Chaque année, à la même date, je reste coi !
Dès que les étals marchands sont rangés de la fumeuse braderie de St-Tropez, “la saison” du petit commerce de ET au sud est close…
Les bistros et restaurants touristiques ferment, tout se grisaille, les atrocités consuméristes sont rangées en attente de la saison prochaine… la migration des prédateurs et surtout prédatrices s’opère vers ou tombe la neige…
Il devient plus difficile d’écrire tout le mal que je pense de cette faune vu que je ne migre pas…
Vient le temps des autochotones et retraité(e)s et des dîners entre gens du cru, il faut savoir apprécier les indigènes… même si le taux d’humidité augmente comme la moyenne d’âge…
Donner un avis de dîner se résume en : si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde, et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison, le repas aurait été à peu près convenable…
Même mes voisines migrent…, l’appel de l’appeau de l’appât du gain, le rêve de se caser quand même, quelques turluttes pour des confettis…, les entre-jambes façon pudding “Naval-Jelly” ne sont guère fort appétissant pour qui n’a pas encore besoin de lunettes, le bonheur se situe souvent dans le flou…
Ce n’est pas parce que l’homme a soif d’amour qu’il doit se jeter sur la première gourde…
Question bistros et restaurants, c’est comme aux supermarchés, les vinards de marque migrent en caves et on doit supporter la promotion des vins de masse, les vins socialisants qui partagent la pauvreté entre les pauvres…
Je n’ai pas le vin mauvais, mais il y a trois choses, dans la vie, que je ne supporte pas : le Châteauneuf trop chaud, le champagne tiède et le beaujolais nouveau.
C’est aujourd’hui que cette arme de destruction massive arrive chez tous les cavistes qui ne se respectent pas.
Chaque année, à la même date, je reste coi !
Quoi ?
Comment expliquer que le troisième jeudi de chaque année, on le célèbre comme la chandeleur, les crêpes en moins, un peu comme le mardi gras, ou plutôt, un jeudi beurré pour les adeptes ?
En gros, le Beaujolais Nouveau, c’est le Pierre-André Gignac du vin, 98% du temps il est mauvais mais t’as toujours un abruti pour te dire qu’il a été bon.
Avec le Beaujolais Nouveau, c’est simple, aussitôt goûté, aussitôt dégoûté.
Mais, si je bois 10 verres de Beaujolais dans 10 verres différents, est-ce que je ferai diversion ?
Comment expliquer cet attrait, ce désir irrépressible de se torcher au mauvais pif en plein mois de novembre ?
Je pense que le Pif est un message divin pour que nous nous rappelions notre condition de mortel, un peu comme la cocaïne; ou alors, c’est une conspiration gouvernementale pour que nous restions pinard.
La mode imbécile du Beaujolais Nouveau permet à des vignerons peu scrupuleux d′écouler vite fait leur saloperie de bibine pas mûre et trafiquée, à la plus grande joie de prolétaires zingueurs qui viennent se faire ronger les muqueuses, après le turbin à grandes goulées violacées de cette vomissure corrosive si épouvantable et si totalement imbuvable qu′un portugais n′en voudrait pas !
Je n’aurais pas mieux dit !
Bon, je vais me goûter un petit Bourgogne, tant qu’il y a de la vigne, il y a de l’espoir…