Des poussières de bonheur dérobées au vent du malheur généralisé…
Pourquoi devons-nous si souvent attendre de l’avoir perdu pour prendre conscience de l’attachement que nous portions à quelqu’un ou à quelque chose et du bonheur que nous en éprouvions ?
Pourquoi sommes-nous tellement embarrassés lorsqu’il s’agit de définir ce qui pourrait constituer notre bonheur ?
La raison réside dans vingt siècles d’imagerie chrétienne, car depuis 2.000 ans, l’homme s’est vu présenter une image humiliée de lui-même.
Qui peut dire ce que nous serions si ces vingt siècles avaient vu persévérer l’idéal antique de la beauté humaine ?
La preuve de cette humiliation se trouve dans la difficulté de définir positivement ce qui nous rend heureux.
Pour la plupart d’entre-nous, être heureux est une négation : ne pas souffrir, ne pas manquer d’argent, ne pas être malade, ne pas être malheureux… : “Mieux vaut que ce soit lui qui souffre, qui manque d’argent, qui est malade, qui est malheureux, que moi“…
Le comble de l’horreur vient lorsque ce sont des parents qui refusent de l’aide à un de leurs enfants en lui rétorquant : “Ca finira par s’arranger, en attendant, nous prions pour toi chaque jour qui passe“…
Etrange bonheur que celui qui se mesure au malheur des autres.
Pour vivre heureux, vivons cachés, disent ceux qui se cachent et rasent les murs, aveugles et sourds aux autres…
Comme si le malheur était la règle, la fatalité !
Y échapper relèverait dès-lors de la chance aveugle, du hasard, manière de voir qui correspond à la mentalité égoiste de notre temps.
Un temps ou la position de victime est recherchée et idéalisée, le système en cela ayant créé une société d’assistés qui se complaisent dans leur assistance, gage de non-révolte, de nivellement par le bas et de haine de “ceusses” qui réussissent envers et contre tout et tous…
Il y a pourtant une autre manière de définir le bonheur, les joies des toutes petites choses, des instants précieux et éphémères qui, tous ensemble s’avèrent la seule chose véritable d’une vie.
La première gorgée de café, un rayon de soleil, un sourire, un geste amical, le bien-être…
On passe du négatif au zéro et du zéro à l’infinitésimal des poussières de bonheur dérobées au vent du malheur généralisé.
Ne pas avoir peur du bonheur, ne pas avoir peur de viser haut, d’être ambitieux et généreux…
On ne vit qu’une fois, et ça passe vite, autant en profiter en souriant qu’en faisant la gueule aux autres…