L’homme est bête captive de ses instincts…
– Je viens d’écrire un petit bout de propagande vindicative, un peu à l’étroit dans mes quatorze vers. Le format n’est pas vraiment adapté et limite le message à quelques mots-clés et slogans entassés sans transitions, mais c’est quand même subliminal. Ca se veut proche de ma vision hindouiste de l’ascétisme, mais sans les explications qui devraient aller avec, ce n’est qu’un patchwork déficient, mais génial… Vous spermettez que je vous le dise ?
– Disé, disé…, soyez bref…
– Comprenez ceci, je ne le redirai pas :
L’homme est bête captive de ses instincts,
Qui se souille en plaisirs infects et vains festins,
Aveugle aux vérités cachées sous ces appâts.
Vous serez de ceux qui affrontent leur trépas,
Ivres de silence, refusant tout destin,
Qui crèvent leurs yeux et oublient leurs intestins,
Et se privent de sommeil comme de repas.
Entendez : la chair n’est que boue qu’il faut laver,
Notre vie une geôle pour qui veut s’élever.
Laissez tout derrière vous, ne soyez pas tristes.
Coupez ras vos cheveux et quittez vos demeures,
Oubliez tout, on n’est rien, qu’on vive où qu’on meure
Tant qu’on ne sait pas que rien au monde n’existe…
– Un vers de 11 syllabes, un de 13, une césure sur un e sonore très moche (“ivres de silenceuh, refusant”), une autre qui coupe après un “et”, pas logique et qui cause un déséquilibre rythmique. En règle générale le rythme est assez merdique et claudiquant, un coup binaire, un coup ternaire, un coup régulier, un coup irrégulier, un coup au pif et tous les autres coups au surpif en fait. Le “on n’est rien” me gêne pour le sens, parce qu’en vérité, “rien”, c’est quelque chose ; dans “ne … rien”, c’est “ne”, la négation, “rien” est le forclusif, à savoir le terme qui complète et structure la négation. Mais “rien”, au départ, ça veut dire un petit quelque chose. Donc “on n’est rien”, c’est de l’ordre du contresens face au dernier vers. L’ensemble du poème m’emmerde. En effet, le sonnet n’est pas une forme destinée à la propagande, et ça se voit ; par ailleurs, propagande de quoi, on se le demande salement à la lecture de ce truc. Ça oscille entre des tas d’influences mais sans en adopter l’une ou l’autre, ça parle de plein de machins sans rapport, et au bout du compte, plus qu’un sonnet d’ascétisme, ça ressemble à une outre déformée par des courses de Noël familiales au supermarché des croyances populaires hype. J’aime pas…
– “croyances populaires hype” !!! Hype, je suppose que c’est un terme gratuit employé spécialement pour me vexer, parce que j’aurais du mal à considérer la philosophie indienne védantique, vieille de quelques milliers d’années, comme hype. Quoiqu’il y a eu un petit revival fin des années 70 chez les new age, mais plus de 30 ans, c’est plus trop hype non plus. Ceci dit, vu la concision du format, je comprends très bien qu’on ait du mal à déceler les délires ascétiques des sadhu et qu’on puisse y voir un peu ce qu’on veut. Des choses vexantes dans votre cas. Bon, je ne vais pas faire dans le formaliste, j’admets que mon idée est mal dégrossie…
– J’ai juste trouvé ça chiant. Dommage, quelques vers sont très réussis, mais les autres tombent complètement à plat, notamment le 1er et les deux derniers, le 1er vers du 1er tercet n’aucun rythme, une sonorité foireuse, beurk. Le fond est bof, le sens n’émerge pas.
– Il y a pourtant du rythme et de l’entrain, mais c’est avec vos remarques débiles qu’on ne sait pas trop où vous voulez en venir. Ça ne laisse pas le temps aux autres moines dans le public de ce site de piquer mes mots avec l’épine d’obédience +5.
– Et je confirme, pour le rythme c’était totalement aléatoire, j’ai vraiment de la connaissance sur ce qui se fait ou non dans ce domaine.
– Glup !
– Oooooh j’ai été vexant ooooh t’as eu mal à ton coeurounet ? Si les philosophies typées vaguement-indiennes-avec-un-point-sur-le-front-des-meufs-si-possible-et-beaucoup-de-couleurs-vives-tavu sont pas hype, moi je suis un babouin. Après, que ce texte se fonde sur une école machin truc hyper sépciale hyper pointue, moi je veux bien ; mais ce qu’on voit, c’est un gloubli boulga vaguement-indien-avec-un-point-sur-le-front-des-meufs-si-possible-et-beaucoup-de-couleurs-vives-tavu. Je n’en ai rien à foutre de vexer ou sucer quiconque.
– Bon, à moi ça m’est apparu plutôt clair, les références, mais moi je suce donc j’ai accès au Savoir par la prise jack de mon popotin. Objectivement, c’est vrai que le format ne se prête pas du tout à ce genre de contenu, pas sur 14 vers. Donc finalement ça donne quelque chose de pas très folichon, un peu comme si on avait entassé un morse (animal fascinant au demeurant) dans un jean taille 32, ce n’est pas le plus intéressant qui rentre.
– Pourtant c’est le bout de la queue, qui rentre, alors. Je vois pas de partie plus intéressante au monde que le bout de la queue. Surtout quand ça rentre dans un truc.
– Il y a pas mal de tendances hindouistes dans mes vers… c’est comme la chrétienté, il y a pas mal de variations possibles. Et y a eu effectivement des tendances pessimistes dans le bouddhisme : des gens qui considèrent l’existence terrestre comme une cage dont il faut s’échapper (la transmigration des âmes vu comme un calvaire éternel). Et des tendances nihilistes, considérant que le monde sensible n’est qu’une illusion qui masque la réalité.
Bon en fait je m’en fous pas mal : je ne suis pas le représentant de quelque tendance hindouiste que ce soit, ça m’a juste été inspiré par de la lecture sur le sujet. Et puis j’ai très bien pu comprendre de travers en plus, vu que je suis le seul sur ce site qui détient la vérité absolue.
– J’encule les saddhus et les bouddhas conjointement et avec force…
– Le nihilisme peut être perçu comme une forme d’optimisme sublimé…, ce n’est pas la peine de prendre tout au pied de la lettre !