Il n’y a pas d’amour heureux…
Rien n’est jamais acquis à l’homme,
ni sa force, ni sa faiblesse ni son cœur.
Et quand il croit ouvrir ses bras,
son ombre est celle d’une croix ;
Et quand il croit serrer son bonheur, il le broie.
Sa vie est un étrange et douloureux divorce ;
Il n’y a pas d’amour heureux.
Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes,
qu’on avait habillés pour un autre destin.
A quoi peut leur servir de se lever matin,
eux qu’on retrouve au soir, désœuvrés incertains.
Il n’y a pas d’amour heureux.
Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure,
je te porte en moi, comme un oiseau blessé.
Et ceux-là, sans savoir, nous regardent passer,
répétant après moi les mots que j’ai tressés,
et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent.
Il n’y a pas d’amour heureux.
Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard.
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson.
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson.
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson.
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare.
Il n’y a pas d’amour heureux.
Il n’y a pas d’amour qui ne soit douleur.
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri.
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri.
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie,
il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs.
Il n’y a pas d’amour heureux.
Mais c’est notre amour à tous les deux.
Louis Aragon
Louis Aragon, il a du souffrir cet homme…
Mais il a du être très heureux également !
Car c’est propre au romantisme de pouvoir être heureux même dans le malheur d’un chagrin d’amour, il transcende en effet celui-ci jusqu’à l’apothéose d’une déchirure totale appelant à la mort (jusqu’où peut aller le romantique, soit au suicide amoureux, soit à se dépasser dans des actions héroïques ou la mort est appelée) …
Même générateur d’affliction, cet état est souvent préférable au calme du cœur, notre chagrin nous plait (pas toujours) et il nous manque s’il venait à disparaitre, si la passion est peut-être vouée à l’infortune, c’est une infortune plus grande encore que de n’être jamais passionné …
Les raisons des chagrins actuels viennent des circonstances…, on a beau penser et dire que non, les aléas économiques qui ne font que s’empirer dans le monde, en atteignent plus d’un et rendent moins serein…
Toutes les petites choses si naturelles sur tant de temps d’amour, représentent tant et tant…, mais quand tout se raréfie, c’est très humiliant d’offrir moins !
L’argent offre ou achète la liberté, c’est pour cela que depuis des millénaires les humains se battent et s’entre-déchirent, quand tout coule à flot, ce qu’on appelle les périodes de prospérité, c’est le bonheur…, eau et gaz à tous les étages !
Mais quand on doit restructurer et/ou être restructuré dans une restructuration d’affaires et/ou d’entreprise…, l’amour peut-il tenir encore le coup dans les coups du sort qui entrainent parfois des coups ?
C’est moins de cadeaux, moins de restaurants aussi… et parfois des suggestions de menus plutôt que des côtes à l’os et 3 services…
On ne vit donc pas d’amour et d’eau fraiche sauf dans les romans à l’eau de rose, parce qu’après l’amour toujours, les “sous-la-couette” et/ou “sous le drap” (mon drap, mon drap…), il faut remplir le frigo et payer les factures de tout…
On peut tirer sur la corde, mais en ce cas ce n’est pas pareil qu’enrouler le cordeau autour du clitoris pour voir gémir de plaisir…
En ce cas c’est gémir de devoir ajourner un paiement et jongler…
Sous peine de tomber de haut, il ne faut pas attendre de la vie, qu’elle soit comme un de ces romans sentimentaux écrits, entre-autres, par Barbara Cartland…
Les romans sentimentaux donnent aux femmes une vision irréaliste de ce que sont les relations et de ce qu’elles peuvent en attendre.
Ils offrent une vision idéalisée de l’idylle, ce qui peut entraîner les femmes à se sentir mal, parce que leurs relations personnelles ne sont pas aussi parfaites.
Par-dessus tout, si le sexe peut être merveilleux et les relations très affectueuses, rien n’est jamais aussi parfait que dans les romans… et les idéaliser est le raccourci idéal pour le chagrin d’amour.
Une aventure amoureuse peut être une merveilleuse base pour un roman, mais ce n’est pas en soi une base suffisamment solide pour établir une relation qui dure une vie.
Ce que les psychologues entendent dans leurs salles de consultation, est plus le résultat de l’information propagée par les romans à l’eau de rose, que par les associations de planning familial !
Et que trouve-t-on dans ces romans sentimentaux ?
Des attentes amoureuses surréalistes, des hommes beaux et séduisants, des relations sexuelles toujours épanouies…, une vie rêvée donc.
Mais qu’on y regarde de plus près… et l’on remarque que les relations sexuelles ne sont pas toujours librement consenties, qu’elles sont souvent non protégées… et que l’image proposée est en fin de compte celle d’une femme soumise, qui ne montre aucune indépendance.
Certaines femmes aiment se plonger dans des histoires folles où les héroïnes sont sauvées du danger par un héros et ensuite s’abandonnent dans des relations à orgasmes multiples et à grossesses répétées et sans embûche.
Autrement dit : si l’héroïne de roman est heureuse avec ses orgasmes à répétition, les lectrices se disent : Pourquoi pas moi ?
Ou encore : Si l’héroïne est heureuse avec ses coïts sans préservatif, je veux aussi jouir sans préservatif.
11,5 % seulement des ouvrages analysés mentionnent le préservatif quand ils décrivent le coït.
Bien sûr, ce genre de livre peut aussi amener les lectrices à se montrer plus aventureuses dans leurs relations avec leurs partenaires.
Bien sûr aussi, toutes les lectrices de ces bouquins ne confondent pas le rêve et la réalité.
Ouf !
Chez Harlequin, à Londres, on affirme : Nous publions de la fiction romantique, pas des manuels de santé sexuelle. La fiction romantique est une façon d’échapper à la vie quotidienne, ce n’est pas un guide de la vie réelle et nos lectrices sont assez intelligentes pour comprendre la différence.
Peut-être pas toutes… et ça peut les faire ensuite tomber de haut…, dépression, et tout…, un problème à ne pas négliger.
Harlequin et ses dérivés vendent quelque 130 millions de titres par an dans le monde.
Quatre livres vendus chaque seconde !
En alignant tous les livres des Editions Harlequin lus dans le monde depuis leur création, on ferait plus de deux fois le tour de la planète.
Harlequin vend plus de quatre livres par seconde dans le monde, il est le 35e éditeur mondial, mais est le 1er dans la vente de livres de romance.
Il publie plus de 100 titres par mois, dans 31 langues et 111 pays.
Ces livres ne sont pas écrits par Barbara Cartland…, mais par plus de 1.200 auteurs, souvent d’anciennes lectrices…, car Harlequin leur rappelle le schéma standard de l’histoire d’amour.
Le chiffre d’affaires pour la littérature à l’eau de rose est de plus de 1 milliard de dollars par an aux USA.
En français, Harlequin a vendu 9 millions de livres en 2010.
Son principal concurrent est J’ai lu, qui publie la “papesse du roman d’amour” : Barbara Cartland.
Ça nous laisse avec des larmes et de l’impuissance…
Certains, certaines, vont me dire, m’écrire, que seuls les corps et les âmes (généralité non religiosité) sont importants…, il n’empêche que nous ne vivons pas dans un roman de Barbara Cartland et que le prince charmant n’est qu’un rêve…
Pourtant, les hommes veulent souvent être des princes charmants et y réussissent durant un certain temps, c’est fou, un bonheur total et complet qu’il leur faut remplir jusqu’à plus soif repoussé à la fin d’un autre monde, une bulle, fragile du dehors mais solide dedans.., qui tient à tellement rien, qu’en fait ils n’arrêtent pas de recréer des bulles d’amour !
Dans ce périple de fous, fous d’amour…, les arrangements, quelques “menteries” pour embellir la vie…, ne sont pas plus que comme un maquillage qui de toute façon s’en va dans la fusion des amours…
C’est comme une construction audacieuse, belle mais fragile, des millions de petites pièces amoureusement assemblées avec patience et passion.
Un site d’amours échangés qui est effacé par coup de tête et c’est comme une des bulles d’amour qui éclate…, rien n’est toutefois important, mais ça mine, un peu, beaucoup, passionnément…
Alors on répare, on reconstruit, comme les peaux se régénèrent… et c’est reparti… au milieu des doléances amoureuses et chacun pense… qu’il y a encore de l’espoir…
Qui, alors, allume la mèche comme Belmondo en noir et blanc et crie… ?
Qu’est ce qu’il crie encore ?
Ah oui, qu’il aimait la vie… un raccourci…
Oui…, mille baisers Amour…