La mélancolie des innocents …
Quelqu’un veut partir.
Le « Web », c’est trop petit pour lui.
Les gens s’y contentent de rien et appellent ça le bonheur.
On pourrait croire que parfois, sous leurs airs mornes de tranquillité béate, ils pensent à des trucs pas forcément ordinaires.
Mais non, ils ne pensent à rien.
Rien de rien.
Quelqu’un veut partir, quitter le « Web » vite fait.
Et qu’on ne lui parle plus des riens.
Il les déteste les riens, les moins que rien !
Quelqu’un a des rêves plus grands qu’un écran carré autour d’un site propret.
Ses soifs le portent au loin.
Mais son virtuel est malade et sa réalité est toute autre.
Quelqu’un voudrait partir.
Il va partir.
Il partira…
En attendant, il reste là, à traîner dans les sites sans désir d’y aller, à dormir tout contre son ombre comme au temps de l’innocence.
Il a connu même un temps les illusions revenues et ses tremblements.
C’est une histoire simple en somme, c’est-à-dire compliquée.
Une histoire qui charrie très peu de choses en surface mais qui fait un vacarme de tous les diables au-dedans.
Quelqu’un a l’art de suivre les lignes brisées des solitudes sans en rajouter.
Il affine d’un vague à l’âme à l’autre une vie non contenue au gré de laquelle il explore au plus juste les failles des personnages qu’il croise.
Sa sobriété ne nuit en rien au romanesque.
Ses mots s’accrochent sur le blanc des pages comme les notes d’une partition intime autant que déchirante.
Chaque court chapitre de sa longue vie s’y avance davantage que le précédent au bord des gouffres qui s’ouvrent sous les pas de Quelqu’un.
Cette affaire ne devrait rien avoir de drôle mais c’est le cas.
Il y fait plutôt sombre.
L’espoir y boit la tasse.
Mais sa lecture vous change.
Car qui n’a jamais senti ses élans menacés par la mollesse ambiante ?
Qui ne craint de voir ses rêves s’écraser sur le mur du monde indifférent ?
Quelqu’un est indéfinissable sauf de lui-même.
Il a un âge où la vie qu’on voudrait vivre et celle que les adultes mènent ne font pas toujours bon ménage.
D’où sa mélancolie, la mélancolie des innocents, celle qu’il voudrait vivre, qu’il vit, et qu’il vivra, celle qu’il aura vécue en dehors de dedans de lui-même, s’il reste là!
Quelqu’un écrit dans les marges, là où on laisse de la place pour corriger le destin, pour enjoliver un brin le strict emboîtement des histoires.
C’est à une balade au passé recomposé, une plongée dans le miel d’un temps que vous convie Quelqu’un.
Elle se passe il y a longtemps, ou peut-être jamais.
Elle habite la mémoire d’un vieux solitaire échoué en bout d’arbre généalogique.
Mais la tristesse n’est pas de mise.
Ou il s’agit de la cacher.
Il s’agit de zigzaguer entre légende et souvenirs.
Et si tout était vrai ?
Si les uns et les autres qui jalonnent son récit avaient existé tels quels, ce serait juste encore plus beau.
Quelqu’un vous invite à la rêverie le long du sentier des vies.
Il continue d’écrire comme d’autres construisent, une histoire hantée par des fantômes très tendres.
Une histoire en lutte contre la fuite des souvenirs …