La manipulation monĂ©taire…
La crĂ©ation monĂ©taire par le crĂ©dit commercial est la forme la plus importante de crĂ©ation monĂ©taire et lâescompte est le mĂ©canisme qui accompagne automatiquement lâessentiel de la crĂ©ation de biens rĂ©els.
Ainsi, lâĂ©quation fondamentale monnaie = richesses rĂ©elles est assurĂ©e.
La crĂ©ation monĂ©taire opĂ©rĂ©e lors des opĂ©rations dâescompte est bel et bien parallĂšle Ă la crĂ©ation de richesses rĂ©elles.
Car derriÚre toute traite émise et escomptée, il ne peut y avoir que production de biens.
Par ce biais, dâun cĂŽtĂ© on met donc en circulation les produits pendant que de lâautre cĂŽtĂ© on crĂ©e lâargent nĂ©cessaire pour les faire circuler.
Mais cette Ă©galitĂ©, qui a toujours Ă©tĂ© au coeur de lâĂ©quilibre Ă©conomique, et qui lâest chaque jour davantage, est bien fragile.
Si elle est rompue, les pires catastrophes peuvent se produire, notamment lâinflation ou la dĂ©flation.
On parle dâinflation (du latin inflare, gonfler) lorsque la masse monĂ©taire augmente plus vite que la production.
Il y a trop de monnaie par rapport aux biens: les prix augmentent (ou, ce qui revient au mĂȘme, la monnaie se dĂ©prĂ©cie).
La dĂ©flation est au contraire une contraction, un âdĂ©gonflementâ de la masse monĂ©taire.
Dans ce cas, les prix baissent.
Lâhyperinflation allemande…
Lâexemple le plus spectaculaire dâinflation eut lieu dans lâAllemagne de Weimar, dans les annĂ©es 1920.
Tout au long de lâaprĂšs-guerre, les prix augmentent en Allemagne plus quâailleurs.
Au cours de lâĂ©tĂ© et de lâautomne 1923, la hausse des prix connaĂźt une envolĂ©e hyperbolique.
Les prix flambent de jours en jours, puis dâheure en heure.
La Banque centrale allemande nâa mĂȘme pas le temps dâimprimer de nouveaux billets : on les surcharge avec des zĂ©ros supplĂ©mentaires Ă coups de tampon.
Les ménagÚres vont faire les courses avec des brouettes remplies de billets et reviennent avec quelques poireaux.
Les ouvriers sont payĂ©s deux fois par jour: ainsi, Ă midi, ils peuvent faire quelques courses et Ă©viter lâinflation de lâaprĂšs-midi.
On raconte lâhistoire dâun journaliste amĂ©ricain arrivant en Allemagne : il nâa quâun dollar en poche et dĂ©sire dĂźner, il entre dans un restaurant et demande si on peut lui servir quelque chose pour un dollar…, on lui sert un repas gargantuesque…, aprĂšs le dessert, alors quâil est en train de fumer un cigare, il est surpris de voir le garçon lui apporter une entrĂ©e…, Ă©tonnĂ©, il demande la raison de cette prolongation curieuse de son repas : âle dollar vient encore dâaugmenterâ, rĂ©pondit simplement le garçon.
Les chiffres parlent dâeux-mĂȘmes, en 1919, 1 dollar valait 14 marks, fin novembre 1923, ce mĂȘme dollar valait la bagatelle de 4.200.000.000.000 marks.
Oui, vous avez bien lu: quatre mille deux cent milliards de marks !
Les problĂšmes monĂ©taires internationaux…
Admettons que, grĂące Ă la puissance de lâĂtat et Ă sa crĂ©dibilitĂ©, une monnaie soit acceptĂ©e et utilisĂ©e dans un pays.
Mais que se passe-t-il dĂšs quâon sort des frontiĂšres et quâon achĂšte ou vend des produits Ă lâĂ©tranger ?
Il est Ă©vident quâun vendeur ne voudra accepter un paiement que sâil est effectuĂ©e dans sa monnaie, la seule quâil connaisse.
Lâacheteur, lui, nâaura pour payer que la monnaie utilisĂ©e dans son pays.
Un problĂšme Ă©pineux se pose donc: celui du change.
Ăcartons pour le moment lâexistence dâun moyen de paiement commun Ă lâacheteur et au vendeur, ou reconnu par les deux.
Cela a existĂ© et cela existe : le pĂ©trole se paie aujourdâhui en dollars, mais câest une exception.
La rĂšgle veut plutĂŽt que les contrats soient signĂ©s dans la monnaie du vendeur et que lâacheteur paie dans cette mĂȘme monnaie.
Il doit donc sâadresser Ă sa banque pour une opĂ©ration de change.
On voit immĂ©diatement la question dĂ©licate qui doit ĂȘtre rĂ©glĂ©e : quelle est la valeur de lâautre monnaie ?
Dans lâhistoire, on a connu trois systĂšmes rĂ©glant le problĂšme du change ou de la paritĂ© entre monnaies : lâĂ©talon-or, lâĂ©talon change or et les changes flottants.
LâĂ©talon-or…
Le Royaume-Uni promulgue en 1817 le Gold Standard Act.
La loi stipule que chaque livre vaut quelque 8 grammes dâor.
Ce systĂšme, appuyĂ© par la domination incontestĂ©e de lâAngleterre dans les domaines Ă©conomique, monĂ©taire et financier sâĂ©tend au monde entier comme rĂ©fĂ©rence.
DĂšs lors, le problĂšme du change et de la paritĂ© entre monnaies trouve une solution simple : chaque pays possĂšde une masse monĂ©taire et un stock dâor.
Le rapport masse monĂ©taire/stock dâor donne la paritĂ© or de la monnaie.
Le taux de change entre monnaies est fixĂ© par une simple rĂšgle de trois : si la livre vaut 8 grammes dâor et que le franc en vaut 4, alors la livre vaut 2 francs.
Enfantin.
ParitĂ© or et Ă©changes commerciaux…
Dans ces conditions, les échanges se déroulent sans encombre.
Imaginons que France et Angleterre aient des Ă©changes Ă©quilibrĂ©s : dans ce cas, lâentreprise anglaise qui importe demande Ă sa banque mettons 200 francs, qui vont lui coĂ»ter 100 livres.
De lâautre cĂŽtĂ© de la Manche, lâentreprise française qui importe demande 100 livres qui lui coĂ»tent 200 francs.
Si les Ă©changes sont Ă©quilibrĂ©s, deux autres entreprises expriment une demande contraire de mĂȘme montant.
Dans ce cas, les banques Ă qui les entreprises sâadressent ont exactement de quoi satisfaire les demandes en devises de leurs clients.
Imaginons quâil nây ait quâune banque.
Lorsque le client anglais, importateur de produits français, vient lui demander 200 francs, elle lui donne les 200 francs que le client français, acheteur de produits anglais, lui a donné pour acheter les 100 livres dont elle a besoin.
Ainsi, offre et demande de devises dans les deux pays sont identiques.
Les francs restent en France et les livres en Angleterre.
Les masses monétaires des deux pays ne varient pas, ni leurs réserves en or.
Masses monĂ©taires stables, stock dâor stables : la paritĂ© entre les deux monnaies reste la mĂȘme.
Tirons-en cette conclusion : si les Ă©changes extĂ©rieurs dâun pays sont Ă©quilibrĂ©s, la paritĂ© de sa monnaie ne varie pas.
Que se passe-t-il si ce nâest pas le cas ?
Simplifions : si un pays achĂšte plus quâil ne vend, la mĂ©canique ci-dessus ne joue quâĂ hauteur de la partie des importations couverte par des exportations.
Et le reste ?
Et le déficit ?
LĂ , il nây a quâune possibilitĂ© : sortir de lâor.
Soit pour payer le vendeur directement, soit pour acheter sa devise et le payer avec celle-ci.
Mais la sanction est immĂ©diate : le pays dĂ©ficitaire a moins dâor et sa monnaie est dĂ©prĂ©ciĂ©e, dĂ©valuĂ©e.
Pourquoi ?
Parce ce que dans le pays il y a autant de monnaie en circulation, mais cette monnaie est dĂ©sormais garantie par moins dâor : sa paritĂ© or baisse.
Et si le pays a un excĂ©dent commercial, câest le contraire.
Tirons-en cette conclusion : lorsquâun pays a un dĂ©ficit commercial, sa monnaie se dĂ©value ; lorsquâil a un excĂ©dent, elle se rĂ©Ă©value.
Gardons en tĂȘte ce principe, car il est valable pour tous les systĂšmes monĂ©taires.
Punition et rĂ©Ă©quilibrage…
Ces mécanismes ont un sens économique précis.
Un pays qui a un déficit commercial est sanctionné par la baisse de sa monnaie.
ConcrĂštement, cela signifie quâil est âpuniâ.
Punition immédiate, impitoyable.
Avec la baisse de sa monnaie, tous les produits étrangers lui coûtent plus cher.
ParallĂšlement, ses produits deviennent moins chers pour les Ă©trangers.
En clair, le pays sâappauvrit.
Pour avoir la mĂȘme quantitĂ© de produits Ă©trangers, il doit cĂ©der une plus grande quantitĂ© de ses produits.
Son travail, ses terres, son patrimoine, toutes ses richesses sont dépréciées.
Mais quelle faute est la sienne ?
Une faute impardonnable : il a moins donnĂ© quâil nâa pris aux autres : il a eu plus besoin des autres que les autres nâont eu besoin de lui.
En clair, il a vécu au-dessus de ses moyens.
Câest la dure loi du marchĂ©.
Mais si le marché est dur il sait se monter magnanime.
La punition de ce pays frivole est aussi le moyen de sa rédemption.
Sâil comprend la leçon et sait en tenir compte, tout devrait rentrer dans la normalitĂ©.
Les produits Ă©trangers sont devenus plus chers ?
QuâĂ cela ne tienne : le pays devra en consommer moins.
Ses produits sont devenus moins chers ?
Tant mieux : il pourra en vendre plus.
Ainsi, si la logique est respectée, la balance commerciale devrait se rééquilibrer.
Mais…, au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale, le systĂšme de lâĂ©talon-or, qui sâĂ©tait bĂąti au XIXe siĂšcle autour de la puissance britannique, vole en Ă©clats et un autre systĂšme se met en place.
Des monnaies pivots…
Les pays europĂ©ens ont connu au cours de la guerre, en sus des autres, un double malheur monĂ©taire : leurs masses monĂ©taires, exagĂ©rĂ©ment gonflĂ©es par le recours massif des Ătats au crĂ©dit, ont littĂ©ralement explosĂ©.
ParallĂšlement, leurs stocks dâor ont fondu.
Les AmĂ©ricains avaient beau ĂȘtre les alliĂ©s de la France et de lâAngleterre, ils nâacceptaient en paiement de leurs armes, de leur nourriture et de leurs marchandises que de lâor en barres.
Au dĂ©but des annĂ©es 1920, la vĂ©ritĂ© apparaĂźt dans toute sa cruautĂ© : les deux tiers de lâor mondial qui, avant la guerre, se trouvait en Europe sont dĂ©sormais aux Ătats-Unis.
En Europe, il ne reste que la moitiĂ© de lâor de 1914, mais les masses monĂ©taires sont multipliĂ©es par sept ! Dans ces conditions, plus question dâĂ©talon-or (sauf pour les Ătats-Unis, bien sĂ»r).
Une drĂŽle de confĂ©rence monĂ©taire se tient Ă GĂȘnes en 1922, qui va donner naissance Ă un drĂŽle de systĂšme.
Ă GĂȘnes, les AmĂ©ricains sont absents.
Depuis la victoire des rĂ©publicains aux Ă©lections, le mot dâordre est Ă lâisolationnisme : les affaires du monde ne les intĂ©ressent plus.
Ă lâinverse, la Russie soviĂ©tique est lĂ , on se demande pourquoi.
Dans le dĂ©sarroi ambiant, on imagine un systĂšme palliant lâimpossibilitĂ© de bon nombre de pays de revenir Ă la paritĂ© or et Ă la convertibilitĂ© de leur monnaie : ils nâont quâĂ utiliser les devises convertibles en or comme garantie et Ă©talon de valeur de leur monnaie.
Ainsi, toutes les monnaies se trouvent rattachĂ©es Ă lâor ; certaines directement, dâautres indirectement, en passant par des monnaies pivots.
Câest ce systĂšme quâon appelle alors lâĂ©talon change or (Gold Exchange Standard).
Le moins quâon puisse dire, câest que ce systĂšme bĂątard ne satisfait personne.
Surtout pas la France et lâAngleterre qui, ayant gagnĂ© la guerre et Ă©tant Ă la tĂȘte de deux empires coloniaux sâĂ©tendant sur la planĂšte entiĂšre, se voyaient mal ravalĂ©es au rang de puissances monĂ©taires de banlieue.
LĂ©nine nâavait-il pas dâailleurs dit: âLa dĂ©valuation est lâarrĂȘt de mort du capitalisme ?â.
Et la dévaluation était bien là .
La livre et le franc nâĂ©taient que lâombre de ce quâelles Ă©taient en 1914.
La dĂ©cision catastrophique…
Dans le systĂšme de GĂȘnes, tout pays en ayant les moyens pouvait revenir Ă la convertibilitĂ© de sa monnaie.
LâĂ©goĂŻsme et la prĂ©tention des vainqueurs fit le reste.
En 1925, Churchill dĂ©crĂ©ta le retour de la livre Ă la paritĂ© or et, qui plus est, avec la mĂȘme valeur quâen 1914.
J.K. Galbraith devait dire que ce fut âla dĂ©cision la plus radicalement dĂ©sastreuse des temps modernes en matiĂšre monĂ©taireâ.
Un tel jugement mérite quelques explications.
Pour revenir à la parité or de 1914, le gouvernement britannique a dû pratiquer une politique durement déflationniste.
Compte tenu de la situation anglaise de lâaprĂšs-guerre, cela signifiait âdĂ©gonflerâ la masse monĂ©taire, la rĂ©duire.
Comment sây est-il pris ?
En augmentant les taux dâintĂ©rĂȘt dâabord, en pratiquant un strict Ă©quilibre budgĂ©taire ensuite, câest-Ă -dire en limitant les dĂ©penses de lâĂtat et en augmentant les recettes, ce qui veut dire alourdir impĂŽts et taxes.
Socialement, cette politique sâest traduite par des conflits sociaux trĂšs durs, notamment la cĂ©lĂšbre grĂšve des mineurs de 1926, le conflit le plus ravageur de lâhistoire britannique.
Mais le jugement sévÚre de Galbraith sous-entend que la décision de Churchill eut un impact bien plus dévastateur encore que cela.
Probablement faut-il chercher lĂ une des causes essentielles dâune des crises les plus dramatiques de lâhistoire : la crise de 1929.
Lâattachement Ă la paritĂ© or des monnaies fut en effet le dogme le mieux partagĂ© des annĂ©es 1920.
Les Ătats-Unis sây sont tenus avec rigueur, les Anglais y ont sacrifiĂ© leur croissance dĂšs 1925 et la France nâa pas Ă©tĂ© en reste publique dĂšs 1926 elle sâest lancĂ©e dans la mĂȘme politique aboutissant au retour de la paritĂ© or avec le franc PoincarĂ© en 1928.
Or, la crise de 1929 a Ă©tĂ© une crise dĂ©flationniste, caractĂ©risĂ©e par la contraction de la masse monĂ©taire, la baisse des prix, des salaires, de la production et de lâemploi.
Les politiques de rigueur monĂ©taire des annĂ©es 1920 ont probablement fait le lit de la catastrophe de 1929. Milton Friedman lui-mĂȘme qualifie la politique monĂ©taire des Ătats-Unis Ă la veille de la crise : “dâineptieâ. Câest direâŠ
Bretton Woods et lâĂ©talon dollar…
AprĂšs la DeuxiĂšme Guerre mondiale, les vainqueurs absolus, les Ătats-Unis, ont visiblement retenu la leçon. Le systĂšme quâils mettent en place en 1944 Ă la confĂ©rence de Bretton Woods sous entend la volontĂ©, totalement exclue en 1919, dâassumer pleinement leur rĂŽle de puissance dominante.
Le projet du représentant britannique, un certain J.M. Keynes, est rapidement écarté.
Ce projet Ă©tait fondĂ© sur la crĂ©ation dâune monnaie internationale : le bancor.
Fi de la monnaie internationale spĂ©cifique, cette monnaie existe dĂ©jĂ : câest le dollar.
Le systĂšme mis en place est encore un Ă©talon change or, mais cette fois-ci, la seule monnaie convertible en or est le dollar.
La devise amĂ©ricaine devient ainsi le pilier dâun systĂšme solide, tenu par des rĂšgles strictes, enfin en accord avec la situation rĂ©elle.
Les paritĂ©s fixes…
Le dollar est convertible en or sur la base dâune paritĂ© de 35 dollars lâonce et les autres monnaies sont thĂ©oriquement rattachĂ©es Ă lâor par lâintermĂ©diaire du dollar.
Le systÚme de change entre monnaies est un systÚme de parités fixes.
La valeur du change est définie une bonne fois pour toutes : seule une variation de ou -1% est autorisée.
Au-delà , les pays doivent entamer une procédure complexe de dévaluation ou de réévaluation.
Les banques centrales des diffĂ©rents pays sont tenues dâintervenir sur le marchĂ© des changes pour Ă©viter des variations excessives, câest-Ă -dire supĂ©rieures Ă 1%.
Comment font-elles ?
Câest simple : si leur monnaie a tendance Ă monter, elles doivent en vendre.
Si elle a tendance Ă baisser, elles doivent en acheter.
ConcrÚtement, si le mark monte au-delà de 1%, la Bundesbank doit vendre des marks ; si le franc baisse au-delà de 1%, la Banque de France doit acheter des francs.
Ainsi lâĂ©quilibre entre lâoffre et la demande sera rĂ©tabli et la paritĂ© de la monnaie prĂ©servĂ©e.
Mais un problĂšme se pose ici : oĂč les banques centrales vont-elles chercher les devises nĂ©cessaires pour ces interventions ?
Si tout va bien, elles peuvent puiser dans leurs rĂ©serves de change constituĂ©es par lâaccumulation des devises issues dâun commerce extĂ©rieur excĂ©dentaire.
Sinon, elles doivent demander des prĂȘts Ă un organisme ad hoc : le Fonds monĂ©taire international (FMI).
Le roi dollar…
Dans ce systÚme, le dollar a un rÎle privilégié.
Seule monnaie convertible en or, il devient as good as gold (aussi bon que lâor).
Le systĂšme des paritĂ©s fixes fait par ailleurs de la monnaie amĂ©ricaine lâoutil privilĂ©giĂ© des interventions sur le marchĂ© des changes.
Deux bonnes raisons pour faire du dollar la monnaie de réserve privilégiée.
Ce nâest pas tout.
Ătant la monnaie pivot, le dollar jouit de deux prĂ©rogatives princiĂšres : la premiĂšre est que le risque de change si on utilise le dollar pour les paiements internationaux est moindre.
Voyons comment.
Le risque de change est la possibilitĂ© de payer plus cher que prĂ©vu un produit achetĂ© Ă lâĂ©tranger.
Dans le commerce international, comme dans toute forme de commerce entre entreprises, les paiements se font par traite.
On signe un contrat aujourdâhui, on paie dans un mois, deux mois, plus Ă©ventuellement.
Le contrat Ă©tant stipulĂ© dans la monnaie du vendeur, lâacheteur peut, au moment oĂč il va Ă la banque acheter des devises, payer ces devises plus cher si leur cours a augmentĂ©.
Dans le systÚme de Bretton Woods, chaque monnaie peut, sur une période donnée, varier de ou -1% par rapport au dollar.
Si on compte bien, en tout, on a une possibilité de variation de 2%.
Si, pour les besoins du commerce, on doit passer, par exemple, du franc au mark, le risque de change est de 4% (2% de baisse totale du franc 2% de hausse totale du mark).
Si on utilise le dollar, le risque est limitĂ© Ă 2%, câest-Ă -dire la variation maximale autorisĂ©e entre une monnaie quelconque et le dollar.
Cette raison, avec dâautres, a fait du dollar la monnaie la plus utilisĂ©e dans les Ă©changes internationaux.
Lâautre privilĂšge du dollar est Ă©galement liĂ© Ă sa nature de pivot du systĂšme.
Les Ătats-Unis, en effet, font lâĂ©conomie dâinterventions dispendieuses sur le marchĂ© des changes pour garantir la paritĂ© du dollar.
Comment est-ce possible ?
Si le franc baisse, par exemple, la Banque de France achĂšte des francs.
Avec quoi ?
Des dollars entre autre.
La Banque de France Ă©vite ainsi que le dollar ne sâapprĂ©cie exagĂ©rĂ©ment.
Si le mark monte, la Bundesbank va en vendre.
Contre quoi ?
Des dollars probablement.
La Banque centrale allemande empĂȘche donc que le dollar baisse.
Ce sont ainsi les banques centrales du monde entier qui sâoccupent de la sale besogne.
Câest tout bĂ©nĂ©fice pour la FED, la Banque centrale amĂ©ricaine !
Eurodollars et capitaux fĂ©briles…
La consĂ©quence de ce systĂšme ne sâest pas fait attendre.
Le dollar est devenu, et reste, la monnaie la plus utilisée dans les échanges internationaux, bien au-delà des échanges américains.
Le pĂ©trole, câest bien connu, se paie en dollars…,  il est devenu Ă©galement une monnaie de rĂ©serve pour bon nombre dâĂtats et, in fine, sâest en quelque sorte Ă©mancipĂ© de son crĂ©ateur pour devenir eurodollar.
Les eurodollars sont des dollars qui circulent en dehors des Ătats-Unis.
On doit leur nom au code dâune banque soviĂ©tique (âeurobankâ) qui la premiĂšre a dĂ©tenu des comptes en dollars (le rouble nâayant jamais Ă©tĂ© acceptĂ© pour les Ă©changes avec lâOccident).
Ainsi, une masse colossale de billets verts sâest mise Ă circuler Ă travers le monde, se dĂ©plaçant dâun pays Ă lâautre au grĂšs dâopĂ©rations lĂ©gales ou illĂ©gales (la drogue et les armes se paient en dollars) dans un but qui sâest affirmĂ© comme dĂ©finitivement prioritaire : la spĂ©culation.
Le systĂšme a parfaitement fonctionnĂ© pendant une vingtaine dâannĂ©es.
Il a notamment permis une extraordinaire croissance des Ă©changes mais, Ă partir de la fin des annĂ©es 1960, Bretton Woods sâest transformĂ© en un monstre ingĂ©rable.
Pour les Ătats-Unis et pour le monde.
Fluctuat et agitatur…
Ce qui Ă©tait arrivĂ© aux monnaies europĂ©ennes Ă cause de la guerre arrive Ă©galement aux Ătats-Unis, en pleine paix.
La masse de dollars, gonflĂ©e par lâessor des Ă©changes et par une demande toujours inassouvie, finit par dĂ©passer allĂ©grement sa couverture en or.
Dans le deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 1960, des esprits malins ou clairvoyants, dont la France du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, comprennent que la paritĂ© or du dollar ne va pas pouvoir ĂȘtre maintenue Ă©ternellement.
Ils se sont mettent donc Ă demander la conversion de leurs dollars en or.
Les Ătats-Unis doivent faire face Ă une vĂ©ritable hĂ©morragie.
Et une ultime et calamiteuse tentative de retour Ă la paritĂ© or de la livre (dĂ©cidĂ©mentâŠ) fait basculer le monde dans le cauchemar.
En 1971, pour la premiÚre fois, la balance commerciale américaine devient déficitaire.
Le dollar ne peut que baisser.
Sa parité or devient intenable.
Le 15 aoĂ»t, Nixon proclame lâinconvertibilitĂ© du dollar.
Tous ceux qui sâĂ©taient accrochĂ©s Ă une monnaie as good as gold sont servis.
Le dĂ©sordre monĂ©taire international…
Les années 1970 commencent par la longue agonie du systÚme monétaire qui avait scellé la domination américaine.
Elles sâachĂšvent par la rĂ©affirmation de cette mĂȘme domination, mais de maniĂšre bien plus perverse.
Le systÚme de Bretton Woods est attaqué de toutes parts.
Son pilier, le dollar, sâeffrite : dĂ©tachĂ© de lâor, il plonge au fur et Ă mesure que les Ătats-Unis sombrent dans une des pĂ©riodes les plus noires de leur histoire : chocs pĂ©troliers, dĂ©faite au Vietnam, Watergate et, pour finir, la rĂ©volution iranienne.
Les parités fixes ne tiennent pas face aux mouvements spéculatifs puissants.
Le FMI nâa plus de devises Ă prĂȘter, on essaie de lui inventer une nouvelle monnaie de rĂ©fĂ©rence: les droits de tirages spĂ©ciaux (DTS) : câest lâĂ©chec.
En 1973, on effectue un replĂątrage du systĂšme : les marges de variations sont Ă©largies ( ou – 2,25%), mais ça ne fait quâexciter la spĂ©culation.
Les monnaies faibles (livre, franc) sont dévaluées à répétition.
Les monnaies fortes (mark, yen, franc suisse) sâenvolent.
En 1976, Ă la confĂ©rence de la JamaĂŻque, on prend le taureau par les cornes : les paritĂ©s fixes sont abandonnĂ©es, lâor est dĂ©finitivement dĂ©monitisĂ©.
Il faut dire que sur le marchĂ©, il ne se nĂ©gocie plus Ă 35 mais Ă 500 dollars lâonce !
Les changes flottants…
Bretton Woods est mort et enterré.
Les gouvernements abandonnent une partie perdue dâavance : on ne peut plus contrĂŽler le cours des monnaies.
Le professeur Friedman et les Ă©conomistes libĂ©raux tiennent lĂ leur premiĂšre victoire : dĂ©sormais, câest le marchĂ©, et lui seul, qui va fixer la valeur des monnaies.
Leur cours va varier quotidiennement selon les variations de lâoffre et de la demande.
Le marchĂ© des changes brasse dĂ©sormais quotidiennement plus de capitaux que la Bourse elle-mĂȘme.
Le dollar touche le fond : en 1979, il vaut moins de 4 francs.
Avec lâarrivĂ©e au pouvoir de Ronald Reagan, les choses vont prendre une toute autre tournure.
De stricte obĂ©dience libĂ©rale, le nouveau PrĂ©sident sâen prend violemment Ă lâinflation et Ă lâĂtat.
Pour terrasser lâinflation, la FED augmente les taux dâintĂ©rĂȘt de maniĂšre plus que consĂ©quente : on nâest pas loin de 20%.
Par ailleurs, libĂ©rĂ©s de toute contrainte, les salaires sâeffondrent, ainsi que les dĂ©penses sociales de lâĂtat.
Lâinflation est vite jugulĂ©e par cette cure violente.
Sur le marchĂ© des changes, le dollar sâenvole.
AttirĂ©s par les taux amĂ©ricains, les capitaux fĂ©briles se ruent sur le billet vert, dâautant plus que la politique Ă©trangĂšre de Reagan restaure trĂšs vite la crĂ©dibilitĂ© amĂ©ricaine mise Ă mal par ses prĂ©decesseurs.
Le dollar se hisse Ă plus de 10 francs.
Un droit de cuissage planĂ©taire…
Tout va bien donc.
La politique de Reagan est efficace : lâĂ©conomie amĂ©ricaine repart, lâinflation baisse, le chĂŽmage Ă©galement.
Le dollar est fort.
Le prĂ©sident amĂ©ricain se permet mĂȘme de narguer ses collĂšgues.
Ă François Mitterrand (1916-1996) qui lui fait remarquer que le dollar est trop haut, Reagan rĂ©pond : âCe nâest pas le dollar qui est trop fort, ce sont les autres monnaies qui sont trop faiblesâ…
Reste un détail.
La libération du marché des changes aurait dû rendre les devises à la vérité des prix, si chÚre aux libéraux.
On lâa vu, ce qui devrait Ă©tablir la valeur dâune monnaie, câest la situation du commerce extĂ©rieur dâun pays : Ă dĂ©ficit commercial, monnaie faible, et Ă excĂ©dent commercial, monnaie forte, avec les rĂ©Ă©quilibrages automatiques que lâon sait.
Une monnaie faible devait permettre de vendre plus et obliger Ă acheter moins et le contraire pour une monnaie forte.
Quâen est-il des Ătats-Unis ?
Depuis 1971, ce pays a un commerce extérieur chroniquement déficitaire.
Bon an mal an, les AmĂ©ricains achĂštent au minimum 100 milliards de dollars de plus quâils ne vendent.
Cela fait trente ans que ça dure.
Dans une telle situation, nâimporte quel autre pays aurait Ă©tĂ© rĂ©duit Ă la faillite.
Sa monnaie ne devrait mĂȘme pas valoir le prix du papier sur lequel elle est imprimĂ©e.
Rien de tel ne sâest produit pour les Ătats-Unis.
Comment est-ce possible ?
MĂȘme dĂ©tachĂ© de lâor, le dollar reste le moyen de paiement et de rĂ©serve le plus utilisĂ© au monde.
Les dollars avec lesquels les AmĂ©ricains paient leurs dĂ©ficits ne reviennent pas aux Ătats-Unis.
Cela veut dire quâils ne paient pas leur dĂ©ficit.
Câest exactement comme si vous payiez vos achats avec des chĂšques que personne nâaurait lâidĂ©e dâencaisser.
Tant que la confiance rĂšgne, tout cela ne pose guĂšre de problĂšmes.
Lorsque les Ătats-Unis nâont plus dâargent pour payer leurs importations ou le dĂ©ficit de leur budget, ils Ă©mettent des bons du trĂ©sor.
Le monde souscrit avec empressement.
On leur prĂȘte leurs dollars.
Depuis 1971, les Ătats-Unis vivent des crĂ©dits que leur fournissent les autres pays.
Un gigantesque plan Marshall Ă lâenvers, dont le colossal endettement amĂ©ricain donne la mesure : quelques 10.000 milliards de dollars si on additionne la dette publique et la dette externe, 30.000 milliards de dette total, soit 31% du produit mondial brut.
Une paille !
Du serpent Ă lâeuro, la construction dâune alternative monĂ©taire…
Le dĂ©sordre monĂ©taire international qui sâest gĂ©nĂ©ralisĂ© dans les annĂ©es 1970 ne pouvait laisser lâEurope indiffĂ©rente.
Sur le Vieux Continent, lâabolition des frontiĂšres au sein de la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne (CEE) nâĂ©tait pas un vain mot : les pays europĂ©ens sont les pays les plus ouverts au commerce international ; lâinstabilitĂ© monĂ©taire est pour eux particuliĂšrement insupportable.
On comprend donc que lâEurope se soit lancĂ©e trĂšs vite dans la mise en place dâun systĂšme monĂ©taire rompant avec les mouvements erratiques des monnaies.
DĂšs 1969, au sommet de La Haye, les Six sâĂ©taient donnĂ© comme objectif la rĂ©alisation globale dâune union monĂ©taire.
En 1972 dâabord, avec le âserpent monĂ©taireâ puis en mars 1979, avec le “SystĂšme monĂ©taire europĂ©en” (SME), on rĂ©instaure en Europe ce qui avait progressivement disparu au niveau mondial : un systĂšme de paritĂ©s fixes avec des marges de variation limitĂ©es.
Mais les problĂšmes sâaccumulent: choc pĂ©trolier, entrĂ©e de nouveaux pays dans le CEEâŠ
Pratiquement tous les ans, telle monnaie est dévaluée, telle autre réévaluée.
Certaines monnaies ne rentrent pas dans le systĂšme.
Dâautres y rentrent pour en sortir aussitĂŽt.
Les marges de flottement flottent-elles mĂȘmes allĂšgrement: selon le moment et la monnaie, elles sont Ă©largies Ă 6% ou ramenĂ©es Ă 1%.
Mais au-delĂ de ces difficultĂ©s, la vĂ©ritable nouveautĂ© du SME est que, dĂ©sormais, les taux pivots sont fixĂ©s en une unitĂ© de compte europĂ©enne : lâECU (EuropĂ©en Currency Unit), une sorte de synthĂšse des monnaies europĂ©ennes, oĂč chaque devvise compte pour un pourcentage tenant compte du poids Ă©conomique et monĂ©taire de chaque pays.
LâidĂ©e dâune Europe monĂ©taire…
En 1986, lâActe unique rĂ©affirme lâobjectif de lâunion monĂ©taire.
Le traité de Maastricht, en 1992, fixe les critÚres de convergence et les conditions à remplir pour accéder à la monnaie unique.
Il sâagit de mesures strictes visant Ă limiter lâinflation, les dĂ©ficits budgĂ©taires et lâendettement.
La mĂȘme annĂ©e, une tempĂȘte sâabat sur les monnaies europĂ©ennes les plus faibles : franc, peseta, lire, livre sterling.
Le processus continue malgré tout.
En 1995, on choisit le nom de la future monnaie europĂ©enne: le nom ECU est abandonnĂ© (notamment Ă cause dâune assonance dĂ©sagrĂ©able en allemand avec “die kuh” : la vache) au profit de âeuroâ, plus digeste dans les diffĂ©rentes langues.
Le lancement de la nouvelle monnaie a lieu officiellement le 1er janvier 1999.
Ă cette date, onze pays sont âĂ©ligiblesâ.
Les Britanniques ne sont pas de lâaventure, ni les Danois et les SuĂ©dois qui refusent par rĂ©fĂ©rendum de lâadopter.
Les Grecs, qui ne remplissaient pas alors les conditions dâadhĂ©sion, rejoignent les onze Ă©lus en 2000.
Le 1er janvier 2002, lâeuro entre physiquement en circulation dans douze pays.
Euro qui comme UlysseâŠ
La monnaie europĂ©enne nâen est quâau dĂ©but dâun long voyage, mais dĂ©jĂ on ne peut que constater sa rĂ©ussite.
Elle est dâabord la manifestation la plus tangible de la construction europĂ©enne.
LâEurope passe dans nos mains quand nous payons une baguette avec une piĂšce allemande ou espagnole.
Nous nous sentons moins Ă lâĂ©tranger quand nous payons un cafĂ© au Portugal (0,50 euroâŠ) avec la monnaie quâon nous a rendu Ă Paris.
Mais le plus important nâest pas lĂ .
Câest avec lâeuro que lâEurope est devenu rĂ©ellement un grand marchĂ© unique.
Les entreprises y ont réalisé des économies colossales et le marché est devenu réellement transparent (voir le prix du café portugais).
Câest avec lâeuro que nos pays se sont soustraits au dĂ©sordre monĂ©taire international et Ă lâemprise du dollar !
Câest grĂące Ă lâeuro que le dernier choc pĂ©trolier, pourtant violent, a pu ĂȘtre encaissĂ© sans trop de dĂ©gats.
Ose-t-on imaginer ce que seraient devenus le franc ou la lire dans les grandes tempĂȘtes de ce dĂ©but de millĂ©naire ?
Câest par (et pour) lâeuro que nous profitons de faibles taux dâinflation et de faibles taux dâintĂ©rĂȘt.
Déjà deuxiÚme monnaie mondiale aprÚs le dollar pour les échanges, la monnaie européenne est utilisée par des pays tiers pour libeller contrats et emprunts.
Des accords spĂ©cifiques la lient aux monnaies dâEurope de lâEst et de la MĂ©diterranĂ©e.
Une alternative vitale pour les temps qui courent.
Le coĂ»t de lâeuro…
Pourtant, des voix sâĂ©lĂšvent rĂ©guliĂšrement pour protester contre la monnaie unique et ses sous-entendus.
Le sous-entendu le plus Ă©vident, câest que lâEurope, qui a tant de difficultĂ©s Ă sâaccorder sur une quelconque politique commune, sâest livrĂ©e pieds et poings liĂ©s Ă une politique de rigueur pour atteindre lâobjectif de la monnaie unique.
Le choix fait par François Mitterrand en 1983 dâabandonner la politique de relance de Pierre Mauroy (nĂ© en 1928) vaut dĂ©sormais pour tout le monde.
ContrĂŽle sĂ©vĂšre des dĂ©penses publiques, limitation des dĂ©ficits, privatisations : le pacte de stabilitĂ© nâest pas fait pour plaire Ă tout le monde.
La philosophie de base de lâeuro est toute allemande et la localisation de la Banque centrale europĂ©enne Ă Francfort nâest pas fortuite.
On a voulu une monnaie forte, on a voulu terrasser lâinflation, cette vieille phobie allemande : tout cela passe par de la rigueur, encore et toujours.
Câest pour cela quâon reproche Ă lâeuro la croissance molle et Ă©ventuellement le chĂŽmage, qui sĂ©vit sur le Vieux Continent.
Un pays semble particuliĂšrement touchĂ© : lâItalie.
Le cas de ce pays est instructif : longtemps habituĂ© aux dĂ©lices dâune monnaie faible qui favorisait ses exportations, lâItalie est confrontĂ©e, avec lâarrivĂ©e de lâeuro, Ă une perte catastrophique de compĂ©titivitĂ©.
Ses produits sont de plus en plus concurrencĂ©s par ceux des pays asiatiques, Chine en tĂȘte.
DĂšs lors, le populisme des hommes politiques (dont certains ministres de Berlusconi) nâhĂ©site pas Ă mettre sur le dos de lâeuro tous les malheurs du pays, y compris la violente hausse du coĂ»t de la vie qui sâest manifestĂ©e lors de lâabandon de la lire.
Le vrai problĂšme de lâItalie, ce nâest pas lâeuro, mais lâeuro confronte lâItalie a ses vrais problĂšmes : Ă©nergie trop chĂšre par refus du nuclĂ©aire, innovation insuffisante, systĂšme dâenseignement dĂ©passĂ©.
Le vrai problĂšme de lâItalie est de trouver dâautres arguments de vente que le prix de ses marchandises.
Lâeuro, quant Ă lui, a un seul vrai dĂ©faut : il condamne lâEurope Ă lâinnovation, Ă la qualitĂ© et Ă lâexcellence.
Et puis…
Et puis…
C’est l’AmĂ©rique qui innove.
Depuis que son dollar perd pied face Ă l’euro, et que son faux ennemi, l’URSS, quasi crĂ©Ă© de toute piĂšce pour avaliser son industrie d’armement est devenu la Russie, il lui manque un ennemi universel.
Reagan avait songĂ© Ă un ennemi extra-terrestre, mais cette image surrĂ©aliste n’a convaincu personne.
Le nouvel ennemi sera invisible : le terrorisme…
Et pour lancer ce nouveau systĂšme, le gouvernement Bush crĂše les attentats du 11 septembre 2001, tout en affirmant sans rire Ă tous les gouvernements du monde : “Vous ĂȘtes avec nous, ou contre nous”…
Aucune alternative !
L’Europe est alors obligĂ©e de suivre les USA dans ses guerres et d’y engloutir des fortunes tout en y perdant quasi toutes ses relations privilĂ©giĂ©es.
Second acte…, 2008 : les subprimes, c’est Ă dire l’art et la maniĂšre de vendre la quasi totalitĂ© de tout ce qui existe comme obligations pourries aux autres nations…
L’AmĂ©rique s’auto-finance avec l’argent non dĂ©pensĂ©, elle n’a jamais remboursĂ© ses dettes extĂ©rieures, c’est l’Europe, crĂ©dule, qui subit le choc…
Histoire de dĂ©contenancer sans perdre la pression, l’alliĂ© IsraĂ©lien des USA, perpĂ©tue l’insĂ©curitĂ© des approvisionnement pĂ©troliers en menaçant d’atomiser l’Iran, ce qui crĂšerait pire que toutes les guerres connues depuis le dĂ©but de notre monde, ce qui permet de jouer avec les relations entre l’Europe, la Russie, la Chine et l’Iran…
Le commerce EuropĂ©en est au plus mal, crise de confiance, peur de l’avenir, Ă©vasion des derniers capitaux “flottants”…
Et c’est la GrĂšce qui craque la premiĂšre…
Le but du jeu : que les gens abandonnent leurs euros, les convertissent en dollars…
L’euro Ă 0,70 pour un dollar, l’euro ne sera plus qu’un souvenir, il suffira de racheter les industries exsangues Ă un infime pourcentage de leur valeur…
La suite ?
Dans quelques semaines…