L’empathie…
Ça tire des larmes, là…, pour de vrai !
Ma vie a changé lorsque j’avais vingt et quelques ans, sans doute vingt-cinq, pas trente parce qu’alors j’étais définitivement autre, quoique….
Avant j’étais chasseur, j’avais des armes, dont un fusil, plutôt une carabine, je ne sais plus vraiment sauf qu’elle était équipée d’une lunette de visée qui grossissait les cibles…
Un jour, observant deux pigeons, m’a pris l’envie de faire un carton.
C’était facile, ils roucoulaient d’amour en me regardant.
Pan !
L’un des deux est tombé.
L’autre s’est mis à pousser des cris, à voleter, puis s’est posé sur l’autre en le protégeant de ses ailes…
Ce spectacle m’a fait instantanément quitter le moi-même stupide que j’étais.
Je me suis approché, assis à coté des pigeons…
On croirait, comme ça qu’un pigeon c’est bête puisque c’est une bête, qui vole, qui roucoule qui marche en dandinant de la tête…
En fait, non; j’ai vu là que mon geste avait causé un drame et une souffrance atroce que plus rien n’effacerait jamais.
Le pire était que “mon” pigeon cible bougeait encore…
Ils se disaient quelque chose que j’ai compris puisque j’en ai eu quelques larmes.
C’était un calvaire qui semblait infini que de le savoir mourir si longuement, à la frontière entre l’envie de survivre un instant pour échanger quelques caresses, signes et langage de quand la vie est pleine… et l’envie de ne plus subir la souffrance, l’handicap, l’attente d’une mort qui d’un coup plonge dans le rien et l’autre dans le vague…
En général, la mort fait que l’on devient plus attentif à la vie !
Ce jour là j’ai cassé mon fusil, brisé, plié, en miette.
Et j’ai revendu toutes les armes que j’avais dans les jours suivants.
Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant…
Ce pigeon est toujours dans ma tête, ça fait 40 ans environ qu’il tourbillonne et roucoule, volette et me fait regarder les autres différemment…
Pas assez…
Il y a 8 ans d’ici, j’ai écrasé un petit lapin…
Drame aussi, j’en ai fait un texte Mort d’un petit lapin……
Petit lapin et “mon” pigeon sont là pour me rappeler combien on peut être stupide d’aller trop vite sans se préoccuper, de s’amuser à tirer sur ceux qu’on ne comprends pas…
Et ça me hante souvent, je pense que je mourrais avec leurs images en tête, et le pire c’est que je n’ai jamais su quoi faire pour arranger ce que j’avais ainsi dérangé dans leurs vies.
La conscience de la mort nous incite à vivre davantage !
La folie, c’est l’incapacité de communiquer ses idées…, il n’y a pas de séparation entre la vie quotidienne et la vie de l’esprit.
Elles sont une seule et même chose.
L’alchimie est la projection dans le monde matériel de tous les concepts spirituels.
Pas uniquement un travail de laboratoire, mais également cette alchimie intérieure, personnelle, dont le laboratoire devient alors notre vie elle-même.
Si nous sommes fidèles à notre “Légende Personnelle”, le monde entier change et les choses que nous touchons se changent également en or philosophal.
Un or différent, naturellement, de l’or matériel.
Des quatre clés fondamentales de cet art de voir et vivre la vie plus intensément, la première est livrée par les signes du grand livre de la nature, dans ce que nous en déchiffrons.
La seconde, c’est l’âme du monde, nos actions qui ont toutes une correspondance, une relation très claire, spirituellement écologique, dans laquelle chacun de nos agissements a un effet sur l’ensemble du processus humain, exactement comme dans l’écosystème terrestre.
La troisième clé, c’est le cheminement qui nous permet de créer une positivité, une chose à faire, pas deux ni trois…, une seule suffit pour aider en une positivité même si nous ne pouvons empêcher diverses négativités, pour autant que la balance aille vers une positivité.
La quatrième clé, enfin, c’est le langage du cœur, s’accomplir, harmoniser la voix de sa raison qui se manifeste à nous par les sentiments et l’intuition.
Ce sont des choses concrètes !
Qu’y a-t-il de plus réel dans notre vie que ce que nous ressentons ?..
Ces quatre clés sont à notre vie ce que les quatre principes fondamentaux sont à l’alchimie de laboratoire.
Il ne s’agit plus là d’ésotérisme, mais d’une loi commune d’évolution qui vaut pour tous et est accessible à tous.
Si la seule issue actuelle pour l’humanité est de changer, ce changement s’opère toujours de façon individuelle, par une alchimie de cette nature.
Si on parvient à écoutez son cœur battre et à comprendre le sens de la vie, sans préjugés imbéciles ni croyances en des dieux qui ne sont que nos hantises personnelles, on sait précisément ce qu’on a à faire.
Le silence n’équivaut pas toujours à un assentiment : en général, il révèle simplement l’incapacité des gens à réagir sur le coup…
Enfant, nous avons tous su…, mais parce que nous avons peur d’être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n’écoutons plus, nous ne voyons plus.
Moi-même, j’ai essayé de nombreuses fois d’être Quelqu’un d’autre, complètement différent de moi-même.
Parce que j’étais conditionné par la folie des autres enseignée de force via des préceptes religieux et soi-disant moraux ne visant en réalité qu’à l’abrutissement des masses…
Tous mes rêves d’enfant, je les ai placé dans la magie de l’écriture, jusqu’à en être poursuivi parce que je gênais, parce que j’étais politiquement incorrect, irrévérencieux, anti-clérical, antisémite, anti-ordre établi, sans dieux ni maîtres…
La vie m’a poussé à faire mille autres choses, comme journaliste, directeur de publicité, jusqu’à collectionner des vieilles voitures américaines peu avant de découvrir que l’Amérique n’était qu’un décor en carton-pâte comme Hollywood avec des gens abrutis de suffisance et nageant dans la crétinerie inculquée de force dans une éducation pré-formatrice, formatée et castratrice…
Pourtant, j’ai fini par entendre puis par écouter, le pigeon que j’ai stupidement tué m’y a aidé, le petit lapin me l’a rappelé…
Beaucoup de gens ont renoncé à vivre, ils ne s’ennuient pas, ils ne pleurent pas, ils se contentent d’attendre que le temps passe…, ils n’ont pas accepté les défis de la vie et elle ne les défie plus !
Maintenant je pense reconnaître les signes, j’ai repris contact avec l’âme du monde et j’ai finalement rejoint ma légende personnelle.
La preuve est que beaucoup me haïssent de ma liberté de pensée…, car, excepté quelques cas pathologiques graves, les gens deviennent fous quand ils essaient d’échapper à la routine !
Même si nous nous sommes écartés de notre rêve au sortir de l’adolescence parce que nous avons cru qu’il ne résistait pas à ce que nous découvrions alors : ce que l’on appelle les “dures réalités de la vie”.
Et même ce qu’on vit alors ; ces épreuves, cette dureté… sont comme des pierres qui aiguisent le fil de la pensée. La vie apporte les combats nécessaires pour avoir la maturité d’assumer plus tard de manière responsable son destin, d’utiliser avec profit ce qu’on a compris.
Celui qui se met en quête de sa légende personnelle s’aperçoit vite qu’il n’a pas effectué un choix confortable, cette prise de conscience crée plus de problèmes qu’elle n’en résout…
Au moins dans un premier temps.
Le vrai Maître, c’est la vie : le feu rouge qui passe au vert au moment où on envisage telle chose…et qu’une personne vous rapporte au moment où le soleil se cache…
L’homme a tendance à toujours voir le présent comme la pire des époques, il n’y a pourtant pas plus d’horreurs qu’avant, nous en sommes simplement plus conscients… et nous sommes de plus en plus nombreux à en être plus conscients…, l’Apocalypse est perpétuelle car elle est individuelle.
Le vrai signe encourageant réside dans cette révolution intérieure individuelle qui s’affirme en un nombre croissant de personnes.
C’est comme dans ces réactions chimiques qu’on faisait au lycée : vous ajoutez goutte après goutte et vous avez l’impression que rien ne change dans la masse du liquide.
Et puis une Nième goutte se dissout et tout bascule soudain…
Plus que la faim, la soif, le chômage, la souffrance d’amour, le désespoir de la défaite, le pire de tout, c’est de sentir que personne, mais absolument personne en ce monde, ne s’intéresse à nous.
Mais, ce qui peut sauver du pire c’est de savoir que de toutes les armes de destruction inventées par l’homme, les plus terribles (et les plus puissantes) sont la parole et l’écrit.
Une étymologie étonnante, le dictionnaire “Le petit Robert” définit “Empathie” comme suit : Em = “dedans” et pathie = “ce qu’on éprouve” : Faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent.
La définition du dictionnaire de psychologie “Doron-Parot” est plus complète : L’empathie consiste à saisir avec autant d’exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d’une autre personne et à les comprendre comme si l’on était cette autre personne…
C’est justement ce point qui est source d’ambiguïté : “comme si l’on était cette autre personne”.
L’empathie est prônée par de nombreux spécialistes de l’aide et de la communication.
Pourtant, dans le même temps, ces mêmes professionnels de la communication invitent souvent à trouver la bonne distance, à ne pas trop s’impliquer, à ne pas mettre d’affectivité.
Ceci nous donne un ensemble d’informations ambiguës car contradictoires !
Se mettre à la place de l’autre génère forcément de l’affectivité !
Garder ses distances conduit forcément à ne pas comprendre l’autre.
Cela produit des discours maladroits où l’on entend qu’il faut comprendre, écouter, humaniser (car on sent bien qu’il est urgent de progresser sur ce point), mais en même temps qu’il faut ne pas trop s’investir et garder ses distances (car il faut aussi prendre soin de soi, éviter le stress, l’attachement)…
Tout cela est un peu vrai… et aussi, en même temps, très faux.
Il s’agit de concepts mal précisés.
Même de nombreux professionnels s’y embrouillent.
Ils en ont certainement l’intuition mais cela reste confus et les ballotte dans une oscillation entre trop et trop peu…
Pour vraiment comprendre l’autre il faut se remettre en mémoire “l’illusion du miroir”…
Écouter l’autre pour se mettre à sa place (tout en restant soi-même) est un leurre.
Se mettre à la place de l’autre, ne peut permettre de le comprendre.
Cela fait penser à Narcisse qui, voyant son image se refléter dans la fontaine, croit voir une autre personne et en tombe amoureux.
Puis, dans sa stupéfaction il en oublie même de boire et meurt de soif devant sa fontaine.
Il fut alors transformé en la fleur “Narcisse” dont l’étymologie nous ramène au grec narké qui a donné narcose.
La fleur était reconnue comme pouvant endormir même les divinités (Dictionnaire Larousse de la mythologie grecque et romaine de Joël Schmidt)…
Celui qui s’adonne à l’empathie ne fait donc que du narcissisme relationnel.
Croyant accéder à une compréhension de l’autre, il ne voit que lui-même…, il ne voit qu’une image erronée de lui-même.
En effet, si plus tard il vit une situation équivalente à celle de son interlocuteur d’aujourd’hui, il vivra une expérience très différente de ce qu’il avait imaginé.
Plutôt s’ouvrir sans se mettre à la place, car se mettre à la place de l’autre est un “jeu” compliqué et dangereux.
L’autre s’y sent incompris (ça peut même le rendre agressif… ou déprimé !).
Quand à nous, nous croyons l’avoir compris et nous ne saisissons que de l’illusion…, ce qui en découlera sera donc inadapté.
En plus nous nous chargeons d’un poids qui ne nous appartient pas en tentant de “ressentir” ce que vit l’autre.
Nous pouvons faire beaucoup mieux en nous ouvrant simplement à notre interlocuteur.
Plutôt que de nous mettre à sa place, nous pouvons mettre du soin à l’entendre exprimer ce qu’il ressent, pense, ou vit à la place où il est.
En laissant notre imaginaire et nos hypothèses de côté, nous pourrons mieux le comprendre.
Notre imaginaire nous est cependant très utile pour être créatif.
Notre capacité à émettre des hypothèses nous est aussi très utile dans la résolution de problèmes…, mais à deux conditions : d’une part, avec une rigueur mathématique, nous ne devons pas confondre hypothèses et certitudes…, d’autre part avant de conclure, apprenons à lire tout l’énoncé.
Une vraie qualité d’écoute s’opère de façon active.
Il serait maladroit d’être passif et de simplement laisser parler.
Il est plus efficace d’aider notre interlocuteur à exprimer ce qu’il a à dire grâce à des questions pertinentes, sans conditions de réponse… et non indiscrètes.
Ceci amènera la précision et la concision optimum pour le plus grand bonheur de chacun.
Se préoccuper de garder la bonne distance (dans le management, dans la conduite de réunion, dans les entretiens individuels, dans l’accueil, dans l’aide et l’accompagnement, dans les soins, dans la prise en charge des personnes âgées, dans la fin de vie etc…), que de domaines concernés !
Ceux qui se préoccupent d’humaniser les rapports humains recherchent cette distance optimum un peu comme l’alchimiste recherche la pierre philosophale…, ils semblent ne jamais la trouver et ils oscillent seulement entre le trop proche et le trop loin (c’est à dire entre le copinage et l’indifférence).
Ils ne la trouvent pas car le problème de la distance et trop simple pour les esprits compliqués : La bonne distance c’est “pas de distance du tout !”.
Le zéro de la distance produit l’infini de la qualité.
Mais “distance zéro” ne signifie surtout pas “se mettre à la place”.
Car se mettre à la place, c’est aboutir à une sorte de fusion…, qui amène la confusion.
Si la bonne distance c’est pas de distance du tout, il est par contre fondamental d’être distinct, ne pas confondre proche et fusionnel !
Être distant, c’est se mettre en rupture (se couper) de son interlocuteur.
Il en résulte bien sûr qu’on ne le voit plus.
Se mettre à la place, c’est se mettre en fusion (ne faire q’un) avec lui.
Il en résulte alors qu’il disparaît et qu’on ne le voit pas non plus.
Pour voir l’autre, ce qui est important, c’est de s’individualiser.
Être pleinement soi face à quelqu’un à qui on accorde d’être pleinement lui-même !
Il n’y a jamais assez de chaleur humaine et toujours trop d’affectivité nuisible à la qualité de la communication, de l’aide et surtout de la psychothérapie.
Mais le problème est que l’affectivité et la chaleur humaine sont mal différenciées dans l’esprit de beaucoup de monde (y compris dans l’esprit de nombreux thérapeutes et professionnels de la communication).
Alors pour se libérer de l’affectivité, malencontreusement, certains suppriment aussi la chaleur humaine… et le résultat est toujours insatisfaisant.
Où alors, voyant que cela pose problème, ils reviennent à la chaleur humaine…, mais réintroduisent l’affectivité.
La chaleur humaine c’est quand on est ouvert à l’autre sans avoir besoin de lui.
L’affectivité c’est quand on a besoin de l’autre ou qu’on a peur de l’autre.
Besoin de lui pour combler un de nos manques, pour nous rassurer.
Peur de lui quand il risque d’aggraver un de nos manques et de nous déstabiliser.
Bien différencier la chaleur humaine de l’affectivité, permet d’être chaleureux sans ambiguïté et d’avoir une communication plus efficace et plus sereine, cela permet d’être plus efficace et plus rapide car on a besoin de la chaleur humaine pour oser livrer ce qu’on a de plus précieux, intime, douloureux en soi.
La chaleur humaine réchauffe alors que l’affectivité étouffe.
Nous comprenons alors bien pourquoi l’affectivité est indésirable, d’autant plus indésirable qu’elle nous expose à l’envahissement.
En nous mettant à la place de l’autre, nous nous exposons à ressentir une expérience qui ne nous correspond pas et pour laquelle nous ne sommes pas prêts.
Au contraire, en étant proche et distinct, nous sommes à même de comprendre l’expérience de notre interlocuteur, de nous enrichir de ce qu’il en a fait sans pour autant en subir la pression émotionnelle.
Nous devenons ainsi capables d’entendre cette expérience sans la dramatiser ni la banaliser.
Nous devenons capables d’en saisir la juste mesure : celle de l’autre (qui n’a forcément que peu à voir avec la nôtre).
Nous pouvons ainsi humaniser profondément notre communication qui s’ajuste à la réalité de l’autre.
L’inconvénient majeur de l’empathie est qu’elle produit au contraire une sorte d’état fusionnel, générant illusion, confusion et affectivité.
Il n’en résulte aucune chaleur humaine, mais par contre beaucoup de stress et d’incompréhension.
Au fond peut-être ne devons-nous pas attacher trop d’importance au fait qu’une chose, une idée, une attitude soit désignée par un mot plutôt qu’un autre.
Au fond, ce qui importe c’est ce que nous en faisons !
Les mots ne sont peut-être qu’une convention…
Pourtant, quand des propos et des attitudes produisent l’inverse des effets attendus… je pense que la précision du langage et de l’écrit est ici particulièrement nécessaire.
Et puis les mots ne sont pas seulement une convention, quand on les étudie, on peut remarquer que souvent ils contiennent dans leur étymologie, dans leur construction, un aspect profond de ce qu’ils désignent.
J’ai bien conscience qu’avec cet article j’invite quelques personnes à se remettre en cause par rapport à l’empathie.
Mais se remettre en cause c’est se remettre au commandes de sa vie.
C’est ne pas croire ce qui est dit parce qu’on nous le dit (même si on prétend nous donner des preuves).
C’est plutôt confronter ce qu’on sait à l’expérience et en mesurer l’efficacité sans complaisance.
Les remises en cause sont sources de progrès.
Elles ne sont pas destruction du passé, mais ajustements, ajouts, discernement accru, enrichissement.
Ce qui importe, ce n’est pas d’avoir raison.
Ce qui importe, c’est que l’aide, la communication, l’accompagnement, soient efficaces au delà des croyances de chacun.
www.GatsbyOnline.com