Il y a toujours un peu de folie dans l’amour, mais il y a toujours un peu de raison dans la folie…
C’est le soir, minuit pour être précis, un vendredi de juin…
Je me suis rempli de la septième symphonie de Beethoven, j’ai rempli la pièce ou je me trouve, même l’ensemble de mon chez moi, de mon moi, sont empli de cette symphonie…
Jusqu’à présent j’écrivais de silences, dans le silence, pourquoi j’aime la nuit, sans bruit…
Et ce soir est particulier car ce sont les notes qui me font encore vibrer…
La septième symphonie est célèbre par son allegretto, qu’on appelle toujours l’adagio ou l’andante.
Ce n’est pas que les trois autres parties soient moins dignes d’admiration, loin de là, mais le public ne jugeant d’ordinaire que par l’effet produit… et ne mesurant cet effet que sur le bruit des applaudissements, il s’ensuit que le morceau le plus applaudi passe toujours pour le plus beau…, bien qu’il y ait des beautés d’un prix infini qui ne sont pas de nature à exciter de bruyants suffrages…, ensuite, pour rehausser davantage l’objet de cette prédilection, on lui sacrifie tout le reste.
Tel est, l’usage invariable.
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Vous comprendrez mieux !
La fin d’une histoire d’amour devrait être un cri…
Un volcan qui s’ébranle et dont le feu jaillit…
Mais jamais une porte qui se ferme doucement…
Au point qu’on n’en soit même pas secoué vraiment…
La fin d’une histoire d’amour devrait être un vertige…
Un ouragan qui ne laisse debout que quelques vestiges…
Mais jamais une valise préparée avec soin…
Comme pour un départ en voyage au petit matin…
La fin d’une histoire d’amour devrait être une prière…
Un appel au secours au milieu d’un désert…
Mais jamais une fleur qui se fâne doucement…
Et qui courbe le dos sous le froid sous le vent…
La fin d’une histoire d’amour devrait être un sanglot…
Une convulsion dont la force étouffe les mots…
Mais jamais un soupir trop calme et trop léger…
Une rupture banale, facile à assumer…
Il y a toujours un peu de folie dans l’amour, mais il y a toujours un peu de raison dans la folie.
Le premier morceau c’est comme le premier émoi, il s’ouvre par une large et pompeuse introduction où la mélodie des notes sont des mots, avec des modulations, qui suscitent successivement l’intérêt… à l’appui de divers effets d’instrumentation dont l’auteur est incontestablement le seul créateur.
La masse entière des sentiments résumés, frappe comme un accord fort et sec, laissant l’autre à découvert, pendant le silence qui lui succède, un détail caché, point aperçu, développe seul la mélodie d’un futur bonheur espéré.
Je ne saurais débuter d’une façon plus originale…
J’ai pourtant entendu ridiculiser ce thème à cause de son agreste naïveté…, une certaine, innommable, s’évertuant, même pas trentaine passée, à me moraliser en prônant les gagateries sans recul, ni diffusion de bonheur d’un Michael Jackson…
On voit par-là que, s’il en est qui n’aiment point à être prévenus du sujet traité par le musicien, il en est d’autres, au contraire, fort disposés à mal accueillir toute idée qui se présente avec quelque étrangeté dans son costume, quand on ne leur donne pas d’avance la raison de cette anomalie…
Faute de pouvoir se décider entre deux opinions aussi divergentes, il est préférable en pareille occasion, de s’en tenir à son sentiment propre, sans courir follement après la chimère du suffrage universel.
Pour en revenir à l’amour, si rare et précieux, dont il s’agit ici, il se reproduit sous une multitude d’aspects, sans arrêter un instant sa marche cadencée jusqu’à sa fin. Et c’est bien là qu’il transcende…, car la crainte de le perdre, c’est exactement comme la peur de mourir…
La folie amoureuse, alors, n’est absolument pas l’état de transe de le vivre, mais de le perdre…
La folie amoureuse, c’est vouloir le jeter, comme se suicider, par crainte de mourir, c’est à dire de le perdre…
On pourrait dire, écrire…, qu’on se quitte parce qu’on ne se voit pas assez…, alors que trop se voir aboutit au même résultat !
Il y a là une douce folie qui détruit toutes les bulles d’amour pour passer “à autre chose”, oui, mais quoi ?
L’emploi d’une telle formule rythmique obstinée n’a jamais été tenté avec autant de bonheur grace à des développements considérables, comme imprévus, qui roulent constamment sur la même idée…, traitant avec une si incroyable sagacité, les variations si fréquentes, si ingénieuses de chacun, comme si elles n’existaient pas…, les accords et désaccords y formant des enchaînements si nouveaux, que l’histoire d’amour finit avant que l’attention et l’émotion qu’il excite n’aient pourtant rien perdu de leur extrême vivacité !
C’est semblable a un effet harmonique digne des partisans de la discipline scolastique, la dissonance dans l’accord.
Cette dissonance est un trémolo très fort, qui se résout d’une manière tout à fait nouvelle : réunir les deux parties dissonantes dans une octave en descendant d’un demi-ton…
Le rythme de l’amour est pourtant simple pour traverser toutes les incompréhensions, il consiste uniquement dans un pianissimo plein de mélancolie et de mystère avec des violons en arrière-plan qui font comme chanter une sorte de lamentation, d’un gémissement convulsif… ou les rythmes inconciliables des amoureux s’agitent les uns contre les autres…, ce sont des pleurs, des sanglots, des supplications…, l’expression d’une douleur sans bornes, d’une souffrance dévorante…
Mais une lueur d’espoir vient de naître : à ces accents déchirants succède une vaporeuse mélodie, pure, simple, douce, triste et résignée comme la patience souriant à la douleur.
Après ces moments d’angoisse et de résignation, les amants, comme fatigués d’une si pénible lutte, s’éteignent, affaissés, la force leur manque ; après quoi, se ranimant tout à coup comme la flamme d’une lampe qui va s’éteindre, ils explosent en profonds soupirs sur une harmonie indécise et… le reste est silence.
Cette exclamation plaintive, par laquelle l’amour commence et finit, mais tend toujours à se résoudre sur un autre, et dont le sens reste incomplet… empêchant de permettre de finir, en laissant l’autre dans le vague et en augmentant l’impression de tristesse rêveuse où tout ce qui précède a dû nécessairement le plonger.
Le final est au moins aussi riche en nouvelles combinaisons, en modulations piquantes, en caprices charmants…
Chacun peut croire qu’il en résultera une horrible discordance, ou tout au moins un défaut de clarté dans l’harmonie…, il n’en est pas ainsi cependant, car l’amour reste au fond des cœurs, d’un éclat extraordinaire, un chef-d’œuvre de fantaisie, de savoir et d’inspiration…
Voilà…, vous avez tout lu, et que vous ayez compris ou non, allez-y, recliquez sur le bouton, mettez le son à fond et laissez-vous envahir par le bonheur de vivre…