La nécrophilie…
Pratique méconnue et profondément taboue, la nécrophilie a un statut particulier parmi les perversions sexuelles.
Souvent associée à un romantisme noir, elle inspire régulièrement le cinéma ou la littérature.
On se souvient de la sortie en 1991 du film de et avec Patrick Bouchitey, “Lune froide“, d’après une nouvelle de Bukowski.
Un film au parfum de scandale.
Les affaires relatives à cette déviance sont rares mais ont néanmoins laissé leurs traces indélébiles dans l’histoire.
Lorsque l’on étudie les méfaits de quelques tueurs en série célèbres, on se rend compte que la nécrophilie est souvent associée à d’autres pratiques toutes aussi effroyables telles que le vampirisme ou la nécrophagie.
Bienvenue dans le continent noir du sexe morbide.
Prémices d’une perversion
On possède peu de sources fiables sur la question.
Il semble néanmoins que la nécrophilie ait toujours existé.
La légende veut qu’Hérode, roi des juifs dans l’Antiquité, ait continué à coucher avec sa femme Mariamme après l’avoir tuée.
On raconte aussi que Charlemagne, n’ayant pu se résigner à enterrer une de ses maîtresses allemande, continua de partager sa couche avec son cadavre.
Pour chasser l’odeur de décomposition, il vaporisait sur le corps un parfum, mélange de violettes et de roses.
Il semble que le dix-neuvième siècle fut le siècle de prédilection des nécrophiles.
Le romantisme aurait-il constitué un terrain favorableà ce phénomène ?
C’est en tout cas à cette époque que naît le mot “nécrophile“, inventé par un psychiatre belge, le Dr Joseph Guislain (1797-1860), face à la multiplication de cas de ce genre.
Le vampire de Montparnasse
Paris 1849 : François Bertrand a tout d’un homme ordinaire, ou presque.
Sergent dans un régiment, il est bien noté par ses supérieurs.
Mais le sergent Bertrand a une passion étrange : il préfère les femmes mortes aux vivantes.
La nuit, il s’introduit dans les cimetières.
Il soulève les dalles, puis ouvre les cercueils des jeunes femmes fraîchement inhumées.
Il se livre alors à des jeux sexuels, qui vont parfois jusqu’à la copulation proprement dite.
Le terrain de chasse préféré du sergent nécrophile est le cimetière de Montparnasse.
C’est là qu’il tombera dans le piège que lui tend la police une nuit.
Blessé par un tir de chevrotine alors qu’il escaladait le mur de la rue Froidevaux, il réussit néanmoins à s’enfuir.
Confondu quelques jours plus tard, il est mis aux arrêts.
En juin 1849, il comparaît devant le conseil de guerre qui le condamne à un an de détention.
Il se suicidera peu après sa sortie de prison.
Dans un cahier trouvé après sa mort, il décrit ses amours cruels avec les cadavres, et les actes de barbarie commis sur eux.
On y apprend ainsi que, loin d’être toujours un amant attentionné, il aurait démembré le corps d’une jeune fille enterrée au Père Lachaise, avant d’éparpiller les morceaux dans le cimetière.
Des examens révélèrent qu’il aurait été jusqu’à mâcher certaines de ses conquêtes.
Le cas du sergent François Bertrand (1824-1850), dit le “Vampire de Montparnasse“, fut étudié par le Dr Richard Von Krafft-Ebing (1840-1902).
Dans son livre “Psychopathia sexualis” (1886), celui-ci s’intéresse aussi à Victor Ardisson, dit le “Vampire de Muy“.
Entrepreneur de pompes funèbres et fossoyeur, cet homme viola plus d’une centaine de cadavres.
Il semble d’ailleurs que la nécrophilie était un fantasme plus courant au dix-neuvième siècle que de nos jours.
On raconte ainsi que dans les maisons closes, de fausses chambres mortuaires étaient aménagées pour les amateurs de simulacres nécrophiles et que les filles étaient dressées pour faire les mortes afin d’assouvir les penchants morbides de leurs clients.
American psycho
Novembre 1957.
Dans une ferme aux environs de Plainfield, petite ville du Wisconsin, un homme vient d’être arrêté.
Il se nomme Eddie Gein.
Un homme rustre, mais néanmoins timide et ordinaire.
Dans sa maison, les policiers découvrent un spectacle d’horreur : en guise de décoration, on y trouve des masques funéraires, des organes, des têtes de femmes, des abats jours en peau humaine.
Des crânes humains sont posés sur les colonnes de lits.
Une véritable galerie d’art du meurtre.
Jusqu’à trente-neuf ans, Ed Gein a vécu en compagnie de sa mère, une femme acariâtre et obsédée par la religion qui inculqua à son fils le dégoût de la chair et du sexe opposé.
A la mort de celle-ci, il se retrouve seul et commence à s’intéresser à la taxidermie et la réduction de têtes.
Puis, il passe à l’acte.
Il se met à déterrer des cadavres dans le cimetière du coin avec la complicité d’un fossoyeur.
Il ramène les corps chez lui avant d’avoir des rapports sexuels avec eux.
Il les conserve quel que soit leur état de décomposition.
Ed Gein ne semble pas avoir eu de mobile particulier, si ce n’est une fascination pour la mort.
Il avait décidé qu’il deviendrait sa mère, ne pouvant accepter le décès de celle ci.
Pour cela, il s’était fabriqué un vêtement en peau de femme avec des seins et un véritable sexe qu’il portait pour danser dehors les soirs de pleine lune, comme un loup garou.
Pour lui, le sexe et la mort étaient indissociables.
Ed Gein finira ses jours dans un hôpital psychiatrique en 1984.
Il s’agit sûrement de l’un des tueurs en série les plus célèbres des Etats Unis.
On ne compte plus les films ou les livres inspirés de son histoire : Le Norman Bates de “Psychose“, le Leatherface de “Massacre à la tronçonneuse” ou encore le Buffalo Bill du “Silence des agneaux” lui doivent beaucoup…
Du fantasme au meurtre
Les exemples de tueurs en série avec des penchants nécrophiles ne manquent pas.
De fantasme morbide, la nécrophilie dégénère facilement en meurtre, au terme d’un long circuit qui transforme peu à peu l’amoureux de la mort en criminel.
Le profil type du nécrophile est celui d’un marginal qui se désintéresse progressivement de la vie pour préférer la mort et la destruction.
Pour les amants en mal de chair glacée, la mort est la condition de la jouissance, et le meurtre fait donc office de préliminaires.
Dans tous les cas, le nécrophile recherche une jouissance absolue et égoïste.
Abuser d’un partenaire qui se livre sans résistance est pour lui un plaisir immense.
Il ressent un sentiment de puissance qui l’enivre.
Parfois, cela ne lui suffit pas.
Il se livre donc à toutes sortes d’humiliations sur les corps de ses victimes.
Elles sont enfin à lui.
Il les aime.
Il les coupe.
Les dépèce.
Parfois les mange…