Liberté d’expression…, mon oeil !
Combien de fois reproche-t-on à certains d’avoir une tête de Turc et d’aller se faire voir (ou mettre…) chez les Grecs… ?
Très souvent…
Après, les mêmes s’étonnent que les Grecs ont les bourses vides et que les Turcs boursicotent à qui mieux mieux…
Je faisais ce soir une recherche sur le net, afin d’y trouver un renseignement.
L’un des liens que je parcours rapidement m’étonne en proposant la mention suivante :
“Personne ne détenant LA vérité, il importe que les différences de point de vue s’expriment sans restriction mais dans un cadre qui fait droit à l’opinion d’autrui. Les mots pouvant être des armes blessantes, il conviendra de s’exprimer comme cela doit se faire”…
Ce genre de remarque repose sur une une injonction paradoxale étonnante.
Ainsi en même temps que l’on prône la liberté de parole, on censure cette dernière immédiatement.
Bien entendu, chacun conçoit que la courtoisie soit de mise dans un échange mais dire que les mots sont des armes blessantes revient à admettre qu’il faut débattre à fleuret moucheté.
Finalement le débat est admis pourvu que l’on soit tous d’accord ; les désaccords ne pouvant reposer que sur des détails mineurs.
Si les idées se déclinent de 0 à 180 degrés, vous êtes invités à laisser vos propos ne jamais dépasser 90 degrés car au-delà cela pourrait être “blessant”.
Soyez libres mais trop.
On pourra se demander qui fixe l’étendue des propos acceptables…, il ya forcément quelqu’un, qui maitrisant le débat, est un peu plus égal que les autres.
Tout ceci rappelle curieusement la Ferme des animaux de George Orwell lorsqu’à la fin du roman, Douce la jument demande à l’âne Benjamin de lui lire les commandements inscrits sur le mur.
Il lui dit qu’il n’en reste plus qu’un seul : Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres.
Une injonction paradoxale appelée aussi double contrainte désigne deux obligations qui se contrarient en s’interdisant mutuellement, augmentées d’une troisième qui empêche l’individu de sortir de cette situation.
En termes de logique, elle exprime l’impossibilité que peut engendrer une situation où le paradoxe est imposé et maintenu!
Dans les relations humaines il s’agit d’un ensemble de deux ordres (explicites ou implicites) intimés à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer l’autre.
L’exemple que je livre est un cas parfait de double contrainte, puisqu’en même temps que l’on vante la libre parole on vient la circonscrire.
Si l’on parle librement on risque donc de dépasser les bornes implicites mais si l’on respecte ces bornes alors on ne respecte plus l’incitation à la libre parole.
De même, tandis que l’auteur n’explique personne ne détient LA vérité, il admet tout de même la censure en imposant donc SA ou du moins UNE vérité.
Gregory Bateson, qui en a décrit le mécanisme, l’exprime ainsi : “Vous êtes damné si vous le faites, et vous êtes damné si vous ne le faites pas”.
Une retranscription proposée est : Si tu ne fais pas A, tu ne (survivras pas, ne seras pas en sécurité, n’auras pas de plaisir, etc.) Mais si tu fais A, tu ne (survivras pas, ne seras pas en sécurité, n’auras pas de plaisir, etc.).
La double contrainte exprime donc le fait d’être acculé à une situation impossible, le problème étant que le fait de dépasser l’absurdité soit intimé comme une obligation.
To bind, dans l’expression “double-bind” signifie “coller”, “accrocher”, allusion à deux ordres impossibles à exécuter.
L’antipsychiatrie de Laing et Cooper utilise le nom de knot (nœud) qui évoque bien cette situation d’enfermement.
Bateson pensait que ces situations pouvaient être à l’origine de la schizophrénie.
On sait aujourd’hui que les causes de la schizophrénie sont bien plus complexes que cela. Toutefois, vivre dans la double contrainte permanente est une source de stress intense amenant parfois à des états de stupeur et de décompensation sévère.
La double contrainte rend fou !
La double contrainte est l’arme favorite des pervers et elle se développe de plus en plus.
Il n’y a qu’à analyser assez froidement le monde dans lequel on vit pour comprendre qu’en même temps que les mots liberté et démocratie sont avancés, des contrôles de plus en plus sévères de la parole sont mis en place.
La double contrainte est l’arme favorite de ceux qui vous confisquent le droit de penser comme vous l’entendez tout en vous assurant qu’ils œuvrent pour votre liberté.
Plus qu’aucun autre pays au monde, la France voit s’épanouir cette double contrainte particulièrement sous la dictature actuelle.
Certes, on m’objectera qu’il existe des dictatures bien plus terribles mais en ce cas, la parole libre est interdite et c’est clair et finalement moins pervers.
Tout débat est truqué et tronqué qu’il s’agisse de celui sur l’identité nationale ou d’un autre concernant le réchauffement climatique.
On vous invite ouvertement à vous exprimer en vous rappelant en chuchotant que vous seriez bienvenus de respecter la doxa.
La double contrainte est l’arme favorite des pervers et peut rendre fou.
Afin de ne pas rester sur ma réserve, je rajouterai que j’ai pour ma part noté que des individus qui se croient intelligents en répétant à l’envi des phrases toutes faites utilisent souvent la phrase : “mais tu ne vas pas me dire que tu crois à la théorie du complot”.
Par là même le contradicteur tente de vous convaincre que vous êtes trop intelligent pour sombrer dans la paranoïa ou pire dans la stupidité en croyant à l’existence de complot parce que bien sûr : les complots cela n’existe pas, ce n’est qu’une vue de l’esprit.
Qu’est-ce qu’un complot ?
Un complot est un projet élaboré entre plusieurs personnes contre une autre ou une institution.
C’est une entreprise formée secrètement entre deux ou plusieurs personnes contre la sûreté de l’état ou contre quelqu’un.
Admettons que si le mot existe, ce n’est pas par hasard.
Sans sombrer dans la fameuse “théorie du complot”, il existe des complots.
La politique est pleine de complots que l’histoire nous révèle.
Le monde ce ne sont pas des choses mais des faits et le complot est un fait.
Le complot est aujourd’hui comme le diable, dont Baudelaire disait que sa plus belle ruse était de vous faire croire qu’il n’existait pas.
N’est-il pas suprêmement rusé le comploteur qui réussit à vous faire admettre que croire en l’existence même de complots serait la preuve d’un esprit dérangé ?
Dès lors, personne ne souhaitant passer pour un fou ou un simple d’esprit aura tôt fait de dire qu’il ne croit pas à l’existence de complots.
La psychiatrisation de l’opposant est une technique avérée qui fonctionne parfaitement.
Traiter celui qui a découvert vos manigances de fou, de mythomane, d’obsessionnel ou de paranoïaque est aujourd’hui une martingale qui ne coûte pas cher mais rapporte gros.
C’est l’essence même de la perversité que de rendre l’autre fou.
Il est vrai qu’il en va des complots comme du diable.
Trop croire au premier, porte à la superstition et à la bigoterie tandis que trop accréditer les seconds amène à l’obsession, la paranoïa ou à la crédulité.
Pourtant entre trop et pas du tout, il y a sans doute une zone dans laquelle on peut admettre que des complots existent dont nous faisons tous les frais !