La Troisième Guerre mondiale ne fait pas les manchettes !
Depuis plus d’un an, les États-Unis ont joué un scénario conçu pour :
– 1 – réaffirmer le contrôle américain sur l’Europe en bloquant le commerce de l’UE avec la Russie…
– 2 – pousser la Russie à la faillite…
– 3 – se débarrasser de Vladimir Poutine pour le remplacer par un fantoche des Américains, comme le défunt soulard, Boris Eltsine.
Les derniers jours ont révélé de façon limpide la perfidie de l’aspect économique de cette guerre des États-Unis contre la Russie.
Tout a commencé lors de l’importante réunion internationale de haut niveau sur l’avenir de l’Ukraine qui s’est tenue à Yalta en Septembre 2013, dont un thème majeur a été la révolution du gaz de schiste que les États-Unis espéraient utiliser pour affaiblir la Russie.
L’ancien secrétaire à l’énergie américain Bill Richardson était là pour défendre l’affaire, applaudi par Bill et Hillary Clinton.
Washington espérait utiliser ses techniques de fracturation hydraulique pour fournir des sources de substitution du gaz naturel et bouter la Russie hors du marché. Ce qui revient à vendre à l’Europe un chat dans un sac.
Mais cette astuce ne pouvait réussir en s’appuyant sur le sacro-saint “marché”, puisque la fracturation est plus coûteuse que l’extraction de gaz russe.
Il fallait une crise majeure pour fausser le marché par des pressions politiques.
Par le coup d’état du 22 Février, manigancé par Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie, les Etats-Unis ont effectivement pris le contrôle de l’Ukraine, en plaçant au pouvoir leur agent “Yats” (Arseniy Iatseniouk) favorable à l’entrée de son pays dans l’OTAN.
Cette menace directe contre la base navale russe en Crimée a conduit au référendum, qui a mené au retour pacifique de cette péninsule historiquement russe à la Russie…, mais le chœur mené par les Etats-Unis a condamné le retour, sans aucun désordre, de la Crimée comme une “agression militaire russe”…
Cette manœuvre défensive est claironnée par l’OTAN comme preuve de l’intention de Poutine d’envahir les pays voisins sans prétexte.
Pendant ce temps, l’invasion économique des États-Unis est passée largement inaperçue.
L’Ukraine a quelques-unes des plus grandes réserves de gaz de schiste en Europe…, comme d’autres Européens, des Ukrainiens ont manifesté contre les conséquences néfastes pour l’environnement de la fracturation hydraulique sur leurs terres, mais contrairement à certains autres pays, l’Ukraine n’a pas de législation restrictive à ce sujet…, la société pétrolière américaine Chevron, très liée au pouvoir, est déjà à l’œuvre.
Depuis mai dernier, R. Hunter Biden, fils du vice-président américain, est membre du conseil d’administration de Burisma Holdings, le plus grand producteur de gaz privé de l’Ukraine…, le jeune Biden sera en charge de l’unité juridique de Holdings et contribuera à son “expansion internationale”.
L’Ukraine a un sol riche, en plus des réserves de pétrole de schiste…, le géant de l’agroalimentaire américain Cargill est particulièrement actif en Ukraine, en investissant dans des silos à céréales, aliments pour animaux, un grand producteur d’œufs et agroalimentaire, UkrLandFarming, ainsi que le port de la Mer Noire à Novorossisk.
Le très actif Conseil d’affaires Etats-Unis-Ukraine comprend des dirigeants de Monsanto, John Deere, le fabricant de matériel agricole CNH Industrial, Pioneer DuPont, Eli Lilly & Company.
Monsanto prévoit de construire une « usine de semences de maïs non-OGM en Ukraine » de $ 140.000.000, ciblant évidemment le marché européen réticent aux OGM.
Ce fut dans son discours lors d’une réunion parrainée par Chevron du Conseil d’affaires Etats-Unis-Ukraine il y a un an que Victoria Nuland a mentionné les cinq milliards de dollars dépensés par les Etats-Unis pour gagner l’Ukraine.
Le 2 Décembre, le président Porochenko a nommé trois étrangers comme ministres : un Américain, un Lituanien et un Géorgien…, il leur a accordé la citoyenneté ukrainienne quelques minutes avant la cérémonie (Un deuxième Géorgien fut ajouté ensuite)…
– Natalie Jaresko, née aux Etats-Unis, est la nouvelle ministre des Finances de l’Ukraine…, originaire d’une famille ukrainienne et diplômée des universités de Harvard et de DePaul, Jaresko est passée du Département d’État à Kiev lorsque l’Ukraine a obtenu son indépendance de l’Union Soviétique, afin de diriger le département économique de l’ambassade américaine qui venait d’ouvrir…, trois ans plus tard, elle a quitté l’ambassade des États-Unis pour diriger le Fonds Western NIS Enterprise financé par le gouvernement des Etats-Unis…, en 2004, elle a fondé sont propre fonds d’actions…, en tant que partisane de la Révolution orange de 2004, elle a siégé au Conseil consultatif des investisseurs étrangers du président vainqueur de cette « révolution », Viktor Iouchtchenko.
– Aivaras Abromavicius, banquier d’investissement lituanien, est le nouveau ministre de l’Economie, plaçant la politique économique du gouvernement sous l’influence, ou plutôt le contrôle, américain.
– Aleksandr Kvitashvili de la Géorgie, est le nouveau ministre de la Santé, il a été éduqué aux Etats-Unis et ne parle pas ukrainien…, il a occupé le poste de ministre de la santé dans sa Géorgie natale, sous la présidence du protégé des Etats-Unis de l’époque, Mikheïl Saakachvili.
La mainmise des États-Unis sur l’économie de l’Ukraine est maintenant totale…, le décor est planté pour commencer la fracturation, faisant peut-être de Hunter Biden le plus récent des oligarques de l’Ukraine.
Personne n’en parle, mais l’accord commercial controversé entre l’UE et l’Ukraine, dont le report avait déclenché les protestations de Maidan, qui ont abouti au coup d’état piloté par les Etats-Unis du 22 février, supprime les barrières commerciales, permettant l’entrée libre dans les pays de l’UE des exportations agricoles produites en Ukraine par des sociétés américaines.
Le gouvernement ukrainien est profondément endetté, mais cela n’empêchera pas les entreprises américaines de réaliser d’énormes profits dans ce pays à bas salaires, fertile et déréglementé…, les producteurs céréaliers européens, comme la France, pourraient souffrir d’une telle concurrence bon marché.
L’assaut du gouvernement russophobe de Kiev contre la région du Sud-Est est en train de tuer le secteur industriel du pays, dont les marchés se trouvaient en Russie. Mais pour les dirigeants de Kiev de l’Ukraine occidentale, cela n’a pas d’importance…, la mort d’une vieille industrie peut aider à garantir des salaires bas et des profits élevés.
Au moment même où les Américains prenaient résolument le contrôle de l’économie ukrainienne, Vladimir Poutine a annoncé l’annulation du projet de gazoduc South Stream…, l’accord avait été signé en 2007 entre Gazprom et la compagnie pétrochimique italienne ENI, afin d’assurer les livraisons de gaz russe dans les Balkans, en Hongrie, en Autriche et en Italie en contournant l’Ukraine, dont le manque de fiabilité en tant que pays de transit avait été démontré par de fréquents impayés ou le siphonnage pour son propre usage de gaz destiné à l’Europe (l’allemand Wintershall et le français EDF ont également investi dans South Stream).
Ces derniers mois, des représentants des États-Unis ont commencé à faire pression sur les pays européens concernés afin qu’ils se retirent de l’affaire…, South Stream était une bouée de sauvetage potentielle pour la Serbie, toujours appauvrie par les destructions causées par les bombardements de l’OTAN et les privatisations au rabais de ses industries au profit d’acquéreurs étrangers.
En plus du bénéfice des emplois et d’une sécurité énergétique qui lui font gravement défaut, la Serbie était en passe de gagner 500 millions d’euros de tarif de transit par an…, Belgrade a résisté aux avertissements insistants exigeant de se conformer à la politique anti-Russe pour conserver son statut de candidat à l’entrée dans l’Union européenne.
Le maillon faible était la Bulgarie qui, en tant que terminal du gazoduc, devait tirer des bénéfices similaires…, l’ambassadeur américain à Sofia, Marcie Ries, a commencé par avertir les hommes d’affaires bulgares qu’ils pourraient souffrir s’ils faisaient des affaires avec des entreprises russes sous sanctions.
Le président sortant de la Commission européenne, José Manuel Barroso du Portugal, qui était « maoïste » lorsque le « maoïsme » servait de couverture à l’opposition aux mouvements de libération soutenus par les Soviétiques dans les colonies portugaises d’Afrique…, a menacé la Bulgarie de poursuites de l’UE pour irrégularités dans les contrats South Stream (il s’agit de règles de l’UE qui interdisent que la même entreprise puisse à la fois produire et transporter du gaz).
En bref, l’UE voulait faire appliquer ses propres règles de façon rétroactive à un contrat signé avant que ces règles ne soient adoptées et avec un pays qui n’est pas membre de l’UE.
Enfin, John McCain a pris l’avion pour Sofia pour intimider le Premier ministre bulgare, Plamen Orecharski, en exigeant qu’il se retire de l’affaire, laissant le gazoduc South Stream sans point d’entrée terrestre dans les Balkans.
C’est plutôt drôle si l’on considère qu’un thème majeur de la propagande belliciste actuelle des États-Unis est de dénoncer la vente de gaz russe comme étant surtout une arme d’ « intimidation », de « coercition » et de « contrainte » politique utilisée par Poutine pour dominer l’Europe.
Enfin, il est vrai que la Russie a dû rappeler à maintes reprises à l’Ukraine de régler ses factures de gaz impayées…, avec un succès mitigé.
L’annulation de South Stream constitue un coup tardif porté par l’OTAN contre la Serbie…, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a regretté la perte de South Stream, en soulignant que : “Nous payons le prix d’un conflit entre grandes puissances”...
Les partenaires italiens de l’accord sont également très mécontents devant les pertes subies…, mais les responsables européens et les médias, comme d’habitude, rejettent toute la faute sur Poutine.
Si l’on vous insulte sans cesse en vous faisant sentir que vous n’êtes pas le bienvenu, il se peut que vous fassiez vos bagages et partiez…, Poutine a emporté son projet de gazoduc vers la Turquie où le Premier ministre turc, Recep Erdogan, n’a pas tardé à l’acheter…, cela ressemble à une bonne affaire pour la Russie et pour la Turquie…, mais l’affaire demeure inquiétante.
L’abandon de South Stream creuse le fossé entre la Russie et l’Europe occidentale, ce qui, à long terme, est néfaste pour les deux…, mais il creuse aussi l’inégalité économique entre le Nord et le Sud de l’Europe…, l’Allemagne reçoit toujours du gaz de Russie, notamment avec le co-projet de Gerhard Schroeder avec Poutine, Nord Stream…, mais les pays d’Europe du Sud, déjà dans une crise profonde provoquée en grande partie par l’euro, sont laissés dans l’incertitude de leur approvisionnement.
Cette tournure des événements pourrait contribuer à la révolte politique qui se développe dans ces pays.
Tandis que des voix s’élèvent en Italie pour se plaindre que les sanctions anti-russes font mal à l’Europe, mais laissent les États-Unis indemnes, les Européens pourraient se consoler avec les aimables propos de l’hôte de la Maison Blanche et lauréat du prix Nobel de la paix qui a salué l’Union Européenne pour avoir fait la bonne chose, même si c’est “difficile pour l’économie européenne”…
Dans un discours adressé à d’importants PDG le 3 décembre, Obama a déclaré que les sanctions visaient à changer l’état d’esprit de Poutine, mais ne pensait pas que cela réussisse…, il attend que “la politique à l’intérieur de la Russie rattrape ce qui se passe dans l’économie, c’est pourquoi nous allons continuer à maintenir cette pression”…, ce qui est une autre façon de dire que voler le marché du gaz naturel de la Russie, forcer l’Europe à adopter des sanctions, et couper les liens entre la Russie et l’UE sont autant de mesures destinées à faire en sorte que le peuple russe se retourne contre Poutine et s’en débarrasse…, un changement de régime, en somme.
Le 4 Décembre, la Chambre des Représentants US a officiellement révélé le motif des Etats-Unis derrière ce gâchis en adoptant ce qui doit sûrement être le pire projet de loi jamais adopté : la Résolution 758.
La résolution est un recueil de tous les mensonges répandus contre Vladimir Poutine et la Russie depuis un an…, jamais peut-être autant de mensonges ont été rassemblés dans un seul document officiel de cette longueur… et pourtant, cette propagande de guerre a été approuvée par un vote de 411 contre 10.
Si, en dépit de cet appel à la guerre entre deux puissances nucléaires, il y a encore des historiens dans le futur, ils devront juger que cette résolution est la preuve de l’absence totale d’intelligence, d’honnêteté et de sens des responsabilités du système politique que Washington s’emploie à imposer au monde entier.
L’ancien parlementaire Ron Paul a écrit une excellente analyse de ce document honteux…, quoi qu’on puisse penser de la politique interne ultra-libérale de Paul, sur les affaires internationales, il se distingue comme étant une voix de la raison très isolée.
Après une longue liste de “considérant que”, de mensonges, d’insultes et de menaces, nous arrivons enfin à l’aspect commercial grossier de cette campagne dangereuse.
La Chambre appelle les pays européens à “réduire la capacité de la Fédération de Russie à user de son approvisionnement en énergie comme un moyen de pression politique et économique sur d’autres pays, y compris en encourageant l’augmentation des exportations de gaz naturel et d’autres d’énergies depuis les États-Unis et d’autres pays et demande instamment au président d’accélérer l’approbation par le ministère américain de l’énergie des exportations de gaz naturel liquide vers l’Ukraine et d’autres pays européens”…
Le Congrès est prêt à risquer et même à promouvoir la guerre nucléaire…, mais au fond il ne s’agit que de voler le marché du gaz naturel de la Russie par ce qui n’est encore à ce jour qu’un pari : le gaz de schiste américain obtenu par fracturation…, un chat dans un sac.
Les néo-conservateurs qui manipulent les politiciens ignares des Etats-Unis ne nous entrainent pas dans une nouvelle guerre froide, c’est bien pire.
La longue rivalité avec l’Union Soviétique était « froide » en raison de la DMA, la Destruction Mutuelle Assurée…, Washington et Moscou étaient parfaitement conscients qu’une guerre « chaude » signifiait échanges nucléaires qui détruiraient le monde entier.
Cette fois, les Etats-Unis pensent qu’ils ont déjà « gagné » la guerre froide et semblent ivres de confiance qu’ils peuvent gagner à nouveau…, ils modernisent leur arsenal nucléaire et construisent un « bouclier nucléaire » à la frontière de la Russie dont le seul but ne peut qu’être de donner aux États-Unis la capacité d’une première frappe…, la capacité d’empêcher des représailles russes contre une attaque nucléaire des États-Unis…, cela ne peut pas marcher, mais cela affaiblit la force de dissuasion.
Le danger d’une guerre ouverte entre les deux puissances nucléaires est en réalité beaucoup plus grand que pendant la guerre froide…, nous sommes à présent dans une sorte de Guerre Glaciale, figée, parce que ce que les Russes disent ou font n’a aucun effet.
Les néoconservateurs qui fabriquent la politique des États-Unis dans l’ombre ont inventé une histoire totalement fictive sur une « agression » russe que le président des États-Unis, les médias et maintenant le Congrès ont acceptée et approuvée.
Les dirigeants russes ont répondu avec honnêteté, vérité et bon sens… et sont restés calmes malgré les invectives lancées contre eux…, rien n’y fait…, les positions sont gelées.
Quand la raison échoue, la force suit…, tôt ou tard
Les États-Unis sont sur le pied de guerre…, si un scénario de Troisième Guerre mondiale fait partie des plans du Pentagone depuis plus de dix ans, une action militaire contre la Russie est désormais envisagée au « niveau opérationnel »…, de même, le Sénat et la Chambre des représentants ont présenté un projet de loi légitimant une guerre contre la Russie… et il ne s’agit pas d’une « guerre froide »…, aucune des garanties de la guerre froide n’est en vigueur.
Il y a eu une rupture dans la diplomatie Est-Ouest, accompagnée d’une abondante propagande de guerre…, les Nations Unies ont pour leur part fermé les yeux sur de nombreux crimes de guerre commis par l’alliance militaire occidentale.
L’adoption d’un important projet de loi par la Chambre des représentants des États-Unis le 4 décembre (H. Res. 758) donne de facto (si elle est adoptée au Sénat) le feu vert au président et commandant en chef étasunien de lancer, sans approbation du Congrès, un processus de confrontation militaire avec la Russie.
La sécurité mondiale est en jeu…, ce vote historique, pouvant potentiellement affecter la vie de centaines de millions de personnes dans le monde, n’a reçu pratiquement aucune couverture médiatique…, il règne un silence médiatique total.
Le monde est à un carrefour dangereux…, Moscou a réagi aux menaces des États-Unis et de l’OTAN…, ses frontières sont menacées.
Le 3 décembre, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a annoncé l’inauguration d’une nouvelle entité militaro-politique qui prendrait le relais en cas de guerre : “La Russie lance un nouveau centre de défense nationale, destiné à surveiller les menaces à la sécurité nationale en temps de paix, qui prendra le contrôle de l’ensemble du pays en cas de guerre”. (RT, le 3 décembre, 2014)
Chronologie des préparatifs de guerre…
En mai 2014, la Loi sur la prévention d’une agression russe (Russian Aggression Prevention Act of 2014, RAPA ) a été présentée au Sénat des États-Unis (S 2277)…, elle appelle à la militarisation de l’Europe de l’Est et des États baltes, ainsi qu’au stationnement de troupes des États-Unis et de l’OTAN aux portes de la Russie : S.2277 – Loi sur la prévention d’une agression russe de 2014
– 1 – Demande au président de : mettre en œuvre un plan visant à augmenter l’appui des États-Unis et de l’OTAN aux forces armées de la Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, et d’autres membres de l’OTAN et de soumettre un plan au Congrès pour accélérer les efforts de défense antimissile de l’OTAN et de l’Europe.
– 2 – Demande au représentant permanent des États-Unis auprès de l’OTAN de se pencher sur la possibilité de baser définitivement des forces de l’OTAN dans ces pays.
Alors que la résolution S 2277 a été envoyée à la Commission des relations étrangères du Sénat pour examen, ses prémisses essentielles sont déjà mises en œuvre.
À la mi-juillet, le commandant de l’OTAN en Europe, le général Philip Breedlove, en consultation avec le Pentagone et le ministère britannique de la Défense, a dit : “J’ai ordonné de stocker suffisamment d’armes, de munitions et autres approvisionnements sur une base militaire en Pologne afin de soutenir un déploiement rapide de milliers de soldats contre la Russie”. (RT, 24 juillet, 2014.)
Le général Breedlove à de plus affirmé : “L’OTAN a besoin de fournitures et de capacités pré-positionnées, et d’une base prête à accepter rapidement des forces de remplacement. Je recommande la mise en place de fournitures (des armes, des munitions et des boîtes de rations) au quartier général pour permettre un afflux soudain de milliers de troupes de l’OTAN”. ( Times, 22 août 2014)
Lors du Sommet de l’OTAN en septembre dernier au pays de Galles, Breedlove a réaffirmé son scénario de guerre éclair, pouvant potentiellement conduire à une escalade militaire…, un soi-disant plan d’action de l’OTAN contre la Fédération de Russie qui a été mis sur pied…, le Sommet du pays de Galles ayant donné le « feu vert » à une telle action.
À peine un mois plus tard, en octobre, des exercices militaires des États-Unis et de l’OTAN ont eu lieu dans les États baltes.
Au début novembre, une seconde série d’exercices a eu lieu à la fois dans les pays baltes et en Europe de l’Est.
Les exercices militaires de l’OTAN Épée de fer 2014, impliquant la participation de neuf pays membres de l’Alliance Atlantique, ont été lancés en Lituanie au début novembre dans le cadre de cette série de plus grande envergure : “Des chars d’assaut américains sont entrés en Lituanie au début du mois dans une démonstration de force à l’endroit de la Russie, une opération qui n’est pas la bienvenue dans la région”.
Les exercices militaires ont été explicitement dirigés à l’endroit de la Russie, ils consistaient à augmenter la capacité opérationnelle ainsi que le transfert de l’infrastructure militaire de l’OTAN aux frontières russes.
En réaction aux déploiements de l’OTAN aux frontières de la Russie, celle-ci a également mené au début novembre à d’importants jeux de guerre dans la mer de Barents…, les exercices russes consistaient à essayer toute la triade nucléaire composée de bombardiers stratégiques, de sous-marins et du missile balistique intercontinental en silo Topol-M lancé à Plesetsk en oblast d’Arkhangelsk le 1er novembre 2014.
Le 18 novembre, une importante résolution, H. Res. 758, a été déposée à la Chambre des représentants…, son principal objectif consiste à dépeindre la Russie comme un pays agresseur, qui a envahi l’Ukraine, et à appeler à une action militaire contre la Russie :
“Considérant que lors de son entrée en fonction en 2009, le président Barack Obama a annoncé son intention de réinitialiser les relations avec la Fédération de Russie, décrite par l’ancien ambassadeur des États Unis … (Présenté à la Chambre – HRES 758 IH 113e CONGRÈS 2e Session). Condamnant fermement les actions de la Fédération de Russie, sous la présidence de Vladimir Poutine, lequel a mené une politique d’agression contre des pays voisins dans le but de dominer sur les plans politique et économique”.
H. Res. 758 accuse non seulement la Russie d’avoir envahi l’Ukraine, il invoque également l’article 5 du Traité de Washington, à savoir la doctrine de la sécurité collective de l’OTAN : “Une attaque contre un membre de l’Alliance atlantique est une attaque contre tous les membres de l’Alliance”.
Le discours sous-jacent s’appuie sur une série d’accusations sans fondement contre de la Fédération de Russie.
La résolution accuse la Russie d’avoir envahi l’Ukraine, affirme sans preuve que la Russie était derrière l’attentat du MH17 de Malaysia Airlines et accuse la Russie d’agression militaire.
Elle accuse par ailleurs ironiquement la Fédération de Russie d’avoir imposé des sanctions économiques non seulement à l’Ukraine, mais à la Géorgie, à la Moldavie, ainsi qu’à plusieurs États de l’Union européenne dont les noms ne sont pas mentionnés.
La résolution accuse la Fédération de Russie d’avoir utilisé : l’approvisionnement énergétique à des fins de coercition politique et économique…
Bref, si elle devenait une loi, la résolution 758 fournirait de facto le feu vert au président des États-Unis pour déclarer la guerre à la Fédération de Russie, sans l’autorisation formelle du Congrès étasunien.
À cet égard, elle pourrait être interprétée comme “légèrement inconstitutionnelle” en ce qu’elle contrevient à la substance de l’article 1, section 8, de la Constitution américaine conférant au Congrès “le pouvoir de déclarer la guerre”…
La résolution presse le président des États-Unis en consultation avec le Congrès américain à : “Procéder à un examen de la position de force, de la capacité opérationnelle et des responsabilités des forces armées des États-Unis et des forces des autres membres de l’OTAN afin de déterminer si les contributions et les actions de chacun sont suffisantes pour satisfaire aux obligations de la légitime défense collective en vertu de l’article 5 de Traité de l’Atlantique Nord et de préciser les mesures nécessaires pour remédier aux faiblesses”.
Les États-Unis envisagent donc d’utiliser la doctrine de sécurité collective de l’OTAN en vertu de l’article 5, dans le but de déclencher un processus de confrontation militaire (et nucléaire) avec la Fédération de Russie.
La structure des alliances militaires est d’une importance cruciale, l’intention de Washington est d’isoler la Russie.
L’article 5 est un mécanisme pratique imposé par les États-Unis sur l’Europe occidentale…, il oblige les États membres de l’OTAN, dont la plupart sont membres de l’Union européenne, à faire la guerre pour le compte de Washington !
Par ailleurs, un référendum sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est envisagé…, si l’Ukraine devient membre de l’OTAN et/ou redéfinit son accord de sécurité avec l’OTAN, l’article 5 pourrait être invoqué pour justifier une guerre appuyée par l’OTAN contre la Russie.
La vitesse à laquelle la résolution 758 de la Chambre des représentants a été adoptée est inhabituelle dans l’histoire du Congrès…, la législation a été présentée le 18 novembre, on l’a précipitée à la commission des Affaires étrangères et rapidement retournée à la plénière de la Chambre pour le débat et l’adoption.
Deux semaines (16 jours) après avoir été présentée par le député Kinzinger (Illinois) le 18 novembre, la résolution a été adoptée lors d’un vote presque unanime dans la matinée du 4 décembre, par 411 voix contre 10.
Les membres du Congrès sont des marionnettes…, leur vote est contrôlé par les groupes de pression de Washington.
Pour les entrepreneurs du secteur de la défense, Wall Street et les géants texans du pétrole : “la guerre est bonne pour les affaires”.
Pour reprendre les propos de Dennis Kucinich dans une lettre ouverte publiée le 2 décembre : “La résolution demande que l’on isole la Russie. Autrement dit, soyons prêts pour la guerre contre la Russie”.
C’est exactement le type de fanfaronnades qui a donné naissance à la guerre froide et mené à son escalade.
Il est temps que nous exigions que les États-Unis favorisent la diplomatie au lieu des dépenses militaires accrues dans la quête de l’ordre international.
Silence médiatique…
On s’attendrait à ce que cette décision historique fasse l’objet d’une vaste couverture médiatique…, nous avons plutôt eu droit au silence médiatique.
Les médias n’ont pas couvert le débat à la Chambre des représentants et l’adoption de la résolution 758 le 4 décembre, ils avaient reçu l’ordre de ne pas couvrir la décision du Congrès.
Personne n’osait relever ses implications dramatiques, ses impacts sur la sécurité mondiale…, la Troisième Guerre mondiale ne fait pas les manchettes !
Sans couverture médiatique concernant les préparatifs de guerre des États-Unis et de l’OTAN, le grand public ne connaît toujours pas l’importance de la décision du Congrès !
On va tous mourir…