L’humain n’est pas fait que d’aspirations profondes et sérieuses ! Et l’homme moderne ne se réduit pas à l’obsession de l’efficacité. Il y a aussi le superflu, le rêve, l’excès, la frivolité, la beauté.
Les Grecs, puis les philosophes du XVIIIe siècle considéraient qu’il était primordial de réfléchir sur cette dimension du désir infini. Je le crois également. De plus, les interprétations courantes du phénomène ont très peu bougé : le moment est venu de réoxygéner ce type d’interrogation. C’est vrai que ça peut paraître insignifiant, voire indécent. La Bruyère l’exprimait déjà en son temps : Il y a une honte à être heureux à la vue de certaines misères.
Certains n’ont rien, d’autres ont tout, ou trop : le scandale n’est jamais très loin. Le luxe a cessé d’être seulement l’expression d’un désir de reconnaissance sociale. Un des premiers arguments de vente pour une voiture de luxe, c’est la sécurité… Lorsqu’une femme va dans un centre de soins, ce n’est pas pour manifester une supériorité sociale, mais pour y chercher des sensations de mieux-être. C’est ce que j’appelle la consommation émotionnelle. Cela veut-il dire que nous sommes dans un subjectivisme complet du luxe éliminant sa dimension élitaire ? Pas du tout. L’élitisme demeure, mais transformé : lorsqu’on achète un objet de luxe, il y a une jouissance qui relève, comme disait Nietzsche, du plaisir de se savoir différent, du sentiment de sa propre exception : Parce que je le vaux bien, disait le slogan de L’Oréal. Peu importe que les autres le sachent : moi, je le sais !
Que pensent-ils du luxe, de l’argent, des richesses, de la propriété ?
René-Louis de Voyer marquis d’ARGENSON
Laisser faire, telle devrait être la devise de toute puissance publique, depuis que le monde est civilisé. Les hommes sont sortis de la barbarie ; ils cultivent très bien les arts ; ils ont des lois, des modèles, des essais en tous genres pour connaître où sont les bonnes pratiques. Laissez-les faire, et vous observerez que là où l’on suit le mieux cette maxime tout s’en ressent. Dans les républiques, les patrimoines particuliers engraissent et fleurissent ; chacun y jouit de son bien ; on y voit prospérer les arts utiles. Il en est de même en nos pays d’État : tout ce qui échappe à l’autorité et laisse l’action de l’homme plus libre prend son essor et fructifie.
Théophile GAUTIER
À quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu’une femme soit médicalement bien conformée, en état de recevoir l’homme et de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes. Un luxe !
VOLTAIRE
On ne doit pas plus régler les habits, du riche que les haillons du pauvre. Tous deux, également citoyens, doivent être également libres. Chacun s’habille, se nourrit, se loge, comme il peut. Si vous défendez au riche de manger des gelinottes, vous volez le pauvre, qui entretiendrait sa famille du gibier qu’il vendrait au riche. Si vous ne voulez pas que le riche orne sa maison, vous ruinez cent artistes. Le citoyen qui par son faste humilie le pauvre enrichit le pauvre par ce même faste beaucoup plus qu’il ne l’humilie. L’indigence doit travailler pour l’opulence, afin de s’égaler un jour à elle.
Victor HUGO
Le luxe est un besoin des grands états et des grandes civilisations. Cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie. Mais qu’est-ce qu’un luxe qu’on ne voit pas ? Problème. Une magnificence dans l’ombre, une profusion dans l’obscurité, un faste qui ne se montre pas, une splendeur qui ne fait mal aux yeux à personne. Cela est-il possible ? Il faut y songer pourtant. Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire. Il se dit qu’il souffre, et que voilà des gens qui jouissent. Il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui. Il examine toutes ces choses non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie. Ne croyez pas qu’il conclura de là : Eh bien ! cela va me donner des semaines de salaire, et de bonnes journées. Non, il veut, lui aussi, non le travail, non le salaire, mais du loisir, du plaisir, des voitures, des chevaux, des laquais, des duchesses. Ce n’est pas du pain qu’il veut, c’est du luxe. Il étend la main en frémissant vers toutes ces réalités resplendissantes qui ne seraient plus que des ombres s’il y touchait. Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien.
Friedrich NIETZSCHE
L’impôt du luxe. On achète dans les magasins les choses nécessaires et les plus indispensables et on les paye fort cher, car on vous fait payer en même temps pour ce qu’il y a d’autre à vendre et qui ne trouve que rarement acquéreur : les objets de luxe et les fantaisies. C’est ainsi que le luxe met un impôt continuel sur les choses simples qui peuvent se passer de lui.
Louis-Ambroise de BONALD
Partout où il y a beaucoup de machines pour remplacer les hommes, il y aura beaucoup d’hommes qui ne seront que des machines. L’effet des machines, en épargnant les hommes, doit être à la longue de diminuer la population. Le luxe n’est souvent qu’une recherche inquiète de perfection ; le faste, au contraire, est un étalage insolent et sans goût de la richesse : voilà pourquoi le faste se trouve presque toujours avec la sottise, et le luxe avec les délicatesses de l’esprit et l’élévation des sentiments.
Benjamin FRANKLIN
L’espérance d’arriver un jour à pouvoir se procurer les objets de luxe, n’est-elle pas un puissant aiguillon pour le travail et pour l’industrie ? Le luxe ne peut-il pas alors produire plus qu’il ne consomme, s’il est vrai que, faute de cet aiguillon, les hommes seraient paresseux et indolents, comme ils sont assez généralement portés à l’être ?
Benjamin CONSTANT
La guerre et le commerce ne sont que deux moyens différents d’arriver au même but, celui de posséder ce que l’on désire. Le commerce n’est autre chose qu’un hommage rendu à la force du possesseur par l’aspirant à la possession. C’est une tentative pour obtenir de gré à gré ce qu’on n’espère plus conquérir par la violence. Un homme qui serait toujours le plus fort n’aurait jamais l’idée du commerce. C’est l’expérience qui, en lui prouvant que la guerre, c’est-à-dire, l’emploi de sa force contre la force d’autrui, est exposée à diverses résistances et à divers échecs, le porte à recourir au commerce, c’est-à-dire, à un moyen plus doux et plus sûr d’engager l’intérêt des autres à consentir à ce qui convient à son intérêt. Le commerce donne à la propriété une qualité nouvelle, la circulation. Sans circulation, la propriété n’est qu’un usufruit. L’autorité peut toujours influer sur l’usufruit ; car elle peut enlever la jouissance. Mais la circulation met un obstacle invisible et invincible à cette action du pouvoir social.
NAPOLÉON Ier
Le commerce unit les hommes, tout ce qui les unit les coalise ; donc le commerce est nuisible au pouvoir despotique.
Georges COURTELINE
Il y a des gens chez lesquels la simple certitude de les pouvoir satisfaire fait naître des besoins spontanés.
Antoine de SAINT-EXUPÉRY
À la pédagogie normale s’ajoute une pédagogie incessante et d’une efficacité extraordinaire, et qui est la publicité. Une industrie basée sur le profit tend à créer – par l’éducation – des hommes pour les chewing-gums et non du chewing-gum pour les hommes. Ainsi de la nécessité pour l’automobile de créer la valeur “automobile” est né le stupide petit gigolo de 1926 exclusivement animé dans les bars par des images et comparaisons de carrosseries. Ainsi, du film, est née, dans la pâte humaine la plus admirable du monde, la star vide et stupide entre les stupides. Cet animal creux, et dont je ne crois même point qu’elle s’ennuie, car elle n’est pas née encore.
Paul VALÉRY
Il faut rappeler aux nations croissantes qu’il n’y a point d’arbre dans la nature qui, placé dans les meilleures conditions de lumière, de sol et de terrain, puisse grandir et s’élargir indéfiniment.
Alfred SAUVY
Les décisions politiques peuvent longtemps galoper, sans encourir la dure sanction des faits ; mais il n’en est pas de même pour l’économie du luxe. Depuis la guerre, la stimulation permanente de la demande fait apparaître peu à peu des besoins qui n’étaient que potentiels, privés et publics. Le besoin privé, objecte-t-on, ne peut-il pas être limité par le manque de temps pour consommer ? Non : vers 1800-1810, le voyageur en malle poste acquittait, en une heure de route, l’équivalent de 10 heures de travail de manoeuvre. Aujourd’hui, le voyageur en avion acquitte, en une heure de vol, environ 40 heures de travail et s’il avait des revenus plus élevés, il voyagerait en première classe et consommerait 60 heures.
Paul MORAND
Les dévaluations sont aux démocraties ce que les banqueroutes étaient aux rois, un luxe !
ÉPICURE
Une vie libre ne peut acquérir des biens nombreux, parce que la chose n’est pas facile sans se faire le serviteur de la foule ou de maîtres ; mais elle a acquis tout ce qu’elle a par une prodigalité continue ; et si jamais elle obtient des biens nombreux, il lui sera facile de les dispenser pour gagner la bienveillance du proche.
MARC-AURÈLE
Prendre avec simplicité, et lâcher facilement.
SÉNÈQUE
On peut mépriser tout ; nul n’est en état de tout posséder. Pour se faire riche, le mépris des richesses est la plus courte voie.
ÉRASME
La Fortune aime les gens peu réfléchis, elle aime les audacieux et ceux à qui plaît le proverbe “Les dés sont jetés.” Mais la sagesse rend quelque peu timide et c’est pourquoi vous voyez en général ces malheureux sages aux prises avec la pauvreté, avec la faim, avec la fumée, vivre oubliés, obscurs, détestés ; et les fous regorger d’argent, tenir le gouvernail de l’État, bref être florissants de toutes les façons. En effet si on pense que le bonheur c’est de plaire aux princes, fréquenter ces dieux couverts de pierreries, mes familiers, quoi de plus inutile que la sagesse, et même de plus décrié chez ce genre d’homme ? S’il s’agit d’acquérir des richesses, quel gain peut bien réaliser un marchand si, suivant la sagesse, il se formalise d’un parjure ; si, pris à mentir, il rougit, s’il fait le moindre cas des scrupules inquiets des sages, face au vol et à l’usure ? Et si on vise aux honneurs et aux richesses ecclésiastiques, un âne ou un boeuf y arrivera plus vite qu’un sage. Si vous êtes mené par le plaisir, les filles, rôle principal de cette comédie, se donnent de tout coeur aux fous, mais ont en horreur le sage et le fuient comme un scorpion. Enfin quiconque est disposé à vivre un peu gaiement et joyeusement, exclut avant tout le sage et accepte plutôt n’importe quel animal. Bref, de quelque côté qu’on se tourne, vers les pontifes, les princes, les juges, les magistrats, les amis, les ennemis, les grands, les petits, tout s’obtient contre argent comptant ; or comme le sage les méprise, ils prennent l’habitude de le fuir consciencieusement.
LA ROCHEFOUCAULD
Le mépris des richesses était dans les philosophes un désir caché de venger leur mérite de l’injustice de la fortune par le mépris des mêmes biens dont elle les privait ; c’était un secret pour se garantir de l’avilissement de la pauvreté ; c’était un chemin détourné pour aller à la considération qu’ils ne pouvaient avoir par les richesses.
Les philosophes ne condamnent les richesses que par le mauvais usage que nous en faisons ; il dépend de nous de les acquérir et de nous en servir sans crime et, au lieu qu’elles nourrissent et accroissent les vices, comme le bois entretient et augmente le feu, nous pouvons les consacrer à toutes les vertus et les rendre même par là plus agréables et plus éclatantes.
Charles de SAINT-ÉVREMOND
Je ne blâmerai jamais un Philosophe pour habiter un Palais, mais bien pour ne pouvoir se contenter d’une Cabane.
Jean DOMAT
Le superflu des riches devrait servir pour le nécessaire des pauvres, mais tout au contraire, le nécessaire des pauvres sert pour le superflu des riches.
Jonathan SWIFT
Je demandais à un homme pauvre comment il vivait. Il répondit : “Comme un savon, toujours en diminuant.”
Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX
Qui vit content de rien, possède toute chose. Mais sans cesse ignorants de nos propres besoins, nous demandons au Ciel ce qu’il nous faut le moins.
Jean de LA BRUYÈRE
N’envions point à une sorte de gens leurs grandes richesses ; ils les ont à titre onéreux, et qui ne nous accommoderait point : ils ont mis leur repos, leur santé, leur honneur et leur conscience pour les avoir ; cela est trop cher, et il n’y a rien à gagner à un tel marché. De tous les moyens de faire sa fortune, le plus court et le meilleur est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien. Les traits découvrent la complexion et les mœurs mais la mine désigne les biens de fortune : le plus ou le moins de mille livres de rente se trouve écrit sur les visages.
MONTESQUIEU
La prospérité tourne plus la tête que l’adversité ; c’est que l’adversité vous avertit, et que la prospérité fait qu’on s’oublie.
Joseph JOUBERT
Les affaires. Elles seules donnent du poids en ployant l’esprit vers la terre.
Louis-Ambroise de BONALD
Ce ne sont pas les gens riches qui oppriment le peuple, mais ceux qui veulent le devenir.
CHAMFORT
Un ambassadeur anglais à Naples avait donné une fête charmante, mais qui n’avait pas coûté bien cher. On le sut, et on partit de là pour dénigrer sa fête, qui avait d’abord bien réussi. Il s’en vengea en véritable Anglais et en homme à qui les guinées ne coûtaient pas grand-chose. Il annonça une autre fête. On crut que c’était pour prendre sa revanche et que la fête serait superbe. On accourt. Grande affluence. Point d’apprêts. Enfin, on apporte un réchaud à esprit-de-vin. On s’attendait à quelque miracle. “Messieurs, dit-il, ce sont les dépenses et non l’agrément d’une fête, que vous cherchez. Regardez bien (et il ouvre son habit dont il montre la doublure) : c’est un tableau du Dominicain, qui vaut cinq mille guinées. Mais ce n’est pas tout : voyez ces dix billets ; ils sont de mille guinées chacun, payables à vue sur la banque d’Amsterdam.” Il en fait un rouleau et les met sur le réchaud allumé. “Je ne doute pas, messieurs, que cette fête ne vous satisfasse et que vous ne vous retiriez tous contents de moi. Adieu, Messieurs, la fête est finie. Dans le temps qu’on établit plusieurs impôts qui portaient sur les riches, un millionnaire, se trouvant parmi des gens riches qui se plaignaient du malheur des temps, dit : “Qui est-ce qui est heureux dans ces temps-ci ? Quelques misérables.”
Alphonse KARR
Je ne déteste pas cette franchise d’un ministre : C’est prendre l’argent dans les poches – lui disait-on à propos d’un nouvel impôt – Mais, répondit-il froidement, où voulez-vous que je le prenne ?
Victor HUGO
Une femme avait pour toute fortune une belle pièce de cinq francs toute neuve. Elle se dit : il faut que j’achète une tire-lire pour la mettre. Elle acheta une tire-lire qui lui coûta 5 francs. Quand elle eut sa tirelire, elle s’aperçut qu’elle n’avait plus sa pièce. Ceci est l’histoire de beaucoup de gens.
Friedrich NIETZSCHE
Danger de la richesse. Seul devrait posséder celui qui a de l’esprit : autrement, la fortune est un danger public. Car celui qui possède, lorsqu’il ne s’entend pas à utiliser les loisirs que lui donne la fortune, continuera toujours à vouloir acquérir du bien : cette aspiration sera son amusement, sa ruse de guerre dans sa lutte contre l’ennui. C’est ainsi que la modeste aisance, qui suffirait à la vie de l’esprit, se transforme en véritable richesse, résultat trompeur de la dépendance et de la pauvreté intellectuelles. Cependant, le riche apparaît tout autrement que pourrait le faire attendre son origine misérable, car il peut prendre le masque de la culture et de l’art : il peut acheter ce masque. Par là il éveille l’envie des plus pauvres et des illettrés – qui jalousent en somme toujours l’éducation et qui ne voient pas que celle-ci n’est qu’un masque – et il prépare ainsi peu à peu un bouleversement social : car la brutalité sous un vernis de luxe, la vantardise de comédien, par quoi le riche fait étalage de ses “jouissances de la culture”, évoquent, chez le pauvre, l’idée que “l’argent seul importe”, – tandis qu’en réalité, si l’argent importe quelque peu, l’esprit importe bien davantage. La possession possède. Ce n’est que jusqu’à un certain degré que la possession rend l’homme plus indépendant et plus libre ; un échelon de plus et la possession devient le maître, le possédant l’esclave : il faut dès lors qu’il lui sacrifie son temps, sa réflexion, et il se sent dès lors obligé à certaines fréquentations, attaché à un lieu, incorporé à un État – tout cela peut-être à l’encontre de ses besoins intimes et essentiels.
Edmond et Jules de GONCOURT
Gavarni nous raconta ce mot charmant de Mme de Girardin, à une dame qui disait : Mais j’entends dire que votre mari fait des affaires ; M. Un Tel fait des affaires : qu’est-ce que des affaires ? – Les affaires ? C’est… c’est l’argent des autres !
Gustave FLAUBERT
Les affaires passent avant tout. Une femme doit éviter de parler des siennes. Sont dans la vie ce qu’il y a de plus important. Tout est là.
Jules RENARD
Vous revendez trois mille francs ce que vous avez eu pour cinq cents, et vous dites, très tranquille : C’est une affaire. Mais non ! C’est un vol. Les Affaires sont les Affaires… Il serait impossible de dire précisément ce que c’est que les Affaires. C’est la divinité mystérieuse, quelque chose comme l’Isis des mufles par qui toutes les autres divinités sont supplantées. Ce ne serait pas déchirer le Voile que de parler, ici ou ailleurs, d’argent, de jeu, d’ambition, etc. Les Affaires sont les Affaires, comme Dieu est Dieu, c’est-à-dire en dehors de tout. Les Affaires sont l’Inexplicable, l’Indémontrable, l’Incirconscrit, au point qu’il suffit d’énoncer ce Lieu Commun pour tout trancher, pour museler à l’instant les blâmes, les colères, les plaintes, les supplications, les indignations et les récriminations. Quand on a dit ces Neuf Syllabes, on a tout dit, on a répondu à tout et il n’y a plus de Révélation à espérer. Il faudrait n’avoir aucune expérience de la vie pour ignorer que plus on est riche, plus les charges sont pesantes parce qu’on a moins de prétextes pour s’en plaindre, et il faudrait être sourd ou bien insensible pour ne pas entendre, à cet égard, les gémissements des riches et n’en avoir pas le coeur déchiré. On fait fortune à peu près comme on fait la vie, c’est-à-dire en se surveillant assez pour ne jamais rien faire de propre ou d’utile aux autres et pouvant donner lieu à un soupçon de désintéressement. Alors l’argent vient à vous comme les insectes et les limaces à un fruit tombé.
Un aveugle me disait un jour que son chien lui coûtait les yeux de la tête.
Ambrose BIERCE
La distance est la seule chose que les riches soient prêts à accorder aux pauvres, en souhaitant qu’ils la gardent.
Auguste DETOEUF
Les économistes ont raison, disait un homme de bourse : le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent. Chercher le prestige, c’est fuir l’argent.
Paul LÉAUTAUD
Je racontais ce matin à Duhamel l’histoire de Bloy racontant que les Rothschild lui avaient volé cinq cents francs, parce que, leur ayant écrit pour leur demander mille francs et comptant fermement les recevoir, il n’avait reçu d’eux que cinq cents francs. Dubamel me dit à ce propos : “Hé ! hé ! méfiez-vous des millionnaires. Ils vous volent toujours quelque chose… Il est plus difficile de rendre que de ne pas recevoir. Comme si les châteaux, les belles propriétés, les parcs, les vieilles anciennes demeures seigneuriales n’étaient pas la parure d’un pays, ne faisaient pas partie de son histoire, n’évoquaient pas son passé. Comme si le luxe n’était pas nécessaire, n’avait pas ses bienfaits, son utilité même, économiquement. Un pays serait dans un bel état, qui ne serait peuplé que de pauvres.
Georges BERNANOS
Je ne suis pas ennemi de l’extrême opulence, car elle est une charge presque aussi pesante qu’un grand nom, j’admire ceux qui n’en sont pas écrasés, je plains les autres, et qui n’étaient pas nés pour un tel risque. Ce qui me dégoûte, c’est précisément ce que vous souhaitez tous, dont vous êtes si fiers, que vous appelez d’un mot ignoble : l’aisance. Être à l’aise… se mettre à l’aise… les lieux d’aisance… voilà précisément où je voulais en venir : on n’est à l’aise que sur son pot.
Alexandre VIALATTE
Le grand confort met son bénéficiaire dans une condition physique qui l’empêche d’éprouver les besoins que ce luxe prétend satisfaire.
Jean COCTEAU
J’ai rapporté ailleurs (Hommage à Marcel Proust) l’anecdote du pourboire au concierge de l’hôtel Ritz. Pouvez-vous me prêter cinquante francs ? – Tout de suite, Monsieur Proust. – Gardez-les, c’était pour vous. Inutile d’ajouter que, le lendemain, le concierge dut recevoir le triple.
Pierre DAC
Si la fortune vient en dormant, ça n’empêche pas les emmerdements de venir au réveil.
Alfred SAUVY
Ce qui devrait importer à l’individu, semble-t-il, c’est son revenu net, disponible. Mais ce n’est pas ainsi que se forme le jugement ; il s’assied sur ce qui est pris et non sur ce qui reste. Il est plus pénible de “rendre” 1 000 francs que de ne pas les gagner. A la première génération, disons vers 1900, Pierre gagne 10 et rend 1 ; il lui reste 9 : plus tard, vers 1935, son fils Paul gagne 14 et rend 2 ; comme il lui reste 12, il pourrait être plus satisfait que son père, mais il peste contre ce prélèvement. En 1971, Louis, fils de Paul, gagne 25 et rend 9 ; loin de se flatter des 16 dont il dispose et dont n’aurait pas osé rêver son grand-père, il peste contre les 9. Encore une génération et ce sera l’émeute permanente.
Georges WOLINSKI
C’est toujours dans les pays où il n’y a rien à voler qu’il y a le plus de voleurs.
André FROSSARD
Un riche ne l’est jamais assez pour consentir à l’être un peu moins.
Emil CIORAN
Ce qui est terrible, c’est de se plaindre de ses difficultés devant un riche, et l’entendre, lui, se plaindre plus que vous, de sorte qu’à la fin on est obligé de s’apitoyer sur lui. Il faut bien consoler plus chanceux que soi !
COLUCHE
Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça.
Philippe BOUVARD
Le drame quand on a pris l’habitude de gagner de l’argent c’est que plus rien n’est gratuit. Si les scandales continuent, si les pauvres s’obstinent dans leur mauvaise humeur, l’argent finira par gâcher jusqu’au plaisir d’être riche.
Marcel DASSAUL
L’homme le plus riche ne fait que deux repas par jour et sa voiture n’a que quatre roues. C’est le genre de mauvaise foi qui ne souffre pas la contradiction.
Jean-Marie GOURIO
Le monde appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt…
Jean-François KAHN
Boursicoteur : Un type qui veut s’enrichir sans travailler, mais qui n’ose pas attaquer une banque.
VOLTAIRE
Faut-il que ce qui fait le plus d’honneur à l’esprit humain soit souvent ce qui est le moins utile ? Un homme avec les quatre règles d’arithmétique et du bon sens devient un grand négociant, un Jacques Coeur, un Delmet, un Bernard, tandis qu’un pauvre algébriste passe sa vie à chercher dans les nombres des rapports et des propriétés étonnantes, mais sans usage, et qui ne lui apprendront pas ce que c’est que le change. Tous les arts sont à peu près dans ce cas ; il y a un point passé lequel les recherches ne sont plus que pour la curiosité : ces vérités ingénieuses et inutiles ressemblent à des étoiles qui, placées trop loin de nous, ne nous donnent point de clarté.
Théophile GAUTIER
Il n’y a rien de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ; car c’est l’expression de quelque besoin ; et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. Moi, n’en déplaise à ces messieurs, je suis de ceux pour qui le superflu est le nécessaire et j’aime mieux les choses et les gens en raison inverse des services qu’ils me rendent. Je préfère, à mon pot de chambre qui me sert, un pot chinois, semé de dragons et de mandarins, qui ne me sert pas du tout.
Edmond ROSTAND
Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile !
Henry MARET
Le laid est le châtiment de l’utile.
Joseph JOUBERT
L’utilité ou l’inutilité essentielles de nos pensées sont le seul principe constant de leur gloire ou de leur oubli.
Friedrich NIETZSCHE
Il y a maintenant une doctrine de la morale, foncièrement erronée, doctrine surtout très fêtée en Angleterre : d’après elle les jugements “bien” et “mal” traduisent l’accumulation des expériences sur ce qui est “utile” et “inutile” ; d’après elle ce qui est appelé bien conserve l’espèce, ce qui est appelé mal est nuisible à l’espèce. Mais en réalité les mauvais instincts sont utiles, conservateurs de l’espèce et indispensables au même titre que les bons : si ce n’est que leur fonction est différente.
Lucien ARRÉAT
Plus son art est futile, plus l’artiste en tire vanité.
Rémy de GOURMONT
Il vaut mieux se laisser guider par l’utilité que par la vérité ; l’utilité, si elle est moins noble, est plus docile. S’il fallait toujours, avant d’agir, nous mettre en possession de la vérité, l’action serait impossible.
Georges BERNANOS
Je n’ai rien fait de passable en ce monde qui ne m’ait d’abord paru inutile, inutile jusqu’au ridicule, inutile jusqu’au dégoût. Le démon de mon coeur s’appelle À quoi bon ?
MONTESQUIEU
Je dirai de l’argent ce qu’on disait de Caligula, qu’il n’y avait jamais eu un si bon esclave et un si méchant maître. L’argent est très estimable lorsqu’on le méprise.
Jean-Benjamin de LABORDE
L’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître. Je suis brouillé avec la trésorerie, parce que je regarde l’argent comme le fumier (comme un engrais) et qu’ils le regardent comme la récolte.
CHAMFORT
On offrait à M… une place qui ne lui convenait pas ; il répondit : Je sais qu’on vit avec de l’argent, mais je sais aussi qu’il ne faut pas vivre pour de l’argent.
Benjamin FRANKLIN
La possession de l’argent n’est avantageuse que par l’usage qu’on en fait.
STENDHAL
Mon peu d’assurance vient de l’habitude où je suis de manquer d’argent. Quand j’en manque, je suis timide partout ; comme j’en manque souvent, cette mauvaise disposition de tirer les raisons d’être timide de tout ce que je vois est devenue presque habituelle pour moi. Il faut absolument m’en guérir ; le meilleur moyen serait d’être assez riche pour porter pendant un an au moins, chaque jour, cent louis en or sur moi. Ce poids continuel, que je saurais être d’or, détruirait la racine du mal. Les gens riches sont bien injustes et bien comiques lorsqu’ils se font juges dédaigneux de tous les péchés et crimes commis pour de l’argent. Voyez les effroyables bassesses et les dix ans de soins qu’ils se donnent à la cour pour un portefeuille.
Alphonse KARR
L’argent a son mérite, je ne trouve d’ennuyeux que les moyens de l’avoir.
Henry D. THOREAU
L’argent étouffe bon nombre de questions auxquelles, le cas échéant, on serait bien obligé de répondre, tandis qu’il ne soulève qu’une seule interrogation nouvelle, difficile et superflue, celle de savoir comment on va le dépenser. De cette façon, le fondement moral s’effondre sous nos pieds. Les occasions d’exister se voient réduites en proportion de l’augmentation de ce qu’on appelle les moyens. Lorsqu’on est devenu riche, le mieux qu’on puisse faire pour se cultiver consiste à persévérer dans les projets qu’on entretenait au temps de la pauvreté.
Arthur SCHOPENHAUER
On reproche fréquemment aux hommes de tourner leurs voeux principalement vers l’argent et de l’aimer plus que tout au monde. Pourtant il est bien naturel, presque inévitable d’aimer ce qui, pareil à un protée infatigable, est prêt à tout instant à prendre la forme de l’objet actuel de nos souhaits si mobiles ou de nos besoins si divers. Tout autre bien, en effet, ne peut satisfaire qu’un seul désir, qu’un seul besoin : les aliments ne valent que pour celui qui a faim, le vin pour le bien portant, les médicaments pour le malade, une fourrure pendant l’hiver, les femmes pour la jeunesse, etc. […] L’argent seul est le bien absolu, car il ne pourvoit pas uniquement à un seul besoin “in concreto” mais au besoin en général, “in abstracto”.
Anatole FRANCE
L’argent est devenu honorable. C’est notre unique noblesse. Et nous n’avons détruit les autres que pour mettre à la place cette noblesse, la plus oppressive, la plus insolente et la plus puissante de toutes.
Jules RENARD
Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le !
Alexandre VIALATTE
L’argent ne fait pas le bonheur. Surtout quand on en manque.
Jean d’ORMESSON
Malgré ce que soutiennent les riches, l’argent suffit à faire le bonheur des pauvres ; malgré ce que s’imaginent les pauvres, l’argent ne suffit pas à faire le bonheur des riches.
Léon BLOY
Faire travailler l’argent. Il y a des peuples qui crèvent dans les usines ou les catacombes noires pour velouter la gueule des vierges engendrées par des capitalistes surfins, et aussi pour que “le mystérieux sourire de la Joconde” ne leur soit pas refusé. C’est ce qui s’appelle faire travailler l’argent !
Paul LÉAUTAUD
Il n’y a rien qui donne de l’assurance, et je dirais presque de l’esprit, et l’aplomb de ses propres idées, comme mille francs dans sa poche et à soi.
Sacha GUITRY
Ce qui prime tout dans la vie, c’est l’argent. Sans argent, il n’y a pas de bonheur possible, et, jusqu’à une certaine limite, l’argent fait le bonheur. Cette limite varie selon les besoins de chaque individu. Il ne faut pas manquer d’argent, et il ne faut pas en avoir beaucoup trop. Parce que ceux qui en ont beaucoup trop se le font prendre par ceux qui n’en ont pas assez – et s’ils ne se laissent pas prendre leur argent, ils deviennent odieux. C’est bien évident que Rockefeller n’est pas l’homme le plus heureux du monde parce qu’il en est le plus riche, mais il est bien évident aussi que l’homme le plus pauvre du monde est le plus malheureux de tous.
Sacha GUITRY
Saint Louis, vers 1260 ayant établi un droit de péage à l’entrée de Paris, les charlatans, les saltimbanques, en un mot les acteurs qui avaient un singe ne payaient que 4 deniers – mais si c’était un jongleur, il jonglait, faisait quelques grimaces devant celui qui percevait l’impôt, et il en était dispensé, et c’est de là que vient l’expression : payer en monnaie de singe. On accepte l’idée qu’un homme sans valeur peut gagner de l’argent, mais qu’un homme de valeur parvienne à s’enrichir, on ne le lui pardonne pas ! On dit que la plupart des hommes tombent en quelque sorte à genoux sur la seule mention de l’argent. Je n’ai vu rien de tel. Je vois bien que les hommes ont besoin d’argent et s’occupent premièrement à en gagner ; cela veut dire seulement que l’homme mange au moins deux fois par jour, et choses semblables. Mais un homme qui ne pense qu’à manger et à gagner, cela est rare ; c’est une sorte de monstre. Et pareillement, celui qui ne pense qu’à étendre ses affaires, et à ajouter des millions à des millions est une sorte de monstre. Quant aux opérations intellectuelles que suppose cette manie d’acquérir, elles sont tellement communes et faciles que personne ne les jugera au-dessus de soi. Où donc courent les hommes dès qu’ils sont assurés de leur pâtée ? Ils courent au stade, et ils acclament un homme fort, un homme agile, un homme courageux ; ce sont des valeurs qui ne s’achètent point, des valeurs estimées bien plus haut que l’argent. Ou bien ils vont au concert, et crient de tout leur coeur et casseraient les banquettes en l’honneur de quelque artiste ; et certes ils savent que le plus riche des hommes ne peut s’offrir cette gloire. Quant aux puissances de pur esprit, nul ne les méconnaît ; nul ne les mesure aux millions. Personne ne demande si Einstein est bien riche.
Salvador DALÍ
Dès mon enfance, j’ai décidé de traverser la vie en étant légèrement multimillionnaire.
Pierre DAC
Mettre de l’argent de côté pour l’avoir devant soi, est, pour paradoxale qu’elle soit, une façon comme une autre d’assurer ses arrières à effet de ne pas l’avoir dans le dos.
Dans notre société de consommation et d’épargne, un homme qui a de l’argent est un homme considéré. Un homme qui n’en a pas est également un homme considéré, mais lui, comme un pauvre type ! Dédaigner l’argent, c’est faire preuve de désintéressement, surtout quand il s’agit de celui qu’on doit.
André FROSSARD
L’argent ne se plaît pas chez les pauvres, qui ne le gardent jamais très longtemps, quand ils en ont un peu, alors qu’il se sent très bien chez les riches, qui peuvent l’héberger indéfiniment. C’est sans doute pourquoi, si l’on connaît des riches bien-pensants, on en voit rarement de bien-dépensants.
COLUCHE
L’argent ne fait pas le bonheur des pauvres. Ce qui est la moindre des choses.
Philippe BOUVARD
L’argent qui corrompt tout ne laisse intacte que la misère.
Louis-Ambroise de BONALD
Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des corps en sont le trésor.
VAUVENARGUES
La possession est le seul titre des choses humaines ; les traités et les bornes des États, la fortune des particuliers et la dignité royale elle-même, tout est fondé là-dessus. Qui voudrait remonter au commencement, ne trouverait presque rien qui ne fût matière à contestation : la possession est donc le plus respectable de tous les titres, puisqu’elle nous donne la paix.
Adolphe THIERS
Après avoir vu dans tous les temps, dans tous les pays, l’homme s’approprier tout ce qu’il touche, d’abord son arc et ses flèches, puis sa terre, sa maison, son palais, instituer constamment la propriété comme prix nécessaire du travail, si on raisonnait pour lui ainsi que Pline ou Buffon l’ont fait pour les animaux, on n’hésiterait pas à déclarer, après avoir observé une manière d’être si générale, que la propriété est une loi nécessaire de son espèce. En instituant la propriété personnelle la société avait donné à l’homme le seul stimulant qui pût l’exciter à travailler. Il lui restait une chose à faire, c’était de rendre ce stimulant infini. C’est ce qu’elle a voulu en instituant la propriété héréditaire. Pour travailler il faut commencer par se saisir de la matière de son travail, c’est-à-dire de la terre, matière indispensable du travail agricole, ce qui fait que l’occupation doit être le premier acte par lequel commence la propriété, et le travail le second. Toute société présente au début ce phénomène de l’occupation plus ou moins violente, auquel succède peu à peu le phénomène d’une transmission régulière, au moyen de l’échange de la propriété contre le fruit légitime d’un travail quelconque. Pour rendre cet échange sûr, on suppose que toute propriété qui a été trente années dans les mêmes mains, sans aucune réclamation, y était légitimement, ou y a été légitimée par le travail. Les terres ainsi transmises continuellement, sous une législation fixe, représentent une propriété légitime, puisqu’elles ne sont dans aucune main sans avoir été échangées contre une valeur équivalente. Il suffirait d’une seule transmission pour les constituer la plus respectable des possessions, et il ne faut pas un siècle pour qu’elles changent plusieurs fois de maîtres, sauf quelques exceptions très-rares.
Pierre-Joseph PROUDHON
Je prétends que ni le travail, ni l’occupation, ni la loi ne peuvent créer la propriété ; qu’elle est un effet sans cause : suis-je répréhensible ? Que de murmures s’élèvent ! – La propriété, c’est le vol ! voici le tocsin de 93 ! Voici le branle-bas des révolutions ! … C’est une règle de jurisprudence que le fait ne produit pas le droit : or, la propriété ne peut se soustraire à cette règle ; donc, la reconnaissance universelle du droit de propriété ne légitime pas le droit de propriété. Rendez la possession aussi longue que vous voudrez ; entassez les ans et les siècles, vous ne ferez jamais que la durée, qui par elle-même ne crée rien, ne change rien, ne modifie rien, puisse métamorphoser l’usufruitier en propriétaire. Que la loi civile reconnaisse à un possesseur de bonne foi, établi depuis longues années dans sa jouissance, le droit de ne pouvoir être dépossédé par un survenant, elle ne fait en cela que confirmer un droit déjà respecté, et la prescription, appliquée de la sorte, signifie simplement que la possession commencée depuis vingt, trente ou cent ans, sera maintenue à l’occupant. Mais lorsque la loi déclare que le laps de temps change le possesseur en propriétaire, elle suppose qu’un droit peut être créé sans une cause qui le produise ; elle change la qualité du sujet sans motif ; elle statue sur ce qui n’est point en litige ; elle sort de ses attributions. On a dit que la propriété c’est le vol ; quelle confusion ! La propriété n’est pas le vol ; c’est bien pis : c’est l’immobilisation des forces. Le peu d’élasticité dont elle jouit, elle le doit aux fripons. Le voleur a articulé la propriété, et l’honnête homme est son bâtard. »
Jules GUESDE
Toutes les pages de l’histoire le crient, les premiers possesseurs du sol n’ont pas été des cultivateurs, mais des conquérants.
Jules SIMON
Il y a deux moments où la propriété a besoin d’être défendue ; c’est quand les pauvres sont tout-puissants, parce qu’ils la menacent, ou quand les riches sont tout-puissants, parce qu’ils en abusent. Les fortunes d’origine scandaleuse et les usages scandaleux de la fortune sont pour la propriété des ennemis plus dangereux que le communisme, parce qu’ils propagent le communisme. Le sentiment de la propriété est si vif, qu’il s’éveille en nous, même pour un objet ravi au possesseur légitime. Je suis un voleur de grand chemin, et un voleur sans scrupule ; je pars la nuit avec ma bande, à main armée ; je dévalise un convoi ; je remplis mes poches d’un or auquel je n’ai aucun droit évidemment. Que quelqu’un vienne me le prendre ! non-seulement, je me défends, mais je m’indigne. Ce n’est pas une contradiction ; c’est un instinct.
Jules RENARD
Les autres développent en nous surtout le mauvais instinct de la propriété ; il suffit d’être un instant chez eux pour vouloir aussitôt être chez soi.
Ambrose BIERCE
Terre… Nom de notre planète, mais aussi de la surface de celle-ci, considérée comme étant susceptible d’être sujette à la propriété. Le principe de propriété qui permet l’appartenance privée est l’une des fondations de notre société moderne, et reste d’une importance considérable dans son organisation. Poussé à sa conclusion logique, il signifie que certains ont le droit d’empêcher l’existence d’autres personnes ; car le droit de posséder implique le droit d’occuper avec exclusivité ; et, dans les faits, des lois interdisant même le passage sont promulguées partout où la propriété territoriale est reconnue. Il s’ensuit que si l’ensemble habitable de terra firma est en possession de A, B et C, il n’y a plus d’endroit pour D, E, F et G afin de naître, et, même s’ils étaient nés clandestinement, plus d’endroit pour exister. »
Adolphe THIERS
Vous, nouveaux venus, qui vous plaignez de ce qu’on a pris toutes les places au soleil, si on vous donnait des terres à défricher sans la certitude de les garder, en voudriez-vous à ce prix ?
ÉPICTÈTE
C’est le fait d’un ignorant d’accuser les autres de ses propres échecs ; celui qui a commencé de s’instruire s’en accuse soi-même ; celui qui est instruit n’en accuse ni autrui ni soi-même.
Blaise PASCAL
La plus grande bassesse de l’homme est la recherche de la gloire, mais c’est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu’il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentiel qu’il ait, il n’est pas satisfait, s’il n’est dans l’estime des hommes. Il estime si grande la raison de l’homme, que, quelque avantage qu’il ait sur la terre, s’il n’est placé avantageusement aussi dans la raison de l’homme, il n’est pas content. C’est la plus belle place du monde : rien ne le peut détourner de ce désir, et c’est la qualité la plus ineffaçable du coeur de l’homme.
MONTESQUIEU
J’ai ouï dire au cardinal Imperiali : “Il n’y a point d’homme que la Fortune ne vienne visiter une fois en sa vie. Mais, lorsqu’elle ne le trouve pas prêt à la recevoir, elle entre par la porte et passe par la fenêtre.” La raison pourquoi les sots réussissent ordinairement dans leurs entreprises, c’est que, ne sachant et ne voyant jamais quand ils sont importuns, ils ne s’arrêtent jamais. Or, il n’y a pas d’homme assez sot pour ne savoir pas dire : “Donnez-moi cela.” Quand on voit un homme actif qui a fait sa fortune, cela vient de ce que, de cent mille voies, la plupart fausses, qu’il a employées, quelqu’une a réussi. De là, on argumente qu’il sera propre pour les affaires publiques. Cela n’est pas vrai. Quand on se trompe dans quelques projets pour sa fortune, ce n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Mais, dans les entreprises d’État, il n’y a pas de coup d’épée dans l’eau.
Lorédan LARCHEY
Comment, avec tant d’esprit, n’avez-vous pas réussi dans cette affaire ? demandait-on à Fontenelle. – C’est que j’ai oublié de faire une bêtise nécessaire.
Louis-Ambroise de BONALD
L’art de l’intrigue suppose de l’esprit et exclut le talent. Les princes ont un singulier penchant à accorder à ceux qui demandent, à employer ceux qui se présentent, et à croire des talents à ceux qui s’en donnent. »
Maurice JOLY
Règle générale, ce qui manque à l’esprit ou à l’imagination, profite au caractère et à l’entente de la vie pratique. Ce n’est donc pas seulement une condition de bonheur que d’avoir l’esprit borné, c’est une condition de succès ; les gens qui ont peu d’idées sont moins sujets à l’erreur, et suivent de plus près ce qu’ils font. Il est très-porté, surtout en France, de parler avec dédain de ce qu’on appelle les sots ! C’est une locution tout à fait insupportable ; les sots sont des gens qui réussissent, qui parviennent, qui s’enrichissent, qui sont bien appointés, bien établis, des gens en place, des gens titrés, nouvellement décorés, des députés, des gens de lettres en renom, des académiciens, des journalistes. Peut-on jamais être un sot quand on fait si bien ses affaires ? Évidemment non.
Lucien ARRÉAT
Une faible compréhension fait toute la force de beaucoup d’hommes. La pauvreté d’idées est à l’intelligence ce que l’entêtement est au caractère.
Anatole FRANCE
Les médiocres sont tout de suite soulevés et portés par les médiocrités environnantes qui s’honorent en eux. La gloire d’un homme ordinaire n’offense personne. Elle est plutôt une secrète flatterie au vulgaire ; mais il y a dans le talent une insolence qui s’expie par les haines sourdes et les calomnies profondes.
Auguste DETOEUF
Beaucoup de médiocres réussissent. La médiocrité rassure.
Henry de MONTHERLANT
Nous sommes entourés de gens imbéciles dans leurs jugements sur tout, cornichons en tout, incapables en tout, mais qui mènent fort bien leurs affaires, font fortune, se tirent des plus mauvais pas : imbéciles universellement, hormis sur leurs intérêts.
Alexandre VIALATTE
Une médiocrité bien gérée conduit plus vite aux sinécures qu’un génie mal administré. On réussit par ses défauts et on se perd par ses qualités. Le mieux qu’on puisse dire du talent est qu’il n’est pas nécessairement nuisible. Et toutes ces choses, si l’on y réfléchit, sont au fond extrêmement morales. Que dirait-on d’une société qui exigerait d’un unijambiste les mêmes prouesses que d’un champion de saut en hauteur ? Il faut que le sauteur saute. Quant à l’unijambiste, qui aurait le coeur de le laisser tomber ? Il n’y a qu’à le nommer président de la Société d’athlétisme ; là, il n’aura pas à sauter. On pourra l’appointer richement. Et quand la Société gagnera des concours, on lui donnera quelques médailles. Ainsi tout le monde est satisfait. Le sauteur saute et l’autre gagne. Le talent de l’un fait vivre l’autre. C’est une grande solidarité. Elle satisfait l’égalité en même temps que la fraternité.
CHAMFORT
Vous demandez comment on fait fortune. Voyez ce qui se passe au parterre d’un spectacle, le jour où il y a foule ; comme les uns restent en arrière, comme les premiers reculent, comme les derniers sont portés en avant. Cette image est si juste que le mot qui l’exprime a passé dans le langage du peuple. Il appelle faire fortune : se pousser. “Mon fils, mon neveu se poussera.” Les honnêtes gens disent : s’avancer, avancer, arriver, termes adoucis, qui écartent l’idée accessoire de force, de violence, de grossièreté, mais qui laissent subsister l’idée principale. Les succès produisent les succès, comme l’argent produit l’argent.
Joseph JOUBERT
L’envie veut abaisser et l’émulation égaler. L’une s’afflige des succès, l’autre y aspire. Celle là est jalouse de tout mérite et l’autre en est ambitieuse. Le mérite a besoin d’enseigne et aux yeux de la foule la richesse et la puissance l’indiquent seules.
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS
Dans le vaste champ de l’intrigue il faut savoir tout cultiver, jusqu’à la vanité d’un sot.
STENDHAL
Laissez la bonne conduite et l’amour de l’étude. Mon exemple fait voir où ces qualités conduisent. Livrez-vous à l’intrigue seule.
Friedrich NIETZSCHE
Les meilleurs dissimulateurs sont ceux qui sont habitués au succès sont pleins d’astuce pour présenter toujours leurs défauts et leurs faiblesses comme de la force apparente : ce pourquoi ils doivent les connaître particulièrement bien.
Edmond et Jules de GONCOURT
Le peu de réussite des innombrables projets de l’homme a quelque chose de commun avec le frai du poisson : sur des millions d’oeufs, quelques douzaines seulement réussissent.
Jules RENARD
Oui, je sais. Tous les grands hommes furent d’abord méconnus ; mais je ne suis pas un grand homme, et j’aimerais autant être connu tout de suite. Pour arriver, il faut faire ou des saletés, ou des chefs-d’oeuvres. Etes-vous plus capable des unes que des autres ? Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin. Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s’effrayer : ça passe.
Émile BERGERAT
On ne salue que les situations volées, mais on ne jalouse que les autres.
Jerome K. JEROME
Ces livres qu’écrivent des gens bien-pensants, pour nous expliquer que ce qu’ils appellent “la réussite” consiste à envoyer promener notre jeunesse et à sacrifier notre âge mûr, de façon à avoir les moyens, arrivés à quatre-vingts ans, de passer notre vieillesse à faire la foire, m’agacent prodigieusement. Nous économisons toute notre vie pour investir notre or dans Dieu sait quel attrape-nigaud ; or, à force d’épargner et de tirer des plans sur la comète, nous sommes devenus mesquins, étroits d’esprit, durs. Nous remettons la cueillette des roses à demain, parce qu’aujourd’hui tout notre temps est pris à travailler, à faire des affaires, à tramer des manigances. Mais hélas ! quand vient demain, les roses sont fanées ; d’ailleurs, nous nous en fichons de ces roses qui ne servent à rien et n’ont pour ainsi dire aucune valeur marchande ; quand vient demain, ce sont plutôt les choux gras qui nous intéressent.
Léon BLOY
Tirer son épingle du jeu. Quand vous assassinez un vieux rentier, après l’avoir cambriolé profitablement, faites en sorte que les pièces à conviction puissent être trouvées chez le percepteur ou le juge de paix et, sans vous découvrir le moins du monde, suggérez habilement à la justice l’une ou l’autre de ces deux pistes. Si vous êtes manieur d’affaires, arrangez-vous pour que les capitaux soient centralisés en un point déterminé de l’espace que nous appellerons, si vous voulez, votre caisse ; munissez-vous, au préalable, de tous les horaires utiles et lorsque le bon moment sera venu, empruntez les ailes du condor et envolez-vous en silence, après avoir coupé, autant que possible, toutes les communications. Les co-intéressés se débrouilleront à leur tour comme ils pourront dans une comptabilité que vous aurez rendue aussi parfaitement inextricable qu’une forêt vierge de l’Amazone ou du Haut-Congo.
Paul MORAND
Bouguereau, illustre peintre, membre de l’Institut de ma jeunesse. Il avait tellement de commande qu’il disait : “Quand je vais faire pipi, ça me coûte 200 F. Constipé, cela devait être la ruine ?
Emil CIORAN
Ce n’est pas la peur d’entreprendre, c’est la peur de réussir, qui explique plus d’un échec. S’il n’est pas réconfortant, il est en tout cas flatteur de penser qu’on mourra sans avoir donné toute sa mesure.
L.J. PETER et R. HULL
Que peut-il y avoir de plus faux que le dicton “Rien ne réussit comme la réussite” ? Comme vous l’avez déjà compris , j’espère, la hiérarchologie démontre clairement que rien n’échoue comme la réussite, quand un travailleur atteint finalement son niveau d’incompétence.
Georges WOLINSKI
Le talent n’a jamais suffi pour gagner du fric ; il a toujours fallu, en plus, être malin. L’ennuyeux, c’est que ce sont souvent les malins sans talent qui gagnent le plus.
André FROSSARD
Le mécontentement ne vient pas avec l’échec, qui incite à la patience, mais avec le succès, qui rend exigeant.
Albert EINSTEIN
Avec la gloire, je deviens de plus en plus stupide, ce qui, je le reconnais, est un phénomène très courant.
Alexandre VIALATTE
Nous vivons à une époque où il n’est rien qui ne finisse sur les planches : les rois, les héros, les satyres. Tout finit par le magazine. On ne peut plus être célèbre sans que tout le monde le sache.
Jean-François Revell
Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité. D’abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L’ampleur n’en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d’ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d’autres termes, c’est une grandeur, ce n’est pas une valeur. Ensuite parce que c’est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu’elle ne nous paraît jamais suffisante. J’ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d’une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s’épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d’égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l’étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d’admiration dont ils avaient eux-mêmes été l’objet. Je les voyais, en somme, d’autant plus malheureux qu’ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d’extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l’otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d’énergie sans laquelle ne naît point d’oeuvre, ni même d’envie d’en faire.
Philippe BOUVARD
L’unicité de l’existence m’empêche de me contenter de la réussite des autres. La réussite, c’est d’abord et surtout d’être au travail quand les autres vont à la pêche.
Je n’ai jamais été content de ce que je faisais. Quand je ne ferai plus rien je m’offrirai le luxe d’être content de ce que j’ai fait.
Michel de MONTAIGNE
Dionisius le fils eust sur ce propos bonne grace. On l’advertit que l’un de ses Syracusains avoit caché dans terre un thresor. Il luy manda de le luy apporter, ce qu’il fit, s’en reservant à la desrobbée quelque partie, avec laquelle il s’en alla en une autre ville, où, ayant perdu cet appetit de thesaurizer, il se mit à vivre plus liberallement. Ce qu’entendant Dionysius luy fit rendre le demeurant de son thresor, disant que puis qu’il avoit appris à en sçavoir user, il le luy rendoit volontiers.
Charles de SAINT-ÉVREMOND
On trouve d’illustres scélérats, mais il ne fut jamais d’illustres avares.
Jean de LA FONTAINE
L’usage seulement fait la possession.
Je demande à ces gens de qui la passion
Est d’entasser toujours, mettre somme sur somme,
Quel avantage ils ont que n’ait pas un autre homme.
Diogène là-bas est aussi riche qu’eux,
Et l’avare ici-haut comme lui vit en gueux.
Jean de LA BRUYÈRE
L’avare dépense plus mort en un seul jour, qu’il ne faisait vivant en dix années ; et son héritier plus en dix mois, qu’il n’a su faire lui-même en toute sa vie.
Joseph JOUBERT
Pour être avare, il ne faut que la paresse, l’inaction. C’est pour cela que l’avarice est contagieuse. Le prodigue et l’avare aboutissent aux mêmes haillons.
Edmond et Jules de GONCOURT
La plus raisonnable des passions, l’avarice, est celle qui rend le plus fou.
Georges COURTELINE
Le dédain de l’argent est fréquent surtout chez ceux qui n’en ont pas. Disons les choses comme elles sont : il est agréable d’en avoir pour les commodités qu’il procure, d’abord, et plus encore pour l’impression de sécurité qu’il dégage et qui tranquillise. Et je crois bien que l’inexplicable Avarice rencontre son explication dans le développement poussé à l’excès de ce sentiment de bien-être.
Sacha GUITRY
Et, si j’étais le gouvernement, comme dit ma concierge, c’est sur les signes extérieurs de feinte pauvreté que je taxerais impitoyablement les personnes qui ne dépensent pas leurs revenus. Je sais des gens qui possèdent sept ou huit cent mille livres de rentes et qui n’en dépensent pas le quart. Je les considère d’abord comme des imbéciles et un peu comme des malhonnêtes gens aussi. Le chèque sans provision est une opération bancaire prévue au Code d’Instruction Criminelle, et c’est justice qu’il soit sévèrement puni. Je serais volontiers partisan d’une identique sévérité à l’égard des provisions sans chèques. L’homme qui thésaurise brise la cadence de la vie en interrompant la circulation monétaire. Il n’en a pas le droit.
Emil CIORAN
R. de R., après la mort de sa première femme, décida de se tuer. Il alla s’acheter un revolver, mais il le trouva trop cher, et resta en vie. L’avarice est quelquefois utile.
Frédéric DARD
Il vaut mieux être l’héritier d’un homme économe que celui d’un homme riche.