de cette réalité par la publicité du progrès. Par exemple, le plus ça va vite mieux c’est : c’est totalement faux ! Plus ça va vite, plus la catastrophe est importante. J’ai eu une Jaguar, je le sais quand même. On a roulé à plus de deux cents à l’heure. On voit bien que la vitesse physique, de déplacement, vous fige. On est inerte, dé latéralisé. Et y’a un phénomène dehypnotise. Plus on va vite plus le regard doit se projeter loin, et on en perd la latéralisation. Autrement dit vous êtes fasciné.
– Ouais, ce que vous me décrivez avec des gestes là, c’est comme des œillères.
– Oui, les œillères c’est la vitesse. En ralentissant, vous redonnez du champ. Et pourquoi les animaux ils ont des yeux sur le côté ? Il n’y en a pas beaucoup qui ont des yeux devant. Parce que le danger vient soit de derrière, soit de côté. S’il vient de face ce n’est pas une surprise, on peut se débrouiller. Et c’est la latéralisation qui donne du relief à la réalité. La vision projective de l’accélération aplatit le réel, le rend frontal, comme un écran. On perd le relief. Si on a deux yeux c’est pour voir en relief. Exactement comme la stéréophonie donne du relief à ce qu’on entend. Vous voyez, quand je dis ça, je suis en plein dans la science et la technique, je suis pas contre. J’ai deux paires de jumelles… Je ne suis pas apocalyptique, point final. Je suis révélationnaire, c’est un néologisme. Je m’intéresse plus au révélé qu’au révolu. Le krach d’abord, il y a eu le krach de 1987. C’est le premier krach informatique. Dans les années 1980, la City de Londres lance le Big Bang, c’est-à-dire l’interconnexion en temps réel des bourses du monde. C’est un événement d’accélération du réel, il n’y a plus de décalage horaire.
– Et, en 1987, ça pète. Comme on le dit à l’époque, les systèmes informatiques, les plateformes électroniques en sont la cause, parce qu’on n’a pas su gérer cette instantanéité des bourses interconnectées. Karlheinz Stockhausen, sur les attentats de septembre 2001, dit que c’est la plus grande œuvre d’art qu’il y ait jamais eu dans le cosmos.
– Au-delà de la dialectique création/destruction, ça me parait abonder dans votre sens, dans la mesure où c’est un moyen de résister à cette émotion collective qui nous fait perdre la mesure des choses, des événements…
– Il n’y a d’espérance qu’au bord du gouffre. On peut avoir de l’espérance en rase campagne, mais ce qu’on risque, c’est un coup de soleil. Tandis qu’au bord d’une falaise, là, c’est autre chose. On approche le gouffre de l’inconnaissance, l’accident des connaissances, celui du nihilisme des connaissances, perdre connaissance, le coma de la science, parce qu’on a heurté le mur du temps. C’est même au-dessus du nihilisme. Je crois que profondément, aujourd’hui, l’Amérique n’est plus le Nouveau Monde, elle ne le sera plus jamais parce que le monde est mondialisé. Le monde est devenu une planète qu’on peut parcourir instantanément. L’Amérique fait partie du globe, point final. D’où une sorte de timidité qu’Obama traduit.
– Vous avez vu qu’il remet en cause la conquête spatiale. C’est énorme.
– On a un flottement de l’impérialisme américain, du mode de vie, et même militaire. On le voit bien quand il propose de désarmer nucléairement, d’arrêter la conquête spatiale… L’Amérique a perdu le Go West du western. Standby. Stop, eject. Le totalitarisme des totalitarismes. Oui, c’est sûr. La perte de la liberté. La démocratie est menacée de partout.
– Mais qui a intérêt à ce que ça se passe comme ça ?
– D’une certaine façon, c’est la philofolie, l’amour de la folie. C’est un phénomène panique. La synchronisation des émotions collectives qui favorise grandement l’administration de la peur. La communauté d’émotions, qui remplace la communauté d’intérêts. On passerait au communisme des affects. Et c’est redoutable. On retrouve là le phénomène panique, face auquel on ne peut pas avoir de courage individuel.
– Un accident finira par faire disparaître l’Amérique, souvenez-vous à Denver, on y avait découvert un dépôt de 20.000 missiles oubliés à la portée d’un incendie… et la capacité de cet arsenal c’était l’extermination de la population du globe. Un exemple parmi d’autres ! Imaginez que ce bazar ait explosé… Quand on creuse pour enfouir des armes de destruction massives, il faut se poser la question de l’oubli : parce qu’imaginez, les militaires américains creusent un trou et y mettent des déchets ou des bombes nucléaires et bactériologiques qui peuvent durer plusieurs centaines de millénaires : comment faire pour dire aux gens du futur qu’à cet endroit-là se trouve de quoi faire exploser l’Amérique ? Ce n’est pas de la science-fiction. Comment communiquer avec ces gens-là, s’il en reste ? Ils parleront quoi, quelle langue ? La géométrie aura progressé, et tout… Le problème de la durée de la menace n’est pas pris en compte.
– La propagande du progrès c’est la censure du réel. La déréalisation censure la réalité. Vous voyez dans quelle perversité on est.
– Ça ne veut pas pour autant dire qu’il y a un complot contre l’humanité !
– C’est bien plus compliqué que ça. Mais le résultat est le même. Ça pose la question de la troisième bombe, comme l’a dit l’abbé Pierre et formulé Einstein. Ils se connaissaient, c’étaient des grandes célébrités de l’après-guerre. Einstein a dit : il y a trois bombes. La bombe atomique, la bombe de l’information et la bombe démographique. Mais moi devant la situation présente, je dis que la troisième bombe est génétique. Va se poser la question de la sélection du genre humain. Quelque part là on risque de faire advenir le racisme même : celui qui est incontestable. Il y aura les hommes naturels, ceux qui sont nés du sang et du sperme, et ceux nés de l’engineering génétique, de la grande matrice génomique.
– C’est un scénario de SF à la Bienvenue à Gattaca.
– Absolument. La bombe génétique, si elle explose, divisera le genre humain en deux, entre pré-humains, naturels, et posthumains articifiels, mais supérieurs. C’est un peu comme des OGM. Maintenant pensez qu’on est ensemble, vous vous êtes naturel et moi je suis OGM. Rappelez-vous les réplicants, dans le film Blade Runner…Il y a Harrison Ford qui va tomber de la tour, et le réplicant le retient. Et Harrison pense qu’il va le lâcher. Et le réplicant le remonte et le met contre la cheminée. Harrison lui dit : Pourquoi t’as fait ça ?… Et le réplicant lui dit : C’est pas toi que j’ai sauvé, c’est ta vie… C’est monstrueux. Et en même temps c’est merveilleux.