Les temps changent…
-Avec le Covid19, ex-Coronavirus, les salons de l’auto, c’est terminé… leurs bénéficiaires sont en dépression nerveuse car ils voient leur faillite arriver plus vite qu’une Ferrari en surrégime dont les freins sont nazes… et les magazines automobiles traditionnels qui se gorgeaient de communiqués de presse et de pubs-putes se cassent la gueule, pareil que les annuaires téléphoniques, surnommés les bottins, lorsque Google a commencé par s’accaparer de la recherche en un clic…
-J’aimais bien les bottins, c’était la nomenclature du petit-commerce, les listings infinis, l’outil de base des représentants de commerce on les trouvait à coté des WC des pauvres qui économisaient le papier-cul… A une époque cela représentait 57 millions de bottins édités et distribués en France… Une contribution à la déforestation générale…
-Les Pages jaunes, qui contiennent les numéros de téléphone des professionnels, devraient quant à elles, être éditées une dernière fois en décembre 2020 dans 90 départements. Le monde change… Pour moi, les salons de l’auto, c’étaient de grandes expositions qui avaient lieu tous les ans, à Genève puis à Paris, ensuite Birmingham, Bruxelles, New-York… L’occasion de découvrir des prototypes, des nouveaux modèles, le plaisir de faire la queue des heures pour s’entasser dans un hall d’exposition où les seules personnes à ne pas crever de chaud étaient les hôtesses court vêtues chargées de perpétuer l’image de beauferie qui imprégnait le monde automobile depuis les cabines des routiers, jusqu’aux interviews surréalistes de Bernie Ecclestone qui lui aussi doit en chier un max que son cirque s’écroule pneu à pneu…
-C’était sale, voire dégueu, en réalité… et c’est bien que vous vous en rendiez compte, un salon de tutures, c’était juste un mois de promotion où les concessionnaires inondaient les boîtes à lettres de publicités… même pas distribuées par des blondes en bikini.
-Avec le Covid-19, les crises boursières et économiques, avec toute l’industrie automobile sur les genoux, vouloir vendre une voiture à des beaufs qui se croient ruinés et qui vont finir par l’être, de prime abord, c’est un peu comme vouloir vendre des solariums en Ethiopie, non ?
-Dans notre famille, je cause de la famille de ma meuf qui est aussi ma muse, on roule avec sa bagnole jusqu’à ce qu’elle tombe en pièces…, c’est vous dire que les préoccupations des constructeurs, on s’en bas les couilles !
-Ce qui est malheureux dans cette société en crise, c’est que tout y est tellement imbriqué… La fermeture d’une usine, ce n’est pas seulement des milliers de gens qui y travaillaient réduits au chômage, c’est aussi d’autres milliers de gens qui œuvraient dans des industries annexes… plus des milliers de petits artisans qui vivotent de ce milieu qui n’ont plus de travail, d’où des faillites, des drames humains… qui entrainent “périphériquement” des drames similaires, humains et économiques…
-Si je n’avais pas un fond de conscience écolo, à vous lire, j’envierais presque les détenteurs de Rolls-Royce, de Ferrari et autres véhicules de grand luxe !
-Ce qui me gène, c’est le gaspillage qu’a engendré une certaine idée de l’automobile, pas pour l’automobile en tant que telle qui est une invention extraordinaire qui permet de se déplacer… mais l’idée que l’automobile rendue populaire, c’est à dire de grande consommation, soit restée calquée sur les automobiles de luxe… avant de prôner les bienfaits de l’électricité permettant de diminuer nos besoins en pétrole et sans doute diminuer les tensions liées au pétrole, moins de guerre et torpillage net et précis des pays qui en vivent… au profit d’autres qui sont les seuls à pouvoir fournir les composants des batteries… C’est sans fin !
-Expliquez-vous mieux, là, piting, parce que je ne comprends pas bien ou vous voulez en venir, sauf à me tripaturer les méninges avec l’appui de vos potes, Lacan et Freud qui s’y connassent en matière de psycholologique appliquée !
-Je pense que l’automobile a fait fausse route, ce qui est un double sens…
-Une voie Royale pour le populo ?
-En quelque sorte, dans le sens ou on n’aurait pas du suivre les théories de Citroën et Ford qui ont inventé le travail à la chaine, qui a non seulement abruti les ouvriers… qui avec la crise de l’époque, étaient prêts à devenir des esclaves pour subsister…mais aussi dans le sens ou on n’a pas calculé que trop d’automobiles allaient appauvrir les ressources terrestres… créant des drames écologiques, des drames économiques, des drames humains… C’est la guerre de 39/45 qui en fut à la fois une conséquence mais aussi un moteur de relance, éloignant la crise finale inéluctable liée à cet appauvrissement des ressources et au fait, ignoblement caché au public, qu’il est impossible qu’une économie soit basée sur une nécessité d’expansion continue alors que nous vivons dans un monde fini, c’est à dire qui a des limites !
-Donc, d’après vous, la révolution industrielle serait une vue de l’esprit ?
-En quelque sorte, la richesse est venue d’une multiplication de la masse monétaire, non pas par une augmentation de la richesse globale et de ses répartitions économiques, mais par la création d’une nouvelle masse monétaire inventée de toutes pièces et ne reposant que sur du vent, la monnaie scripturale ! On est arrivé il y a dis ans, à ce que la masse de monétarisation scripturale soit 115 à 150 fois la masse de monétarisation fiduciaire, qui elle même ne repose plus sur rien de concret depuis que les masses monétaires mondiales ne reposent plus sur l’or… Actuellement c’est 1000 fois pire, nous vivons sur des mensonges et des illusions. Pour éviter de se perdre en impression de billets et de fabrication de piécettes sans valeur, on pousse à une transformation universelle… Plus de billets, plus de monnaie, rien que des cartes de crédit… On cherche à éviter la masse souterraine financière, le blanchiment et le “Black”, à la base c’est une vue politique préconisée par Jacques Attali.
-Vous en aviez écrit une tartine dans un article lointain d’ici publié dans les limbes de votre section “Ataraxie” de www.GatsbyOnline.com ou vous suggériez qu’on coupe les couilles de Jacques Attali, c’est bien ça ?
-C’est bien ça… Merci d’être attentif à mes écrits…
-C’est bien le moins qu’on puisse faire, sachant qu’à chacun de vos articles, on sort quelque peu ébranlé… et c’est à double sens lorsque vous vous laissez aller dans des histoires sexuelles, piting !
-Donc, j’écrivais que l’automobile n’aurait jamais du être fabriquée à la chaine et donc ne jamais être démocratisée, ce qui implique qu’on n’aurait jamais du construire tant de routes qui s’entre croisent sans cesse… qui tuent écologiquement les pays et qui ont forcé à la création d’industries développant quasi exclusivement des automobiles qui ne peuvent se mouvoir que sur des routes planes… Sans ces routes, les automobiles seraient restées basiques, donc simples à fabriquer et entretenir, sans fioritures inutiles, sans leurs débauches de plastiques et pneumatiques qui ont poussé les industries à surconsommer des produits pétroliers… et de cuirs qui ont obligé l’élevage en masse de bétail…
-Les gens du peuple n’avaient-ils pas droit à posséder une automobile, symbole de mobilité ? N’êtes-vous pas anti-social, là ?
-C’est l’inverse ! D’abord, l’automobile basique était à la portée de revenus moyens voire modestes… Nul besoin de cuirs et tapis luxueux pour se déplacer, nul besoin de 8, 12 et 16 cylindres non plus… Même pas besoin de motorisations essence ou diesel, la motorisation électrique existait déjà, sauf qu’elle n’a pas été développée sous les pressions, déjà à l’époque, des lobbying pétroliers… C’est en voulant vendre plus, donc pour gagner plus, que Citroën et Ford se sont lancés dans la fabrication en chaine, se contentant d’un faible profit, mais devenant important en cause du surnombre de voitures construites… C’était ainsi, brader les ressources humaines (les ouvriers esclaves) et les ressources naturelles (le pompage du pétrole à 50% des réserves et le déboisement des 2/3 de la planète, à ce jour)…
-Sans oublier la pollution qui en découle, à la fois dans les transports du pétrole par mer (les marées noires), à la fois l’augmentation du CO2, à la fois par les guerres pour contrôler et posséder ces ressources énergétiques… et à la fois en création de déchets !
-Exactement… Si l’automobile était restée basique et un produit plus rare que les gens auraient gardé au moins 20 ans parce que chaque voiture était facilement réparable car simple… si l’automobile avait été calculée en fonction des routes de l’époque majoritairement en terre et pierrailles, si la vitesse n’aurait pas eu cette importance exagérée et inutile, d’ailleurs combattue actuellement pour raisons sécuritaires… l’automobile serait restée une invention au service des hommes… au lieu de quoi ce sont les hommes qui sont les esclaves de l’automobile dans son ensemble !
-Non seulement je comprends votre théorie, mais en plus elle est tellement limpide et de bon sens, que c’est incroyable d’en être arrivés ou nous sommes !
-Là, c’est la faute des hommes et femmes politiques, qui n’ont bien souvent, aucune formation en dehors du droit, beaucoup sont avocats… les autres sont d’ex-fonctionnaires, aucun n’a la fibre visionnaire, ils ne voient que les échéances électorales et les profits qu’ils peuvent tirer de leurs places… Ce sont devenu des hommes et femmes de pouvoir qui ne le partagent qu’entre-eux et elles… et même, entre-eux et elles ils et elles s’entre déchirent… Voyez ce qu’il est advenu de Dominique de Villepin suite à ses prises de positions concernant les velléités guerrières américaines en Irak… Idem Jacques Chirac ! Ils ont été laminés… Clearstream n’était qu’un prétexte de même que les affaires de la Mairie de paris sous Chirac… Alors, imaginez quelqu’un qui viendrait vouloir changer le monde industriel en 2020 alors qu’on a voté majoritairement Macron issu du monde bancaire…
-Qui pédale dans la merde… Ca ne marche plus, tout se casse la gueule, là, piting !
-Les politiques tentent avec des promesses de renflouer en monnaie scripturale l’ensemble de l’industrie afin de reporter tout plus loin… soit en attente d’un miracle, soit en attente de décimer 90% de la population pour pouvoir recommencer en ne commettant plus les mêmes erreurs… C’est peut-être là, la clef du Coronavirus… Les gens sentent qu’on ne leur raconte que des bobards, mais ils croient aux miracles et aux bonnes paroles… Sauf que personne ne veut être dans les 90% qui vont crever !
-Si pas plus car c’est imprévisible, on joue aux apprentis sorciers. Si ce Covid-19 mute, ça va être la fin des illusions ! Ca se comprend, non ?
-Malheureusement, oui… Mais, cela démontre qu’on a fait fausse route. Ce qui est un échec total, c’est de constater que les industries qui polluent, n’ont même pas réalisés suffisamment de profits pour justifier le saccage des réserves énergétiques de la planète… Constater que Ford, General Motors, Chrysler, Toyota, Renault, Peugeot, Mercedes, BMW, Citroën, VW et quantités d’autres, ont été au bord de la faillite après seulement 5 mois de crise… et qu’actuellement ça repart dans une catastrophe encore pire, alors que la plupart sont des firmes au moins centenaires !!!! Imaginez qu’en 100 ans, après avoir construit des millions de millions de bagnoles, après avoir puisé 50% des ressources pétrolières et autres…en 100 ans… après 100 ans, toutes se retrouvent en quasi-faillite ! Et c’est pire avec les Super Cars, les Hyper Cars et autres qui sont en pertes perpétuelles, sauvées parfois par un obscur montage financier qui n’est que du blanchiment, du Black et des échanges de pertes. C’est totalement pourri !
-Et personne n’en parle, même pas les médias !
-Après tout, l’industrie automobile représente beaucoup plus d’emplois que la finance dans le monde… Et une automobile, pour beaucoup de personnes, est un outil de vie indispensable. Actuellement on nous masque les vrais chiffres, le Coronavirus est là pour détourner l’attention… mais souvenez-vous d’il y a une dizaine d’année, Renault a interrompu sa production à l’usine Dacia en Roumanie pendant des mois et a effectué 4000 suppressions d’emplois en France… Toyota a vu ses profits diminuer de moitié… Ford a supprimé 20 % de ses emplois… General Motors était au bord du dépôt de bilan, a renoncé à racheter Chrysler et a affiché des pertes qui se comptaient en milliards de dollars. Le groupe avouait même ne plus avoir de liquidités en caisse. Or, GM, c’était 250.000 salariés ! Paulson a alors promis 25 milliards de dollars de prêts. Les big three (GM, Ford et Chrysler) en voulaient 50 milliards de plus. 25 en trésorerie, 25 pour payer la sécurité sociale des salariés. 700 milliards en fumée ! Sauf que ce n’étaient que des promesses, que de la monnaie scripturale qui voulait redonner confiance aux gens alors que ces mêmes gens étaient peu à peu ruinés par cette monnaie scripturale… On crée un trou pour en boucher un autre… C’est pareil actuellement sauf que comme les “ceusses de là haut” ont ainsi vécu une expérience, ils distillent en 2020 une autre forme de venin mortel !
-L’industrie auto va mal et le pétrole est au plus bas.
– C’est vrai qu’on aurait pu penser que la baisse du baril de brut aurait incité les consommateurs à reprendre leurs belles voitures. Il n’en est rien. On a créé le confinement obligatoire ! Pire, les pays émergents sur lesquels on comptait tant pour écouler les machines à CO², maintenant que le Nord est saturé, achètent moins. Et ils sont également contaminés… Les ventes ralentissent partout…
-Nous parions sur le désastre en attendant la suite, quand la Terre sera devenue invivable et qu’il n’y aura qu’une issue : la fuite en fusée. Ou en étions-nous ? Ah oui, vous discouriez des médias…
-Les journaux et magazines ont été torpillés par le Coronavirus. Aux USA et en Australie plus d’une centaine de magazines et journaux ont été définitivement stoppés, les employés virés, les bâtiments vendus… Et même pas de suite Internet… En France Macron donne des milliards aux éditeurs amis pour conserver ses porte-voix de la bonne parole gouvernementale… Presstalis, le distributeur principal à été déclaré en faillite, un milliard et demi de dettes y compris les détournements entre amis et les sursalaires et retraites à 6.000 euros/mois… La presse quotidienne est à l’origine du déboisement d’au moins la moitié des forêts de la planète ! Comment voulez-vous que ces gens soient objectifs… ? S’ils critiquent trop les gouvernements et l’industrie du pétrole, en dehors de quelques scandales par trop voyant et écœurants, ces mêmes attaqués vont leur flanquer le déboisement en pleine tronche ! Quand aux médias TV et radios, ils sont aux mains d’industriels et/ou de propriétaires de journaux ! C’est ce monde là qui a lobotomisé les masses de beaufs pour vanter les courses automobiles, donc la vitesse, donc les inutilités roulantes… Souvenez-vous du paris-Dakar, qui a jamais écrit ou dit toute la misère en Afrique ? Par contre les exploits inutiles de crétins fonçant dans le sable en quête d’un trophée ridicule, et ce avec l’appui de constructeurs automobiles y dépensant des centaines de millions d’euros, incitant à la mode du 4×4 en ville, incitant à la surconsommation… étaient étalés sur plusieurs pages en termes laudatifs ! C’est pareil, en pire avec la F1 et ses escrocs patentés et indégomables, même au centre de partouzes BDSM nazies…
-Expliqué comme vous le faites, je n’ai plus envie de lire la presse écrite, c’est vrai qu’à force de voir toujours les mêmes s’y pavaner et nous bassiner de conneries, y en a marre, là !
-Les magazines automobiles sont les pires faux-culs, ils rendent gloire aux beaufs qui croient s’élever socialement en remplaçant les jantes de 14″ de leur bagnole par des jantes de 16″ !
-N’êtes-vous pas éditeur de magazines automobiles, là ?
-Oui, mais je n’écris pas des articles laudatifs, c’est très critique… et en plus c’est Gonzo… pareil que les articles que j’écris et publie dans www.GatsbyOnline.com, c’est déjanté, amer, caustique, mais toujours avec de l’humour…
-A bas la fausse bonne conscience, je vais m’acheter un Hummer Limousine avec de la monnaie scripturale inexistante, comme ont fait les ménages américains durant des dizaines et dizaines d’années…
-Cela a créé 150 fois la masse monétaire fiduciaire il y a dix ans … Un gouffre qu’il est impossible à remplir actuellement que cette masse est 1000 fois plus importante… LCovid-19 ne tue pas que des gens, il tue aussi l’équilibre financier et va nous obliger à accepter le pire !
-Sauf en faisant un holocauste de 90% de la population planétaire… Il y en a qui y ont pensé…
-Ça c’est la civilisation de l’amour gloire et beauté, le grand rêve américain, c’est ce monde qui nous a précipité dans la folie de la fuite en avant dans la surconsommation d’inutilités…
-Peut-on rire de quoi que ce soit alors que le mot même de valeur se vide chaque jour de son sens et que le monde ressemble à une baignoire dont le siphon serait devenu fou, impossible à reboucher… Dans ce qui reste d’eau sale, les gens se noient avec leurs petits canards vibrants…
-Il y a une pratique du travail qui me met fortement mal à l’aise : c’est le networking. Des gens qui viennent papoter sur un forum ou sur Messenger font semblant d’être mes potes… ils se trouvent des points communs avec moi qui n’en sont pas, tout ça pour du business au final. À quoi bon ? Si j’ai un intérêt quelconque vers un produit ou un service d’une entreprise, si j’ai encore envie d’acheter une bagnole, je vais aller voir la personne véritablement concernée et discuter, certes poliment et cordialement, mais au sujet du business, ni plus ni moins… Pourquoi est-il si courant et fortement encouragé aujourd’hui de s’immiscer dans la vie privée des gens ? Je déteste quand on me demande comment mon week-end s’est passé ou comment je compte passer le prochain. Est-ce que je leur en pose moi, des questions ? Surtout que je sais qu’ils s’en balancent et essayent juste de me faire croire qu’ils s’intéressent à moi en établissant un rapport. Je n’ai pas le temps pour ça et le maximum d’intérêt réciproque que j’ai envie d’établir avec eux serait, “Bonjour, ça va ? Ne placez pas de Gifts et n’utilisez pas le forum en plaçant des messages pour en finale ne rien dire…” ! En espérant qu’ils me répondent juste “Bien merci” et fin de la conversation.
-Bien merci…
-C’est pas pour vous ! Revenons à nos moutons. Je suis allé voir ce qu’est la définition de la prostitution et voici ce que j’ai trouvé : Pratique de la débauche pour des motifs plus ou moins intéressés ; inconduite où le sentiment n’a point de part. Débauche signifiant un usage excessif ou déréglé de tous les plaisirs des sens, notamment de ceux de l’amour et de ceux de la table et inconduite se définissant comme une conduite qui n’est pas conforme à la morale, aux règles. Les deux passages les plus intéressants ici sont “pour des motifs plus ou moins intéressés” et “où les sentiments n’ont point de part”. Au final l’inconduite et la débauche quelles qu’elles soient, ne sont un problème que si elles sont menées dans un but précis ou d’une certaine façon.
-Ce qui est dénoncé, c’est d’être intéressé et qu’est ce que ça veut dire intéressé ? Quelqu’un qui recherche avant tout son avantage personnel, notamment matériel… Dénoncé également, le fait de ne pas avoir de sentiment et qu’est ce qu’un sentiment ? Un état affectif complexe, assez stable et durable, composé d’éléments intellectuels, émotifs ou moraux, et qui concerne soit le « moi » orgueil, jalousie… soit autrui… amour, envie, haine…
-Cette dernière définition n’est pas idéale car elle englobe les sentiments positifs et négatifs envers soi et autrui. Je pense que la définition de base de la prostitution comprend dans le mot sentiment, celui relatif l’amour et à l’affection.
-Ah ! Bon ! Glup ! Vous croyez vraiment ?
-Ceci étant clarifié, on peut en conclure que la prostitution c’est un ensemble de comportements réprouvés par la morale, dont les relations sexuelles, dans un but d’avantage purement personnel, matériel ou autre, et sans sentiment amoureux… La prostitution n’est donc pas exclusivement sexuelle… On peu donc dire qu’un vendeur se prostitue, dans le sens ou il cherche à vendre à tous prix… On peut dire également comme Blanche Gardin qu’il y a plus de journaleux qui sucent des bites que de putes…
-Avec les mœurs contemporaines, les pratiques sexuelles ne sont plus réprouvées moralement et sont autorisées par la loi, pour les adultes consentants dans n’importe quel contexte. Avoir du sexe avec un partenaire est aussi bien accepté dans le cadre d’une relation sentimentale, une relation dite de couple…, qu’en dehors, le coup d’un soir, dans un intérêt commun ou personnel.
-Par conséquent, ce que l’on qualifie encore aujourd’hui de prostitution n’a plus lieu d’être et devrait être reconnu comme une activité marchande comme les autres. Si une personne… et cela s’applique tant aux hommes qu’aux femmes, consent à avoir des relations sexuelles où elle y trouve un avantage…, charnel ou pécuniaire peut importe, cela ne devrait nullement nous déranger puisque cela fait déjà partie intégrante du quotidien dans lequel nous vivons…
-Que celui ou celle qui ne s’est pas envoyé en l’air une seule fois avec une personne sans avoir de sentiments et dans la recherche avant tout de son avantage personnel jette la première pierre à celles qu’on ose encore appeler des prostituées…
-Maintenant venons en à ce que moi j’appelle les vraies putes, ceux et celles qui feignent des sentiments et qui trompent les autres dans la recherche d’un avantage personnel, charnel ou pécuniaire. Ils utilisent la manipulation et de ce fait violent le corps et/ou l’esprit de leurs victimes, les laissant là sans recours, et ne pouvant se reprocher qu’à eux-mêmes leur stupidité pour être tombé dans le panneau. On les appelle communément les séducteurs et les séductrices… et ceux là étrangement, ils ont le vent en poupe.
-Enfin, il y a aussi toutes ces pauvres filles que je ne sais pas comment qualifier, car elles se “prostituent” pour de l’amour. Nombreuses sont celles qui acceptent de donner leur corps, avec aucun autre intérêt que le maigre espoir de garder un être aimé et de le faire aimer à son tour. Celles ci bradent leur corps et leur sentiment pour une retour sur investissement souvent nul. Alors entre celle qui donne son corps, préserve ses sentiments tout en retirant quelques avantages personnels et celle qui donne tout sans rien recevoir en retour, je me demande bien laquelle est la plus à plaindre…
-Dans le monde des affaires, monde impitoyable ou chacun peut y laisser ses plumes… il est clair que les patrons d’industries et autres se prostituent et qu’ils n’ont pas d’autres moyens pour y arriver. Ils se vendent au plus offrant. Il en est de même dans le monde politique. Et surtout dans la presse. De plus en plus de journaleux sont des putes !
-Que ne ferait-on pas comme concession afin d’avoir un peu de pouvoir quitte à s’assoir sur les plus pauvres et les laisser dans leurs merdes… D’ailleurs, quand les politiques se manifestent pour défendre les plus opprimés c’est dans l’espoir vain de se faire remarquer, de faire parler d’eux. Les médias se prostituent pour n’importe quel sujet, la télé en fait de même, les individus font de même à petite dose : le petit employé qui brosse son chef se prostitue et j’en passe. Le monde est un grand gouffre qui nous enfonce encore un peu plus chaque jour dans notre propre déchéance…
-Les joyeux lutins cascadeurs du cirque merdiatique, nous font chaque jour un extraordinaire numéro de main à main au-dessus d’une piste parsemée des piques, sabres et yatagans de la conjoncture, dangereusement dressés. Ils ne font que se plagier les uns les autres en discourant de la crise de 1929, tandis que d’autres de moindre envergure discourent du krach du Crédit Lyonnais, voire de la drogue.., une vraie soupe ! C’est voulu ! Mais il faudrait, pour que leur numéro soit impeccable, qu’ils voient les choses d’encore plus haut… Rien n’a changé depuis 1788 sauf la nature des acteurs : la noblesse est constituée des banquiers et financiers, les politiques étant leur cour, bénéficiant, de leurs largesses mais tenus par là même… on le voit bien lorsque les politiques volent à leur secours en remerciement qu’ils volent au secours des politiques.
-Les journalistes et professeurs du supérieur en économie et autres sciences molles, forment une sorte de clergé, un nouvel opium du peuple…, je m’amuse à lire chaque jour quelques éditorialistes de province chargés d’intoxiquer les papys et mamies des lieux les plus reculés pour les convaincre du bien fondé de l’action de la noblesse et de la cour du Roi-Président Macron… C’est à gerber !
-Le tiers état, comme d’habitude, bosse plus pour payer plus… quand il peut bosser. Ne voyez nulle amertume dans ma description : ce doit être dans mes gènes, j’ai besoin chaque jour de créer, ou au moins de fabriquer des choses concrètes quitte à ce que ce soit seulement des textes publiés dans www.GatsbyOnline.com Je n’ai pas honte, bien au contraire, de ma condition… et qu’est-ce qu’on doit s’emmerder à fayoter à la cour de Macron pour quelques louches de caviar…, je dois avoir aussi les gènes du sauciflard / beaujolpif…
-Tout cela pour dire que toute prédiction économique devrait s’inspirer de ce que vous venez d’écrire : bien sûr, les banquiers et financiers vont être sauvés avec les sous des pauvres… sauf que… il y a parfois de vraies ruptures encore appelées révolutions. Pour ma part, je n’y crois pas mais… le battement d’ailes de quelques papillons…
-N’hésitez pas, faites comme moi, appelez-en à la révolution, mes apostasies feront un tabac lorsque j’en appellerai à la création d’un tribunal international jugeant les crimes contre l’économie… car j’en connais quelques-uns qui ont asphyxié l’industrie au profit de la finance… Alors, 1788 ?
-Pour résumer, vous affirmez donc, en quelque sorte que la crise de l’industrie automobile ne trouve pas ses origines dans la conjoncture économique actuelle ou dans l’impéritie de ses dirigeants.
-En fait, elle a commencé dès les années trente, mais elle n’a été inéluctable qu’il y a soixante ans. Et ce sont les Etats-Unis qui en sont la cause !
-Comment le pays qui a inventé le marketing et la production de masse en est-il arrivé à sacrifier ce qui a été longtemps considéré comme le fer de lance de l’industrie mondiale ?
-Pour comprendre, il faut remonter à l’immédiat après-guerre. L’industrie européenne est alors totalement détruite. Celle des Etats-Unis, elle, est fonctionnelle. Modernisées par l’effort de guerre, les usines automobiles sont en parfait état de marche. L’outil industriel est prêt à fonctionner à nouveau pour le civil, les moyens logistiques sont développés. La population ouvrière masculine rentre au bercail, alors que les femmes sont devenues des agents de production performants pour avoir construit des avions, tanks et obus dans les usines. Les “big three“, General Motors, Ford et Chrysler, sont déjà présents. En 1948, c’est Ford qui lance le premier vrai nouveau modèle d’après-guerre, dans un marché saturé de marques. Les enfants du baby-boom veulent oublier les affres de la guerre en consommant et en s’amusant. L’envol de l’économie américaine est vertigineux. Les dirigeants font appel aux gourous du marketing pour vendre toujours plus. Ils inventent des concepts aussi efficaces que la “sur segmentation” des gammes pour couvrir toutes les niches, ou l’engagement dans des compétitions sportives : “Achetez lundi la voiture qui a gagné dimanche“. Le “vieillissement dynamique“, une obsolescence planifiée, qui consiste à renouveler toute la gamme chaque année pour susciter l’envie est pratiquée à outrance grâce au “carry-over“, on garde des dessous techniques démodés que l’on rhabille avec des dessus séduisants. En même temps, ils mènent une action de lobbying intense pour favoriser l’utilisation de leur production. Le réseau autoroutier américain doit beaucoup à Alfred P. Sloan, PDG de General Motors, grâce à son action auprès du président Eisenhower. L’automobile fait ronfler la chaudière économique. L’United Auto Workers devient un des plus puissants syndicats du pays. Il négocie des avantages sociaux considérables et ses adhérents font partie des travailleurs les plus privilégiés aux Etats-Unis. Le drame en trois actes peut commencer.
-C’est apocalyptique !
-La production automobile américaine progresse d’année en année, même si la guerre de Corée de 1950 à 1953 la fait un temps chuter. Sur le marché, sont présents Ford, General Motors et Chrysler, plus AMC (American Motors Corporation), créé en regroupant les petits constructeurs comme Studebacker ou Nash. Peu ou pas d’innovations techniques. Le principe du “carry-over” est porté à l’extrême. On continue à vendre des autos techniquement dépassées avec des carrosseries toujours plus grosses et clinquantes. Deux Européens s’imposent sur le marché. Volkswagen et sa Coccinelle qui doit son succès à son faible prix, à sa solidité et à la publicité “Think Small“, “Pensez petit!” et Volvo. Les quatre grands constructeurs américains s’intéressent à contre-cœur aux marchés des “subcompactes“, les petits véhicules, en proposant des produits bâclés, voire dangereux. A l’instar de la Corvair, dénoncée par Ralph Nader comme étant “dangereuse quelle que soit la vitesse”, “Unsafe at any speed”... La recherche et développement ne représentent qu’une faible partie du prix de revient des véhicules, dont la vente génère des marges colossales. Chaque action produit alors un dividende remarquable. Les actionnaires sont ravis. Le retour sur investissement est le plus rapide possible et le bonus de fin d’année notable. General Motors, plus grosse compagnie du monde, symbolise la puissance américaine. James Dean et Jayne Mansfield se tuent en voiture. Steven Spielberg tourne son premier film, “Duel“, une poursuite entre une Plymouth et un vieux camion. L’automobile est une désormais une composante fondamentale de la société américaine.
-Mais comment se fait-il ?
-En 1973, la guerre du Kippour et le choc pétrolier tétanisent les Américains. Les files d’attente s’allongent devant les pompes. Le prix de l’essence flambe, au détriment des automobilistes qui roulent en grosses américaines V8. Volkswagen et Volvo augmentent leurs ventes, Toyota et Honda s’imposent avec des voitures économiques et fiables. A la hâte, les quatre grands Américains vont lancer des productions désastreuses. Des petits véhicules mal conçus et de piètre qualité, comme la Ford Pinto, qui prend souvent feu lors de chocs arrière et tue ses passagers. Ford, connaissant ce défaut de conception, préféra continuer la vente et payer les frais de justice, cela revenant moins cher que l’arrêt des chaînes de montage. En 1979, le second choc pétrolier, avec la révolution iranienne, conforte les Japonais sur le marché américain. Chrysler ne doit sa survie qu’à l’intervention de l’Etat pour lui éviter la faillite. C’est le président démocrate Carter qui signe l’ordonnance de prêt. AMC est sorti de l’ornière par Renault. En achetant 5% du capital et par un prêt de 135 millions de dollars, la gamme française est américanisée et distribuée outre-Atlantique. Dans “Bullit“, Steve McQueen pilote sa Mustang dans les rues de San Francisco. Le film “Car Wash” remporte la Palme de la meilleure musique à Cannes en 1977.
–C’est vrai qu’en ces temps lointains, l’automobile était omniprésente…
-Chrysler absorbe AMC et ne garde que le logo Jeep, puis fusionne avec Daimler Benz en 1998, avant d’être revendu au fonds d’investissements Cerberus en 2007. Le constructeur réalise l’unique coup marketing de ces trente dernières années avec le monospace Voyager. Le nom Plymouth est effacé en 2001. General Motors a choisi l’expansion en absorbant ou créant un grand nombre de marques : 13 labels, plus des participations chez sept autres. Le groupe est empêtré dans une surcapacité de surproduction, une faible réactivité commerciale, une image de fiabilité désastreuse et des stratégies marketing floues et inadaptées. En 2004, Oldsmobile, la plus vieille marque au monde, est retirée du catalogue. En 2005, l’agence de notation boursière Standard & Poor’s place General Motors au niveau des pires “junk bonds” (titres pourris). Le constructeur évite de justesse la faillite au prix d’une restructuration drastique. Les pertes s’élevaient à 3,3 milliards de dollars pour le premier trimestre, pour une capitalisation boursière totale de 17,6 milliards de dollars. La vente de sa filiale financière, GMAC, prive le groupe de sa principale source de revenus. En 2006, General Motors se dégage de Fiat en lui versant 1,5 milliard de dollars. La crise économique de 2008 surprend le géant. Sa gamme est pléthorique mais inadaptée, faite de produits déphasés avec le marché. Les gros pick-up, autrefois gages de rentabilité, deviennent invendables. Face aux Japonais et Européens, le groupe n’a pas de produits réellement compétitifs à proposer et n’est pas capable de rationaliser sa production ni de réduire efficacement ses coûts de fabrication. En 2007, sa part de marché aux Etats-Unis, autrefois de 50%, tombe à 25%. Toyota lui ravit la place de premier fabricant mondial.
-Une gabegie !
-Ford a lui aussi mené une politique expansionniste coûteuse, en achetant cinq marques, dont il s’est finalement débarrassé pour renflouer sa trésorerie. Ses activités aux Etats-Unis enregistraient une perte de 12,7 milliards de dollars en 2006 et sa part de marché y passait de 25% en 1998 à 18,6% en 2007. Bien que Ford gagnait alors de l’argent en Europe, sa branche américaine était au bord du dépôt de bilan. En 2007, une grève de 107 jours fut provoquée par l’UAW, pour le renouvellement du contrat salarial. Le coût horaire moyen d’un ouvrier automobile était élevé, représentant 78,21 dollars chez General Motors ou Ford. Plus fragiles que Ford, Chrysler et General Motors ne pouvaient survivre au-delà de fin 2009 sans intervention de l’Etat… Et en 2020 voilà le Covid-19.
-La disparition de ces symboles de l’American way of life serait un séisme sociologique au moins aussi fort que le 11-Septembre, par la remise en cause radicale du modèle sociétal et une rupture économique sans pareille.
-C’est la fin d’un monde.
-Une chose que vous avez oublié dans votre explication, après guerre, les trois grands ont commencé à acheter les trains et les services de transports urbains un peu partout aux Etats Unis… et ils les ont laissés tomber en ruine, ceci afin de pousser les ventes de leur produit !
-En fait, c’est l’action combinée des constructeurs automobiles, du gouvernement et de la construction qui a façonné le paysage des villes US. L’étalement des villes en de grandes banlieues faites de pavillons individuels reliées au centre de productions par des autoroutes urbaines est la conséquence de ce lobby. La déchéance des transports publics est effectivement due aux constructeurs US. L’américain moyen, pour aller travailler, pour se nourrir, pour avoir des loisirs, se devait et se doit toujours d’utiliser la voiture pour ce faire. C’était le grand dessein des big three. Rares sont les villes US qui ont un réseau de transport urbain efficace comme le BART de San Francisco ou le métro New Yorkais.
-Ca nous fait une belle jambe, tout ça ! Piting ! Je vais aller boire un bon pinard pour digérer tout ce que vous m’avez dit…
-Les Etats-Unis et nous dans la foulée, allons-nous pouvoir survivre à l’extinction de l’automobile telle que nous en avons rêvé depuis nos années Rock and Roll ? Un de nos mythes fondateurs ?
-On peut le supposer, car un autre mythe, celui de la supériorité raciale des blancs, vient lui aussi de s’évaporer sans que cela cause tant de soubresauts que cela, puisque c’est un noir métissé qui avait été élu président des USA… Notez qu’a suivi Trump… C’est presque le chef du Ku-Kluck-Klan…
-Les dinosaures qui n’ont pas su s’adapter ont disparus. Si par fierté nationale les constructeurs automobiles américains et autres refusent l’adaptation à un monde de rareté d’énergies et de matières premières, le principe de réalité les fera disparaitre. Mais iront nous jusque là ?
-A pluche !
-Oui, à pluche, si on est encore là…
-Si ça tourne mal, on ne pourra même plus finir pompistes…
-Non, vu que les gens ne rouleront plus ni essence ni diesel…
-Au moins nous reste-t-il quelques photos réalisées à Monaco du temps ou on n’hésitait pas à tanker votre bagnole qui bouffait presque 40 L aux 100 !
-Elle a été vendue au bon moment, maintenant je ne collectionne que des avant-guerre et pour la ville : Vive la Smart !
-Ouiiiiiiiiiiii ! Ça fait maintenant presque dix ans que je vous vois écrire sur le web en pensant sans cesse à l’état éventuel de votre disparition future et sur la logique d’une zone d’autonomie temporaire entre votre état de fait et votre état virtuel… En finale de cette réflexion qui prend tout votre temps libre, je me suis dit qu’il y avait là quelque chose de l’ordre du sensible de votre part. Sachant que nous sommes au début de ce XXIème siècle, je me suis rendu compte que c’était quelque chose de somptueux et tragique à la fois… Il y a du génie en vous !
-Finalement, tout ça, est l’aboutissement d’une lutte qui comprend deux voies : l’une exogène, l’autre endogène. La voie exogène est celle de la lutte par l’extérieur, contre l’Etat, contre le système. Et à côté, une lutte intérieure plus subtile, comme une cinquième colonne.
-C’est cette voie endogène que vous privilégiez du point de vue d’un acte conceptuel narratif, mais c’est la suite de votre vie de soucis continuels, d’expériences vécues… et en finale, vos texticules sont devenus un incarnat, particulièrement après le 11 septembre 2001 ou vous avezeu une vision très géopolitique du monde, globale et locale à la fois. Je pense pour ma part que nous vivons un siècle merveilleux.
-Oui, on vit une époque formidable ! Je pense que nous sommes aux portes du chaos. J’attends que le vieux monde bascule. Notre Occident est broyé parce que trop aseptisé.
-Vous croyez à une paix perpétuelle kantienne contre une Amérique de Clausewitz. Je crois pour ma part que l’économie est la continuité naturelle de la guerre, mais qu’on peut aussi trouver une paix perpétuelle au travers d’un regard kantien. Et je pense aussi qu’à travers le champ de l’écriture, il y a tous les possibles. Les gens ont tout simplement oublié que l’écriture est le pouvoir suprême, bien au-delà du pouvoir politique. C’est un pouvoir qui se substitue au pouvoir temporel, qui se situe entre le temporel et le spirituel. Votre lutte dans l’écriture a démarré dans les années ’80, avec déjà une réflexion sur notre positionnement. Doit-on se trouver à l’intérieur ou à l’extérieur du système pour mieux le combattre ? Ça a aussi été de voyager à travers le monde et d’avoir des accidents de vie.
-J’ai eu, du temps des communautés MSN, un pseudo-alternatif qui faisait la grande gueule aux cons, car je pensais que la subversion, l’entrisme était un des arts suprêmes. Et là, vraiment, j’ai réalisé qu’il était possible de laminer quatre siècles d’histoire industrielle, que c’était une manière de modifier radicalement la relation au pouvoir, la relation à l’argent. Internet, c’est une culture très complexe. C’est le seul média de masse dont on peut dire aujourd’hui que les pionniers sont encore là. Généralement, il y a contradiction. Dès qu’un média devient un média de masse, la culture des pionniers est éteinte, soit avec un chèque, soit avec un coup de pompe au cul. Avec Internet, c’est le contraire. La culture des pionniers continue plus que jamais. Donc pour moi, il y avait quelque chose à faire dans cet Internet. A partir d’Internet, j’ai reconstitué une vie. J’ai cru très longtemps que le voyage était une manière de partir, d’échapper à la réalité. Mais le plus grand des voyages reste celui que l’on fait dans sa tête. L’Internet permet de s’affranchir de la distance, de ces carlingues d’aluminium à 11.000 pieds, d’avoir réellement une vision globale et de comprendre ce qui se passe.
-Internet permet effectivement à un simple particulier de répondre à l’arrogance d’une multinationale. Cette force a quelque chose d’hallucinant. Très souvent, les gens comparent l’Internet à la révolution industrielle. Non ! La machine à vapeur a mis soixante ans pour se transporter des forges lilloises à celles d’Alsace-Lorraine. Il n’y a encore aucune réflexion là-dessus, aucun modèle mathématique, aucune référence, si ce n’est la Renaissance et la découverte de l’imprimerie. L’Internet n’obéit à rien. Nous sommes passés à un format pratiquement horizontal du savoir.
-Oui, parce que les anarchistes que nous étions vous et moi, écrivant nos “messengers” délirants qui ont fait le tour du monde… sommes ainsi rentrés comme une cinquième colonne dans le milieu capitalistique. Nous avons pénétré les marchés financiers. Nous avons utilisé le système capitalistique pour le décrire de l’intérieur. Nous sommes avant tout des marginaux et des voyous. Voyous avec un grand « V », voyous d’honneur, avec le sens de l’honneur. Et là, ça a été une déchirure complète dans laquelle j’ai tout brûlé. Brûlé consciemment et sciemment pour rebâtir. Ça participe aussi du romantisme des ruines, mais de ruines dans lesquelles je ne pouvais pas être rattrapé. Je suis pour des cicatrices fortes, éventrées, sans suture. J’ai donc éventré tout ce qui représentait les signes de la connerie et l’alchimie s’y prêtait fort bien. Car l’alchimie, c’est peut-être transformer les vils métaux en or. Mais c’est avant toute chose se déposséder des métaux, donc descendre de nouveau nu dans l’arène, offrir son corps, offrir son mental et retourner aux origines.
-La marginalité et l’anormalité, pour vous, ce sont pour vous des choix conscients, l’héritage d’un passé ? Comment vous positionnez-vous par rapport à ça ? Moi-même, j’ai des bribes de réponses sur les raisons pour lesquelles je me dirige dans certaines directions. Et je ne suis pas certain que tous mes choix soient pleinement conscients. Et pour vous ?
-Pour moi, la marginalité est un état de fait. Ce n’est pas quelque chose que je recherche particulièrement. Je ne fais pas ce que je fais pour appartenir à la marge. C’est différent. Il se trouve que je suis dans la marge. C’est juste un état de fait. La marge est un état tampon. La marginalité, ce n’est pas la marginalité pour être marginal. Les sociétés occidentales se construisent à partir du contrat social tel que l’a défini Rousseau. On peut être d’accord ou non. Mais, à partir du moment où on sort de ce contrat, on se trouve face à des évictions, à des ruptures contractuelles, unilatérales ou en accord avec les deux parties. Pour moi, la marginalité est une nécessité, ne serait-ce que pour survivre. La mutation ne peut naître que dans les extrémités du contrat social. Elle n’est pas dans le contrat. C’est bien dans des sorties de contrat ou dans des dispositions particulières du contrat social qu’on peut exister et survivre, en essayant d’aider les autres. Parce que curieusement, les gens me reprochent parfois d’être un marginal. Ils me disent : « Vous avez eu les couilles de le faire, de tout trancher, et nous ? Votre parcours est très égoïste »…
-Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que votre parcours est au contraire, frappé d’humanisme. Ce n’est pas parce que vous êtes violent et déjanté dans vos attitudes d’écritures que vous n’êtes pas humaniste et que vous n’ouvrez pas votre cœur. Justement, c’est peut-être parce que vous avez parfois l’impression de tenir non pas un flambeau mais une lumière, quelque chose qui peut aider à un éclairage. Il y a une volonté humaniste qui n’est pas celle d’occuper seul le sommet de la montagne. Le mythe de l’ermite est une connerie. L’ermite n’existe que parce qu’il pense un jour redescendre au village. Pourquoi ce besoin, cette nécessité de mutation ?
-En biologie, la mutation est une constante. L’évolution de l’espèce ne peut aller que dans ce sens. Au regard de l’histoire, on sait que les mutations sont une adaptation naturelle. Dans tous les modèles économiques, libéraux ou non, on constate la mutation. La mutation, c’est la survie de l’espèce. C’est l’ADN, c’est cette espèce de croissance continuelle. Il faut survivre et s’adapter, et c’est ça qui nous permet d’imaginer des lendemains. Nous avons aujourd’hui une génération qui est en dystopie totale. C’est une histoire déjà écrite. Par exemple, le 11 septembre 2001 pour moi est un jour béni. On ne va pas polémiquer sur les 3.000 morts américains, je respecte leur acte de décès. Je dis simplement que le 11 Septembre est le grand renouveau de l’Histoire. La pire des choses que l’on ait connue au cours de ces vingt-cinq dernières années. Ça c’est vraiment une dystopie, vraiment quelque chose d’atroce, d’inhumain… La fin de l’Histoire, l’Histoire est insolente. Le 11 Septembre, c’est l’œuvre d’art absolue. C’est le sens plastique et c’est les dés qui sont à nouveau jetés. C’est le Deus ex-machina qui se remet en marche et l’Histoire qui se retrouve de nouveau dans le champ de tous les possibles. C’est le grand retour du chaos, au sens de la matière protéiforme originelle, la materia prima, cette matière dont accouche toute forme animée ou inanimée. Cette espèce de soupe dans laquelle naît toute chose, bien avant même l’acte créateur. Pour moi, le 11 Septembre est un déclic fort dans lequel l’Occident aurait dû voir avec sagesse que dans les ruines se trouvait chacun de nous.
-C’est certain. A la limite, ce n’est même pas que la mutation soit nécessaire. Elle est simplement en marche. Le monde est en train de changer. Le monde a basculé le 11 Septembre. L’humanité a basculé au travers de plein de choses qui vont remettre en cause jusqu’à notre statut d’êtres humains. La question est plus celle du choix de la mutation que de savoir si on doit ou non muter. De toute manière, ça va changer. Une page a été tournée. Nous sommes enfin arrivés au XXIème siècle. Je regardais récemment le cahier des charges de la prochaine carte vitale qui prendra la forme d’une puce RFID injectée dans le corps. Cela est indirectement issu d’une ordonnance américaine du Patriot Act qui intègre un ensemble de dispositions qui broient les conventions de Genève, qui donnent une capacité extraterritoriale à toute forme d’intervention et qui finalement utilise l’humain avec, entre autres, depuis le 1er septembre 2009, une traçabilité de tous les enfants nés en Amérique du Nord.
-Le corps appartient aujourd’hui aux mandarins, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, donc aux médecins, au clergé et à l’Etat. Et notre corps est notre première appropriation, nous sommes considérés comme une bande de psychopathes ambiants. Je dispose pourtant de mon corps comme je le veux. Je peux m’implanter ce que je veux. Je peux décider de l’offrir, de l’ouvrir et de l’éventrer en toute conscience…, mais je refuse qu’on me l’impose… C’est ça la liberté.
-Vu de l’extérieur, il y a beaucoup de noirceur dans toutes vos démarches.
-Dans l’alchimie, il y a ce qu’on appelle l’œuvre au noir, l’œuvre au rouge et l’œuvre au blanc. L’œuvre au noir, c’est la crémation. L’œuvre au rouge, c’est ce qui se passe après la putréfaction. Et l’œuvre au blanc, c’est à nouveau la phase de l’éther. Je pense qu’il faut d’abord consumer les braises. Il faut des ruines. C’est sur les ruines qu’on bâtit un avenir meilleur. C’est la ville de Dresde sur laquelle tout se lie. Ce sont les ruines de Beyrouth. C’est Sarajevo. Dans une partie importante du monde, le noir est aussi le symbole de la vie et pas celui du deuil. En imprimerie, le noir est la superposition de toutes les couleurs. En électronique, le noir est le vide moléculaire. Et le noir est aussi l’élégance suprême. D’abord, il n’y a pas un noir. Il y a des millions de données d’état. La phase noire est obligatoire. Je pense que nous sommes de furieux optimistes.
-Il y a tout de même aussi une part de provocation, entendue et revendiquée…
-Oui, mais là je serais plus dans la logique de Duchamp avec sa pissotière qui pose la chose de manière simple. Il dit : une œuvre d’art qui ne questionne pas n’en est pas une. Plus que de la provocation, c’est un questionnement. Un touché prostatique un peu violent. La provocation amène un questionnement sans concession.
–L‘information veut être libre, est le mot d’ordre des hackers. Qu’est-ce qui vous fait peur dans l’information ? Quels sont les pouvoirs en place qui se sentent en danger ?
-L’information, c’est l’axiome de la liberté. Toute guerre est avant tout une guerre d’information. Depuis la nuit des temps, on codifie l’information qui est le premier matériau pour faire la guerre, l’arme fatale. Avec l’Internet et la loi de Metcalfe, l’information croît au carré quand elle entre dans le réseau. Comme avec la loi de Moore, on dépasse toute forme de vitesse. Aujourd’hui, l’information effondre des empires. C’est les barbares contre l’empire, donc la culture de l’autre qui arrive. mais, il y a une volonté des élites d’assujettir, de dominer…, d’instaurer un consensus mou pour tenir les gens… Chaque lobby est en soi une conspiration…
-Tout à fait. A nous deux, nous sommes déjà une conspiration. Je ne sais plus quel type d’extrême-gauche disait qu’un groupe de deux personnes constituait déjà une dissidence. Et l’information est l’art suprême. La guerre est déjà consommée lorsque l’information est prise. Celui qui détient l’information a déjà gagné la guerre. L’information aujourd’hui, c’est une guerre terrible.
-Nous sommes face à une telle déconstruction de l’Occident par toutes ses bases établies qu’on observe une accélération des lignes de fracture. Elle est mesurable en économétrie avec toute la distorsion qu’il peut y avoir entre l’information et la réalité, et notre capacité à propager l’information. De plus, les Etats qui désiraient contrôler l’information se trouvent eux-mêmes cannibalisés par l’Internet. En fin de compte, ils deviennent eux-mêmes émetteurs pour parer aux coûts d’une information qui est censée être une contre-information, mais qui elle-même aggrave l’information primaire. Je suis persuadé que l’Occident est usé et que l’on bâtit un avenir meilleur sur les ruines. L’Occident est passé dans une phase post-colonialisme. Le colonialisme était presque comparable à de l’humanisme, par rapport à ce que l’on fait actuellement. Les Américains, qu’on le veuille ou non, partagent malheureusement les mêmes tares Je n’approuve pas la société arabe et notamment l’islamisme, mais quand nous arrivons au Proche et au Moyen-Orient en leur expliquant que nous allons exporter la démocratie, parce que nous sommes la démocratie et la modernité, ils sont en droit de nous demander de quel droit nous pouvons affirmer de pareilles choses. Pour la première fois, le progrès ne rime plus avec bonheur. Alors que c’était le cas pour nos parents. Nous sommes vraiment face à des lignes de fracture. Je ne pense pas que tout le monde soit réellement libre de choisir. Les conditionnements socioculturels sont très forts. Heureusement, quelques personnes éparses font un travail de décryptage et de propagation de l’information pour tenter de réveiller, d’éveiller les gens.
-Justement, www.GatsbyOnline.com est un bon contre-pouvoir pour vous. C’est un bon moyen de propager une information, de rendre les choses visibles et compréhensibles. Au moins de provoquer un questionnement et, à partir de là, peut-être, une remise en cause.
-C’est aux gens de se prendre en main. Nous sommes ouverts à toute personne qui vient, quel que soit son milieu d’origine, son adoption, sa capacité d’entendre. je leur ouvre aussi mes expériences et mes yeux. Après, à eux de décider. Le libre-arbitre est important.
-Est-ce que vous sentez une évolution du regard des gens sur vos textes ? Ou même une dévolution, d’ailleurs…
-Bizarrement, je sens une plus grande ouverture chez les personnes plus matures que chez les jeunes. Chez ces derniers, il me semble qu’il y a plus de rejet, peut-être à un niveau instinctif, quelque chose de l’ordre du protectionnisme. Alors que les personnes plus âgées semblent avoir passé le stade du rejet pour commencer à analyser et essayer de voir ce qu’il y a derrière les apparences. Comprendre qu’il y a un vrai propos, un véritable questionnement. Chez elles, il y a au moins un respect de ma démarche. Ce qui constitue quand même une évolution. Les gens commencent à comprendre qu’il se passe quelque chose d’anormal. Je fais peut-être partie des catalyseurs, dans la mesure où j’exprime cette remise en cause. Les gens ne sont pas stupides. Desproges avait une phrase très marrante : « Je suis très optimiste quant à l’avenir du pessimisme »…
-Les gens évoluent.
-Nous ne sommes plus tout jeunes… François Mitterrand disait : « L’essentiel est de durer. » J’ai 71 ans, je n’ai pas varié. Alors avec le temps, les gens peuvent se constituer des repères, se souvenir de ce qu’on a dit dix, quinze ou vingt ans en arrière… et voir ce qu’il se passe aujourd’hui. www.GatsbyOnline.com bénéficie d’une légitimité dans sa marginalité. Les visiteurs/lecteurs réalisent que ce que j’annonçais par le passé est bien en train de se réaliser. Donc, les choses vont dans le bon sens. Lorsque j’écrivais de ce qui allait venir, des moyens de contrôle qui allaient être implantés sur notre corps, tout le monde me répondait que ce n’était que de la science-fiction. Et pourtant, la traçabilité de chaque enfant est établie aux Etats-Unis au moyen d’une puce RFID depuis septembre 2009. Une puce de deux gigas, alors que quelques kilo-octets suffiraient pour le groupe sanguin et l’identification de la personne… Et là, on parle bien de réalité. Ce qui pouvait paraître délirant ou prospectif à l’époque est maintenant bien réel. Tous les films d’anticipation dont je suis fan ont aujourd’hui trouvé leur réalité. La preuve en est que je n’en trouve plus.
-C’est vrai. Même chose en littérature : la génération des Spinrad, des Brunner, des Ballard est en train de s’épuiser et il n’y a plus de relève à proprement parler.
-C’est exactement ça et c’est logique ! Nous sommes déjà demain. La fiction est dépassée par la réalité. Et à partir de là, je suis persuadé que mon travail d’écriture a du sens, tout comme le vôtre, ce qui me conforte. Je rentre parfois dans des conflits violents, notamment avec les systèmes étatiques. Et je suis de plus en plus agréablement surpris de trouver dans des systèmes aussi profondément hostiles un magistrat, un président ou un grand administrateur qui m’ouvre secrètement une porte. Ce sont des miracles au quotidien. J’ai un jour répondu à un haut représentant de l’administration qui me demandait de lui donner une vraie raison de me voir évoluer de cette manière concernant des saloperies que m’ont fait le ministère de l’administration des transports belges, associés en collusion avec le Ministère des finances… et ce pour des histoires de pots de vin demandés/exigés par des fonctionnaires pour délivrer des immatriculations : « C’est parce que je suis votre poison et que dans toute pharmacopée, il faut un poison… »
-Vous avez eu raison de ne pas vous laisser faire. Heureusement, en finale que vous avez pu diffuser ces scandales sur le Web ! Mais qu’est-ce que le Web ?
-D’Arpanet à aujourd’hui, rien n’a changé. Arpanet, c’est cette structure créée en 1967 en cas de destruction massive des villes par des ogives nucléaires. A travers Governing by Networks, on découvre que la cinquantaine d’organes tels que l’Ompi, l’Icann, tous ces supra-gouvernements censés être des autorités libres de toute contraintes étatiques, sont sous dominante américaine absolue. C’est le secrétariat à la Défense américain qui saisit et module l’Internet. Les treize serveurs racines sont quasiment tous aux USA… Network Solution et VeriSign possèdent toutes les chartes de nommage et les résolutions des DNS. Pour vous donner un exemple que ne connaissent pas les Français, tous les noms de domaines relevant du .fr ou du .gouv.fr peuvent disparaître en quelques secondes si VeriSign décide de supprimer une sous-adresse de ses registres. Et, je tiens bien à le préciser, ce ne sont que des sous-domaines.
-Donc Governing by Networks présente une sorte de trame de lecture composée d’adresses IP frontales qui permet de découvrir de multiples choses. C’est hallucinant ! J’aimerais revenir sur la question de la puce RFID d’une contenance de deux gigas. A quoi pourraient servir ces deux gigas ?
-La puce comprend notre dossier médical avec nos antécédents, mais aussi certains fichiers civils ou pénaux. Les Etats ont longtemps ignoré l’informatique, mais ils ont fini par comprendre qu’ils disposent avec cet outil d’une capacité extraordinaire. Le premier client de Dell en France, c’est désormais l’Etat français. Il y a eu dans un premier temps, vers 1996-1997, puis vers 2002-2003, une énorme accélération des budgets informatiques des Etats : ils sont actuellement seize à dix-sept fois supérieurs aux budgets militaires. Aujourd’hui en France, certains textes et décrets d’application permettent à des gens qui ne font même pas partie de la police judiciaire d’accéder à plusieurs bases de données étatiques. La France, c’est 65 millions d’individus. Mais aujourd’hui, une requête sur la vingtaine de banques de données qui croisent chacun de ces 65 millions d’individus se chiffre en millisecondes sur SQL. Il y a quelques années, ce même recoupement des données n’était possible qu’après vingt minutes de requête à travers un réseau de salles blanches. Les Etats ont compris la puissance de l’information et que sa maîtrise passait par la maîtrise de l’informatique.
-C’est quelque chose de terrible ! D’où le fait que des gens comme moi, dans ma mutation, je dois être dans ces espèces d’infra-minces informatiques. Cet espèce d’Internet profond, ce « Hidden Internet » qui est une sorte de magnitude entre deux visualisations d’adresses IP.
-L’intérêt général, c’est l’ennemi. C’est un peu la vaseline de l’histoire. On va encore nous dire que cette puce RFID de deux gigas est dans l’intérêt de tous, qu’il est important et utile d’accéder à nos données médicales, etc. Tout le monde sera d’accord avec ça. Attali en parle très bien dans son livre Une Brève histoire du futur. Les assurances refuseront d’assurer les personnes qui ne disposent pas de cette puce, puisqu’on ne pourra pas accéder à leurs données médicales. Et d’un seul coup, c’est une brèche ouverte à l’intérieur de notre corps. On va nous poser cette puce et derrière ces informations qui semblent être nécessaires, on intégrera des données supplémentaires et ainsi de suite. Le principe classique du cheval de Troie… Jusqu’à remplir cette puce de toutes les informations possibles et imaginables sur notre personnalité, notre sexualité, notre parcours. Et on sera scanné, déshabillé, dépouillé de toute notre intimité et de notre personnalité en quelques secondes. On ne peut pas permettre ce contrôle, on ne peut pas accepter cette prise de pouvoir.
-Un pouvoir omniprésent et omnipotent ! A l’époque, l’ADN était méconnu du plus grand nombre, sinon de quelques scientifiques. J’expliquais déjà à cette époque qu’un jour, l’ADN serait le traceur universel et que l’on y retrouverait toute notre histoire intime. Non seulement dans le domaine de la biologie, mais aussi de la psyché humaine. Et bien sûr, les gens pensaient que j’étais carrément percuté. Dans les années 90, une étude ADN coûtait entre 25 à 27.000 francs Français à un juge d’instruction. J’ai lu récemment qu’aujourd’hui, ça ne coûte plus qu’environ 30 euros à la police. Ils les utilisent même pour un simple vol de boîte aux lettres.
-On a donc un traitement du coût économique du crime. Moi aussi, on me traitait de fou à l’époque, mais maintenant, les gens comprennent. Vous savez qu’il y a eu un Internet associatif et non commercial, puis un Internet avec une organisation des échanges, donc un Internet à vocation plus commerciale avec les majors qui sont arrivés. Mais pour autant, très rapidement, on a eu ce qu’on appelle des intranets nationaux, notamment en Asie du Sud-est et dans un certain nombre de pays dictatoriaux. Les premiers étaient, de mémoire, la Corée du Sud et Singapour. Ces pays ont mis en place un Internet à très haut débit mais totalement fliqué. Une forme de frontière numérique. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on peut croire, les grands pays possèdent tous un intranet. La France elle-même n’a pas un protocole libre. Nous sommes sous un intranet gouvernemental. Autrement dit, dès qu’on sort par Worldcom, Colt, Oléane ou ailleurs, on passe en réalité par un filtrage d’IP. L’identifiant IP permettant un filtrage absolu, ça permet de fliquer tout ce que l’on veut. Un certain nombre de scientifiques et de hackers se sont donc mis à réfléchir à un Internet profond qui serait une magnitude, une distorsion, une disharmonie entre deux numéros d’IP. Un peu comme à l’époque où l’on s’appelait sur les standards téléphoniques dans les années 75-80, quand le réseau passait entre deux tonalités sur le numéro d’une banque qui ne répondait pas. L’Internet profond, c’est cette espèce de vide spatio-temporel, cette période entre deux relais connus. On est bien au-delà de l’Internet associatif. Ça, c’est de la foutaise. On est déjà dans une recherche de voies par lesquelles s’échapperont les hackers et les gens qui ont envie de vivre. Cet Internet profond va donc exister parce qu’on ne peut pas faire autrement.
-Corrigez-moi si je me trompe, mais le problème est que chaque appareil domestique a une adresse IP ?…
-Tout à fait. L’IPGN6 permet d’avoir dix exposant trente-huit numéros d’IP, ce qui permet d’attribuer une adresse IP à tout ce qui est robotique, domotique, informatique. On prévoit d’arriver à 200 milliards d’adressages… Ce qui sous-entend qu’avec le flicage des adresses IP, on sera capable d’interrompre le fonctionnement d’un outil précis chez quelqu’un… et c’est même mieux que ça. On est en plein dans Minority Report. Tant en droit positif qu’en doctrine, qu’en outils législatifs, on sera capable d’anticiper le passage à l’acte. Dans un certain nombre de textes qui sortent aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis, le passage à l’acte qui, depuis quatre siècles, était la consommation du fait criminel, n’existe plus. On est dans une anticipation du passage à l’acte. Le discours est de dire qu’on ne fait pas le mal et qu’on ne fait qu’endiguer le mal. Or pour ça, il faut le prévoir. Et pour le prévoir, il faut des outils de législateur, notamment les outils informatiques. C’est une méthode de préservation.
-Quel est le lien entre les adresses IP et cette prescience des actes ?
-Lorsqu’on voit des adresses IP qui fliquent la robotique, la domotique et l’informatique, ça donne un balisage intégral de toute la conductivité, de tout ce qu’on fait. On peut dire à l’aide d’algorithmes de traitement spécifiques que vous êtes déjà dans une programmation, dans un pré-passage à l’acte, que vous constituez un danger notoire pour la société, que voue êtes déjà pratiquement dans la conduction de l’acte. Ensuite, il ne restera plus au magistrat qu’à vous faire admettre que l’acte criminel était déjà en substance dans votre tête. Au même titre que l’art est conceptuel, c’est une construction mentale. Et le législateur, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, reconnaît aujourd’hui que l’acte criminel se situe dans le siège cognitif et non plus dans la matérialité de l’acte. Ce qui rejoint Maurice Dantec lorsqu’il parlait de la fin de toute aventure humaine dans une interview de décembre 1999…
-Comment se fait-il que vos prédictions ne soient jamais reprises dans les médias ?
-C’est toujours pareil : parce que l’information est un outil de contrôle du pouvoir. Les Etats possèdent cette information. Ils disposent en substance de beaucoup d’information. Mais le bien commun n’est pas le propre de la caste dirigeante et donc la rupture avec le bien commun naît de la captivité de cette information.
-Quel est le lien entre l’analogie et la guerre ?
-La prochaine guerre passera par l’i-Bombe. L’i-Bombe étant tout simplement une paralysie de tous les systèmes semi-conducteurs, autrement dit, à peu près 99 % de notre univers. Ne subsisteront très certainement que les lampes à alène, tous les vieux systèmes analogiques primaires qui ne dépendent pas de semi-conducteurs ou de conducteurs.
-Comment fonctionne l’i-Bombe ? On connaît déjà la bombe nucléaire dont l’explosion arrête tous les systèmes informatiques, mais je ne sais rien sur l’i-bombe !.
-L’I-Bombe, c’est un choc électrique, quelque part une différence de phase. Le bon vieux principe de l’électrode entre l’anode et la cathode qui fait que l’onde de choc terminerait et tuerait tous les circuits informatiques. Il ne subsisterait que nos vieux réchauds. Je suis assez fier d’avoir vendu toutes mes voitures de collection qui utilisaient un peu d’informatique, j’ai acheté des voitures anciennes en parfait état qui n’utilisent que des systèmes éprouvés et réparables, sans électronique. Aujourd’hui, quelle voiture n’a pas d’informatique embarquée ? Les onduleurs par exemple, qui normalement sont là pour vous sauver la vie et redresser le courant, sont bourrés d’informatique. Avant, quand un onduleur commençait à couiner, on bypassait, on le pilait directement sur le secteur et ça fonctionnait. Maintenant non, parce qu’il y a une cartographie qui dit stop, danger, on coupe tout. On peut même plus backboner sur le secteur, ce qui est quand même un comble. Du coup, on se retrouve sans onduleur et sans retour secteur. L’analogique a du bon. En comparaison, le numérique permet trop de nous fliquer. Il laisse des traces alors que l’analogique n’en laisse pas. Dans Matrix, le navire fantôme de Morpheus est analogique. Quand ils sont repérés par les pieuvres robots virales, ils coupent tout ce qui est numérique et ne gardent que les bons vieux systèmes analogiques. Ça devient une réalité aujourd’hui. Dans l’analogique, il y a une répartition du spectre des fréquences qui est monumentale. Donc je ne laisse pas de traces. Dans le numérique, j’ai un codage binaire qui, aussi riche soit-il, est mémorisable et interpolable. Pour le flicage du numérique, il y a aussi l’exemple du GSM qui est par principe de la triangulation. Une fois de plus, on rejoint la science-fiction. Un photographe s’est fait virer de chez Reuters parce qu’il avait retravaillé sur Photoshop des clichés d’une attaque sur un faubourg chiite du Hezbollah. Par la suite, un informaticien a sorti un logiciel qui permet de repérer instantanément toute modification d’une photographie. Parce qu’en retouchant une photo, on est en mode raster (maillé) et on interpole le pixel d’à côté. Quels que soient les effets spéciaux, à 99 %. C’est une interpolation dans l’algorithme qui va chercher le pixel autour et donc automatiquement, il le détecte.
-Vous définiriez-vous comme utopiste ?
-Oui, parce que l’utopie est une recherche de la vérité. Nous sommes dans une période de perte d’identité, de perte de sens. Même si c’est une banalité, le politiquement correct domine. Et personne n’ose plus rien faire ou dire. Etre libre, c’est très important ! Et les gens ne sont plus libres. C’est très important.
-J’ai vu récemment passer cette information : les richesses seraient plus mal partagées aujourd’hui sur la planète que dans toute l’histoire de l’humanité, Moyen-Âge et Antiquité compris…
-Tout à fait. Nous devons faire face à un outil capitalistique qui a dégénéré. Il y a vingt ans, il s’échangeait à peu près 15 milliards de dollars par jour sur les marchés financiers. Désormais, il s’échange grosso modo 2.700 milliards de dollars par jour. On a créé des émissions fiduciaires fictives qui font que nous sommes actuellement dans une création de richesses fictives avec un PIB mondial fictif. Nous sommes au bout du sens. C’est pour cette raison que je dis que nous sommes aux portes de l’enfer, au sens allégorique et magnifique du terme. Le système est usé. Ça me fait penser à un homme dont on regarderait le bilan biologique et dont on s’apercevrait que le taux de T4 s’effondre, que ses transams sont à zéro, que ses Gamma GT explosent. L’Occident, y compris le Japon et l’Asie entière dans sa modernité, est vraiment comme un vieil homme. Un homme mort, usé et creusé à tous les niveaux, et tout particulièrement dans ses outils capitalistiques. Tous les bilans biologiques sont au bout du bout de la nuit. On parle d’outils de régulation, de contrôle des flux. C’est archi faux. Tout est achetable. Tout devient monnayable, y compris les frais de pollution. Cette dématérialisation et cette capacité des hommes à imaginer ce qu’on appelle dans les marchés financiers des futures (c’est-à-dire d’anticiper sur le futur) sont très intéressantes. On peut acheter des futures d’émissions, des futures de dégradation du CAC, des futures de tout et de n’importe quoi. Comme si nous étions allés au bout d’un système. C’est pour cela qu’il nous faut réinventer.
-Personnellement, je crois à une Renaissance.
-Je voudrais y croire…
Come gather ‘round people
Wherever you roam,
And admit that the waters
Around you have grown.
And accept it that soon
You’ll be drenched to the bone,
If your time to you
Is worth saving
Then you better start swimming
Or you’ll sink like a stone,
For the times they are a-changin’!
Rassemblez-vous braves gens
D’où que vous soyez,
Et admettez qu’autour de vous
L’eau commence à monter.
Acceptez que bientôt
Vous serez trempés jusqu’aux os,
Et que si vous valez
La peine d’être sauvés,
Vous feriez bien de commencer à nager
Ou vous coulerez comme une pierre,
Car les temps sont en train de changer.
Come writers and critics
Who prophesize with your pen,
And keep your eyes wide
The chance won’t come again.
And don’t speak too soon
For the wheel’s still in spin,
And there’s no telling who
That it’s naming
For the loser now
Will be later to win
For the times they are a-changin’.
Venez écrivains et critiques
Qui prophétisez avec votre plume,
Et gardez les yeux ouverts
La chance ne reviendra pas.
Ne parlez pas trop tôt
Car la roue tourne toujours,
Et elle n’a pas encore dit
Qui était désigné.
Le perdant de maintenant
Pourrait être le prochain gagnant,
Car les temps sont en train de changer.
Come senators, congressmen
Please heed the call,
Don’t stand in the doorway
Don’t block up the hall.
For he that gets hurt
Will be he who has stalled.
There’s a battle outside
And it’s raging
It’ll soon shake your windows
And rattle your walls
For the times they are a-changin’.
Allons sénateurs et députés
S’il vous plaît écoutez l’appel,
Ne restez pas dans l’embrasure
N’encombrez pas le hall.
Car celui qui sera blessé
Sera celui qui n’a pas avancé.
Il y a une bataille dehors,
Et elle fait rage,
Elle secouera bientôt vos fenêtres
Et ébranlera vos murs,
Car les temps sont en train de changer.
Come mothers and fathers,
Throughout the land
And don’t criticize
What you can’t understand.
Your sons and your daughters
Are beyond your command,
Your old road is
Rapidly aging.
Please get out of the new one
If you can’t lend your hand,
For the times they are a-changin’.
Venez mères et pères
De partout dans le pays,
Et ne critiquez pas
Ce que vous ne pouvez pas comprendre.
Vos fils et vos filles
Sont au-delà de vos ordres,
Votre vieille route
Est en train de vieillir rapidement.
Ne restez pas sur la nouvelle
Si vous ne pouvez pas nous aider,
Car les temps sont en train de changer.
The line it is drawn
The curse it is cast,
The slow one now will
Later be fast.
As the present now
Will later be past
The order is rapidly fading.
And the first one now
Will later be last
For the times they are a-changin’.
La ligne est tracée
La malédiction est lancée,
Ce qui arrive lentement maintenant
Va bientôt s’accélérer.
Comme le présent de maintenant
Sera plus tard le passé,
L’ordre établi change rapidement.
Et le premier maintenant
Sera bientôt le dernier.
Car les temps sont en train de changer.