Ma nuit chez Trump…
Je suis au cœur d’une des multiples “Trump Tower” (une vingtaine) que Donald Trump possède dans le monde…, celle-ci est la plus emblématique, c’est la tour dorée portant le nom du 45ième président des USA et qui est sans aucun doute le plus controversé de l’histoire du pays en attendant plus ou moins…
On a beau dire, beau faire…, on a beau penser pour ou contre, pour et contre, faire le beau, la belle et “gagatiser” en TV aux cotés de pédants, de beaufs ou même de notre président franchouille qui se veux moraliste…, on est largué !
Suffit de lire, de voir dans quoi il vit, quoiqu’il est, ses building, maisons, appart’s, super-jets, hélicoptères, yachts…, sa vie, ses femmes, tout…, on est largué…
Du coup, quand on se rend compte “après-coup” que cet homme…, a osé venir dire aux beaufs qu’ils l’étaient, qu’ils s’étaient faits entuber par les merdias, par les journaleux, par les politicards pourris d’un système pire que le III ième Reich nazi…, les yeux dans les yeux… partout, dans chaque état des USA…, on se dit : Waouwww, quel mec !
Il a osé dire qu’Hillary Klingon n’était qu’une pute qui méritait de finir en prison pour ses compromissions, pots-de-vin, dessous de table, magouilles…, pour avoir contribué à la déglingue américaine et générale, pour avoir financé Daesh…, là, waouwwww…, fier, sans crainte…, et on se dit : Waouwww, quel mec !
Il a même réussi alors que le matin même de l’élection américaine on le donnait perdant et qu’on disait qu’il n’était qu’un clown…, waouwwww…. à faire un doigt d’honneur au monde entier, du moins à “ceusses” qui n’avaient pas cru en lui…, quelques heures plus tard il était élu 45ième président des USA !!!
Et on dit : Waouwww, quel mec !
Faut voir ce que continuent à en dire nos putes politicardes, certain(e)s ayant été condamné(e)s en justice, mis(es) en examen…, ils/elles pérorent, ils/elles s’auto-sanctifient, ils/elles persistent à croire qu’ils/elles représentent l’idéal, la classe, la vérité, ils et elles retournent leurs vestes, jupes et pantalons, disent et font le contraire de la veille… et donnent des cours de morale…, leur morale…
Largué(e)s toutes et tous, Hollande en tête, qui suivent les directives des vieux caciques cacochymes du “Grand-ordre-mondial”, faisant des guerres pour obéir aux directives, ruinant chaque jour leur “peuple”, ces gens de la plèbe traités de “sans dents”, juste bons à chairs à canons et à payer des taxes et impôts…
Tellement certain, Hollande… que le grand chef qui ne satisfait plus que Julie Gayet et 5% des “sans dents”… a félicité Hillary Klingon pour sa victoire, avant d’aller dormir…, lui qui a refusé de dialoguer avec Vladimir Poutine après avoir tenté d’escroquer la Russie, qui insulte le nouveau président des USA… et de s’étonner qu’il n’y a plus personne aux numéros qu’il fait composer…
Pitoyable…
La “Trump Tower” de New York, située sur la 5ième Avenue, a été construite en 1983 par Donald Trump, d’où il tire son nom… et conçu par l’architecte Der Scutt…, avec ses 58 étages occupés par des boutiques prestigieuses, des bureaux et des résidences de luxe, la Trump Tower est l’endroit idéal pour découvrir la vie à New York.
Les appartements sont équipés d’une technologie remise continuellement à jour qui permet à chaque propriétaire de contrôler tout l’éclairage et la température de son bien, grâce à un panneau tactile.
En plus d’être entouré de boutiques de haute couture, la tour abrite un hôtel de luxe et un grand nombre de bar et magasins, y compris Tiffany au rez de chaussée…, il y a aussi deux restaurants célèbres : Jean Georges et Nougatine, qui servent une cuisine raffinée…, équipé des meilleures installations, le bâtiment dispose également d’un des plus prestigieux SPA…
Dans le hall, on peut acheter d’innombrables articles à la gloire du 45ième président des USA, milliardaire, magnat de l’immobilier, vedette TV… et j’en passe : boutons de manchette, cravates et pinces à cravate, tenues de soirée, trench-coats, casquettes de golf, couvre-clubs, vêtements pour bébé (sans rire) et livres pour apprendre à réussir à la manière de Trump (j’ai été tenté)…
Mais on peut préférer les objets “politiques” : des casquettes de baseball “Redonnons sa grandeur à l’Amérique”,déclinées en plusieurs tissus et couleurs, des livres de campagne sur la faillite de l’Amérique, des bonnets de ski, des tee-shirts, des sweatshirts, des affiches, des porte-clés, des bracelets…
“Success” de Trump, est quasi un “cadeau-politique” à offrir, c’est une eau de toilette en vente dans le hall marbré de la Trump Tower, j’ai ouvert son emballage bleu marine très viril et je l’ai essayé : une odeur de bois, de propreté… de réussite…, Ronald Reagan avait-il son propre parfum ?
Non…, preuve que la révolution Trump, selon ses propres dires, est plus solide, plus rentable…, le président russe, Vladimir Poutine, semble du même avis, lui qui a “inspiré” sa propre fragrance : “Leaders Number One”…, allez donc à Moscou si vous voulez tester.
Tout en examinant un flacon de “Success”, je n’ai pu m’empêcher de trouver le nom bien choisi, même si Trump, très pris par sa campagne, a perdu 203 places dans le classement Forbes 2015 des personnes les plus riches de la planète, avec une fortune nette estimée à seulement 4,5 milliards de dollars, il a fini 324e.
Le gratte-ciel en verre de Donald Trump a été achevé en 1984, l’année de la réélection triomphale de Ronald Reagan, c’est aussi l’apogée de l’époque dépeinte dans Wall Street, ce film où Gordon Gekko prononce la célèbre devise: “La soif d’argent est une bonne chose”…
Si le bâtiment est un symbole de l’ère Reagan, Donald est à Ronald ce que l’alu doré est à un lingot d’or dans un coffre de Fort Knox…, il a été dernièrement à la fois le bastion de cette campagne inédite et son emblème, c’est une des clés qui permettent de comprendre ce qu’il représente aux Etats-Unis pour les Américains : son Casterly Rock.
C’est aussi l’endroit le plus important pour le Parti républicain en ce moment, sinon pour toute la politique du pays, en attente qu’il prenne possession de la Maison Blanche, qu’il rebaptisera sûrement “Trump White House”…, je connais des gens qui y vivent et y travaillent, son histoire et son contexte, après ma visite, j’en ai presque tout vu…
Trump a obtenu la permission d’ajouter 20 étages très rentables à ses plans en s’engageant à faire du hall un lieu public ouvert et attractif…, il est en effet ouvert aux visiteurs la majeure partie de la journée, mais peu accueillant pour ceux qui ne font pas partie de la clientèle…, les endroits où l’on peut s’asseoir sont peu nombreux, contrairement aux agents de sécurité, dont la tenue de civil ne trompe personne…, l’unique banc public a été enlevé.
Si vous voulez vraiment un siège confortable, vous pouvez vous payer un verre au Trump Bar où, d’après l’un des serveurs, Donald en personne se fait souvent interviewer…, bijoux et accessoires de mode d’Ivanka Trump, ainsi qu’une photo où l’héritière arbore sa blondeur impeccable et son look le plus jet set, se trouvent dans des somptueuses armoires vitrées qui semblent en or et cristal, invitant à “s’approvisionner” à la boutique “ad-hoc”...
Le bar de l’atrium affiche, derrière sa rangée de whiskys, un poster “Make America Great Again” (Redonnons sa grandeur à l’Amérique)…, dans l’autre bar, c’est une peinture à l’huile du père de Donald, Fred Trump, promoteur immobilier.
– “T’as l’air d’être un mec de presse. T’as la tête de quelqu’un que je me souviens d’avoir croisé à Daytona Beach il y a quelques putains d’années et qui était copain avec Tom McMullen qui éditait des putains de magazines de Hot-Rods, j’étais fan, j’aimais sa femme Diana, ils sont décédés dans un accident de putain d’avion”… me dit un homme avec un regard inquisiteur.
Il porte un t-shirt à l’effigie de Donald Trump sur lequel il a rajouté un pin’s géant à la gloire de son héros…, au-dessus, je remarque un autre petit pin’s avec la tête de Martin Luther King…, malgré la tenue la plus neutre que j’ai pu assembler ce matin, et plus de 35 ans après que Tom et Diana sont décédés alors que je me fournissais en reportages parus dans “Street Rodders” que Tom me revendait, je ne sais pas comment mais ce type a compris qui j’étais.
– “35 ans ont passé, mec”…, que je lui sort, ce à quoi il me scie en rétorquant qu’il m’a retrouvé en 2006 avec www.GatsbyOnline.com…
– “Merci”…
Joe, le type au t-shirt Trump se calme…, je lui explique que je suis là en touriste…
– “Oooh…, au moins, tu as la tête de quelqu’un qui soutient Trump”…, me balance-t-il…
La “Trump Tower” est faite de marbre et de laiton…, les indications sont en lettres cursives et les rideaux en velours rouge…, il y a des vigiles en costard à l’entrée…, il est 19 heures et il faut dire que le lobby est manifestement vide, tout comme le “Trump’s Ice-Cream Parlor” (où un garde sécuritaire est plongé sur son smartphone), le “Trump Grill”, le “Trump Store” et le “Trump Café”….
Toutes les tentatives pour en mettre plein la vue sont un échec quand on entre dans le “Trump Bar”…, pour y arriver, il suffit de tourner à droite après des escalators has-been en dépassant toute la gamme des vêtements estampillés “MAKE AMERICA GREAT AGAIN”, de la barboteuse pour bambin aux casquettes de baseball.
À côté du bar, étrangement petit, on trouve deux grands écrans télé qui rediffusent l’interview de Trump au O’Reilly Factor…, on pourrait croire que “because Mister Trump-Président of USA”, le Trump Bar serait plein à craquer de militants, mais au lieu de ça, le bar est à moitié abandonné…, on dirait le bar pseudo-lounge d’un terminal d’aéroport de seconde zone, à quatre heures du matin.
À part moi, il y a Joe, qui m’annonce qu’il a démissionné de son job à Washington DC pour venir à New York et transmettre la bonne parole de Trump…, il y a aussi Steve, un type plus jeune qui ressemble à une version un peu caille de Christian Slater.
Dans un coin, un gars en chaussettes Burlington qui s’inspire visiblement de Trump niveau capillaire est en train de boire une bouteille de vin à lui tout seul…, dans des fauteuils en cuir, un couple chelou passe un rendez-vous somme toute assez banal si la scène ne ressemblait à pas au prélude lubrique typique des films soft-porn des années quatre-
Enfin, à quelques tables plus loin, un type assez âgé en costume cravate passe son temps à me regarder, les sourcils froncés…, je parie que c’est un espion à la botte de Trump, chargé de garder un œil sur les gens comme moi, venus au “Trump Bar” dans le seul espoir d’entrevoir de l’intérieur ce qu’ils imaginent être le culte des militants pro-Trump…
Même si ce type en costard m’intrigue les jetons,je m’empresse de le signaler à Joe que je n’ai jamais pensé que ce bar éponyme serait un lieu ouvert aux débats politiques éclairés…, mais si ça avait été le cas, je me serais sans doute senti mieux au milieu de ce débat idéologique sans fin qui déchire l’Amérique en deux camps opposés.
Trois minutes après avoir abandonné tout soupçon quant à mon appartenance à une secte amorale et toute-puissante des merdias-politiquement-correct, Joe opinant du bonnet pour affirmer que www.GatsbyOnline.com est un “putain de site-web foutrement totalement politiquement incorrest”, me file une brochure…, il s’agit d’un flyer résumant toutes ses pensées sur toutes les figures politiques du moment, sur l’organisation gouvernementale et sur la religion dans le monde…, des heures entières de flux de conscience couchées sur une page 21×29,7 dans une police minuscule !
Pourquoi il n’a pas fait un recto-verso avec une police lisible, ça, je ne sais pas…
Voilà la première phrase de son essai :
“DONALD TRUMP ET LE DR BEN CARSON EN 2016 VONT GAGNER CONTRE L’ESPRIT ANTÉCHRIST D’OBAMA ET CONTRE HILLARY CLINTON QUI N’EST AUTRE QUE JÉZEBEL LA SORCIÈRE VENDUE AUX ILLUMINATI”…, et ça ne fait qu’empirer.
– “Ne me remercie pas”…, s’emballe Joe.
À cette lecture, je décide que j’ai besoin d’alcool…, de beaucoup d’alcool… et tout de suite.., la serveuse est une jeune femme charmante, avec une jolie frange, un signe qui ne trompe pas sur son appartenance au camp démoniaque et qui fait d’elle une possible progressiste…
Je commande un “You’re Fired”, (T’es Viré)…, c’est un bloody mary fait maison avec de la vodka Absolut et du céleri…, quelques minutes plus tard je commande un “Billionaire Martini” (Martini du Milliardaire)…, de la Vodka Chopin Premium, Dry Vermouth Noilly Prat, olives Castelvetrano, petit oignon et cornichon.., hips !…
Il y a juste un petit problème, le bar n’a plus de pickles…, la serveuse à jolie frange parle des cornichons… et ils sont aussi en rade de petits oignons… et du Vermouth nécessaires pour faire le cocktail… et la serveuse ne sait pas s’il reste de la vodka Chopin…
– “Est-ce qu’une autre marque irait” ?
– “Bien sûr”.
Je reçois donc un verre de martini avec une vodka de base, pas de vermouth et trois olives qui n’ont rien de Castelvetrano…, ce sont les petites olives au piment qu’on trouve vendues en bidons au supermarché…, du coup, c’est vraiment le pire martini de toute ma vie.
Un “Martini du Milliardaire”, sans cornichon, sans olives de Castelvetrano et sans vermouth, la honte, Mr Trump, la honte !…
Et bien qu’on puisse lire sur le site internet que l’endroit sert à manger jusque 22 heures, impossible de me faire servir quoi que ce soit…, tant pis pour les crevettes et les wings de poulet que je voulais m’envoyer.
Mais la serveuse semble tellement gentille comparée au type qui zone à deux tabourets de moi que je ne fais pas de scandale.
– “OK, pas de souci”…
Dans les brumes naissantes d’alcool…, j’entends Joe me dire quelque chose…, alors que mon grand verre de vodka diluée dans du jus d’olive atterrit dans mon estomac, je n’ai pas l’impression d’être milliardaire…, j’ai juste l’impression que je vais devoir payer vingt dollars pour un verre de vodka diluée et agrémentée de quelques olives de supermarché…
Si j’avais fait construire une tour à mon nom en l’honneur de ma (prétendue) richesse, si cette tour comportait un bar…, si ce bar était ouvert à tous et toutes… et si l’un des cocktails proposés par ce bar se devait de représenter mon opulence…, j’essayerais au moins de faire en sorte que ce cocktail soit toujours bien réalisé…, ou tout du moins, faire en sorte qu’aucun ingrédient ne manque.
Mais bon, Donald Trump a aussi lancé sa propre marque de steaks qui a fait faillite alors qu’elle était censée fournir “les meilleurs steaks du monde”….
Je suppose qu’il se fiche pas mal du goût de son “Martini du Milliardaire”…, pas besoin de s’embêter à trouver tous les ingrédients bien bling-bling du cocktail tant qu’il figure sur le menu…, pendant qu’on “écluse” lui il dors dans un lit en or massif et n’en a rien à f….
Alors que je sirote ma triste boisson.., j’entends Joe me dire que Khizr Khan, le père de Humayun Khan (un soldat américain musulman mort au combat), est l’un des leaders des Frères Musulmans…, que le père cherche à endoctriner totalement le peuple américain… et que la mère défend les mutilations génitales féminines…
– “Ouais, mec ; elle voudrait les faire appliquer dans tous les États-Unis… putain… et par ailleurs, Hillary, est très amie avec les Khan… et ça, tout le monde qui a déjà travaillé pour elle le dira : si on cherche à croiser son regard ou à lui parler…, la vérité…., elle va vous dire, je cite exactement…, elle vous balancera que c’est vrai de vrai…, c’est une pute dégénérée”…
– “Je ne suis pas sûr que ce soit vrai, Joe…, mais je reste calme…, ça ne vaut pas la peine”….
Le cocktail “T’es Viré” qui ressemble à un gazpacho à côté de ses pompes, me saoule totalement…, mais, en entendant Joe, je n’arrive pas à retenir mon rire…, je m’imagine la fatigue que ça doit être de balancer une réplique ultra-agressive à tous ceux qui croisent mon regard ou essayent de me parler au quotidien…, alors j’imagine la galère pour Hillary Klingon qui rencontre des milliers de gens chaque jour, pas pareil pour Donald Trump qui s’en f…, comme moi….
– “Eh bin Joe. C’est vrai ? Elle dit vraiment ça ?”…
– “Absolument. Tous ceux qui ont travaillé avec elle peuvent témoigner”…
Joe se penche vers moi et ajoute :
– Ce bloody mary est dégueulasse. On dirait qu’on y a ajouté une louche de raifort et la texture ressemble à celle des fibres d’un tapis mouillé”…, murmure-t-il.
Durant les quarante minutes qui suivent cette remarque, Joe m’explique plusieurs choses…., d’abord, qu’il a discuté sur Facebook avec David Duke, un “politicien” militant pour le nationalisme blanc et ancien responsable important du Ku Klux Klan…, ensuite, que Dieu lui a parlé directement le 11 septembre 2014 pour lui assurer que Donald Trump arracherait le pouvoir aux mains de Hillary Klingon et du Président Obama…, Dieu ajoutant que la boîte mail privée de Hillary Klingon lui a servi pour vendre elle-même des armes militaires américaines aux terroristes…
– “Obama est l’antéchrist, il adore plus que tout Alex Jones, un animateur de radio connu pour colporter des théories du complot”…
– “T’es certain,”…
– Assurément, Dieu me l’a dit”…
– “Waouwwww !”…
– “Putain, mec, c’est vrai”…
Un hirsute prénommé Steve, une Budweiser visée à sa main, déboule aussi dans la conversation pour soutenir certains points précis…
– “Joe a raison à propos du Black Lives Matter. Mon père était juif et j’ai des amis noirs qui disent que c’est vrai… Ouais, c’est vrai, Hillary Clinton est vraiment, genre, super pote avec les chefs de l’EI. C’est avéré. Elle veut faire appliquer dès maintenant la sharia partout aux Etats-Unis”…
J’ai fini le martini et j’ai mal à la tête…, derrière le bar, un comptoir porte différentes bouteilles de vin Trump…, je commande un verre de “Trump rosé pétillant” à 18 dollars.
Franchement pas mal…, il se laisse boire.
Histoire de changer de disque et d’oublier les radotages absurdes de Joe et Steve, je demande à la serveuse si la clientèle a changé depuis le début des érections…
– “Ce n’est pas beaucoup plus fréquenté”…, dit-elle en haussant les épaules : “Les gens qui viennent veulent surtout parler politique pas de leurs érections”…
– Et ? Vous êtes d’accord avec ce qu’ils disent ?”…
– “Je garde mes opinions politiques pour moi”, sourit-elle : “Ça fait dix ans que je bosse ici. Donc oui, les choses ont changé. Au fait, on va bientôt fermer”…
– “Le rosé pétillant Trump passe plutôt bien…, pourtant, le site internet dit que le bar ferme à 22 heures, ça n’a peut-être aucun rapport… mais la personne à qui j’ai parlé au téléphone hier me l’a confirmé. Il n’est que 20 h 45″…
La serveuse hausse les épaules…, alors, dans une tentative désespérée pour me saouler au plus vite avant de partir, je commande un verre du “Trump blanc de blancs” et un “The Boardroom”, un cocktail qui devrait contenir du Dewar douze ans d’âge, du Carpano Antica, de l’Angostura bitters et des cerises au brandy.
Quand le verre arrive, je remarque que les cerises sont en fait du marasquin…, mais globalement c’est assez bon, si on aime les Mon Chéri.
Je demande à voir la bouteille de whisky qui a servi à composer le cocktail…., la serveuse à jolie frange me montre une bouteille d’un pitorro portoricain, un rhum de contrebande.
– “J’avoue ne pas trop comprendre”…
– “Y a rien à comprendre, faut juste payer, c’est l’Amérique”…
– “Pourquoi les géants de la malbouffe et du malboire ont-ils décidé de snober Donald Trump”… que je rétorque : “On dirait que le type à la tête de cet empire n’a plus rien à se mettre, au sens propre comme au figuré”…
Je lui demande si je peux prendre la photo d’un magnum de vin pétillant Trump plein de poussière qui se tient dans un seau terne de l’autre côté du bar…
– “Pas de problème”… m’autorise la serveuse.
À la télé, quelqu’un rappelle qu’Hillary Klingon a un jour remarqué que beaucoup de militants pro-Trump sont déplorables….
– “Oui, oui, on est tous déplorables”… répond Steve à l’écran TV…
C’est la fin…, c’est sûr…, je me sens bien déplorable à présent…, la serveuse éteint les lumières et me tend l’addition…, bien salée.
Je demande à Joe s’il connaît un endroit pas trop loin où nous pourrions manger un bout…
– “Eh ! Et bien, ça dépend de tes opinions politiques, mais si ça ne te dérange pas de soutenir indirectement le terrorisme, alors il y a un stand halal super bon entre la 53e et la 6e…
– “Vive l’Amérique, vive Trump”… que j’ai répondu…
Après, je ne me souviens plus de rien…
Au petit matin de ce vendredi 11 novembre, vers 11h…, c’est Blacky qui a eu raison de mon sommeil et réussissant à m’en sortir à grands coups de sa langue sur mon visage…, j’étais chez moi, plein sud…, en franchouille, face au Golf de St-Trop’…, j’avais sans doute rêvé…
Sauf que… c’étaient quoi que comment qu’il y avait ces photos du bar Trump et des cocktails dans mon Samsung S7 ?
Et comment que l’addition est-elle arrivée dans une de mes poches ?
Putain !
Et ça vient d’où toutes les photos de l’appart de Trump ?