Au pays des perdants flamboyants…
Les jugements hâtifs sont prédominants dans la société américaine, le fait que des gens aient pu avoir une expérience de vie différente de la leur, que leurs choix, croyances et comportements puissent être si différents de la leur, semble totalement échapper à ces gens qui se croient intelligents, car “les maîtres du monde”… et les plus puissants.
Les pauvres, surtout s’ils sont noirs ou arabes, voire mexicains…, y sont perçus comme une purée homogène…, l’idée qu’ils puissent être des individus et qu’ils sont là où ils sont pour des raisons très diverses, semble encore échapper à certaines personnes.
Soumis à la pression d’une économie qui ne se porte pas très bien, beaucoup d’Américains devenus entre-eux antagonistes d’un débat qui leur passe par-dessus la tête, réduisent leur train de vie, licencient du personnel et ne gardent avec eux, pour le ménage, la cuisine et s’occuper des enfants, qu’une esclave, souvent mexicaine…
L’opinion publique, ameutée par des médias qui vendent du spectaculaire à tout prix, sans souci de chercher la vérité, se divise sur cette dérive.
Ceux qui hurlent le plus fort évoquent les menaces qui pèsent sur les bonnes familles américaines en raison de la présence massive d’immigrées illégales.
Les autres, qu’on entend à peine moins, dénoncent les conditions précaires dans lesquelles vivent ces immigrées, et leur rejet aux marges de la société.
Tous les arguments sont bons pour les deux parties et qu’importe s’ils reposent sur des idées préconçues plutôt que sur la réalité.
Il est facile de déraper quand on s’observe avec crainte…
Le rêve américain est-ce tout piller, tout brûler, avoir de l’argent, une maison, une femme magnifique, ne jamais être seul ?
Oui, c’est cela, le rêve américain, mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas la réalité…, le rêve américain est stupide et cruel…
Selon les statistiques, les États-Unis sont seulement le quinzième pays où on peut grimper dans l’échelle sociale, cela veut dire que c’est plus facile de le faire en Finlande ou en Suisse !
Aux USA, on donne aux pauvres un espoir de s’enrichir, sachant que très peu y parviendront… et on méprise ceux qui n’y parviennent pas.
Depuis dix, quinze ans, le monde est en crise…, cela se ressent dans les créations artistiques…, la tension sur le monde et les êtres apparaît aussi dans les livres où les personnages sont en quête d’une place dans un monde qui présente souvent un parfum de nostalgie.
Aujourd’hui, le rêve américain se situe davantage dans le domaine émotionnel.
Les gens rêvent de la vie et non de l’Amérique qui est un cauchemar…, au réveil ils ne peuvent que s’apercevoir qu’on n’arrive jamais au rêve américain… et parce qu’on n’y arrive jamais, on veut toujours plus.
C’est toujours en Europe que ce qu’on appelle le rêve américain est une maison avec un petit jardin, un chien, deux enfants, une femme.
Mais le rêve américain devrait être de permettre de construire une vie indépendamment de la couleur de la peau…
Aux USA, les gens n’ont plus que deux possibilités : rester assis ou trouver des manières d’avancer…, dans le contexte américain, on ne peut que croire au progrès, à l’invincibilité américaine et à l’idée d’avancer.
Les gens sont donc obligés d’avancer, de comprendre ce qu’ils ont perdu, de négocier un espace entre passé et présent.
Aux États-Unis, pays des perdants flamboyants, on fait surtout les choses un peu à l’aveugle…, y consacrant beaucoup d’énergie…, mais on ne voit jamais ce qui se passe vraiment.
Il y a le rêve américain mais on oublie l’interdépendance à la famille et à la société, la course permanente contre quelque chose.
Parfois, certains ont une prise de conscience sur les ravages causés par ce mythe…, le rêve américain est de transformer les choses en paradis alors qu’elles deviennent un cauchemar, c’est se regarder dans le miroir de l’aveuglement qu’est la croissance à tout prix.
Le rêve américain, c’est le vertige que génère le discours creux des fabricants d’illusions…
– Pourquoi tu pleures Amérique ?
– Parce que tu ne m’aimes pas, Quelqu’un. Parce que tu oses critiquer que je donne au dieu de mes dollars, la vie de mes boys, pour sa seule gloire, pour qu’il nous offre les richesses des autres, fasse avaler des crotales aux gens différents, après leur avoir crevé les yeux à Guantanamo… Je suis capable de tout, tu comprends ? Mais regarde-toi. Tu es une poussière, le résultat de la fraction du pire, tu es la tare qui contamine, qui pullule et prolifère telle la peste en son temps, il n’y a plus rien à tirer de toi car quand on est vidé par le cœur, plus rien ne pousse. Tu es un déchet, annihilé de toutes émotions, tu n’es qu’un roc de sel, une pierre de marbre au milieu d’une foule en mouvement… et tu marches à l’envers, tu respires à l’envers pour qu’au final, ta vie entière soit en train de se dévider dans le mauvais sens. Tu n’es pas un bien pour moi, tu t’es insinué comme du poison sur mes territoires, comprenant mes motivations réelles, dénonçant les réalités du 11/9…, rongeant ainsi bout par bout le peu de raison qu’il reste dans la tête des américains… Tu me violes, tu m’agresses, tu es l’évidence qui fait de mes nuits des nuits blanches à l’obsession.
– Tu as raison, je ne t’aime pas. Je ne te demande pas de rester, je ne demande rien de toi, mais tu es là, mais quand je crie, mon écho c’est ta voix. Je suis aussi froid que l’albâtre, aussi persistant que du chienlit mais c’est toi qui me fais vomir depuis que tu as changé les rêves en cauchemars, depuis que tu mens, que tu oeuvres sous faux-drapeaux, que tu tues des hommes, des femmes, des enfants innocents pour pomper leur pétrole, parce que tu n’as pas hésité à atomiser Hiroshima et Nagasaki et n’aurait aucun scrupule à refaire de même en Orient… C’est toi qui nourris la haine… Tu es le peuple qui prône la dictatucratie, qui la consolide brique après briques et qui, ensuite, voudrait que le reste du monde vacille… Tu déshumanises le monde. Tu prends les âmes et prélève les cœurs…, tu es un vrai démon, un faux-archange teinté de jais… Beaucoup de gens, de ta faute n’ont plus rien que la peau sur les os… Pour toi, Amérique, je ne suis qu’un impie de l’ancien monde… et toi tu te crois belle à mourir, alors que tu n’es qu’un puits sans fond recouvert de roses dans lequel les gens tombent.
– Tu me fais rire…
– Regarde-toi, tu prônes la rentabilité, la course à la compétitivité, mais la masse qui te compose ne vit qu’échecs en ne criant pas “I feel good”…, mais “I fail good”…
– Être artiste dans l’art de la guerre planétaire, implique parfois quelques dommages collatéraux…
– Amérique, ton antre n’est qu’un repaire de sadomasochistes qui se posent des pièges à eux-mêmes pour finalement évoquer une seule et même réalité : la malédiction américaine, sa solitude, son désespoir. En ton sein, sous tes auspices, le bonheur et le succès ne font pas de belles histoires, mais des glauques… L’échec ainsi engendré, mériterait un solide focus…, car en toi, tout ce qui est de l’ordre est du raté, fêté comme une opportunité…
– Échouer est parfois le résultat d’une construction positive. Je repousse ce qui est dysfonctionnel.
– L’économie mondiale est en difficulté, le système néolibéral échoue… et toi, Amérique, tu fragmentes le monde politique, tu corromps, tu assassines, tu calcules les incapacités des autres à se diriger…, tu pousses le monde dans un abîme… Tu t’abandonnes au plaisir du fiasco des autres, sans même voir que tu en es gangrené, que tu prêtes le flanc aux déboires notoires sans la moindre dérision…
– Celui qui ne se mouille pas ne risque pas d’échouer, les gens devront mettre leurs blanches mains dans le cambouis de la vie…
– Ce n’est donc qu’un débat inutile sur l’impasse du temps qui passe…
– Pauvre fou…
– C’est l’ignorance qui entrave les ponts…