La crise, c’est la faute aux Kirov’s !
Evidemment, aujourd’hui, certaines personnes parlementent entre elles et s’exclament d’un air profondément sérieux, quand les souvenirs leur reviennent… : que tout cela nous pendait au nez, que c’était inévitable, qu’il le fallait, qu’il ne pouvait en être autrement…
Et ces mêmes personnes se montrent mécontentes de la tournure qu’avaient pris les choses, car c’est quand même inconcevable que la folie collective n’a eu aucune limite suite à la grande crise de 2009.
En 2009, les gens signifiaient moins leur hostilité ou au contraire ils en faisaient la preuve la plus pointue lorsqu‘ils traînaient les cadavres disloqués le long des pavés, quand ils marchaient pour pétrir le mouvement de leurs mains alors que les Kirov’s de la Grande Armée du Renouveau créée par l’Union Russe Internationale, vaporisaient l’humanité capitaliste dont ils ne voulaient plus.
Certaines choses n’ont pas changé depuis Staline, en effet.
Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Ce qu’ils ont mené comme guerre pour venir à bout du capitalisme, est devenu une souillure devant leur porte, une balafre sur le visage qu’ils osent donner d’eux, une caricature grotesque et réductrice qui n’aboutit à rien sinon à une boucle inutile ramenant à ce qu’ils ont fait s’écrouler…
De tout temps, repousser la limite de l’acceptable selon le sens particulier qui lui avait attribué a toujours été l’initiative connue la plus saluée par les authentiques appréciateurs de la nature humaine !
Egalement la plus contestée, huée, méprisée et surtout la plus condamnée par tous les citoyens moyens ouest-occidentaux de l’époque dits démocrates, humanistes, empathiques et autres statuts d’ignominie d’un genre approchant.
Mise au piquet car les susmentionnés voyaient en son expression la tolérance d’une forme floue de criminalité qui deviendrait par la suite incontrôlable et bien leur en pris puisqu’elle parvînt, grâce à une opposition qui se révéla impuissante bien qu’au départ très lourdement majoritaire, à s’étendre de moins en moins discrètement… et sa nature première de marginalité se muta rapidement en phénomène pandémique dont personne n’avait prévu l’apparition…, en tout cas imaginé la progression.
Dans un premier temps, les médias firent étalage de ce recours outrancier à la violence ; agressions, vols, meurtres et actes de torture furent les seules nouvelles qui s’affichaient en toutes lettres, on aurait pu croire que le monde était fatigué de réprimer ses pulsions et on avait raison.
Ca s’est calmé par la suite, faute d’originalité et de lecteurs pour répondre au tirage.
La déficience de gestion qui en découla concernant les décisionnaires qui voulaient fort à propos l’éradiquer au nom d’une sérénité à laquelle peu de gens croyaient véritablement devînt si flagrante que plusieurs gouvernements démissionnèrent, crise après crise, poussés vers la sortie par une pression populaire jamais vue en plusieurs siècles d’histoire pour chacune des nations concernées.
L’Angleterre fut la première à tomber, comme le dirent les journalistes à ce moment-là.
On apprit que le centre-ville londonien avait été envahi de façon spontanée par ce que les reporters ont pris pour des manifestants hostiles à la politique du Premier Ministre mais tout de même extrêmement nombreux, ce qui était interprété par les flegmatiques d’Outre-manche comme un signe d’exaspération populaire inquiétant.
Suffisamment pour que la ville brûle durant une semaine…, ce qui donna la note à travers les frontières quant à la suite des évènements, ce fut le sort réservé à la Reine mère.
Son décès ne fut pas des plus glorieux, ni des plus paisibles : empalée sur ce qui semblait être une poutrelle en bois sur les images, hissée et exposée à la vue du monde entier, elle reçut les honneurs d’une visite exhaustive de la capitale, franchissant plusieurs fois la Tamise dans les deux sens et devînt en quelque sorte la mascotte symbolique de cet élan destiné à un avenir maintenant indéniable.
Certains parlèrent de guerre civile, de révolution ou même, pour quelques lyriques, de fin des temps.
En fait, ce n’était rien de tout cela.
Personne ne voulait établir de nouvelles règles à proprement parler, définir une nouvelle moralité, statuer sur qui méritait de vivre ou de mourir.
Cela n’intéressait personne.
Non, ce qui était évident, c’était que l’humain occidental, exemple aux yeux du monde en de multiples domaines, ne ressentait plus le désir de l’être et ça…, ça en a fait réfléchir plus d’un sur la position à tenir durant cette période.
On ne vit d’ailleurs aucun leader charismatique se lever pour tenter d’endiguer la révolution planétaire, mis à part le Maréchal Kirov qui était sûrement trop loin des réalités en général, ou très mal informé de la situation de l’autre côté de la Mer du Nord.
Quoiqu’il en soit, il fit la surprise du monde entier en développant en un temps record une flotille de dirigeables hyper équipés de bombes atomiques et autres joyeusetés et en attaquant New-York !!!
Au bout du compte et si on y réfléchissait un peu, l’obtention du pouvoir par la force n’était pas non plus le réel objectif de la marée qui affluait sur un monde désanimé et courant probablement à sa perte à moyen terme, ce mot avait d’ores et déjà égaré son sens.
L’objectif, c’était l’individu pour lui-même, par lui-même et en lui-même.
Ca aussi, c’est une idée qui a mis du temps à faire son bonhomme de chemin dans toutes les cervelles mais au final, elle y est plutôt parvenue.
Les gens voulaient revenir en arrière et renier la civilisation dite moderne, la pilule était difficile à avaler pour l’ensemble mais c’était bel et bien le cas pourtant.
Plus qu’un fait divers royal, les gens voulaient l’annihilation de ce en quoi ils avaient cru, une manière comme une autre de se venger, de désincarner le mensonge, la trahison qui avait amené à tant de vies gâchées.
Et pour cela, le sang devait couler, celui de leurs parents, de leurs voisins, de leurs amis, de tous les témoins de leur hérésie passée et même cela ne suffirait pas, on pouvait le pressentir sans peine.
L’unique manière de combattre l’irréversible est de l’occulter et de le faire de telle manière qu’il n’ait plus aucune possibilité de ressurgir ; cela était possible…
Le Maréchal Kirov promettait un point de non-retour et c’était là toute l’ambition du renversement inopiné des régimes capitalistes démocratiques.
Ca tenait en un seul slogan : “la majorité a le pouvoir, la majorité a tort, je suis ma propre majorité“.
Il n’y avait rien de bestial ou de primaire, telle que cette démarche était décrite par les excentrés ouvertement hostiles au mouvement, essentiellement aux Etats-Unis et au sein des nations de l’hémisphère sud.
La lucidité d’admettre qu’il était trop tard avant même de commencer, ce n’était pas de la fatalité passive, c’était avancer vers ce qui ne pouvait qu’être réaliste : l’impunité par état, ça n’avait rien de bestial ni de primaire, c’était le même courant discret mais latent qui court-circuitait les veines de toutes et tous, c’était l’Antéchrist de la culpabilité induite, la fin des petits arrangements entre amis qui n’en sont pas et de la vermine qui ronge la nature instinctive en prétextant la nécessité de conserver une morale civilisationnelle organisée par l’établissement de protocoles qui ne donnent rien d’une main et prennent tout de l’autre sous peine de voir surgir le démon du Chaos qui effraie tous les petits enfants d’influence judéo-chrétienne…
Ca n’avait aucun égal historique, les soixante-huitards étaient des rigolos, les sans-culottes des braillards à la fourche timide, par définition les révolutionnaires à l’anarchie remâchée étaient quasiment tous des tocards à quelques exceptions près.
Aucun n’avait une âme au bouleversement.
Chacun reprenait ce qui avait de tout temps été son intime propriété individuelle : l’existence par le désir.
Nombre de philosophies bancales avaient mis en exergue que l’abstention et la répression de la pulsion humaine étaient les gardiens de l’humanité, maintenant le monde était à l’opposé de cette doctrine qui n’avait fait que prouver sa limite.
La seule démocratie intellectuellement envisageable résidait en un conflit, mais sûrement pas par un consensus d’apparence majoritaire à tendance modérée.
Un idéal qui ne correspondait à rien de vraiment connu parce que jamais utilisé à sa juste… pour offrir la vérité, la liberté ou une quelconque entité obsolète.
Vivre la transgression au point qu’elle en perde sa définition, voilà le seul but restant, peut-être le seul qu’il y ait eu.
C’est en se basant sur cette déduction légitime et en réponse à la guerre de Kirov que le monde s’est désintégré…
Les nouveaux aéronefx Kirov’s symbolisaient à eux-seuls les forces militaires de l’Union Russe Internationale : Force, grandeur, tenacité… et une propension au gigantisme.
Voilà résumée en quelques mots la Grande Armée du Renouveau.
Ces dirigeables étaient conçus pour une seule chose : la Guerre.
Rigides, incassables, leurs armatures robustes en faisaient des vaisseaux de guerre virtuellement indestructibles.
Dans leurs cales, s’entreposaient des milliers de bombes qui viendraient à bout de tous types de blindage.
Ils étaient pourvus de puissants moteurs accompagnés de plusieurs propulseurs annexes qui aidaient à les maintenir en l’air.
Contrairement aux autres armes plus conventionelles, aucune dépense ne fut épargnée que ce soit dans le design ou la fabrication de ces béhémoths volants.
Krasna Aerospatial avait présenté les kirov’s à l’ensemble de l’Union Russe Internationale (ex-Russie) il y avait a peine deux ans et il ne fallut pas attendre pour que ces engins révolutionnent le combat aérien moderne.
Ces Kirov’s furent une aubaine pour Krasna Aerospatial qui fit d’un seul coup taire les critiques concernant sa qualité de dévellopement d’engins volants.
En effet, le succès de son hélicoptère de combat Twinblade avait été attribué par les mauvaises langues à un facteur chance démesuré.
Compte tenu de leur rôle de bombardiers lourds, les Kirov’s ne se déplacaient qu’à vitesse très limitée.
Pour éviter que le temps leur semble trop long, les concepteurs des Kirov’s avaient imaginé de luxueux quartiers pour que les pilotes puissent admirer la vue à travers les larges baies vitrées tout en faisant route vers le lieu de leur prochain combat.
En route, les Kirov’s pouvaient ignorer la plupart des tirs anti aériens ennemis, ceci incluant l’aviation ennemie.
Il est vrai que les Kirov’s ne disposaient d’aucun moyen de défense vis à vis des chasseurs ennemis, pour ce faire, l’Union Russe Internationale avait eu tendance à envoyer une escorte combattante pour protéger chaque joyau de l’armée de l’Union Russe Internationale…, juste au cas où…
Parallèlement à cela, Krasna Aerospatial avait équipé les Kirov’s, d’injecteurs spéciaux permettant aux aéronefs de se déplacer à une vitesse plus importante.
Cependant, ce système de “turbo” devait être utilisé avec parcimonie du fait des problèmes de sécurité qu’il soulevait.
Evidemment ces problèmes étaient certainement plus importants pour les ennemis des Kirov’s.
En effet, un seul de ces mastodontes était capable de raser une division blindée ou bien encore de décimer une base militaire entière et une ville comme New-York.
Comme vous pouvez l’imaginer, les kirov’s étaient pilotés par les officiers parmi les plus décorés disposant d’un parcours politique sans faille.
Ce poste leur permettait de profiter des installations luxueuses des divers Kirov’s qui s’étendaient sur plus de 200 m².
Quoi de plus agréable que de prendre un diner gastronomique en altitude.
Cependant, des histoires ont commencé à circuler autour de la cruauté des pilotes de Kirov’s.
La vitesse des Kirov’s étant ce qu’elle était, ces soldats étaient tellement impatients de se rendre sur les lieux du combat qu’une fois sur place, ils larguaient leurs tonnes de bombes atomiques sans aucun remord ni pitié pour les populations prises sous leurs feux.
Nombre de bombes illimité : En dépit de la taille gigantesque des Kirov’s, il n’y avait que très peu d’individus qui y prennaient place.
En usage civil, ils pouvaient transporter des centaines de passagers en lieu et place des dizaines de milliers de bombes atomiques qui étaient largement suffisantes pour mener à bien n’importe quelle bataille.
C’est à la trente millième bombe atomique que j’ai compris.
Le soleil ne se lèverait plus.
La fin du monde je l’avais déjà imaginée.
Des dizaines de fois, des centaines, même.
Très apocalyptique, avec des larmes, des cris, un ciel rouge qui se déchire, la foudre qui réduit tout en cendres et la terre qui absorbe les survivants dans ses entrailles.
Le soleil ne se lèverait plus.
Je continuais de scruter le ciel à la recherche du premier rayon de soleil, mon réveil affichait 30h12 et un nouveau froid avait envahi le monde tandis que des milliers de Kirov’s tourbillonnaient dans le ciel…
Dehors il n’y avait que l’obscurité.
La population survivante ne savait pas encore que la fin était amorcée.
La radio et la télévision continuaient de diffuser en boucle les programmes de la nuit.
Trois cent septante-trois.
Trois cent septante-trois minutes s’étaient écoulées depuis que j’avais vu mon réveil passer naturellement de 23h59 à 24h.
Cela ne m’avait pas inquiété vraiment, je crois que je n’avais pas vu le problème.
C’est à 24h01 que j’ai eu du mal à avaler ma salive.
A 24h03, j’étais en sueur et je faisais le tour de tout ce qui pouvait donner l’heure chez moi : mon téléphone, mon PC, l’horloge de la cuisine, le magnéto.
La vieille pendule à aiguille dans le grenier, elle, s’était arrêtée.
Coincée sur le 12.
A 25h, j’ai pris deux calmants et j’ai essayé de me convaincre qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve.
A moins d’une défaillance technique de toutes les horloges digitales, peut-être un effet des ondes GSM.
Un bug, une surcharge électrique, un dysfonctionnement qui avait échappé aux contrôles lors de la fabrication.
Demain je les préviendrais.
Demain.
Il était 30h45.
Les camions poubelles auraient du débouler dans la rue et pourtant c’était le silence complet.
Le nez écrasé contre une des fenêtres je fouillais des yeux le carrefour au bout de ma rue, cherchant le clignotant orange qui se pointerait sur le trottoir.
Le marchand de journaux en face de chez moi devrait être devant sa boutique à attendre.
Mais le store restait baissé.
Je n’entendais pas de bruit.
Un chien hurlait au loin dans une ruelle, il en avait pour des heures à remplacer le gazouillis des oiseaux.
Mon réveil venait de passer à 32h 20… et je me suis demandé combien d’entre nous pourraient encore survivre dans une nuit éternelle.
Nous étions à l’aube d’un monde nouveau, sans aube pour le débuter.
Heure 224.
Voilà maintenant plus de huit jours que le soleil s’est éteint.
Je m’étais suis barricadé chez moi.
J’avais fouillé les maisons voisines pour récupérer ce qui pouvait m’être utile : nourriture, boissons, armes, savon, bougies, outils.
Il n’avait pas fallu plus d’une cinquantaine d’heures pour que l’obscurité devienne le royaume des brigands et des noctambules.
Je voyais le ciel rougir aux quatre coins de la ville.
Les premières heures, les patrouilles de nuit avaient tenté de garder un équilibre en espérant voir le temps reprendre un cours normal.
Leurs voitures avaient fini par exploser devant le commissariat où elles avaient trouvé refuge et qui s’était écroulé peu de temps après sous la mitraille.
Des incendies de magasins pillés, des bagarres de territoire, des saccages d’immeubles, des meurtres de clochards résonnaient là où quelques semaines auparavant des rires d’enfants et des bruits de foule peuplaient les pavés.
Les trottoirs étaient parcourus par des ombres en bande qui déferlaient et rasaient tout sur leur passage pendant que les honnêtes gens disparaissaient dans un repos illimité.
J’alignais des traits sur le mur pour ne pas perdre le décompte des jours.
Vingt et un jours que j’étais là.
Cinq cent quatre heures.
La végétation commencait à dépérir.
Les arbres avaient perdu leur feuillage en plein printemps.
J’imaginais que dans d’autres maisons, des hommes et des femmes guettaient le moindre bruit annonçant l’arrivée des brigades de l’ombre pour prendre possession de leurs réserves.
Combien étions-nous à nous cacher ?
Suffisamment pour préparer une contre-attaque ?
Les télévisions et les radios avaient cessé d’émettre.
Un long silence s’en était suivi, rapidement comblé par des hurlements et des coups de feux.
Il y a 20 heures, une bande a mis le feu à la boutique du marchand de journaux.
Ils sont proches de mon immeuble, je ne suis plus en sécurité ici. Ils entreront bientôt dans la bâtisse, passeront chaque appartement au crible pour récupérer ce qui peut l’être.
Pour ma part, je ne sais plus quand je dors.
Le jour, la nuit, qu’importe, il ne reste que les ténèbres.
Je me réveille en sueur, alerté par un bruit ou une sirène, la main crispée sur le fusil de chasse que j’ai récupéré.
J’ai l’impression d’être dans une souricière et d’attendre l’arrivée de chats affamés.
518h45.
J’ai bougé les meubles qui barricadaient ma porte et je suis monté sur le toit.
Je veux passer d’immeuble en immeuble et trouver d’autres survivants.
La ville est un champ de ruine qui s’approche de mon quartier.
Des braseros ont remplacé la lumière du soleil.
Une puanteur atroce s’échappe des rues.
Une meute de chiens se dispute les restes d’un autre animal… ou d’un homme.
Mes premières inspections n’ont rien donné.
Partout il ne reste que des âmes endormies.
Définitivement.
Leur corps sont desséchés et pourris.
Le manque d’eau et de nourriture s’est glissé dans leurs rêves, remplacés maintenant par des vermines de toutes sortes.
Il ne reste pas grand-chose d’utile à emporter.
La plupart des denrées sont moisies ou à moitié dévorées par les rats.
Ceux-ci sont énormes et dangereux.
La nuit les rassure.
Ils se regroupent et avancent sans aucune peur.
L’angoisse, c’est nous qui la ressentons et les espaces sécurisés sont rares.
Dehors, c’est la menace des gangs d’ombres.
A l’intérieur, ce sont les bêtes qui attendent dans chaque couloir.
Et dans le ciel il y a les Kirov’s qui attendent l’ordre final pour larguer leurs bombes atomiques, par milliers !
J’ai arrêté de compter les jours et les heures ont disparu avec la coupure de l’électricité.
J’ai marché longtemps de toit en toit.
Une pluie glaciale s’est mise à tomber.
Un grand vide qui mène aux trottoirs s’ouvre devant moi.
Un escalier de secours métallique longe l’arrière d’un immeuble qui donne sur un parc aux arbres nus.
Le silence est tout aussi effrayant que le bruit.
Cette sensation constante d’être épié, d’être une proie…
A chaque marche descendue, je fais une pause.
Collé contre la rampe, j’inspecte chaque ombre du parc, puis je pose mon pied un peu plus bas.
Chaque geste se fait au ralenti, le moindre craquement pourrait avertir un ennemi de ma présence.
La fatigue et la faim perturbent ma concentration.
La pluie qui dégouline de mes cheveux brouille ma vue.
J’écarte les mèches sur mon front.
Respirer lentement.
Descendre encore.
Atteindre la rue.
Partir.
Une autre ville.
D’autres survivants.
Organiser la rébellion.
Reprendre le contrôle.
Réapprendre à vivre dans ce nouveau monde sans soleil.
Respirer lentement.
Descendre un nouvel échelon.
L’eau s’infiltre dans ma blessure.
Je ne sens plus mes jambes.
J’ai raté une marche et je suis tombé 6 mètres plus bas, au milieu de branchages.
Mon dos me fait souffrir et chaque mouvement fait craquer le bois et indique ma position.
La pluie fait circuler mon sang jusqu’au trottoir.
J’attends mon heure les doigts serrés sur mon arme.
J’ai froid et je voudrais dormir.
Dormir et me réveiller de ce long cauchemar avec la chaleur d’un rayon de soleil qui s’infiltre par les volets jusqu’à ma joue.
Apercevoir un petit point de lumière brillant sur mon mur.
Il y a du bruit autour de moi.
Je ne distingue presque rien dans ce noir.
Juste deux petits points brillants au bout de ma jambe et une longue queue noire.
La révolution se fera sans moi.
Je ferme les yeux et vois renaître le monde sous un nouveau soleil, les forêts reprendre leur souffle et les champs refleurir…
Piting, ça fait mal…
Je ferme les yeux, au bout de mon horizon, l’aube se lève et la lumière apparaît…
Trop tard !
C’est ce que les Kirov’s attendaient… et je vois les bombes descendre, descendre, descendre…
– Dis, Patrice, réveille-toi, tu vas rater le feu-d’artifice….
Piting de cauchemar, faut que j’arrète de boire du Kirov !
La Vodka Russe, ça ne me réussit… Hipssss… pas, piting !
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