Minuit… La nuit… Chat noir… Chiens écrasés… Poussières d’étoiles…
Si la lumière n’existait pas, il faudrait redonner une chance aux étoiles… et peut-être économiser les bouts de chandelle jusqu’au solstice.
La nuit des noctambules, des insomniaques et des insatiables n’est jamais aussi belle et rebelle qu’en décembre, alors que les mille et une décorations de Noël scintillent aux balcons, aux fenêtres, dans les arbres, le long des rues tout à coup ivres de promesses, complètement givrées et chargées de lumières artificielles.
Décembre brille.
Pour apprivoiser l’autre versant du jour, il faut de la lumière et des turbines.
La nuit flirte avec la joie, la fête, les effets spéciaux, mais se déhanche dans les complots, le danger, les ruelles sales, frôle des êtres aux parois abîmées, aux sensibilités exacerbées.
L’éclairage transforme les maisons et les rues en scènes.
Dans le halo des réverbères, ou de ma lampe de chevet, dans l’éclat des néons, devant l’éclairage des vitrines, la nuit est un théâtre, elle accueille tout le spectacle du monde.
Ses personnages sortent partout de l’ombre pour aller faire, un moment, un one man show…, ou jouer les figurants dans un attroupement ou une réunion de famille.
Tous les scénarios sont possibles.
La frontière entre acteurs spectateurs n’est pas nette,
On sent qu’il y a une tristesse dans la nuit, c’est beau mais ce n’est pas drôle…, lumière et obscurité, vérité et désespérance, on est frappé par la solitude des gens qui s’y cherchent sans jamais se trouver.
La nuit estompe certains défauts, en accentue d’autres, mais l’éclairage de nuit est plus flatteur que celui du jour.
La nuit, les filles font tout pour plaire à des gars qui se demandent s’ils ont la bonne taille de pénis.
La chair fraîche est triste.
Les gens sont perdus.
La nuit est une affranchie.
Les classes sociales persistent durant la nuit, même si on a longtemps cru qu’elle était synonyme de liberté.
La nuit, les obscurs travaillent ou dorment.
La nuit, les puissants nocent.
Et puis il y a ceux qui errent, inclassables, déclassés, dérivants.
Le terrain de jeu des uns, demeure le lieu d’errance, ou de commerce, des autres.
De plus, le sommeil n’a plus la cote lorsque les possibles se démultiplient…
Dormir est perçu comme une perte de temps quand on peut tout faire la nuit.
La nuit est un trompe-l’oeil et les oiseaux de nuit ne le savent que trop.
Les papillons viennent mourir dans l’éclairage de la nuit, tout comme les oiseaux, aveuglés par la lumière.
La nuit est un leurre, mais son apprivoisement est un triomphe sur la peur.
Et nous sommes ses enfants, qui ne veulent pas aller au lit.
D’éternels permissionnaires qui tentent de repousser indéfiniment les limites de la vie.
Il y a des matins noirs, après des nuits blanches, où je recrache ma bouchée de travers en voyant la mort de près…, tenant délicatement un croûton au paté de cerf aux cèpes et boutons d’hémérocalles marinés…, parce qu’un vieux lecteur de GatsbyOnline qui n’a plus peur de mourir de listériose… et à qui j’ai juré de ne jamais, au grand jamais, révéler qu’il s’agit d’Orang-outan…, me conseille par émail, crûment, de “parler” de sexe plus souvent.
Parler voulant dire “écrire“…, vous l’aviez compris !
Tant qu’à crever, mourons de plaisir.
Éros, hémérocalles et Thanatos, dans cet ordre.
Au bout du compte, il ne reste que ça !
Ce qui signifie, que les élections américaines, les aveux autobiographiques de Julie Couillard, le prochain spectacle de Céline Dion, le dernier film de Woody Allen, la grande crise économique, le désastre écologique, l’effondrement des bourses (et ce n’est pas sexuel, même si c’est écrit ici pour avoir une liaison, non pas amoureuse, mais avec le texticule présentement dactylographié)…, ce ne sont pas des raisons suffisantes de vivre ?
Tout ça pour “Ça” ?
“Ça“, l’érotisme, l’amour, le sexe…, peu importe la position idéologique d’ailleurs, du moment qu’on en parle et qu’on en rêve, qu’on le fasse à la rigueur.
S’il n’y a qu’une seule morale à tirer de toute la sagesse d’Orang-outan : elle se trouve dans la tendresse farineuse dans laquelle il veut bien rouler ses texticules et testicules, dans les abeilles, les fleurs, les plantes, les choux, les semences, les petites graines qu’il s’évertue, amoureusement avec “sa Meuf “à planter en terre d’asile…
Piting de vie !
Je “faise” ce que je pneu, là, piting !
Je reprendrais bien de cette joue de veau braisée au genièvre sur purée de légumes racines à la monarde et oignons frits à la farine de quenouille, moi…
Y’a que ça, la quenouille, by ze way.
Ça et le bio K.
On creuse sa tombe avec ses dents
Les femmes (dont sa meuf)…, sont mues, émues, par le besoin d’analyser, de décortiquer, de triturer les présages, de fouiller ce qui restera souillé, de comprendre l’essence, de faire suinter les statues jusqu’à la moelle, d’épandre du sel dans la plaie, de partager entre elles la ponctuation des silences, la signification des rêves, des points de suspension, de soupeser les soupirs.
Prurit collectif.
Les femmes aiment faire durer le suspense, disséquer l’intrigue, percer le mystère, s’infliger la douce torture de l’obsession amoureuse, dolce agonia…
Récemment, mon état de stress post-traumatique a atteint des sommets.
Un après l’autre, les chocs ont martelé l’indifférence de mon armure.
C’est elle qui accuse les coups, d’ailleurs…, moi, je me porte plutôt bien.
Quoique.
La crise économico-boursière a fait chanceler mon moral, m’a jeté à terre et fait voir la démocratie d’un autre oeil, les pannes de désir successives du Dow Jones ont miné mon optimisme benêt, la perte de la confiance collective a failli m’achever mais, je me relèverai !
Entre nous, je suis normalement résilient, même si j’ai toujours pensé que l’être humain s’avère de conception beaucoup trop fragile pour affronter la brutalité primaire de l’existence (les plus gros mangent les plus petits)…
De la véritable obsolescence planifiée… et on se doute bien que tout ça se terminera au dépotoir, avec funérailles nationales.
Pour me rassurer sur l’avenir, j’ai appelé mon courtier, qui m’a avoué regretter ne pas détenir un doctorat en psychologie.
Le gars a atteint les limites de l’explication par l’obligation et l’action.
Il aimerait pouvoir causer pulsion, fruits de la passion et raison avec des clients qui ont atteint le paroxysme de l’hystérie.
J’ai aussi songé à rappeler la psychologue avec laquelle j’avais pratiqué la désensibilisation par les mouvements oculaires, une technique qu’a vulgarisée le psychiatre français David Servan-Schreiber dans son livre Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse (Robert Laffont, 1998 – 100 000 exemplaires vendus), elle m’a suffisamment intriguée à l’époque (bien avant que je ne vogue qu’au fil de Lo), pour que je me livre à quelques exercices durant l’année ’90.
Une suite de deuils et de chocs plus ou moins difficiles à surmonter l’ont toutefois amenée ensuite à prêter son corps à la science, à 80 $ l’heure…, ce qui a entrainé son départ vers un ailleurs incertain…, duquel elle n’est jamais revenue
Après le temps des bouffons-bouffones vient tout naturellement celui des radins.
Chacun son heure, il suffit de savoir attendre
Au-delà des discours balsamiques, la difficulté consiste à départager les vrais radins des économes, voire des économistes, des dilapidateurs de fonds publics, des simplicitaires (simplicité volontaire), des recessionistas (le chic récessionniste), des écolos scrupuleux, des fauchés professionnels, des véritables ruinés.
Quant aux nananes préélectoraux de nos gouvernements, ne soyons pas dupes, le meilleur est passé et la grande noirceur est de retour.
Le radin ne manque pas nécessairement de fonds ; tout le contraire, il ignore le don, l’élan.
Il calcule, il s’économise sur tous les fronts et quand l’économie s’étouffe, il jubile ; les aubaines foisonnent.
Les hommes et femmes politiques sont inévitablement de beaux exemples de générosités civiles… jusqu’à ce qu’un vérificateur général exige des reçus…, les grippe-sous du système politique savent dépenser sans compter.
Rêver au-dessus de ses moyens n’est toutefois pas interdit !
J’ai quantité de potes qui s’y exercent, même le jour.
Conteurs, marins d’eau douce et d’eau salée, retraités, miniaturistes et scribes maudits…
La crise économique ne changera pas grand-chose à leur train de vie ; ils ont leurs entrées partout et espèrent avoir bientôt leur sortie payée avec un parachute doré…, en attente, ils réparent eux-mêmes leur électroménager, ont toujours modéré leurs transports personnels tout en n’étant pas chiche de se faire transporter gratis en limousine et jet privé, bref, ils (et elles) savent comment apprêter les lentilles à toutes les sauces.
Mes ami(e)s, fortuné(e)s ou non, ont donc ainsi, tous (et toutes), la particularité d’être génér(euses)eux… et jamais avec leur argent, mais avec celui des autres.
Entre eux, un flux circule, l’ascenseur monte toujours plus haut, alors que la radinerie, elle, les tire vers ce qu’ils et elles ont de plus vil, de plus calculateur et de plus mesquin…, le sous-sol de l’instinct, le cerveau de l’écureuil.
Cette cupidité nous a toutes et tous, propulsés vers une crise mondiale comme elle a mené le Titanic à couler pour une course aux profits…
Qu’on ne s’y trompe pas, le radin déteint, il vaut mieux s’en tenir loin.
À radin, radin et demi…
Le radin fait naître un esprit de vengeance et c’est pour cela qu’il est dangereux.
Pour le coincer, ce qui ne le guérit pas, la solution primaire consiste à devenir mesquin à son tour.
Pour leur faire payer leurs roublardises.
Les radins se sont longtemps tus, mais les voilà, en période de crise, qui font la leçon et même qui pérorent car ils n’ont pas leur pareil pour acheter malin et profiter des combines.
L’endettement, ils connaissent pas
Morosité économique aidant, les voilà qui reviennent en force.
Les temps sont durs, autant s’entraider.
Tout autour de nous, les radins font leur coming out.
Autrefois, ils se cachaient mais en ces temps de disette annoncée, ils se livrent à leur vice en toute impunité…
La radinerie est en passe de devenir un must be…, le radin est certainement un capitaliste mais il est l’ennemi du libéralisme puisqu’il empêche l’argent de tourner.
Il est constipé, financièrement parlant.
Et qu’on ne s’y trompe pas, les radins peuvent se parer de toutes sortes de vertus.
L’alibi écolo en est un de plus en plus répandu et l’argument anticonsommation les sert bien.
Ces gens-là se promènent à vélo pour mieux emprunter votre bagnole, ne boivent que du vin local mais ne crachent jamais dans le Chablis des autres, récupèrent tout, surtout les modes shaby chic et vintage… et vivent leur frugalité aux frais de votre tas de compost.
D’ailleurs, eux aussi en fabriquent.
C’est bien la façon la moins coûteuse de faire fructifier les déchets et d’économiser.
Je ne connais aucune femme qui soit attirée charnellement par ce type de fumiste, mais encore faut-il savoir les repérer.
Devant les exigences d’une femme, un vrai radin s’enfuit en courant ou s’en tire avec son compte de dépenses.
Le galant homme n’a même pas besoin qu’on lui explique les nuances du plaisir de courtiser celle qu’il convoite.
De toute façon, le radin n’est pas doué pour l’amour.
Il sait que les ruptures coûtent cher, surtout en frais d’avocat, on pourrait même dire qu’ils sont totalement effrayés à l’idée de se faire avoir, de perdre le contrôle, l’amour, en tout premier lieu, les angoisse, car les sentiments ça va, ça vient…, un jour on aime, et un jour on n’aime plus.
C’est risqué pour eux d’aimer.
Alors que 15 euros, c’est 15 euros.
C’est carré.
Prévisible, tout comme bouffer une boîte de maquereaux avec un oeuf cuit dur en feignant d’oublier la Saint-Nicolas et la Noël du petit qu’il a “concocté“…, partant du principe que la différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente.
L’idéal pour un radin étant d’arriver à partager son amour avec une personne qui a du pognon.
Si on n’apporte rien avec soi à la fin de sa vie, le radin, lui, repousse allègrement l’idée de la mort.
La sienne, pas celle des autres.
Il n’y a pas pire qu’un radin pour venir réclamer son dû au moment de l’héritage.
La dépouille est encore tiède qu’il s’intéresse déjà au casse-tête de la succession.
C’est même là qu’on reconnaît toute sa grandeur d’âme.
Au moment des héritages, les survivants se déchirent, c’est un grand classique.
Les radins sont les plus prompts à dresser l’inventaire.
Normal, ils lorgnent dessus depuis des années !
Toutes les blessures de l’enfance ne justifient pas cette comptabilité charognarde des biens du défunt.
Devenir adulte, paraît-il, c’est pardonner à ses parents et éviter de leur faire les poches dans le cercueil en espérant un remboursement.
Nouveaux rebelles de l’économie marchande (ou héritiers avisés de l’avarice de leurs ancêtres), les radins n’ont pas tout faux et savent comment faire fructifier leurs avoirs, donnons-leur ce qui leur revient.
Mais si c’est l’intention qui compte, la leur est une peau de chagrin qui donne froid dans le dos.
Et ne vous fiez pas à eux pour augmenter le chauffage.
Je n’ai pas peur du gris, ni de décembre, je suis un intime de la poésie.
J’ai peur pour vous.
Ça craint.
J’ai peur de vous, alors je me retire comme un chat, je m’enroule dans la pelote des mots épars.
Je me “boule“.
Si je ne me suicide pas tous les jours, c’est parce que dans mes nuits d’insomnie, à vous écrire ce qui trotte dans ma tête…, la poésie m’accompagne sur la table de chevet.
On dit un “recueil” de poésie parce que la notion de recueillement est essentielle, celle d’écueil aussi.
Il demeure si facile de sombrer dans la mauvaise poésie.
Il faut avoir beaucoup de vécu pour en écrire, savoir lire pour en apprécier le chant rauque et discret.
La poésie est un immense service à l’humanité, elle salue son silence.
Et les poètes sont rarement les meilleurs ambassadeurs de leur propre poésie, surtout quand il sont saouls. Rien de plus pénible que d’écouter de la poésie mal rendue.
En solo, j’apprécie son muet hurlement, sa verve feutrée, son souffle chaud sur ma nuque, moelleusement cantée dans nos retrouvailles.
Le temps qu’il fait n’augure que frimas.
Demain après-demain, il n’y aura plus de mots pour trembler comme aujourd’hui tremble l’homme, stupéfait de ce qu’il est, petite fin du monde annoncée.
La poésie…, comment vous convaincre, alors que les livres de cuisine, les essais sur le bonheur et les trilogies fantastico-médiévales tiennent le haut du pavé…, on y vient doucement, on s’y fait initier, c’est la vie qui nous l’enseigne maux à maux.
Une fois dépossédé de sa superbe, fragilisé par les bourrasques, on s’ouvre à elle comme à une porte de sortie sur l’escalier de secours.
Et pour les athées, voilà encore une église accueillante, fréquentée par une horde de pestiférés.
Être poète c’est colorer les cerveaux encore chauds.
Ma seule satisfaction au bout de la plume est de provoquer l’angoisse en tout…
Toutes les solitudes s’épousent, la noirceur enveloppe, la révolte résonne…, mon droit de dire est inaliénable car la poésie en tant que parent pauvre n’a plus rien à perdre.
Je suis le forceps de vos esprits, seul ce qui est honteux est merveilleux.
La poésie est une honte…, tant mieux !