Lo et l’amer…
C’est quoi la vie, sinon pas grand chose : des souvenirs qu’on efface à l’eau de javel…
Une amnésie sans faille est-ce le meilleur allié du désir et de la confiance en ce que demain soit possiblement vivable ?
Bagages et paquets, Gypsie, notre petite Cocker sous le bras… et mots méchants jetés par-dessus l’épaule : c’est ma dernière image de toi…, voilà du songe et des attentes inscrites dans plus exactement affermi que le marbre…, un modèle troué…, une Diane au nez cassé (toi)… et un Mercure affublé de son trident d’éponge ne pouvant pas pleurer la mer (moi)…, les yeux barrés des orbites et des violons à cordes fausses.
Je ne souffre pas vraiment, quoique…, à vrai dire je m’en souviens à peine…, déjà jadis, j’ai pu fameusement compter sur une mémoire géométriquement variable sachant d’elle-même opérer aux sélections nécessaires à faire que demain soit d’existence, de désirs…
Aussi je répète mes erreurs…, toujours les mêmes…, je m’en trouve bien aise, car il ne me plairait pas de me fondre autrement que je ne le fais aux éléments, aux choses, aux gens.
Elles ne me manquent pas…, j’ai été soutien, compagnon fidèlement constant. Qu’on ne compte pas sur moi pour avouer quelques contre-pieds qui ne furent pas…, j’ai raison…, mes croyances n’en sont pas, elles ne sont que l’expression d’une intelligence poétique, je l’offre à qui en veut et personne ne devrait se sentir obligé d’accepter ce (beau) présent. Et quand même, ce soleil peu pesant de septembre ou des mois d’hiver qui s’annoncent, ce bleu encore subtil, fragile comme une théière de biscuit, me ramène toujours à ce moment entre tous d’il y a quelques années, près d’un lac à coté d’un arbre blanc. Je me trouve maintenant en baie de St-Tropez, il n’y a plus de touristes alentour, l’après-midi s’étire quiètement, le café est bonbon, il y a partout ce parfum de l’hors-temps empesé de sucs frivoles et fleurs, de l’embrun peut-être bien, chaud juste ce qu’il faut…, il y a comme une note extrêmement discrète qui dit l’arrêt des heures et des choses sérieuses, lunettes posées sur mon nez, je suis bien, tout possible, tout doux, cool et gentillesse, la lumière et les ombres sont seulement parfaites, il me faudra longtemps pour écorner cela d’un mot ou bien d’une description…
De toi, ce sont mes mains qui en parleraient le mieux, je crois, elles diraient (encore) que ma paume était assez pour prendre tout et le garder, que la force de mon bras quand il te plaquait à moi se devinait à ton feu tendre, à ta fibre têtue, que mes doigts, chacun comme une branche lascive, disaient l’âme de ce quelque chose d’animal en toi quand tu dormais en rond…, ils chuchotaient aussi que tu frissonnais…, ta peau en effet proposait un grain très doux qu’il fallait savoir apprendre à lire…, un développement tout fait de subtilités, une manière étourdie de flanquer par-dessus bord l’inepte et ce qui mange le temps…, c’était (encore), ton appétit de moi, si tant est que je savais presque me figer tout à fait…
Peu après te connaître, j’ai écrit un roman dont j’ai tiré quelque fierté dans le dessein de te bluffer, toi qui n’aimait au fond que les grands auteurs, les stars et starlettes, Hollywood…, persuadée que, nous, ce ne serait qu’un coup de poker, que je n’écrivais qu’automobiles, que je n’avais rien à dire sur les passions des corps… et un style politiquement incorrect…
Boosté…, écrire un roman de passions, ça m’était venu d’une réflexion plutôt courte sur pattes au sujet des relations de dépendances affectives ou d’intérêts s’établissant entre les amoureux…
J’avais imaginé une histoire où tout se dirait de l’existence et de la mort, surtout du désagréable et du non gratuit entre deux protagonistes liés par la nécessité d’en vie rester…, en finale, j’avais dérapé et tracé plus de 300 pages/poèmes d’amours.
Une idée purement foireuse (aussi bien l’attente de l’héritage que mon livre)…., d’ailleurs j’avais écrit plus ou moins consciemment diverses prophéties d’amour… et puis je ne sais plus très bien comment cela s’était passé, chaque jour courbé sur le clavier m’avait entraîné un peu plus profondément vers une prosodie étonnement indigeste mais qui, au moins, était mienne.
Le titre était donc “Liens d’Amours”…, j’avais décidé ça dans un moment d’égarement et me souviens très bien de l’incrédulité emplissant ton beau regard lorsque je t’ai donné le premier exemplaire dédicacé, à l’aéroport, alors que tu t’en revenais d’une quinzaine de jours et nuits à Benidorm avec ton vieux compagnon-procré(h)atif… en attente depuis sa naissance d’un hypothétique héritage paternel.
Ai-je été, pour toi, un cristal, un inspirant ?
On s’était promis, juré d’être amoureux pour toujours, ad mortem, perspective que tu avais toutefois jugée insuffisante pour assurer le devenir de ton fils.
Questionnement niais, rapport à ce que tu as écrit de moi un jour…, dix ans plus tard…, que j’étais “bankable”, déboulant dans ton histoire qui se résumait en du temps qui passait avec ennui…
J’en suis “mourru”…, AVC, quinze vingt-quatre heures d’hôpital…, je t’ai rayée, effacée…
Enfin pas tout à fait si l’on compte souvenirs et mémoire, impressions empreintes à l’âme…, rappels faits de voix, de sourires et de songes…
Ce qui s’était perdu, éteint dans le sombre des heures éloignées, c’est ton âme, les singulières vibrations de nos corps, ton sourire et ton regard éclairant tout ça de désirs et de larmes, de vouloirs beaux, de mesure, de racines et d’azurs s’échappant de ciels secrets interdits…
Après tant…, il y avait aussi ta curiosité et tes allants, tes faims de tout, des chants du monde et tes refus, subtilités complexes, irrésolutions intègres et pas…
Nos baisers, l’ourlé quand j’étais pris à ta bouche…, je voulais tout…, être embrassé de toi transportait, adoucissait, fulgurait et puis faisait fondre…
Un mot, cent, mille, ne peuvent rien, il y a une limite aux mots, ils s’arrêtent ici, ils callent là à mes yeux blessé d’éclats d’aventures…, tes yeux aux miens entrés il y a jadis et jamais repartis.
Tes baisers maintenant s’effacent, je n’en ai pas reçu d’autres, j’oublie tous ceux d’avant, m’affame à ceux qui ne viendront plus jamais.
J’essaie de me soigner en adoptant des registres convenables, des sujets impersonnels, des sphères quotidiennes et closes…, il faut du temps pour que se remodèlent mes traits intimes, ceux de mes textes hors des heures, des textes salants, salins, cristaux et voletants, des mots tour à tour graves, légers, rieurs, complices, aimants, uniques, amants, triples et tripes, ceux de mes univers sauvagement s’entrechoquant, mes steppes, mes vallons et mes paysages indécents comme des écrins évanescents, gourmands, suffisamment immenses pour s’y échapper, libre…
J’emporte avec le temps et quelques souvenirs, ta voix née dans les veilles à minuit d’avant-matin, d’être affamée…, toujours…, le cri de l’estomac, le cri de la fatigue, le cri du corps… et ton ado de fils qui passait de même heure, comme un spectre illuminé par le frigo qu’il laissait entrouvert…
Tout est écrit…, ce qui va suivre, c’est pour remplir entre les lignes…
Ecrire ne se fait dans aucun temps ou l’éternel (ce qui est identique), cela fusionne la dolence des choses alentour, cette table, cette odeur, la lumière à l’instant et les couleurs, le poids du corps et son immédiate texture et puis le grain sous les doigts, le goût de la bouche, la température du sang battant les veines… et les incomplétudes quotidiennes qui restent fichées quelque part en autant de pièces de soi manquantes. Ecrire ne charrie pas vers quoique ce soit qui appartiendrait au passé, mais l’érige, l’invente complètement dans la couleur, dans l’air et l’eau de maintenant.
On entend souvent ça, qu’écrire aurait une vertu thérapeutique, qu’écrire serait comme se soigner des offenses, des échardes, que ce faisant l’on pourrait cautériser souffrances et maux par le truchement d’une remise en lumière de ce qui se serait tapi dans l’ignorance ou l’inconscient.
Ceux qui soutiennent ça n’écrivent pas…, au mieux, ils se racontent ou bien se content.
On ne guérit pas par l’écriture, elle nous blesse ou forme une carapace préventive pour les fois d’après qui, bien sûr, n’adviennent jamais, puisqu’écrits. Elle se tisse là, maintenant, elle se prépare là… et maintenant d’un peu plus tard et ce maintenant, ceux-là vaudront vérité d’évangile…, à moins que j’arrête d’écrire…
Il faut dire aussi des faits qu’ils sont les seules choses que la mémoire puisse prétendre à retranscrire, et encore, si l’on accepte les intervalles écrasés, les voies d’une logique intégralement décrite à la fin du fait et non dans son déroulement et que ces faits ne servent en rien l’écriture, souvent même l’empèsent ou bien la lestent.
Un matin de grande réconciliation, un de plus…, pour aider à me faire oublier, encore…, un émail de duperie, pire que tromperie…, toi, ma Paty, ma Lorenza-Dolce, mon Amour, ma compagne…, tu es arrivée en chantant, radieuse, souriante, aérienne…, tu avais craqué pour un petit lapin que tu tenais comme un bébé…
Imaginant la charge qui allait découler de cette impulsivité, de ce coup de cœur…, pour y faire barrage, tu m’as ensevelie d’explications, la principale étant que ce lapin-femelle aiderait Alex, ton fiston, dans une prise de conscience de la nature, des animaux, du monde… et devant ma stupéfaction et mon incrédulité en cette narration s’apparentant à une histoire ou des créatures de l’espace allaient sauver l’humanité…, tu as ajouté que la cage (immense) trainée par le dit fiston derrière toi, allait être installée derechef dans sa chambre…
Sitôt dit, sitôt fait, sauf que la cage de la lapine a rapetissé la chambre…, il fallait choisir entre accéder aux armoires, à la porte-fenêtre de terrasse, ou au bureau qui, dit en passant, ne servait qu’a supporter des piles de livres, feuilles et autres choses parfois intimes (des préservatifs usagés, sic !)… une télé surplombait même ce meuble absolument pas dédié aux études…, car fiston étudiait en slip, vautré dans son lit en tapotant frénétiquement des SMS sur son GSM tout en regardant/enregistrant des vidéos sur son ordi-portable, qui finira par rendre l’Âme (surchargée), simultanément il jouait à des jeux étranges sur une console entre deux branlettes en attente de “baiser” sa copine à corps et à cris (beaucoup de cris)…
Et le lapin “l’emmerdait” bien davantage (le bruit, les odeurs, la poussière, les poils et les cacas-pipi qui chargeaient l’atmosphère)…, il avait déjà, plus jeune, laissé mourir son Hamster de faim…, la méfiance et un suivi (psychologique) s’imposaient…
La cage le gênait dans ses actions diverses (re-sic !) et études (gag !), comme quasi tout (mais c’est une autre histoire ou le non-rangement des ados, finit invariablement par devenir une des préoccupations majeures des parents soucieux de bien-être, de calme et de volupté :
http://www.GatsbyOnline.com/main.aspx?page=text&id=802&cat=ataraxie)…
Pour qu’il puisse se branler étudier sereinement (adieu prise de conscience de la nature et des animaux, du monde)…, l’ensemble a donc rapidement été déménagé “au salon” ou la lapine a pris ses aises et ses habitudes (c’est à partir de ce point de l’histoire que des grosses mouches bleues et vertes ont envahit l’appartement, en cause des centaines de boulettes de cacas disséminées sur le tapis à haute-mèches qui était devenu le terrain de loisir de la lapine),… et la lapine est devenue ta copine inséparable…
Pour un rien, voulu ou pas, la lapine tournait autour de toi en tapant de ses pattes arrières, elle tirait sur son biberon d’eau avec ses dents pour la rappeler à elle… et mangeait avec gourmandise ses graines (mais ce qu’elle préférait c’étaient les pommes)…, puis elle s’allongeait de tout son flanc et parfois sur son dos, là seulement, on pouvait voir son beau ventre blanc tant elle se sentait en sécurité, sans prédateurs, profitant de sa paille fraîche et son foin des Alpes au goût de fleurs…
Dans ce contexte d’amour…, délaissé…, j’ai adopté, pour notre famille recomposée, une femelle Cocker, un nouvel amour que j’avais prénommé Coquine, que tu as renommée Gypsie…
Les matins de printemps, tu prenais ton café avec elle, sur la terrasse…, l’été aussi…, tu veillais que ta copine n’ait pas trop froid, pas trop chaud…
Puis un jour, la lapine que Gypsie effrayait pour ses graines, qui restait un peu esseulée, fit connaissance d’une nouvelle copine aux yeux rouges, qui s’avéra finalement être un petit copain, il n’était pas toujours drôle, il avait un regard louche…, c’était le P’tit-Blanc…, se furent des léchouilles en continu, aux oreilles, aux yeux, ailleurs aussi…, chacun à leur tour…, puis elle commença à le pomponner, le materner, le protéger… sans oublier qu’une passion sexuelle s’ensuivit, incluant d’incessant coup de reins précédés de courses-poursuites infernales…
Elle s’appelait Bibi…
Elle reconnaissait son nom…, lui pas…
Lui…, c’était P’tit-blanc…
L’histoire des lapinous fut une belle histoire d’amour inconditionnel, magnifique, le genre qu’on raconte aux enfants pour qu’ils s’endorment dans de doux rêves…, mais qui est tragique à la fin…
Sans entrer dans des détails sordides, disons qu’ils ont été abandonnés par fiston…, en plein soleil sans protection ni eau…, unis dans leur agonie puis dans la mort, cote à cote serrés l’un contre l’autre sur la paille et leur foin des Alpes au goût de fleurs…
C’est quoi ce monde ?
Ensuite “on” (ton fils et son géniteur de père) les a jetés dans un sac-poubelle comme des déchets… et tout ce qui était leur monde : leur petite cabane-clapier, les sacs de nourriture, de paille et de foin des Alpes au goût de fleurs…, leurs jouets aussi, dont Bibiche-la-peluche…, ont suivi !
Tout ça pour quoi ?
En cause de quoi ?
Ton fiston, devenu un “Lolo-Tanguy” post-ado de 19 ans…, de plus en plus nonchalant et négligent au fil du temps passant…, laissé seul pour qu’il puisse se branler étudier “en paix” pour des nouveaux examens d’entrée à l’université (seconde tentative qu’il va quand même rater pour moitié après avoir séché et perdu sans l’avouer l’année complète précédente ou il affirmait qu’il allait devenir physicien nucléaire spatial !?!?)… et ainsi responsabilisé et nommé “petit-prince des lieux” pour la période ou nous allions dans le sud…, a, “un jour” de 4 X 24 heures (sic !) éclusé 100 litres de bière avec des copains de guindaille…, en futs et en bouteilles, dont les cadavres sont restés comme preuves (un “oubli” dû sans doute aux degrés d’alcool et la chaleur suffocante), jonchant le sol de l’ appartement transformé en dépotoir… tandis qu’il oubliait les lapins durant ce même jour de 4 X 24 heures…, lapins qui, sans eau, nourriture et sous un soleil de plomb (c’étaient les jours de canicule ou il aurait fallu placer les braves bêtes dans leur cage à l’intérieur, au frais), ont agonisé jours et nuits après avoir gratté jusqu’au sang de leurs petites pattes et de leur museau, le plancher du clapier (ils auraient réussi si en dessous il n’y avait pas de plaque de fer)…
De retour, le choc…, fiston n’avait rien osé dire… et s’était débarrassé des lapins avec l’aide de son père-géniteur, comme plus jeune il jetait par la mini-fenêtre de la salle-de-bain surplombant un jardin voisin, les contenus d’assiette qu’il n’aimait pas…, attirant mouches et bestioles jusqu’à en inquiéter les pompiers…
J’ai pleuré de tout ça avec Gypsie notre chienne Cocker, sur mes genoux, assis à la même terrasse ou on veillait “avant”…, que Bibi et son compagnon P’tit-blanc n’aient pas trop froid, pas trop chaud…
L’enfumage allait jusqu’à avoir installé un tableau-chevalet en plein milieu du salon/salle-à-manger, sur lequel étaient écrites des formules mathématiques sans suite, le tout ne servant à rien d’autre qu’être un décor figé d’amphithéâtre universitaire destiné à époustoufler ses parents, afin que ce cirque perdure…
J’ai ensuite poussé un cri de rage, une désespérance… apprenant en plus de tout ce désastre, que le fiston avait raté la moitié des examens d’entrée, qu’il avait “séché” les cours toute l’année qui se terminait, en laissant croire qu’il était un étudiant modèle tellement studieux que, pour preuve, sa chambre était jonchée de feuilles couvertes d’équations laissant accroire à un génie transcendantal, reléguant Einstein à rien…, s’autorisant de surcroit à déconsidérer tout le monde, moi, le “beauf-père” en particulier…
C’est vrai, qu’en sus, j’ai sorti quelques vérités au géniteur de ce génie, ex-videur de la boîte de nuit de son père (dont il attend l’héritage depuis Mathusalem), brièvement ouvrier à-la-chaine chez VW, puis “chomdu” professionnel jusqu’à sa retraite, s’autorisant des conseils en gestion et crachant sur la société toute entière…, incapable de comprendre (il n’a pas été plus loin que patauger au lycée), que les feuilles d’équations du “gamin” et le décor avec le tableau-chevalet, n’étaient que du vent !
Plus de petits lapins, plus de Gypsie, plus de jeux d’amour-chienne et de wouah-wouah avec elle, plus de droits, plus de riens…, pas même d’excuses ou de regrets si ce n’est me dire : “Il faut passer à autre chose”…
Presque 15 années d’amour suivaient les lapins dans la poubelle, mais mes apports et affaires, tu les considérais comme tiens !
En point d’orgue, en fin de ce même “dernier” jour, ton fiston a laissé entrer Gypsie dans l’ascenseur, sans oser lui-même y entrer (il est phobique de plein de choses), j’ai foncé et me suis fait écraser les mains dans la porte qui se fermait…, faute de quoi elle serait morte étranglée lors de la descente enclenchée par bêtise…, ton fils est une nullité !
Phobique jusqu’à utiliser un rouleau entier à chaque passage aux toilettes… et à ne pas oser faire la vaisselle et rincer la baignoire…, lorsqu’il s’oblige à “jouer” avec Gypsie, c’est en mettant ses mains dans ses manches… et quand il éternue (sans ses mains, craignant ses microbes) on retrouve ses glaires sur les murs, la TV et les fenêtres…
Que dire également de ses apparitions à domicile (pour aller vider le frigo qu’il ne referme jamais), en slip ouvert sur ses importants bijoux de famille…, et sa tenue “chic”, en jean’s sous les fesses, comme un pitre black de Harlem, pour ses sorties de ville… ?
Nullissime !
Le vol du cœur, là, c’est autre chose, on peut en mourir sous les sarcasmes, les moqueries, les rancœurs…
Je me suis alors rappelé divers conseils de mon grand-père, de mon père et même de mon notaire, comme quoi il faut toujours de préparer au pire… et mettre les biens acquis à son nom sur les factures, garder les preuves de paiement et se souvenir que pour un rien, parfois, offrir un bien, donc se défaire de sa propriété, peut entrainer des drames…, un chiot, des lapins sympathiques, avec le temps, semblent valoir plus qu’une maison…, chagrin, larmes…, c’est quoi la vie, sinon pas grand chose ?
En ce cas, hors conseils et sans compter Gypsie…, notre histoire d’amour, tout comme le souvenir des lapins, l’odeur persistante de leurs cacas en boulettes sur le tapis haute-mèche, les senteurs de la paille fraîche et du foin des Alpes au goût de fleurs…, ont été effacés à l’eau de javel…
Rien n’est resté, pas même une tombe ou une urne pour pleurer les beaux jours, pas même quelques poils a coller sur une photo imprégnée du parfum du foin des Alpes au goût de fleurs…, juste des souvenirs qui tourneboulent en tête, quelques larmes encore et le vide d’un désespoir…
Paty, mon Amour, ma Lorenza-Dolce…, toi qui publiait tant et tant d’histoires d’animaux en péril, maltraités, abandonnés…, faut plus jamais jouer les madeleines, publier les horreurs infligées aux baleines, aux phoques, aux oiseaux qu’on chasse, à ceux qu’on mange des abattoirs, ni aux chiens qu’on prive d’un des maîtres, qu’on abandonne, qui n’ont que leur gémissements plaintifs et leur regard à scruter l’horizon comme espoir de vivre des “avant” insouciants et joyeux…, quand tu es incapable d’exiger une excuse et ne fusse qu’un regret, qu’un remord, même en faux-semblant, de ton fils-petit prince-ado responsable d’un tel gâchis et de ce qui s’ensuit en cascade…, c’est qu’il y a renoncement…
Tout cela m’a brisé… et j’ai le cœur fragile, privé d’amour comme d’eau les lapins et de caresses ma Gypsie devenue otage-chantage pour obtenir une rallonge (de temps et d’argent)…, pleurer la mort de deux lapins et la confiscation affective et physique d’une petite chienne…, à 66 ans…, pensez-donc, vous qui lisez…, si vieux…, si bête (en double sens)…
Mais c’est plus et pis que cela, ça fait écrouler plus que des rêves, mais une construction complexe de quasi 15 années liant des vies et sur laquelle s’en greffent d’autres…, germent des doutes…, des questionnements fleurissent… et les réponses sont comme des feuilles d’automne qui s’envolent aux quatre vents…, de même que les “autre-choses” acquises/apportées avec amour durant ce même temps…, confisquées, volées…
Du coup, c’est pas que j’ai envie dans la tête…, mais c’est le cœur qui semble vouloir s’arrêter pour que l’Âme-pensée-vie puisse s’évader et retrouver les lapins et ma p’tit Gypsie en avance d’un voyage ou tout le monde meurt à la fin…
Je suis malheureux, on ne remonte pas le temps…, on nait, on vit, on rit, on pleure, on meurt…, mais n’aie crainte, Paty, Amour, ma Lorenza-Dolce…, je ne suis pas suicidaire ni ne me laisse dériver…, tout simplement ai-je reçu un sacré coup au cœur qui m’a rendu groggy…, une aventure dont je sors peu à peu désabusé (je l’étais déjà des affaires et d’autres relations humaines) et plein d’amertume…
C’est un endroit calme et serein ou l’humanité est nature avec ses senteurs, ou les animaux sont enfin vraiment heureux… comme sur un nuage de bonheur… je pourrais crier : “Venez les lapinous, vient ma Gypsie…, tout n’est que malentendus, venez au pays ou l’herbe est tendre, ou on peut courir dans l’insouciance”…
J’évoquais en début, un émail de duperie, pire que tromperie, écrit par toi, ma Paty, mon Amour, ma Lorenza-Dolce…, à ton (ex ?) compagnon, géniteur de ton fiston, ton fils adoré…, que j’avais vu en cause de lui, car il l’avait laissé en vue sur ton ordinateur allumé, comme par hasard…
Quelques extraits significatifs..;
“André, comme ma mère le dit, il suffit que je me pomponne un peu et je pourrai facilement trouver un petit job en noir facilement, ce que je sais également, sans compter que l’endroit où je vais me retrouver va sans aucun doute me donner d’autres opportunités. J’ai bien dit à mamy que je ne comptais pas rester avec Patrice ! C’est juste gagner du temps et quelques montants à prendre ! Mon but étant de lui démontrer que si toi tu me donnes une participation avec en plus l’idée de mamy de me donner une sécurité par ton intermédiaire, Patrice devrait se sentir seulement comme un invité 1 fois par semaine…, sans dormir chez moi puisqu’il ne veut pas donner tout de suite 1 an même 6 mois de de garantie sur mon compte ! Même si il est bête, il doit sentir quelque part qu’il n’est plus aussi le bienvenu qu’avant…, donc il se méfie, il est fort sur ses gardes et recule ma première idée que j’ai raconté à mamy, comme quoi il devait me sécuriser de ce côté -là. En attendant, il est prêt à donner les deux mois de garantie, d’acheter un séchoir à condensation, d’acheter une table et 6 chaises, une télé, un surgélateur et quelques autres achats, nouvel aquarium et vaisselles, ainsi que de m’habiller… En augmentant la pension alimentaire, tu participes à notre bien-être et je peux envoyer Patrice au diable comme a bien dit ma mère, tu sais bien que je sens certaines choses et que je ne suis pas insensible aux signes du destin. Je ne crois pas au Hazard, je te l’ai déjà dit… Réponds-moi au plus vite…ou dis-moi si j’ai oublié des choses, puisque je suis en quelque sorte euphorique et très enthousiaste. Je ne pense même plus à une soi-disant vie à la côte d’Azur, même si elle me serait offerte sur un plateau”…
Lire ça, un an après que tu avais envoyé cet émail à André, le père-géniteur de ton fiston… et te voir furibonde de mon questionnement, jusqu’à donner un coup de pied dans mon Jukebox…, ce fut un choc !
J’avais imaginé et créé, une vie de tranquillité dont je tirais bonheur…, asservi à rien, nul besoin là de s’en remettre à des philosophes et à des exégètes pour trouver des réponses aux divers “pourquoi” de notre civilisation mal agencée…, j’avais donc cru que le bonheur était une finalité…, la réalité était autre, sordide !
En fait, quoique nos premières années furent euphoriques, les dernières n’étaient qu’illusions, j’aidais à payer tes affaires familiales qui m’étaient pourtant étrangères, et…, la matérialité financière qui t’animait a fait éclater la bulle…, me démontrant te concernant, qu’il est vain de croire qu’une complicité factice puisse perdurer…
Hélas, la vie n’est qu’un ensemble de passages secrets qu’on découvre au hasard, parfois…, puis qui s’écroulent…, encore heureux qu’on n’y reste pas écrasé…, de toute façon rien ne dure à jamais…
Mais le paradis est toujours là, merci grand-père, papa, notaire…, pourtant tu avais l’œil âpre…, il va toutefois y manquer quelques anges… pour un temps…
Le drame que je dois surmonter n’est pas ou plus là, seul l’humain construit sa tombe…, il se trouve qu’il me touche via mon petit amour “chienne” : Cocker Gypsie…, qui n’en peut des sottises humaines mais les subit avec de l’inquiétude et de la désespérance dans les yeux… une situation absurde qu’aucun jugement de Salomon ne peut humainement résoudre…
Comme il ne lui manque que la parole mais que le destin nous liant fait que nous nous comprenons en tout, nous vivons un drame… et c’est plus qu’un immense chagrin d’avoir du te l’abandonner parce que par amour (encore) je l’avais mise à ton nom…
Moi, vois-tu, j’aimais quand tu souriais, quand tu riais, quand Bibi tournait autour de toi en ronds d’amour infinis, quand P’tit blanc tapait de la patte, quand tu prenais un café près de leur clapier, qu’ils venaient renifler ton odeur d’amour, que Bibi dormait sur le dos dans son foin odorant… et que Gypsie, un peu jalouse venait chiper leurs croquettes…
J’aimais aussi le calme, l’appartement clean, l’atmosphère d’amour… et les moments de quiétude en terrasse…
Maintenant, Paty, Amour, Lorenza-Dolce, je ne te reconnais plus, ni dans tes attitudes, ni dans tes écrits, ni dans ce que tu me dis (de plus en plus rarement), tu en viens a euphoriser sur un drame, à délirer sur des riens…
De voir tout chambouler en caricature d’un amphithéâtre de cours d’univ’, avec des cadavres de bouteilles de bière et des poubelles éventrées emplissant la buanderie, la cuisine sale et les lapins morts, jetés dans un sac plastique dans une poubelle, quelque part, sans respect de l’amour qu’ils te portaient en remerciement de leur belle vie de lapins…, ça me donne encore, alors que j’écris ceci et que plusieurs mois se sont passés depuis…, les larmes aux yeux, un vide au cœur, du chagrin, de la tristesse, un vide abyssal…
Un fait, un seul, au choix ou au hasard, ça peut être un accident de ton fiston…, sans doute…, mais l’ensemble, c’est une nonchalance, un je-m’en-foutisme, un égoïsme, un non respect des autres…
Tu es obligée de pardonner, parce que c’est ta chair, ton sang, ton fils…, moi pas, je ne suis pas même le père de substitution, juste une sorte de “beauf-père” qu’on moque, même quand c’est lui qui nourrit et donne des cadeaux, de toute façon à ses yeux sans valeur, qu’il perd donc, jette ou vend pour quelques bières…
De plus…, en plus…, il y a cet émail adressé au géniteur de fiston…, machiavélique affaire !
Voilà, voilou…, à suivre, ou pas (en écriture) ?
Tout est dit, écrit aussi…
Tout est dans LOLO…, à croire que le scénariste s’est inspiré de notre histoire de “famille en recomposition”, qui devient une “famille décomposée”..., même la vedette ; “Lolo” semble un clone du fiston !
Lolo, de et avec Julie Delpy, avec aussi Dany Boon, Vincent Lacoste, Karin Viard : Sortie: octobre 2015
Synopsis :
Julie Delpy joue une directrice de mode parisienne, mère célibataire, anxieuse, toquée de son fils Lolo au-delà du raisonnable, qui s’éprend de Jean-René (Dany Boon), un modeste informaticien fraîchement divorcé, informaticien un peu plouc lors d’une thalasso à Biarritz, où une amie agacée, campée par Karin Viard, l’a traînée.
Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo (Vincent Lacoste), le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.
L’idylle se poursuivant à Paris, le fiston en prend ombrage…, entre lui et le péquenaud, c’est Diên Biên Phu avec du polonium, Azincourt avec du poil à gratter, Pearl Harbor avec des cocktails analgésiques à assommer un âne…, raison pour laquelle Vincent Lacoste est nu sous son slip et Dany Boon trimballe un parapluie…, il y a une explication à ce méchant caleçon, mais c’est classé secret défense…, autant demander le code nucléaire à Poutine, en ukrainien.
Bref, l’un cavale, l’autre frappe… et vice et Versailles…, le producteur Michaël Gentile est heureux: “C’est du Blake Edwards !”.
Les duettistes sont sur les jantes, un “pneu” crevé(s)…, autour d’eux, un salon cuisine américaine bobo, mobilier sixties, tableaux criards…, autour de l’auteur, le studio 1…, eEncore plus autour, la Cité du cinéma, à Saint-Denis, dominos de béton aussi riants qu’une bretelle d’autoroute à Melun…, avantage: c’est grand…, désavantage: c’est grand.
Le temps de rallier à pied la loge de Dany cool pour une causette avant sa pause sieste, on a changé de fuseau horaire et envisagé de se mettre au mandarin…, la thématique des enfants rois est au centre de LOLO…
Au bout d’un immense corridor, la loge, enfin…, une suite de palace, plutôt…, chambre, coin cuisine, mini-salon, terrasse géante avec vue sur… des studios…, pour avoir vue sur la mer, il faudrait une terrasse d’à peu près 400 km…, la maison est conciliante, mais a ses limites.
La parole est à Papy boom : “L’univers de Julie me plaît, j’aime sa liberté, sa manière d’imposer sa vision dans des films aussi différents que La comtesse ou Le Skylab. Le script de Lolo m’a séduit parce que c’est une comédie ancrée dans la réalité, sur l’enfant-roi et la difficulté pour une femme de refaire sa vie à 45 ans”.
Il regarde le crachin par la baie vitrée…, oui, il y a aussi une baie vitrée…, pour broyer le gris du ciel en Scope, et choyer un nervous breakdown de derrière les fagots…, de la roupette de Samsonite pour un Ch’ti.
Il sourit et poursuit : “L’enfant est devenu non seulement une personne mais on l’a laissé grandir sans lui donner de limite. Punir les enfants équivaudrait à les traumatiser à vie, donc on ne les punit plus et ils en profitent pour devenir pires encore. On en voit beaucoup de ces enfants-rois qui ne disent ni “Bonjour” ni “S’il te plaît” ni “Merci”, qui sont incapables d’aider leurs parents aux taches ménagères, qui prétendent devoir étudier pour s’enfermer dans leur chambre ou ils se masturbent devant des films porno internet quand ils ne jouent pas à des jeux vidéos débilitants, et je trouve ça choquant. Ces enfant-rois devenus ados ou jeunes adultes aujourd’hui se sentent perdus et deviennent dangereux pour eux-mêmes et la société. J’ai été élevé par des parents plutôt autoritaires et je le suis avec mes enfants. Un enfant peut être épanoui et créatif tout en sachant dire “Merci” et “S’il vous plaît”. Il a besoin d’un cadre. Lolo, enfant roi n’a aucun cadre, aucune règle, laissé à lui-même par sa mère divorcée et son père absent chronique sauf à Noël pour apporter des cadeaux désuets. Lolo est un Tanguy inquiétant, insupportable, mais aussi malsain, prétentieux, antipathique, très pervers qui rabaisse sans cesse les autres en leur faisant croire qu’il est un génie”.
Le long couloir aux portes frappées de grandes étoiles dorées est désert…, le bâtiment est vide…, manque plus qu’un gosse pédalant sur son tricycle et Jack Nicholson avec une hache.
Surtout prendre l’escalier…, pas l’ascenseur…, vite, retrouver le chemin du plateau dans le labyrinthe d’allées et de studios…, une voix féminine : “J’ai perdu ma virginité sur un cheval”.
Pas de doute, c’est bien là… Julie papote équitation avec son équipe dans le canapé du salon…, ambiance Friends…, le producteur, un grand brun aux chaussures noires, est hilare…, il en a entendu d’autres sur le tournage du Skylab.
À son tour de passer à la question…, le budget ? “8 millions d’euros, pour neuf semaines de prises de vues entre Biarritz, Paris, la Cité du cinéma et Londres”. L’ambition ? “Réaliser une comédie élégante, sophistiquée, comme Blake Edwards, Howard Hawks ou Billy Wilder en leur temps. On veut aller vers l’excellence, donc on a pris l’un des meilleurs directeurs de la photo français, Thierry Arbogast, pour éclairer le film”.
Trois fois césarisé, le maître des lumières a plus de cinquante films au compteur, parmi lesquels Le hussard sur le toit, She’s so Lovely, L’arnacoeur et tous les Besson depuis Nikita…, c’est un cador à bouille ronde sous une calotte de crins blancs, pas ramenard pour autant.
Pour l’instant, il examine son œuvre : Lolo-le-machiavélique affalé sur une chaise, souffreteux, filmé comme une Pietà dans un superbe clair-obscur à la Rembrandt…, décalage comique assuré.
“Ça va, chaton?”, demande Julie à Vincent…, chaton va très bien…, il peut : “Julie m’a dit très tôt qu’elle écrivait le rôle de Lolo pour moi. Elle voulait qu’on retravaille ensemble après Le Skylab. Avant un tournage, j’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur, après ça s’arrange. Je suis en confiance avec Julie. Elle fait beaucoup de prises et essaie des choses, elle est stressée, mais agréable et très drôle, jamais anxiogène”.
La preuve avec une scène improvisée…, des flics interrogent la mère éplorée pendant que les pompiers rafistolent le fiston oeil-au-beurrisé…, dialogues sans filet, expérimentations diverses…, rires étouffés des techniciens…, la miss est ravie : “J’adore improviser. Mon premier film, Looking for Jimmy, l’était entièrement. Pour moi, le dialogue est important. Quand c’est trop écrit, ça sonne faux. J’essaie toujours d’imaginer le vrai parler des gens pour que ce soit naturel”.
Elle se dit hyperactive, moins angoissée qu’avant, aussi sombre que marrante, dénuée d’ego et à l’écoute des autres : “Si quelqu’un a une meilleure idée que moi, je prends”.
Elle est vive et douce, loquace mais claquée…, heureusement, la journée est terminée.
Daddy Boon part retrouver ses minots…, Julie, son petit, un enfant-roi, tellement chéri qu’il est devenu un sujet de film…