La biennale des antiquaires…
Descente en eaux troubles !
Invité personnel de Karl Lagerfeld, je me devais d’être de la partie en cette fin de semaine passée…, sauf que je ne savais plus quelle partie jouer…, donc, au lieu de cela, j’ai d’abord préféré rester chez moi, n’ayant toujours pas digéré mon immense déception du monde :
Passer au dessus est beaucoup plus difficile que tu le penses…, m’avait avoué ma conscience, d’une pensée fatiguée, en évoquant ce qu’elle assimilait à une gueule de bois… : Pour l’instant, tu as surtout besoin de repos…
La digestion, je le sentais, allait être compliquée…, mes espoirs étaient énormes, j’avais sûrement fait preuve de trop d’ambition en envisageant je ne sais plus quoi… et, ce faisant, ma conscience s’était mise à rêver avec moi.., cela allait sans dire :
Tu t’es sans aucun doute mis trop de pression en écrivant quelques textes quand je te demandais quelles étaient tes attentes. Je me rends compte aujourd’hui que mes pensées sont sans doute tombées au plus mauvais moment… Et tout s’est brisé… Tu aurais dû prendre quelques jours de repos…
C’était d’autant plus désolant, qu’écrire des commentaires intelligents comportant une infinité de double-sens, concernant les conneries des beaufs…, est sans doute l’une des activités parmi les plus ingrates qui soient…, parce qu’un gros volume encéphalien est indispensable pour se hisser parmi les meilleurs… et nécessite, pour performer au plus haut niveau, une vie spartiate sans trop de satisfactions… et un courage qui devrait forcer l’admiration de ceusses qui en sont incapables !
Six heures par jour devant un clavier d’ordinateur à aligner des mots en phrases formant des paragraphes qui se lisent en textes…, avec le décompte des touches et des pixels comme seul dérivatif…, si ce n’est de temps à autre une bonne pignole pour que jouissent les neurones…, il y en a qui rangeraient leur slip kangourou au clou pour beaucoup moins que ça…
Quand il y a une récompense au bout du chemin, c’est supportable…, mais quand, après avoir tout négligé pendant des mois…, le résultat que l’on espère ne vient pas…, ce l’est un peu moins…
Je n’avais donc pas encore décidé de quoi le reste de ma carrière serait fait…, la masturbation n’étant pas une option…, je pensais ne reprendre les entraînements adéquats qu’en octobre, avec un objectif à court terme : spermater au plafond comme à mes 18 ans…
Pour l’instant, vise l’écran, l’été prochain tu auras sans doute une chance d’y arriver. Pour le reste, on verra année après année…, avais-je entendu au fond de mon moi-profond…
Pour éviter la nausée, j’avais pourtant déjà déjà prévu de m’entraîner différemment, en alternant avec d’autres activités… et j’envisageais de retourner voir ma psychologue préférée qui m’avait accompagné au début de sa carrière d’écrits-vains…
Elle m’avait enseigné la liberté de choisir : son école, son métier, son fournisseur d’électricité, son médecin, son mode de vie, son genre sexuel, sa mort…, me disant, au creux de l’oreille (gauche)…, enfouis sous la couette et nos oreillers…, que c’était le credo des sociétés occidentales, individualistes et dérégulées : Tout se passe comme si nous maîtrisions tous les aspects de notre existence, comme si tout était possible pour qui le voulait vraiment, comme si tout n’était qu’une question de choix et donc de rationalité…
Quelle responsabilité !
Et en cette suite, quel sentiment d’échec et de culpabilité lorsque les choses m’échappaient…
C’était assez complexe, pour moi (mais cela l’aurait également été pour d’autres)…, de copuler en rythme alors qu’elle m’expliquait comment l’idéologie du choix rationnel (qui à un moment est apparue dans le domaine économique)…, s’est généralisée…. et comment cette idée que nous pouvons choisir l’homme et la femme que nous voulons être (notre corps, notre santé)…, s’est retournée contre nous, en accroissant notre anxiété et notre fringale consumériste.
C’est d’ailleurs ce qui m’était arrivé…, devenu anxieux à l’écoute de ses dires, j’avais débandé après deux heures de va et viens entre ses reins !
Comme je l’avais noté un autre matin vers 4 heures, exténué, alors qu’elle persistait à vouloir atteindre un douzième orgasme tout en me psychanalisant : Nous n’avons pas conscience des formes d’où procède la construction de notre vie. Une des conséquences de ceci, c’est que nous ne pratiquons plus la critique sociale, la critique de la société, mais uniquement l’autocritique. On refuse d’acheter un objet hors de prix : on doit affronter le jugement de radinerie ; on choisit l’option la plus exorbitante, on donne l’impression de frimer… Nous nous sentons coupables pour tous les choix que nous faisons. En fait, nous croyons que nos choix sont parfaitement rationnels alors qu’en réalité, nous sommes souvent victimes de nos pulsions… De nos pulsions, de nos désirs, de nos fantasmes : de tout ce que la psychanalyse désigne comme relevant du plan de l’inconscient…
J’avais ajouté, en griboullis, alors qu’elle m’enfonçait un plug dans l’anus…, que la société tendait à nous faire croire que tous nos choix sont rationnels…, que nous pouvons tout contrôler…, que nous pouvons prévenir tous les risques en prenant les bonnes décisions…., mais surtout que l’idéologie du choix imprègne profondément tous les domaines de notre vie…, surtout quand celle-ci (le plug y était pour beaucoup !), ne correspond pas aux idéaux culturels en vigueur…
Avec le retrait du plug, j’avais eu une illumination…, je sentais en effet au plus profond de mon fondement, que durant les délices de l’amour, lors de jeux érotiques illimités…, nous sommes supposés prendre le problème en main… et dépenser du temps (et parfois de l’argent, parce que ma psychologue n’y allait pas de main morte pour me réclamer ses honoraires consultatifs)…, pour améliorer les choses…, nos affects étant alors présentés comme des choses que l’on peut choisir et contrôler… : Il existe une littérature très abondante sur cette idée que nous devons être les managers de notre vie… et que nos idées en matière de choix tendent à s’aligner aveuglément sur la théorie économique dominante et le consumérisme…
Effectivement !
J’ai compris, là, pantelant… que le paradoxe était que même les gens ayant de moins en moins le choix dans leur vie supportent toujours cette idéologie du choix.
Vivant alors aux Etats-Unis une partie de mon temps pour gérer l’édition US “Top Wheels” extrapolée de “AutoChromes”…, j’avais été frappé à cet égard, par l’idéologie du libre-choix qui y est si profondément ancrée !
A tel point que bon nombre de personnes pauvres ou de précarisés, encore actuellement, ne soutiennent pas la réforme des soins de santé, qui tend à imposer un système de sécurité sociale universel.
Ou alors ils ne soutiennent pas les propositions visant de taxer les riches car ils croient que leurs enfants le deviendront un jour !
Un ami (je m’apercevrais par la suite que c’était un faux-cul)…, vivant à Hallandale au nord de Miami-beach m’avait dit, avant de tenter de m’arnaquer sur une Corvette : Si mon fils devient un nouveau Bill Gates, je ne veux pas qu’il se fasse tondre par le fisc…
J’étais là au cœur de l’idéologie du capitalisme Yankee : celle du crétin self-made-man qui croit comme à l’évangile que s’il le veut vraiment, il pourra passer du statut de très pauvre à celui de très riche…
Et cette idéologie a gagné l’Europe… avec l’infect Nicolas Sarkozy qui s’est vendu et a vendu la France au Nouvel Ordre Mondial qui a besoin que ce genre d’idées devient le crédo universel….
“Tu as eu le choix !”, entend-on souvent sur le ton du reproche.
Ceci nous responsabilise mais nous culpabilise aussi…, d’autant que le choix est de plus en plus onaniste solitaire…
Dans le passé, dans la plupart des domaines, il existait ce qu’on appelle des “autorités”…, on pouvait compter sur la famille ou sur d’autres groupes.
La société s’est maintenant considérablement individualisée et l’on se retrouve en effet de plus en plus seul face à ses choix.
Pourtant, les gens ont toujours besoin de conseils, d’un filet de sécurité dans la communauté…, un peu comme un coup de main sexuel : se faire branler est infiniment plus agréable que se pignoler…
Certains tiennent des blogs dans lesquels ils décrivent leurs épreuves et sollicitent des réactions, espérant en avoir des érections…., d’autres cherchent des réponses à des questions inutiles…, d’autres ont recours à divers gourous, tout comme certains vont aux putes…
Mais à la différence de ce qui se passait dans le temps, il s’agit souvent d’aides ou d’outils ponctuels, qu’on abandonne quand ils ne donnent pas satisfaction…
Si faire un choix peut parfois être traumatisant, ce n’en est pas moins une capacité humaine essentielle : ne fût-ce que, parce que le fait qu’une personne puisse choisir, ouvre la possibilité du changement…
C’est vrai…, nous sommes très attachés à la faculté de faire des choix, car celle-ci est intimement liée à notre perception de la liberté, c’est un concept politique et social essentiel, qui a des implications sur la gouvernance.
Malheureusement, ce que cette idéologique du choix laisse assez systématiquement dans l’ombre, ce sont les conséquences potentiellement dramatiques qu’elle engendre, comme la frustration, la culpabilité, la compulsion consumériste ou au contraire l’incapacité de décider…, la paralysie complète devant les choix que nous devons sans cesse faire.
Pour me changer les idées, recharger mes bourses et ma tête (pourtant bien pleine), me souvenant de l’invitation personnelle de Karl (Lagerfeld), le carton est inséré en finale de ce texticule…, je suis allé confronter les aspects psychologiques de la vie, évoqués ci-dessus, sous l’immense verrière du Grand Palais situé aux Champs-Elysées (Paris), dans une exposition haut de gamme, véritable injure aux besogneux victimes de la crise des “riches-cons” (rapport à une des dernières couverture d’un magazine popu franchouille : Libération…, qui l’a payé cash, car un grand nombre de ses annonceurs ont déserté, à hauteur de 500.000 euros par numéros suivants !
Comme quoi, on ne peut tout écrire quand on marche à voile et à vapeur pour pêcher les gnous au filet)…
Le thème était : “les bijoux”… et je me demandais si cela avait aussi un rapport (sexuel) avec les bijoux de famille…
L’exposition était bien évidement très bling-bling et kitch…, elle se lovait comme un serpent scintillant, envahissant la Biennale des Antiquaires relookée mièvrement en stuc et platre sur jambes de bois, par le styliste au catogan : Karl Lagerfeld.
Parmi les exposants logés dans un décor inspiré par le faste haussmannien des grandes expositions universelles (120 exposants sur moquette de pavés gris et façades avec réverbères), se découvrait de manière indécente, un bijou créé par le grandiloquent orfèvre chinois Wallace Chan qui prétendait déjà au titre de record : 46 millions de dollars pour son collier “The Rendez-Vous”…, plus de 200 carats de diamants jaunes et autres pierres précieuses !
Je n’ai pu empécher ma conscience de me sussurer au fond de mon cerveau, dans sa partie reptilienne : Si on tourne les stilettos vers d’autres horizons que le bling-bling qui accompagne la montée en puissance des plus grands joailliers, on pourrait croire qu’Yves Klein va faire un malheur après son record mondial enregistré pour l’iconique FC1 (Fire Color 1) vendu 36.482.500 dollars !
Erreur…, me suis-je rétorqué…, antiquaires et maisons de ventes ne mangent pas au même ratelier.
Le regard des premiers tourne au mépris le plus glacial envers les animateurs factices du marché de l’art que sont Artcurial (dont les bureaux sont à deux pas du Grand-palais) et la galerie new-yorkaise L&M Arts, qui présentait ici “L’or bleu d’une Anthropométrie”… estimée 20 millions de dollars, minimum.
Que de sagesse à côté d’un Warhol : un portrait de Liz Taylor grimpant à 40 millions de dollars…, ou face à une scène de kermesse populaire chère à Breughel le Jeune s’annonçant à 10 millions d’euros chez le galeriste belge De Jonckheere…, ce qui faisait gripper le suisse Krugier qui espèrait à peu près la même somme pour son Cézanne, “Tasse, verre et fruits II”…
Et ce n’était pas terminé…
D’un mastaba en stuc chez Phoenix abritant le buste du pharaon Sesostris 1er aux plus belles pièces d’une maison Charlotte Perriand (galerie Downtown), du kitsch Napoléon III à Basquiat superstar…, le designer australien Marc Newson tentait de son coté sombre, de percer une brèche dans le flou général, suscitant en tout cas l’intérêt des photographes avec une commode anthropomorphe qui piétinait aussi le million de dollars sur le stand noir absolu de Carpenters Workshop.
Roi du Grand Palais, empereur de l’illusion, prince ténébreux et homme d’affaires alambiquées mais dégoulinantes d’euros…, Karl Lagerfeld s’est fait attendre le soir du dîner de gala à 1.000 euros le couvert…, pour finalement promener son catogan au milieu de son décor enchanté, un refuge idyllique face à l’instabilité du monde…
En fait… et en réalité…, ces gens se moquent du monde, dans tous les sens…
Les articles des journaleux de sévices (envers le populo) flattent leur égo (démesuré), authentifient leurs mensonges et escroqueries… et les beaufs en extase imbécile devant diverses femmes du monde (de véritables épouvantails caricaturalement fagottés de très moches loques hors de prix)… accompagnées de pingouins double-face…, font partie d’un jeu subtil qui d’un coté paie les frais basiques de l’exposition, mais crèent, par le nombre de béats…, l’évènement nécessaire à la perpétuation de la crédulité générale…
Le public des pauvres faux-riches qui viennent se la péter grââââve, n’achète strictement rien…, ce n’est qu’une masse difforme de dindons qui paye (cher) le ticket d’entrée pour se voir en flou dans le miroir des vanités… en s’extasiant devant les rideaux et tentures de grands-mères transformées à prix d’or en robes du soir…
Exemples ci-dessus et ci-dessous…
Ma conscience, très consciente des enjeux, s’est laissée aller en me mettant en tête (de Turc), quelques vérités aussi profondes que les tréfonds de mon moi-même atteints par le plug de ma psychologue… : On rentre dans une nouvelle lutte des classes. Ces marchands sont ici pour s’enrichir et enrichir les propriétaires de collections privées. Ces gens-là.., ces “sales cons” de riches (pour reprendre les termes de Libération selon une extrapolation des mots de Nicolas Sarkozy s’adressant à un pauvre citoyen).., sous le fallacieux prétexte que “les pauvres” vont en profiter en découvrant des œuvres magistrales dans l’exposition et divers musées “vitrines de la France”…, se délocalisent à l’étranger, puisque la crise de l’euro et l’attitude atone du gouvernement français actuel perdurent… L’idéologie, c’est beau mais il y a la réalité du marché… Bernard Arnault, par exemple, ne vise pas tout ce que les journaleux incultes distillent…, mais vise la non-taxation des plus-values sur ses milliards d’euros d’oeuvres-d’art… : le carroussel typique des méga-riches finançant un dingo qui, par exemple bis, tatoue des cochons empaillés et les vend des millions…
Mais à qui et ou ? ai-je hurlé au sein de la multitude…
Ils se les vendent entre-eux via des maisons de ventes-aux-enchères qui appartiennent à leur groupe… Combien vaut un cochon ? Combien vaut l’empaillage ? Combien vaut un tatouage ? Pas grand chose, sauf si la presse du milliardaire prétend que ça vaut des millions…, pas si l’oeuvre est présentée dans une galerie appartenant au même milliardaire comme étant de l’art…, pas si elle est mise en vente dans une maison d’enchères appartenant au milliardaire et affichée comme ayant battu tous les records : vendue à une société Off-Shore dans la nébuleuse habituelle… et finissant comme par hasard dans un musée appartenant au même milliardaire… Les ploucs viennent ensuite s’extasier, contribuant au montage financier et à l’escroquerie généralisée… Le seul qui a osé profiter de la connerie humaine, c’est Marcel Duchamp avec son urinoir promu oeuvre d’art…, mais ça lui a tellement rapporté, qu’il n’a finalement rien osé faire d’autre que le dupliquer pour en tirer lui aussi profit…
Les cochons tatoués ne sont pas inscrits dans le patrimoine Français des oeuvres d’art, du moins durant leur ascension financière…, mais une fois propriété d’une société située dans un pays ou les plus-values ne sont pas taxées…, il suffit d’un ami président (Sarkozy n’est plus là, mais est-ce que ça change vraiment ?), ou à tout le moins “bien placé”… pour que toute cette cochonnaille de grand luxe soit acquise à prix d’or dans un musée national…
Avec l’argent des pauvres gnous…, le votre, bande de beaufs…
Karl Lagerfeld, joker de cette partie de carte, s’est amusé à me dire : Pour relancer la Biennale, on a fait l’effort d’aller vers les grands collectionneurs du monde entier, avec ma formidable invitation personnelle, car une invitation de Karl Lagerfeld : “Je vous attends à la 26e Biennale des Antiquaires.”…, c’est formidable n’est ce pas ? C’est même génial et j’aime le génie, j’en suis d’ailleurs aussi un… Le contact direct est une marque de respect envers les collectionneurs. Il y a une demande énorme….
La crise, c’est la crise…, ai-je répondu…
Ce à quoi un bonhomme très propre sur lui et cravaté (il s’agissait de Christian Deydier, président du syndicat national des antiquaires, grand maître de la Biennale parisienne, que vous pouvez “admirer” ci-dessus, posant devant une bibliothèque)… m’a rétorqué : Quelle crise ? On s’en fout. On n’est pas des pleurnichards toujours en mal de subventions. Je veux que le marché de l’art soit pris en considération en France. On bosse, on crée des parts de marché. Puisque nous travaillons une année sur deux à Paris, je crée des mini-Biennales en novembre à New York, au printemps 2013 à Hong Kong. Puis à Moscou et Istanbul…. Chaque Biennale est un investissement de 100 millions d’euros…
Qu’écrire de plus ?
Rien…
Quoique, si : Vivent les ploucs…
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