Le temps n’existe pas, mais le temps passe…
Le temps n’existe pas…
C’est une invention humaine pour avoir prise sur la Loi Universelle de mouvement. Il n’y a pas de passé, il n’y a pas de présent, il n’y a pas de futur, il n’y que le perpétuel mouvement de la vie, sa création, son altération, sa dégénérescence, sa fin.
Ce qu’on appelle passé n’est que la mémoire…
Ce qu’on appelle le présent n’existe pas…
Ce qu’on appelle le futur n’est que projection, prévision, aboutissement…
Le temps est une invention humaine pour mettre l’Homme sous des chaînes et le rendre prisonnier d’un concept humain, le faisant se mouvoir en référence à ce concept. Le temps c’est la domination de l’Homme par l’Homme.
Le temps passe…
L’expression a beau être d’une banalité extrême, elle n’en recèle pas moins un indice précieux sur notre manière de percevoir le temps, ce substrat impalpable dans lequel s’inscrivent les événements (et aussi les non-événements…).
Tout comme le sous-entend une autre expression très usitée, “la flèche du temps”, nous accordons au temps un mouvement et une direction, nous le “spatialisons”. D’ailleurs, nous avons pris l’habitude de mesurer le temps avec de l’espace, que ce soit avec le déplacement de l’ombre sur le cadran solaire, avec celui des aiguilles d’une montre ou, de manière plus moderne, avec cette barre virtuelle qui se remplit sur votre écran d’ordinateur lorsque vous chargez un document. Notons au passage que, par un clin d’œil dont la science a le secret, l’inverse est aussi vrai…
La définition de l’espace est liée à celle du temps…
Oui, puisque, officiellement, le mètre est “la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de seconde”…
Cette intrication de l’espace et du temps est profondément inscrite dans nos esprits. Si profondément d’ailleurs qu’elle s’insinue même dans notre chair.
Une étude britannique publiée en 2010 a ainsi montré que les personnes à qui l’on demandait de se replonger dans le passé se penchaient inconsciemment vers l’arrière, tandis que celles qui se projetaient par la pensée dans l’avenir se penchaient vers l’avant !
Dans un article paru le 8 mars dans la revue Psychological Science, une équipe américaine a voulu explorer l’analogie temps-espace jusqu’au bout et vérifier si un des biais humains les plus subtils de l’évaluation des distances se retrouvait dans l’évaluation des durées.
On sait en effet qu’à distance égale, les objets vers lesquels on se déplace semblent plus proches que ceux dont on s’éloigne. Puisqu’à tout moment, l’homme s’avance vers le futur en laissant son passé derrière lui, le premier lui semble-t-il plus proche que le second ?
Le futur est plus proche que le passé…
Pour le déterminer, cette équipe de psychologues a monté une batterie de tests.
Ils ont tout d’abord demandé à plusieurs groupes d’évaluer la longueur d’un mois et celle d’une année. Une partie des personnes interrogées devait remonter d’un mois et d’une année dans le passé, tandis que l’autre avançait des mêmes laps de temps dans l’avenir. L’évaluation était faite à l’aide d’une échelle graduée de 1 à 10…, 1 pour “il y a très peu de temps” ou “dans très peu de temps” et 10 pour “il y a (ou dans) très longtemps”.
L’hypothèse s’est confirmée : à durée équivalente, le passé semblait nettement plus lointain que l’avenir. L’évaluation montrait en moyenne plus d’un échelon d’écart entre les deux groupes. Les chercheurs ont ensuite voulu confirmer ces premiers résultats avec une expérience basée sur un événement précis.
Une semaine avant la Saint-Valentin, ils ont demandé à un panel d’internautes de dire ce qu’ils comptaient faire pour la fête des amoureux puis de préciser à quel point la date leur semblait proche ou lointaine. Même chose une semaine après la Saint-Valentin, avec un autre échantillon.
De nouveau, le futur est apparu significativement plus proche que le passé dans l’esprit des personnes interrogées. On aurait pu en rester là et conclure, à partir de cette asymétrie temporelle, que notre représentation du temps est bel et bien calquée sur notre représentation de l’espace puisqu’elle en copie même les biais.
Au lieu de cela, les auteurs ont poursuivi leur étude en se disant que si leur hypothèse était correcte, en retournant vers le passé le phénomène devrait s’inverser. Je ne suis évidemment pas en train de vous annoncer qu’ils ont, pour ce faire, inventé la machine à remonter le temps car il est probable que vous en auriez entendu parler ailleurs que sur GatsbyOnline… Cependant, ils ont élaboré une astucieuse expérience au cours de laquelle les “cobayes” portaient un casque de réalité virtuelle.
Ceux-ci se trouvaient transportés sur une route bordée d’arbres, de lampadaires et d’immeubles, au bout de laquelle chantait une fontaine.
Plus on en était près, plus le bruit de l’eau devenait fort.
La moitié des participants s’avançait vers la fontaine, tandis que l’autre s’en éloignait en marche arrière, c’est-à-dire en voyant la fontaine devenir de plus en plus petite et de moins en moins bruyante, un peu comme dans un film que l’on se repasse à l’envers.
Pour le groupe “marche avant”, l’asymétrie temporelle a été retrouvée, le futur semblant plus proche que le passé.
Pour le groupe “marche arrière”, en revanche, l’asymétrie a complètement disparu, le passé paraissant même (mais de manière statistiquement non significative) un peu plus proche que l’avenir. Selon les chercheurs, cette expérimentation confirme à quel point, dans notre esprit, la perception des écarts temporels se fait sur le même schéma que la perception des écarts spatiaux.
Ces psychologues ont réalisé d’intéressantes expériences complémentaires pour éliminer des biais possibles.
Par exemple, ils se sont dit que l’asymétrie pourrait être simplement causée par la différence existant entre un passé réellement advenu, inscrit dans la mémoire… et un futur où l’on doit se projeter par l’imagination.
Ils ont donc effectué un test au cours duquel on demandait aux personnes d’imaginer qu’elles avaient participé à une expérience un mois avant ou qu’elles allaient y participer un mois plus tard, ce afin que les bornes temporelles soient toutes deux de nature fictive.
L’asymétrie a subsisté.
L’intervalle entre le passé et le présent est “rempli” par tous les souvenirs…
Autre possibilité explorée : le phénomène pourrait s’expliquer par le fait que l’intervalle entre le passé et le présent est “rempli” par tous les souvenirs, tandis que l’intervalle entre le présent et le futur est nettement plus vide.
Il a donc été demandé aux “cobayes” de dresser la liste détaillée de ce qu’ils allaient faire au cours des trois semaines suivantes.
En se remplissant, le futur allait-il se dilater ? Que nenni. Au contraire, la distance séparant les “cobayes” d’une date à venir s’est réduite, comme si l’anticipation d’un emploi du temps bien garni, où l’on aurait justement moins de temps libre, faisait se contracter les durées.
Reste à déterminer si les personnes aux agendas bourrés à craquer vieillissent plus vite que les autres… Si Marcel Proust avait écrit La recherche du temps futur, l’ouvrage n’aurait donc sans doute pas compté 9.609.000 caractères, soit près de 1,5 million de mots.
Le temps que l’homme ressent n’a qu’un lointain rapport avec le temps qui passe en s’égrainant sur : la pendule d’argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui nous attend…, ni même avec cette seconde qui : trois mille six cents fois par heure, chuchote : Souviens-toi !
Le temps passe trop vite lorsque nous vivons des moments heureux…
Mais le temps devient interminable lorsque nous attendons le résultat d’un examen ou lorsque nous assistons à un de ces spectacles, fruit des élucubrations intellectuelles d’un artiste en mal d’inspiration. Le fait que le temps du futur paraisse plus court que le temps passé serait donc peut-être une manifestation de notre optimisme sur ce que l’avenir nous promet. Quant à suspendre le vol du temps la question reste de savoir combien de temps le temps va-t-il suspendre son vol ? Mais comme disait Bergson : La phrase que je prononce dans le présent est faite de mots déjà passés ; elle prend son sens pas les phrases qui l’ont précédée, de telle sorte qu’il devient impossible de tracer une ligne de démarcation nette entre le passé et le présent, ni, par voie de conséquence entre la mémoire et la conscience… Il semblerait tout de même, que la conscience du temps à venir ne se synchronise pas avec la même horloge interne que le temps passé.
En somme une nouvelle forme du temps dilaté de la relativité. En tout cas le temps ne m’a pas semblé si long que ça…