La pincée mélodieuse du mou dans le dur du corps caverneux…
À double sens mes bafouilles, parfois confiture aux marrons sur biscuit militaire, parois aussi caviar de cochon… que les ceusses bouffent au lieu de lire, souvent sans comprendre, vautrés dans un canapé… C’est attrayant aux papilles, mais gaffe, les cons risquent de s’y casser les dents puis d’en faire une indigestion suivie de diarrhées scripturales. Tout mes mots en maux de mots ont l’air de rien, ça forme des textes, ça parait banal, naïf, parfois gentil…, mais c’est complexe et plein de double-sens… Les babochages d’un lubrique désabusé, excité par la débauche des lettres… Pourquoi pas ? C’est amusant une orgie de syntaxe, Q en l’air pour que s’éclate l’alphabet, forniquent les phrases, s’enfilent les mots. Qu’ils causent les mots, nom de Dieu ! Vivent ! Chantent ! Dansent ! Forniquent ! Qu’ils bougent en cadence, deviennent musique, muscles tendus, mouvements d’ombre, lumière, tempête, démence, cinoche, théatre… Jambes en l’air et ballets des boulevards, music-hall… Montmartre la butte, Bruxelles ses putes…, racoleuses, souilleuses, fouilleuses et hargneuses. Toutes mijoteuses de vibrations. Elle s’enfourne la vie, gicle dans la rue, les trottoirs, les hôtels, chambres minables… Ouvrières des glands. Partout la misère quotidienne, ordinaire… Ha ! Mais pas n’importe où ! Quand même !
La langue, expressive et libre se résume maintenant aux mots qui déshabillent, des SMS en effeuillage des superflus, les conventions aux ordures et la merde en pleine tronche. Rien à cirer… Les messengers, les emails et les SMS de culs, c’est la mort annoncée du français. C’est la France figée dans les moules à espérer sucer des crevettes, des macchabées momifiés, étouffés de bandelettes, cordon de la Légion dans le cul pour plus de jouissance. La langue française en est rendue là, elle agonise dans les sarcophages d’ordinateurs.
Réinventer l’écrit, voilà la source de tous mes ennuis, l’origine profonde. Ma manière de retourner les mots révolte les coincés… Je hache menu syllabes et consonnes, j’enveloppe le charnel des sens… Mon souçi, le seul : Tendre la chair jusqu’au muscle, gratter l’os et séduire le verbe, le rythme…, l’élever à l’anatomie parfaite de la phrase, corps du texte, avide, expressif, animé et causeur… Aboutir au langage parlé ! Le vrai ! Le seul qui pousse à exprimer le vécu, le vivant… L’excessif en tout. En avant et plus loin toujours, sans louvoyer… Voilà tout !
Mes emmerdes viennent de là, du début… J’ai voulu éjecter les mots du placard, comme les impressionnistes ont sorti la peinture de l’atelier pour bosser au grand jour. Scandale du style nouveau, autre lumière provocante et destructrice des barrières de l’insignifiance imposée. La victoire du vécu sur le savoir, l’instinct du refus, l’audace d’être seul, initié. C’est comme les impressionnistes, eux sont parvenus à redonner un nouveau style au cadavre de la vieille peinture, à gerber la peinture des Beaux-arts et l’étaler dans la rue. Je fais pareil pour la littérature… C’est ce que j’ai toujours voulu, aspiré… Faire parler l’écrit, minime contribution pour tant de haine en retour, tout au bout de la langue… Mais, nom de Dieu ! Faut qu’elle cause dans sa verve l’écriture, dans la souplesse et la liberté des formes, pas autrement… Pas en la bouclant comme une saloperie qu’il faut enchaîner. Incompris, je le suis ! Rejeté ! Au bloc pour insoumission ! Exilé pour avoir oser aller jusque là… Pas pour des emberlificotages avec les cons, ça ne m’intéresse pas, les cons…, conneries et enculades…, mais pour mes mots et ma manière de vivre… Mes souvenirs de vivre sont rangés en ordre dans ma bibliothèque, ça déborde des tablettes. Je m’oppose aux idées toutes-faites, au politiquement correct, car il n’y a que ça des idées, depuis dix mille ans qu’on se bat pour les mêmes, attardées, débiles, conasses. Depuis cent mille ans et voyez le résultat ? Éclatantes idées, pétillantes, phosphorescentes, même que mes pires ennemis affirment qu’ils en ont de grandes idées…, pas peu dire la qualité des ordures…
Écrire en style, uniquement. Ça me suffit ! Une petite zique sur une gratte, piano à bretelles, orgue de barbarie… Balade, rythme des mots, voilà ce qui me bande… Jazzer les mots, les chouraver à ceux qui les habitent, ceusses des beaufs quartiers, ceusses des faux-bourgs, des branlieues… Ahhhhhhhhhh ! Pousser la langue à la limite de l’explosion, dernier retranchement avant l’éclate fantastique des merveilles… Débauche de l’imaginaire, folie de l’esprit et coït foudroyant de raconter tout par le détail… Ce que je ressens de l’effervescence vitale dans le débordement, recraché à force de bouffer des conneries.
Moi ? Je ne fais qu’affirmer la nécessité de voir gerber l’écriture de mes tripes à m’esquinter le style, à vouloir crever la vie pour en saisir le sens, cerner la symphonie du langage. La reprendre dix fois, cent fois pour en forcer la justesse, qu’elle devienne une mince ligne mélodieuse, longue vibration sur une portée unique. Mes texticules, une interminable pulsion sexuelle… Une féerie d’étincelles ! Un feu de joie ! Une fête ! Et encore là, tout ce boulot à branler et même pas convaincu d’y être parvenu tellement c’est ardu, difficile à spermater en rythme… La pincée mélodieuse du mou dans le dur du corps caverneux. Pas autant que j’aurais voulu… Vraiment réussir ça, j’aurais voulu… Dénicher la formule et jaculer mes boyaux pour la posséder entièrement, cette foutue musicalité des mots… Merde !
Corvée ardue et ignoble… À crever jour après jour de lire dans d’ailleurs-sites, débiles, dont je tairai les noms par décence immorale… ou des plus cons que d’autres passent leur temps, continuellement, à se pisser dessus. Tous m’y détestent parce que je ne vois pas la vie comme eux, la magie, la finesse, l’harmonie…