Les gemmes coruscantes de l’excessivisme dans l’art pour les cochons…
Comme beaucoup, j’ai longtemps cru à la valeur esthétique ou émotionnelle d’une œuvre réputée “artistique”, mais ce type de valeur est difficilement quantifiable et, comme on dit : “Des goûts et des couleurs … !” Et c’est vrai que chacun est totalement libre d’aimer ou de ne pas aimer. Alors, quelles que puissent être les méthodes existantes (valeur intrinsèque, valeur mathématique, valeur de rendement, notamment) pour déterminer la valeur de quelque chose, y compris celle d’une entreprise commerciale ou industrielle, la seule qui reste finalement valable est : le prix que quelqu’un est prêt à mettre pour l’acquérir... et il est devenu évident que cela est maintenant vrai pour les œuvres d’art. En revanche, il existe bien des méthodes qui permettent d’influencer la cote de tel ou tel artiste, quelques mécènes, de riches collectionneurs, les critiques d’art, les marchands de tableaux, mais également les officines de ventes aux enchères largement dominées par le lobbying anglo-saxon jouant à cet effet un rôle non négligeable, malheureusement plus mercantile que culturel ou pédagogique. Que pèsent actuellement sur le marché de l’art les maisons de ventes aux enchères Françaises ? A regarder les cinquante meilleures ventes de peintures, on constate que 15 l’ont été à New-York par Christie’s, 13 également à New-York par Sotheby’s, 5 à Londres, mais par Christie’s et également 5 à Londres par Sotheby’s, ce qui fait que ces deux officines anglo-saxones auront représenté à elles-seules 38 des 50 principales ventes, le reste se répartissant en 7 ventes par d’autres sociétés à New-York, 2 à Londres, 2 par des intermédiaires inconnus à l’occasion de ventes privées et … 1 par Binoche à Paris ! Mais c’est sans doute pur hasard si les deux peintres qui ont actuellement la plus grosse cote sont tous deux de nationalité…: américaine ! Le record toutes catégories a été, un temps, détenu par Vincent Van Gogh, notamment avec ses “Iris” qui ont fait l’objet, en 1987, d’une vente pour le moins pittoresque.
Les Iris, petite huile sur toile de 71 x 93 cm, datée de 1889, est une œuvre exécutée par Van Gogh alors qu’il se trouvait à l’asile de Saint-Remy-de-Provence, l’année précédant sa mort.
Van Gogh considérait cette peinture comme une simple étude, ce qui explique pourquoi il n’en existe aucune esquisse connue.
C’est l’écrivain Octave Mirbeau qui en fut le premier propriétaire pour l’avoir achetée en 1891, ainsi que “les tournesols”, pour 600 francs au père Tanguy, marchand de fournitures d’art qui ne les avait pas payées mais devait fournir Van Gogh en pinceaux et en couleurs.
En 1987, ce tableau fut réputé être la peinture la plus chère jamais vendue car adjugée chez Sotheby’s à l’homme d’affaires australien Alan Bond, pour 53 millions de dollars !
Pourtant ce record ne tint que deux ans et demi, l’acheteur australien s’avérant incapable d’honorer son enchère.
C’est Christie’s qui négocia avec le musée Paul Getty à Malibu en Californie, qui finit par acheter et exposer le tableau.
Toutefois, la cote de Van Gogh ne baissa pas pour autant et, en 1990, “Le portrait du docteur Gachet avec branche de digitale”, fut vendu chez Christie’s à New-York pour 70,9 millions de dollars !
Certes, pour la peinture la plus chère du monde, on pouvait s’attendre à une œuvre de peintres tels que Rembrandt, Durer, Raphael, Rubens, Vermeer, Poussin ou Delacroix, mais le choix de Vincent Van Gogh, peintre maudit n’ayant jamais vendu de son vivant, constamment tourmenté et instable, peut aisément s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’un artiste, pas vraiment contemporain, mais encore connu de tout le monde.
Le phénomène (inquiétant) d’acculturation qui se manifeste depuis quelques décennies fait que… et dans tous les domaines…, on ne connaît plus que les personnalités les plus récentes.
Un sondage d’il y a quelques années, opéré auprès des Français afin qu’ils déterminent qui, selon eux, pouvait être considéré comme “le plus grand Français de tous les temps”, a fait craindre, un temps, que leur choix se porte sur Coluche, Bourvil, Cousteau ou … Edith Piaf, figurant parmi les dix finalistes alors qu’en étaient exclus de grands monarques comme Henri IV, Louis XIV ou Napoléon, de grands savants comme Denis Papin ou de grands penseurs comme Descartes, Pascal ou Diderot.
Finalement, ce fut de Gaulle qui fut retenu !
Et le même sondage donna, en Allemagne, Conrad Adenauer et non Goethe comme on aurait pu s’y attendre !
Je ne nie certainement pas l’immense mérite aussi bien de de Gaulle que d’Adenauer qui furent indiscutablement de Grands Hommes, mais qui marquèrent essentiellement… leur époque !
Et, sur le sondage réalisé en France, on constate que sur les 100 noms proposés, 76 étaient ceux de personnalités contemporaines, la plupart étant surtout connues par les moyens audiovisuels : chanson, radio, télévision, cinéma.
Eh bien, c’est le même phénomène qu’on retrouve à propos de la cote des artistes peintres, les seuls non-contemporains émergeant péniblement de la liste des 25 vendus, le plus cher étant : Pierre-Paul Rubens en 10ème position avec “Le massacre des Innocents”, Auguste Renoir avec son très célèbre “Moulin de la Galette” et Paul Cezanne avec une nature morte intitulée “Rideau, cruche et compotier” !
Et encore…, on se demande si, finalement, on ne peut pas compter parmi les “Modernes”, sinon vraiment contemporains, Cezanne et Renoir, morts respectivement en 1906 et en 1919 !
Quant au peintre le plus cher, eh bien, ce sera l’Américain Jackson Pollock avec un tableau intitulé “N°5 1948” vendu chez Sotheby’s à New-York en novembre 2006 pour… 140 millions de dollars.
Ce qui me laisse pantois car cette “chose” présentée comme un chef-d’œuvre de la peinture, me fait surtout penser à un morceau de moquette pas très propre et fortement agrandi, en tout cas, le genre de peinture qu’on peut vous débiter au mètre !
Quelle “valeur” peut-on attribuer à “ça” sinon son prix hallucinant ?
Pas de composition, des couleurs en demi-teinte pas très harmonieuses (au moins certaines œuvres de Rothko ont-elles le mérite d’être parées de belles couleurs !), le tout parsemé de sortes de poils de chat !!!! Est-ce décoratif ?
A vous de voir, mais, comme disait ce visiteur du musée du quai Branly cité par Luc Ferry : “Je ne voudrais pas avoir ça dans mon salon” !
Pas de dessin à l’évidence.
Alors, de la peinture dont la définition qui conviendrait le mieux est : “Art et technique de l’expression, figurative ou non, par les formes et les couleurs” ?
Or la chose est informe et bien peu colorée !
Il faut donc que ce prix eût été atteint sur le seul nom de Pollock !
Alors, qui est donc Jackson Pollock ?
Un peintre américain, né en 1912 et mort en 1956 qui a eu ce qu’il est convenu d’appeler une enfance difficile : huit changements de domicile entre 1912 et 1928, père souvent absent et mère très autoritaire, ce qui, évidemment, ne saurait tout expliquer !
Il va montrer les premiers signes d’alcoolisme durant l’été 1927 (il a quinze ans) !
On dira alors que “l’art devient pour lui une décharge d’émotions, dessiner lui permet d’exprimer son univers intérieur, de libérer ses angoisses et sa rage sur le papier”.
Il va bien suivre quelques cours, notamment à l’école des arts appliqués dont il sera renvoyé pour avoir critiqué l’enseignement qui y est dispensé, puis à la Art Students League of New-York pour suivre des cours du soir.
A partir de 1935, il va bénéficier du soutien aux artistes lancé dans le cadre du New Deal de Roosevelt.
D’abord admis dans la section “peinture murale”, Pollock en sera exclu pour absentéisme en 1938.
En décembre 1937, il suit une cure de désintoxication et commence une thérapie, la première d’une longue série !
Jackson Pollock a produit plus de 700 œuvres.
Sur certains de ses tableaux, il a laissé couler la peinture sur les toiles à plat, qu’il déplaçait en même temps.
C’est sûr – et j’en ai fait moi-même l’expérience – qu’à balancer ainsi de la peinture au hasard, le hasard faisant bien les choses, on peut obtenir quelques résultats intéressants.
Mais où est l’imagination, l’émotion du peintre, où est son sens de la créativité dans tout cela ?
Ayant à nouveau sombré dans l’alcool (qui ne semble pas avoir beaucoup excité son imagination !) et alors qu’il n’a plus rien produit durant les dernières années de sa vie, Pollock décède dans un accident de voiture, à l’âge de 44 ans, le 11 août 1956 à Springs, dans l’État de New-York, où il avait installé son atelier.
Le comble est que 5le seul point qu’il peut à la rigueur partager avec Van Gogh), il aura vécu dans une extrême précarité durant la majeure partie de sa vie, ce qui rend quelque peu ironique le fait que ce soit l’une de ses œuvres (et pas la meilleure !) qui soit devenue l’œuvre la plus chère de tous les temps !
Bon !
Je ne vais pas tourner autour du pot et je ne vous cache pas que je ne trouve aucun talent à Pollock et que ce record me semble une gigantesque mystification.
Chose étrange, cette vente de novembre 2006, contre toutes les règles en vigueur dans la profession, fut réalisée de gré à gré, en privé et sans enchères !
C’est mon opinion et, bien sûr, elle n’engage que moi.
Maintenant, ce site est ouvert à tout le monde et tout le monde peut y laisser un commentaire !
Prouvez-moi que j’ai tort et dites-moi, afin que je ne meure pas idiot, ce qui justifie que cette œuvre de Pollock ait pu être vendue 140 millions de dollars parce que, très franchement, moi, je ne vois pas !
Sauf, bien sur, si toutes ces affaires, ne sont qu’un moyen bien rodé pour blanchir de l’argent… et/ou s’intègrent dans de grandes affaires de fraudes fiscales et/ou d’assurances et ré-assurances, voire à des “garanties” de crédits qui ne seront, bien évidement, jamais remboursés…
En quel cas, il n’y a pas véritablement de marché de l’art, mais une sorte de foire aux escrocs et aux escroqueries de tous types…
Depuis 40 ans que je bourlingue, les yeux grands ouverts dans le marché de l’art et des voitures dites “de collection”, invariablement, ce ne sont que des transactions de ce genre ou des affaires purement spéculatives ou l’art, la forme et le design ne sont que des prétextes !
Le rôle que peuvent jouer les critiques d’art même s’il s’agit de justifier a posteriori et même, en l’occurrence, “post mortem” car si Pollock a vécu dans la précarité, il faut croire que les dits critiques ont mis longtemps à découvrir qu’il était génial !
J’ai connu beaucoup de ces “experts”, dont les deux plus fumeux œuvrent toujours à Paris…, je ne sais pas en quoi d’autre que dans l’art d’entortiller les gens, ces experts sont experts (sic !)…
Ce n’est ni un métier, ni une profession, il n’y a aucun diplôme d’expert en art ou en automobiles de collection…, ces gens s’auto-proclament, refilent une commission à qui les fait “turbiner” et point-barre…
Maintenant, 53 ans après sa mort et une vente record en prime, on peut, à propos de Pollock, lire des choses comme ça :
“L’analyse fractale des œuvres de Jackson Pollock proposée par Richard Taylor, Adam Micolich et David Jonas montre que le principe d’autosimilarité statistique y est respecté. Cette analyse consiste à vérifier par l’intermédiaire d’une grille de N carrés posée sur une toile que la proportion de motifs reste constante quel que soit le nombre de carrés étudiés et donc quelle que soit la taille des carrés. La peinture noire occupe 36% de la surface d’un carré, de deux carrés … ou de n carrés. Il en est de même pour les autres couleurs qui occupent 13 % de la toile. La dimension fractale de densité d est égale à ~ 1,66. Dans Autumn Rythm n° 30, d vaut 1,67. La dimension fractale est constitutive de la technique de Jackson Pollock et non consécutive. Elle définit de manière mathématique le “all over”. L’analyse a ainsi démontré que les premières oeuvres ont une dimension supérieure à 1,1 et, à la fin de sa vie, 1,7. Il a inauguré une nouvelle lignée d’artistes. Son travail était une sorte de quête spirituelle exigeant une extraordinaire force psychique. Se confronter à la surface vide de la toile et chercher à y projeter de l’ordre et du sens était, selon lui, une démarche représentative de la crise existentielle de l’homme moderne. Son mouvement artistique est l’expressionnisme abstrait”…
Quel talent pour écrire n’importe quoi !
Seulement, ces élucubrations parfaitement gratuites sont infirmées par Pollock lui-même qui, de son art, avait écrit :
“Quand je travaille dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C’est seulement après une espèce de temps de “prise de conscience” que je vois ce que j’ai voulu faire”…
Enfin, je corrige le propos en disant plutôt : “que je vois ce que j’ai fait”, car on ne saurait avoir voulu faire quelque chose alors qu’on était totalement inconscient.
A propos d’œuvres d’art obtenues selon des procédés aléatoires, rappelons cette savoureuse histoire survenue peu de temps avant la naissance de Pollock :
Au salon des Indépendants de 1910, figurait une toile intitulée “Coucher de soleil sur l’Adriatique” ayant, selon le catalogue, pour auteur un certain Joachim-Raphaël Boronali, peintre italien qui avait accompagné son envoi d’un manifeste théorique : “Le Manifeste de l’excessivisme” : “Nous proclamons que l’excès en tout est une force, la seule force … Ravageons les musées absurdes, piétinons les routines infâmes. Vivent l’écarlate, le pourpre, les gemmes coruscantes, tous ces tons qui tourbillonnent et se superposent”…
Bien entendu, les critiques d’art n’ont pas manqué de s’intéresser à ce tableau qui suscita des commentaires pour le moins contrastés jusqu’au jour où le journal “Le Matin” reçut la visite de l’écrivain Roland Dorgeles (pour mémoire, auteur des “Croix de bois” en 1919) qui révéla, constat d’huissier à l’appui, que l’auteur de cette peinture se nommait en fait “Lolo” et qu’il était… l’âne de Frédéric Gerard, dit “le père Frédé”, patron du célèbre cabaret montmartrois, le Lapin Agile.
Boronali n’étant que l’anagramme d’Aliboron, nom donné à l’âne par Jean de La Fontaine.
Dorgeles, en compagnie de deux amis, André Warnod et Jules Depaquit, avaient attaché un pinceau à la queue de l’animal qui devint ainsi la vedette du salon une fois la supercherie dévoilée.
Quant au manifeste, il n’était que l’écho rigolard au très sérieux “Manifeste du Futurisme”, publié par Dorgeles le 1er avril 1910 dans une revue humoristique : Fantasio.
Épilogue de l’histoire : la toile se vendit 20 louis d’or, soit l’équivalent de 400 francs, reversés par Dorgeles à l’orphelinat des Arts.
Elle fait aujourd’hui partie de la collection permanente de l’espace culturel Paul Bedu à Milly-La-Foret.
Loin de moi l’idée de comparer Pollock à un âne, même s’il se trouve que “N°5 1948” de l’un et “Coucher de soleil sur l’Adriatique” de l’autre, furent obtenus à l’aide des mêmes procédés parfaitement aléatoires !
Mais, tout de même, se pose la question, la véritable question : Qui et pour quelle raison a pu ainsi dépenser 140 millions de dollars pour acquérir en 2006 la toile de Pollock ?
Déjà qu’une telle somme ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval !
Mais, de plus, c’est en vain que vous chercherez dans quel musée on a ensuite exposé un tel “chef-d’oeuvre” !
Si l’on en croit le quotidien “New-York Times”, ce tableau de Pollock aurait été cédé par le richissime grand collectionneur David Geffen selon une transaction privée, le tableau ayant été acheté par un financier mexicain, David Martinez, collectionneur d’art discret (qui, en l’occurrence, aura quelque peu manqué de discrétion !)…
Le journal précise que David Geffen avait déjà récemment cédé deux toiles, l’une de Jasper Johns : “False Start” et l’autre de Willem de Kooning, “Police Gazette” à deux financiers américains pour une somme de 143 millions de dollars, de Kooning et Johns, deux artistes américains figurant tous deux en bonne place (respectivement 2ème et 8ème) au top 25 des peintures les plus chères au monde.
Ci-après ces deux œuvres :
Vendues donc 63 millions de dollars pour la première, de Willem DE Kooning, et 80 millions pour la deuxième, de Johns, deux peintures dont, cette fois, je ne nie pas les qualités artistiques (surtout pour celle de De Kooning), mais je m’interroge tout de même sur les prix qui me paraissent bien plus surréalistes que les toiles !
Ce qui est curieux c’est cette frénésie soudaine pour l’art moderne qui fait que, en 2006, et particulièrement dans la courte période allant de juin à novembre, il va se vendre à New-York, pas moins de sept peintures figurant toutes dans les 14 les plus chères au monde, le tout pour… 738 millions de dollars !
Nous savons tous maintenant ce qui a provoqué la grave crise financière qui frappe en ce moment le monde entier avec de terribles conséquences sur l’économie mondiale : les banques créaient de la richesse gagée sur… des dettes !
Les dettes n’étant plus remboursées, c’est tout le système qui s’effondre !
Ces étranges et soudaines spéculations sur l’art n’auraient-elles pas, elles aussi, pour but de créer de la richesse ?
Et cette “richesse” est basée, elle, sur… du vent !!!!
Ce n’est donc pas le “génie” de l’artiste qui est acheté (quel génie ?), pour servir à des plans machiavéliques…, mais le potentiel d’un nom…
Sans ce nom, pas de renom, pas de gloire, pas d’entourloupes possibles !
Le public manipulé qui n’a pas les moyens de participer aux agapes… y voit de l’art…, le fisc aussi, les banques également… à l’appui d’expertises les gens se prosternent…, mais ceux qui manipulent le tout, utilisent un “moyen”…