L’œuvre dantesque de Zocor à la ZGallery de Zeebrugge !
Est-ce parce que la vie est dure ?
Parce que le monde, un coup s’embrase, un coup s’inonde ?
Parce que trop de violence, trop de bruit, trop de choses trop vite et tout le temps ?
Quasi partout plane une impression de ralentissement, de grâce et de douceur.
La ZGallery à Zeebrugge, là dans cette station soeurette de Knockke le zoute, où dans certains bars branchés le verre de vin coûte 25 euros, lundi soir, accueillait la fête organisée pour le vernissage de l’exposition dédiée à Zocor.
Plus tôt, une centaine de personnalités triées sur le volet, avaient assisté à une méga-fête où des jeunes femmes dénudées servaient des cocktails.
Là, il est minuit et demi, il gèle et le service d’ordre bloque l’entrée : il y a déjà 110 personnes en trop malgré les invitations.
Typique du monde des arts : vous avez beau vous accréditer, envoyer mille mails, recevoir l’invitation (jusque-là, c’est déjà pas mal, la moitié a abandonné en chemin), vous n’êtes jamais sûr à 100 % de pouvoir entrer.
Frédéric Beigbeder, lui, il peut.
Arielle Dombasle, elle, sort.
On voit au loin Virginie Efira qui parle avec Mademoiselle Agnès de Canal + et on raconte que Kate Moss est quelque part dans la salle.
Un des refoulés tente auprès d’un cerbère : Hé mais je vous connais, vous ! Vous étiez à Roland Garros. Accès court central, côté Marcel Bernard !.
Bingo, le gars y était.
Bon, ils papotent un moment mais c’est pas pour ça que Sésame, ouvre-toi.
Jusqu’à ce que Guy Evens, grand ordonateur de l’exposition, de l’intérieur, lance : OK, ils peuvent entrer. Non, pas eux !
Trop tard.
Infiltration.
On croise une dame très âgée en perruque rose fluo, un monsieur chauve et bedonnant dont s’occupent deux bombes vraiment très gentilles, un géant noir en tee-shirt 80’s, des palmiers, un lion et une autruche empaillés, de petits fauteuils en osier, du champagne à flots.
Sur l’extraordinaire sol en pierres bleues qui garde le secret de toutes les soirées luxueuses et décadentes qu’on a données ici depuis plus de dix ans, le top modèle roumain Irina Lazareanu, une demi-portion à la frange chocolat, danse comme une dingue avec Guy Evers, l’un des patrons de la ZGallery.
Une bienveillante lui remonte sa toge romaine écrue jusque sous les fesses et la lui noue pour ne pas qu’elle se prenne les pieds dedans.
Il y a des verres renversés sur des robes en soie, des cigarettes malencontreusement écrasées sur des bras (mais Beth Ditto qui vous demande, les yeux mi-clos, si vous n’avez pas eu trop mal, ça vaut bien une petite cicatrice)…
Seules les petites en costume marine qui tiennent le vestiaire bâillent comme un tee-shirt trop large.
Elles ne prennent plus la peine de sourire à ceux qu’on appelle les socialites : des gens qu’on voit dans toutes les soirées people mais dont personne ne se rappelle ce qu’ils font exactement.
Comme Alexa Chung, 27 ans, vaguement mannequin, qui racontait deux heures plus tôt à un journaliste : J’aime bien porter des sous-vêtements tous les jours, c’est très important pour moi…
Hé bien voilà, maintenant on sait ce qu’ils font.
Ils racontent n’importe quoi.
Zocor, cinq lettres atypiques pour une artiste qui l’est tout autant.
Zocor est un être à part, que le grand public ne connaît pas encore.
D’abord exposée de manière confidentielle avant d’apparaître dans des galleries européennes, elle s’y fait remarquer par un premier cercle d’amateurs d’art grâce à ses performances artistiques, développant un univers d’une grande intensité dont l’imagerie aussi extraordinaire que dissonante réinvente la place de la peinture dans l’art contemporain, interpellant certains spécialistes qui parlent déjà de l’artiste comme la révélation la plus importante de sa génération.
Femme de tête et surtout de conviction, Zocor, à travers son œuvre, projette ses rêves, ses espoirs, ses déceptions et ses colères par rapport à la vie, à la société et à la condition féminine.
Rebelle par nature, elle ne sait ni se soumettre à l’autorité, ni respecter les convenances surannées.
Elle croque la vie à pleines dents et pousse comme une mauvaise herbe au milieu d’un champ abandonné.
De ses amitiés et ses amours des deux sexes, est né un art pictural chaotique, vif, romantique et… même nostalgique…
Quelques mois après sa première exposition de 1994, ses œuvres se retrouvent exposées à New York, puis à Venise.
S’ouvre d’emblée une voie royale alors que Zocor n’a pourtant pas commencé l’œuvre qui en fera l’une des artistes les plus importantes de sa génération.
Le grand projet qui va défrayer la chronique est en effet un cycle artistique intitulé Texticula (le nom qu’elle invente pour symboliser le muscle qui relie le cordon spermatique aux testicules, seul muscle incontrôlable car à la merci ded stimuli extérieurs) qu’elle réalise en 1995.
Texticula est un véritable ovni dans le champ de l’art contemporain en inventant une nouvelle mythologie du cycle de la vie et du cheminement spirituel.
L’univers de Texticula par Zocor oscille entre des rêves et des cauchemars peuplés d’une faune hermaphrodite, d’être mutants, d’hybrides luttant avec leur animalité, de satyres tentant des rites de passage.
Ces histoires sans texte à la trame narrative déroutante regorgent de métaphores et d’incursions dans les mythologies païennes, réveillent les allégories et les rites, en passant par des références à l’art, à la technologie, l’architecture, la nature ou la pop culture.
Les moyens mis à la disposition de Zocor par quelques-uns de ses amis mécènes, se trouvent à la hauteur de son ambition en lui ouvrant les portes du monde l’aidant à visioner certaines scènes qui aboutiront à une apothéose texticulaire artistique, même Lolo Ferrari, malheureusement décédée en suite d’une orgie texticulaire avec Zocor participe à l’épopée en posant pour la réalisation de la toile Texticula XXX !
Se pose alors la question du financement de la réalisation de ces oeuvres excentriques.
On peut rapprocher le fonctionnement de Zocor à celui de Matthieu dans diverses toiles autofinancées par la vente de travaux périphériques à l’œuvre in situ.
Zocor bouscule également les règles économiques habituelles de l’art contemporain puisque le collectionneur s’engage en amont de participer à la présentation des œuvres lors d’expositions.
Les collectionneurs investissent ainsi par conviction et ne sont pas tentés de spéculer.
De fait, les cas de revente sont rares et le marché des enchères de Zocor n’est pas très dense : sur les cinq dernières années, seules une dizaine d’œuvres ont été proposées chez les initiés et depuis le début de l’année 2010, seules cinq œuvres ont été mises à l’encan…, c’est six fois moins que Jeff Koons et 24 fois moins que Takashi Murakami !
Son record culmine à 150.000 euros pour la fameuse toile Texticula XXX vendue à un collectionneur japonais.
Ce record remonte à 2008… et, grâce à ce score, sa cote est au beau fixe.
Mais les pièces importantes, que l’on peut qualifier de muséales, sont rares et les amateurs ont surtout accès à des œuvres dans une fourchette de prix abordable.
Certaines changent de mains pour moins de 50.000 euros (Extase fumigène, vendue en décembre 2009)…
Des œuvres plus intéressantes s’échangent entre 30.000 et 50.000 euros en moyenne.
Le marché des oeuvres de Zocor, n’est pas encore à la mesure de son œuvre si spectaculaire…, son indice de prix étant au plus bas de la décennie !