La vie ne ressemble pas toujours aux rêves, l’amour n’est-il au fond qu’amour-propre ?
Une phrase hante les écrivains, elle est d’un auteur du XVIIe siècle qui ne se faisait pas de grandes illusions sur ses semblables, un peu comme moi…. Il avait fait carrière dans les armes, s’était opposé à Richelieu et à Mazarin, ce qui montre bien qu’il ne pliait pas plus volontiers devant le pouvoir qu’il ne le faisait devant les idées reçues, avait été défiguré autant qu’embastillé, ce qui n’avait pas atténué son intransigeance face au genre humain et avait fini sa vie dans la posture du moraliste sarcastique par excellence.
C’est évidemment de La Rochefoucauld qu’il s’agit. L’homme qui tenait les vertus pour rien d’autre que des vices déguisés est l’auteur d’une maxime des plus fécondes dans les lettres d’aujourd’hui : “Il en est du véritable amour comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont”. Le délice intelligent est au rendez-vous.
L’amour propre, est le principe essentiel de l’être humain. Cette révélation, ce démasqué, est bien dans ma manière de toujours trouver le mot caché derrière le mot. L’orgueil sous la magnanimité, le hasard sous le succès, la peur du ridicule sous le sens de l’honneur, l’intérêt sous l’amitié….
Au fond, c’est une technique de réduction, une manie du « ce n’est jamais que ça » qui fait de mes écrits parfaitement désenchantés et pourvu d’un subtil humour d’amertume désabusée, une expérience éprouvante, mais où les heureuses surprises ne manquent pas, même s’il faut bien tamiser mes textes pour les trouver….
Ô ma vie qui passe et qui se tire ! Ô mon cercueil ! Tous les jours, on t’ajoute une planche, on te rabote un coin, on te prépare.
Ainsi se lamentent, non sans raison les hommes et femmes agressée(e)s par des guerres, des attentats, des fanatiques intégristes, des financiers qui remontrent les crocs et regrettent le bon vieux temps où ils pouvaient exploiter les gens à leur aise. Dans ce bourbier de la vie, qui cache le sens du vécu, je cherche une philosophie nouvelle. Une idée solide et généreuse qui me permettrait de dépasser cette époque de transition et de rétablir un temps plus doux et moins loup….
Mais je ne la trouve pas. Et c’est regrettable. Car tout le monde veut se lancer dans le labyrinthe des pensées en action et me prendre ma réflexion première liée à ce vieux gredin de La Rochefoucauld : “La vie ne ressemble pas toujours aux rêves, l’amour n’est-il au fond qu’amour-propre ?”