Charlie Hebdo, l’humour pute…
Maintenant que les cadavres ont refroidi…, que le spectre de la faillite s’estompe…, que le “nouveau” Charlie-Hebdo tire (en rafales) à 1 million d’exemplaires alors qu’il avait bien du mal (et des impayés) d’atteindre péniblement 10.000 ventes sur 40.000 imprimés réels…, maintenant que ce “canard” bête et méchant, vulgaire, raciste et orienté (il succède à Hara-Kiri), désigné par le Premier Ministre Manuel Valls (dans un discours quasi religieux ou il menace des pires tourments la moindre menace envers Israël), comme le parangon de la liberté républicaine… est officiellement absous d’avoir jeté de l’huile sur des feux de broussailles et déchainé la haine des autres sous couvert d’une liberté (bis) d’expression à sens unique et inique… fini de rire (le titre-ban en tête)…, passons aux choses sérieuses…
Le choc et le recueillement s’estompant, il est déjà temps, avant qu’il ne soit trop tard, de sortir les plumes des fourreaux, de dégainer les idées brûlantes, enfin, de battre le fer tant qu’il est chaud.
Alors, comme ça, vous êtes Charlie ?
Vous, la meute tirant à vue depuis des années sur tous ceux qui vous dérangent, vous vous émouvez maintenant que la mitraille retentit contre votre camp ?
“Je suis Charlie”, dites-vous d’une seule et même voix…
“Je suis Charlie”, annoncent les pancartes que vous brandissez dans les rédactions…
“Je suis Charlie”, scandent vos avatars et vos hashtags sur les réseaux sociaux…
Vous êtes Charlie aujourd’hui, mais vous n’étiez pas Éric Zemmour hier, quand il s’est fait virer d’i>Télé pour raisons politiques…, pire encore : vous pétitionniez à tour de bras pour l’évincer du service public…
Vous êtes Charlie, mais vous n’étiez pas Robert Redeker en 2006, quand un papier critiquant l’islam dans Le Figaro lui valut une tornade de haine : graves menaces de mort qui le gardent encore aujourd’hui sous protection policière, désaveu et silence de la classe intellectuelle et journalistique et lynchage dans les règles de l’art sur le plateau d’ONPC…
Vous êtes Charlie, mais vous n’étiez pas Clément Weill-Raynal, pour certains votre confrère, mis à pied de France 3 pour avoir révélé l’affaire du “mur des cons” dont il fut le plus triste fusillé…
Vous êtes Charlie, mais vous n’étiez pas Robert Ménard à son licenciement, Michel Houellebecq, Renaud Camus ou Christine Tasin à leurs procès respectifs pour avoir critiqué l’islam, ni moi pour avoir publié “Les Protocoles De Sion” et dévoilé divers dessous de cartes…
Vous êtes Charlie, mais vous soutenez toutes les lois mémorielles qui empêchent les intellectuels de faire leur travail, pour le bien de l’Histoire et de la vérité…
Vous êtes Charlie, mais vous n’êtes pas Richard Millet face à la meute d’Annie Ernaux et d’une centaine d’écrivains délateurs et complices…, vous n’êtes pas Alain Finkielkraut ni Dieudonné…, ou encore Ivan Rioufol, brillant d’intransigeance mais déchiqueté comme un gigot jeté aux lions sur le plateau d’On refait le monde le jeudi 8 janvier 2015.
Vous êtes Charlie, mais vous n’êtes rien de ce qui sentirait trop le soufre…, vous êtes les dénonciateurs de tous ceux qu’on abat sur l’autel du politiquement correct…, vous êtes ceux qui tenez le fusil, les bourreaux objectifs de tous les indésirables de la liberté…, votre liberté à vous et à vous seuls.
Pourtant, la liberté n’a qu’un seul visage, c’est la liberté pour les saints, la liberté pour les fous, la liberté pour les noirs, la liberté pour les blancs, la liberté pour ceux qu’on désapprouve peut-être, mais qui font la diversité et la santé intellectuelle de notre pays.
Vous n’étiez pas ces gens, et aujourd’hui vous êtes Charlie ?
Vous vous mentez, vous nous mentez.
Vous êtes ce qui vous arrange, quand cela vous arrange.
Vous n’êtes pas Charlie, vous êtes Charlot.
Et tant que vous ne défendrez pas les principes que vous dites avoir au cœur jusqu’au bout, vous le resterez…
Les Français, depuis Saint-Just (Pas de liberté pour les ennemis de la liberté), ont pris la fâcheuse habitude de confondre la défense de la liberté d’expression et son usage…, il n’y a pas de meilleur exemple pour l’illustrer que les réactions suscitées par la tragédie qui a frappé Charlie Hebdo. Charlie Hebdo est-il une icône de la liberté d’expression ?
On vous le rabâche sur toutes les ondes et vous le croyez parce qu’on y pratiquait volontiers la provocation.
C’est faire un terrible contresens, c’est prendre la forme pour le fond et inversement…, défendre une opinion de manière outrancière et laisser s’exprimer les opinions contraires sont deux choses différentes et même antinomiques.
La défense de la liberté d’expression est une tâche ingrate qui exige de la modération, du courage et de la droiture.
La vérité, c’est que depuis bientôt vingt ans, sous la houlette de Philippe Val (1996-2009), Charlie Hebdo qui avait toujours été un organe de la gauche libertaire s’était mué en parfait petit instrument du choc des civilisations, antireligieux certes, mais désormais spécifiquement à l’encontre de l’église catholique et de l’islam, discrètement ultra-libéral, pro-atlantiste, mais avant tout pro-Juif…
Si chacun sait que Charlie Hebdo prônait ouvertement l’interdiction du Front national, moins nombreux sont ceux qui savent que la censure y était de mise : Olivier Cyran, Denis Robert et Siné en ont fait les frais…, comme symbole de la liberté d’expression, on peut faire mieux.
Cette confusion, le gouvernement a voulu l’instrumentaliser… et le mal est fait.
En manque de soutien populaire, il a cru pouvoir réaliser une opération de communication en prenant l’initiative d’un grand défilé d’union nationale…, ses alliés de gauche sont vite venus lui dire combien il serait incongru d’y inviter qui d’autre : pour la gauche, la seule liberté d’expression qui compte est la sienne : dur retour à la réalité !