Le Cameroun est l’un des rares pays africains à avoir combattu durement les colons français.
Des centaines de milliers de Camerounais ont péri pour défendre leur dignité.
Cette histoire-là, souvent occultée dans les livres d’Histoire écrits par qui vous savez, est encore vive dans la conscience collective de la plupart des Camerounais.
C’est pour cette raison qu’ils sont souvent enclins à réagir à chaque fois que les impérialistes s’investissent à déstabiliser un pays africain.
Pis, c’est un peuple qui s’instruit beaucoup.
Je le dis souvent : nos actions dépendent de notre manière à lire l’Histoire.
Si vous lisez l’histoire dans le sens de ceux qui prétendent être les « maîtres du monde », alors votre jugement sera orienté dans le sens de ce qu’ils vous racontent.
Voilà pourquoi, par exemple, certains Africains, s’alimentant auprès de CNN, France 24 ou Radio-Canada…, traitent encore aujourd’hui Mouammar El Kadhafi, de « terroriste », de « fou », de « dictateur » et que sais-je encore ?
Peu d’Africains connaissent réellement l’Histoire de cet homme, l’un des plus grands, pour ne pas dire le plus grand leader politique, que le monde ait connu.
Combien d’Africains savent, par exemple, que la Libye de Kadhafi a plus investi en Afrique que toutes les institutions financières occidentales (FMI, BM, Club de Paris, etc.) réunies ?
Combien de Congolais savent que l’une des raisons ayant mené au renvoi du jeune Kadhafi de l’École secondaire de Sebha (au Fezzan) est qu’il organisât une immense manifestation pour protester contre l’assassinat de Patrice Lumumba ?
Combien d’Africains savent, par exemple, que si les État africains ont résisté à l’entrée de l’Africom sur le continent, c’est parce qu’à chaque fois que les USA leur offraient des fortes sommes d’argent pour qu’ils acceptent l’Africom, Kadhafi offrait le double pour les en dissuader ?
Pourquoi Kadhafi était-il autant opposé à l’entrée d’Africom sur le continent ?
Comme on l’a relevé en ce qui concerne les Camerounais, ce comportement du Guide de la Jamahiriya arabe libyenne, était lié à l’histoire de son pays.
Sous le roi Idriss, le pantin des Anglo-saxons, le royaume de Libye hébergeait plusieurs bases militaires américaines et britanniques, notamment la base anglaise d’El Adem, près de Tobrouk, et la base de Wheelus Field près de Tripoli, où séjournaient quinze mille agents techniques, civils et militaires américains.
Ces bases (des états dans un état) ont servi au ravitaillement des Israéliens, en armes, en munitions et en vivres durant la guerre de six jours (c’est sans compter l’apport déterminant du pétrole libyen qui permit aux tanks de Moshé Dayan d’infliger une irrémédiable défaite aux États arabes).
Nasser, « l’idole » de Kadhafi, a même voulu se suicider.
Le jeune Mouammar gardera un mauvais souvenir de cet événement; et c’est pour cette raison qu’il fermera ces bases une fois au pouvoir.
L’autre grand mensonge inséré dans la tête des Africains (et du reste de la planète d’ailleurs) sur Kadhafi, c’est celui du parrain du terrorisme international.
On prétend encore aujourd’hui que Kadhafi est le responsable premier de l’attentat de Lockerbie ; pourtant la justice écossaise a fini par statuer que ce n’était pas le cas, que des enquêteurs se sont livrés à des manipulations avec l’assistance de la CIA.
Un des témoins clés dans l’affaire LOCKERBIE, l’ingénieur suisse Ulrich Lumpert a complément lavé la Libye de tout soupçon dans cette affaire : “Je pense qu’on a essayé de modifier la pièce à conviction intentionnellement. Je pensais que cette pièce devait servir à accuser la Libye, on voulait la rendre coupable pour des raisons politiques mais ce retardateur a été intentionnellement ajouté après coup aux pièces à convictions”, a déclaré M. Edwin Bollier, le patron de Lumpert.
Et il n’est pas le seul à penser ainsi.
En 2005, selon un ancien haut responsable de la police écossaise, désirant rester anonyme et qui avait participé à l’enquête, la CIA avait écrit le scénario accusant la Libye.
La pièce à conviction décisive, le fragment de détonateur qui a fait l’actualité à l’époque, aurait été monté de toute pièce par des agents de la CIA qui enquêtaient sur l’attentat.
Pourtant pendant plus de 20 ans, ce pays a subi un embargo sans précédent des USA et de leurs alliés.
On prétend encore aujourd’hui que la Libye de Kadhafi est responsable de l’attentat contre le vol UTA 772 survenu au-dessus du désert du Ténéré alors qu’il est maintenant connu que cela n’est pas vrai non plus, que les auteurs étaient Iraniens et dans une moindre mesure Syriens, mais pour des raisons liées à la géopolitique de l’époque, les USA voulaient envahir l’Irak et avaient besoin de l’appui irano-syrien, on trouva un bouc émissaire commode : la Libye de Kadhafi.
La FBI et la CIA manipulèrent l’enquête avec l’aide de quelques responsables du Congo-Brazza pour empêcher que la justice ne remonte aux principaux commanditaires.
Les déclarations du journaliste d’investigation français Pierre Péan, qui a enquêté sur cette affaire pendant plusieurs années, en disent long : “Ce que j’ai trouvé est littéralement inouï. J’ai eu moi-même parfois du mal à croire à ce que je découvrais. Une terrible histoire de manipulation à la sauce américaine, constituant une aubaine pour les dirigeants français empêtrés dans des transactions clandestines douteuses afin de faire libérer les otages français détenus au Liban contre promesses faites à l’Iran et au Hezbollah”…
On nous a aussi dit que Kadhafi battait tous les records d’abus des droits humains, que sous son règne, les femmes n’avaient pas de droits (c’est d’ailleurs ce qu’a confirmé mensongèrement Annick Cojean, journaliste au Monde dans un livre-torchon propagandiste payé par Nicolas Sarkozy, ou tout est inventé avec des références fausses et volontairement invérifiables).
Sur quels éléments se basent les organisations qui prétendent que sous Kadhafi, les abus des droits humains étaient systématiques ?
Comment comprendre que le peuple libyen, soi-disant soumis à la terreur de son Guide, ait choisi de rester dans son pays, à la place de demander asile comme le font la plupart des Africains soumis aux diktats des régimes tyranniques, clients de l’Occident ?
Comment comprendre qu’au moment même où les terroristes de l’OTAN bombardaient la Libye, près de 90% de Libyens soutenaient leur Guide ?
Les Libyens sont-ils masochistes ?
N’est-ce pas parce que les faiseurs d’opinions, au service (sévices) des intérêts obscurs ont voulu nous mener en bateau ?
Était-il dictateur selon les Occidentaux et leurs laquais africains ou selon le peuple libyen ?
S’il l’était réellement, était-ce aux Occidentaux de le faire partir ou cette tâche n’incombait-elle pas aux seules populations libyennes ?
Pourquoi les Libyens ont-ils accepté de former un bouclier humain pour défendre leur leader (des bombardiers canadiens ont dû annuler une mission sur Tripoli car confrontés à une foule immense venue défendre son Guide) ?.
Les faits parlent d’eux-mêmes !
Quant aux droits des femmes, que disent donc les faits ?
Avant l’arrivée de Kadhafi au pouvoir, les femmes n’avaient pas vraiment de droit.
À peine arrivé au pouvoir, le colonel Kadhafi remit en question les interprétations archaïques des oulémas concernant les femmes.
Farouchement progressiste, il était convaincu que l’émancipation de la société passait par elles.
Ses chevaux de bataille seront la polygamie, les conditions du divorce, le célibat dans le cas où les mères ne peuvent élever leurs enfants, il donnera lui-même l’exemple en divorçant de sa première femme, Fatiha, la fille du chef de la police royale d’Idris 1er.
Une pension alimentaire sera imposée aux hommes divorcés.
L’une des grandes réalisations sociales au cours de l’année 2010 a été l’exécution en octobre d’un programme de lutte contre les violences conjugales sous la supervision du service de protection de la famille et des femmes victimes de violence relevant de l’Association caritative libyenne Waatassimou.
Après la mort de Kadhafi, les « grands démocrates » du Conseil national de transition (CNT), soutenus par leurs amis de l’OTAN, ont annoncé les couleurs de la nouvelle Libye : la législation du pays sera fondée sur la loi islamique, la charia.
Fin du divorce et retour de la polygamie : les femmes libyennes sont servies.
Autres choses qu’on ne vous dit pas de la Libye sous Kadhafi : l’électricité et l’eau à usage domestique étaient gratuites, le coût de la vie en Libye était beaucoup moins élevé que dans plusieurs pays occidentaux, si pas tous; les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts; les citoyens n’avaient pas d’impôts à payer, et la TVA n’existait pas !
L’État a investi beaucoup d’argent pour la création de divers emplois ; le PIB/hab était de 13.300$, 81è rang mondial, donc avant l’Argentine, l’Afrique du Sud et le Brésil.
Le taux d’alphabétisation moyen était de 82.6 %, le principal atout du système éducatif libyen était d’être gratuit et de permettre aux meilleurs étudiants de poursuivre leurs études supérieures (doctorat voire master) à l’étranger en bénéficiant d’une bourse du gouvernement.
Tout étudiant diplômé recevait le salaire moyen de la profession du cursus choisi s’il ne trouvait pas d’emploi.
Le pays a instauré un programme de prestations sociales lancé en mars 2008 par Mouammar Kadhafi. Sur le plan social, l’année 2010 a été couronnée de succès selon le premier rapport sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
La Libye n’avait pas de dette contrairement à la France (233 milliards $), aux USA (17.000 milliards de $), au Canada et à la Grande-Bretagne.
Le prix pour l’achat d’une voiture était au prix d’usine ; lorsqu’un couple se mariait, l’État payait l’appartement ou la maison (150 mètres carrés).
Il existait des endroits nommés « Jamaiya », où on vendait à moitié prix les produits d’alimentation pour toute famille nombreuse, sur présentation du livret de famille.
Pour un tyran dans un pays sous embargo pendant des années, c’est quand même étonnant comme politique sociale !
Beaucoup ont souvent avancé que Kadhafi était un fauteur de trouble impliqué dans la déstabilisation de plusieurs pays du continent.
Cette assertion souffre d’une analyse non objective élargie de la politique étrangère libyenne dans les années 70-80.
Car l’intervention de la Libye dans plusieurs pays africains fut motivée par un facteur important que nombre d’observateurs n’ont presque jamais pris en compte : la lutte contre l’influence israélienne, puisque qu’au début des années 1970, plus de vingt États d’Afrique sub-saharienne étaient liés par des accords de coopération avec Tel-Aviv qui, en outre, disposait sur place de quelques 2800 experts en tous genres, représentant 60% de l’effectif total des coopérants israéliens présents dans les pays en voie de développement.
Comme l’écrivit le journal israélien Haaretz, le 8 décembre 1972 : “Tripoli a réussi non seulement à saper les relations d’Israël avec l’Afrique noire, mais également à démystifier la capacité de l’État hébreu à répondre efficacement aux pressions politiques provenant de ses adversaires arabes”…
Le point culminant de cette offensive libyenne a été la rupture des relations entre Israël et nombre d’États africains à la mi-1970.
Le Tchad sera également le lieu d’un affrontement larvé entre la Libye et les puissances occidentales en tête desquelles les États-Unis et la France.
Le 20 octobre 2011, Mouammar El Kadhafi, le guide de la révolution libyenne, a été assassiné par des membres des forces spéciales occidentales et leurs alliés d’Al-Qaïda, dans la ville de Syrte.
Mais avant de l’abattre comme un chien, sans égard pour le droit international, l’OTAN qui avait piloté l’opération du début à la fin, a tenu à massacrer des dizaines de milliers de civils libyens ; elle a réduit la Libye en cendre au nom de ses « nobles principes démocratiques ».
Après le carnage, la Libye peine à se relever; des groupes armés pullulent comme des champignons, le nettoyage ethnique des noirs se poursuit à rythme effréné, le pays est bord de l’éclatement…
Et pourtant, les « enseignements de la démocratie de marché » de la première agence terroriste de la planète (l’OTAN) avaient promis monts et merveilles : une Libye nouvelle et prospère.
Un an après sa mort, Kadhafi était encore vu par certains comme le « terroriste », le « maître déstabilisateur » de plusieurs pays africains, le « fou », le dirigeant fantasque qui vouait une haine démesurée envers l’Occident.
C’est le discours des médias occidentaux, outils des mêmes impérialistes qui assujettissent le continent noir depuis maintenant deux siècles.
À qui la faute ?
À l’hégémonie culturelle occidentale et à notre propre paresse intellectuelle.
Souvent, nous reconduisons le discours dominant et convenu des élites occidentales et de leurs machines à mensonges (médias, experts, et autres), sans un minimum d’esprit critique…
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