Les chênes finissent toujours, malgré tout, par mourir, et alors la forêt se change en désert…
J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à lire et surtout écrire, j’ai commencé à l’école, à 15-16 ans, j’écrivais de petites histoires pour moi… jusqu’au jour ou le surveillant a saisi mes textes et m’a fait convoquer par le directeur qui m’a sermonné parce que certains passages étaient érotiques… 8 jours d’exclusion, ça vous marque à vie lorsque vous jouez avec les lettres et qu’on vous répond par des chiffres… J’avais écrit que je partais en aventure avec une demoiselle que j’avais connue par hasard, sur une plage. Elle vendait des fleurs en papier : Nostalgies : 5 coquillages pour une fleur, c’était bonheur… Puis elle a grandi, moi aussi…
Elle était d’origine hollandaise et se disait anglaise, ce qu’elle était sans doute par sa mère. Une beauté nordique, des yeux trop bleus, un peu verts, pour être du bleu un peu vert de la mer, mais plutôt des ciels d’été du septentrion. Un mélange de frivolité et de pudeur, un corps qui avait le plaisir d’être un corps.
Elle portait souvent une robe de soie à jupe flottante, noire à grandes fleurs multicolores qui, quand elle dansait, donnaient sans cesse l’impression de vouloir la quitter. Belle comme elle l’était, avec sa chevelure aux vagues blondes qui faisait penser à un océan d’or liquide déchaîné, tout le monde la désirait, mais elle n’était à personne. On se contentait de danser ensemble en échangeant des fadaises. Retardé par ma fantaisie, par mes fantaisies, j’étais obligé de travailler la nuit pour rattraper le temps perdu qui ne se rattrape jamais et terminer en cours. J’écrivais… J’écrivais, au hasard d’une imagination que je ne maîtrisais pas bien, que je ne tenais pas à maîtriser. Un roman doit épouser les hasards de la vie, être lui-même le résultat du hasard, et j’y allais sans savoir exactement où j’allais. Un texte, ça doit se faire en tenant compte du hasard, comme la vie, je ne savais pas vraiment où j’allais, ça s’enchaînait…
Cela a été interprété comme de la débauche ou autres perversions par des personnes chargées d’éduquer et qui se retrouveront plus tard dans divers scandales liés aux dérives de la religion catholique…
Mes aversions religieuses viennent de là, les Frères Jésuites n’étaient que des faux-frères faux-culs qui rêvaient d’y mettre les mains et le pénis de leur savoir “Laissez venir à moi les petits enfants”… Outré par diverses pratiques que ces éducateurs infligeaient à des loupiots en sévices, forts de notre taille et de notre âge on a enfermé le chef de la bande des Frères Jésuites dans les toilettes et allumé des pétards et fumigènes en criant : “Au feu, au feu”… Motif d’exclusion de cette maison des plaisirs solitaires… Anticiper est un enjeu capital. Je ne vais pas revenir sur la suite… Trop déjà dit et écrit…
En 1994, quand j’en ai eu définitivement ras-le-bol de C&F et des décervelé(e)s pathétiques, hésitant entre l’oisiveté nonchalante du monde pourri des voitures dites “de collection” qu’on achète le moins cher possible pour revendre le plus cher possible avec une histoire débilitante en prime… et le coté suave de l’écriture… j’ai choisi l’intermédiaire… ce qui était un choix d’entre-deux… Notez que le principal problème dans le monde des vieilles bagnoles, c’est la clientèle, composée presque exclusivement de vieux… Ce n’est pas que les personnes âgées sont plus libérées que les jeunes, non, les jeunes assurent…, le problème des vieux clients, c’est que ça meurt. Quand on a souffert des chaleurs monstrueuses en 2003, les marchands de vieilles bagnoles ont perdu pas mal de leurs fichiers. C’est un milieu où il n’y a pas de renouvellement… La seule alternative faute de vieux, est de cibler les jeunes…, mais ceux-ci ne s’intéressent pas aux vieilles voitures…
Dans les années ’90, le “jeunisme” s’articulait sur le terme “métro-sexuel”, une contraction de “métropolitain hétérosexuel”, résumait la tendance : urbain, sophistiqué et prêt à dépenser ce qu’il faut pour soigner son apparence… mais qu’il fallait trouver ce qui serait la tendance de demain, un décryptage : une série de descendants à cette figure synthétique mais un peu trop simpliste de l’homme des années ’90, avec trois grands types d’homo urbanicus pour le XXIe siècle.
Ceux du premier groupe : de jeunes hyperconnectés âgés de 15 à 30 ans, une génération qui ignore l’époque d’avant internet. Il s’agit d’hommes pour qui la flexibilité est un véritable mode de vie. Parmi ceux-là, nombre auront une carrière à “slash”, un terme découlant du recours au signe slash sur les cartes de visite des free-lances polyvalents. Par exemple : “musicien/designer/consultant”. Leurs goûts sont kaléidoscopiques, avec une approche de la mode et l’esthétique qui tient du phénomène de “culture-jamming”, version moderne et light de la contre-culture des années 70/80. Ils ont grandi avec les jeux vidéo et s’attendent à s’amuser en tant que consommateurs. Tout comme les “métro-sexuels”, ces jeunes sont prêts à dépenser beaucoup pour un costume, un soin corporel ou un gadget technologique, mais ils ne se prennent jamais trop au sérieux. L’humour est un élément important : goût de la plaisanterie absurde et du comique d’autodérision comme le montrent leurs vidéos potaches circulant sur le web. Comme toute jeune génération, ils contestent le système, mais croient possible le changement de l’intérieur, utilisant par exemple de nouvelles formes de consommation avec les achats groupés ou menant des actions de pression collective sur le web.
Ceux du second groupe, les adeptes du “Less is more”…, c’est un groupe d’hommes plus âgés, souvent plus riches qui cultivent l’individualisme, le silence et le luxe tranquille. Ce sont des hommes qui disent : “les réseaux, c’est très bien, mais qu’en est-il de ma vie privée, de l’individu ?”. Beaucoup sont anticonformistes, avec un côté dérangeant, subversif, hors cadre. Certains tentent de recréer le secret dans un monde où tout se retrouve sur les écrans, comme en témoigne l’insaisissable groupe des pirates du web “Anonymous”. Ce sont des gens qui préfèrent aller incognito et s’imposer sans faire de bruit, dans une forme d’éloge de la sobriété, un concept qui passe par un design minimaliste associé à des performances maximales.
Ceux du troisième groupe, ont la nature et la spiritualité comme mots d’ordre : l’homme qui tente de concilier nature et société moderne. C’est une forme de masculinité renforcée par une dimension spirituelle, par un lien avec le monde naturel. Des marques de luxe s’inspirent de cette tendance. Exemple, la montre Hermès qui peut être “arrêtée” pour permettre à son propriétaire de souffler quelques heures. Attentif à l’écologie, cet homme apprécie par exemple des baskets avec graines intégrées dans la semelle qui deviendront arbres après usage.
C’est comme ça ou à peu près qu’est né GatsbyOnline… Au départ, l’idée était de créer une sorte de pays virtuel imaginaire parce que celui dans lequel nous vivons nous énerve toutes et tous…. Quand on est dimanche soir et qu’on cherche un sujet fort à mettre sur la table, mieux vaut se tourner vers le web… et vers GatsbyOnline…, c’est du costaud, quelque chose de clair, d’explicite et de chouette pour accompagner le rosbif…, des corps qui s’emboîtent en ombres chinoises d’abord, puis plus du tout en ombre. Trop sage ? Mais c’est la vie. Les personnages qui restent dans les mémoires, ce sont les méchants… Dans un roman d’aventures, c’est le méchant qui est le plus important. Il faut qu’il soit très méchant : ça augmente les qualités du bon. C’est le bon qui triomphe toujours du mal. C’est pour ça que le roman a tellement de succès, parce que c’est le contraire de la vie. Il ne faut jamais s’arrêter.
Je ne comprends pas les gens qui veulent prendre leur retraite. Arrêter c’est mourir. Les chênes finissent toujours, malgré tout, par mourir, et alors la forêt se change en désert.
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