Démocratie…
Pourquoi les forts et les puissants ont-ils choisi ce mot entre tous pour désigner la forme de gouvernement qui leur a été si utile dans ce projet titanesque qui consistait à façonner le monde afin qu’il serve leurs objectifs ?
Libre à nos médias de la ploutocratie, agences d’informations, presse écrite, audiovisuel, de nous apeurer avec leur bouillie quotidienne de steak haché au concombre, garantis à la sauce bactérienne ; ou encore, de potions-poisons magiques “amincissantes” des charlatans chimico-pharmaceutiques. Occulter les révoltes populaires étant la priorité de ces spécialistes de l’information : colères secouant les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe, de l’Espagne à la Grèce en passant par la Grande-Bretagne, tous pays ravagés par l’injustice sociale et économique sur fond de violences policières à l’encontre des manifestants pacifiques.
Libre à eux de choisir, planifier, décliner, leur marketing de la peur. C’est vrai : les bactéries tueuses sont mieux “vendables”, font plus d’effets audiovisuels, que les authentiques et permanentes calamités sanitaires. Créatures invisibles, mutantes, comme dans l’imaginaire de science-fiction. Peu de victimes, des politiciens aux anges, surtout quand cela se passe chez le voisin, permettant de mettre en valeur la parfaite maîtrise de la gestion de la santé publique chez soi : “ayez peur, nos politiciens nous protègent dans l’efficacité de leur génie !”…
Libre à eux de camoufler, au passage, les pandémies minant notre société, et de façon exponentielle notre jeunesse, au quotidien. Rien qu’en France, annuellement, ce sont 60.000 morts d’alcoolisme et 60.000 morts de tabagisme : 120.000 morts par an, non compris les centaines de milliers de dégâts collatéraux sous forme de multiples cancers en tous genres. Catastrophe sanitaire, humaine, générationnelle, “civilisationnelle”, laissant de glace ces décrypteurs de l’information. En dix ans : un million deux cent mille morts… Normal, c’est à la collectivité de payer, de “combler le trou de la Sécu” provoqué par ces tueries de masse, pour le plus grand profit des alcooliers et cigarettiers. Mais, comment ne pas éprouver de la tendresse à leur égard : ils sont si généreux ?Après nous : le déluge !
Libre à eux, relayés par leurs sociétés d’édition, de célébrer dans l’incantation, à longueur de JT, “éditions spéciales”, plateaux TV ou radio aux panels d’économistes-foutraques, l’ultralibéralisme : tout pour la Rente et la Spéculation, rien pour le Travail. Avec l’impérieuse nécessité, fatalité : ne pas imposer les riches, mais rançonner salariés, précaires et pauvres. Par définition, le pauvre étant un tricheur, un coupable, du fait qu’il n’est pas riche dans ce paradis qu’est “Le Marché Autorégulateur”… Celui qui est pauvre, dans leur nouvel Evangile, c’est qu’il le vaut bien.
Libre à eux de répéter à l’infini, les thèses coloniales, racistes, hyperviolentes, justifiant tortures, assassinats, bombardements aveugles, massacres et prises en otage de populations civiles, embargos et blocus, pillages et spoliations, imposées par des intérêts multinationaux prospérant sur le vol des ressources et matières premières des pays incapables de se défendre. Anéantissant, sereinement, régions et pays entiers sur fondement de mensonges : Nicaragua, Honduras, Irak, Liban, Gaza, Afghanistan, Pakistan, Lybie. Opérations et campagnes, ordonnées, prescrites aussi, à notre pays par de pseudos alliés, aux budgets de sur-armement délirants ; aux idéologies fanatiques, théocratiques, fondées sur la Tyrannie du Plus Fort, dans la Bonne Conscience du mégalomane spoliateur, dominateur, enivré de sa prétendue supériorité raciale et de sa force nucléaire.
Libre à eux, recevant leurs instructions de capitales étrangères tels de minables auxiliaires à leur service, de véhiculer anathèmes, excommunications et “sanctions”, illustrés de leurs “documentaires d’investigation”, agrémentés de “témoignages sous anonymat”, sur pays et régimes qui ne conviennent pas à leurs “sponsors”. Dans le mépris du droit à l’autodétermination et la souveraineté nationale, couvrant au passage les pires dictatures et autocraties, sur tous les continents, pourvu que leurs dirigeants laissent piller leurs propres pays et ses ressources.
Libre à eux de noyauter, trier, manipuler, expurger, censurer, filtrer, infiltrer le Web, au point qu’aujourd’hui si on tape sur un moteur de recherche “violences policières en Grèce”, ou “Greece protests crackdowns”, on ne trouve qu’articles et photos d’identification incertaine sur la Syrie… De créer faux blogs d’opinions, alternatifs, catholiques, laïcs, socialistes, et tutti quanti, l’essentiel étant de célébrer les horreurs de l’Occident, via l’OTAN, l’ONU et autres masques, dans la promotion de la Démocratie. Diabolisant, dans un bûcher inquisitorial, la moindre tentative d’esprit critique…
Oui. Libre à eux… et, Paix à leur “conscience”…
Mais, qu’il n’y ait que ce seul discours, est-ce admissible dans une Démocratie ?…
Certes, il existe de fantastiques espaces d’information et de liberté d’expression, sur Internet notamment, sous réserve d’en détenir l’outil, le temps, la pratique.
Pratique du croisement et de validation des sources (souvent en langues étrangères), tout spécialement, ne serait-ce que pour déjouer les chausse-trappes des “services spéciaux d’action psychologique” qui pullulent dans ce monde virtuel.
On se doit de se rendre à l’évidence : l’information politique diffusée dans les médias occidentaux n’est, dans sa globalité, que de la désinformation…
Contempler le monde des médias en France, de “l’info”, de “l’infotainement” comme ils disent à l’anglo-saxonne, c’est se trouver au bord d’une fosse où grouillent inculture et incompétence, compromission et corruption, concussion et connerie, mensonge et cynisme, flagornerie et obséquiosité, renvoi d’ascenseurs et rotation d’encensoirs, gérontocratie et népotisme, dynasties familiales et mafias claniques.
Bien sûr, dans ce magma se trouvent de superbes pépites, isolées, bien vite marginalisées, censurées.
Cloaque de la désinformation, de l’intox, de la propagande que nous envieraient, dans son emballage enrubanné “soft”, fascismes et stalinismes les plus pervers.
Tout le monde est d’accord sur le constat.
Que faire ?
Je cherche en vain, dans le programme des “présidentiables”, quelques pistes pour assainir ce secteur fondamental dans une Démocratie.
Vagues principes, réflexions, de ci, de là, chez certains.
Vélléités BCBG.
Aucun parti n’évoque concrètement une nécessaire réforme.
Structurant une pensée, organisant une volonté.
Evidemment, ce serait se fermer les portes de ces mêmes médias, la veille d’élections capitales.
Réflexe tactique, salutaire, assurément…
Quelle main de fer, dans un gant en acier inoxydable hérissé de pointes durcies au carbone ou mieux à l’uranium, tiendra sans trembler le kärcher pour curer cette “indignité démocratique” ?…
Dans une démocratie, l’information ne se régente pas, l’impartialité ne se décrète pas, seule s’impose : la protection de la diversité de l’information.
Les principes de la diversité de l’information, contribuant à son indépendance et à son éthique, ne sont pas à définir dans une charte, des “états généraux de la profession” et autres sirupeux bla-bla-bla, voulant faire croire à une vertueuse autorégulation du milieu.
Thèmes favoris des “grands maîtres” de la nomenklatura médiatique…
Niant doctement, la main sur le cœur, ce que les spécialistes en cybernétique ont prouvé : une auto-organisation est impossible sans énergie extérieure.
Quelques principes, voies et moyens sur lesquels nos penseurs et stratèges politiques devraient se pencher, pour passer de l’indignation à l’action.
Au hasard et en vrac, un échantillon de schémas à triturer, malaxer, formuler et reformuler, pour organiser la protection de la diversité de l’information… :
1. Détention capitalistique des médias :
1.1. L’information politique n’est la propriété d’aucun groupement d’intérêts, d’idéologies ou de croyances. Mais un Bien Commun, un patrimoine collectif, comme l’air ou l’eau. En conséquence, la possession de médias par des sociétés anonymes est interdite. Seules des personnes physiques, identifiables, ont le droit de détenir des actions nominatives de sociétés de presse, d’édition, de production, et de diffusion audiovisuelle.
1.2. La diversité de l’information impose qu’une même personne physique, excluant de fait ses ascendants, descendants et collatéraux, ne peut détenir plus de 5 % d’un même média.
1.3. La diversité de l’information impose qu’une même personne physique, excluant de fait ses ascendants, descendants et collatéraux, n’ait des actions dans plus d’un seul média.
2. Financement des médias :
2.1. Création d’un Fonds du Financement de la Diversité de l’Information (FFDI) chargé de financer la transition de la restructuration capitalistique des médias. Leur nationalisation (après audit approfondi et redressements fiscaux) serait compensée par l’octroi d’obligations dont le remboursement serait étalé sur 50 ans, à taux annuel indexé sur celui de la progression du SMIC.
2.2. Création d’un Fonds de Péréquation Publicitaire (FPP). Pour maîtriser l’attribution des budgets publicitaires qui, sinon, ne financeraient que la propagande des lobbies économiques ou politiques. Les recettes publicitaires seraient versées à ce Fonds Public, quel que soit le choix du support de la publicité concernée. A charge de les répartir (sur le modèle de la SACEM pour les droits d’auteur, par exemple) par médias, en fonction du nombre d’abonnés (et non pas des numéros vendus ou des taux d’audience bidonnés).
2.3. Contribution obligatoire au FPP des publicités pour des produits et services destinés au marché français sur des médias francophones basés dans des pays étrangers (souvenons-nous de l’astuce juridique des radios installées au Luxembourg ou en Belgique pour contourner, en son temps, la législation française…). La taxe de solidarité, versée au FPP, serait équivalente au budget publicitaire accordé au média étranger.
3. Sanctions des atteintes à la Diversité de l’Information
3.1. Création d’une Cour de Justice de la Diversité de l’Information (CJDI), avec capacité de sanction, financière et pénale. Pour contrôler la diversité de l’information : détention capitalistique et financement, tout particulièrement. Mais, tout aussi important : la diversité du contenu. Neutralisant, autant que possible, les tentatives de propagande sous forme d’un discours unique, ou le verrouillage informationnel par des clans.
3.2. Associée à un Observatoire de la Diversité de l’Information, cette Cour de Justice de la Diversité de l’Information, serait équipée de toutes les technologies de comptage et visionnage, contrôlant le nécessaire équilibre entre, notamment, les Partis officiellement reconnus ! les grands thèmes politiques et économiques, l’ultralibéralisme et la mondialisation, seraient ainsi équitablement confrontés à d’autres idées et thèses… De même que la connaissances des civilisations et pays de notre planète, autrement que sous leur seule expression exotique, dans le paupérisme diffamatoire, afin de contrer les récurrentes thèses racistes, islamophobes, iranophobes, anticubaines, sinophobes, et autres épouvantails fanatisants de la désinformation…
Les opinions contradictoires quant aux conflits et guerres seraient libres, alors qu’elles sont actuellement censurées dans l’appréciation des destructions humaines et matérielles avec leur impact sur les populations civiles et l’avenir de notre planète… De même que seraient libres les thèmes de la santé publique, actuellement censurés dès qu’ils sont considérés porter atteinte aux intérêts des lobbies concernés (l’industrie pharmaceutique, grande distribution, industrie alimentaire, industrie de l’addiction, de l’armement)…
Arrêt du monopole de certains animateurs-rédacteurs (la fameuse Druckérisation des masses), ou d’expert(e)s-pontifes, occupant tous les médias disponibles (presse-radio-TV) du fait de leur capacité à promouvoir la bonne parole souhaitée ! Bloquant de fait, pendant des décennies, non seulement des courants d’idées importants, mais aussi l’émergence de nouveaux talents, dans une forme complémentaire d’atteinte à la diversité de l’information avec un même animateur-rédacteur ou expert par média… Cela doit cesser afin de laisser l’accès à d’autres, personne n’étant indispensable !
Utopie ?
Peut-être.
Mais notre République, dans sa racine latine Res Publica, la Chose Publique au sens de Destin Collectif, en est une.
Liberté, Egalité, Fraternité, en constituent la charpente.
Vouloir en dessiner l’architecture, la construire, c’est s’opposer à l’injustice, l’obscurantisme, imposés par la tyrannie de La Loi du Plus Fort.
Refus et conquête, donnant du sens à notre vie en collectivité, consistance au Contrat Social qui nous lie les uns aux autres.
Pour un monde meilleur.