Je m’appelle Alik-Atzka-Piertisch Deydetalubvniksky…
Deydetalubvniksky parce que mon grand-pĂšre sâappelait Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky . CâĂ©tait un immigrĂ© armĂ©nien. Une merde. Un rien du tout. Il n’arrivait toujours pas Ă parler français aprĂšs 50 ans en France et en plus il avait oubliĂ© lâarmĂ©nien ! Tout ce quâil savait me dire, complĂštement bourrĂ©, voĂ»tĂ© devant la tĂ©lĂ©, emmitouflĂ© dans sa vieille pelisse en peau d’ours sibĂ©rien, mitĂ©e, câest : “salouparrrd, faaniant, ba a rrrien, ta ma daga !“. Jâai jamais compris ce que ça voulait dire⊠Peut-ĂȘtre une insulte en armĂ©nien ? Quand jâĂ©tais enfant, et jusquâĂ sa mort, il me terrorisait. Tout le monde avait peur de lui.
Il Ă©tait ultraviolent. Il restait toujours dans son coin sans rien dire, juste “ta ma daga !“, en crachant par terre, il fumait trois paquets de gauloises sans filtre par jour. Il ne dormait pas avec ma grand-mĂšre, il se branlait seul, c’Ă©tait meilleur que la vioque d’aprĂšs lui, il bandait encore, il avait manquĂ© de perdre sa queue pendant la guerre. Il dormait Ă part, tout seul, dans une petite piaule pourrave au dernier Ă©tage de la maison pourrave au fond de la banlieue pourrave.
Personne ne rentrait jamais dans sa piaule qui puait sur le palier, porte fermĂ©e, mais quâest-ce quâil gardait dedans ? Des peaux de chĂšvre ? Des cadavres ? Il chiait par terre ou quoi ? Il nous avait tellement menacĂ©s quâon Ă©tait tous persuadĂ©s, petits-enfants et grand-mĂšre, quâil nous tuerait si jamais on rentrait dans sa piaule pourrave, de toute façon rien que lâodeur d’antre de lâours nous terrorisait et tenait Ă distance, tout en nous fascinant, regard furtif de biais par porte entrebĂąillĂ©e vers le mystĂšre de la chambre jaune pisse caca, piting de merde…
Des fois on arrivait Ă jeter un coup dâĆil dedans : on voyait tout un bordel de vieux trucs de clochard : des bouts de carton, des France-Soir jusquâau plafond, des vieilles fringues moisies et des armes, partout des armes, des fusils, des sabres, des baĂŻonnettes⊠Le musĂ©e de la guerre de 14 ! Et pour nous c’Ă©tait “bon-papa qui pique” parce quâil ne se rasait jamais de prĂšs, “bon-papa qui pique“, câĂ©tait comme un ogre qui vous fait des bisous Ă la sortie de la messe en vous tripotant le cul ; mais qui aprĂšs Ă la maison, bourrĂ©, un jour va me dĂ©vorer si je ne suis pas sage ; et mĂȘme si je suis sage. Il fermait tout Ă clĂ© : sa piaule oĂč il dormait seul loin de ma grand-mĂšre (elle dormait Ă lâĂ©tage en dessous). Elle se vantait carrĂ©ment crĂ»ment de pas avoir fait lâamour avec lui depuis au moins 40 ans. On aurait dit que dans sa petite tĂȘte bĂȘte de poule beauffe boulette, elle voulait comme se disculper Ă nos yeux pour sâĂȘtre accouplĂ©e avec lâArmĂ©nien : Bon dâaccord, elle avait baisĂ© avec lâArmĂ©nien, mais câĂ©tait une erreur de jeunesse ; elle Ă©tait amoureuse, elle mouillait ! Bonne-maman qui mouillait ! Vous imaginez ? Elle ne recommencerait pas. De toute façon elle Ă©tait couverte de poils ; on aurait dit une boule de graisse puante poilue ; et ma pire hantise câĂ©tait quâelle mâembrasse⊠Elle adorait les bisous ! Ses baisers baveux avec cette mystĂ©rieuse tenace odeur de chatte rance câĂ©tait mon cauchemar, bien pire que les baisers virils de “bon-papa qui pique” ! Et pas moyen de nous Ă©chapper. Elle nous sautait dessus, la vioque en chaleur. Elle se pendait Ă mon cou, elle Ă©tait tellement naine que dĂ©jĂ Ă 7 ans jâĂ©tais plus grand quâelle, elle sâaccrochait, elle se frottait, et aussi, je ne sais pas pourquoi, elle larmoyait. On aurait dit que ça la rendait triste de nous embrasser, comme si elle nous considĂ©rait comme des enfantsmort-nĂ©s, agonisants, handicapĂ©s ? Et elle nous embrassait et elle pleurait et elle bavait (je me demande si elle ne se pissait pass dessus aussi ? Cela aurait expliquĂ© lâodeur louche sous le parfum, trĂšs louche. Elle Ă©tait franchement dĂ©gueulasse. Pas Ă©tonnant que bon-papa ne voulait pas la baiser ! Jâai passĂ© toute mon enfance Ă©levĂ© comme un hamster par une grand-mĂšre boule de gras puante collante sous lâodeur de faux Chanel Ă deux balles, “Chamel” ça sâappelait ; et effectivement ça puait bien la chamelle mon pull, aprĂšs que la vieille en rut Ă©ternel se soit frottĂ©e bisou-bisou beurk Ă mon cou. Et je voulais prendre une douche et changer de fringues pour Ă©chapper Ă son odeur sur moi qui me suivait partout jusque dans mon lit, oui, car jâai eu mes premiĂšres bandaisons secrĂštes nocturnes baignant dans lâodeur rance “Chamel” chamelle des bisous Ă bonne-mamanâŠ, traumatisĂ© normal ! Je voulais prendre une douche⊠Mais yâavait pas de douche. Fallait se laver tout nu, se faire frotter les couilles par la vieille avec son sale gant de toilette dans la cuisine glacĂ©e avec le vieux voĂ»tĂ© devant la tĂ©lĂ© qui clopait sans jamais rien dire Ă part un “ta ma daga !” par-ci par-lĂ (il commentait la tĂ©lĂ©Â ? il insultait sa femme ? il parlait de ma quĂ©quette recroquevillĂ©e sous lâeau glacĂ©e dans la main gantĂ©e de crin de la vieille experte ?).
Mon grand-pĂšre ne parlait jamais Ă sa femme ; il ne la regardait jamais. Il fixait lâĂ©cran tĂ©lĂ© sans arrĂȘt, sans dĂ©vier, obnubilĂ© butĂ© sur Guy Lux. On aurait dit quâil faisait semblant exprĂšs. Je parie que la tĂ©lĂ© il n’en avait rien Ă foutre : il regardait la tĂ©lĂ© comme une insulte permanente Ă ma grand-mĂšre : “ta vois salape, ja prafar ragarde la talĂ© ka toi“. La tĂ©lĂ©, on savait tous pertinemment quâil y bitait que dalle. Il ne voyait mĂȘme pas les images. Il voyait que le cadre avec une lampe au milieu. Une lampe ka faisait des couleurs ka bougeaient, ça lâhypnotisait ! En plus, il ne comprenait pas le français ; il pouvait Ă peine lire (juste regarder ?) toujours le mĂȘme vieux numĂ©ro en russe dâun journal pour immigrĂ©s tout dĂ©chirĂ©. Pourquoi donc alors quâil regardait tous les soirs “Des chiffres et des lettres” ? Pour bien nous montrer quâil avait rien Ă voir avec nous notre famille de Français de merde quâil pouvait pas saquer on lui avait fait sentir pendant 50 ans quâil Ă©tait quâune merde dâArmĂ©nien et quâil ne ferait jamais parti du clan de petits petits tout petits-bourges de vrais Français, alors maintenant il la jouait snob devant la tĂ©lĂ©, sa derniĂšre arme Ă faire mal. Les bĂątards tonton tata papy mamie avaient bavĂ© partout que ma grand-mĂšre il lâavait envoĂ»tĂ©e avec son sale charme slave et ses cheveux gominĂ©s en arriĂšre aplatis noirs de maquereau Ă grosses bagouzes, et le Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky  ils lâavaient boycottĂ©Â ; pas de NoĂ«l en famille, pas de vacances Ă la campagne, pas de cartes postales : “Ah petite salope, tu tâes maquĂ©e avec lâArmĂ©nien et ben dĂ©gage avec tes trois gosses tubards et tes gnons dans la gueule, tâes plus notâ fille !” Cette petite conne de ma grand-mĂšre, poulette provinciale naĂŻve, sâĂ©tait fait sauter Ă sa descente du train aprĂšs un verre de vodka par le sale immigrĂ© ; et il avait fallu la marier avec le monstre comme elle Ă©tait en cloque de ma mĂšre. Mais quand au mariage ils ont vu sa gueule ses maniĂšres Ă lâArmĂ©nien (il paraĂźt quâil leur a fait le plan Ă la cosaque totalement pĂ©tĂ© Ă quatre heures du mat violant sa dulcinĂ©e dans la cuisine, son voile de vierge dans la purĂ©e), jamais jamais le clan des “fils de mon fils” lâavait acceptĂ© : ignorĂ© reniĂ© mĂ©prisĂ© le Amanatöl Deydesalubvniksky par Monsieur et Madame Dupont-Lajoie, leurs vieux et leurs enfants. Les enculĂ©s de Français ! Ăa valait bien quelques “ta ma daga !” les yeux rivĂ©s sur Cloclo ! Donc il haĂŻssait sa belle-famille, puis aussi logique sa femme, ça sâĂ©tait vite dĂ©gradĂ© lâhistoire dâamour dans la chambre de bonne pourrie entre la petite salope provinciale qui voulait “vivre, profiter, rĂ©ussir” et son gigolo dâArmĂ©nien qui ne branlait rien (de toute façon il ne savait rien faire). Des fois il livrait du caviar pour Petrossian chez les riches et il mâemmenait dans la deux-chevaux camionnette. Ă lâarriĂšre je voyais Toulouse dĂ©filer Ă lâenvers dans les cahots par le hublot, accroupi entre les caisses de caviar et saumon qui puait. (Ăa ressemblait lâodeur de bonne-maman baisers pourrie de la moule.) Mais la plupart du temps il Ă©tait chĂŽmeur au temps de pas de sĂ©cu pas de rmi, et il aurait crevĂ© de faim sur le pavĂ© si yâavait pas eu la naĂŻve provinciale perdue Ă la gare et il lâavait “aidĂ©e” Ă porter sa grosse valise et trouver lâhĂŽtel ; tellement serviable et belle moustache que ça valait bien un Ă©cartage de cuisses. Mais vite lâidylle avait merdĂ© : direct il lui avait Ă©jaculĂ© ma mĂšre dans le cul, mais, bien avant quâelle soit nĂ©e, câĂ©tait dĂ©jĂ haine rancĆur pleurs malheur. Elle bossait chienne femme de mĂ©nage dans les Ă©tages bourgeois du bas ; et il zonait les cafĂ©s, rouge gauloise rouge gauloise.
Et le soir il la violait Ă la cosaque bourrĂ©, puis il lui cassait la gueule parce quâelle avait vaguement versĂ© une larme ou parlĂ© de maman ou nâimporte quel prĂ©texte. Il aurait voulu faire jardinier chez les beaux-parents mais ils avaient toujours refusĂ© quâil foute les pieds, jamais ! Et la haine en lui avait grandi.
Il avait compris que la France serait la prison dĂ©finitive oĂč il mourrait, et il se vengea sur elle, la petite boule rose française Ă sa merci ; la jeune fille qui lâavait tant aimĂ© un soir aprĂšs la gare. Et en tous deux avec le temps la haine grossit, au temps oĂč le divorce Ă©tait pire que les coups la haine les pleurs le malheur.
Mieux valait mariĂ©e Ă lâArmĂ©nien que fille mĂšre Ă lâasile pour les salopes. Donc elle encaissa 50 ans et la haine fut sans limite : il brandit le sabre, lui tailla la joue et un sein ; il chargea le fusil et tira dans le berceau, le berceau fut percĂ© mais ma mĂšre intacte tendit ses menottes vers papa, et bonne-maman parla toujours de miracle (je suis nĂ© du cul dâune miraculĂ©e ! Sans la bienveillance divine pas de Alik-Atzka-Piertisch Deydetalubvniksky, fils de Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky , Piting !!! Elle Ă©tait Ă sa merci, seule dans Paris dans les bras puissants de lâimmigrĂ©, rejetĂ©e par sa famille, Ă©puisĂ©e par les bourgeois, berçant bĂ©bĂ©, seul bonheur entre les guerres qui tuent les frĂšres, les crises Ă©conomiques ; tout ça de la bibine Ă cĂŽtĂ© de la vie dans la piaule du sixiĂšme oĂč les cris les coups les pleurs pour les voisins nâĂ©taient que du bruit.Ăaa suffit ce bruit ! Il lui cognait dessus et les voisins cognaient au plafond. Et 50 ans plus tard, moi nĂ© eux vieux, je passe les week-ends “dĂ©barrassons-nous des enfants pour aller au club dâĂ©changistes” chez “bon-papa et bonne-maman“, et je vois la haine, les coups, mais plus de pleurs. Juste des lĂšvres closes, des yeux mi-clos, des professionnels de la haine au quotidien. Depuis le temps ils savaient gĂ©rer ! Je comprenais rien mais je sentais. Quelque chose confusĂ©ment. JâĂ©tais dĂ©goĂ»tĂ© par lâodeur de malheur de la vieille et terrorisĂ© par le vieillard tueur.
Mais oĂč donc que ma grand-mĂšre elle lâavait trouvĂ© son ArmĂ©nien ? Mon grand-pĂšre Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky est nĂ© en 1900 dans la partie de lâArmĂ©nie dĂ©chiquetĂ©e entre Empire ottoman et Empire russe. Son pĂšre Ă©tait un marchand de chevaux prospĂšre (les chevaux, alors arme de guerre numĂ©ro un, se vendaient bien dans ces rĂ©gions frontaliĂšres presque toujours en guerre : on chargeait encore au sabre, cavalerie corps dâĂ©lite des armĂ©es) ; et ma foi, papa Ă Deydetalubvniksky accumulait pĂ©pĂštes dans bas de laine moujik. Deydetalubvniksky, seul fils, serait riche hĂ©ritier. Deydetalubvniksky, le fils adorĂ© adulĂ© couvĂ© par le pĂšre (mĂšre morte gĂ©nocide 1915). Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky , Ă©levĂ© par papa poule bouffeur de moujiks, Ă©tait heureux : force juvĂ©nile, beautĂ© du mĂąle dans les steppes Ă cheval, admiration des filles. Destin heureux tout tracĂ© : il vendrait des chevaux comme papa. Ca tombait bien, il adorait les chevaux. Il se marierait avec une de ses nombreuses amantes qui risquaient la mort (code dâhonneur virginitĂ© tueur) pour prendre sa grosse queue de fils de riche beau bronzĂ© bon parti dans les prĂ©s. Il se marierait avec celle de ses amantes engrossĂ©es non exĂ©cutĂ©e par son frĂšre.Celles qui le suppliaient de lâĂ©pouser sinon “mon frĂšre me tuera“, Ă coups de pieds dans le ventre gonflĂ©, il les jetait. Mais un jour passĂ© vingt ans, poussĂ© par son pĂšre, il finirait par accepter la loi le mariage lâĂąge adulte lâhĂ©ritage. Lâamante numĂ©ro 883 elle ne serait pas piĂ©tinĂ©e Ă mort dans le purin, il lâĂ©pouserait et, sauvĂ©e in extremis du martyre, heureuse et fiĂšre Ă©chappĂ©e belle, il la prendrait dans ses bras Ă la sortie de lâĂ©glise, et les moujiks beurrĂ©s danseraient sur les genoux et le pope bienveillant donnerait sa bĂ©nĂ©diction dâencens⊠Donc, en 1917, “bon-papa qui pique” Ă©tait bien barrĂ© dans la vie. Tout baignait : la santĂ©, la beautĂ©, le fric, la classe, les moules mouillĂ©es. Tout baignait pour sa bite. Mais le destin, lâHistoire, hĂ©las⊠pour bon-papa ArmĂ©nien de 1917 comme pour les Juifs de 1933⊠le destin, lâHistoire, hĂ©las⊠pour le petit enculĂ© fils Ă papa ça tourna carrĂ©ment mal : Ă Moscou câest la rĂ©volution. Tous les marchands de chevaux koulaks traĂźtres ennemis du prolĂ©tariat les bolchos les liquident. Alors Ă©videmment papa Ă Â Deydetalubvniksky ça le branche pas.
Les cocos dĂ©barquent dans les bleds, pendent les maquignons et Ă©changent les chevaux aux moujiks contre des moules. Câest le bordel la rĂ©volution. Et un jour inĂ©vitable, les cocos la tchĂ©qua toute la clique dĂ©barquent : ils encerclent, ils rassemblent, tous les habitants sur la place devant lâĂ©glise de bois, hommes femmes enfants vieillards chiens. Un chien favori qui piaille dĂšs le dĂ©but est abattu ; ça jette un froid. Un gentil chien que tout le monde aimait et tous se regardent inquiets. Ils gueulent Ă droite les moujiks Ă gauche les riches. Pour les riches le tour est vite fait : yâa que mon arriĂšre-grand-pĂšre, sa fille et le pope (riche ça voulait juste dire pas crever de faim). Tous les moujiks se jettent en tas Ă droite Ă gauche des mitrailleuses. Y savent pas oĂč câest la droite la gauche les riches les pauvres ! Câest Ă qui le plus vite le plus veule revendiquera sa misĂšre, son infĂ©rioritĂ© ça vaut mieux. Et au centre de la place comme des cons restent le vieux et sa fille. Le pope lui il est dĂ©jĂ Ă genoux devant le chef coco, en train de le supplier comme Dieu le matin. Pan il prend une balle et les moujiks se signent. Furieux le chef coco, de voir les moujiks se signer, leur envoie une rafale mitraillette et dans le tas cent crĂšvent ; mais il en reste encore plein qui pleurent bavent Ă genoux devant le chef coco qui sây croit icĂŽne tsar. Alors chef coco vers arriĂšre-bon-papa son regard pleins phares. Le sous-chef du futur rencontre le sous-chef du passĂ© et câest un instant calme de comprĂ©hension mutuelle. Il y a toujours un perdant un gagnant ; on est entre gens qui savent comment ça marche⊠ArriĂšre-bon-papa rĂ©flĂ©chit Ă trĂšs vite Ă lâheure ; il pense corruption combien de pognon, combien de chevaux, combien de femmes ?
– “Tout le pognon, tous les chevaux, toutes les femmes + ta peau : le Bien câest cher”. Alors il comprend câest foutu, il pousse sa fille au loin (pas quâil y croie, juste le geste mĂ©lodrame), genre “toi sauve-toi, moi je reste seul face Ă la mort“. Ăvidemment sur mon arriĂšre-grand-tante Ă©ternelle enfant le chef coco porte ses couilles dâĆil. Et nue ils la mirent devant le pĂšre et le peuple. Chacun regarde et garde ses pensĂ©es inavouables. Et câest le viol les chiens devant tĂ©moins, la premiĂšre leçon de catĂ©chisme coco : le chef coco sort sa queue et devant le peuple rĂ©uni insĂ©mine la vierge avant de la donner Ă manger Ă MĂ©dor (dialectique). Que pensa arriĂšre-bon-papa quand sa fille sous ses yeux sa moustache en paille de fer, fut violĂ©e dĂ©chiquetĂ©e gĂąchĂ©e ? Quinze ans dâamour pour ça⊠(je tâaime tata Ă©ternellement jeune). Tandis que le chien grogne les intestins de lâenfant chĂ©rie dans les pieds des pauvres, chef coco gueule en russe.
Les moujiks comprennent pas le russe mais ils comprennent que câest le moment ou jamais de se dĂ©fouler. “Toi pas comprendre ? Chef coco toi montrer. Ca caillou ça koulak, caillou koulak caillou koulak, toi compris ?” Oui oui moujik compris ! Et tous femmes enfants vieillards prennent les cailloux et lynchent arriĂšre-bon-papa Ă qui mieux mieux. Ils se disputent les plus grosses pierres sous lâĆil attendri satisfait de chef coco ; justice est faite. Toute la nuit, tandis quâau clocher en feu pendent le pope et arriĂšre-bon-papa, le chien grogne rogne les os de tata Ă©ternelle jeunesse. Pendant ce temps Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky cavale dans les steppes, heureux, loin de la rĂ©volution derriĂšre les Juives amoureuses terrorisĂ©es fuyant vers le sous-bois propice au viol ; et au loin beugle la synagogue quand il jouit. Et elle lui dit : “Mon chĂ©ri tu sais ton pĂšre ta sĆur⊔ – “Quoi mon pĂšre ma sĆur” ? Fou de rage il piĂ©tine son ventre pourtant plat et part vers sa vengeance. Toute la nuit il rampe autour des rouges. Il voit la yourte en feu, les cocos beuverie dans la cour branlant les chevaux sodomie servante collabo. Papa au clocher nu grince ; le chien joue avec la chatte sĆurette. Sabre Ă la main rampant comme Makhno, jusquâĂ lâĂ©table oĂč ronflait chef coco couchĂ© sur servante bourrin dans le culâŠÂ La haine aiguise le sabre. Et le matin les moujiks facilement Ă©merveillĂ©s, virent au clocher pointu plantĂ©e la tĂȘte Ă coco ; et tous surent que LĂ©nine comme Dieu dĂ©sormais rĂ©gnait au sommet du clocher. Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky était dĂ©jĂ loin sur le chemin sanglant vers Denikine, les Cosaques⊠Et en chemin, cavalant la steppe brĂ»lĂ©e et les rĂ©fugiĂ©s lui remontait il y a longtemps 1915. Deydetalubvniksky enfant, si jeune, se souvenait Ă peine. Maman Ă©ventrĂ©e, frĂ©rot fĆtus pendouillant dans sa tripe merde sang sur le carrelage de la premiĂšre maison. 1915 lĂ -bas trĂšs loin Ă lâest.
Les Turcs Ă©taient venus, ils avaient tout massacrĂ©, les ArmĂ©niens, le chien, les chevaux, maman, frĂ©rot fĆtus. Deydetalubvniksky si jeune ne se souvient de rien, sauf maman frĂ©rot dans tripe caca sang sur le carrelage ; et la steppe brĂ»lĂ©e les rĂ©fugiĂ©s. Comme aujourdâhui 1917. Ă nouveau il fuit, mais cette fois seul.
DeuxiĂšme massacre a pris ceux qui restaient. 1915 maman frĂ©rot, 1917 papa sĆurette. Il fuit, Deydetalubvniksky seul rescapĂ©, enfin seul. Bon dĂ©barras les vieux devoir destin la nation. Il est libre, plein de jeune fougueuse haine, il bande. Il tient un prĂ©texte qui le tient : vengeance. Il se sent bien. Il ne sâest jamais senti aussi bien, aussi fort, aussi dĂ©barrassĂ©, que sur la piste steppe brĂ»lĂ©e rĂ©fugiĂ©s qui le mĂšne vers DĂ©nikine, chef des Cosaques, le matin du pogrom. Il avait enfin un bon vrai incontestable prĂ©texte (tripe merde sang papa maman frĂ©rot sĆurette) ; il pouvait tuer tant quâil voulait. Il avait le droit ; il se vengeait. Vengeance ! Le but sans but qui le tenait il le tenait. Tout venger : venger tripe merde sang papa maman frĂ©rot sĆurette⊠mais aussi fleur Ă©pice femme ami pourquoi pas ? Ca aussi tripe merde sang mĂ©langĂ© ; il suffit dâĂ©craser. Tout sâĂ©crase, tout se mĂ©lange, tout est inclus. Dans sa tĂȘte tout se mĂ©lange, sĂšche et durcit. Il est bien accueilli. Tous les rescapĂ©s solitaires zombies sont bienvenus chez les Blancs. Ils feront lâaffaire tueurs. Cavalier il sera Cosaque. Il a le sabre le cheval la fourrure la moustache la queue, et la haine. Une authentique haine dâArmĂ©nien 1915+1917. AssoiffĂ© de vengeance tripe caca sang, Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky sabre au clair fera lâaffaire. Nâimporte quel sang fera lâaffaire. Papa maman frĂ©rot sĆurette, tripes caca sang. Ils nâĂ©taient pas moins coupables que les autres. Sâils avaient Ă©tĂ© les autres ils auraient fait comme les autres. Et moi Alik-Atzka-Piertisch Deydetalubvniksky, fils de Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky, maintenant je suis lâautre Ă cheval qui surgit dans les villages et tous pleurent supplient. Je suis vous et vous ĂȘtes eux ; chacun son tour tripe caca sang. JâĂ©crase, je mĂ©lange vos tripes votre merde votre sang comme papa maman frĂ©rot sĆurette tripes caca sang.
Je verse le sang sur la steppe et je la brĂ»le. Mais la steppe boira-t-elle le sang et acceptera-t-elle ton offrande, Deydetalubvniksky ? Je vois partout des flaques de sang refusĂ©es par la terre Ă©cĆurĂ©e et des fleurs dans la cendre. Est-ce bon signe des flaques de sang qui reflĂštent joliment le ciel et des fleurs mignonnettes quand on tue ? Mais “bon-papa qui pique” nâa pas le temps de douter, trop occupĂ© Ă massacrer pogromer brĂ»ler violer. Il les couilles pleines, de la viande volĂ©e chaude faisandĂ©e sous la selle quand il rentre dans les villages au galop et enlĂšve les filles. Il se penche sur la selle, les soulĂšve les enlĂšve les viole, les aime et les laisse Ă©ventrĂ©es dans la steppe. En souvenir dâune petite salope armĂ©nienne il la tripe caca sang (rien Ă voir avec papa maman frĂ©rot sĆurette ; ce nâest quâun prĂ©texte). Combien de moujiks bourgeois juifs hors catĂ©gorie rĂȘves as-tu empalĂ©s sabrĂ©s entre la mer de CrimĂ©e et Moscou, bon-papa ? Ta traĂźnĂ©e tripes caca sang cosaque me trouble mâexcite mâattire. Combien de moujiks bourgeois juifs hors catĂ©gorie rĂȘves empalĂ©s sabrĂ©s, bon-papa ?
Es-tu un hĂ©ros ? Un exemple ? LâaĂŻeul dernier fil qui me relie aux temps barbares gloire. Cosaques blancs de DĂ©nikine 1918 ; 10 000 kilomĂštres tripes caca sang entre CrimĂ©e et Moscou. Ce fut la derniĂšre charge hĂ©roĂŻque des anciens fous sabreurs face aux mitrailleuses modernitĂ©. Ă lâancienne, ils brĂ»lĂšrent bĂ©tail maisons dĂ©mons hommes pĂȘle-mĂȘle ; pas de pitiĂ© pas de tri. Sauf si, par-ci par-lĂ , une petite salope Ă©pargnĂ©e, laissĂ©e nue debout tremblante spermĂ©e au milieu des maisons champs en feu tripes caca sang papa maman frĂ©rot. LaissĂ©e lĂ , Ă©pargnĂ©e, pour rien, comme ça, pas par pitiĂ©, juste sa beautĂ©. La beautĂ© du tableau ex-vierge nue parmi maisons champs en feu tripes caca sang ; ça vaut le coup dâĆil quand on se retourne. Ah ! On sâen souvient encore au fond de la Russie 1999, les vieilles, ex-vierges Ă©pargnĂ©es, de ta cavalcade hĂ©roĂŻque “bon-papa qui pique” ! Franchement tu piquais grave de grave !
Jâai rencontrĂ© Ă Toulouse vers 1985 une vieille trĂšs vieille Juive (ton Ăąge bon-papa, si le cancer ne tâavait pas). Elle yiddisho-français radotait “le Cosaque est passĂ© (1918)“. Papa maman frĂ©rot tripes caca sang⊠puis sâĂ©tait penchĂ©, moustaches viande faisandĂ©e sous la selle couilles pleines, et lâavait traĂźnĂ©e par ses nattes blondes jusquâau fond du champ bord de la steppe. Il lâavait prise (frappĂ©e Ă quoi bon Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky je tâaime), et Dieu sait pourquoi (fatiguĂ© de sabrer ? juste pour la beautĂ© ?), abandonnĂ©e en vie enceinte dans la steppe en feu. Plus tard elle avait portĂ© jusquâĂ Toulouse sud du nord lâenfant du Cosaque comme un prĂ©cieux don du feu. Et maintenant toujours encore jusquâĂ la fin, elle radota “le Cosaque, il Ă©tait si beau“. Elle lâaimait encore entre ses cuisses ridĂ©es. Sa chatte mouillait miraculeusement pour lâimage de lâhomme faisandĂ©. Alors je me demande, Ă©tait-ce toi “bon-papa qui pique“, qui elle lui en 1918, sur ta route de tripes caca sang entre CrimĂ©e et Moscou ? AprĂšs tout câest possible, car tous Rouges Blancs Juifs hors catĂ©gorie survivants finirent en France en 1920 une fois la steppe brĂ»lĂ©e gorgĂ©e de sang, Ă©cĆurĂ©e au point de laisser des flaques. En France parce que Makhno, les partisans ukrainiens, les bolchos, finirent par vous baiser. Comment est-ce possible ? Vous les Cosaques, toi lâArmĂ©nien plein de sa seule pure sainte vengeance, comment avez-vous pu cĂ©der Ă 150 km de Moscou les coupoles dâor en vue ? La neige ? Non, vous veniez de la neige. La fatigue ? Mais quelle diffĂ©rence entre 10.000 kilomĂštres et 10.150 ? Quelle diffĂ©rence entre 10.000 morts et 10.150 ? Non, vous nâavez pas Ă©tĂ© vaincus. Vous ne pouviez pas ĂȘtre vaincus battus conquis ; vous ne pouviez quâĂȘtre morts. Trop cinglĂ©s vengeurs but sans but pour calcul marchandage prisonnier dĂ©faite et mĂȘme victoire. Trop cinglĂ©s pour perdre ou gagner. Si tu as survĂ©cu, si tu as rebroussĂ© chemin Ă bride abattue et repercĂ© la steppe en sens inverse, tripes caca sang Ă lâenvers, câest que vous Ă©tiez des Cosaques, libres indisciplinĂ©s individualistes dĂ©sespĂ©rĂ©s. Vous alliez vers le but sans but (tuer la vie), sans plan sans conquĂȘte sans victoire sans dĂ©faite. Vous avez juste changĂ© dâavis. Ă 150 km de Moscou LĂ©nine la clique Ă©gorgeable ? Tâas juste changĂ© dâavis ! (Peut-ĂȘtre que tâas pensĂ© dâun coup Ă ex-vierge nue seule dans la steppe Ă lâest ?) Vous Ă©tiez trop tripes caca sang, tuer la vie, pour conquĂ©rir victoire repos. Car au repos quâaurais-tu fait ? (TĂ©lĂ© vinasse gauloises⊠autant retarder ça.) La conquĂȘte de la ville sainte communiste pour quoi faire ? Il vous suffisait dâavoir fait le chemin pĂ©lerinage tripes caca sang, lâessentiel. Vous Ă©tiez des Cosaques, des tueurs purs incapables de rien faire dâautre : tuer pour se sentir en vie, voilĂ votre vie. En vie sur les chevaux, sabre Ă la main, feu dans les yeux, charogne sous la selle. Ca vous suffisait. Aux autres la corvĂ©e la conquĂȘte la bureaucratie la gestion le profit la propriĂ©tĂ©. Et quand vous avez vu que Moscou, le faux but le prĂ©texte, allait tomber sous vos coups et quâaprĂšs vous ne seriez plus que vainqueurs repus, plus de tripes caca sang (sauf rĂ©chauffĂ©s dans lâassiette), brutalement vous avez rebroussĂ© chemin. Car cosaques vous nâĂȘtes faits que pour le chemin cavalcade calvaire. Et vous vous en ĂȘtes retournĂ©s pour parfaire le chemin de souffrance dans la steppe. Les rares survivants, les ex-vierges nues, vous les avez changĂ©s en croix blanches dâos, souvenirs de votre gloire passagĂšre, derniers des Huns. Bravo “bon-papa qui pique” et tes potes ! 20.000 bornes aller-retour de pogroms sans discrimination toutes races tous peuples toutes classes confondues, et toujours la moustache fringante et les couilles rechargĂ©es Ă chaque Ă©tape, mĂȘme pour une vieille sĂšche au retour quand la vierge se faisait rare. Vous fĂ»tes les derniers Huns pourfendeurs dâhommes, tueurs dâhommes purement et simplement, pour Ă©radiquer lâengeance et voilĂ tout. Comme tu me fais peur et comme je te comprends, planquĂ© frustrĂ©, “bon-papa qui pique” ! Venger papamamanfrĂ©rot sĆurette tu tâen foutais Ă©videmment : tu les haĂŻssais ! Tâas fait ça gratuit avec tes potes pour tâĂ©clater, dĂ©penser la vie, lâĂ©craser la mĂ©langer, brĂ»ler la steppe ton pays pour rĂ©gĂ©nerer. Et effectivement aujourdâhui la steppe est Ă nouveau pleine de virginettes jeunettes et de poussettes forĂȘttes. Mais combien comprennent, parmi ces Ukrainiens Russes ArmĂ©niens moujiks Ă walkman, que câest grĂące Ă bon-papa et ses potes qui brĂ»lĂšrent le vieux monde pour que pousse le nouveau, afin que nous puissions le brĂ»ler Ă notre tour. Et 1919, Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky et ses potes, mĂȘme pas fatiguĂ©s, vous vous ĂȘtes embarquĂ©s pour la France en rigolant de vos exploits et de la gueule dĂ©faite des gĂ©nĂ©raux et des bourgeois bouffis déçus que vous nâayez que tripes caca sang et pas reconquis les esclaves haciendas etc. Mais ils vous prenaient pour des cons ces cons ! Il croyaient que “bon-papa qui pique“, ArmĂ©nien survivant pogroms purges, vengeur du rien au but sans but, allait cavaler de CrimĂ©e Ă Moscou pour rendre Ă Saint Patron sa maison et ses ronds ? Oh non les cons ! Ha, ha, ha ! Et tu as embarquĂ© pour la France profonde du cul avec le sauf-conduit complice français. Cosaque blanc alliĂ© koulak capitaliste anticommuniste⊠merde, tu le mĂ©ritais bien le sauf-conduit ! Et Ă toi Toulouse du sud, vu qu’y a pas de Toulouse au nord ; la belle vie tu croyaisâŠ
Ă Toulouse, Deydetalubvniksky rencontra le terrible ennemi qui abat les guerriers, les Huns. Le vicieux lâexpĂ©rimentĂ©, tâattendait. Français, deux mille ans dâesclavage servage christianage, tu pouvais redouter, mais trop de force Ă lâarrivĂ©e Marseille dans tes couilles moustaches pour douter. Il est pourtant redoutable le vicieux expĂ©rimentĂ© patient recycleur de Huns et autres Cosaques en clochards inoffensives Ă©paves Ă vinasse gauloises sans filtre devant sa tĂ©lĂ©. Câest ce jour lĂ que tout a merdĂ© pour toi. Le jour oĂč tu tâes embarquĂ© pour Toulouse du sud. Tu quittais la steppe, en montant sur le pont, pour les rues, les piaules, les papiers ; vie pourrie confinĂ©e puante, tchĂ©ka des petits tout petits bourgeois rats. Dans la steppe tu Ă©tais roi bon-papa. Tu rĂ©gnais sans camp sans patrie sur tes crimes. Ton royaume tripes caca sang allait de CrimĂ©e Ă Moscou, et partout selon ton humeur tes mĂ©faits. LĂ oĂč tu laissais ta trace tripe caca sang tu Ă©tais chez toi. Partout chez toi donc et libre au pays des pogroms et 10 millions de morts. Mais lĂ , 1920 la France douane, petites moustaches Ă la Hitler des bons bons-papas français, toi tâas lâair de quoi avec ta grosse moustache ? Ici un Cosaque a lâair dâun con. Le premier soir certes tu dis “merci la France” quand bordel tu baises la chaude-pisse. Dans moule parfumĂ©e, tâes bourrĂ©. Valse champagne ha ha ha !, ça te change de vodka cris des morts. Et tu tâamuses. Mais le tourisme ne dure quâune nuit. Le lendemain nu plus de kopecks, mĂ©daillon dâor Ă maman Ă©changĂ© contre salope bretonne, tâas lâair bien clodo le Cosaque dâun coup. Sans ton sabre ton cheval (et mĂȘme avec ton sabre ton cheval ; cirque de Moscou !) tâes dĂ©finitivement une merde bon-papa au pays libertĂ© Ă©galitĂ© fraternitĂ©. Et dĂ©jĂ (lendemain matin) tu traĂźnes. Tu vois les Russes blancs les vrais les bourges les Petrossian qui font la queue devant la banque… Tu nâas pas de compte Ă la banque ? Alors dĂ©gage ! DĂ©dale de rues⊠tu ne penses dĂ©jĂ quâĂ tâĂ©chapper. Tu sens venir vinasse gauloises sans filtre tĂ©lĂ© ! Mais oĂč aller ? Apatride pas de papier, la France droit dâasile droits de lâhomme tâa pris Ă son piĂšge sucrĂ©. Ils ne veulent pas bien sĂ»r tâaider ; ils veulent utiliser ta haine tripes caca sang pour faire Ă leur place les guerres coloniales quâils nâont pas les couilles (deux mille ans dâesclavage servage christianage, ça dĂ©couille, maisça ne coupe pass calcul pognon etc.). Le deal français pour toi câest ça : Tâes un Cosaque de merde dans la merde. Tâas pas de papiers au pays des papiers,tu ne peux pass retourner dans la steppe des tueurs bolchos, tâas pas le choix. Pour continuer Ă vivre tripes caca sang, la France tâoffre, grandeur magnanimitĂ©, le Maroc, lâAlgĂ©rie, lâIndochine, paquet de tripes caca sang pour toi Cosaque. Et comme, couilles trop pleines, barbe trop paille de fer, tu ne veux pas crever dans la ville clodo, tu vas signer connard coincĂ© : cinq ans tripes caca sang mais tâen feras quinze. Juste avant midi tu vas au Bureau de la LĂ©gion et tu tâengages avec ton pote bourrĂ© de bordel. Clodo boulot, trop la honte. Vous prĂ©fĂ©rez encore tripes caca sang. Vous tripiez caca sang pour les Blancs, dĂ©sormais vous triperez caca sang pour les Français. Au fond pas de diffĂ©rence : sabre cosaque ou baĂŻonnette française, tripes caca sang toujours la mĂȘme odeur. Montagnes dĂ©serts jungles, Noirs Jaunes Arabes, vous triperez caca sang partout tout. Comme câest bizarre ! Cosaque caca sang dĂ©sormais va bosser pour Monsieur Français, Ă©tripeur au Maroc comme jardinier Ă Passy. Et ainsi, novembre 1920, Ă peine deux jours aprĂšs Paris bordel, te voici Saliovitich-Oulma-Amanatöl Deydetalubvniksky à Marseille, attente du bateau, vers les Arabes Ă tuer. Tuer les Arabes, que tâimporte ? 1915, tu as vu maman-frĂ©rot Ă©ventrĂ©s et ils chantaient. 1917, tu as vu papa-sĆurette Ă©cartelĂ©s brĂ»lĂ©s et ils chantaient. Maintenant tu chantes Ă Tanger, et tu vas vers le Rif Ils tâavaient dit, les enculĂ©s de Français, cinq ans dans la lĂ©gion tripes caca sang, et Ă toi les papiers français, la libertĂ©. Les enculĂ©s ! Tâas fait cinq ans, 10.000 morts, des tripes pourries plein le Rif et le chef il a dit : “les papiers français ? la libertĂ©Â ?” et tâas dĂ» faire encore cinq ans et encore cinq ans. Quâest-ce que tu pouvais faire dâautre ? Apatride armĂ©nien clochard sans papiers sans fric sans famille sans sabre ? Ils tâont bien baisĂ© ta gueule, ta vie ! 15 ans de lĂ©gion tâas fait. CâĂ©tait lâĂ©cole prĂ©paratoire Ă clochard : tu te croyais toujours Cosaque tripes caca sang⊠tripes caca sang oui mais Cosaque non. Garde-Ă -vous garde-Ă -vous garde-Ă -vous. Quinze ans dâarmĂ©e française ce nâest pas un an Ă galoper dans la steppe. Ăa te casse net dĂ©finitif jour aprĂšs jour, en pente droit direct vers clodo clopes gros rouge tĂ©lĂ©.Moi j’men tape le coquillard, j’ai r’trouvĂ© tes Ă©conomies en dollars dans ton matelas dans ta petite piaule pourrave au dernier Ă©tage de la maison pourrave au fond de la banlieue pourrave. Personne ne rentrait jamais dans ta piaule qui puait sur le palier, porte fermĂ©e ! Mais quâest-ce quâil gardait dedans ? Des peaux de chĂšvre ? Des cadavres ? Il chiait par terre ou quoi ? Ben non tu y cachais tes Ă©conomies ! J’ai direct achetĂ© la Cadillac de mes rĂȘves.. A ta santĂ© !…