L’histoire est devenue une poupée gonflable, et l’humanitaire est son préservatif…
Ce que la poupée gonflable est au désir, l’humanitaire l’est à la pensée.
Nos sociétés changent.
Ce n’est plus seulement l’atmosphère policière qui nous pèse, qui hante les rues et les cervelles.
C’est aussi et en plus, l’espèce d’atmosphère radieuse et performante que distillent les médias via les cruches en pot qui présentent les journaux télévisés… de même que les présentateurs souriant bêtement à leurs propres âneries… à moins que ce ne soit la conséquence des ordres d’applaudir imposés aux gnous hilarants, quoique pathétiques…, par les “chauffeurs” de salle, qui feraient bien mieux de communiquer leur savoir-faire aux chauffeurs de bus…
C’est tout cela qui nous pompe l’air.
Littéralement, l’euphorie, le dumping et l’accélération absorbent tout l’oxygène ambiant… et vous laissent comme un poisson sur le sable.
Ce n’est plus la lumière qui manque, ni le fric, c’est l’air.
On n’est plus opprimé, on est oppressé !
On s’envoie en l’air, en manque d’air, l’air de rien, sans en avoir l’air… dans la prospective pour exorciser le manque de perspective.
Les années qui passent sont inexistantes, celles d’avant… des souvenirs, celles qui viennent sont déjà sacrifiées.
Nous aurons du mal à y entendre l’herbe pousser, le vent bruire et le destin s’accomplir, car tout s’engouffre dans une sorte de performance olympique que l’humanité s’impose collectivement.
Les droits de l’homme, la dissidence, l’antiracisme, ce sont des idéologies douces, easy, post coitum historicum, after the orgy, à l’usage d’une génération facile qui n’a connu ni les idéologies hard, ni les philosophies radicales.
Idéologie d’une génération, néo-sentimentale en politique aussi, qui redécouvre l’altruisme, la convivialité, la charité internationale et le trémolo individuel.
Effusion, solidarité, émotivité cosmopolite, pathétique multimédia ; toutes valeurs molles durement réprouvées par l’âge nietzschéen, marxiste-freudien…, une nouvelle génération, celle des enfants gâtés de la crise, alors que la précédente était celle des enfants maudits de l’histoire.
Il faudrait faire subir certains sévices à la réalité, et l’assassiner à la fin, lorsqu’ils auront fait leur œuvre.
Seule façon de traiter les idées ; l’assassinat (on achève bien les concepts), mais il faut que le crime soit parfait.
Le plus fort n’est pas d’être dans l’événement même (les politiques sont là pour cela), c’est d’être dans l’imminence de l’événement, dans son retournement, dans son anticipation, dans sa divination.
Arracher les événements à leur fausse couche médiatique, à leur procréation artificielle, les rendre à leur fin aveugle.
Le problème actuel de la classe politique, c’est qu’il ne s’agit plus de gouverner, mais d’entretenir l’hallucination du pouvoir, ce qui exige des talents très particuliers.
Produire le pouvoir comme une illusion, c’est comme jongler avec des capitaux flottants, c’est comme danser devant un miroir.
Et s’il n’y a plus de pouvoir, c’est que toute la société est passée du côté.de la servitude volontaire.
Cette mystérieuse figure, sur laquelle on s’est interrogé depuis le XVIe siècle, n’est plus un mystère désormais, puisqu’elle est devenue la règle générale.
Mais d’une façon étrange, non plus comme volonté d’être serf, mais comme chacun devenu serf de sa propre volonté.
Sommé de vouloir, de pouvoir; de savoir, d’agir, de réussir, chacun s’est plié à tout cela… et la visée du politique a parfaitement réussi…, chacun de nous est devenu un système asservi, auto-asservi, ayant investi toute sa liberté dans la volonté folle de tirer le maximum de lui-même.
Mais alors, le pouvoir n’a plus sens, puisqu’il n’y a plus besoin de lui pour perpétuer cette forme mystérieuse qu’est la servitude volontaire.
À partir du moment où le pouvoir n’est plus l’hypostase, la transfiguration de la servitude et que celle-ci est parfaitement diffuse dans la société, alors il n’a plus qu’à crever comme une fonction inutile !
Tous les signes de libération du siècle dernier vont finir par s’éteindre un à un, plus vite encore qu’ils n’ont surgi.
Le désir, le corps, le sexe n’auront été que des utopies comme les autres, Progrès, Lumières, Révolution, bonheur.
Les gnous se tartinent le corps de crèmes anti-soleil pour s’exposer au soleil…, par crainte du cancer (est-ce en vue de la résurrection des corps ?), une quasi-obligation “vacancière”, chaque année, au même moment, des millions, des centaines de millions, des milliards de corps, parfois beaux, souvent moches, toujours laids… avachis, vautrés dans des poses imbéciles pour rôtir du soleil…
Imaginez l’utilité d’être stupide…
C’est pour mieux plaire à leurs miroirs, à leur égo…, pathétiques pantins…, il leur faudra ensuite toute l’année continuer de se tartiner le corps de crèmes pour effacer les conséquences…
Ce sont les mêmes qui renoncent à la jouissance au nom du risque, jouir sans risque de tout ce qui passe à portée de main…
La Nouvelle Écologie Politique est en marche, veillez à votre équation personnelle !
Éclatez-vous le moins possible en pensant à la survie de l’espèce!
Mais confiance…, un jour la couche protectrice des corps sera remplacée par celle de tous les déchets que nous dispersons dans l’espace.
Juste retour des choses : nous serons un jour sauvés par la pollution, comme nous le sommes aujourd’hui politiquement par la servitude.
Un autre krach nous guette, celui de la surproduction culturelle.
On veut nous faire croire que sur le marché de la culture la demande excède l’offre pour longtemps encore (donc un boom assuré sur toutes les valeurs).
Mais déjà nous avons affaire, dans l’économie culturelle du citoyen moyen, à un excès sensible de l’offre.
La créativité déchaînée excède la capacité d’absorption.
L’individu n’a presque plus le temps de consommer ses propres produits culturels, encore moins ceux des autres.
Le public fait de son mieux : il court dans les expositions, dans les festivals, mais il est à la limite de sa force de travail.
Le taux d’aliénation culturelle est en train de rejoindre le taux de servitude volontaire en politique.
On dit qu’il en veut plus encore et que la culture, il n’y en a jamais trop pour tout le monde.
Alors là, c’est une colossale illusion de perspective.
Car, ou bien la culture est un rite ou un idiome… et dans ce cas il n’y en a jamais eu ni trop ni trop peu, ou bien elle est ce qu’elle est devenue : un marché, avec tous les effets de pénurie artificielle, de dumping et de spéculation, et ce qui se profile alors, c’est le même renversement que celui de 1929 dans la production matérielle : surproduction, priorité de l’offre sur la demande, fins des postulats “naturels” de l’économie, devenue spéculative, à l’image des échanges et des capitaux flottants, et d’une circulation exponentielle.
C’est exactement ce qui guette le marché culturel et, de même qu’on a connu le jeudi noir de Wall Street, on pourrait bien connaître le dimanche noir de la culture.
Objecter qu’il n’y a pas de limites à la culture parce qu’elle opère sur des signes relève de l’idiotie sémiologique.
Tout signe est aujourd’hui produit et doit donc se reproduire le plus vite possible, y compris dans la culture, mais il y a une limite à cette prolifération, qui est celle de la crise (alors qu’il n’y a pas de limite à la dépense sacrificielle).
L’expansion de la production culturelle dépasse largement celle de la production matérielle, et ce qui s’ensuit est un embouteillage encore plus monstrueux dans le champ culturel que dans celui de l’économie ou du trafic automobile.
Car du geste, du texte, de la couleur, du signe, chacun peut en produire spontanément et indéfiniment, par une sorte de transit intestinal ininterrompu.
Le temps de l’exégèse et du plaisir disparaît, chacun mettant en scène sa performance dans l’indifférence des autres.
Et si on a réussi à conjurer la crise économique par l’ouverture des marchés culturels, qui nous délivrera de la surproduction culturelle, lorsque ce marché sera saturé à son tour ?
Qu’y a-t-il au-delà des biens immatériels, pour relancer la demande ?
Il faudra bien procéder à une saignée, à une destruction massive de ces biens pour sauver la valeur-signe, comme on détruisait le café dans les locomotives pour sauver la valeur d’échange.
Déjà la plupart des biens immatériels suivent le destin des biens matériels : production forcée, publicité forcée, recyclage accéléré, obsolescence intégrée.
L’art se fait éphémère, non pour traduire l’éphémérité de la vie, mais pour s’adapter à celle du marché.
Il s’aligne sur le destin physique du monde dégradable.
En fait, il n’y a plus de biens immatériels du tout.
Nous assistons maintenant à l’immersion de toute forme dans la circulation immanente de la matière pure, de la lumière pure, de l’énergie infinitésimale.
Une matérialité totale, un jeu physique de particules, tel est le destin de notre culture, de nos signes culturels, désinvestis et travestis, pur et simple travestissement matériel, jeu de différenciation de produits dégradables.
Pataphysicien à vingt ans, situationniste à trente, utopiste à quarante, transversal à cinquante, viral et métaplectique à soixante…, voilà toute mon histoire.
Mon écriture fragmentaire issue d’une dérivation intellectuelle fractionnaire, est au fond une écriture démocratique dont chaque fragment jouit d’une distinction égale.
Le plus banal trouve son lecteur exceptionnel.
Chacun tour à tour a droit à son heure de gloire, ceci écrit pour pasticher Andy Warhol.
Bien sûr, chaque fragment pourrait devenir un livre.
Mais justement il ne le fera pas, car l’ellipse est supérieure à la ligne droite.
Mais aussi par paresse: on n’a pas le droit de brûler le temps à des fins inutiles, pas plus que de s’exploiter soi-même à des fins utiles.
Et aussi par compassion envers les mots, qui ont déjà tellement servi !
Deux situations intéressantes: lorsque ma pensée va plus vite que ma langue, lorsque ma langue va plus vite que ma pensée.
Le pire, c’est quand ma pensée et mon langage vont le même train : là commence mon ennui.
La révolution du vécu est sans doute la pire, celle qui a levé le secret dont chacun entoure sa propre vie pour la transformer en un immense reality show.
Ce qui a été libéré à travers toutes les révolutions du désir, de l’expression, du phantasme, de l’analyse, ce n’est pas la dramaturgie de l’inconscient ni le théâtre de la cruauté, mais le théâtre de la banalité.
L’interdit n’a pas été levé sur les pulsions mais sur la trivialité, la naïveté, l’idiosyncrasie, l’idiosyncrétisme.
Ce qui a été libéré, ce n’est pas la singularité mais la bêtise spécifique de chacun, c’est-à-dire celle qu’il partage avec tous les autres.
L’arbitraire du pouvoir vient de ce qu’il condense en lui tout l’arbitraire épars et diffus dans la société…
Si l’arbitraire n’est pas concentré au sommet, il est partout dans la société : ainsi en est-il dans l’état démocratique, où l’arbitraire est diffus et endémique, comme les effets pervers de la structure impériale lorsque celle-ci se désagrège.
Or les politiques ne jouent plus du tout ce rôle, ils ne prétendent plus qu’exprimer, représenter, guider, rationaliser, éclairer…, ils s’affublent de conscience morale, de souffrance et de témoignage, d’apostolat et d’acharnement thérapeutique sur les valeurs malades (dont ils font partie bien sûr).
Pire, ils prétendent s’effacer pour que tout le monde s’exprime…, maladie sénile de la démocratie que de se défausser pieusement de la parole et du pouvoir et de les refiler à tout le monde.
Bien sûr cet autodafé hypocrite et apostolique n’arrange pas les choses et tous finissent quand même par crever…, mais dans un rôle qui n’est pas le leur.
Quant à la société et à la pensée, elles sont ainsi livrées à la confusion et à la virulence interne, littéralement à la transparence du mal, qui ne trouve plus nulle part où se manifester.
La pensée vertueuse partout.
De plus en plus loin de la pensée du Mal, de l’illusion, de la pensée ironique.
Une pensée qui a renié la terreur sous toutes ses formes, sauf celle de la terreur douce, inexorable, qu’elle exerce sur elle-même, ce qu’on pourrait appeler l’intégrisme subjectif de notre société intellectuelle occidentale, l’orthodoxie de la dissidence.
L’histoire est devenue une poupée gonflable, et l’humanitaire est son préservatif…
Ce que la poupée gonflable est au désir, l’humanitaire l’est à la pensée.
Tout problème a ainsi sa solution gonflable, faite de l’échec historique du désir.
Tous les maux de la classe politique, aujourd’hui faussement intellectualisée, ont infecté les intellectuels en retour.
Le discours cynique des politiques, l’intégrisme et le fondamentalisme mou qui les caractérisent, les intellectuels l’idéalisent désespérément, en pleine contrition, en pleine mauvaise conscience : “Nous n’avons qu’une culture, et il faut la sauver”.
Le problème est que cette “unique culture”, n’est absolument pas la notre, c’est un malaxage putride des fausses valeurs américaines de l’argent facile et des escroqueries légalisées tartinées d’un concept religieux moyen-moyenâgeux revisité par la Franc-maçonnerie jusqu’à leurs dollars-billets… avec l’apocalyptisme religieux de la Bible poussé à son paroxysme débilitant par Israël dans ses vues égoïstes de s’imposer au monde entier !
Nous tous, pauvres ploucs qui n’avons rien à y faire, traumatisés par 2.000 ans d’endoctrinement Catholique en ce compris les ravages de l’inquisition et la destruction systématique de toutes les idées nouvelles, avons laissé sans réagir si ce n’est la pitié et un certain remord lié à l’abominable Holocauste, les défenseurs de ces idéologies destructrices…
Ils se sont bien évidemment dépêché de nous imposer des lois liberticides pour nous empêcher de penser, comme du temps de l’inquisition ou remettre en question les “vérités” officielles, condamnait les irréductibles à la torture, à la mort et à la confiscation de tout leur biens…
Une société qui oblige à penser, qui interdit toute remise en question, qui impose…, qu’est-ce d’autre qu’une dictature ?
L’humanisme s’attache au genre humain, concept politique et culturel ascendant.
L’humanitaire, lui, s’attache foncièrement à l’espère humaine essence biologique et sociologique déclinante.
C’est toute la différence de tonalité entre une utopie politique et philosophique de l’Homme et la gestion de l’espèce humaine en tant que déchet virtuel.
Sur quelques œuvres d’art, et non des moindres: ça a toutes les apparences du nul, ça se dit nul, et c’est vraiment nul.
Toute l’ambiguïté de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, la banalité…, se battre pour la nullité, alors qu’il est déjà nul.
Viser le non-sens alors qu’il est déjà insignifiant, prétendre la superficialité en des termes superficiels…, la même mésaventure était déjà arrivée à la pensée minimale.
Partout la même incantation : je suis nul, je suis nul !
Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui !
L’insignifiance est la qualité exceptionnelle de quelques œuvres rares, et qui n’y prétendent jamais.
La prétention à la nullité, elle, n’est que bluff et chantage, pour forcer les gens a contrario à donner de l’importance et du crédit, sous-entendu : il n’est pas possible que ce soit aussi nul, ça doit cacher quelque chose.
L’art contemporain joue de cette incertitude et spécule sur la culpabilité de ceux qui n’y comprennent rien (c’est-à-dire qui ont l’intuition exacte de ce qu’il y a à comprendre).
L’art moderne est un complot…, c’est aussi une machine à blanchir l’argent noir, l’art moderne est un moyen… exclusivement destiné aux richissimes qui, au nom de l’art, font acheter de l’art millionnaire par leurs sociétés qui déduisent ces “investissements” de leurs impôts, afin d’en percevoir personnellement jusqu’à 90% en retour de dessous de table.
Ce n’est alors pas seulement une échappatoire fiscale, c’est aussi une manière de créer de l’argent (des fortunes) au départ de strictement rien d’utile ni coûteux, si ce n’est le train de vie de ces quelques artistes capables de vendre de la merde, des cochons, des singeries et des déchets industriels et ménagers rebaptisés…
Qu’on expose ensuite ces monuments de l’incivisme et de la perverse ingéniosité inhumaine en matière (fécale) d’escroquerie, au nom de l’art, dénote, démontre, que nous vivons le déclin de l’empire !
Comment tout cela est-il possible ?
La bêtise humaine n’est pas seule en cause qui accepte tout cela, c’est aussi parce que la corruption et l’extorsion de fonds est devenu une seconde nature dans le monde politique et des affaires…
Vous savez, chers “tousses”, je ne suis qu’un citoyen lambda un peu plus révolutionnaire que vous, un peu plus libre d’idées aussi, même que la répression est de plus en plus féroce !
Mais, dans ma vie, il m’arrive de penser encore plus loin lorsque je suis confronté à divers agissements…
Par exemple, en œuvres dites d’art… et en automobiles dites de collection…, je vois quelques pièces et/ou engins atteindre des montants stratosphériques, en dizaines voire centaines de millions d’euros !
Qui donc achète à ces prix ?
Secret !
De vous à moi, une Ferrari GTO des années soixante, véritable merde roulante qui à peine cinq ans après ses prestations en course, ne valait strictement quasi rien, c’est à dire moins de 5.000 euros…, qui est restée tout aussi abominable actuellement…, comment se fait-il, objectivement, qu’elle se vende plus d’un million d’euros ?
La moindre berline de moyenne gamme actuelle, pour 30.000 euros, est plus performante, plus confortable, plus amusante et plus pratique…, le design, lui n’est qu’une affaire de goût…
Pareil pour une Bugatti, par exemple Royale…, elle fut en son temps un échec commercial, elle était lourde, pataude, désagréable à conduire, peu confortable et bruyante…
Quant à sa fiabilité et ses conceptions mécaniques, elle était vraiment obsolète…
En finale, dix ans après sa construction, une “Royale” ne valait pas plus qu’une demi-douzaine de frigos américains…
Deux voitures pour masochistes…
Elles sont rares, certes, mais de là à “valoir” actuellement un ou plusieurs millions d’euros, il y a de quoi s’interroger plus valablement que les habituelles crises d’euphorie de gens qui n’auront jamais les moyens d’en acquérir ne fut-ce que le volant !
Pareil pour un minuscule tableau de VanGogh, un fou qui n’a JAMAIS vendu un seul tableau de son vivant !
On a beau faire circuler des millions de gens devant les “œuvres” de VanGogh dans des musées en leur racontant tout et le contraire en finale des lobotomisation de masse qui prétendent (comme en religion) qu’il FAUT croire que ce sont des œuvres d’art…, personne n’y comprend strictement rien, tout le monde s’en f…, qui plus est personne ne copiera jamais ces tableaux d’une autre époque, sauf pour des motifs peu avouables…
En réalité, quel est le pourquoi du comment ?
L’ingénierie fiscale…
Le jeu des retours d’argent en dessous de table, des déductions fiscales et des “investissements” déductibles en 5 ans…, qui plus est, c’est perçu comme une aide à l’art….
L’art ?
Qu’est ce qu’il en a à f… “l’art”..., rien !
Ça ne rapporte qu’aux vendeurs et aux acheteurs, c’est un moyen…, point !
Le reste, c’est du baratin…
Mais il y a aussi l’art moderne !
Ahhhhhhhhhhhh !
Là c’est pire encore, car les millionnaires et milliardaires ont compris (les autres : non)…, qu’il était plus profitable de créer un artiste et d’en être le “mécène”, que d’acquérir les vieilles croûtes de VanGogh et autres…
Un inconnu ainsi “sponsorisé” vend soudainement des cochonneries, des ferrailles, des déjections, de la merde… pour des millions d’euros…, la presse s’extasie (c’est la presse aux mains du “mécène”), les autres médias embrayent pour percevoir quelques miettes…., les “œuvres” sont quasi immédiatement portées aux nues…
Dans une salle de vente qui appartient au “mécène” (mais personne du public ne le sait), les “œuvres” lui sont adjugées des millions… et plus !
En réalité, ce sont ses compagnies commerciales qui ont acheté et qui vont pouvoir déduire leur “investissement” au nom de l’art !
90% revient en dessous de table, non pas à la compagnie qui a “investi”, mais à son patron, personnellement…, sur un compte inconnu et indéfinissable dans un paradis fiscal…, l’artiste étant bien entendu domicilié en Irlande ou un autre pays qui ne taxe pas les “artistes”…
C’est ça le véritable “art”...
L’art de l’embrouille !
Pas de quoi pavoiser ni d’être fier.
Évidemment, ceux et celles qui n’ont pas un “mécène” milliardaire, resteront d’obscurs artistes en attente que quelques désaxés leurs achètent une oeuvre, de quoi subsister !
N’espérez jamais que tout cela va un jour prendre de la valeur, sauf auprès de gens qui aiment véritablement ce qu’ils ont créé… et dans la (basse) limite de leurs moyens…
Il fut un temps ou les gnous, voyant que quelques “grosses pièces” se vendaient des prix astronomiques, ont cru que leurs “petites pièces” allaient automatiquement suivre un même chemin vers l’immensité du ciel de la bétise humaine…, jusqu’au moment ou on est arrivé (rapidement) en haut de la pyramide, faute d’acheteur là, tout en haut, tout s’est écroulé…
Il y a un va-et-vient en tout, après une période d’oubli, ça recommence…
On va y revenir…
Le problème de l’espèce humaine, c’est que ça commence à être du déjà-vu, même à ses propres yeux.
Étant donné sa maîtrise virtuelle du monde et son succès total en tant qu’espèce, ce n’est plus son évolution, c’est sa disparition qui devient intéressante.
Nous flirtons avec notre propre effacement en tant qu’espèce.
Nous nous projetons dans le passé sous la forme de la seule espèce dont la domination fut aussi totale que la nôtre… et qui a spectaculairement disparu.
Nous savons que les espèces sont mortelles; mais nous ne l’avons jamais réellement envisagé pour la nôtre, étant persuadés d’être non seulement la dernière, mais immunisés par notre puissance.
Or, au lieu de rêver de catastrophes externes, cosmiques, sismiques, climatiques, nous pourrions nous demander si les dinosaures n’ont pas disparu selon un processus catastrophique interne, à cause justement de cette puissance maximale et de son renversement comme de tout système à son apogée.
Rien ne dit que nous ne soyons pas programmés, mentalement et biologiquement, pour une disparition interne du même ordre, conséquence logique de notre puissance.
Rien ne dit que nous ne rêvions pas de cette disparition.
En tout cas, nous y collaborons allègrement.
Ainsi les dinosaures sont en quelque sorte notre modèle de disparition dans le passé.
Mais nous en avons un autre dans le futur.
Nous flirtons par automates et clones interposés avec une immortalité technique qui correspond tout aussi bien à notre disparition en tant qu’espèce.
La transfiguration génétique de l’espèce, la contrefaçon technique du monde, les innombrables artefacts à venir sont notre hypostase dans le futur, dans une dimension virtuelle qui pourrait être celle de la fin du quaternaire.
C’est notre disparition dans le virtuel que nous sommes en train de jouer en temps réel.
Autant dire que nous ne nous apercevons même pas, puisque, le malin génie informatique aidant, la mémoire du processus s’efface d’elle-même automatiquement.
Les êtres virtuels sont déjà là, nous sommes déjà des fossiles en proie aux êtres virtuels.
Il n’y a pas de cadavre du réel… et pour cause: le réel n’est pas mort, il a disparu !
Ce qui est consolant, alors que nous vieillissons, c’est que le monde actuel vieillit plus vite que nous.
À ce rythme, nous lui survivrons.
Un jour il n’y aura plus dans la rue que des zombies, les uns avec leur téléphone cellulaire, les autres avec leur casque audio ou leur visière vidéo.
Tous seront simultanément ailleurs, ils le sont déjà.
Jusqu’ici on pouvait s’isoler extérieurement, désormais on peut s’isoler extérieurement, c’est le for extérieur.
À l’enfermement carcéral succède renfermement mobile du réseau, comme à la rigidité cadavérique succède la souplesse cadavérique de l’homme-transfert, de l’homme protéiforme, du caméléon selon Nietzsche.
La propagande, l’idéologie, la publicité, ce n’est pas le croire, c’est le faire-croire, auquel répond le faire-semblant de croire.
La télévision, ce n’est pas du voir, c’est du faire-voir, auquel correspond le faire-semblant de voir, etc.
Nous sommes captifs de la facticité : du faire-voir, du faire-croire, du faire-valoir, du faire-vouloir.
Nous ne sommes plus les agents directs de nos actes et de nos pensées.
Seulement des véhicules hétéromobiles, ayant mis leurs fonctions vitales en pilotage automatique, et devenus indifférents à eux-mêmes.
Les signes par lesquels une femme vous séduit sont surtout ceux par lesquels elle vous enjoint de la séduire.
D’où l’effroi du séducteur, qui ne peut pas ne pas y répondre.
Cette obligation suffit à rendre une femme irrésistible.
La femme de son côté ne peut répondre à l’honneur qu’on lui fait de vouloir la séduire.
Pas question dans tout cela de désir et de concupiscence.
La séduction est un hommage.
Il ne faut rien attendre d’un homme qui n’y met pas son point d’honneur.
Il ne faut rien attendre non plus d’une femme qui ne met pas son honneur à être séduite.
Une femme n’est belle que si elle est nue sous ses vêtements.
Une pensée n’est belle que si elle est nue sous le langage.
C’est-à-dire violente.
Chaque phrase est l’étincelle d’une volonté de puissance, il faut donc éviter d’avoir du pouvoir sur qui que ce soit, si ce n’est de vie ou de mort.
Il ne faut jamais avoir l’imagination de la mort, elle doit rester une surprise !
Les générations futures d’êtres artificiels élimineront nécessairement la race humaine selon le même mouvement qui lui a fait éliminer les espèces animales.
Ils nous tiendront rétrospectivement pour des singes, dont ils auront honte de descendre.
Ils inventeront des zoos humains, nous protégeront peut-être, comme toute espèce en voie de disparition… et ils feront de nous les héros de fictions infantiles.
L’extrême du bonheur ne laisse place qu’à une seule question: est-ce que nous ne serions pas déjà morts ?
Impossible d’imaginer mourir ailleurs que dans le silence.
Surtout ne pas disparaître dans le bruit et la fureur, il faut retrouver la seule liberté, qui est celle de l’espace et du vide.
Le récit, minute par minute, grâce aux téléphones portables, des gens piégés dans les étages du World Trade Center, semble une communication avec des morts-vivants…, c’est aussi saisissant que le crash télévisuel des Twin Towers.
Si les images comblaient le désir de jouir en direct, de l’extérieur du spectacle de la catastrophe…, ces échos sur le vif d’une mort certaine correspondaient à un autre fantasme: celui d’avoir vécu de l’intérieur cette mort indescriptible, l’illusion de vivre l’événement jusqu’au bout, de l’intérieur, redoublant la chance d’y avoir échappé.
Mais cette transfiguration n’est jamais parfaite : il aurait fallu y être mort soi-même.
Contrairement à Auschwitz, dont on a dit que les seuls témoins véritables étaient ceux qui n’en sont pas revenus… et donc n’en ont jamais parlé…, ici ceux qui étaient bloqués là-haut ont eu le temps de parler de l’intérieur de la mort.
Les générations immergées dans le virtuel n’auront jamais connu le réel.
Mais ce n’est pas si grave, si on admet que le réel n’est qu’une illusion de référence.
Plus grave est le cas de ceux qui, immergés dans le sexe et les images du sexe, n’auront jamais connu le plaisir.
Mais tout ceci n’est rien en regard de l’éventualité, pour de futures générations, de ne jamais connaître la mort.
On évalue la préparation de l’attentat sur le World Trade Center à 25 millions de dollars.
Le budget d’un des films sur le même événement était de 250 millions de dollars !
La fiction est beaucoup plus chère que la réalité !
Après les trois grandes révolutions: Galilée et la fin du géocentrisme (Darwin et la théorie de l’évolution, Freud et la découverte de l’inconscient), notre révolution contemporaine est celle du virtuel et de l’informatique et elle éloigne l’homme de plus en plus de la souveraineté du monde naturel, dont il était le centre, du temps où la Terre ne tournait pas encore autour du Soleil, du temps où il ne descendait pas encore du singe.
Aujourd’hui, il devient de plus en plus excentrique, une extension périphérique et artificielle de son propre modèle.
La philosophie mène à la mort, la sociologie mène au suicide.
L’indistinction du réel et du virtuel est bien l’obsession de notre époque.
Toute notre actualité en témoigne, sans compter les grandes productions cinématographiques.
Cette interrogation a toujours été en contrechamp de la littérature et de la philosophie, mais elle l’était pour ainsi dire métaphoriquement, en filigrane, par le filtre du discours.
L’encodage./décodage de la réalité se faisait par le discours, c’est-à-dire par un médium hautement complexe, ne laissant jamais place à une vérité frontale.
L’encodage/décodage de notre réalité se fait, lui, par la technique.
N’accède à la réalité visible que ce qui résulte de cet effet technique.
Au prix d’une simplification qui n’a plus rien à voir avec le langage ni avec la moindre ambivalence et qui donc met fin à cette indistinction subtile du réel et du virtuel, aussi subtile que celle du bien et du mal.
À coup d’effets spéciaux, tout devient d’une évidence opérationnelle, d’une réalité spectaculaire qui est proprement le règne de la simulation.
Ce que n’ont pas compris les réalisateurs de ces films (pas plus que les artistes simulationnistes), c’est que la simulation est une hypothèse, un jeu qui fait de la réalité elle-même une éventualité.
“Là où grandit le danger croît aussi ce qui sauve”, nous disait Hëlderlin…, c’est aujourd’hui l’inverse : c’est dans l’excès de sécurité qu’est le péril extrême !