Certes SADDAM HUSSEIN est mort avec dignité, courage et même avec un réel panache au bord de la corde. Une gifle pour BUSH devant qui il n’a pas perdu la face, au moins dans son attitude personnelle.
Il y avait même un certain comique qui se mêlait au tragique et au sordide, à travers les échanges du condamné avec l’entourage : SADDAM apparaissait comme un diablotin monté sur ressort, ne perdant pas son sens de la répartie à deux doigts du baiser de la Camarde.
SADDAM restait imperturbable, semblant prendre son exécution comme un acte banal.
Tout cela n’empêche pas qu’il fut aussi l’incarnation du Mal.
Responsable d’une guerre ayant coûté la vie à un million d’êtres humains, sans parler des tortures et diverses autres injustices pratiquées sur son peuple, SADDAM HUSSEIN était un être malfaisant. Jugerait-on à présent un homme sur sa capacité à mourir avec courage ou lâcheté et non sur ses actes ? N’oublions pas que SADDAM massacrait et torturait aussi avec “courage”… Les grands oiseaux de son espèce en général ont un rapport particulier à la mort.
Côtoyant depuis toujours le Mal, la souffrance, la ruine, ils ont appris à étendre avec gravité et panache leurs grandes ailes noires. Prêts à affronter toutes les tempêtes, ils ne s’effraient pas plus de leur propre mort que de celle des autres, qu’ils provoquent en masses et au quotidien. Alors, courageux SADDAM ? Je dirais tout simplement mauvais. Fort dans l’orage. Digne dans le drame. Noble dans la hideur. C’était un homme de la nuit, il en avait les funestes éclats. Les verseurs de sang ont toujours le courage du mal, jamais celui du bien.
Ce qui n’empêche pas que BUSH soit malfaisant lui aussi. L’un a le chapeau de l’emploi, l’autre porte un masque d’honorabilité. Tous deux répandent mort, larmes, misères.
Ainsi les choses en ce monde sont nuancées, contradictoires, déroutantes. Tout ne s’accorde pas toujours ou alors tout peut être fait d’un bloc, comme les bouteilles sont à moitié pleines, à moitié vides, les arbres dissimulent des mulets, les forêts sont vierges et les vierges collectionnent des timbres. Un nazi peut passer pour un saint aux yeux de certains à la suite d’actes humanistes de sa part sans rapport avec ses convictions et actes nazis, une bonne soeur peut faire des casses sanglants à la mitraillette (c’est un exemple certes improbable mais non absolument impossible) ou bien un héros à la barbe d’airain peut se fracasser le crâne en glissant sur un escargot de Bourgogne.
Oui SADDAM HUSSEIN est mort avec éclat et il a sinon forcé l’admiration, du moins étonné le monde entier.
Il n’en reste pas moins vrai qu’il fut un grand criminel, le fait de mourir le regard clair n’empêchant pas d’avoir les mains sales.
Raphaël Zacharie de Izarra
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