Il y a déjà eu des centaines de suicides de gens qui avaient peur de mourir dans cette fin de monde !
Mais…, à Bugarach, la fin du monde tarde à venir…
Les autorités n’ont pas constaté d’afflux massif de population jeudi à Bugarach, petit village du sud de la France censé être préservé de la fin du monde vendredi, même si deux “rave parties” ont été interdites, a déclaré le préfet de l’Aude.
Bien malin qui pourrait dire d’où est partie la rumeur qui affirme que Bugarach sera le seul endroit de la planète à échapper à la fin du monde que certains lisent dans l’arrêt du calendrier maya, le 21 décembre.
A quelques jours de la date fatidique, des groupes ésotériques ont commencé à affluer dans la haute vallée de l’Aude, suivis à la trace par les reporters des chaînes de télévision les plus prestigieuses, telles que CNN, la BBC, la japonaise NHK ou encore la française Canal + !
Un important dispositif de sécurité a été déployé à partir de mercredi midi autour de la commune de 200 habitants et du pic de 1.230 mètres qui la surplombe, afin de prévenir tout mouvement de foule et de bloquer l’accès à la montagne.
Terre de légendes, Bugarach est au centre de rumeurs sur internet qui font de son pic rocheux un “refuge” face à la fin des temps, attendue le 21 décembre selon une interprétation du calendrier maya, et attirent depuis des mois passionnés d’ésotérisme, curieux et reporters du monde entier.
Jeudi, le contingent le plus nombreux semblait être celui des journalistes.
La préfecture a délivré plus de 200 accréditations aux médias.
“Le dispositif que nous avons conçu et médiatisé, sur la présence de forces de l’ordre, sur l’interdiction de l’accès à la montagne, je pense, a légitimement dissuadé d’une part d’éventuels illuminés mais aussi curieux et badauds”, a dit le préfet Eric Freysselinard lors d’une conférence de presse. “Deux raves parties, c’est-à-dire des apéros géants, festifs, ont tenté de se dérouler dans la zone, à proximité du village de Bugarach et nous avons interdit et empêché l’organisation de ces deux rave parties, dont l’une, organisée par un propriétaire sur son terrain, comptait environ 1.000 inscrits. Nous avons aussi été amenés à refouler quelques groupes de personnes, assez peu nombreux, venus camper ou circuler sur la montagne”…, a-t-il ajouté.
Eric Freysselinard a fait état de quelques dizaines de personnes refoulées par les gendarmes et de l’arrestation d’un homme qui a tenté deux fois d’entrer sur la zone, armé d’un pistolet électrique Taser et qualifié “d’original” par le préfet.
Le haut fonctionnaire a néanmoins fait part de la vigilance des services de l’Etat pour la journée de vendredi, même si les autorités n’ont : “pas repéré de mouvements de population particuliers”…, a-t-il souligné.
“On est venues à Bugarach pour aller au restaurant, parce que quitte à mourir, autant mourir le ventre plein”, plaisante Valérie, béret noir et queue de cheval, en jetant un regard amusé en direction des caméras massées dans le petit village de l’Aude.
Habituées de la région, la jeune femme et sa mère jugent “invivable” la présence de dizaines de journalistes dans les rues de cette commune censée être préservée de la fin du monde.
D’autant que l’apocalypse tarde à venir, malgré certaines interprétations du calendrier maya qui font du 21 décembre 2012 la date de la fin des temps.
Et l’attente est longue pour les journalistes accrédités qui sont plus de 200 à tourner en rond.
À Bugarach évidemment, le pic rocheux censé protéger des ondes magnétiques n’a pas attiré que des marchands de bonheur.
Entre vente de pierres et gourdes magiques, tout s’élève.
Comme le prix d’une nuitée : 1 500 € pour certaines chambres cosmiques.
“Je suis sec comme un bout de bois”, lâche un reporter de radio, las de devoir trouver de nouvelles idées de sujets autour d’un village finalement sans histoires et dans lequel seuls quelques badauds déambulent.
A partir de mercredi midi, un important dispositif de sécurité a été déployé autour de la commune de 200 habitants et du pic de 1.230 m qui la surplombe, afin de prévenir tout mouvement de foule et de bloquer l’accès à la montagne.
Mais à part les journalistes et les curieux, le fait d’être sauvé de la fin du monde semble ne pas intéresser grand monde.
Signe du calme qui règne à Bugarach, les autorités n’ont d’ailleurs pas bloqué les routes d’accès au village.
Vendredi à la mi-journée le préfet de l’Aude, Eric Freysselinard m’a dit : “Tant que les choses se déroulent calmement, dans la tranquillité, nous n’avons pas de raison d’en rajouter en matière de sécurité et de fermeture du village… Seul fait notable, l’arrestation de deux personnes qui avaient tenté d’entrer dans le périmètre avec des machettes et des masques à gaz”.
Faute d’événement à couvrir, certains reporters se rabattent sur tel artisan créateur d’objets en bois, d’autres interrogent les quelques fêtards qui ont garé leurs vans à la sortie du village.
Dans une ambiance de carnaval, les déguisements sont de sortie.
Ici, des Limousins coiffés d’antennes sur ressorts s’enrubannent dans du papier d’aluminium, allusion au “garage extraterrestre” que le pic de Bugarach serait censé abriter dans ses galeries souterraines.
Là, quatre farceurs de Béziers se sont coiffés d’un entonnoir.
À l’entrée de Bugarach, des militants de la Confédération paysanne tentent eux aussi d’attirer l’attention des médias avec des banderoles dénonçant le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.
Une poignée d’ésotéristes permettent aux caméras de tromper cette vraie-fausse attente, comme Jean-Michel, treillis militaire et veste de camouflage, qui se dit spécialiste des Wisigoths et disserte sur la stratégie à adopter pour les gendarmes déployés sur le pic.
Outre une hypothétique fin du monde annoncée ce 21 décembre, ou d’incursions martiennes, la région connaît de nombreux mythes qui ne font pas que le bonheur des enfants le soir venu telle La Fontaine des amoureux baptisée ainsi, en 1896, par Jules Verne, visiteur régulier des environs.
Dans son roman Clovis Dardentor, publié la même année, il donne pour nom à un des personnages Capitaine Bugarach.
Il écrit également que, sous cette cascade, se trouverait la porte des Atlans, qui cache un monde souterrain et merveilleux remplis entre autre de sirènes et d’un trésor caché…
Une ambiance de village, en somme, presque du Simenon, mais dans un univers à la Bogdanov.
Aimeric, qui habite Rennes-Les-Bains, a ouvert ici un micro magasin ou il commercialise essentiellement des pierres, mais surtout des crânes en cristal : “77 euros, parce que le 7 est un chiffre sacré”,explique-t-il…Aimeric possède un crâne original, estimé à 20 000 euros : “Il n’en existe que treize dans le monde, et si vous les possédez tous, vous devenez le Maître du monde”…
Genny Rivière s’est installée au Linas en 2003, bien qu’elle fréquente activement la région depuis 1999.
Avant cela elle vivait en Haute Savoie et ne cessait de rêver de châteaux en ruine, comme ils en existent dans la région.
“Je comprenais que j’étais appelée à travers mes rêves, mais je ne savais pas où. Un an plus tard, c’est le déclic, lorsqu’un couple d’amis me parle du Pic et ses alentours. J’y ai ouvert une école de Chi Gong, une gymnastique chinoise, basée sur la connaissance et la maîtrise de l’énergie vitale, j’ai aussi aménaée une salle de cours, et me consacre aux énergies du coin. Le Pic est l’un des douze vortex de la terre”.
Genny est sûre d’elle, et fait partie des figures incontournables de Bugarach.
Elle a d’ailleurs écrit le best seller du coin : L’appel du Bugarach… qui relate son expérience et son analyse personnelle.
Elle estime que notre monde vit une crise, animée par la haine, le racisme et l’ignorance, et qu’il ne nous convient plus.
De son vécu, Genny en tire une philosophie bien à elle : “Les systèmes politiques et religieux vont tomber et se transformer. Je ne comprends pas pourquoi la préfecture craint des suicides collectifs. Parce qu’il y a eu des précédents, je réponds, il vaut mieux prévenir. Si vous faites allusion aux membres de la secte du Temple du Soleil, ils ont été assassinés, ils ne se sont pas suicidés”…
Elle parle de Gématrie, et de Kabbale : “Achetez mon livre, 19 euros seulement”..
Frédérique vient de Marseille avec son frère : “pour rentrer dans le vortex”.
Il est âgé d’une vingtaine d’années et lorsqu’on lui demande comment il imagine un vortex, il répond : “violet, comme dans les films”, avant de poursuivre : “Je ne me suis pas beaucoup documenté dessus, mais avec une telle médiatisation, ça ne peut qu’être vrai !”….
Si, toutefois il arrive à s’engouffrer dans son trou magique, il affirme qu’il enverra une carte postale à sa mère, avant de se raviser : “Non ! Elle ne la recevra jamais, puisque je serais sur une autre galaxie”...
Oumanie, un autre personnage emblématique dit aux femmes (exclusivement) que : “Tout est en train de se mettre en place… Tu es une Elue, je le vois. Je vais emmener les élues sur la montagne, où un couple d’amis à la chance d’y habiter. Passer la nuit là-bas c’est comme faire l’amour au bon Dieu”…
Pour 100 euros, il transporte ainsi les naîves au septième ciel…
Virginie, une agréable quadragénaire parisienne, qui se présente comme thérapeute et bio-énergéticienne explique, en catimini, ce qui l’attire ici, comme tant d’autres.
La femme, qui prétend avoir été initiée à certaines révélations par un gourou franco-australien, se cache dans une ferme d’amis, de peur d’être expulsée par la maréchaussée : “Le pic de Bugarach est un vortex, c’est-à-dire une porte vers une autre réalité. Des extraterrestres ont vécu ici. Avant de repartir, ils ont transmis leur savoir aux Sumériens. C’est un endroit sacré. Lorsque notre monde va finir, comme le décrit la prophétie maya, un vaisseau viendra chercher les élus”.
De temps à autre, un hélicoptère de la gendarmerie survole le village et quelques avions de chasse militaires empruntent un couloir aérien au-dessus des montagnes, mais ce sont là les seuls objets volants repérés à Bugarach.
Les habitants, de leur côté, restent cloîtrés chez eux en attendant que les choses se tassent.
Bérêt rouge siglé “Papi Jo”, un retraité rentre chez lui préparer le déjeuner, un panier de salade sous le bras.
Il tourne soudain le dos lorsqu’un photographe pointe son objectif vers lui, puis peste contre cette invasion médiatique : “S’ils me le demandent gentiment, je dis oui”, explique-t-il… “Mais sans rien demander, ce ne sont pas des façons de faire”…
Dans la ruelle qui mène aux ruines du château, l’homme salue ses voisins, qui, rassemblés sur le pas de leur porte, partagent leur ras-le-bol de cette invasion.
“Circulez, il n’y a rien à voir !”, lance une des habitantes à un duo de journalistes qui passe par là, caméra à l’épaule, avant de soupirer : “On a hâte que ça se termine. On a peur que notre paisible village se transforme en une gigantesque orgie sexuelle”…
Jean Prior, qui exploite le gîte Chez Janou avec sa compagne Nathalie ne peut s’empècher de faire entendre sa voix : “Plus rien ne m’étonne. Parfois, nous voyons des processions de gens vêtus de blanc monter jusqu’au sommet de la montagne. Au solstice d’été, il y a beaucoup de monde. J’ai déjà assisté à une réunion d’une centaine de personnes venues vénérer un très vieux chêne, dans la forêt. La seule fois où je me suis opposé à tout cela, c’est lorsqu’ils ont voulu allumer leurs bougies dans mon restaurant pour chasser les mauvaises ondes. Faut pas exagérer quand même !”…
Si on le pousse un peu, le maître des lieux, encouragé par son personnel et par sa femme, révèle que Bugarach est tout de même un endroit à part.
Il évoque cette nature sauvage, ce pays cathare dur et secret et ce rocher bien mystérieux : “Une curiosité géologique : les couches sédimentaires y sont inversées, les plus anciennes affleurant au sommet. Il y a un lac souterrain que les spéléos n’ont pas fini d’explorer et la montagne est bourrée de fer, certains ressentent le magnétisme”….
Et d’allumer son i-Pad sur lequel il conserve jalousement une image qu’il a prise lui-même, par une nuit de pleine lune.
On y voit un joli nuage lenticulaire, contre le pic de Bugarach.
A moins que ce ne soit une soucoupe volante en phase d’approche !
Albertine, une randonneuse originaire de Carcassonne, s’inquiète : “Si la fin du monde n’a pas lieu, des déçus pourraient tenter de se suicider”…
Ce serait le comble !
Il y en a d’autres qui s’affolent, notamment en Chine, ou en Russie.
Certains se frottent les mains.
Le (bon) coup avait déjà été fait en 2000 avec le soi-disant bug informatique : des milliards investis dans des mises à jour pour un pschitttttttttt !
Cette fois, ce n’est pas tant sur nos ordinateurs, même s’ils contribuent à la psychose ou à la dérision sur le sujet, que se récoltent les fruits de la fin du monde…, en ces temps de crise, on peut même annoncer que l’apocalypse est un eldorado pour le commerce.
À commencer par le secteur du tourisme, en souffrance ces dernières années.
Sur la terre d’origine de la prédiction, chez les Mayas, on a aussi capitalisé sur la date du 21 décembre. Rigoberta Menchu, emblématique défenseure de la culture indigène et prix Nobel de la Paix 1992, a beau s’insurger contre l’exploitation commerciale de la fin du cycle maya, le business-bulldozer écrase tout sur son passage.
En s’associant sur La Route Maya avec les pays voisins, le Mexique affiche complet au niveau des hôtels. 52 millions de visiteurs auront visité le pays en 2012, pour une manne financière tombée du ciel estimée à 14,6 milliards de dollars.
Plus terre à terre, certains exploitent le filon de la survie en milieu forcément hostile.
La peur du chaos est utilisée par la société Vivos aux USA qui commercialise des bunkers de luxe, individuels ou collectifs (de 50 à 1 000 personnes).
Une place est garantie au cœur du Nebraska à partir de 26 000 €.
“Tout est prévu pour survivre au moins un an après cette catastrophe majeure”, annonce la société, qui prétend avoir séduit plusieurs milliers d’Américains.
Plus abordable, autour de 18 000 € quand même, le kit de survie avec armes à feu, montres, batterie solaire.
En France, Bricozor, leader du bricolage en ligne, a lancé un package survivalisme avec jerricane (25 €) ou masque respiratoire (19 €).
La nourriture lyophilisée, déjà en plein boom, fait également un tabac.
On ne compte pas non plus les soirées événements fin du monde autour du globe.
En France, le PMU vante ainsi pour la dernière nuit terrestre un tournoi de poker, tandis que la Française des Jeux propose une cagnotte de 100 millions d’euros.
Plus fort que les trois vendredi 13 de l’année 2012 ?
Apparemment oui, le chiffre d’affaires devrait connaître, selon la FDJ, une augmentation de 20 %.
Le jeu (et le business) jusqu’au dernier souffle.
Les Mayas utilisaient trois calendriers :
Le Tzolkin, basé sur une année de 260 jours, était utilisé pour fixer les dates des fêtes religieuses.
Le Haab, très proche de notre calendrier grégorien, comporte 18 mois de 20 jours, soit 360 jours auxquels s’ajoutent cinq jours Uayeb, réputés maléfiques.
Enfin, les Mayas disposaient d’un troisième calendrier dit du compte long s’étendant sur une période de 5125 ans.
C’est ce calendrier qui est censé s’arrêter le 21 décembre 2012.
Le Popol Vuh, le livre qui rassemble les mythes et la théogonie des Quiché (l’un des nombreux peuples constituant la civilisation maya) fait état de quatre mondes successifs.
Le premier était celui des animaux, le deuxième, celui des hommes d’argile, le troisième, celui des hommes de bois et le quatrième, celui des hommes de maïs, les Mayas, et le nôtre.
Le calendrier du compte long débute avec la création de ce quatrième monde mais le Popol Vuh ne fait référence à aucune date précise, seulement à une durée de 13 Baktuns, une unité de temps de 394 années et des poussières.
Des archéologues et des historiens ont donc tenté d’établir une corrélation entre ce calendrier long et notre calendrier géorgien.
La correspondance la plus fréquemment admise a été calculée par Joseph Goodman et Juan Martinez à la fin du XIXe siècle puis affinée par J. Eric Thompson.
La corrélation GMT (Goodman-Martinez-Thompson) fait coïncider le début du calendrier long maya avec le 11 août de l’année 3114 avant JC.
Et sa fin au 21 décembre 2012 !
Malheureusement, si la corrélation GMT est la plus usitée, elle n’est pas forcément la plus exacte.
Ainsi, l’universitaire belge Antoon Leon Vollemaere situe le début du calendrier maya en 2594 av JC et sa fin au 12 décembre 1546.
On recense une douzaine de tentatives de corrélation entre les calendriers maya et grégorien sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude laquelle est la plus proche de la vérité.
De plus, en 2010, une équipe d’archéologues a découvert sur le site de Xultun, au Guatemala, le plus ancien calendrier lunaire maya accompagné de calculs astronomiques comportant des dates situées jusqu’à 7000 ans dans le futur ce qui prouve que les Mayas n’était pas si pessimistes quant à leur avenir lointain.
La référence la plus ancienne à une prétendue fin du monde inscrite dans le calendrier maya remonte à l’ouvrage de Michael D. Coe, The Maya, paru en 1966.
Cet éminent anthropologue, professeur à Yale, écrit : “Il est suggéré que l’Armageddon s’étendra sur les peuples dégénérés de la Terre et sur toute la création au dernier jour du dernier Baktun, entre le 23 décembre 2012 ou le 11 janvier 2013”.
C’est Robert Shearer, un autre éminent mayaniste, qui a fixé la fin précise du calendrier à compte long au 21 décembre 2012.
La plupart des anthropologues ont par la suite contredit l’interprétation apocalyptique de cette fin de cycle émise par Michael D. Coe et y voient plutôt une période de renouvellement et de célébrations.
Ils sont bien gentils, les Mayas, mais il y a du mou dans la prédiction, l’Apocalypse, c’est mal organisé, voire incertain, bref, il en est de la fin du monde comme des promesses électorales : c’est super clair quand on vous explique…. et plus flou que flou quand il s’agit d’entrer dans le concret…
Bref ! on va finir par ne plus y croire.
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