L’immortalité, vous n’y songez pas ! Devoir supporter cette humanité ad vitam aeternam, avec ses religions dogmatiques…, non !
Si c’était déjà à refaire je ne le referais pas… quoique !
La Syrie, les restes de l’Afghanistan, ceux de l’Irak, la Libye en déconfiture pour cacher les affreux secrets de Sarkozy, le chômage, la crise, le social inerte ou presque qui agite les mains comme Gnafron, les ploutocrates qui nous gouvernent, le retour de Sarko, encore lui (pire que celui de Dracula)… et sur quelle planète aura-t-on la chance de voir notre Terre se dégrader de plus en plus sous les lamentations, les vraies batailles de Greenpeace et des Robins des Bois pathétiques, pour qui j’ai un faible, mais pas l’envie de rejoindre… non ce monde est trop moche !
La pauvreté est chez nous, dans les pays émergents, dans ceux qui vont le devenir et qui se retrouvent à vivre d’expédients… Tellement de choses auxquelles tout le monde pense et oublie ! Je m’étonne qu’il n’y ait pas plus de misanthropes… c’est peut-être que j’oublie que nous sommes nés égoïstes et que nous développons ce défaut sous forme d’égotisme pour éviter, si nous devenons immortels, le suicide…
Une mystérieuse espèce possède la capacité d’alterner les cycles de vieillissement et de rajeunissement, semble-t-il, à l’infini…
C’est un merveilleux voyage que je vous propose de vivre, à la rencontre d’une intrigante créature : la Turritopsis Nutricula, sous une forme particulière : la méduse immortelle Turritopsis Dohrnii.
Cette minuscule méduse possède une caractéristique fascinante : elle serait, à ce jour, la seule espèce connue à être immortelle !
En laboratoire depuis plus de 15 ans, le Japonais Shin Kubota, aussi scientifique que philosophe (et pas filou-sophe comme ce pitre de Bernard Henry Levy), tente de percer le secret de l’immortalité chez l’homme via cette espèce de méduses. Sa crainte : y parvenir… “avant que le cœur de l’humain ne soit prêt”.
C’est vrai qu’avec l’invasion des religions et la masse des imbéciles qui croient en des dieux ou en un dieu… et en des gourous, des prophètes, des cartomanciennes et liseuses de boules de cristal, sans oublier les dictateurs, donneurs de leçons, juges bornés et politiques qui édictent des lois liberticides… j’en oublie tellement il y en a… lorsqu’on dépasse la moyenne du temps imparti, comme moi, on n’a pas envie que ces gens deviennent immortels, ni de le devenir pour les subir à l’infini…
Après plus de 4.000 ans, presque depuis la nuit des temps enregistrés depuis que Utnapishtim a dit à Gilgamesh que le secret de l’immortalité résidait dans un corail trouvé sur le fond de l’océan… l’homme a finalement découvert la vie éternelle en 1988… pratiquement dans un corail sur le fond de l’océan…
Il l’a trouvé, la belle affaire… car cette découverte a été faite à son insu par Christian Sommer, un Allemand, étudiant en biologie marine âgé de 20 ans.
Il passait l’été à Rapallo, petite ville de la Riviera italienne, où exactement un siècle plus tôt Friedrich Nietzsche concevait “Ainsi parlait Zarathoustra” : Tout va, tout revient ; roule éternellement la roue de l’être. Tout meurt, tout fleurit à nouveau…
Sommer menait des recherches sur les hydrozoaires, des petits invertébrés qui, en fonction de leur stade dans le cycle de vie, soit ressemblent à une méduse soit à un corail mou. Chaque matin, Sommer faisait de la plongée dans les eaux turquoise près des falaises de Portofino. Il balayait le plancher océanique à la recherche d’hydrozoaires, les rassemblait avec un filet à plancton. Parmi les centaines d’organismes qu’il a recueillies se trouvait une minuscule espèce relativement obscure, connue des biologistes sous le nom de Turritopsis Dohrnii. Aujourd’hui, elle est plus communément connue sous le nom de “la méduse immortelle”. Utnapishtim dans ses dires à Gilgamesh, ne lui avait pas menti…
Sommer a gardé ses hydrozoaires dans des boîtes de Pétri et a observé leurs habitudes de reproduction. Après quelques jours, il a remarqué que son Turritopsis Dohrnii se comportait d’une manière très particulière, pour laquelle il ne pouvait donner aucune explication terrestre… en clair, son Turritopsis Dohrnii était incapable de mourir ! Arrivé à un certain âge (à peu près comme moi) il remonte le temps… il va dans le sens inverse de la vie… devient de plus en plus jeune et encore… et encore… jusqu’à ce qu’il atteint son premier stade de développement, le point ou il a commencé son cycle de vie… et repart alors à nouveau dans l’autre sens.
Sommer a été dérouté par cette évolution, mais n’a pas immédiatement su en saisir la portée. Il faudra près d’une décennie avant que le mot “immortel” soit utilisé pour décrire cette espèce. Mais, plusieurs biologistes à Gênes, fascinés par ce qu’avait découvert Sommer, ont continué à étudier ce très curieux Turritopsis Dohrnii et, en 1996, ils ont publié un document intitulé “Inverser le cycle de la vie“… Les scientifiques ont décrit la façon dont les espèces, à n’importe quel stade de leur développement, pourraient se transformer en polypes, les organismes de la vie… et ainsi échapper à la mort pour atteindre l’immortalité potentielle ! Cela semblait démentir la plus fondamentale des lois de la nature : A peine né, on commence à mourir…
L’un des auteurs de l’article, Ferdinando Boero (photo ci-dessus), a comparé la Turritopsis Dohrnii à un papillon qui, au lieu de mourir, redevient une chenille.
Une autre métaphore est un poulet qui se transforme en un œuf, ce qui donne naissance à un autre poulet. L’analogie anthropomorphique est celle d’un vieil homme qui rajeunit jusqu’à ce qu’il soit à nouveau un fœtus. Pour cette raison, Turritopsis Dohrnii a été désignée comme la méduse “Benjamin Button”.
Avec la publication de “L’inversion du cycle de vie”, à l’extérieur du monde universitaire, on aurait dû s’attendre à ce que, après avoir appris l’existence de la vie immortelle, l’humanité, l’ensemble des nations, tous les chercheurs, penseurs, professeurs, les génies, les politiques, les faiseurs d’anges et les artisans du Nouvel Ordre Mondial… consacrent des ressources colossales pour apprendre comment “la méduse immortelle” effectue son tour. On aurait dû également s’attendre à ce que les multinationales des biotechnologies se disputent les droits d’auteur de son génome… qu’une vaste coalition de scientifiques cherche à déterminer les mécanismes par lesquels les cellules âgées repartent en sens inverse… que les firmes pharmaceutiques essaient de s’approprier ces leçons aux fins de la médecine humaine… que les gouvernements du monde entier s’entendent pour régir l’utilisation future de la technologie du rajeunissement et de l’immortalité. Mais rien ne s’est passé.
Le monde politique à continué d’édicter des lois liberticides… les multinationales ont continué de polluer la planète… et Monsanto de breveter la vie pour en tirer profit… les gourous, prophètes, pope et pape en tête, suivis des sorciers, des rabbins et prêtres, vicaires et culs-bénis… ont continué leurs prêches imbéciles lobotomisant ce qu’ils pouvaient des humains, hagards, pleurant leur droit à l’esclavage du travail… et les dictateurs de peaufiner leurs massacres, Gaza, Liban, Afghanistan, Irak, Syrie, centre Afrique et partout ailleurs…
Pendant que ce monde stupide continuait de s’enliser dans la folie et l’ordinaire… une poignée de chercheurs ont toutefois continué leur quête de l’infini… et certains progrès ont été accomplis. Grâce à eux, on sait maintenant que le rajeunissement de la méduse Turritopsis Dohrnii est causée par le stress environnemental et/ou par des agressions physiques. On sait que, au cours du rajeunissement, Turritopsis Dohrnii subit une transdifférenciation cellulaire… un processus inhabituel par lequel un type de cellule est convertie en une autre : une cellule de la peau en une cellule nerveuse, par exemple !
Le même processus se produit dans l’homme avec les cellules souches… et pourtant l’homme n’est pas immortel…. Voire… car mon idée est que l’homme est son propre dieu, il est immortel par son ADN qui se perpétue en une forme d’immortalité, par les enfants qu’il crée… Quoiqu’encore, c’est un mécanisme à deux… et aucun ADN n’a pu venir tout expliquer en conférences ! On sait aussi que, dans les dernières décennies, la méduse immortelle s’est rapidement répandue à travers les océans du monde… ce que Maria Pia Miglietta, éminente professeure de biologie, appelle “une invasion silencieuse”. La méduse Turritopsis Dohrnii, capable de survivre et de se multiplier à l’infini, a été observée non seulement en Méditerranée mais aussi au large des côtes du Panama, en Espagne, en Floride et au Japon, dans les ballasts d’eau de mer de divers cargos partout dans le monde océan…
Il est possible d’imaginer un futur lointain dans lequel la plupart des autres espèces de la vie sur terre auraient disparu, alors que l’océan serait majoritairement composé de méduses immortelles : une grande conscience de gélatine éternelle… Mais nous ne comprenons toujours pas comment elle vieillit puis rajeunit, comment fonctionne ce sens inverse de la vie. Il y a plusieurs raisons à notre ignorance, toutes exaspérantes et insatisfaisantes.
Il y a, tout d’abord, très peu de spécialistes dans le monde qui s’engagent à mener les expériences nécessaires : “Trouver des experts vraiment compétents, c’est très difficile”, a déclaré James Carlton, professeur des sciences de la mer…, “On a de la chance si on trouve une ou deux personnes expertes par pays”…
Il a cité comme exemple, un phénomène qu’il appelle : “la règle du petit”…, démontrant que les petit-organismes sont peu étudiés par rapport aux autres plus grands : “Il y a beaucoup plus d’experts concernant les crabes, que des experts hydraires”…
Mais l’explication la plus frustrante pour notre manque de connaissances à propos de “la méduse immortelle” est de nature plus technique, or, il s’avère, qu’elle est extraordinairement difficile à cultiver en laboratoire.
Elle nécessite une attention particulière et une énorme quantité de gestes répétitifs, un travail pénible… et même alors, c’est seulement sous certaines conditions favorables, dont la plupart sont encore inconnues des biologistes, qu’il est possible de produire une descendance. En fait, il y a seulement un scientifique qui a pu obtenir une culture de Turritopsis Dohrnii dans son laboratoire, de manière cohérente. Il travaille seul, sans financement, dans un bureau exigu à Shirahama, une ville balnéaire endormie dans la préfecture de Wakayama, au Japon, quatre heures au sud de Kyoto. Le nom de ce scientifique est Shin Kubota… et il est, pour le moment, la seule et unique chance pour que l’humanité ait la compréhension de ce volet unique de l’immortalité biologique…
Kubota, m’a dit la première fois que je l’ai appelé par téléphone : “Une fois que nous déterminerons comment la méduse se régénère, nous devrions atteindre de très grandes choses. Mon opinion est que nous allons évoluer et devenir immortel nous-mêmes“…
J’ai décidé que je ferais mieux de réserver un billet pour le Japon, car c’était à mes yeux comme rencontrer dieu… qui pourtant, à mon sens, n’existe que dans nos imaginations qui compensent notre incapacité à comprendre la vie…
Une des attractions principales de Shirahama, est sa plage en forme de croissant de sable blanc…
“Shirahama” signifie “plage de sable blanc”…
Mais, la plage est en train de disparaître.
Dans les années 1960, quand Shirahama a été reliée par rail à Osaka, la ville est devenue une destination touristique populaire… et de multiples hôtels ont été érigés le long de la route côtière.
L’érosion accélérée du littoral, en cause du développement urbain a augmenté… et le célèbre sable blanc s’est dissous dans la mer.
Craignant que la ville perde sa plage de sable blanc, la préfecture de Wakayama a commencé en 1989 à importer du sable blanc de Perth, en Australie, à 4.700 kilomètres de là.
Depuis 15 ans, Shirahama a vu se déverser 745.000 mètres cubes de sable sur sa plage devenue australienne, pour préserver sa blancheur commerciale…, du moins pour l’instant.
Shirahama est couverte de merveilles naturelles intemporelles qui ont échoué à l’épreuve du temps.
Visible au large de la côte est de l’île Engetsu, une formation de grès forme un arc sublime qui ressemble à un beignet trempé dans un verre de lait.
Au crépuscule, les touristes se rassemblent à un point sur la route côtière où, à un moment donné, la voûte en arc semble encadrer le soleil couchant.
Cette arche est temporaire, c’est un phénomène géologique créé par l’érosion qui va provoquer finalement son effondrement.
Craignant la perte de ce point touristique d’Engetsu, le gouvernement local a tenté d’inverser le cours de la nature en renforçant l’arc avec un harnais de béton…
Un grand échafaudage s’étend maintenant sous la voûte et, à partir de la rive, les travailleurs de cette construction peuvent être vu comme des chiures de mouches minuscules, face à la mer étincelante, ouvrant la roche pour contrer le fil du temps (voyez l’avant dernière photo de cet article, vous distinguerez l’échaffaudage sous la voute)…
N’est-ce-pas extraordinaire que ce soit justement ici, à Shirahama, que vit Shin Kubota, le seul homme au monde, qui peine à découvrir le secret de l’immortalité ?
Engetsu est presque égalé en beauté par Sandanbeki, une série de falaises striées plus loin sur la côte, qui chutent de 165 mètres dans l’océan turbulent.
Sous Sandanbeki se trouve une caverne que les pirates locaux utilisaient comme un repaire secret depuis plus de mille ans.
Aujourd’hui, les falaises sont un des plus célèbres endroits au monde pour les suicides.
Un panneau sur le bord de la falaise sert d’avertissement à ceux qui envisagent de mourir : “Attendez une minute. Une fleur morte ne pourra jamais fleurir”…
Mais c’est écrit en japonais, on ignore si les suicidés sont Japonais, personne n’a donc osé remettre l’existence du panneau, sous cette forme, en question !
Mais Shirahama est surtout connu pour ses “Onsen”, des sources chaudes d’eau de mer, qui sont censées augmenter la longévité.
Des bains publics “Onsen”,se trouvent dans des huttes exiguës, le long de la route sinueuse du littoral… là, on peut sentir le soufre du centre de la terre.
Chaque matin, Shin Kubota, qui est né en 1960, se rend à l’Onsen nommé Muronoyu, qui est très populaire auprès des anciens citoyens de la ville, qui retracent son histoire remontant à 1.350 années…
“Les Onsen activent le métabolisme et nettoient la peau morte”, m’a dit Kubota…, “cela contribue fortement à la longévité”…
A 8h30, il conduit 15 minutes jusqu’à la côte, au-delà de la plage de sable blanc, où la terre se rétrécit à un promontoire qui s’étend comme un doigt arthritique, séparant Kanayama Bay à Tanabe Bay.
À la fin de ce promontoire se dresse l’Université de Kyoto Seto Marine Biological Laboratory, une battisse humide : deux étages de blocs de béton.
Bien qu’il y ait là plusieurs salles de classe, des dizaines de bureaux et de longs couloirs, le bâtiment donne l’impression d’être complètement vide.
Les scientifiques passent beaucoup de leur temps en plongées dans la baie pour la collecte d’échantillons.
Kubota, cependant, se rend à son bureau tous les jours.
Il le doit, ou ses méduses immortelles vont mourir de faim !
Elles vivent ici en captivité, ces méduses immortelles, dans des boîtes de Pétri disposées au hasard sur plusieurs étagères d’un petit réfrigérateur dans le bureau de Kubota.
Comme la plupart des hydraires, les Turritopsis Dohrnii passent par les deux étapes principales de leur cycle d’éternelle immortalité (sic !) : polypes et méduses, méduses et polypes… etc….
Un polype ressemble à un brin d’aneth, avec des tiges grêles qui se terminent en bourgeons.
Lorsque ces bourgeons se gonflent, il ne pousse pas de fleurs, mais des méduses…
Chaque méduse a un dôme en forme de cloche d’ou balançent des tentacules.
Ce n’est pas le genre que vous voyez à la plage…
Celles-ci appartiennent à un autre groupe taxonomique : Scyphozoa…
Une méduse adulte produit des œufs ou du sperme, qui se combinent pour créer des larves qui forment de nouveaux polypes.
Chez les autres espèces d’hydraires, la méduse meurt après qu’elle a engendré.
Une méduse Turritopsis Dohrnii, cependant, en fin de cycle, coule au fond du fond de l’océan, la cloche se résorbe avec les tentacules, puis elle dégénère jusqu’à ce que le tout devienne un blob gélatineux qui se régénère…
Au cours des jours suivant, ce “blob” développe une enveloppe extérieure…, ensuite se forment des stolons, qui ressemblent à des racines qui s’allongent et deviennent des polypes… qui produisent de nouvelles méduses… et le processus recommence.
Kubota estime que sa ménagerie contient au moins 100 échantillons, environ 3 par boîte de Pétri : “Ils sont très petits“, me dit Kubota…, “Très mignons”…
Une méduse adulte est d’environ la taille d’un ongle auriculaire… et traîne des dizaines de tentacules.
Les méduses trouvées dans des eaux plus froides ont une cloche rouge écarlate, mais le plus souvent les méduses Turritopsis Dohrnii sont translucides blanchâtres, et leurs contours sont si fins que même sous un microscope, elles ressemblent à un dessin au trait.
Elles ne font strictement rien d’autre que passer le plus clair de leur temps à flotter mollement dans l’eau.
Au cours des 15 dernières années, Kubota a passé au moins trois heures par jour pour attentionner sa couvée.
Après l’avoir observé, au cours d’une semaine, je peux confirmer que c’est éreintant, c’est un travail fastidieux.
Quand il arrive à son bureau, il enlève chaque boîte de Pétri du réfrigérateur, une à la fois… et change l’eau.
Puis il examine ses échantillons au microscope, voulant s’assurer que les méduses sont en bonne santé.
Si elles nagent avec grâce, si leurs cloches sont sans nuages, et si elles digèrent leur nourriture (des kystes artémias séchés d’œufs d’artémia récoltés dans le Grand Lac Salé de l’Utah), tout va bien…
Bien que ces kystes sont minuscules, à peine visible à l’œil nu, ils sont souvent trop grands à digérer pour une méduse.
Dans ces cas, Kubota, plissant les yeux à travers le microscope, doit couper l’œuf en morceaux avec deux aiguilles à pointe fine, de la même façon dont un père peut couper en petits morceaux, la nourriture de ses enfant en bas âge.
Le travail provoque Kubota à grogner et glousser.
“Mangez par vous-même !”… hurle-t-il aux méduses…, “Vous n’êtes pas des bébés !”…
Puis il rit de bon cœur, un rire à cliquet qui rend son visage rond plus rond…, les rides décrivant des cercles autour de ses yeux et sa bouche.
Il s’agit pour Kubota d’un emploi à temps plein, mais sans véritable salaire, sauf diverses aides et dons…, prendre soin des méduses immortelles est un sacerdoce.
Lorsqu’il voyage à l’étranger pour ses conférences universitaires, Kubota doit transporter les méduses avec lui dans un sac isotherme (ces dernières années, il a été invité à donner des conférences à Cape Town en Afrique du sud, à Xiamen en Chine, à Lawrence dans le Kansas, à Plymouth en Angleterre)…
Il se rend aussi à Kyoto, où il est tenu d’assister aux réunions administratives de l’université, mais il retourne la même nuit, un voyage de huit heures aller-retour, afin de ne pas manquer une alimentation…
Turritopsis Dohrnii n’est pas la seule cible de ses recherches.
Kubota est un auteur prolifique d’articles scientifiques, il en a publié 52 dans la seule année 2011, un grand nombre basé sur les observations qu’il fait sur une plage privée jouxtant le laboratoire de Seto… et dans un petit port sur la route côtière.
Chaque après-midi, après que Kubota a fini de s’occuper de ses méduses, il se promène sur la plage avec un ordinateur portable.
C’est un spectacle remarquable que de voir ce solitaire en tongs, piétinant le sable sur 400 mètre de plage, courbé, son jogging délavé, ses cheveux en bataille dans la brise, scrutant attentivement le sable.
Il rassemble ses données et les publie dans les journaux locaux avec des titres comme “Analyse des échouages de poissons sur la plage de Kitahama” et “La première occurrence des espèces Bythotiara à Tanabe Bay”…
Personne, ou alors pas grand monde ne les lit…, les gens ne savent pas que Kubota est le découvreur de l’immortalité… et un membre actif d’une douzaine de sociétés scientifiques.
Étant donné le coté obsessionnel de Kubota sur son travail, il n’est pas surprenant qu’il a été forcé de négliger d’autres domaines de sa vie.
Il ne cuisine jamais…, au labo il porte des T-shirts avec des images de méduses.
Son bureau est en désordre, il ne semble pas avoir été organisé depuis qu’il a commencé à nourrir ses méduses.
La porte s’ouvre juste assez large pour le laisser passer…, car elle est bloqué à mi-course par des étagères sur lesquelles il a disposé des centaines d’objets récupérés sur les plages : coquillages, plumes d’oiseaux, pinces de crabe et corail.
Son bureau est invisible sous une pile de livres ouverts…, cinquante brosses à dents sont entassés dans des tasses sur le dissipateur en aluminium rouillé.
Il y a des photos encadrées sur le mur, la plupart d’entre elles représentent des méduses…, dont un dessin enfantin fait de crayons de couleur.
J’ai demandé à Kubota, qui a deux fils adultes, si c’était un de ses enfants qui l’avait fait… et il s’est mis à rire en secouant la tête… : “Je ne suis pas un très bon artiste” !
J’ai suivi son regard vers le bureau où il y avait une boîte de crayons de couleur.
Les étagères qui bordent les murs sont pliées à craquer à cause des manuels, des revues et des livres scientifiques : Frank Herbert “Dune”, “Les Travaux d’Aristote”, “La vie et la mort de Charles Darwin”, “Origine des espèces”…
Il est fasciné par ce qu’il appelle “le mystère de la vie humaine” – où venons-nous et pourquoi ? – et espère que dans les civilisations antiques, il pourrait trouver les réponses qu’il cherche.
Mais après avoir lu Darwin, il s’est rendu compte qu’il lui faudra examiner plus profondément dans le passé, au-delà de l’aube de l’existence humaine…
Kubota a grandi à Matsuyama, sur l’île méridionale de Shikoku.
Bien que son père était un professeur, Kubota n’a pas obtenu d’excellentes notes à son école secondaire où il avait une génération de retard : “Je n’ai pas étudié, je n’ai lu que de la science-fiction”…
Mais quand il a été admis à l’université, son grand-père lui a acheté une encyclopédie biologique.
Il est situé sur l’une de ses étagères de bureau, à côté d’un portrait en teintes sépia de son grand-père.
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” alt=”” />m’a déclaré Kubota…, “J’ai lu chaque page, particulièrement impressionné par l’arbre phylogénétique, le schéma taxonomique que Darwin a appelé l’Arbre de Vie. Darwin comprenait l’un des premiers exemples d’un Arbre de Vie sur l’Origine des Espèces. Aujourd’hui, les brindilles ultrapériphériques et des bourgeons de l’Arbre de Vie sont occupés par les mammifères et les oiseaux, tandis qu’à la base du tronc se trouvent les plus primitifs dont la phylums-Porifera (les éponges), les plathelminthes (vers plats) et les cnidaires (méduses). Le mystère de la vie n’est pas caché dans les animaux supérieurs, il est caché dans la racine. Et à la racine de l’arbre de la vie est la méduse. Jusqu’à récemment, la notion que les êtres humains pourraient avoir quelque chose de valeur à apprendre d’une méduse aurait été considéré comme absurde. Un cnidaire typique n’a pas, après tout, beaucoup en commun avec un être humain. Il n’a pas de cerveau, par exemple, ni de coeur. Il a un seul orifice à travers lequel sa nourriture et les déchets passent. Il mange, en d’autres termes, de son propre anus. Mais le projet du génome humain, achevé en 2003, a suggéré le contraire. S’il avait été estimé que notre génome contient plus de 100.000 gènes codant des protéines, il s’est avéré que le nombre était plus proche de 21.000. Cela signifiait que nous avions le même nombre de gènes que les poulets, les ascaris et les mouches des fruits. Dans une autre étude, publiée en 2005, les cnidaires ont été trouvés à avoir un génome beaucoup plus complexe qu’on ne l’avait imaginé. Il y a une quantité choquante de similarité génétique entre les méduses et les êtres humains. Du point de vue génétique, en dehors du fait que nous avons deux duplications. Cela peut avoir des implications pour la médecine, en particulier les champs de recherche sur le cancer et la longévité. Peterson est en train d’étudier les microARN (miARN couramment notée), des brins minuscules du matériel génétique qui régule l’expression des gènes, agissant comme un interrupteur marche-arrêt pour les gènes. Lorsque le commutateur est désactivé, la cellule reste dans son état primitif indifférencié. Lorsque le commutateur est activé, une cellule assume sa forme mature: elle peut devenir une cellule de peau, par exemple, ou une cellule de tentacule… Mirna a également joué un rôle crucial dans la recherche sur les cellules souches, le mécanisme par lequel les cellules souches se différencient. La plupart des cancers sont marqués par des altérations de miARN. Les chercheurs soupçonnent même que des altérations de miARN peuvent être une cause de cancer. Si vous mettez miRNA d’une cellule off, la cellule perd son identité et commence à agir de manière chaotique et devient, en d’autres termes, cancéreuse. Les hydrozoaires sont une occasion idéale d’étudier le comportement des miARN pour deux raisons : ce sont des organismes très simples, et les miARN sont cruciales pour leur développement biologique. Mais parce qu’il y a si peu d’experts hydraires, notre compréhension de ces espèces est incroyablement incomplète”.
L’immortalité peut être beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense…
Il y a des éponges et des oursins qui sont capables de se régénérer en permanence !
Cela pourrait être une caractéristique générale de ces animaux : ils ne meurent jamais.
Daniel Martínez, biologiste au Pomona College est l’un des spécialistes mondiaux de premier plan en matière hydraire.
Le National Institutes of Health lui a accordé 1,26 millions de dollars de subvention de recherche pour étudier l’hydre, une espèce qui ressemble à un polype dont le corps est presque entièrement composé de cellules souches qui lui permettent de se régénérer en permanence !
Martínez a cherché à prouver que l’hydre était mortelle…, mais ses recherches durant les 15 dernières années l’on convaincu que hydre peut, en fait être vraiment immortelle…
“Il est important de garder à l’esprit que nous n’avons pas affaire à quelque chose qui est complètement différent de nous”, a dit Martínez.., “génétiquement les hydres sont les mêmes que nous en tant qu’êtres humains. Nous sommes des variations d’un même thème… Elles ont peut-être fait un marché avec le diable : En échange de la simplicité, sans queue ni tête, ni vision, manger à l’extérieur de son propre anus, les hydres ont gagné l’immortalité…. Ces espèces particulières, simples peuvent représenter une opportunité pour apprendre à lutter contre le cancer, la vieillesse et la mort”…
Mais, pour la plupart des experts hydraires, il est pratiquement impossible d’obtenir un financement : “Qui va risquer une seule chance sur un scientifique qui ne fonctionne pas comme les autres ? Les organismes subventionnaires sont toujours en train d’essayer de faire preuve d’imagination et de se revigorer, mais bien sûr, vous êtes coincé dans beaucoup de bureaucratie”…
Même certains de l’utilité de ses recherches, les pairs de Kubota sont prudents lorsqu’il leur parle d’applications médicales potentielles : “Il est difficile de prévoir dans quelle mesure et à quelle vitesse Turritopsis Dohrnii peut être utile pour lutter contre les maladies, Stefano Piraino, un collègue de Boero Ferdinando, m’a dit dans un e-mail que l’augmentation de la longévité humaine n’a pas de sens, que c’est absurde et anti-écologique. Pourtant la méduse immortelle est l’espèce la plus miraculeuse dans tout le règne animal. Je crois qu’il sera facile de résoudre le mystère de l’immortalité… et la vie ultime s’appliquera alors aux êtres humains”…
Kubota est encouragé par le fait que bon nombre des plus grands progrès de la médecine humaine sont réalisés à partir des observations faites sur des animaux qui semblaient n’avoir que peu ou pas de ressemblance avec l’homme.
Au 18e siècle en Angleterre, le bactériologiste Alexander Fleming a découvert la pénicilline par accident dans une de ses boîtes de Pétri.
Des scientifiques qui étudient dans le Wyoming ont découvert des gènes similaires à ceux inactivés par le cancer chez l’homme, ce qui les a conduit à croire qu’ils pourraient être à la base de nouveaux médicaments anticancéreux.
L’un des chercheurs du Wyoming a déclaré dans un communiqué qu’il espérait pouvoir contribuer à l’arsenal des diverses approches thérapeutiques utilisées pour traiter et guérir de nombreux types de cancer.
Et Kubota continue dès-lors d’accumuler des données sur son propre organisme, tous les jours de sa vie.
Il y a une deuxième photo sur le rayonnage du bureau de Shin Kubota, à côté du portrait de son grand-père.
Elle montre une classe de jeunes universitaires posant sur le campus d’Ehime à Matsuyama.
La photographie a 40 ans, mais Kubota est immédiatement reconnaissable, son visage rond, ses yeux souriants, ses cheveux noirs….
Je lui ai dit qu’il n’avait pas l’air très différent du jeune homme de la photo.
Il m’a expliqué qu’il y a cinq ans, quand il a eu 55 ans, il a vécu ce qu’il a appelé : une petite frayeur.
C’était un moment stressant pour Kubota, il s’était séparé de sa femme, ses enfants ont quitté la maison, sa vue baissait et il avait commencé à perdre ses cheveux.
Il se sentait comme s’il avait vieilli d’une vie en un an : “J’étais devenu vieux”…
Je lui ai dit qu’il avait l’air beaucoup mieux maintenant, beaucoup plus jeune que son âge.
“Trop vieux”, m’a-t-il dit, la mine renfrognée…, “Je veux être jeune à nouveau. Je veux devenir immortel”…
Comme pour se distraire de cette trajectoire de la pensée, il a enlevé une tasse de Pétri de son réfrigérateur pour que je puisse voir l’immortalité : “Le moyen le plus fiable pour rendre les méduses immortelles dans le sens inverse de la vie, c’est de les mutiler”.
Il a commencé à perforer le tissu gélatineux qui compose la cloche de la méduse.
Après, la méduse se comportait comme une victime de coups de couteau et a commencé des contractions spasmodiques.
Kubota, dans ce qui semblait un acte de sadisme, ne s’est pas arrêté là…, il l’a poignardée 50 fois en tout.
La méduse avait depuis longtemps cessé de bouger.
Elle est demeurée immobile, paralysée, son mésoglée déchiré, la cloche dégonflée.
Kubota regardait satisfait.
Le deuxième jour, la masse gélatineuse s’était attachée au plancher de la boîte de Pétri, les tentacules étaient repliés sur elles-mêmes.
Le quatrième jour, les tentacules avaient disparu et l’organisme a cessé de ressembler à une méduse entièrement…, elle ressemblait à une amibe.
A la fin de la semaine, des stolons avaient commencé à jaillir de ce qui ressemblait maintenant à une boulette de viande.
Cette méthode est, en un sens, une tricherie certaine, que de prétendre que la détresse physique induit le rajeunissement.
Mais le processus est aussi naturel que lorsque la méduse se re-développe lorsqu’elle est trop vieille ou malade.
Le secret de l’immortalité de l’espèce, Kubota croit maintenant, qu’il se cache dans les tentacules.
Mais il aura besoin d’un financement pour réaliser des expériences, ainsi que l’assistance d’un généticien et/ou d’un biologiste moléculaire, afin de comprendre comment la méduse immortelle s’en tire.
Même ainsi, il pense que nous sommes loin de résoudre le mystère de l’espèce, quoique c’est une question d’années, peut-être une décennie ou deux : “Les êtres humains sont si intelligents“, m’a-t-il dit, comme pour me rassurer.
Mais il a ajouté une mise en garde : “Avant d’atteindre l’immortalité, nous devons évoluer en premier. Le cœur n’est pas bon”…
J’ai supposé qu’il faisait un argument biologique : que l’organe n’était pas biologiquement capable d’une vie infinie, que nous avions besoin de concevoir de nouveaux cœurs artificiels pour les longues vies artificielles. Mais ensuite j’ai réalisé qu’il ne parlait pas littéralement…, par cœur, il voulait dire : esprit humain.
“Les êtres humains doivent apprendre à aimer la nature”, m’a-t-il dit…, “Aujourd’hui, la campagne est obsolète. Au Japon, la campagne a disparu. Les grandes métropoles ont fait leur apparition partout. Nous sommes à la poubelle. Si cela continue, la nature va mourir. L’homme, est assez intelligent pour atteindre l’immortalité biologique, mais nous ne la méritons pas”…
Ce sentiment m’a surpris, venant d’un homme qui a consacré sa vie à la poursuite de l’immortalité.
“La maîtrise de soi est très difficile pour les humains”, a-t-il poursuivi…,“Afin de résoudre ce problème, le changement spirituel est nécessaire”…
C’est pourquoi Kubota a commencé une deuxième carrière.
En plus d’être un conférencier chercheur, professeur, il est aujourd’hui un auteur-compositeur.
Diverses chansons de Kubota ont été présentées à la télévision nationale japonaise, dans des karaoké à travers le Japon… et ont fait de lui une célébrité.
Il faut dire que, au Japon, le pays le plus âgé de la population du monde, la méduse immortelle a un statut relativement élevé dans la culture populaire.
Sa réputation a été renforcée en 2003 par une série télévisée, “14 mois”, dans lequel l’héroïne prend une potion, extraite de la méduse immortelle, pour revivre dans le sens inverse du temps qui passe.
Depuis lors, Kubota est apparu régulièrement à la télévision et à la radio.
“Nous devons nous aimer via les plantes sans lesquelles nous ne pouvons pas vivre. Nous devons nous aimer via les bactéries, car sans décomposition notre corps ne peut pas retourner à la terre. Si tout le monde apprend à aimer les organismes vivants, il n’y aura pas de crime. Aucune assassinat. Pas de suicide. Le changement spirituel est nécessaire. Et la façon la plus simple d’y parvenir est par le chant”.
Tous les soirs, une fois que Kubota en a temporairement fini avec son travail, il se dirige vers un bar karaoké.
Il chante pendant au moins deux heures : “Quand on chante, une autre partie du cerveau est utilisée. Il est bon de se détendre, de chanter une chanson. Il est bon d’être fort”…
Son bar karaoké préféré est appelé Kibarashi, ce qui se traduit approximativement par “loisirs”, mais signifie littéralement “air frais”.
Kibarashi se situe à l’extrémité d’une rue résidentielle, à l’écart de la route côtière.
Il m’avait donné des indications claires, mais j’ai eu du mal à le trouver.
La rue était silencieuse et sombre, j’étais prêt à revenir en arrière, en supposant que j’avais fait un mauvais tour, quand j’ai vu un petit panneau décoré avec un microphone éclairé.
Quand j’ai ouvert la porte, je me suis retrouvé dans ce qui ressemblait à une salle de séjour : canapés, tables basses, des pots de fleurs en plastique, des poissons rouges dans les petits réservoirs.
La vidéo karaoké d’une ballade japonaise se jouait sur deux téléviseurs qui pendaient du plafond.
Kubota faisait face à l’un d’eux, micro en main, se balançant, chantant à plein dans un élégant mezzo-baryton.
La barmaid, une femme de 70 ans, était assise derrière le bar, et tapotait sur son iPhone.
Personne d’autre était là.
Kubota a chanté deux heures : Elvis Presley, les Beatles, les Beastie Boys et d’innombrables ballades et des chansons japonaises pour enfants.
À ma demande, Kubota a chanté ses propres chansons, dont sept sont énumérés dans son livre karaoké.
Lors de mon dernier matin à Shirahama, Kubota m’appelé pour annuler notre dernière réunion.
Il avait une infection bactérienne dans les yeux et ne pouvait pas voir assez clairement pour regarder à travers son microscope.
Il allait chez un spécialiste.
Il s’est excusé à plusieurs reprises : “Les êtres humains sont très faibles”, m’a-t-il dit…, “Les bactéries sont très fortes. Je veux être immortel !”…
la méduse immortelle Turritopsis Dohrnii s’avère également très faible.
En dépit d’être immortelle, cette méduse est facilement détruite…, mais elle revit sans cesse…, quoique les polypes sont largement sans défense contre leurs prédateurs, au premier rang desquels les limaces de mer.
Les Turritopsis Dohrnii peuvent aussi être facilement être étouffées par des matières organiques…, elles sont des miracles de la nature, mais ne sont pas complètes, ni parfaites !
Kubota le reconnait : “Elles sont toujours des organismes. Elles ne ne sont pas Dieu”…
Et leur immortalité est, dans une certaine mesure, une question de sémantique.
Immortel…, ce mot est distrayant, car si, par immortel, on veut dire “transmettre ses gènes”, alors oui, on est toutes et tous déjà immortels.
Mais ce ne sont pas les mêmes cellules !
Les cellules sont immortelles, mais pas nécessairement l’organisme lui-même.
Pour compléter l’analogie “Benjamin Button”, il faut imaginer l’homme, après le retour à un foetus, être né à nouveau.
Les cellules seraient recyclées, mais le vieux Benjamin aurait disparu…, à sa place serait un homme différent avec un nouveau cerveau, un cœur nouveau, un nouveau corps.
Il serait un clone…, mais nous ne savons pas avec certitude ce que cela signifie pour les êtres humains.
Perdu dans le labyrinthe de la vie, on doit toutes et tous poursuivre tous les chemins…, peu importe combien sont improbables, et si on risque d’être dévorés par le Minotaure.
Kubota, pour sa part, craint que les leçons de la méduse immortelle seront absorbées trop tôt, avant que l’homme soi prêt à tirer parti de la science de l’immortalité d’une manière éthique : “Nous sommes des animaux très étranges”, m’a-t-il dit…, “Nous sommes tellement intelligents et civilisés, mais nos cœurs sont très primitifs. Si nos cœurs n’étaient pas primitifs, il n’y aurait pas de guerre. Je crains que nous allons appliquer cette découverte scientifique trop tôt, comme nous l’avons fait avec la bombe atomique”…
Je me suis souvenu de ce qu’il m’avait dit plus tôt dans la semaine, quand nous avions regardé le clip de sa chanson : Living Planet…, une ode à la beauté de la nature.
La vidéo avait été tournée par son voisin de 88 ans, un employé retraité de la Compagnie de Osaka-Gas… et les paroles de Kubota étaient superposées sur cette séquence d’images : il y avait Engetsu, son arche couverte de mousse et, faisant saillie, des chênes et des pins…, au loin le Mont Seppiko et la montagne Takane, les falaises striées de Sandanbeki, la plage privée du Laboratoire de Seto, une chute d’eau, un ruisseau, un étang, et la forêt qui jouxte la ville, si dense et noire que les arbres semblent être les ténèbres.
“La nature est si belle”, m’a-dit Kubota en souriant avec mélancolie…, “Si les êtres humains disparaissaient, comme le monde serait pacifique”…