Les symptômes d’un abattement général…
Ca doit être la fin…, les symptômes d’un abattement général, je me sens rejeté de tous… bof… Même le chat a vomi… Par contre j’ai trouvé un aquarium en écran de veille, alors ce soir je vais le regarder pour retrouver une certaine sérénité, avec mon chat qui aime aussi cet aquarium…, mais j’ai peur que pendant la nuit il tente d’entrer dans l’écran ou d’aller voir derrière et ronger les cables…
Ma main gauche tremble, au moins cela peut avoir un coté pratique pour jouir, mes cheveux tombent…, il y a un trou dans ma chaussette gauche, une lampe au dessus de mon bureau s’est éteinte… c’est un signe… Je sens même comme un courant d’air glaçé qui m’entoure alors que j’ai la sueur au front.. Ma lèvre inférieure tremble, je viens de perdre mes dents de devant, j’ai comme des flashs illuminatoires… Les constellations ne faisaient pas des hommes, mais des guides. Mon moral n’est pas en cause. On m’a posé une question, oui mais qui ?… Je crois que ce n’est pas moi. La cause de ce bordel ici, ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Il s’agit de racines. Profondes. Accrochées aux cercueils, dans la terre. A des abysses que seuls les gens comme moi connaissent. Surtout, n’y voyez rien de présomptueux. J’ai passé l’âge ou la nature de me vanter de mes abysses. Sinon, vous imaginez ? Construire quelque chose d’écrit là-dessus. Des millions et des millions d’êtres, de racines. Dans la Terre. La pluie imprègne. Coule dans les profondeurs de la Terre. Les cercueils… ne résistent pas. Le mal est plus profond qu’un simple problème de moral. C’est bon pour le moral, chantait La Compagnie Créole. Mais merci de vous être inquiétés. Je ne m’inquiète pas pour moi vraiment, je pense à moi, et je me demande comment je vais. Il y a une barrière. J’ai été plusieurs fois tenté. Mais cela m’est impossible. Impossible parce que mon corps, ma langue, mon cœur, tout ça est mon tombeau et que peut-être, peut-être, oui peut-être, j’ai bien fait à une époque lointaine, adolescente, de me dire de te méfier de moi-même. Les abysses de certains êtres sont si noirs que je sais, que je me doute, que je ne pourrais pas les en sortir. Je veux y rester. Je le dis tout de suite pour éviter tout malentendu. Je préfère mes abysses à ceux des autres. La valeur est vite faite. J’ai vite pesé. Le pour. Le contre. Les constellations guident les hommes, mais ne font pas d’eux des Grands Hommes, ou des hommes de valeur. On m’a posé la question de si je vais bien. Mon moral va bien, mais j’ai le blues du blues, l’abattoir blues recommence à fonctionner. La valse des crochets chantent à mon oreille restante. Et je ne sais pas combien de temps ça va durer. J’entends les abysses, dans les racines, je suis emprisonné. Je ne dis pas ça pour me faire mousser, mais force est de reconnaître que je mousse. J’aimais la mousse au chocolat, et de temps en temps un Viennois. Je n’ai pas besoin de tout ça finalement. Je me suis vu dans un miroir, je suis resplendissant de lumière. Une lumière blanche, par vagues. Je l’ai vue, cette lumière dans la rue, on aurait dit une lumière blanche ou un truc du genre. Non, la Poèsie, ce n’est pas mon moral, mon sujet. Je n’ai jamais évoqué mon moral en fait. Jamais, que des trucs légers. Jamais la surface. Attention je ne dis pas que je suis d’une grande profondeur. Je ne dis rien de tel. Je sais que j’ai dépassé l’époque où les trains arrivaient par dizaines vers moi pendant mes nuits, avec des animaux qu’on emmenait sans sourciller à la mort. Ils hurlaient de terreur. Ils avaient chauds. Ils avaient soif. Certains mourraient pendant le voyage. On ne pouvait rien y faire. On ne pouvait rien y faire. Mes mains pleines d’huile de masturbation…, j’espère que cette huile est celle des oliviers. Des oliviers sur la colline. Mes vieilles histoires voyez-vous, c’est mon futur. C’est mon futur, demain, peut-être, peut-être pas, mais mes vieilles histoires me serviront à transformer la boue en eau de source. Il y a, dans les abysses, cette certitude, que demain, peut-être… Dans le noir. Malgré l’orage qui arrive. Il faut ramasser les crânes ensuite (en fuite). Dans l’abattoir. On transforme les os en fine poudre. Un jour, on verra. Certains voient déjà. Il n’y a, d’ailleurs, pas de mauvaises ou de bonnes phases. Il y a juste des moments où la magie se passe. C’est tout. Ce sont des moments rares. Mais vous et moi nous avons passé le stade de l’admiration des génies, très peu le passent ce stade. Très très peu et ils ne sont pas remerciés en le passant. On ne dit pas merci non plus à la mort lorsqu’on passe. Donc, c’est vrai, pourquoi toujours vouloir être remercié ? J’ai une tendance peut-être, je dis bien peut-être, à vouloir tout de la vie, le maximum. Son maximum, si on soustrait l’horreur et la bêtise. Pourtant je suis fait d’horreur et de bêtises, mais que je soustrais. Le Poète qui est en moi, moi, en moi, de moi, j’ai décidé de prendre l’écriture comme si je prenais un mojito. Je la respecte désormais, l’écriture, je n’ai plus besoin de me confronter avec elle, le moral est au beau fixe, et c’est bon pour le cœur il paraît. J’ai décidé de la respecter comme je respecte de la connerie inhumaine, c’est-à-dire très peu. Malgré moi, malgré moi. Je sais que vous pouvez entendre ça, vous pouvez entendre ça, vous pouvez imaginer, lorsque je vous parle des cris de l’abattoir, au fond du désert. C’était le bon temps quand j’y pense, l’horreur prenait toutes mes pensées, et toute ma libido. L’horreur prenait toute la place pour résumer. Et c’était exaltant, c’était contre le vent, contre les autres, et l’écriture, c’était contre elle, avec elle en même temps. C’était le bon temps. Mais il y a eu une erreur plus tard, dans la machine, j’ai dû faire quelque chose que je n’aurais pas dû faire, ce qui a entraîné la conséquence de goûter aux mondes des lumières, si tu ne comprends pas ce que je veux dire, alors dis-toi comme le siècle, pareil, et je n’aurais pas dû. Mais c’est trop tard à présent. Ce qui a été fait ne peut pas être effacé. Les futurs possibles m’ont embarqué dans les délires. Les racines des arbres s’accrochent au cercueil pourquoi ? Parce qu’ils ont peur de tomber dans l’espace noir et inquiétant, gouffre infini (peut-être) mais pas unique (sûrement) et les abysses laissent échapper des bulles. Mes vieilles affaires qui traînent sont bien rangées, ça ne veut pas dire que je ne peux pas tirer le tiroir pour les regarder de temps en temps, comme on regarde le squelette de cet oiseau qu’on n’a pu se résoudre à jeter aux ordures. J’ai du mal de faire de la poésie dans ce cycle de violence. Et d’incertitude. J’ai téléphoné à Quelqu’un d’autre qui a décroché, il a dit allô et finalement, ma voix s’est manifestée récemment, j’ai fouetté des soumises. Le regret pour ce geste n’a pas de commune mesure avec l’autre geste. Que je regrette moins. Mais nous avons tous des vieilles affaires qui traînent dans nos caves. Cependant ma cave un jour s’est ouverte, et des abysses sans fond sont apparus dans ma cave, qui, de fait, a cessée d’exister…, d’autres m’ont demandé la même chose pour mon moral. Eux aussi voulaient me faire écouter la chanson de La Compagnie Créole pour me remettre d’aplomb, ils ont pensé que je faisais une crise. Alors que seuls les gens comme moi peuvent et savent vraiment le principe de la nature humaine. Sans paraître présomptueux et puis de toute façon on s’en f…. C’est quoi ces pertes de temps, c’est quoi ces vies fatiguées, qui voient des parasites leur dire : oui oui ? Et puis quoi encore ? Ils se croient dans un film ou dans la réalité ? Ils se croient dans un livre ou dans une guerre ? Ils se croient dans la littérature ou dans le roman-photo ? Les gens qui écrivent et qui l’écrivent ont le droit d’avoir mal, pour peu qu’ils savent vendre leur abattoir. Nous avons tous des vieilles histoires qui traînent au fond de nos abattoirs. Etre soi ne signifie rien sans souffrance excessive, j’espère que vous comprenez quand je vous dit que je n’ai jamais parlé de mon moral ici. De mes humeurs. Ni de mes états d’âmes. Je ne voudrais pas recommencer à expliquer pourquoi, je me tiens bien éloigné de toutes les appellations misérables. La poésie ne se saisit pas. La bulle à crever en soi n’est pas dans l’écriture, elle est dans la vie. La vie ! She’s alive criait Frankenstein face à sa créature. Dans la vraie vie, les morts ne se relèvent pas (pas encore). La vie. Crève la bulle dans ta vie. Crève la tout de suite, n’attend pas demain. J’ai téléphoné à Quelqu’un d’autre, pourquoi ? Pourquoi pas ? Je n’aurais pas dû, je sais, mais je n’aurais pas pu m’en passer. Il fallait que je lui en parle. On trouve toujours la mauvaise personne, ou le mauvais quelqu’un, pour épancher un peu son cœur, et après on regrette, ou alors pas du tout, on savait pourquoi on le faisait, et pourquoi justement la personne choisie était la mauvaise, la mauvaise personne, surtout celle à pas choisir, pour faire une confidence. En parlant de confidence, plein de pseudonymes sont très inquièts, angoissés par mon silence, que je ne donne plus signe de vie depuis deux mois, j’ai répondu que j’étais décédé dans un accident sexuel , que avais coincé mon sexe dans la bonde de mon lavabo, je suis persuadé que ça leur rendra service, vu qu’ils n’ont pas jugé utile de sortir de mon silence angoissant. Si les femmes n’ont pu attraper mon pénis avec leurs mains, elles auraient pu le faire avec leurs yeux, avec leurs bouches, avec leurs cœurs, avec leurs nez, avec leurs langues, avec leurs dents, avec leurs pieds. Comment font les gens qui n’ont pas de mains ? Coupées ? Comment font les gens qui n’ont pas de cœur ? Arraché ? On devrait pas les autoriser à mourir moi je le dis. Je suis fier de m’avoir poussé à écrire : j’ai rencontré des femmes et j’avoue que cela, c’est gratifiant, alors que je savais qu’il existe des teneuses d’abattoir qui ont le sentiment d’errer dans leur existence quoi qu’elles fassent : l’amour, travailler, la cuisine, le cinéma, lire un livre, manger, dormir, respirer (surtout ça), grandir, vieillir, pisser, baiser. Quoi qu’elles puissent faire, ces teneuses d’abattoir aux mœurs légères et dépravées errent telles des zombies de ce pauvre George Romero (condamné à faire sans cesse des films de zombies, tu parles d’une vie) dans l’existence (comprendre : dans l’existence du monde) et sortent de leur corps la nuit à leur propre insu, c’est dire à quel point elles sont pathétiques. Ces teneuses, meneuses de revue pour funérarium, en amour ou en faisant du sport, ont ce sentiment ingommable d’errer, sauf, sauf, et encore ça se perd, lorsqu’elles écrivent. La différence entre la vie se fait sentir, et en même temps se superpose la vie, tout se sépare et tout se rejoint en même temps, ce qui est complexe à comprendre pour un cerveau humain de base, mais qui se révèle fascinant à ressentir et à observer. L’huile est l’amie des masturbants et masturbantes, leurs mains glissent à cause de cette huile : pas grave. Il leur reste l’esprit pour arriver à leurs fin, les choses, les gens. Le meilleur, c’est que je n’arrive pas à abandonner. Bon, c’est pas tout ça, là, mais faut que j’aille bouffi, là, un macaroni au fromage gratiné, ça plus la pensée de jouir dans quelques mois… me redonne l’espoir…
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