Croyez-moi, on n’a pas fini de rire…
Presse, télévision, littérature, cinéma, une drôle de sous-culture de masse a pris possession des réseaux de communication planétaires.
Après le village global cher aux hippies numériques des débuts de l’Internet, on peut maintenant parler à juste raison d’hôpital psychiatrique mondial.
On regrettera juste l’absence de médecins au chevet des malades et de ce fait un bon sens de l’humour (noir) est conseillé pour traverser les années à venir.
On ne croit plus qu’il soit possible de changer le monde, alors on s’occupe de tout et de n’importe quoi, y compris de son propre corps…, mais réduire les démarches contemporaines autour des touts et n’importe quoi, en ce compris du corps…, à ce seul repli serait une erreur.
Les progrès scientifiques récents entraînent de nouveaux questionnements, la science nous ouvre de nouvelles portes mais à qui profite ces découvertes ?
De plus en plus de brevets scientifiques et médicaux décisifs pour notre évolution appartiennent à des entreprises privées.
Certains des grands spécialistes mondiaux de la cybernétique, tels que Bill Joy ou Kevin Warwick, s’en inquiètent déjà et vont jusqu’à envisager des scénarios cauchemardesques jusque-là réservés à la littérature de science-fiction, comme des implants qui connecteraient notre système nerveux à un réseau omnipotent capable de prendre certaines décisions à notre place.
Qu’ils aient tort ou raison importe finalement peu, l’important est que le débat puisse avoir lieu et que l’information transite.
Il ne s’agit pas de refuser les évolutions technologiques mais au contraire de les appréhender de notre mieux, ce qui nécessite de connaître et d’interroger ceux qui en détiennent les clefs.
Et pour cela, nous avons encore une fois besoin d’un équilibre entre pouvoirs et contre-pouvoirs.
L’industrie du divertissement et les médias tournent aujourd’hui en roue libre, il faut toujours plus de matière première pour nourrir une machine dont on a perdu le contrôle.
Alors les directeurs artistiques des maisons de disque et les créatifs des agences de communication puisent dans le vivier que constituent les marges du système et la récupération s’opère.
Ce fut le cas pour la techno, le hip hop, le piercing, etc…, on pourrait presque parler d’un écosystème culturel avec le processus de recyclage que ça sous-entend.
Mais il importe finalement peu que les multinationales du divertissement s’emparent des innovations culturelles et artistiques, car cette récupération ne va pas sans contamination et sans effets secondaires.
Immanquablement, à chaque fois que cet écosystème culturel digère de nouveaux concepts et de nouvelles esthétiques, la société toute entière s’en retrouve affectée par l’intermédiaire des médias qui jouent leur rôle de vecteurs épidémiques.
Sans compter que la relève est assurée de manière permanente car il y aura toujours de nouvelles marges pour remettre en question le statu quo commercial.
Il appartient aux acteurs des marges de savoir jouer de cette situation en la retournant à leur avantage.
L’histoire officielle et l’histoire parallèle qui nous est chère ne sont que deux points de vue différents sur la même histoire, tout est inextricablement lié.
Quel fut l’impact du mouvement pacifiste et des hippies durant la guerre du Vietnam ?
Pourquoi est-ce que les autorités américaines ont eu autant à cœur d’en finir avec les Black Panthers ?
Peut-on négliger l’influence de la pop culture et du rock ‘n’ roll sur la jeunesse des pays de l’est durant la seconde moitié du vingtième siècle et le rôle qu’ils ont joué dans l’effondrement du bloc soviétique ?
Jusqu’à la Nasa qui engage depuis quelques années des auteurs de science-fiction pour imaginer la colonisation de l’espace…
La technique de médias de masse contemporains consiste généralement à minimiser le rôle de la contre-culture au profit de produits culturels plus malléables, mais que penser de l’influence qu’ont pu avoir les hackers sur la société de l’information depuis deux décennies ?
Il s’agit pourtant bien d’une minorité marginale qui s’intitule elle-même l’underground informatique.
A partir de là, qui peut vraiment prédire l’impact futur de phénomènes encore aussi marginaux que le body hacktivisme ou les cultes vampyriques ?
Croyez-moi, on n’a pas fini de rire…
Tout tend à prouver que nous sommes à un tournant de l’histoire humaine.
Un réveil des mentalités est plus que jamais nécessaire mais je doute qu’il ait lieu sans un choc préalable.
Nous nous comportons trop souvent comme un groupe de primates et quelque chose me dit que nous risquons de vivre des moments difficiles avant que l’étincelle salvatrice ne se fasse.
D’un autre côté, les capacités d’adaptation humaines semblent sans limites, il y a donc de l’espoir.
Nous sommes condamnés à nous réinventer, ce qui ne pourra se faire sans curiosité et sans esprit de partage, les nouvelles dichotomies politiques ne sont plus entre la droite et la gauche mais entre le dynamisme et la stagnation, le problème étant de trouver des moyens d’entraîner le commun des mortels dans cette dynamique.
Nous ne pourrons plus longtemps nous réfugier derrière des schémas mentaux obsolètes.
Il ne tient qu’à nous de nous éveiller pour relever le défi ou de choisir de nous enfoncer dans une dégénérescence réactionnaire et consumériste qui nous mènera à notre perte.
Avec un peu de chance et beaucoup de détermination, le futur peut redevenir souriant…