D’abord, il y a cette odeur fondamentale, identique à celle ou se déroulent tous les conflits au Moyen-Orient, celle du pétrole et du gaz, elle enveloppe notamment, la première favorite de l’Occident : Ioulia Timochenko… et tout ce qui l’entoure, avec assassinats à la clé !Ensuite, vient la technique des coups d’Etat “spontanés”, en réalité soigneusement préparés par la CIA et ses paravents, tout est calculé, préparé, planifié…
Enfin, pour parachever, est mis en place la corruption absolue des partis “pro-européens”… et, de pair, les responsabilités importantes sont confiées par l’Ouest à des fascistes avérés, des néo-nazis ouvertement affichés, dont la brutalité nie toutes les libertés démocratiques et qui ont reçu tous les armements et techniques nécessaires.
Tout est en place, pour la suite ne seront que des communiqués de presse destinés à tromper le monde afin d’avaliser les pires “résolutions” que diffuseront les merdias “aux ordres”, avec les habituels sur-commentaires haineux de journaleux lobotomisés “à la cause”, les mêmes qui hurlent à l’antisémitisme, au racisme, aux droits des peuples, aux périls de l’extrême gauche et de l’extrême droite, refusant de voir le moindre néo-nazi derrière cette prétendue “révolution”… On ne peut comprendre ce type de conflit qu’en analysant les objectifs économiques et stratégiques poursuivis depuis vingt ans par les USA et l’UE, rien à voir avec la démocratie, tout à voir avec la domination du monde.
1991 L’Ukraine se sépare de l’URSS.
1991-1994 Leonid Kravtchouk (ancien dirigeant de l’ère soviétique) est le 1er président de l’Ukraine.
1991 Ioulia Timochenko crée la “Compagnie du pétrole ukrainien”.
1992-1993 Leonid Koutchma (pro-russe) est Premier ministre sous la présidence Kravtchouk. Il démissionnera en 1993 pour se présenter aux élections présidentielles de l’année suivante.
1994-1999 Leonid Koutchma est le 2e président de l’Ukraine.
1995 Ioulia Timochenko réorganise sa société pour fonder, avec l’aide de Pavlo Lazarenko, la compagnie de distribution d’hydrocarbures “Systèmes énergétiques unis d’Ukraine” (SEUU).
1995 Pavlo Lazarenko est nommé vice-Premier ministre chargé de l’énergie.
1996 La SEUU fait 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et rapporte 4 milliards de profits.
1996-1997 Pavlo Lazarenko est Premier ministre sous la présidence Koutchma.
1997 Pavlo Lazarenko est congédié par le président Koutchma.
1998 Lazarenko est arrêté par la police suisse à la frontière franco-helvétique et accusé par les autorités de Berne de blanchiment d’argent.
1999 Lazarenko est arrêté à l’aéroport JFK de New-York. Il est condamné en 2004 pour blanchiment d’argent (114 milliards de dollars), corruption et fraude.
1999-2005 Leonid Koutchma est président de l’Ukraine après sa réélection.
1999-2001 Viktor Iouchtchenko est Premier ministre sous la présidence Koutchma et Ioulia Timochenko est vice-Premier ministre chargée de l’énergie (poste qui a été déjà occupé par Lazarenko).
2001 Ioulia Timochenko est congédiée par le président Koutchma en janvier 2001. Elle est accusée de « contrebande et de falsification de documents », pour avoir frauduleusement importé du gaz russe en 1996, lorsqu’elle était présidente de SEUU. Timochenko est arrêtée et fera 41 jours de prison. La justice se penche sur son activité dans le secteur de l’énergie durant les années 1990 et sur ses liens avec Lazarenko.
2002-2005 Dauphin de Koutchma, Viktor Ianoukovytch (pro-russe) est Premier ministre sous sa présidence.
2004 L’élection présidentielle oppose le Premier ministre en poste Viktor Ianoukovytch et l’ancien Premier ministre et leader de l’opposition Viktor Iouchtchenko (pro-occident). Le 2e tour est remporté par Ianoukovytch (49,46 contre 46,61) %. Le résultat est contesté car, selon l’opposition, les élections sont entachées de fraude. Révolution orange : Mouvement de protestation populaire pro-occidental largement soutenu par les organismes occidentaux d’ exportation de la démocratie, en particulier américains. Ioulia Timochenko est considérée comme l’égérie de ce mouvement. Principal résultat de cette révolution : annulation du second tour des présidentielles. Un troisième tour des élections présidentielles est organisé : Iouchtchenko est élu (51,99 contre 44,19%)
2005-2010 Viktor Iouchtchenko est le 3e président de l’Ukraine.
2005 (7 mois) Ioulia Timochenko est Premier ministre sous la présidence Iouchtchenko
2006-2007 Viktor Ianoukovytch est Premier ministre sous la présidence Iouchtchenko.
2007-2010 Ioulia Timochenko est une seconde fois Premier ministre sous la présidence Iouchtchenko.
2010 Élections présidentielles. Résultats du premier tour : 1er – Ianoukovytch (35,32%) ; 2e – Timochenko (25,05%) et 5e -Iouchtchenko (5,45%). Second tour : Ianoukovytch bat Timochenko (48,95% contre 45,47%).
2010-2014 Viktor Ianoukovytch est le 4e président de l’Ukraine.
2011 Ioulia Timochenko est condamnée à sept ans d’emprisonnement pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés entre l’Ukraine et la Russie en 2009.
Le mouvement de contestation (baptisé Euromaïdan), est intéressant à plusieurs égards…
– Il montre comment un coup d’état civil contre un gouvernement démocratiquement élu peut être fomenté avec succès avec un appui étranger (les USA et l’Europe), sans intervention militaire.
– Il dévoile la flagrante partialité et le manque d’intégrité des médias mainstream occidentaux qui, avec une argumentation fallacieuse, appuient aveuglément l’interventionnisme occidental et, avec une vision dichotomique de la situation, qualifient les uns de bons et les autres de mauvais.
– Il dessine les contours, jusqu’alors vaporeux de la renaissance de la guerre froide qu’on croyait enterrée avec la chute du mur de Berlin.
– Il offre une projection probable de la situation des pays arabes “printanisés” dans la mesure où l’Ukraine a connu son “printemps” en 2004, printemps communément appelé “révolution orange”…
Mais pour comprendre la situation ukrainienne actuelle, il est primordial de passer en revue quelques dates importantes ainsi que les noms des acteurs majeurs de la politique ukrainienne de l’après ère soviétique.
Un coup d’État plébiscité par l’Occident
Ce qui se passe en Ukraine est un véritable coup d’État. En effet, le président Viktor Ianoukovytch a été démocratiquement élu le 7 février 2010 en battant Ioulia Timochenko au second tour des élections présidentielles (48,95 % des voix contre 45,47 %), avec les félicitations des USA et de l’Europe…
Évidemment, Ioulia Timochenko n’avait pas immédiatement accepté le verdict des urnes. Il y a sûrement eu fraude quelque part puisqu’elle était, lors des élections, premier ministre en exercice et que Viktor Iouchtchenko était président du pays. Les deux figures emblématiques de la Révolution orange, très largement soutenus par les pays occidentaux, ceux-là même qui étaient supposés faire entrer l’Ukraine dans une ère nouvelle, celle de la démocratie et de la prospérité, ont été largement battus par un candidat pro-russe. Et quel candidat : Ianoukovytch, celui qui avait été “conspué” par les activistes de la vague orange de 2004. En moins de six ans, les Ukrainiens avaient compris que cette “Révolution” colorée n’en était pas une.
Le 8 février 2010, Joao Soares, le président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) déclara : “L’élection de Victor Ianoukovytch a offert une démonstration impressionnante de démocratie. C’est une victoire pour tout le monde en Ukraine. Il est temps maintenant pour les dirigeants politiques du pays d’écouter le verdict du peuple et de faire en sorte que la transition de pouvoir soit pacifique et constructive”...
Sans trop de conviction, mais placée devant l’évidence du verdict des observateurs internationaux, Ioulia Timochenko finit par retirer son recours en justice visant à invalider le résultat de l’élection [1, 2, 3].
Trois ans plus tard, les prétendus “révoltés” de la place Maïdan reprochent à Victor Ianoukovytch d’avoir décidé de suspendre un accord entre son pays et l’Union Européenne (UE). Et une question fondamentale se pose : En démocratie, et dans le cadre des prérogatives de sa fonction, un président en exercice dûment et légalement élu, a-t-il le droit de signer seulement des accords qu’il juge bénéfiques pour son pays et de rejeter les propositions qui précipiteraient son pays dans la ruine, comme la Grèce ? La réponse est oui, d’autant plus que de nombreux spécialistes pensent que cet accord pro-européen à la botte du FMI et des USA, était néfaste pour l’économie de l’Ukraine.
Ainsi, selon David Teurtrie, chercheur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO, Paris) : “La proposition faite à l’Ukraine a été, comme je l’appellerais, une stratégie perdant-perdant. Pourquoi ? L’accord correspondait à la mise en place d’une zone de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine. Mais cette zone de libre-échange était très défavorable pour l’Ukraine parce qu’elle ouvrait le marché ukrainien aux produits européens et elle entrouvrait le marché européen aux produits ukrainiens qui ne sont en majeure partie pas concurrentiels sur le marché occidental. Nous voyons donc que l’avantage est assez peu évident pour l’Ukraine. Pour simplifier, l’Ukraine prenait sur elle tous les désavantages de cette libéralisation du commerce avec l’UE et ne recevait aucun avantage”… [4].
L’économiste russe Sergueï Glaziev est lui aussi du même avis : “Toutes les estimations, incluant celles des analystes européens, font part d’un ralentissement inévitable dans la production de biens ukrainiens dans les premières années suivant la signature de l’Accord d’association, puisqu’ils sont condamnés à une perte de compétitivité par rapport aux produits européens”… [5].
Nonobstant la sensibilité pro-russe de Victor Ianoukovytch, il est clair que la proposition russe était beaucoup plus intéressante pour l’Ukraine, que celle avancée par les Européens : “L’UE ne promet pas la lune aux manifestants… juste la Grèce”, titrait ironiquement le journal l’Humanité [6].
Les USA et l’Europe, devant le refus de Victor Ianoukovytch, ont mis alors en marche la machine infernale des prétendues “révolutions” spontannées…, seules les populations occidentales lobotomisées par les mensonges médiatiques faisant partie d’un plan de destabilisation générale, ont cru en cette farce absurde que des pauvres hères sans resoources, incapables de payer leur consommation d’énergie à leur fournisseur Russe, faisaient “la révolution” pour devenir membres de la Communauté Européenne et acceptaient de subir le saccage de leur économie et le pillage généralisé, comme la Grèce…
Comme disaient les stratèges nazis : “Au plus c’est gros, au plus les mensonges passent”… et la population européenne a pleuré d’émotion en voyant les “pauvres hères révolutionnaires” sans armes (sic !)agiter des drapeaux européens, comme s’ils lançaient un SOS !
Les “pauvres hères révolutionnaires”, n’étaient que les membres de partis extrémistes, fascistes néo-nazis,, encadrés et armés par des agents américains…, ce fut une mascarade générale, une vraie boucherie ou les milices néo-nazies n’hésitaient pas à crever les yeux des “berckout” (les policiers) pour instaurer un climat de peur et de soumission.
Après les émeutes sanglantes de Kiev, de nombreux pays occidentaux se sont curieusement empressés de déclarer qu’ils étaient prêts à soutenir “un nouveau gouvernement” en Ukraine [7], c’est-à-dire de reconnaître implicitement le coup d’état, car les chefs de gouvernement et les médias aux ordres, n’hésitaient pas à qualifier Victor Ianoukovytch de dictateur sanguinaire, alors qu’il avait été légalement élu !
Attisant la violence et finançant les barricades, les pays occidentaux ont prétendu “offrir leurs leurs services pour calmer les esprits en attente des prochaines élections, comme le dicte les fondements de la démocratie”, alors qu’ils avaient financé le coup d’Etat !
La “révolution” orange fait partie d’une série de prétendues révoltes baptisées “révolutions colorées”, qui se sont déroulées dans les pays de l’Est et surtout dans les ex-Républiques soviétiques durant les années 2000. Celles qui ont abouti à un changement du gouvernement en place ont touché la Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005). Dans un article exhaustif et très détaillé sur le rôle des États-Unis dans les révolutions colorées, G. Sussman et S. Krader de la Portland State University mentionnent dans leur résumé : “Entre 2000 et 2005, les gouvernements alliés de la Russie en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ont été renversés par des révoltes sans effusion de sang. Bien que les médias occidentaux en général prétendent que ces soulèvements sont spontanés, indigènes et populaires (pouvoir du peuple), les révolutions colorées sont en fait le résultat d’une vaste planification. Les États-Unis, en particulier, et leurs alliés ont exercé sur les États postcommunistes un impressionnant assortiment de pressions et ont utilisé-détourné des financements et des technologies au service de l’aide à la démocratie”… [8].
Une dissection des techniques utilisées lors de ces “révolutions” montre qu’elles ont toutes le même modus operandi…, plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire ces révoltes :
– Otpor (Résistance) en Serbie,
– Kmara (C’est assez) en Géorgie,
– Pora (C’est l’heure) en Ukraine,
– KelKel (Renaissance) au Kirghizistan.
Le premier d’entre eux, Otpor, est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Miloševic.
Après ce succès, il a aidé, conseillé et formé tous les autres mouvements par l’intermédiaire d’une officine spécialement conçue pour cette tâche, le Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS) qui est domiciliée dans la capitale serbe.
CANVAS forme des dissidents en herbe à travers le monde à l’application de la résistance individuelle non violente, idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage From Dictatorship to Democracy (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées.
Aussi bien CANVAS que les différents mouvements dissidents ont bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’exportation de la démocratie comme :
– l’United States Agency for International Development (USAID),
– la National Endowment for Democracy (NED),
– l’International Republican Institute (IRI),
– le National Democratic Institute for International Affairs (NDI),
– la Freedom House (FH),
– l’Albert Einstein Institution,
– l’Open Society Institute (OSI).
Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains.
À titre d’exemple :
– la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO),
– l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.
– le conseil d’administration de l’IRI est présidé par le sénateur John McCain, le candidat défait de la présidentielle américaine de 2008…, l’implication de McCain dans les révolutions colorées est clairement établie dans l’excellent documentaire que la reporter française Manon Loizeau a consacré aux révolutions colorées [9].
On comprend alors aisément pourquoi le sénateur s’est récemment précipité à Kiev pour soutenir les émeutiers ukrainiens.
On comprend aussi pourquoi la Russie a durci le ton concernant les ONG étrangères présentes sur son sol et la raison qui a motivé l’expulsion de l’USAID de son territoire [10]. La relation entre le mouvement ukrainien “Pora” et ces organisations américaines est explicitée par Ian Traynor dans un remarquable article publié par The Guardian en novembre 2004 [11] : “Officiellement, le gouvernement américain a dépensé, pendant une année, 41 millions de dollars pour l’organisation et le financement de l’opération qui a permis de se débarrasser de Miloševic […]. En Ukraine, le chiffre doit tourner autour de 14 millions de dollars”…, explique-t-il.
Ioulia Timochenko (qui a volé 15 milliards de dollars à l’Ukraine) et Viktor Iouchtchenko (chassé du pouvoir en début 2014 par le coup-d’Etat néo-nazi financé et armé par les USA et l’Europe) étaient considérés comme les figures de proue de la “révolution” orange.
Soutenu par les Occidentaux, ce mouvement obtient l’annulation du second tour de l’élection présidentielle de 2004 initialement remporté par Viktor Ianoukovytch contre Viktor Iouchtchenko.
Le “troisième” tour donne finalement la victoire à Victor Iouchtchenko qui devient le troisième président de l’Ukraine, à la grande joie des Américains et des Européens !
Fier de ses réussites “révolutionnaires” colorées, le belliqueux sénateur McCain a déclaré qu’il avait proposé au prix Nobel de la Paix les candidatures de Viktor Iouchtchenko et de son homologue géorgien pro-occidental Mikhail Saakashvili [12].
Il fit un voyage à Kiev en février 2005 [13] pour féliciter son “poulain” et peut-être aussi pour lui montrer qu’il avait quelque chose à voir avec son élection.
À peine nommé président, Victor Iouchtchenko s’empressa de nommer Ioulia Timochenko au poste de Premier ministre… mais la lune de miel entre les compagnons de la révolution ne fit pas long feu.
Bien qu’encensé par l’Occident, le couple Victor Iouchtchenko- Ioulia Timochenko s’avère boiteux et ses résultats sont très décevants.
Voici comment Justin Raimondo décrit le bilan de la période Iouchtchenko (2005-2010) : “Aujourd’hui, l’éclat orange de sa prétendue révolution étant révolu depuis longtemps, son régime s’est avéré être tout aussi incompétent et truffé de copinage comme ses prédécesseurs corrompus et vénaux, si ce n’est plus. Une grande partie de l’aide monétaire occidentale a disparu (Il s’avère actuellement que Ioulia Timochenko a détourné plus de 15 milliards de dollars qu’elle a placé sur ses comptes en Suisse). Pire encore, l’économie a été paralysée par l’imposition de contrôles des prix et corrompu par un trafic d’influence éhonté. Sous l’accord de partage de pouvoir entre Victor Iouchtchenko et la volatile Ioulia Timochenko (la princesse du gaz et oligarque amazone), le pays s’est désintégré, non seulement économiquement mais aussi socialement […]. La baisse radicale de l’économie et les scandales en cours qui sont devenus des événements quotidiens pendant l’administration de Victor Iouchtchenko ont conduit à la marginalisation complète du vénéré orange révolutionnaire : au premier tour de l’élection présidentielle de 2010, il a obtenu un humiliant 5 pour cent des voix. Hors de la course, et sans avoir besoin de faire semblant plus longtemps, Victor Iouchtchenko a lancé une véritable bombe dans l’arène politique en honorant Stepan Bandera, le nationaliste ukrainien et collaborateur des nazis, comme un Héros de l’Ukraine”… [14].
Notons finalement que les organisations américaines d’exportation de la démocratie ont été largement impliquées dans ce qui est communément appelé le “printemps arabe”.
Les jeunes activistes arabes ont été formés à la résistance individuelle non violente par CANVAS et à la cyberdissidence par des organismes américains comme l’Alliance of Youth Movements (AYM) elle-même sponsorisée par le Département d’État ainsi que les géants américains des nouvelles technologies comme Google, Facebook ou Twitter [15].
Les “gentils” émeutiers de la place Maïdan…
Malgré la grande diversité de la faune révolutionnaire qui a occupé la place Maïdan à Kiev, les observateurs s’accordent à reconnaître que la dissidence est composée de quatre différents groupes positionnés sur un spectre politique allant de la droite à l’extrême-droite nazie.
Tout d’abord, il y a Batkivshina ou Union panukrainienne (Patrie), qui est un parti politique dont le leader est Ioulia Timochenko, secondée par Olexandre Tourtchinov, son ami de longue date, considéré comme son fidèle écuyer [16].
C’est ce dernier qui a été récemment nommé président intérimaire de l’Ukraine après le départ de Ianoukovytch…
Olexandre Tourtchinov et Ioulia Timochenko
Fondé en 1999, Batkivshina est un parti libéral pro-européen.
Il est membre observateur du Parti populaire européen (PPE) qui rassemble les principaux partis de la droite européenne dont le CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) de la chancelière allemande Angela Merkel.
À noter que la Fondation Konrad Adenauer (Konrad Adenauer Stiftung), think tank du CDU, est aussi affiliée au PPE.
D’autre part, le PPE entretient des relations étroites avec l’International Republican Institute (IRI).
Wilfried Martens, le président du PPE de l’époque, a soutenu John McCain lors de l’élection présidentielle américaine de 2008 [17].
Bien sûr, comme précisé précédemment, John McCain est aussi et surtout président du CA de l’IRI.
Selon un des responsables du Mejlis of the Crimean Tatar People, mouvement associé au parti Patrie, l’IRI est actif en Ukraine depuis plus de 10 années, c’est-à-dire qu’il n’aurait jamais quitté le territoire depuis la révolution orange [18].
Arseni Iatseniouk, personnalité pro-occidentale de premier plan de la vie politique ukrainienne, est considéré comme un leader phare de la contestation en Ukraine. [19].
Pur produit de la “révolution” orange (il a occupé des postes ministériels sous la présidence Iouchtchenko), il a d’abord créé son propre parti (le Front pour le changement) avant de rejoindre les rangs de Batkivshina et de se rapprocher de Timochenko tout en s’affichant ouvertement pro-nazi.
Iatseniouk, qui a unilatéralement et sans élection, été désigné premier ministre, par les émeutiers de la place Maïdan, a pour mission de diriger un gouvernement d’union nationale avant l’élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai 2014 [20].
Le second parti impliqué dans la violente contestation ukrainienne est l’UDAR (Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme).
Ce parti, libéral néo-nazi et pro-européen lui aussi, a été créé en 2010 par la fusion de deux partis dont l’un est le parti Pora, issu du mouvement de jeunes qui avait été à l’avant-garde de la “révolution” orange dont on a discuté auparavant.
UDAR (qui veut dire “coup” en Ukrainien) est dirigé par le boxeur et ex-champion du monde des poids-lourds Vitali Klitschko.
Né au Kirghizstan, Klitschko est ukrainien mais a vécu à Hambourg et Los Angeles pendant plusieurs années, de sorte que ses trois enfants sont de nationalité américaine car nés aux États-Unis [21]
Une rapide navigation sur le site du parti permet de se rendre compte qu’UDAR compte parmi ses uniques partenaires étrangers :
– l’IRI (de McCain),
– le NDI (présidé par Madeleine K. Albright, l’ancienne secrétaire d’État américaine),
– le CDU (d’Angela Merkel).
Notons ici que l’IRI et le NDI sont deux des quatre organisations satellites de la NED.
Dans un rapport du German Foreign Policy intitulé “Notre homme à Kiev” datant de décembre 2013, on peut lire à propos de Klitschko et de son parti : “Selon les rapports de presse, le gouvernement allemand aimerait que le champion de boxe Vitali Klitschko brigue la présidence pour l’amener au pouvoir en Ukraine. Il souhaite améliorer la popularité de la politique de l’opposition en organisant, par exemple, des apparitions publiques conjointes avec le ministre des Affaires étrangères allemand. A cet effet, une réunion est également prévue pour Klitschko avec la chancelière Merkel lors du prochain sommet de l’UE à la mi-Décembre. La Fondation Konrad Adenauer a, en effet, non seulement soutenu massivement Klitschko et son parti UDAR, mais selon un politicien de la CDU, le parti UDAR a été fondée en 2010 sur les ordres directs de la fondation de la CDU. Les rapports sur les activités de la Fondation pour le développement du parti de Klitschko donnent une indication de la façon avec laquelle les Allemands influencent les affaires intérieures de l’Ukraine via UDAR” [22].
Ainsi, UDAR serait une création du CDU, ce qui explique la forte implication de la diplomatie allemande dans le bourbier ukrainien.
Cette information est confirmée par de nombreux autres articles [23].
Un troisième mouvement a participé à l’insurrection ukrainienne pro-occidentale, il s’agit de Svoboda, (liberté en ukrainien) qui est un parti d’extrême-droite néo-nazi ultranationaliste dirigé par Oleh Tyahnybok.
Svoboda a fait couler beaucoup d’encre à cause de ses positions xénophobe, antisémite, homophobe, nazies, antirusse et anticommuniste [24].
Ce parti, qui n’est ouvert qu’aux Ukrainiens pure souche, glorifie des personnages historiques ukrainiens ouvertement fascistes et pro-nazis comme le tristement célèbre Stepan Bandera.
Pendant la seconde guerre mondiale, ce dernier a combattu les Soviétiques tout en ayant des liens avec l’Allemagne nazie [25].
Ajoutons à cela que Svoboda est étroitement lié à une organisation paramilitaire néo-nazie, les Patriotes de l’Ukraine [26] qui a été très active (ils crevaient les yeux des policiers pour semer la terreur) durant les récents évènements qui ont ensanglanté les rues de Kiev !
Les trois partis cités précédemment ont formé une alliance appelée Groupe d’action pour la résistance nationale, pour mener à bien la déstabilisation du gouvernement Ianoukovytch.
En plus, une nouvelle coalition a été créée au parlement ukrainien post-Ianoukovytch, nommée “Choix européen”, qui réunit 250 députés de différents groupes parlementaires dont Batkivtchina, UDAR et Svoboda [27]
Les leaders néo-nazis du Groupe d’action pour la résistance nationale : Klitschko, Tyahnybok et Iatseniouk
Et pour compléter la mainmise du nouveau pouvoir sur les institutions ukrainienne, Oleg Mahnitsky vient d’être nommé Procureur général de l’Ukraine, poste d’importance capitale en cette période de soubresauts “révolutionnaires” et d’évidents règlements de comptes “démocratiques”.
Petite précision : Mahnitsky est membre du parti Svoboda [28].
La cerise sur le gâteau ?
Dans le nouveau gouvernement post-Euromaïdan largement dominé par le parti Batkivshina de Timochenko, trois portefeuilles ont été octroyés à des membres de Svoboda : Oleksandr Sych, vice-Premier ministre ; Andriy Mokhnyk, Ministre de l’environnement et Oleksandr Myrnyi, Ministre de l’agriculture [29].
Oleg Mahnitsky Oleksandr Sych Andriy Mokhnyk Oleksandr Myknyi
Une autre nomination n’est pas passée inaperçue dans ce gouvernement : celle de Pavel Sheremeta qui, de 1995 à 1997, était directeur de programme à l’Open Society Institute de Budapest, la fameuse fondation de George Soros [30].
Le quatrième groupe factieux présent sur la place Maïdan est probablement le plus violent de tous.
Connu sous l’appellation Pravy Sektor (Secteur de Droite), il représente la coalition d’une multitude de groupuscules de l’extrême-droite radicale et fasciste qui considère que Svoboda est trop libéral (sic !) [31].
Créée en novembre 2013 [32], l’organisation a pour leader Dmitro Yarosh, le chef d’une organisation d’extrême-droite nommée Trizub (Trident) qui est réputée être le noyau dur de la brutale dissidence [33].
En plus de Trizub, on y trouve, en particulier, les Patriotes de l’Ukraine…, l’Ukrainska Natsionalna Asambleya et l’Ukrainska Narodna Sambooborunu (UNA-UNSO, Assemblée Nationale Ukrainienne, Autodéfense Nationale Ukrainienne)…, Bilyi Molot (Marteau Blanc)…, ainsi que l’aile radicale de Svoboda [34].
Dans une interview au magazine TIME publiée le 4 février 2014, Yarosh a déclaré : “Mes cohortes antigouvernementales à Kiev sont prêtes à la lutte armée. Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des soldats de la révolution nationale”… [35].
Il faut dire que le meneur du Pravy Sektor a passé quelques années dans l’armée soviétique et que, pour lui, la révolution nationale est impossible sans violence et qu’elle devrait conduire à un état purement ukrainien avec, pour capitale, Kiev [36].
Il a aussi révélé dans son interview que sa coalition avait amassé (reçu des USA) un arsenal d’armes létales… et de préciser : “Juste assez pour défendre l’Ukraine des occupants internes : les membres du gouvernement”.
En effet, de nombreuses photos et vidéos montrent des militants du Pravy Sektor en tenues paramilitaires en train de s’entraîner publiquement sur la place Maïdan [37], impliqués dans des échauffourées d’une extrême violence avec des forces de l’ordre ou utilisant des armes à feu contre les Berkout (police antiémeute) [38].
Actions illégales des manifestants “pacifiques” à Kiev…
En reportage à partir de Kiev, le journaliste britannique David Blair donnait son point de vue sur l’organisation du Pravy Sektor : “Ce qui est clair, c’est qu’ils sont très organisés. Un approvisionnement régulier des masques à gaz, de la nourriture et des surplus de camouflage de l’armée arrivent aux bénévoles sur les barricades, venant des USA. D’anciens soldats offrent une formation de combat à mains nues en dehors de la tente qui sert de petite base de Pravy Sektor sur la place de l’Indépendance à Kiev. Les bénévoles ont décrit un système de commande avec plusieurs dirigeants qui commandent l’armée hétéroclite déployée à la barricade principale sur la rue Grushevskogo à Kiev. La question qui vient à l’esprit de beaucoup de gens est qu’est-ce qu’un groupe aussi puissant, en dehors du contrôle des politiciens traditionnels, ferait si la révolution réussit et le gouvernement tombe”… [39].
Un manifestant arme au poing pendant un affrontement avec la police, place de l’Indépendance, à Kiev, le 22 janvier 2014
Personne ne peut dire si la révolution a vraiment réussi ni même si cette insurrection peut être considérée comme telle…, mais ce dont on est sûr, c’est que le gouvernement est réellement tombé et que Dmitro Yarosh a été nommé adjoint au président du Conseil de sécurité et de défense nationale d’Ukraine [40], organisme consultatif d’état chargé de la sécurité nationale dépendant du président du pays.
Et qui est le président de ce conseil ?
Nul autre qu’Andriy Parubiy, le commandant du Maïdan [41], le chef d’état-major de la révolution ukrainienne [42] qui, le temps d’une révolution, a rangé ses vêtements de député du parti Batkivshchyna pour enfiler celui de généralissime de l’armée des émeutiers de l’Euromaïdan.
Mais, le plus intéressant est de savoir que Parubiy est un transfuge du parti Svoboda.
En effet, il est, avec Oleh Tyahnybok, cofondateur en 1991 du Parti Social-Nationaliste d’Ukraine (SNPU), rebaptisée Svoboda en 2004 [43].
Comme quoi, les barricades, les émeutes, la désobéissance civile, la violence et le fascisme peuvent mener très haut en Ukraine.
Il faut reconnaître que les évènements de Kiev ont fait saliver un grand amateur de guerres “sans les aimer” !
Ainsi, tel un squale attiré par le sang, Bernard-Henri Levy (BHL), le fameux “rossignol des charniers”, est allé à Kiev rencontrer les émeutiers.
Toute honte bue après le fiasco libyen et mentant comme un arracheur de dents, il s’y exclama : “Je n’ai pas vu de néo-nazis, je n’ai pas entendu d’antisémites”… [44].
Pour contredire le dandy aux chemises blanches échancrées, voici ce qu’en dit l’Ukrainienne Natalia Vitrenko, présidente du Parti socialiste progressiste d’Ukraine : “Au début, les meneurs étaient les députés de l’opposition Iatseniouk, Klitschko et Tyahnybok. Ces trois personnes menaient le Maïdan. Mais, ensuite, c’est le Pravy Sektor qui a pris les choses en main. Depuis la mi-décembre, la politique du Maïdan a été dictée par Pravy Sektor qui est une alliance de différents partis et mouvements néo-nazis. Ce sont des groupes paramilitaires, des terroristes très bien entrainés”… [45].
Mais la meilleure réponse, celle qui correspond le mieux au niveau de la déclaration de BHL, est à mettre au compte de la journaliste Irina Lebedeva : “BHL est chanceux, les militants de Svoboda et du Pravy Sector, organisations prônant la pureté raciale, ont certainement reçu des instructions claires de ne pas toucher à celui-là”… [46].
Timochenko : blonde ou brune ?
La figure politique ukrainienne la plus médiatisée par les organes de presse occidentaux mainstream est incontestablement Ioulia Timochenko.
Traitée comme un personnage historique plus grand que nature, elle bénéficie de surnoms élogieux mais surtout pompeux : la Marianne à la tresse…, la Princesse du gaz…, la Jeanne d’Arc ukrainienne… ou la Dame de fer….
Mais même si d’aucuns ont remarqué une statuette de Jeanne d’Arc et les mémoires de Margaret Thatcher trôner dans son bureau [47], son parcours est loin d’être si vertueux.
En fait, sa pratique politique relève plus des romans à scandales politico-financiers (et mafieux) que de l’abnégation pour la patrie et le peuple ukrainiens (gag !).
Jugez-en :
À propos de romans, commençons par Olexandre Tourtchinov qui est, paraît-il, un vrai romancier spécialisé dans le genre science-fiction.
Oui, celui qui est actuellement président de l’Ukraine, qui a été qualifié de fidèle écuyer de Timochenko et qui est né, comme elle, dans la ville de Dnipropetrovsk.
En 1994, Tourtchinov crée avec Pavlo Lazarenko, un notable de Dnipropetrovsk, le parti Hromada dont Timochenko deviendra la présidente en 1997.
Une année plus tard, en 1995, la Marianne à la tresse… qui avait humblement commencé sa carrière de chef d’entreprise avec un prêt de 5000$…, réorganise sa modeste Compagnie du pétrole ukrainien (créée en 1991) pour fonder, avec l’aide de Lazarenko, la compagnie de distribution d’hydrocarbures Systèmes énergétiques unis d’Ukraine (SEUU)…
Cette même année, Lazarenko est nommé vice-Premier ministre chargé de l’énergie…
Favorisés par les leviers politiques inhérents au poste de Lazarenko, les résultats de SEUU explosent : 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 4 milliards de profits pour l’année 1996 !
Et tout cela grâce à des contrats très lucratifs reliés à la vente en Ukraine de gaz naturel russe [48].
Les années de bonheur continuent avec la promotion de Lazarenko au poste de Premier ministre en mai 1996, bien qu’il échappât à un attentat à la bombe à peine 2 mois plus tard [49].
Au début de l’année 1997, la SEUU contrôlait plusieurs banques, avait des participations dans des dizaines d’entreprises de la métallurgie et la construction mécanique, était copropriétaire de la troisième plus grande compagnie aérienne de l’Ukraine et de son deuxième plus grand aéroport, celui de Dnipropetrovsk, en plus de participation dans le développement de gazoducs turcs et boliviens, ainsi que le contrôle de plusieurs journaux locaux et nationaux [50].
Lazarenko et Timochenko Iouchtchenko et Timochenko
Comme l’enrichissement exponentiel est souvent synonyme d’affaires louches, des soupçons ont commencé à peser sur Lazarenko et la SEUU.
En avril 1997, le New York Times rapporta que Lazarenko possédait des parts dans cette compagnie.
D’autres affaires furent dévoilées et, en juillet de la même année, le président Koutchma congédia Lazarenko.
La suite est rocambolesque.
En 1998, Lazarenko est arrêté par la police suisse à la frontière franco-helvétique et accusé par les autorités de Berne de blanchiment d’argent et relâché après le paiement d’une forte caution.
Dans un article publié en 2000 et intitulé Les comptes fantastiques de M. Lazarenko, Gilles Gaetner parle d’un détournement des deniers publics ukrainiens de l’ordre de 800 millions de dollars, sans doute la plus importante affaire de blanchiment de l’après-guerre… [51].
Lazarenko fuit alors aux États-Unis où il cherche à obtenir l’asile politique, mais il y est arrêté en 1999.
Bien qu’élus sous la bannière Hromada, Timochenko et Tourtchinov quittent ce parti en 1999 après les déboires de Lazarenko pour créer, ensemble, le parti Batkivshina [52].
Poursuivi par la justice américaine, Lazarenko est condamné en 2006 à neuf ans de prison pour extorsion de fonds, blanchiment d’argent par les banques américaines et fraudes [53].
Un rapport 2004 du Transparency International Global Corruption classe Lazarenko parmi les 10 leaders politiques les plus corrompus du monde [54].
La justice ukrainienne poursuit toujours Lazarenko pour l’assassinat du député Evguen Scherban et de sa femme en 1996.
Selon l’accusation, le groupe de Scherban était en concurrence avec la SEUU et gênait ses activités.
Lazarenko a été libéré en novembre 2013, mais il a été placé dans un centre de détention pour migrants à cause de l’expiration de son visa [55].
L’arrestation de Lazarenko n’entame en rien l’opportunisme politique de Ioulia Timochenko…, dès que Viktor Iouchtchenko accède au poste de Premier ministre en 1999, elle est nommée vice-Premier ministre chargé de l’énergie, poste occupé par Lazarenko quelques années auparavant.
Néanmoins, elle est finalement touchée par le scandale Lazarenko et accusée en 2001 de contrebande et de falsification de documents, pour avoir frauduleusement importé du gaz russe en 1996 lorsqu’elle était présidente de SEUU [56].
Timochenko est arrêtée et fera quelques semaines de prison [57].
En 2002, elle est victime d’un grave accident de la route qu’elle interprètera comme une tentative d’assassinat [58].
Timochenko blonde, mais sans tresses
C’est pendant cette période qu’elle change de look…, de brune, elle devient blonde, Ioulia troque son style de femme d’affaires sexy cheveux libres et tailleurs moulants contre celui, plus sage, de parlementaire en col-Claudine, jupe au-dessous du genou.
Elle adopte sa coiffure actuelle, la fameuse tresse blonde disposée en couronne autour de sa tête [59].
En 2004, la “révolution” orange éclate et Timochenko en devient l’égérie, Iouchtchenko accède à la magistrature suprême en 2005 et, elle, Premier ministre par deux fois…, toutes les accusations sont, comme par enchantement, oubliées…
Le couple Iouchtchenko – Timochenko
Divulgué par Wikileaks, un rapport au congrès américain datant de 2005 décrit ainsi la princesse du gaz : “Ioulia Timochenko est un leader énergique et charismatique avec un style politique parfois combatif qui a fait une campagne efficace pour M. Iouchtchenko. Cependant, elle est un personnage controversé en raison de son lien au milieu des années 1990 avec les élites oligarchiques, dont l’ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko, qui purge actuellement une peine dans une prison américaine pour fraude, blanchiment d’argent et extorsion. Timochenko a servi en tant que chef d’une entreprise de négoce en gaz et de vice-Premier ministre dans le gouvernement notoirement corrompu de Lazarenko. On dit qu’elle est extrêmement riche car elle s’est emparée de tout l’argent de Pavlo Lazarenko et a détourné plus de 50% du C.A du gaz à son seul profit, le total dépassant les 15 milliards de dollars !. Elle a ensuite été l’objet d’une enquête pour corruption et blanchiment d’argent et a été brièvement emprisonnée. Toutes les accusations ont été officiellement abandonnées après l’élection de Viktor Iouchtchenko. La Russie a également déposé des accusations de corruption contre elle peu de temps avant la campagne électorale”… [60].
L’accès au pouvoir du couple Iouchtchenko-Timochenko (grâce à la vague orange), permet à Tourtchinov d’occuper le poste de chef des Services secrets ukrainiens (SBU) en février 2005.
Toutefois, en 2006, une enquête le vise ainsi que son adjoint…, il leur est reproché d’avoir détruit le dossier d’un dangereux parrain du crime organisé ukrainien, Semyon Mogilevich [61].
Ce maffieux est soupçonné de diriger un vaste empire criminel et est décrit par le FBI, en 1998, comme le gangster le plus dangereux du monde [62].
Les accusations furent étonnamment abandonnées quelques mois plus tard…, il obtint même une excellente promotion.
En effet, à son deuxième mandat de Premier ministre (2007), Timochenko lui octroie le poste de vice-Premier ministre, fonction qu’il occupera jusqu’en 2010, date à laquelle elle perd les élections présidentielles contre Ianoukovytch.
Les relations conflictuelles du couple Iouchtchenko-Timochenko donna le coup de grâce aux mirages de la “révolution” orange.
Timochenko est accusée d’avoir trahi l’intérêt national pour préserver ses ambitions personnelles [63].
L’arrivée de Ianoukovytch au pouvoir mit fin à l’impunité de la candidate battue par les urnes et son dossier judiciaire est ressorti du placard pour des anciennes et nouvelles affaires.
Timochenko est poursuivie dans de nombreux dossiers :
– mauvaise utilisation de fonds perçus en 2009 pour la vente de quotas d’émission de CO2,
– abus de pouvoir lors de la signature en 2009 de contrats sur le gaz avec la Russie considérés défavorables à son pays,
– fraude fiscale et détournement de fonds relatifs à l’affaire Lazarenko et sa responsabilité dans la gestion de la SEUU [64].
Plus grave encore, elle est accusée de complicité de meurtre (avec Lazarenko) dans l’affaire Scherban (1996).
Selon le procureur général adjoint : “la victime était en conflit avec Mme Timochenko, qui s’occupait alors de la distribution du gaz russe en Ukraine et tentait de contraindre des entreprises de la région industrielle de Donetsk (Est) à acheter cette matière première à sa société Systèmes Énergétiques Unis d’Ukraine (SEUU), grâce au soutien du Premier ministre à l’époque, Pavlo Lazarenko ; Evguen Chtcherban, un homme fort de la région et dont le groupe était un concurrent de la société de Mme Timochenko, s’était publiquement opposé à l’expansion de SEUU, et l’a payé de sa vie” [65].
Il ajouta à cela qu’il y avait des témoins qu’elle et l’ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko avaient payé pour les meurtres, ces allégations sont soutenues par Ruslan, le fils de M. Shcherban, qui a survécu à l’assassinat de ses parents.
Dans une conférence de presse, il a déclaré avoir remis des documents au bureau du procureur général impliquant les deux anciens premiers ministres (Lazarenko et Timochenko) dans les meurtres [66]
La complicité de Timochenko est aussi envisagée dans deux autres assassinats : l’homme d’affaires Alexander Momot (tué en 1996, quelques mois avant Shcherban) et l’ancien gouverneur de la Banque nationale d’Ukraine, Vadym Hetman (tué en 1998) [67].
Timochenko a été condamnée à sept ans de prison en octobre 2011 et placée en détention pour son implication dans l’affaire des contrats gaziers [68].
Les événements inespérés de l’Euromaïdan sont venus extirper la princesse du gaz de sa geôle… et de quelle manière !
Le samedi 22 février 2014, à 12h08, Tourtchinov, le bras droit de Timochenko, est élu président du Parlement ukrainien.
Trente minutes plus tard, comme s’il s’agissait de l’affaire la plus urgente à régler dans un pays en pleine insurrection, le parlement vote la libération immédiate de Timochenko.
À titre de comparaison, ce n’est qu’à 16h19 que ce même parlement votera la destitution de Ianoukovytch [69].
Diverses indiscrétions indiquent que Ioulia Timochenko a payé un milliard de dollars à Tourtchinov pour la faire sortir de prison et effacer son dossier judiciaire !
Avec la nomination du militant d’extrême-droite Oleg Mahnitsky comme procureur général, ainsi que celle d’un très grand nombre de membres du parti Batkivshina à des postes-clés au sein de l’appareil de l’état, on peut aisément prédire que Timochenko n’aura plus, au moins pour un certain temps, à s’inquiéter de ses problèmes judiciaires.
Il faut reconnaître qu’à deux reprises Timochenko a été arraché des mains de la justice grâce à des émeutes populaires de grande ampleur : la “révolution” orange en 2004 et, maintenant, l’Euromaïdan.
En plus de ses talents de romancier, il paraît que le président Tourtchinov est aussi pasteur évangélique.
Serait-ce à ce titre qu’il a sauvé son amie de toujours ?
Mais Kiev vaut bien une messe, non ?
L’insolente ingérence occidentale…
L’Euromaïdan peut être considéré comme une “révolution” colorée, revue et corrigée à la sauce “printemps arabe”, à l’arôme syrien.
En effet, bien que de nombreuses similitudes puissent être trouvées entre la “révolution” orange et l’Euromaïdan, deux différences fondamentales sont à noter :
– La première, déjà discutée précédemment, est relative à la violence des émeutes qui est essentiellement due à l’omniprésence de manifestants de l’extrême-droite fasciste et néo-nazie. Par comparaison, la “révolution” orange était basée sur les théories non-violentes de Gene Sharp.
– La seconde différence relève de l’insolente présence physique de personnalités occidentales, politiques et civiles, sur la place Maïdan, haranguant les foules et incitant à la désobéissance civile, en complète contradiction avec le principe fondamental de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, dont les dirigeants ont été démocratiquement élus. Commençons par John McCain, président du conseil d’administration de l’IRI qui, à Kiev, est en terrain connu…, effectivement, après (et non pendant) la “révolution” orange, il s’était déjà rendu en Ukraine (en février 2005) pour y rencontrer ses poulains qu’il avait largement financés.
Le sénateur américain s’est aussi rendu dans les pays arabes “printanisés” : Tunisie (21 février 2011), Égypte (27 février 2011), Libye (22 avril 2011) et Syrie (27 mai 2013). Lors des deux premiers voyages, les gouvernements étaient déjà tombés. Dans les deux derniers, la bataille faisait rage (elle le fait encore en Syrie). À Kiev, McCain s’adressa aux révoltés du Maïdan le 14 décembre 2013 : “Nous sommes ici pour soutenir votre juste cause, le droit souverain de l’Ukraine à choisir son propre destin librement et en toute indépendance. Et le destin que vous souhaitez se trouve en Europe”…, a-t-il claironné [70].
Il y rencontra le triumvirat du Maïdan, c’est-à-dire Iatseniouk, Klitschko et Tyahnybok.
Il n’a pas été embarrassé de poser avec Tyahnybok, alors que ce dernier avait été interdit, l’année dernière, d’entrer aux États-Unis en raison de ses discours antisémites [71]. Non, rien ne l’a gêné de traiter avec le leader de Svoboda, un parti ouvertement ultranationaliste, xénophobe et prônant des “valeurs” néo-nazies, tout comme rien ne l’a dérangé de soutenir de sanguinaires terroristes en Libye ou en Syrie.
La fin justifie les moyens : l’important était de soustraire l’Ukraine du giron russe.
McCain rencontre Klitschko, Iatseniouk et Tyahnybok
L’ingérence américaine s’est aussi illustrée par “l’affaire Nuland” qui a montré que le vocabulaire diplomatique utilisé par certains hauts fonctionnaires américains n’avait rien à envier à celui des charretiers : “Fuck the UE !”…, s’est-elle exclamée, ce qui en dit long sur la lutte d’influence qui oppose l’oncle Sam au vieux continent. Et comment Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie, appelle-t-elle les leaders de l’Euromaïdan ?
“Yats” et “Klitsch” [72]…, comme “Jon” et “Ponch” dans la populaire série américaine CHiPs ?
Utiliser un langage si familier suppose une évidente proximité et une indéniable connivence entre les membres du triumvirat et l’administration américaine, c’est le moins qu’on puisse dire.
En plus de L’IRI, la NED est présente à Kiev. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à suivre Nadia Diuk qui écrit à partir de Kiev et dont les articles sont publiés dans le Kiyv Post et d’autres fameux journaux. Les titres de ses articles sont idylliques : La révolution auto-organisée d’Ukraine [73], Les visions du futur de l’Ukraine [74], etc. Déjà, en 2004, en pleine “révolution” orange, elle écrivait : “En Ukraine, une liberté indigène” [75] pour prouver que la “révolution” était spontanée, ce qui contredit toutes les études (occidentales) qui ont été publiées subséquemment.
Il faut se rendre à l’évidence que la teneur de ses articles n’a guère changé avec le temps… et pour cause, Mme Diuk est vice-présidente à la NED, chargée des programmes pour l’Europe, l’Eurasie, l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes [76]. Les rapports annuels de la NED montrent que, juste pour 2012, les montants octroyés à une soixantaine d’organismes ukrainiens s’élevaient à près de 3,4 millions de dollars [77].
Dans ce rapport, il est indiqué que l’IRI de McCain et le NDI d’Albright ont respectivement bénéficié de 380000 et 345000 $ pour leurs activités en Ukraine.
Cette évidente implication américaine en Ukraine a été signalée par Sergueï Glaziev qui a déclaré : “les Américains dépensent 20 millions de dollars par semaine pour financer l’opposition et les rebelles, y compris pour les armer” [78].
Le second pays occidental largement impliqué dans l’Euromaïdan est l’Allemagne.
Une dizaine de jours avant McCain, Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande, a pris un bain de foule au milieu des manifestants de la place Maïdan en compagnie de ses protégés “Yats” et “Klitsch” ou, plus poliment, Iatseniouk et Klitschko.
Après s’être entretenus avec eux à huis clos, il déclara : “Nous ne sommes pas ici pour soutenir un parti, mais nous soutenons les valeurs européennes. Et quand nous nous engageons pour ces valeurs européennes, il est naturellement agréable de savoir qu’une grande majorité des Ukrainiens partagent ces valeurs, veulent les partager et souhaitent suivre la voie qui mène à l’Europe” [79]. En parlant de majorité, Westerwelle n’a certainement pas consulté les récents sondages qui montrent que seuls 37% de la population ukrainienne est favorable à une adhésion de leur pays à l’Union Européenne [80].
D’ailleurs, les citoyens européens le sont-ils ? Pas si sûr…, par exemple, un très récent sondage montre que 65% des Français sont opposés à l’idée d’une aide financière apportée par la France et l’Union européenne à l’Ukraine et 67% sont contre une entrée de ce pays dans l’UE [81].
D’autre part, la chancelière allemande a, comme son ministre, reçu Iatseniouk et Klitschko le 17 février 2014 à Berlin… et le candidat sur lequel ont misé Merkel, le CDU et son think tank, la Fondation Konrad Adenauer, est Klitschko [82].
Néanmoins, le parti de Timochenko est aussi considéré comme un allié du PPE et du CDU ainsi que l’avait affirmé M. Martens lors d’un discours au Club de la Fondation Konrad Adenauer en 2011 : “Ioulia Timochenko est une amie de confiance et son parti est un membre important de notre famille politique”.
Dans ce même discours, il avait déclaré que sa position était similaire à celle de McCain quant au soutien à Timochenko pour sa libération lorsqu’elle était emprisonnée [83].
Il faut souligner que cette convergence de vue entre l’IRI et la Fondation Konrad Adenauer n’est ni fortuite, ni récente…, en réalité, elle remonte à la création de la NED comme nous l’explique Philip Agee, l’ancien agent de la CIA qui avait quitté l’agence pour vivre à Cuba [84].
Tout d’abord, il faut comprendre que la NED a été créée pour prendre en charge certaines tâches qui relevaient originalement de la CIA, en l’occurrence la gestion des programmes secrets de financement de la société civile étrangère. Après avoir consulté un vaste éventail d’organisations nationales et étrangères, les autorités américaines furent intéressées par les fondations des principaux partis de l’Allemagne de l’Ouest qui étaient financées par le gouvernement allemand : la Friedrich Ebert Stiftung des sociaux-démocrates et la Konrad Adenauer Stiftung des démocrates-chrétiens. Nous trouvons actuellement une structure analogue dans le paysage politique américain : L’IRI et le NDI, les deux satellites de la NED, sont respectivement reliés aux partis républicain et démocrate américains et, comme ses homologues allemands, sont financés par des fonds publics.
Comme la CIA collaborait avec ces “Stiftungs” allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED par le président Reagan en 1983, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours. Bien que plus discret que les deux précédents, le troisième pays impliqué dans les événements ukrainiens est le Canada…, cet intérêt est probablement dû au fait que le Canada abrite la plus grande diaspora ukrainienne dans le monde après celle de la Russie, plus de 1,2 millions de canadiens sont d’origine ukrainienne [85]. John Baird, le ministre des affaires étrangères canadien a rencontré le triumvirat ukrainien le 4 décembre 2013 à Kiev et, comme les autres, a effectué un pèlerinage à la place Maïdan. Le chef de la diplomatie canadienne est revenu à Kiev le 28 février 2014 pour y rencontrer les nouvelles autorités : le président Tourtchinov, le Premier ministre Iatseniouk et la Jeanne d’Arc ukrainienne. Questionné sur son soutien inconditionnel de l’Ukraine et ses conséquences sur les relations avec la Russie, il répondit : “Nous n’allons certainement pas nous excuser pour avoir soutenu le peuple ukrainien dans sa lutte pour la liberté” [86].
À noter que Paul Grod, le président du Congrès des Ukrainiens-Canadiens (UCC) a accompagné Baird dans ses deux voyages.
Ses positions sont calquées sur celles de la diplomatie canadienne.
Les positions et les réactions de tous ces politiciens laissent cependant perplexes.
Certes, les vies perdues lors de ce sanglant conflit sont à déplorer, mais qu’auraient-ils fait si des manifestants violents, appartenant à des groupes extrémistes, avaient occupé le centre-ville de leur capitale, tué des membres des forces de l’ordre, kidnappé des dizaines de policiers, occupé des locaux officiels et troublé l’ordre public pendant des mois ? Et n’ont-ils pas une part de responsabilité dans l’augmentation du nombre de victimes en venant jeter de l’huile sur le feu du Maïdan ? En France, par exemple, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est insurgé contre une récente manifestation de “Black Bloc” qui a fait six blessés parmi les policiers, le 22 février 2014. Voici ses commentaires : “Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État”.
Après avoir rendu hommage “au préfet de la Loire Atlantique, aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme ont contenu cette manifestation”, il ajouta : “Personne ne peut accepter de telles exactions” [87]. Et les Ukrainiens, doivent-ils les accepter ? Et comment aurait réagi la classe politique française et occidentale si ces “Black Bloc” avaient été financés, formés et soutenus par des organismes et politiciens étrangers, Russes, Chinois ou Iraniens venus à Nantes pour les soutenir ?
Je vous laisse le soin d’y répondre.
En définitive, il faut se rendre à l’évidence que l’Euromaïdan, tout comme la “révolution” orange, est un mouvement largement soutenu par des officines occidentales. Cette conclusion ne doit pas éclipser la réelle corruption de toute la classe politique ukrainienne.
Vouloir nous présenter, comme le font les médias occidentaux mainstream, les bons avec Timochenko et les mauvais avec Ianoukovytch est une vision biaisée de la réalité. Le gouvernement Ianoukovytch ayant été démocratiquement élu, les évènements récents sont, sans équivoque, un coup d’État. Ce coup d’État a permis à des militants de l’extrême-droite ukrainienne, ultranationaliste fasciste et néo-nazie, de faire partie du nouveau gouvernement ukrainien. Cette présence, ouvertement appuyée par les gouvernements occidentaux est néfaste pour l’avenir et la stabilité du pays. La hâtive, expéditive, controversée et incompréhensible abrogation de la loi sur les bases de la politique linguistique de l’État est un exemple patent [88]. En outre, ce rapprochement forcé de l’Ukraine avec l’Union Européenne et son corollaire l’éloignement de ce pays de la Russie n’est pas bénéfique pour le peuple ukrainien. Selon des spécialistes occidentaux et non-occidentaux, la proposition russe était de loin plus intéressante que celle conjointe de l’Union Européenne et des États-Unis qui n’ont d’autre alternative que d’offrir la médecine FMI à ce Pays [89] !
Contrairement aux vœux pieux de Timochenko clamés au Maïdan, il serait utopique de penser que l’Ukraine fasse partie de l’Union dans un avenir proche [90], au vu de la situation désastreuse de certains pays européens comme la Grèce, par exemple.
La Marianne aux tresses n’a probablement pas entendu le ministre français des Affaires européennes, Thierry Repentin : “Dans toutes les négociations pour offrir à l’Ukraine un accord d’association, nous avons bataillé ferme pour retirer toute allusion à une adhésion à l’UE. Pas question de changer de position” a-t-il déclaré dans un article publié le 3 février dernier [91].
Si l’Ukraine ne peut prétendre à une adhésion à l’Union Européenne et que les défenseurs occidentaux de sa “révolution” ne mettent pas la main à la poche, tout semble indiquer que ce pays n’est qu’un cheval de Troie pour gêner la Russie qui prend trop de place et beaucoup d’aisance dans les enjeux internationaux, à l’instar de son rôle dans le conflit syrien : une façon comme une autre d’ouvrir une nouvelle ère de guerre froide.
Les troubles en Crimée et les menaces de l’exclusion de la Russie du G8 [92] n’en sont que les prémices.
Les Ukrainiens doivent savoir qu’ils sont condamnés à vivre en bon voisinage avec la Russie avec laquelle ils ont une frontière commune et des liens historiques, commerciaux, culturels et linguistiques.
Une chose est sûre, cependant : le réveil postrévolutionnaire sera douloureux pour les Ukrainiens et pour les populations Européennes qui, déjà exsangues, vont devoir re-thésauriser l’Ukraine au moins pour une cinquantaine de milliards, rappelant que “la brave” Ioulia Timochenko possède en privé un pactole minimum de 15 milliards sur son compte privé…
C’est ça que l’Europe, c’est à dire les gouvernements Européens, défendent en masquant la vérité…
Références
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