Tout d’abord, laissez votre esprit vagabonder.
Abandonnez-vous à toutes les pensées, stupides et subtiles.
Entretenez avec vous même un rapport narcissique masochiste, étudiez-vous dans chaque situation, regardez-vous faire et parler.
Buvez intelligemment, deux litres de Mojitos par jour minumum… et mangez très gras et très sucré.
Pour éiminer ces calories, pratiquez le sexe aussi souvent que possible.
En cas d’impossibilité, masturbez-vous.
Ne soyez pas angoissé par la page blanche.
Pensez à une mort prochaine… et à vos difficultés diverses qui ne vous laissent pas vraiment le choix.
Comment écrire ?
Ne vous souciez pas trop, du moins au début, des règles de construction.
Essayez de prendre des notes.
J’ai constaté pour ma part que voir les autres pratiquer les transports en commun (train, bus, métro) donnaient souvent lieu à de fameuses idées, surtout si vous avez la possibilité de rouler en Rolls-Royce…
Par conséquent, dans votre Rolls-Royce, suivez quelques transports en commun, muni d’un carnet et d’un stylo.
Lisez le journal le matin, dans un café un peu glauque, sinon populaire, où s’abreuvent les cas sociaux du quartier, laissez votre Rolls devant l’entrée et notez ce que les gens vont y faire…
Cela accentuera l’urgence de votre situation.
Ne fréquentez les gens qu’individuellement, refusez de vous battre contre une bande.
Essayez de vous sortir, par tous les moyens, de toute forme de société : entreprise, équipe, bande.
Mais entretenez scrupuleusement toutes vos amitiés, car les amis s’avèrent utiles pour lire vos manuscrits et vous dire : ouais, c’est pas mal, mais pourquoi tu parles toujours de la même chose ?
Si vous n’avez pas d’amis, ouvrez un blog pour y déposer vos écrits…, plein de gens viendront vous déposer des messages…
Sur l’amour, il est préférable d’être célibataire.
Par sa promesse de bonheur, son authenticité et son intuition très développée des enjeux de l’existence, la femme constitue le plus grand ennemi de l’écrivain, qui ne s’intéresse qu’aux malheurs et aux guerres, aux dilemmes moraux et à la toxicité des rapports humains.
Ne vous interdisez pas, toutefois, durant la préparation d’un roman, de tomber amoureux… et de souffrir du désamour.
Le désamour est le plus beau moteur, il ne fait aucun doute sur cette question.
Vous voici vautré sur votre ordinateur, dégageant une haleine d’alcool et devant la page word que vous venez d’ouvrir.
Vous hésitez sur la première phrase.
C’est tout à fait normal.
Pensez au chiffre 3.
Pourquoi le chiffre 3 ?
Parce qu’il est sacré.
Parce qu’il donne le rythme, parce que le cerbère a trois têtes et qu’un roman n’est qu’une description de l’enfer sur terre, parce qu’on frappe trois coups au sol au théâtre, parce que la dialectique se fait en trois étapes, parce qu’une symphonie est en trois temps.
Parce que la Trinité… et parce que : “C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar”…
A titre d’exemple !
Les phrases coulent, à présent.
Commencez par des choses triviales, simples, imaginez le verbiage d’un séducteur, la logorrhée d’un ivrogne, les bavardages d’une concierge : c’est sur ce ton là qu’il faut écrire.
Les magnificiences de l’âme, gardez-les pour la fin.
Donnez à sentir… et créez une attente.
N’oubliez pas que les mots ne vous suffiront jamais… et qu’un roman n’est que la démonstration désespérée de l’inutilité des mots (C’est la description de l’enfer)…