Ahhhhhhhhhhhh ! Me souvenir de mes chevauchées superficielles à travers la France profonde, dans les convulsions de récits qui tiennent du roman voyageur, du Cowboy franchouille underground, de la quête initiatique et de la copulation mystique avec un imaginaire démesuré. C’était superbe il y a 40 ans de rouler pied au plancher, sans limitations de vitesse pour faire hurler le vent, tandis que les paysages se déroulaient comme un parchemin : prairies d’émeraudes au creux des vallées, rosée et nuages d’or en pleine transmutation à perte de vue ! Aujourd’hui, je me rends compte que c’était une expérience à la fois littéraire et spirituelle : les grands écrivains n’ont jamais été faits pour subir la loi des ahuris, mais pour imposer la leur. Quand on ne sait pas où l’on va, il faut y aller… et le plus vite possible, pour ressusciter les fantômes dans un grand éclat de rire. Tant pis pour les cons ! Il est temps que les Français découvrent la joie de l’atypisme-provocateur !
C’est mieux de raconter sa vie dans des reportages : elle prend enfin une réalité. L’existence n’est intéressante que lorsqu’elle devient une fiction, j’observe et restitue, j’acte tout, j’écris tout. Les vrais reporters savent qu’écrire c’est agir, ce n’est pas le contraire de la vie, c’est la vie. Sans écriture, pas de vie. Les gens qui n’écrivent pas ne vivent pas. Ne pas pouvoir écrire, c’est aussi dégradant que de ne pas pouvoir marcher… Qu’écrire alors ? Que dire, des “ceusses” qui ne savent ni lire et écrire ? Le littéraire ne peut se contenter de légender des illustrations.
Dring… Dring… Dring…
-Allo, êtes-vous bien Patrice De Bruyne ?
-En personne, à qui ai-je l’honneur de répondre en causerie dans le téléphone ?
-Oui, c’est moi… Dominique…
-Le Dingo photographe ?
-Oui !
-Ca fait 35 ans qu’on ne s’est causé, ça remonte à l’époque où tu avais shooté mon Oldsmobile’48, une super photo originale… Depuis cet instant magique, plus rien de et avec moi ! As-tu des regrets de cet éloignement que certains éditeurs t’ont imposé pour s’accaparer d’une forme d’exclusivité sous chantage ? Le style : “Si vous œuvrez pour Patrice De Bruyne et ses Chromes&Flammes, je ne vous commande rien, je ne vous publie pas”… La misère du diktat ! Mes appels vers toi, mes offres sans réponse…
-Tu vis à Saint-Tropez, je suis pas loin, on peut se voir et papoter ?
-Cool, sur le port, OK dans une heure face au Sube et à la boutique Cécile !
Et voilà comment Dingo et moi avons renoué des papotages qui auraient pu être des dialogues après 40 ans du shoot de la photo sépia ci-dessus… Ses photos fascinent depuis la même longueur de temps, elles sont uniques et reconnaissables entre des millions, Dingo, de son vrai nom Dominique Sambain, a imposé un style qui rend désuet les clichés roboratifs d’automobiles, camions, motos, avions, bateaux… Ses visuels racontent des histoires et sont souvent le miroir de la société.
-Dis-moi Dominique, mon Dingo, le pourquoi du comment de tout ce temps qui nous vieillit. Imagine que tes photos et mes histoires aient fusionnés en chefs-d’œuvre ! Que de mises en pages géniales, que de mises en textes époustouflantes (bien plus que des illustrations pour des expositions), n’ont dès-lors jamais existé ! Dix fois voire plus, je t’ai proposé d’autres mondes, sans réponses… Pourtant Chromes&Flammes était partout ! Presque 500.000 exemplaires réellement mensuels dans le monde entier… 5 langues/éditions… Un éditeur concurrent et sournois m’a explosé d’une injection de nitrométhane… on m’a moqué, vilipendé, tout ça pour un empire de papier mâché ! Je me suis relevé et gagné pour voguer vers d’autres horizons… Imagine ce qui aurait pu être d’autre !
Nous avons causé “presse-papier” : les mag’s qui se cassent la gueule après avoir joué les grandes-gueules : Presstalis au tapis, un milliard et demi de dettes et déficit, les éditeurs impayés, les tirages des magazines et quotidiens divisés par 5, leurs ventes sous les 90% des tirages diminués, les annonceurs qui stoppent le cirque découvrant qu’ils ont été bernés… les magouilles… les sordides marchandages… la déconfiture de certains plus que d’autres tel un ex-rédac-chef nitromaniaque qui, retraité au soleil de Floride s’y fait éjecter pour trafic… qui re-émerge à Bali et s’y retrouve en tôle pour des tournantes sexuelles avec des jeunettes mineures… d’où divorce et ruine du patrimoine… Un désastre !
Tout cela m’a amené à évoquer un éditeur qui continue de publier ses titres à grandes pertes en tentant de trouver une pomme pour reprendre ses illusions… hypothéquer son musée, ses vieilleries, son château… S’il continue il perd des millions, s’il stoppe tout, son empire ne vaut plus rien, le retour du balancier… Que du bonheur.
Et on a causé aussi des conséquences jointes du Coronavirus et de la mise en liquidation judiciaire du diffuseur de presse Presstalis… les agences de pubs en déconfiture, les clients annonceurs qui pataugent dans le vide abyssal… les grosses boîtes qui se rétractent, annulent les contrats… tout ça pour en venir à la question qui tue concernant GatsbyOnline qui tourne entre 3000 et 6000 visites/jour… et que les “chers zéditeurs” en dérive tentent de comprendre pour copier… comme il y a 40 ans de papier.
-Comment tu fais ?
-30 ans que je bourlingue dans les ventes aux enchères de bagnoles de collection, des milliers négociées, possédées, vendues, une expérience unique transcendée par une façon d’écrire… C’est pas plus ! Mais pourquoi s’inquiéter auprès de moi de cette presse numérique qui hante les éditeurs-papier ?
Une chouette conversation entre un sexagénaire (Dingo) et un septuagénaire (Moi) qui ont finalement eu de la chance de ne pas devoir subir ce dont on cause… ce qui ramène à nos jeunes années… mais on ne cause pas de cette foutue Oldsmobile’48, ni du Trike’V12, ni de la Traction Citroën Hi-Boy, toutes trois volées par des sagouins il y a un tiers de siècle, que nenni, on cherche ce qui nous fait point commun, une recherche au milieu d’autres…
Waouwww ! C’est simple mais toutefois compliqué… Vous suivez ?… Vous avez intérêt, car c’est particulièrement particulier de tapoter un tel texte… C’est possible que vous décrochiez… quoique les ancêtres comme nous sont rares à trainasser sur le web… j’en connasse quelques-uns, mais beaucoup meurent… si vous n’en êtes pas (sans doute même pas) quel âge aviez vous quand nous avons débuté en 1979/1980, Dingo en photos, moi avec Chromes&Flammes ? Entre 15 et 20 ans ? Le temps de vos premiers émois en masturbations effrénées sous les couvertures ou dans les chiottes dégueulasses de votre école… autant dire que ça date aussi d’être maintenant au milieu de la cinquantaine, non ? Mais je serais plus près de la réalité en écrivant que vous, pour la plupart, n’étiez pas encore nés, que vous n’avez connu cette époque que par quelques magazines qui font leur beurre avec des vieilleries et ont classé les Hot-Rods et les Kustom-Cars comme attrape-nigauds dans la catégorie fraichement inventée des Youngtimers afin d’attirer les pommes… Euhhhh !… Les paumés !… Bref, le temps n’a pas eu pour vous le temps de paraître ce qu’il n’a jamais été sur une période aussi longue…
Moi qui n’a aucun complexe d’avoir maintenant 71 ans (né en 1949, j’avais 30 ans en 1979 quand l’aventure Chromes&Flammes à commencé)… je puis écrire que ma façon de vivre et supporter les conneries m’a permis de quasi tout voir, de fouiller les contrées les plus reculées, de fouiner dans les endroits les plus obscurs des manigances humaines et de voyager très loin… pour ramener des reportages de pépites automobiles (les plus aberrantes possibles)…. et après avoir ouvert la boîte de Pandore des travers inhumains, je continue de découvrir des stupidités et m’amuse toujours de disséquer les gags consuméristes qui minent le monde pire qu’un champ en Syrie… Certes, du puits sans fond de la bêtise humaine sortent toujours divers héritiers pour que perdure la tradition… mais en matière de “découverte”, que peut-il bien rester de genre complètement nouveau ? J’entends, de création qui n’a pas d’antécédent ou qui remettrait toute notion de “conneries” en question ?
Mon texte est une longue légende… Les “ceusses” évoqués dans le texticule (couillu) sont des putes…