Ca se passe je ne sais plus à quel endroit…, la rue éclairée est sombre et déserte, pourtant il fait jour, ma montre indique midi alors que le soleil se couche, il a plu quasiment toute la nuit, une pluie fine et mouillée qui rend la rue et ses gros pavés glissants encore plus glissants pour l’immense foule qui va et vient…, je marche, je marche et marche encore, seul devant moi…
Moi quand je suis saoul…
On rigole j’avoue…
Je suis cabotin…
Bien embouteillé…
C’est comme en auto…
Plus rien ne m’atteint…
Moi quand je suis saoul…
On boit mes paroles…
Je suis boute en train…
Je chante l’opéra…
Depuis l’apéro…
Jusqu’au p’tit matin…
Des bruits de pas retentissent comme des claquements réguliers, des pas sonores silencieux qui martèlent mon cerveau embrumé, des pas sensuels d’un érotisme féroce qui sentent la douceur voluptueuse…
Des pas de femme…, des pas ensorceleurs, des pas qui allument en moi et en dehors de moi-même une pulsion fusionnelle de solitude, du genre qui pousse sans retenue à l’irréparable que rien ne peut arranger ni réparer !
Moi quand je suis saoul…
Sans dessus dessous…
Je côtoie les saints…
Saoulé des histoires…
Qui répandent que boire…
Ca ne sert à rien…
Moi quand je suis saoul…
Sans dessus dessous…
Je me sens devin…
Mais pour rien au monde…
Mettrai de ma vie…
De l’eau dans mon vin…
Une poupée qui dit toujours non en faisant oui de la tête…, terrible et irrésistible, c’est à chaque fois la même torture recommencée, alors qu’elle ne débute pas… à pas, non pas… à chaque rencontre fortuite ou pas, au pas de ma porte close, même quand je ne suis pas là….
Tel Sisyphe et son ami rocher, je suis condamné à exister, condamné à imaginer !
Moi quand je suis saoul…
Au dessus de tout…
Je suis plein d’entrain…
Moi l’fait d’être plein…
C’est comme le métro…
Bondé le matin…
Moi quand je suis saoul…
On boit mes paroles…
Je suis galopin…
Moi l’fait d’être plein…
C’est comme le métro…
Bon dès le matin…
– Dans le dustpan du n’importe quoi, je fais quoi ?
– Quoi vous dites, là ?
– Un poème fractal en labyrinthe, fruit de l’absinthe, encensé, insensé, censuré, à pique-nique, bucolique, je m’en enchante mais ça déchante, mots cassés, déclassés, dégommés…, je les gomme, comme le narquois du pourquoi, ils se marient puis se délovent, puis se divorcent sous l’écorce !
– Je ne comprends rien de ce que vous dites…
– Dérisoire, délire !
– Soyez poli, je ne suis pas venue vous écouter conter, mais pour assister à votre séance photo…
– Laissez-moi, je suis occupé à jongler avec les mots !
– Je ne vois rien !
– Je me glisse à leur place, dans le livre de l’art nak, loufoque, ils se moquent et se pressent, très bêtes, sans rien en tête, en soliloques interloqués, désaxés, ascifs, bisous, caresses…, alors, adieu syntaxe et sémantique orthographique.
– C’est sans espoir ?
– Moi je vous laisse, il faut que je prépare mon discours politique pour devenir président :
Mes chers cons, citoyens, mes très chères connes, citoyennes…
Un immense chantier s’ouvre devant nous.
Le chemin qui mène au progrès social est long et caillouteux mais l’autobus de notre volonté collective ne craint pas les nids de poules, il ne calera pas quand la pente des difficultés augmentera.
C’est par la force de notre travail que nous remonterons l’économie vacillante et que nous atteindrons, ensemble, les sommets inexplorés du bonheur national.
Poussée par notre politique volontariste, la moissonneuse batteuse de l’expansion fauchera avec allégresse les champs de blé que nous aurons irrigués à la sueur de notre front.
Elle laissera derrière elle un sillon porteur d’abondance, annonciateur de prochaines récoltes encore plus belles.
Il s’agit bien d’une démarche audacieuse qui vous est proposée aujourd’hui afin que vous récoltiez enfin les fruits de l’abnégation et du sacrifice.
Mais il s’agit aussi d’une gigantesque révolution culturelle, d’une nouvelle vision de la société libérale où le riche ne sera plus rejeté par les pauvres mais acclamé pour son opportunisme et admiré pour son cynisme, où le courage boursier des actionnaires contraints de licencier sera récompensé, où la perfidie du petit épargnant remplissant son bas de laine sera condamnée sans appel.
Certes, il vous sera demandé de travailler plus, mais l’effort en vaut la peine.
Voir notre pays s’inviter à la table des grands, n’est ce pas une immense satisfaction ?
Déjà nous ressentons tous un frisson d’orgueil et de plénitude parcourir nos échines douloureuses devant la perspective de sommets internationaux où le président français sera traité dorénavant comme un grand de ce monde.
C’est la vision fondatrice d’un emploi du temps nouveau pour une jeunesse désoeuvrée au tendances délinquantes qui doit s’imposer très vite.
L’oisiveté étant mère de tous les vices, des chantiers seront lancés afin de donner le goût de l’effort à une population avachie et résignée.
Dans l’air frais du matin, le tissu rugueux de l’uniforme frottera la chair de poule, l’ampoule récoltée la veille éclatera dans la main du citoyen venu de son plein gré servir son pays quand son collègue la lui serrera vigoureusement.
Les hurlements chaleureux des chefs d’équipes motivés se mêleront au fracas somptueux des sabots de la troupe des travailleurs enthousiastes.
Les magnifiques chantiers de jeunesse qui firent la gloire de l’état français dans les années difficiles doivent nous servir d’exemple.
Aux armes citoyens, prenez vos pelles et vos pioches, rejetez ces perfides ordinateurs porteurs d’abrutissement et de rumeurs malsaines, rejoignez les rangs de ceux qui vont sauver le système bancaire et redorer le blason terni de notre belle nation.
Rasez ces forêts inutiles pour que nous puissions construire ensuite des logements sociaux à loyers immodérés où les propriétaires fixeront librement les charges et les cautions.
En avant toute…, votez pour moi…
Moi quand je suis saoul…
Comme un polonais…
J’ai de la croissance…
Et quand je suis rond…
Comme Patapon…
Je parle de la France…
Moi quand je suis saoul…
Quand je suis d’équerre…
J’suis pas rapporteur…
45 degrés c’est mon point de repère…
Quand j’ai mal au cœur…
Et bien éméché…
Avec un son délicieux en arrière plan, une musique enchanteresse entre mes phrases, ce serait un discours suave, drôle et sensuel, et vous voilà conquis messieurs, conquises mesdames, comme invité(e)s à un voyage plein de folies.
Pensez-y : les lois liberticides sont édictées peu à peu pour que la privation de liberté devienne un élément de jouissance civile… car, quoiqu’il arrive, vous savez désormais, attaché(e)s que vous êtes dans cette délicieuse position d’entrave, que le Temps et l’Espace sonore ainsi ouverts ne peuvent se muer qu’en un voyage sans retour !
C’est ça la démocratie, c’est ça la liberté : la geôle n’a pas de gardien, nulle part où aller…, il faut donc simplement apprécier le moment présent comme une offrande au bonheur (sic), savourer la félicité des sens !
Une même chose ou un même inconvénient peut apporter, selon les circonstances, fortune ou malchance pour celui qui le subit…, ainsi, le gros désavantage des oreilles sur les yeux est qu’on ne peut pas les fermer.
Une musique insupportable de jardin, une conversation horripilante, un bruit de fraise de dentiste qui rugit au loin, et vous voilà impuissant et contraint, nié dans votre instinct d’homme libre, écrasé par un sort dont vous n’êtes en rien responsable…., voilà qui est fâcheux.
Combien de cancers, d’ulcères et d’urticaires sont ainsi provoqués, par ce point de départ anodin, le bruit indésirable, qui, les événements et les contrariétés s’enchaînant en cascade, amenèrent tant de braves gens au cimetière.
Pour les mêmes raisons, le handicap de ne point pouvoir clore ses appendices ubuesques, cette privation de liberté, dis-je, peut-être aussi la première marche, la clé qui déverrouille la porte qui vous mène à l’extase ! [cette phrase vous est offerte par le Comité International de la Métaphore.]
Moi quand je suis saoul…
Quand je passe au rouge…
J’ai de la bouteille…
Et quand je suis gris…
Je réponds au pif…
Aviné vermeil…
Moi quand je suis saoul…
Clair net et limpide…
Je fais toujours un bide…
Au fond du troquet…
A mains nues Madame Nature,m’fracture…
D’un coup dans le nez…
– Peut on dire d’un texte qu’il est mauvais quand il est totalement insipide ?
– Je sais pas, moi !
– C’est la question hautement rhétorique que je me pose en finissant mon écriture loufoque qui a autant de goût que de l’eau distillée…, pour ma défense, je l’ai péché dans la laverie du quartier qui sert de bourse d’échange de textes gratuits à emporter…
– Où il va retourner très vite !
– Comment évolue l’humain en situation de stress ou dans des situations auxquelles il n’a pas été préparé ?
– Je sais pas, moi !
– Devient-il un héros ou un bourreau ou reste-t-il avant tout le même ?
– Je sais pas, moi !
– S’il change, est-ce à cause de son environnement, ou son environnement ne fait-il que révéler des comportements latents, que la civilisation actuelle avait réussi à domestiquer ou dissimuler ?
– Je sais pas, moi !
– Comment évoluent les interactions sociales ?
– Je sais pas, moi !
– Retourne-t-on a des systèmes tribaux ou claniques ?
– Je sais pas, moi !
– Est-il plus avantageux de créer des grands groupes ou de petites unités, sédentaires ou nomades ?
– Je sais pas, moi !
– La démocratie reste-t-elle un système possible ou pas dans ces circonstances ?
– Je sais pas, moi !
– La source de danger principale provient-elle de l’environnement sauvage (menace nucléaire, zombie, monstres extra-terrestres) ou des humains censés être civilisés ?
– Je sais pas, moi !
– L’arrivée dans ces histoires se fait toujours “in medias res”, il y a donc aussi toujours une quête du sens , donc, comment en est-on arrivé là ?
– Je sais pas, moi !
– Qui est qui ?
– Je sais pas, moi !
– Qu’est la main invisible à l’origine de cette situation exotique (complot politique, expérience scientifique, phénomène religieux, catastrophe naturelle) ?
– Je sais pas, moi !
Je pose toutes ces questions, alors que je continue d’avancer à reculons droit devant moi vers un destin incertain…, c’est un jour à rester chez soi par ce froid d’été caniculaire…
La mégalopole tentaculaire étend ses gratte-ciels vers le ciel gris…, dans un silence presque parfait, des véhicules se croisent à une vitesse suicidaire entre les tours de verre organique et d’acier intelligent, emplies de matériel humain conforme et qualifié…, plus bas, dans les rues bitumées aux revêtements craquelés, se hasardent quelques piétons, perdus dans l’ombre des gigantesques tours anonymes pointant vers d’autres mondes, sans doute pires…
Diane ma voisine qui a vécu sur l’ile de Pâques durant la période de Noël un 31 février d’une année bisex-tille indéterrminée, avance rapidement, jetant un regard par-dessus son épaule de temps à autre pour mieux me voir devant elle…, au ras du sol, les rues ne sont pas sûres, mais le passage est gratuit.
– Je n’ai nulle envie, n’insistez pas…
– Il n’y a que vous pour m’aider…
– Il vous suffit de voir, c’est clichés, photos, comme cinéma, avec une fausse Lamborghini dans un décor pourrave, nul mais coloré…
– J’aime !
– Fi donc des robots-moissonneuses-batteuses et de cette Countach lookée comme une prostituée de Tijuana ; c’est une bagnole de bourrins (mais pas que) et les connaisseurs de l’univers global vont la conspuer les yeux fermés…, vous en êtes à vous prosterner en quémandant ma sollicitude plombée et plombante, vous n’êtes qu’une vile baratineuse opportuniste qui croit qu’il suffit de déclamer des sentences percluses de prétention et de montrer vos seins pour m’amadouer…
– Pour vaincre la peur, vous devez vous fondre en elle…
Et encore, des conneries…, il y a de plus en plus de folles et de fous furieux de la fonte, accrocs aux anabolisants et à la protéine en poudre, aux maillots sans manche et au fitness à gogo…, avec deux neurones au compteur qui, soudain, décident de s’improviser n’importe qui d’autre….
Je laisse de côté les détails sordides (enfin presque) pour me concentrer sur les dérives sanglantes et pathétiques des décérébrés obsédés par les rêves de pacotille où il faut tout avoir…, avoir le fric à flots, avoir la baraque cinq étoiles, la coke à volonté, la Lamborghini Countach, une bimbo en string dans son lit et une super tondeuse à gazon….
Sauf que derrière le cool assumé, le style clinquant et le fun débridé si caractéristiques, le monde réel affiche un constat assez terrible sur la bêtise humaine, car même les victimes sont exécrables, de la vendeuse de frites irascible et imbuvable au couple beauf blindé de thunes…, la tentation consumériste et l’appât du gain, avec la chaise électrique comme point final.
Rien de nouveau rétorquerons les pisse-froid, mais alors ne parlons plus de rien sous prétexte que tout a déjà été dit, plutôt que de se la péter moraliste docte et grave, je préfère balancer la sauce sans jamais me soucier des convenances, mon approche est souvent risible et caricaturale des faits, et pour cette façon inimitable que j’ai de confronter, de me coltiner la si vibrante vulgarité des gens, fussent-ils milliadaires, pour cela donc, je pense mériter mieux que les sempiternels griefs et poncifs qu’on me colle au cul depuis des lustres (clippesque, grossier, tapageur…).
Moi quand je suis saoul…
Je mets bout à bout…
Mes couplets-refrains…
Et quand on titube…
On écrit des tubes…
Avec mes copains…
Moi quand je suis saoul…
Dans l’ébriété…
C’est là qu’on s’entend…
Sur la belle idée…
De se dire qu’on est…
Bourré de talent…
Il faudra bien à un moment comprendre que je ne fais pas dans le premier degré ni la dentelle, mais bien dans le dixième quand je m’amuse des clichés de manière totalement décomplexée…, comprenez que je critique souvent une Amérique dont les convictions et les désirs ne sont que des chimères, perdues dans des emblèmes représentatifs que je n’hésite jamais à me servir jusqu’à la lie : jolies filles, dollars et voitures rutilantes, une Amérique basse du front obnubilée par l’argent et la gloire, le patriotisme et les armes… et que je le fais surtout sans me prendre au sérieux, avec une énergie et un plaisir fou !
Oui, j’en fais des tonnes, grossit le trait, force le mauvais goût, mais c’est pour mieux m’en contrefoutre finalement.
GatsbyOnline est du pur concentré qui n’inversera aucune tendance : ceux qui le conchient continueront à le conchier à nouveau, ceux qui lui trouvent des excuses lui en trouveront davantage… et ceux qui le défendent le défendront encore plus, même si parfois j’accuse un coup de mou…, c’est que je suis en milieu de parcours, mais en en roue libre…, entre grand n’importe quoi, carnage outrancier et délire foireux, mais je sais globalement tenir un rythme qu’on dirait sous stéroïdes pour canarder les utopies criardes dans un joyeux bordel qui parfois oublie toute notion de subtilité… et ça fait plutôt du bien.
Ceci écrit, la Lamborghini Countach est un bel objet, mais c’est une merde roulante…, j’en ai eu quelques-unes, entre autres, alors si vous n’êtes pas d’accord, sortez vos clés…
In medias res (du latin signifiant littéralement Au milieu des choses) est un procédé littéraire qui consiste à placer le lecteur sans beaucoup de préalables au milieu de l’action, les événements qui précèdent n’étant relatés qu’après-coup !
Les personnages, le cadre et le conflit sont présentés de diverses façons, par exemple au moyen d’une série de retours en arrière ou bien par des personnages se racontant entre eux des événements passés.
Cette technique est déjà utilisée par Homère dans L’Iliade, au VIIIe siècle av. J.-C.
Au théâtre, elle permet au spectateur d’entrer dans l’histoire d’une façon plus vivante qu’avec une ou plusieurs scènes d’exposition, particulièrement quand le sujet s’avère long à expliquer, et les personnages nombreux.. ou quand comme ici il s’agit d’emballer une évidence comme une merde dans un journal merdiatique !