La vie est belle, l’avenir est sombre, la mort est à nos portes…
Au début du VI ième siècle avant notre ère, “Solon affranchit le peuple, en défendant que dans le présent et à l’avenir, la personne du débiteur servît de gage. Il donna des lois et abolit toutes les dettes, tant privées que publiques. C’est la réforme qu’on appelle la délivrance du fardeau, par allusion à la charge qu’ils avaient comme rejetée de leurs épaules”, rapporte Aristote.
A la différence du grand homme d’État antique, les dirigeants européens qui, en octobre 2011, ont imposé, aux créanciers privés de la Grèce, un effacement partiel et volontaire de la dette publique…, ont choisi de laisser le débiteur aux abois négocier lui-même la réduction de son fardeau avec ses banquiers.
Et c’est pourquoi tous les regards sont sur Athènes, scrutant l’issue du bras de fer entre le gouvernement et le lobby bancaire, car le 20 mars 2012, Athènes doit rembourser 14,4 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance.
Et cet argent, le gouvernement grec ne l’a pas et ne pourra pas l’emprunter sur les marchés financiers.
Il n’y a pas trente-six solutions pour éviter le défaut de paiement : l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) devront prêter à la Grèce les fonds dont il a besoin.
Le deuxième plan de soutien, décidé en juillet 2011, puis confirmé (et amendé) en octobre 2011, prévoit ainsi de nouveaux prêts à hauteur de 130 milliards d’euros qui s’ajouteront aux 110 milliards du plan de soutien de mai 2010 !
A condition que la Grèce s’entende avec ses créanciers privés !
Si les négociations avec le lobby bancaire et celles avec les représentants de l’Union, du FMI et de la Banque centrale européenne (la “troïka”, qui assure la tutelle sur Athènes), sont donc cruciales pour éviter une catastrophe à court terme, on peut se demander si le deuxième plan de soutien est vraiment la solution définitive à la crise grecque ; et, dans le cas contraire, si la Grèce pourrait décider d’abandonner la monnaie unique.
Officiellement, ces questions ne se posent pas.
Mais de plus en plus nombreux sont les économistes qui en débattent, car la nécessité d’un deuxième plan de soutien à la Grèce et la décision d’imposer une participation du secteur privé, consacre l’échec de la stratégie mise en place en mai 2010.
A qui la faute ?
Aux Grecs ?
Athènes est le coupable idéal, le gouvernement grec a donc été accusé de n’avoir pas appliqué les mesures d’austérité avec suffisamment de détermination ; et d’avoir traîné à mettre en œuvre les privatisations exigées par ses tuteurs.
Hypocrisie et mauvaise foi !
A l’automne 2009, les dirigeants européens, mais aussi les marchés et les agences de notation, semblaient tomber des nues quand le nouveau gouvernement de M. Papandreou avait reconnu que la Grèce avait systématiquement maquillé ses comptes publics, avant son entrée dans l’euro, comme après.
C’était, pourtant, un secret de polichinelle.
Un audit, en 2004, l’avait déjà établi.
Mais rien n’avait été fait !
Et, alors que la spéculation se déchaînait contre la Grèce au début de 2010, les dirigeants européens ont accusé les Grecs d’avoir trop longtemps vécu au-dessus de leurs moyens.
L’argument pouvait être facilement avalé par les opinions publiques des autres pays européens…, mais les Grecs, ainsi que les dirigeants européens, savaient bien que le problème était ailleurs.
Comme l’explique l’économiste Michel Aglietta, dans Zone euro – Eclatement ou fédération (Michalon) : “En Grèce il n’y a pas de système fiscal. Le Trésor ne collecte pas l’impôt. La corruption est générale. De puissants pouvoirs privés dictent à l’Etat sa politique. Ainsi les armateurs constituent-ils une corporation ancienne qui a su préserver ses intérêts sous tous les régimes. Si les capitaux des armateurs placés dans des paradis fiscaux étaient rapatriés, la dette publique grecque pourrait être effacée. De son côté l’Eglise orthodoxe se dédouane de l’obligation de payer des impôts sur ses immenses propriétés foncières. Les revenus des professions non salariées sont largement non déclarés”.
L’occasion perdue…, la Grèce devait réformer sa législation fiscale (pour lever plus d’impôts, plus équitablement) et son administration fiscale.
C’était la promesse électorale de Georges Papandreou, une réforme en profondeur qui demandait du temps et méritait le soutien des partenaires européens.
En lieu de quoi, l’Europe a stupidement imposé la mise en œuvre de mesures d’austérité drastiques, dont personne ne pouvait ignorer qu’elles frapperaient durement et quasi exclusivement les catégories sociales les plus faibles économiquement… et qu’elles affaibliraient, politiquement, M. Papandreou, que l’Union a ensuite lâché après l’épisode du référendum annulé.
Mais aussi qu’elles plongeraient le pays dans la dépression !
Et de fait, cette stupidité qu’on peut même qualifier d’imbécilité crasse…, a amené l’économie grecque à s’effondrer.
Après avoir reculé, en 2009, de 3,3 % en termes réels, le PIB a baissé de 3,7 % en 2010, puis de 6 % en 2011.
Et pour 2012, on s’attend à un recul d’au moins 3 %… et ce sera sans doute pire, puisque toute la zone euro est entrée en récession.
Les finances publiques grecques se sont-elles améliorées ?
Nenni !
La dette publique pèse toujours plus lourd : de 129 % du PIB en 2009, elle a dépassé les 160 % et devrait frôler les… 190 % du PIB en 2013.
C’est une tragédie Grecque…, fiscale !
Selon la troïka européenne, l’effacement de la moitié de la dette détenue par les créanciers privés devrait permettre de ramener le ratio dette publique sur PIB à 120 % en 2020, puis à 100 % en 2030.
Non seulement ces prévisions faites en octobre 2011 paraissent trop optimistes aux économistes qui jugent que la rigueur généralisée condamne l’Europe à une décennie de croissance faible, mais c’est toujours l’austérité qui reste au menu de la population grecque pour de longues années…, car la troïka dirigée par des imbéciles obtus, refuse d’admettre cette vérité que résume le secrétaire d’Etat grec aux Finances, Iannis Mourmouras : “On ne peut tout simplement pas lever toujours plus de taxes d’une économie qui plonge dans une profonde récession. Trop d’austérité a l’effet contraire au but recherché. Cela conduit à un cercle vicieux de déficits et de récession. C’est la tragédie fiscale grecque”.
De lourds sacrifices, aucune population ne peut les supporter, s’ils ne sont pas équitablement partagés et s’ils ne laissent pas espérer une sortie de crise dans un délai raisonnable de quelques années.
Ce n’est pas le cas… et les Grecs sont à bout.
Pour Michel Aglietta, euro-convaincu : “Le risque est grand de voir revenir au pouvoir des dirigeants politiques nationalistes, envisageant une sortie unilatérale de l’euro. Il faut un Plan Marshall pour la Grèce”.
Selon Jacques Sapir : “La situation n’est plus tenable, ni pour la Grèce, ni pour l’Europe qui ne peut mettre indéfiniment la Grèce sous perfusion. Un défaut sur la dette grecque est inévitable. Il doit être important. Et il entraînera la sortie de la Grèce de la zone euro, car un défaut sans dévaluation n’a pas de sens”.
Les deux économistes se retrouvent sur un point, que résume Aglietta : “Un défaut partiel qui ne dit pas son nom n’aboutirait en fait qu’à retarder la sortie de l’Union monétaire. Pour la Grèce, celle-ci serait un pari, pour l’Europe, un saut dans l’inconnu”.
“Les responsables européens doivent en finir avec leur obsession d’éliminer les déficits” écrit Jeff Madrick dans un article du New York Review of Books intitulé How Austerity is Killing Europe :
http://www.nybooks.com/blogs/nyrblog/2012/jan/06/europe-cutting-hope/
Selon ce journaliste et consultant économique américain, la situation européenne rappellerait celle qui a précédé la crise de 1929 et les coupes budgétaires ne feraient que “creuser et non pas régler la crise financière et des millions de personnes vont souffrir inutilement”.
Il prône au contraire de revenir à la politique économique de Keynes qui conseillait aux gouvernements en récession d’accepter “pour un temps les déficits” et de pousser “à la dépense et réduire les impôts afin de faire redémarrer la croissance”.
Jeff Madrick n’est pas le premier économiste, américain de surcroît, à déconseiller les politiques d’austérité à l’Europe en crise.
Joseph Stiglitz, ancien co-président de la Banque mondiale et prix Nobel d’Economie avait déjà mis en garde contre de telles politiques.
D’ailleurs, si on y regarde de plus près, le tout à l’austérité qui frappe aujourd’hui l’Europe, et particulièrement l’Europe méditerranéenne, n’est pas sans rappeler les politiques d’ajustement structurel qu’imposaient le FMI et la Banque mondiale en Afrique et en Amérique latine durant les années 80 et 90.
Or, le résultat fut loin d’être convaincant, c’est le moins que l’on puisse dire.
A trop vouloir réduire les déficits en coupant dans les budgets sociaux et culturels, c’est toute la structure de l’Etat qui est mise à mal… et à la crise économique risque de s’ajouter une crise politique qu’on entend déjà frapper aux portes de l’Europe.
A l’heure actuelle, des files interminables se forment dans les villes de Grèce pour des distributions de repas.
La Grèce, dont le déficit dépasse les 10 milliards d’euros, est dans une situation où elle emprunte toujours plus pour payer ses dettes, ce qui ne fait au final que creuser le déficit de l’Etat.
Le FMI lui-même a sérieusement mis en doute la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes.
Un cercle vicieux dont on se demande si la politique actuelle, qui touche des personnes déjà fortement démunies, peut trouver la sortie.
Ces politiques, comme l’affirme Jeff Madrick, ne font qu’agrandir l’ampleur de la crise ?
Est-ce donc de l’imbécilité crasse et de l’incompétence…, ou est-ce le dessein machiavélique de groupes méga-milliardaires qui ont envie de se payer la Grèce à vil-prix avant d’en relancer l’économie à leur plus grand profit, tout en mettant le reste de l’Europe en coupe réglée pour sauver l’Amérique qui accuse plus de 200.000 milliards de déficits !
http://www.gatsbyonline.com/main.aspx?page=text&id=636&cat=ataraxie
Un brin d’imagination permettrait de considérer que les agences de notation américaines jouent un jeu commun avec ces puissances occultes, aidant à faire suffoquer l’économie Européenne petit à petit…, avec l’assistance de quelques dirigeants achetés à prix d’or…, dont Nicolas Sarkozy !
Ce sinistre personnage, retors et machiavélique a ainsi vendu son pays corps et âme avec une totale impunité, offrant en prime la Grèce… et la Libye comme cerise sur le gateau pourri de la grande déglingue Européenne…
Ne reste qu’ensuite à atomiser l’Iran par le biais d’Israël qui rêve de cette grande solution finale avec les capitaux Américains, pour parachever l’œuvre, attendre quelques années que les 2/3 du monde se sont détruits pour re-nataliser et rebâtir avec grand profit un monde impérial à la gloire de l’Amérique…
A voir qui sont les personnages qui vont succéder à Barak Obama (à moins qu’il se perdure après avoir liquidé Ron Paul)… et ceux qu’on nous présente comme pouvant renverser Nicolas Sarkozy dans quelques mois (de manière politiquement correcte et sans aucun charisme comme François Hollande)…, il y a de quoi désespérer !
Reste à oser Marine Lepen, ce qui est traduit comme nazi par les vrais nazis au pouvoir…, ou Dominique de Vilepin qui a tout compris et tente de se positionner au dessus de tous les partis…, ou Mélenchon qui se la joue grande gueule… ou Bayrou qui parait vierge…
Quel dilemne !
Mais…, comment en est-on arrivé là ?
Si bas !