La dictatucratie Française (et Européenne)…
Notre société comporte en son sein une mystérieuse brigade de gens particulièrement ennuyeux qui ne perdent pas une opportunité de vous expliquer que vous faites de mauvais choix, ou mieux, que vous avez un problème.
Vous ne vous êtes jamais demandé si vous n’étiez pas le seul être conscient du coin ?
Que tous les autres n’étaient que des personnages inconscients peuplant votre vie pour lui donner un semblant de réalisme ?
J’ai toujours aimé les analyses fines et pertinentes.
Si c’est l’une des raisons pour lesquelles je ne lis jamais Le Figaro, c’est aussi celle qui me pousse à admirer la horde de nouveaux experts qui envahissent nos médias pour faire part d’explications poussées sur le fonctionnement de notre société : sexologues autoproclamés dont les connaissances se basent sur leur vision de la dernière soirée mousse, psychosociologues dont les propos ressemblent plus à une oeuvre de tautologie qu’à une interprétation pertinente de comportements modernes, ou autres mots en -logue qui signifient qu’un amateur se déclare expert du jour au lendemain et que sa tribune est vérité (exemple : un blogue), autant de choses qui me font rêver.
La réussite sociale passe par d’innombrables voies, plus ou moins obscures selon les points de vue des sociétés qui les contemplent ; ainsi, si dans la nôtre un homme qui brise le crâne de son voisin avant d’uriner sur sa dépouille n’est guère perçu que comme un vulgaire galopin, à l’inverse, les groupuscules vikings (peu répandus de nos jours, leur déclin allant de pair avec celui des monastères francs et de leurs habitants à violer), l’idôlatrent et méprisent l’homme dont la vie consisterait à prendre du poids en faisant masser ses flasques bourrelets par un bain à bulle hors de prix.
C’est en partie pour cela que les voies du Saigneur qui sont impénétrables se ferment depuis des années, considérées les unes après les autres comme étant vouée à l’échec (à l’instar de celle menant à devenir ministre de l’économie humble, authentique, objectif, virtuose, honnête et cultivé), tandis que d’autres sont tracées pour pousser les gens à devenir : hypocrites, manipulateurs, menteurs, accusateurs, accusés, idiots, sournois, arrogants, pathétiques, immatures, opportunistes, vindicatifs, dissipés, tricheurs, ragoteurs, sardoniques, jaloux, dérangeants et dérangés, lunaires, susceptibles, opsimathes… et légèrement poétiques.
L’invasion a commencé…
Pas de cris, pas de cavalcades endiablées dans nos rues en proie au chaos ni même de coups de feu… Non…, malgré le fait que les zombies de l’Ordre Nouveau nous envahissent, personne ne semble réagir.
Pire, certains présentent même un certain enthousiasme devant la chose ; ils trouvent cela attrayant.
Face à des hordes décomposées, pourtant, il n’y a pas grand plaisir à trouver, à moins d’avoir quelque mystérieuse perversion.
Mais aujourd’hui, la chose semble acceptée : les zombies sont à la mode.
Via les médias qui nous affirment que nous devons pas nous inquiéter de la crise économique, de la faillite de la Grèce (qui nous a volé plusieurs centaines de milliards avant de boire quelques Ouzos à notre santé financière déficitaire)…, des centaines de nouvelles aventures à base de cadavres ambulants nous sont débitées en tranche bien saignantes, un peu partout, tel un perfide débarquement que nul n’arrive à repousser à la mer Egée.
Pire encore, en télé, il devient quasiment impossible de ne pas avoir droit à une petite aventure de la mort-vivante qui nous attend.
La chose semble même tellement passionnante que des aficionados se regroupent en marches zombies de protestation (les indignés de tout, rien et n’importe quoi), occasions de se déguiser en macchabées pour aller déambuler dans les rues de quelques grandes cités et crier à la face du monde son dégoût pour les hauts revenus, les banques, les finances et surtout les politiques souvent au coeur d’aventures à rebondissements toujours identiques !
Toujours les mêmes aussi : ils racontent n’importent quoi, se servent, se font payer cher pour contribuer à la grande déglingue et vendent leur pays aux pires tripatouilleurs du monde…
Buch (Georges), Obama (Barak), Caméron (James), Sarkozy (Nicolas), Berlusconi (Sylvio)…, se sont ainsi constitué des fortunes abyssales, ce que n’auraient pas renié Kadhafi, Moubarak et Ben Ali, liquidés (ou en phase de l’être) parce qu’ils en savaient trop et avaient trop de magot pour eux-seuls… et ça pose des dilemmes comme “Han, je le tue alors ou pas ? Parce que c’est mon copain quand même !”.
Et c’est à peu près tout !
De toute façon on va tous mourir…
J’imagine, qu’après avoir publié ceci, je vais finir comme cela…
Les gyrophares se rapprochent…, j’entraperçois dans mon rétroviseur les véhicules de la gendarmerie lancés à ma poursuite toutes sirènes hurlantes ; du moins, je le suppose : le bruit de mon moteur étouffe la plupart des sons qui parviennent jusqu’à mon habitacle.
J’ai beau zig-zaguer entre les véhicules dont l’écho des klaxons retentit à peine quelque secondes avant d’être noyé dans le tumulte de la course, je constate que les motos bleues de mes poursuivants se rapprochent à chaque seconde qui passe.
Misère, ma destination est encore lointaine… et jamais la maréchaussée ne me laissera l’occasion d’y parvenir.
Et puis soudain, j’aperçois le panneau salvateur : dans moins de 2000 mètres, ma sortie ; je double une voiture de luxe qui semble prendre la mouche avant de me rabattre juste devant un véhicule familial qui dans sa surprise a appuyé si fort sur ses freins que j’aperçois une fumée dense surgir sous la voiture dans mon rétroviseur ; le 4×4 devant moi dévie lourdement de sa trajectoire en me voyant arriver… et le passage enfin dégagé, je bombe jusqu’à la sortie tant espérée.
Je larguerai les motos sur les petites routes… et pour l’hélicoptère que j’ai aperçu tout à l’heure, j’aviserai. Un coup sur le frein pour ne pas louper le virage et…
Je n’entends même pas le crépitement des tirs des gendarmes situés derrière les barrières de sécurité de la sortie lorsque tout un peloton en embuscade vide ses chargeurs dans mes pneus ; dans une tempête d’étincelles, je serre mon volant à m’en faire saigner les mains en fonçant vers un monticule fleuri qui ne parvient qu’à peine à ralentir ma course avant de faire décoller mon véhicule dans un monstrueux vrombissement…
En atterrissant, l’inertie fait le reste et m’envoie réaliser une formidable série de tonneaux qui, mêlés aux escarbilles qui s’échappent encore de mes essieux, ont dû donner un fort beau spectacle aux hommes de la maréchaussée suivant ma trajectoire du regard.
De longues secondes après que mon véhicule se soit finalement immobilisé, j’entraperçois au travers du voile qui couvre mes yeux la silhouette de gendarmes tentant de m’extirper de la carcasse fumante de ma fidèle auto.
J’arrive vaguement à articuler un truc au sujet des sirènes qui me transpercent les tympans avant de perdre connaissance.
Et pouf…, pouf…, pouf…
Elle est de plus en plus sinistre la France, avec ses peurs, ses indignations, ses oukases et sa recherche d’un petit confort à la fois étriqué et moral.
Jadis, il y a tout juste cinquante ans on était communiste, gaulliste, partisan de l’Algérie française ou pour son indépendance…, on plastiquait, ratonnait, sulfatait et éradiquait encore un peu (au nom du FNL, de l’OAS ou du SAC), on faisait des barricades, répliquait aux charges des CRS, certes moins violentes qu’au temps des affrontements des années ’30 où la garde républicaine y allait à cheval…, mais au moins on avait des ennemis dignes de ce nom, quelle que soit son orientation politique.
De nos jours, on se passionne devant son poste de télé pour l’affaire DSK ou pour les composants des biberons, on monte au créneau contre les jouets chinois et on approuve les radars, la traque fantasmée aux pédophiles et l’on se suicide (très rarement) sur le lieu de travail (comme de nouveaux bonzes) dans l’espoir posthume de voir ses ayant-droits toucher des indemnités.
Pauvre France consensuelle, bien plus con que sensuelle (car le cul lui aussi est devenu mal vu), qui a peur de tout, du nucléaire, des pesticides, des banlieues, du réchauffement climatique et de toute une série de lubies millénaristes ou new-âge.
Malgré tout Michel Houellebecq arrive encore à vendre des livres, Eric Zemmour a ses fidèles, mais leurs aficionados sont les premiers à approuver les lois liberticides qui nous pourrissent la vie au quotidien.
Certes, on ne va pas risquer un mauvais coup dans une manif pour défendre les ampoules à incandescence, on ne va pas se remettre à fumer dans les lieux publics ou dire à une jeune et jolie qu’on croise en rue qu’elle a un beau cul, car la morale laïque, politiquement correcte veille à nous ramener dans le droit chemin consensuel lénifiant teinté d’écologie, d’idéologie sécuritaire, de féminisme et de droits de l’homme, du bébé phoque, de l’enfant, de la femme, du handicapé, du sans-papier, du propriétaire d’un pavillon de banlieue, sans oublier les homosexuels, les nains que l’on ne peut plus lancer, les enseignants, les agents de la RATP et de la SNCF avec leur droits de retrait qui paralyse la France au moindre incident.
Tous ces gens et catégories ont des droits respectables et indéniables, mais hélas obligatoirement contradictoires avec les aspirations d’autres groupes de la société.
On ne peut satisfaire tout le monde à la fois au risque de l’anesthésie et de la paralysie du pays.
Vivre, le simple fait d’être avec ses goûts, ses choix, ses orientations gênera inévitablement quelqu’un (d’autre), il faut en avoir conscience.
A force de respecter tout le monde, la société française va en arriver à un blocage où il ne sera plus possible de faire et même de dire quoi que se soit au nom du sacro-saint respect.
Une société vivante doit être nécessairement conflictuelle, c’est ce qui la fait progresser.
Il n’est pas question d’ostraciser, d’interdire, d’éradiquer ses adversaires, bien au contraire, il faut des ennemis, des opposants, des contradicteurs pour que la vie ait un minimum d’intérêt, quitte à les insulter, ou leur taper sur le pif quand ils vous énervent trop.
Une France sans écologistes, sans Front National, sans altermondialistes et sans ultra-libéraux serait bien triste et bien fade car trop uniforme, pour les sarkozystes c’est un peu plus difficile à admettre, mais il en faut bien quelques uns pour les couvrir de ridicule.
Cela dit, avoir des adversaires, c’est bien, à condition qu’ils n’empiètent pas trop sur vos propres libertés, dans ce cas il faut réagir et souvent fermement.
De la diversité, il en faut, avant tout pour qu’elle débouche sur des confrontations, mais hélas, notre société se dirige vers un consensus mou, une dictatucratie plan-plan chloroformée.
Maurras détestait Blum au point d’inciter au meurtre, c’était certes un peu excessif pour employer un euphémisme, mais de nos jours Hollande pousse des cris d’orfraie quand Aubry le taquine au lieu de répliquer vertement, c’est ce qu’il appelle être normal, drôle de concept de la normalité.
Tout commence désormais dès la maternelle ; le gosse qui en cogne un autre va direct chez le pédopsychiatre, alors qu’on trouve tout naturel qu’il n’obéisse pas à l’institutrice car il doit pratiquer son éveil et qu’il se roule par terre pour avoir une pizza.
Le bizutage est devenu illégal et la France entière s’insurge au moindre accident sur un manège forain.
Jean-Edern-Hallier était un pitre inconsistant presque aveugle, il n’empêche que François Chalais lui a collé un pain dans la gueule quand il l’a traité de collabo sur un plateau de télévision.
Defferre a provoqué Ribière en duel en 1967, le dernier duel connu en France.
Hélas ce n’est pas demain la veille que nos députés feront le coup de poing à la Chambre comme les Russes l’osent encore à la Douma pour défendre leurs idées même quand ils ne sont pas bourrés.
La liberté de penser, la vraie, ce n’est pas la soupe de Florent Pagny pour échapper au fisc, c’est celle de Valmy, c’est celle des viticulteurs contre lesquels l’armée refusa de tirer au début du siècle dernier.
Qui est encore capable de prendre des coups pour défendre ses idées, la veuve et l’orphelin, ou ses droits fondamentaux dont celui de faire chier ceux que l’on n’aime pas.
Non, il faut désormais être consensuel, aspirer à une dictatucratie castratrice à la suédoise où il n’y a plus officiellement ni putes ni fessée.
Et tout ce petit monde applaudit les révolutions arabes, comme s’il n’y avait pas de morts dans ces pays.
La révolution n’est pas un jeu vidéo, certains semblent ne pas voir les manipulations de ces mouvements.
C’est facile de se révolter par procuration, c’est beaucoup plus difficile de dire non dans sa propre dictatucratie castratrice.
Toute manifestation engendre de fait une contre-manifestation dans un pays encore vivant, sinon l’on tombe dans une forme de stalinisme qu’il soit religieux, politique ou moral.
Il est plus facile de combattre des extrémistes ou des despotes que des béni-oui-oui, car ceux-ci pensent avoir le bon droit de leur côté et la majorité derrière eux.
Les bons esprits vont nous citer Gandhi ad nauseam, ils oublient de dire que leur fameux Gandhi, en 1936 à Moscou ou à Berlin, il aurait fini à la trappe sans autre forme de procès.
Il faut donc s’indigner en bêlant…, ça ne mange pas de pain, mais toute indignation devrait déboucher sur des actes quelles que soient ses opinions et ses aspirations.
Il est tout autant légitime de s’insurger que de défendre ses privilèges, mais pour ces derniers, il faudrait un peu plus de courage que celui des rentiers et des actionnaires, celui de Murat, essayant de conserver son Royaume de Naples et finissant devant un peloton d’exécution.
Nous sommes loin de l’esprit de 1789, 1830, 1848 ou de 1871.
Bien sûr les conditions sociales ont évolué, mais chacun veut garder son petit patrimoine, ses droits acquis et pour cela, il est prêt à avaler n’importe quel boa constrictor, car on a désormais largement dépassé le stade des couleuvres.
Pauvre France de Bisounours plaintifs et geignards qui veut le beurre et l’argent du beurre et par-dessus le marché, qu’on lui fasse crédit.
Le monde a changé de face, nous ne sommes plus rien du tout si l’on veut parodier la chanson.
La France doit rester dans les clous, ne pas boire, ne pas fumer, attacher sa ceinture et trier ses poubelles.
Pas un comportement qui puisse être gênant, nuisible et encore moins risqué à défaut d’être dangereux. Pas un mot de trop qui pourrait choquer, blesser ou être ironique, déplacé ou outrancier.
Du plus petit peigne-cul au plus puissant politique, on porte plainte pour injure, diffamation, atteinte à l’image, alors que sans aller sur le pré comme jadis quelques baffes suffiraient pour calmer l’arrogant.
Mais ailleurs, hors de France et d’Europe occidentale certains osent encore se révolter, s’insurger, gueuler jusqu’à sortir les fourches et les fusils.
Mais lorsque les lois liberticides sont votées par un parlement élu “démocratiquement”, le citoyen a l’impression qu’il doit obéir car ce n’est pas un dictateur qui l’impose, ce n’est pas un dictateur parce qu’il dit qu’il est démocratik…, comme en 1933…, relisez l’histoire.
Le résultat est le même, car au nom de la protection collective, on en arrive à pénaliser tout le monde et à interférer, sans liberté, sans laisser de champ au libre-arbitre, quitte à assumer les conséquences de ses actes quand ils sont nuisibles à autrui.
Il n’est pas vraiment question de prôner la guerre civile en France, quoique…, mais tout simplement de fustiger la lâcheté !