Certains ne deviennent jamais fous, leurs vies doivent être bien tristes…
Les hôpitaux, les prisons et les putes, telles sont les véritables universités de la vie.
J’ai passé plusieurs licences, vous pouvez me donner du Monsieur…
La solitude me nourrit, sans elle je suis comme un autre, privé de nourriture et d’eau.
Chaque jour sans solitude m’affaiblit.
Je ne tire pas de vanité de ma solitude, mais j’en suis tributaire.
Franchement la vie me fait horreur, tout ce qu’un homme doit faire pour avoir de la bouffe, un pieu et des fringues…, c’est de l’esclavage !
Et le pire, c’est que les gens s’endettent pour travailler : crédit bagnole, carburants de plus en plus cher, frais de toutes sortes, en finale, il ne reste pas plus aux “travailleurs” qu’à ceux qui touchent du chômage…, à quoi bon faire les pitres ?
Surtout qu’il y a tout le reste à crédit : crédit habitation, chauffage, assurances diverses, la bouffe, les vacances et j’en passe pour pas vous rappeler que tout semble vain et idiot dès qu’on se met à penser…
Aussi, beaucoup de gens restent au lit à picoler, quand on boit le monde est toujours dehors…, alors autant rester dedans !
Mais, pour ma part… et pour le moment, la vie ne me tient pas à la gorge, même si elle voudrait me tenir par les couilles !
La différence entre une démocratie et une dictature, c’est qu’en démocratie on vote avant d’obéir aux ordres, dans une dictature, on ne perd pas son temps à voter !
En finale, c’est pareil !
De toutes façons, ce sont soit les mêmes, fils ou filles d’autres mêmes…, soit les fils ou filles des mêmes…
Tout a commencé lundi dernier, vers les 2 heures du matin.
Après avoir tapoté des conneries tout le dimanche jusqu’à minuit sur www.GatsbyOnline.com, j’avais été jusqu’à un endroit où on ne dormait pas encore…, avec moi j’avais apporté de quoi faire.
Il est, à mon sens, normal qu’un homme doit attendre au moins la cinquantaine avant d’écrire quelque chose de valable, car plus on traverse de rivières, plus on connaît les rivières, si du moins on survit à l’eau écumeuse et aux récifs.
Parfois, croyez-moi ou non…, ce n’était pas de la tarte…
A peine sur place, un loustic s’est écrié :
– Z’auriez dû voir Quelqu’un la semaine dernière, pas croyable !
– Bof !
– Mais oui ! il nous a aussi lu quelques extraits de ses textes, on y a passé la nuit.
Je leur ai dit que que j’incarnais l’écrivain maudit par excellence, traduisant le désespoir et l’auto-destruction en un art poétique âpre et poignant…. et que mon dernier texticule couillu, c’était la faute à cette femme aux yeux de biche qui n’avait cessé de me reluquer, pas une femme, bordel, une jeune femme, une vraie…
J’étais vieux, j’étais moche, c’était peut-être pour cela que je prenais tant de plaisir à planter mon poireau dans des jeunes femmes, j’étais King Kong, elles étaient souples et tendres…
Essayais-je en baisant de me frayer un chemin au-delà de la mort ?
Dès lors il m’avait été impossible de m’arrêter, car, faisons les comptes, ceux qui baisent douze mois sur douze trouvent toujours marrants les mecs qui font ceinture.
L’amour arrive souvent comme un coup de poing… et très rarement.
Le plus souvent pour de mauvaises raisons.
Simplement, les gens se fatiguent de refouler leur amour et un beau jour ça sort parce que ça a besoin d’aller quelque part…, ensuite, d’habitude, commencent les ennuis, généralement lorsque les enfants arrivent… ou lorsqu’ils n’arrivent pas…, c’est désespérant.
– Soit t’es trop saoul pour baiser le soir, soit t’es trop malade pour baiser le matin…
– Quand j’ai la gueule de bois, je me sens en appétit, pas pour manger, pour baiser.
– Une bonne partie de jambes en l’air est le meilleur remède à une gueule de bois, ça remet les idées en place.
Puis, ils ont enchaîné en causant d’un blond, beau comme un dieu, qui avait bavé sur deux nanas qui s’étaient collées à lui, je leur ai alors fait remarquer que lorsqu’il aurait 50 ans, ce dieu-là devrait se débrouiller seul… et ça leur a paru minable, voire mesquin, aussi me suis-je rabattu sur mon Mojito en attendant que ça passe, que ça passe quoi ?
J’en savais rien !
J’en savais pas plus grand chose de ce blondinet…, nanana…
– Y se nomme Assange, ouaissss, Julian Assange, c’est un Australien qui critique les Américains sur son site-web et qui est allé en Suède pour papoter de ça avec des journalistes, puis qui s’est fait draguer et enturlupiner par deux dames, une par jour, elles l’ont baisées à mort… et lui s’est laissé aller…, trop de sperme ou trop de pression, la capote a craqué…, en finale, l’une puis l’autre ont déposé plainte pour viol parce qu’il ne s’était pas retiré assez vite…, des féministes Suédoises, y a pas pire homophobes.
– Ahhhhh, que diable, il aurait mieux fait de se branler en matant un film porno, ce Julien Assange, y a aucun appareil TV qui a jamais déposé plainte qu’un mec se masturbe devant l’écran…
– Julian, pas Julien…Y s’est fait baiser, les deux nanas travaillaient pour la CIA..
– Etrange, non ?
– Pas vraiment vu qu’il diffusait des secrets d’Etat américains
– Et en contrepartie on diffuse ses secrets d’alcove…
– Une pute n’aurait pas porté plainte, ça lui aurait coûté moins cher !
– Déjà qu’il n’a rien payé…, mais c’est malgré-tout plus cher que se branler…
J’ai profité que personne ne faisait gaffe à moi pour piquer un bout de papier dieu sait où, sur lequel j’ai écrit ceci : L’amour peut avoir un sens, le sexe est forcément le sens, mais est-ce un bon sens, un sens interdit ou un sens unique ? À moins que l’amour soit en réalité un double-sens !
– Les écrivains posent un problème, si ce qu’un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l’écrivain se dit qu’il est génial. Si ce qu’un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l’écrivain se dit qu’il est génial. Si ce qu’un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l’écrivain se dit qu’il est génial. En fait la vérité est qu’il y a très peu de génie.
Ça me concernait, bien évidemment…
J’ai pas trop aimé, j’ai rétorqué quelque chose, lui a fait de même, ça a dégénéré…
Ce fils de pute ne voulait pas me lâcher, tandis que les autres gueulaient qu’ils n’en avaient rien à foutre de mes texticules…, j’étais sur ma chaise avec ce fils de pute à mes côtés, en voilà un qui avait mal démarré dans l’existence…
Je lui ai rétorqué qu’enfant il devait être tout malingre, que des années durant il avait dû garder le lit passant le plus clair de son temps à malaxer des balles de caoutchouc, le genre de rééducation complètement absurde, et quand, un jour, il a émergé de son pieu, il était aussi large que haut, comme maintenant…, une masse musculeuse rigolarde qui n’avait qu’un but : devenir crétin, hélas pour lui son style était nul, moyennant quoi je l’ai frappé derrière l’oreille, si fort que la bouteille m’a échappé (il avait dit quelque chose qui m’avait déplu), mais quand il s’est redressé, j’ai récupéré la bouteille, et je lui en ai remis un coup quelque part entre la mâchoire et la pomme d’Adam, de nouveau il a mangé la table, je dominais le monde, moi qui écoute du Mozart à la nuit tombée, de sorte que j’ai eu le temps de m’en jeter un à même le goulot, de reposer la bouteille, avant de lancer ma droite pour le sécher de la gauche juste en dessous de la ceinture, pour le coup il s’est lourdement affaissé contre la commode, le miroir s’est brisé, un bruit de cinéma, éclair et fracas, sauf que tout de suite après il m’a allongé un foudroyant uppercut dans le front et j’ai dégringolé de ma chaise, laquelle n’était pas plus solide qu’un fétu de paille, du mobilier de fauché, j’ajoute qu’une fois à terre j’ai été particulièrement nul, je moulinais dans le vide, sans doute parce que je ne suis pas doué pour la bagarre, l’aurais-je d’ailleurs été qu’il ne serait pas revenu à la charge, toujours est-il qu’il avait tout maintenant du vengeur déjanté, et que pour un coup de poing il m’en rendait trois, guère meilleurs que les miens mais enfin, en sorte qu’au lieu de s’arrêter il a forcé la note… et le reste des meubles a bruyamment rendu l’âme, longtemps pourtant j’ai conservé l’espoir que quelqu’un d’autre que moi.., n’importe qui, arrêterait ce jeu de massacre, mais pas du tout, ça a continué, continué, jusqu’à ce que je ferme les yeux.
Là-dessus, sous prétexte qu’ils étaient crevés, tous ces cons sont aller se pieuter.
C’est ça le problème avec la gnôle, s’il se passe un truc moche, on boit pour essayer d’oublier, s’il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s’il ne se passe rien, on boit pour qu’il se passe quelque chose.
De valides, il ne restait plus que moi et un vieux briscard, un de ma génération, lui et moi on semblait taillés pour les nuits blanches, arrosés d’alcool, on était, je précise.
Pour avoir toujours été dans la presse, il était désormais rédac’chef d’un magazine automobile, la conversation a filé agréablement son train, deux vieux dogues s’accordant sur tout… et même au-delà, on n’a pas senti le temps passer.
Aux environs de 6h15, je lui ai annoncé que je me tirais, le vieux briscard s’est proposé de marcher avec moi, on a longé le bar, puis, on s’est serré la main comme dans le bon vieux temps… et chacun s’en est allé.
Mais alors que je n’étais plus qu’à deux blocs de mon entrepôt, a brusquement surgi devant moi une femme qui n’arrivait pas à faire démarrer sa voiture… et même lorsque le moteur se décidait à donner de la voix, elle était incapable de se dégager du trottoir, pourtant, elle se donnait un mal de chien pour y parvenir, accélérant à fond pour aussitôt recaler après… et quand elle remettait les gaz, elle remerdait, comme si elle était en proie à la panique.
Or sa voiture était toute neuve… et voilà comment je me suis planté à quelques mètres d’elle afin de ne rien perdre du spectacle… et comment, d’une embardée sur l’autre, elle a fini par piler juste devant moi.
Je me suis alors penché pour mieux la voir : talons aiguilles, longs bas noirs, chemisier, boucles d’oreilles, une alliance, mais pas de jupe, en string seulement…, de couleur rose clair.
Il m’a fallu aspirer une bonne bouffée d’air matinal, car si son visage tout ridé trahissait un âge certain, ses jambes et ses cuisses évoquaient le printemps de la vie.
De nouveau, elle a relancé le moteur, mais pour le même piteux résultat.
Descendant de mon trottoir, j’ai passé ma tête par la vitre :
– Vous feriez mieux de garer ici votre joujou. à cette heure du jour, les flics s’en donnent à cœur joie… et ce pourrait être votre fête.
– Vous avez raison.
Elle s’est rapprochée ce qu’il fallait du trottoir, puis elle est sortie de sa voiture.
Sous son chemisier, les seins aussi étaient de première jeunesse.
Elle se tenait devant moi, juchée sur ses talons, en bas noirs et string rose…, il était 6 h 25 du matin.
– Vous vous sentez vraiment bien ? ai-je dit.
– Bien sûr, quelle question !
– Vraiment, vraiment ?
– Mais oui, puisque je vous le dis.
Et pivotant sur elle-même, elle a pris la tangente, sans que je me fasse quoi que ce soit pour la retenir, fasciné que j’étais par le trémoussement de ses fesses, le tout s’éloignant de plus en plus de moi, descendant la rue, s’enfonçant au milieu des immeubles… et pas un témoin pour le constater, ni un flic, ni un lève-tôt, ni même un oiseau, il n’y avait que moi et elle, ou plutôt ses fesses juvéniles qui continuaient de tressauter tandis qu’elle disparaissait au lointain.
J’étais trop embrumé pour manifester une quelconque douleur, tout juste si, convaincu d’avoir une fois de plus raté l’occasion de m’en payer une tranche, j’étais tenaillé par une sorte de dépit animal.
Pourquoi donc n’avais-je pas trouvé les mots justes ?
Les mots qui disent bien ce qu’ils veulent dire ?
D’ailleurs, avais-je même essayé ?
Une planche à repasser, voilà ce que je méritais, oh, et puis merde, ce n’était qu’une détraquée qui se baladait en string rose à 6h du matin, elle pouvait s’accrocher pour que je lui coure après.
Et dire que personne ne me croirait…, ne croirait à cette fable !
On ne manque pas de sociologues à faible quotient intellectuel aujourd’hui.
Pourquoi j’en ajouterais, avec mon intelligence supérieure ?
On a tous entendu ces vieilles femmes qui disent : Oh, comme c’est affreux cette jeunesse qui se détruit avec toutes ces drogues ! C’est terrible !
Et puis tu regardes la vieille peau : sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, sans cul, sans bouche, sans couleur, sans nerfs, sans rien, rien qu’un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour elle !
Mais soudain, comme je m’apprêtais à faire une croix sur elle, elle a fait volte-face et remis le cap sur moi.
Tout aussi appétissant, l’avant valait l’arrière…, en vérité, plus elle se rapprochait et plus elle me plaisait, excepté son visage, bien sûr, mais le mien n’est pas moins laid, de toute manière, c’est le visage qui fout le camp en premier quand la chance vous abandonne, ce n’est qu’après que le reste suit, mais plus lentement.
Or donc, elle marchait droit sur moi… et la rue était toujours déserte.
Il arrive que la folie coïncide si étroitement avec la réalité qu’elle devient la règle…, à présent, string rose pantelait devant moi, avec pas la moindre âme qui vive, entre les portes de l’enfer et le dernier terrain vague.
– Épatant, vous êtes revenue ! me suis-je exclamé.
– C’est que je voulais vérifier si j’étais bien garée.
Et elle m’a frôlé.
J’étais limite de l’explosion. aussi l’ai-je harponnée par le bras.
– Suivez-moi, je n’habite pas loin, juste au coin de la rue…, cassons-nous d’ici, allons boire un verre ou deux.
D’entre ses rides, elle a posé ses yeux sur moi… et quoique je ne comprenais toujours pas comment une telle tête pouvait coller avec un tel corps, je bandais comme un cerf en rut.
– O.K., a t-elle susurré…
Que faire d’autre quand on est pauvre ?
Les filles ne veulent pas aller avec des prolos…, les filles veulent des médecins, des savants, des avocats, des hommes d’affaires…, les prolos ramassent les filles quand les autres mecs n’en veulent plus et se paient ainsi les esquintées, les vérolées, les folles.
Au bout d’un moment, quand le prolo est fatigué de ramasser les déchets, il abandonne…, enfin, il essaie de laisser tomber…, l’alcool l’aide.
Quand un homme s’angoisse pour son loyer, les traites de sa voiture, le réveil-matin, l’éducation du gosse, un dîner à dix euros avec sa petite amie, l’opinion du voisin, le prestige de son pays ou les malheurs de Carla Bruni-Sarkozy…, une pilule d’anti-stress a toutes les chances de le rendre fou parce qu’il est déjà fou en un sens, écrabouillé par les interdits sociaux et rendu inapte à toute réflexion personnelle.
Il y a de bonnes raisons d’interdire les pilules d’anti-stress, on peut bousiller définitivement sa tête avec, mais pas plus qu’au ramassage des betteraves ou en bossant à la chaîne chez Renault/Citroën/Peugeot, en faisant la plonge chez Lulu ou en enseignant l’anglais dans un lycée…
– Un être libre, c’est rare, mais tu le repères tout de suite, d’abord parce que tu te sens bien, très bien quand tu es avec lui… qu’elle m’a dit alors que je n’avais fait que penser…
– Les mariages, les liaisons, les amours d’une nuit m’ont convaincu que l’acte sexuel ne valait pas ce que les femmes exigeaient en échange… que je lui ai répondu !
Lorsqu’un nouveau pont entre deux êtres affamés sexuels est construit, arrive l’heure des discours, des drapeaux, des fanfares et de la rhétorique techno-industrielle amplifiée par haut-parleurs.
On attend l’inauguration, le discours final, le coup de ciseaux dans le string ruban, le défilé des conneries en attente de qui mettra le premier la main sur un endroit sensible, les sens sont immobilisés, comme surveillés par des policiers massifs et renfrognés, vêtus de cuir craquant, raides sous leur casque protecteur, avec leurs insignes, leurs revolvers, leurs matraques, leurs radios…, fiers, rudes et chatouilleux larbins des riches et des puissants…, armés et dangereux.
En attendent, suffoquant et rôtissant de désir j’avais une boule infernale dans mon slip qui flambait dans le plasma de mes couilles.
Intimidés et assommés par nos baratin débiles, on en était presque à bâiller en attente qu’un geyser de sperme dégouline et tache.
On patientait, bien qu’on ne puisse plus supporter d’attendre.
La bouche de la femme au string rose (qui avait depuis longtemps valdingué), était en cul de poule… et ça n’en finissait pas d’être incompréhensible.
En fait, ce devait être les toys électriques qu’elle s’était enfilé…
J’ai voulu pimenter ce jeu et j’ai poussé les curseurs à fond…
On aurait dit, en suite…, que les circuits entre son cerveau et son sexe étaient hantés.
Elle s’est mise à mugir des mots hachés, des grincements et des couinements électriques, des phrases étranglées, fibrillées : Ce qu’est la le (eeeeeeeee)… heureuse d’avoir l’occasion (ooonnnkkk)… partie de magnifique (iiikk)…plus efficace (cecececece)…développement sexuel (eeeeeeeeee)… ne pouvait me donner plus de plaisir, que cette merveilleuse occasion offerte (eeeeeeeeeee)…
Attente, attente.
Au loin, au-delà de la zone atteinte, un bip-bip… une fois, puis deux.
Solitaire et violent.
Il est difficile de saisir pleinement la signification d’un tel son.
La cyprine coule.
Chaleur torride.
Mes spermes attendent…, loin de la lumière, tapis dans leur refuge.
Je sens que la fin est proche.
Ses mains s’avancent une fois de plus… comme une paire de grands ciseaux dorés miroitant sous la lumière.
Mes yeux fixent l’Histoire en marche.
Tandis que ses mains avancent, s’approchent…, je procède à quelques légers, mais importants ajustements de dernière minute.
La foule des lecteurs et lectrices prépare ses vivats.
Derniers mots...
– Allez-y, sortez ce fichu machin.
– Moi ?
– Tous les deux ensemble, s’il vous plaît.
– Je croyais que vous aviez dit…
– Finissez-moi, par pitié !
– O.K., j’ai compris. Reculez. Comme ça ?
– Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
La plupart d’entre-vous qui me lisez ne peuvent pas imaginer clairement ce qui s’est passé ensuite.
– C’est comme une fusée ton braquemart !
– L’embrasement non programmé d’un feu d’artifice.
Dans ma tête s’enflamment des chandelles romaines, des soleils, des pétards chinois… et explosent des bombes rouges, des fusées sont mises à feu, des roquettes, des bombes aériennes éclatent, des tourbillons de fumée et de feu s’envolent, des traînées crépitantes sautillent comme des mèches enflammées.
Je crie intérieurement : bravo, pensant assister au clou de cette cérémonie.
Mais le plus important reste à venir, l’apothéose !
Soudain, mon sexe se dresse… et un flot de sperme gicle suivant une ligne en zigzag.
Dans ma tête, une flamme rouge.
Puis mon pénis commence à s’effondrer et à tomber en chute libre.
Je glisse sur la pente terrifiante de l’évanouissement en tournoyant lentement.
La chute de mes spermes est longue et, lorsque enfin ils s’écrasent, le bruit de leur impact est difficilement entendu, même des plus attentifs.
Il n’y a plus de bandaison, mais ça vibre encore tandis que tendent l’un vers l’autre des doigts tordus qui évoquent un désir mais manifestent une totale impuissance.
Comme un signal solitaire, comme le symbole silencieux d’un naufrage, comme un immense, muet et stupéfiant point d’exclamation révélant la surprise, le sexe redevenu mou est suspendu au-dessus de la terre, désignant le théâtre de la cassure primale, la perte du lien, l’endroit où non seulement l’espace mais le temps se sont englués, se sont niés, reniés et finalement anéantis, néant.
Sous cette oeillade ultime et lointaine, bien au-delà de toutes les contingences matérielles ou autres, je vous abandonne quelques instants, chers lecteurs et lectrices…, fatigué !
Le sexe est parfois un goulag, mais les femmes raffolent des imposteurs parce qu’ils savent embellir la réalité.
Trop grand, trop petit, trop gros, trop maigre ou rien du tout.
Rire ou larmes, haineux, amoureux, des inconnus avec des gueules passées à la limaille de plomb, des soudards qui parcourent des rues en ruines, qui agitent des bouteilles et qui, baïonnette au canon, violent des vierges ou un vieux type dans une pièce misérable avec une photographie de Marilyn Monroe en poster au dessus de son lit.
Il y a dans ce monde une solitude si grande que vous pouvez la prendre à bras le corps.
Des gens claqués, mutilés, aussi bien par l’amour que par son manque, des gens qui justement ne s’aiment
pas les uns les autres, les uns sur les autres.
Les riches n’aiment pas les riches, les pauvres n’aiment pas les pauvres.
Nous crevons tous de peur.
Notre système éducatif nous enseigne que nous pouvons tous être des gros cons de gagneurs.
Mais il ne nous apprend rien sur les caniveaux, ou les suicides, ou la panique d’un individu souffrant chez lui, seul, insensible, coupé de tout, avec plus personne pour lui parler et qui prend soin d’une vieille chatte de 12 ans…
Miaou…, miaou !…
Les gens ne s’aiment pas les uns les autres et je suppose que ça ne changera jamais…
Mais à la vérité je ne leur ai pas demandé !
Je suis entré dans l’existence avec une mauvaise donne et des cartes biseautées, mais c’était sûrement une grande chance de vivre son enfance sans penser qu’on deviendrait adulte et qu’il y avait la mort au bout du chemin si escarpé…
Les enfants, actuellement, n’ont plus d’enfance, trop d’enfants partout qui vivent la crasse et le désordre urbain, l’air vicié, la saleté des trottoirs étant leur décor définitif.
Qu’est ce qui peut être enfance pendant une dépression…, si ce ne sont des coups qui pleuvent comme des grêlons et le rire d’autres enfants qui se moquent.
Et plus tard, si on n’attend rien de personne dans les chambres miteuses des hôtels borgnes…, on ne peut qu’écouter le passage du temps en attente d’écumer des petits boulots de merde et échouer quelque-part, n’importe-ou…, une vie de chien ou on ne cesse de tirer des chèques, de palper de la matière, du sensible, de la viande, des hémorroïdes, de la chaude-pisse et autres gracieusetés des corps sans âmes…
Nous sommes tous des malades, il suffit d’un petit nombre de types pour nous contrôler, mais ils sont trop peu alors ils nous laissent déconner.
C’est tout ce qu’ils peuvent faire pour l’instant.
Un moment j’ai cru qu’ils allaient se tirer sur une autre planète avant de nous liquider.
Puis je me suis rendu compte que ces malades contrôlent aussi l’espace.
Croyez-moi quand on est usé par la bêtise humaine, continuelle… et la bouffe douteuse…, qu’on n’en peut plus de baiser pour oublier…, il ne reste plus que les canards.
Je m’explique, pas qu’on nous tire comme des canards, quoique, non, mais il faut bien sortir de son trou, sinon, on est bon pour la grande déprime et le plongeon par la fenêtre.
Alors on s’assied sur un banc et on regarde les canards : ils se la coulent douce, pas de loyer, pas de fringues, nourriture à gogo.
Ils n’ont qu’à barboter, chier et caqueter.
Le vent souffle fort ce soir, un vent glacial et je pense à ceux qui sont à la rue.
C’est quand on est à la rue qu’on remarque que tout est propriété de quelqu’un d’autre et qu’il y a des serrures sur tout.
C’est comme ça qu’une démocratie fonctionne : on prend ce qu’on peut, on essaie de le garder et d’ajouter d’autres biens si possible.
C’est comme ça qu’une dictature aussi fonctionne, seulement elle a soit asservi, soit détruit ses rebuts.
A plus…